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Full text of "Memoires du chevalier de Quincy"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/memoiresduchevalOOquin 


MEMOIRES 


DU 


CHEVALIER    DE    QUINCY 


IMPRIMERIE  DAUPELEY-GOUVERNEUR 


A    NOGENT-LE-ROTROD. 


MÉMOIRES 


DU 


'r    %,,.: 


CHEVALIER  DE  QUINCY 

PUBLIÉS    POUR    LA    PREMIÈRE    FOIS 
POUR    LA    SOCIÉTÉ    DE    l'hISTGIRE    DE    FRANCE 

PAR 

LÉON    LECESÏRE 


TOME  TROISIÈME 
1710-1713 


À  PARIS 

LIBRAIRIE     RENOUARD 

H.    LAURENS,    SUCCESSEUR 

LIBRAIRE     DE     LA     SOCIÉTÉ     DE     l'hISTOIRE     DE     FRANCE 

RUE    DE    TOURNON,    N"    (5 

M  DCCCC I 


305 


EXTRAIT    DU    REGLEMENT. 

Art.  ^4.  —  Le  Gonseit  désigne  les  ouvrages  à  publier,  et 
choisit  les  personnes  les  plus  capables  d'en  préparer  et  d'en 
suivre  la  publication. 

Il  nomme,  pour  chaque  ouvrage  à  publier,  un  Commissaire 
responsable,  chargé  d'en  surveiller  l'exécution. 

Le  nom  de  l'éditeur  sera  placé  en  tête  de  chaque  volume. 

Aucun  volume  ne  pourra  paraître  sous  le  nom  de  la  Société 
sans  l'autorisation  du  Conseil,  et  s'il  n'est  accompagné  d'une 
déclaration  du  Commissaire  responsable,  portant  que  le  travail 
lui  a  paru  mériter  d'être  publié. 


Le  Commissaire  responsable  soussigné  déclare  que  le  tome  III 
des  Mémoires  du  chevalier  de  Qdincy,  préparé  par  M.  Léon 
Lecestre,  lui  a  paru  digne  d'être  publié  par  la  Société  de 
l^Histgire  de  France. 

Fait  à  Paris,  le  \^  novembre' \^{i\ . 

Signé  :  A.  DE  BOISLISLE. 

Certifié  : 

Le  Secrétaire  adjoint  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France, 

NOËL  VALOIS. 


NOTICE  PRELIMINAIRE 


Si  l'on  parcourait,  il  y  a  quinze  ans  à  peine,  le  cycle  de 
la  littérature  historique  du  xvu^  et  du  xviif  siècle,  il  sem- 
blait que  la  haute  aristocratie  eût  eu  seule  le  monopole 
d'écrire  ses  souvenirs  et  de  les  léguer  à  la  postérité.  Sans 
parler  d'une  petite-fille  de  France  comme  M"**  de  Montpen- 
sier,  d'un  duc  et  pair  comme  Saint-Simon  ou  Luynes,  d'un 
cardinal  comme  Retz  et  Richelieu,  il  n'y  avait  guère  que 
des  représentants  du  monde  de  la  cour  dans  cette  galerie  de 
Mémoires,  où  figurent,  depuis  Sully  jusqu'à  Lauzun,  les 
Dangeau,  les  Sourches,  les  Bussy-Rabutin,  Torcy,  Brienne, 
Argenson,  M"*^'  de  Motteville,  de  la  Fayette  et  de  Caylus. 
C'est  à  peine  si  quelques  parlementaires,  quelques  bourgeois, 
«  domestiques  »  ou  «  officiers  »  de  grands  seigneurs,  se 
mêlaient  à  cette  brillante  phalange.  Dans  l'ordre  militaire 
il  en  était  de  même  :  Bassompierre,  Villars,  Berwick,  La 
Fare,  Monglat,  tous  maréchaux  ou  généraux,  semblaient 
être  les  seuls  qui  eussent  laissé  des  Mémoires. 

Cependant,  depuis  quelques  années,  on  a  exhumé  des 
archives  familiales,  où  ils  dormaient  inconnus  ou  oubliés,  un 
nombre  assez  considérable  de  récits  de  moins  grande  enver- 
gure, dont  les  auteurs,  officiers  inférieurs,  n'avaient  pas 
la  notoriété  des  noms  illustres  cités  plus  haut^  Ces  souve- 

1.  Sans  vouloir  faire  la  bibliographie  des  mémoires  de  cette 
1  a 


H  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

nirs  modestes  ont-ils  donc  moins  d'intérêt  que  ceux  des 
grands  capitaines?  Au  contraire,  dans  la  simplicité  du 
style,  dans  la  médiocrité  des  événements  racontés,  dans 
la  banalité  des  épisodes  journaliers  de  la  vie  du  soldat,  ne 
peut-on  pas  trouver  une  saveur  particulière,  un  cachet  plus 
intime,  des  sensations  plus  profondes,  et  surtout  plus  vraies? 
Ne  sont-ils  pas  curieux  à  écouter,  ces  vieux  officiers  qui,  sur 
le  déclin  de  leur  vie,  retirés  dans  le  château  paternel  ou 
dans  la  demeure  plus  confortable  que  leur  a  value  sur  le  tard 
un  mariage  avec  quelque  veuve  aisée,  racontent  à  leurs 
enfants  les  souvenirs  de  leurs  campagnes  d'autrefois,  quand, 
mousquetaires  du  roi,  cornettes  dans  Dauphin-dragons  ou 
dans  Colonel-général,  capitaines  dans  Picardie  ou  dans 
Royal- Vaisseaux,  ils  battaient  le  prince  d'Orange  à  Stein- 
kerque,  forçaient  les  lignes  de  Denain,  bouleversaient  à  Fon- 
tenoy  l'infanterie  impériale,  ou  défendaient  Prague  avec 
Chevert?  Ils  n'ont  point  la  préoccupation  de  ce  que  pensera 
d'eux  la  postérité  ;  ils  ne  pensent  point  au  jugement  futur 
de  l'impartiale  histoire  :  ils  écrivent  pour  leurs  proches.  Et 
si,  parfois,  on  peut  croire  qu'ils  ont  quelque  peu  embelli 
leur  rôle  personnel,  du  moins  la  note  générale  est  exacte, 
leurs  sentiments,  leurs  appréciations  sont  ceux  des  hommes 
de  leur  temps,  de  leurs  compagnons  d'armes,  de  la  masse 

espèce  publiés  dans  ces  derniers  temps,  on  peut  citer  :  les  Lettres 
d'un  cadet  de  Gascogne  (François  de  Sarraméa)  sous  Louis  XIV 
(1890),  les  Mémoires  du  baron  de  Tricornot,  lieutenant-colonel  du 
régiment  de  Schônberg- Dragons  (1894),  les  Souvenirs  d'un  capitaine 
au  régiment  du  Roi,  publiés  par  le  marquis  de  Belleval  (1894),  les 
Mémoires  du  chevalier  de  Mautort,  capitaine  au  régiment  d'Austra- 
sie  (1894),  les  Mémoires  du  marquis  de  Franclieu  (1896),  les 
Mémoires  et  correspondance  du  chevalier  et  du  général  de  la  Farelle 
(1896),  etc.,  sans  oublier  les  Lettres  du  chevalier  de  Mopinot,  dont 
la  publicatiou  aété  récemment  proposée  à  la  Société  de  l'Histoire 
de  France. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  m 

enfin,  qui,  si  elle  se  trompe  souvent,  quelquefois  voit  si  juste 
et  juge  si  sainement  les  gens  et  les  choses.  Cadets  de  petite 
noblesse,  presque  toujours  dépourvus  de  fortune  personnelle, 
ils  vivent  chichement  de  la  maigre  pension  que  leur  fait  leur 
famille  et  de  la  solde  mesquine  que  le  roi  leur  donne.  Et, 
cependant,  ils  ont  une  gaieté  robuste,  un  entrain  communi- 
catif,  une  belle  insouciance,  qui  leur  font  accepter  sans  peine 
les  fatigues  et  les  privations.  Leur  garde-robe  est  pauvre  et 
délabrée  ;  à  force  d'industrie  et  grâce  à  leur  belle  tournure, 
grâce  aussi  à  leurs  talents  de  musiciens*  ou  à  leur  belle  voix, 
ils  trouvent  moyen  de  faire  une  figure  honorable  dans  la 
bonne  société  des  villes  où  se  passent  les  quartiers  d'hiver  ; 
ils  se  reposent  des  victoires  de  l'été  par  des  conquêtes  plus 
agréables.  Ils  débutent  très  jeunes  et  obtiennent  leurs 
grades  à  la  pointe  de  leur  épée.  Tel  lieutenant  de  dix-neuf 
ans,  qui  s'est  battu  vaillamment,  reçoit,  après  la  bataille, 
la  compagnie  de  grenadiers  qu'il  a  entraînée  au  combat  et 
dont  le  capitaine  a  péri  dans  l'action.  Mais,  s'il  n'est  pas  for- 
tement appuyé  à  la  cour,  ce  grade  sera  le  terme  de  sa  car- 
rière ;  il  restera  capitaine  dix  ans,  vingt  ans  même,  et  ser- 
vira sous  les  ordres  d'un  très  jeune  colonel  que  sa  haute 
naissance  ou  ses  puissantes  protections  ont  pourvu  d'un 
régiment  au  sortir  des  mousquetaires.  Il  en  soufi'rira  certes, 
il  sentira  que  ses  années  de  campagne  lui  ont  donné  des 
connaissances,  des  talents  même,  et  surtout  une  expérience, 
qui  manquent  à  son  jeune  chef;  mais,  vienne  le  jour  du  com- 
bat, et  tout  cela  est  oublié  :  sa  bonne  volonté  est  entière,  et 
aucun  sentiment  d'envie  ou  de  rancune  ne  vient  retenir  son 
bras  ou  amoindrir  son  courage. 

1.  On  trouvera  dans  les  Mémoires  maint  passage  où  le  cheva- 
lier de  Quincy  raconte  les  menus  avantages  que  lui  procura  son 
talent  à  jouer  de  la  basse  de  viole. 


IV  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

C'est  à  cette  vaillante  race  qu'appartient  Joseph  Sevin, 
chevalier,  puis  comte  de  Quincy,  dont  les  Mémoires,  sous 
la  forme  d'un  journal  rédigé  après  coup  sur  des  notes  prises 
au  jour  le  jour,  renferment,  au  milieu  d'un  récit  parfois 
assez  sec,  des  pages  qui  ne  sont  pas  sans  valeur,  et  surtout 
de  nombreuses  anecdotes  et  des  traits  de  mœurs  de  tout 
genre,  qui  donnent  une  juste  idée  de  la  vie  de  l'officier  au 
début  du  xviif  siècle,  pendant  la  guerre  de  la  Succession 
d'Espagne, 

Joseph  Sevin  descendait  d'une  bonne  famille  habituée  en 
Brie*  et  originaire  peut-être  du  Languedoc,  mais  plutôt  de  l'Or - 
léanais*^.  Une  généalogie  du  commencement  du  xvif  siècle  la 
fait  remonter  jusqu'à  Sewin  ou  Seguin,  archevêque  de  Sens 
de  977  à  999,  qui  eut  l'honneur  de  sacrer  à  Orléans  le  roi 
Robert •'',  ou  même  jusqu'au  sénateur  Sevinicus,  qui  vivait 

1.  Ses  armoiries  étaient  :  d'azur  à  la  gerbe  d'or. 

2.  Notre  auteur  dit  (ci-après,  tome  I,  p.  3)  que  sa  famille  était 
du  Languedoc,  et  son  i'rère,  Pierre  Sevin  du  Plessis,  répète  la 
même  chose  dans  une  notice  autographe  qui  se  trouve  au  Cabinet 
des  titres,  ms.  Franc.  30159.  Cependant  les  représentants  actuels 
de  la  famille  Sevin,  notamment  M™^  Albert  de  Naurois,  née  de 
Sevin,  et  MM.  Armand  et  Théodore  de  Sevin,  issus  d'une 
branche  établie  en  Agenais  et  sortie  de  la  même  tige  que  celle 
de  Quincy,  dont  elle  se  sépara  probablement  au  xvi«  siècle, 
m'ont  très  obligeamment  communiqué  (et  je  les  prie  de  vouloir 
bien  trouver  ici  l'expression  de  ma  gratitude)  des  papiers  de 
famille,  des  preuves  de  Malte  et  des  notices  généalogiques  qui 
fout  de  l'Orléanais  le  berceau  de  la  famille.  D'Hozier  admet,  lui 
aussi,  comme  tige  des  Sevin,  des  bourgeois  d'Orléans  de  la  fin  du 
xv^  siècle,  et  c'est  également  la  conclusion  du  clianoine  Hubert 
dans  SCS  notes  généalogiques  sur  les  familles  orléanaises  (ms.  de 
la  bibliothèque  d'Orléans,  n»  561,  fol.  271).  Ce  qui  a  pu  donner 
lieu  à  confusion,  c'est  que,  dès  le  xvi«  siècle,  on  trouve  à  Agen  et 
à  Toulouse,  dans  des  charges  de  judicature,  des  Sevin  appartenant 
à  la  même  famille  que  ceux  d'Orléans. 

3.  Gallia  christiana,  t.  XII,  col.  32-34.  C'est  sans  doute  à  ce 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  V 

SOUS  Néron  •.  Il  est  inutile  d'insister  sur  cette  origine  fantai- 
siste conforme  aux  habitudes  de  l'époque  ;  ce  qu'on  peut  dire, 
c'est  que  les  Sevin  restés  au  nord  de  la  Loire  se  subdivi- 
saient, aux  xvf  et  xvii"  siècles,  en  plusieurs  branches, 
notamment  celles  de  Villevé  et  Villemesle  ^  de  Miramion  en 

prélat  que  notre  auteur  fait  allusion  (ci-après,  p.  2)  lorsqu'il  dit 
que  sa  famille  était  illustre  dans  l'Église;  il  en  parle  d'ailleurs 
dans  le  tome  II,  p.  235.  —  Est-il  nécessaire  de  faire  remarquer 
qu'au  x«  siècle  les  noms  de  famille  n'existaient  pas,  et  que  ce  nom 
de  Sevin  était  un  prénom  comme  Guérin,  Perrin,  Liévin,  etc.; 
que,  si  cet  archevêque  eut  un  frère  qui  ait  eu  postérité,  celui-ci 
porta  un  autre  prénom;  que,  lorsque  les  noms  de  famille  commen- 
cèrent, deux  ou  trois  siècles  plus  tard,  à  être  en  usage,  il  n'y  avait 
aucune  raison  pour  que  ses  arrière-neveux  prissent  son  nom  comme 
nom  patronymique?  En  tout  cas,  rien  ne  l'établit,  ou  même  ne  peut 
le  faire  supposer.  En  outre,  selon  \a.Gallia,  cet  archevêque  aurait  été 
neveu  de  Rainard ,  comte  de  Sens  ;  il  serait  bien  étonnant  que  les  des- 
cendants d'un  si  puissant  seigneur  soient  devenus  de  simples  bour- 
geois d'Orléans.  Enhn,  le  nom  de  Sevin,  comme  tous  les  noms  de 
baptême  pris  pour  noms  patronymiques,  n'est  point  rare  en  France. 
On  peut  citer  une  ancienne  famille  de  la  Tarentaise  et  une  autre 
du  pays  d'Alençon  qui  semblent  bien  n'avoir  aucun  lien  avec  nos 
Sevin.  Il  en  est  de  même  de  ces  Sevin  du  Bordelais  dont  d'Hozier 
enregistra  les  armoiries  en  1700  :  d'argent  à  la  croix  ancrée  de 
sable  (ms.  Franc.  29184,  dernier  feuillet),  et  de  ces  Sevin  de  la 
Cordinière  sur  lesquels  ce  même  d'Hozier  a  recueilli  un  certain 
nombre  de  documents  généalogiques.  A  d'autres  familles  aussi 
appartenaient  Pierre- Paul  Sevin,  peintre  ordinaire  du  roi  {Dic- 
tionnaire critique  de  Jal,  p.  1132),  et  l'huissier  de  la  chambre  de 
Madame  Victoire  qui  acheta  en  1771,  du  roi  Louis  XV,  la  petite 
maison  de  la  rue  Saint-Médéric,  à  Versailles,  connue  sous  le  nom 
de  Parc-aux-Cerfs  (contrat  publié  par  Le  Roi,  Histoire  de  Ver- 
sailles, t.  U,  p.  265).  De  nos  jours,  l'on  trouverait  sûrement  bon 
nombre  de  Sevin  qui  n'ont  aucune  relation  avec  la  famille  qui 
nous  occupe. 

1.  Si  le  rédacteur  de  cette  généalogie  avait  connu  les  lois  de  la 
linguistique,  il  eût  dû,  avec  plus  de  vraisemblance  à  ce  point  de 
vue,  rattacher  les  Sevin  au  gaulois  Sabinus,  le  mari  de  la  tou- 
chante Eponine,  compétiteur  malheureux  de  Vespasien. 

2.  Eure-et-Loir,  arrondissement  de  Chàteaudun. 


VI  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

Beauce,  de  la  Grange  en  Brie,  de  Quincj,  de  Bandeville. 
On  ne  s'occupera  ici  que  de  celle  de  Quincy,  et  de  celle  de 
Bandeville  qui  en  est  issue.  Les  documents  généalogiques 
du  Cabinet  des  titres,  à  la  Bibliothèque  nationale  i,  et  les 
papiers  de  famille  qu'a  bien  voulu  me  communiquer  M™^  de 
Naurois,  née  de  Sevin,  seront  la  source  principale  de  cet 
exposé,  que  l'on  complétera  pour  le  xvii'^  siècle  par  les 
renseignements  tirés  des  documents  originaux.  La  postérité 
masculine  des  Sevin  de  Quincy  s'est  éteinte  au  milieu  du 
xviii^  siècle. 

L 

GÉNÉALOGIE    DES    SeVIN    DE   QdINCY. 

L  Jean  Sevin,  mort  en  1445, 

IL  Jean  II  Sevin,  mort  le  10  août  1471. 

III.  Guillaume  Sevin,  mort  le  l^""  septembre  1477. 

IV.  Jacques  Sevin,  écuyer,  seigneur  de  la  Vove  en 
Dunois,  juge-mage  d'Agenais,  mort  le  20  octobre  1507. 

V.  Pierre  Sevin,  écuyer,  seigneur  de  la  Vove,  conseil- 
ler au  parlement  de  Bordeaux,  marié  à  Suzanne  de  Redon 
le  24  janvier  1528. 

[Ces  cinq  premiers  degrés  sont  ainsi  établis  dans  les  preuves 
présentées  en  ^633  par  Augustin  Sevin  pour  l'ordre  de  Malte. 
Ils  ne  sont  pas  admis  par  d'Hozier,  et  Ton  trouvera  à  l'Appen- 
dice du  tome  III  des  présents  Mémoires,  p.  285-287,  la  repro- 
duction de  diverses  mentions  autographes  du  même  d'Hozier 
relatives  à  la  fausseté  qu'il  estime  y  trouver. 

1.  Manuscrits  du  fonds  Français  no^  29184  (Pièces  originales), 
30159  (Dossiers  bleus),  30812  (Carrés  d'Hozier),  31193  (Cabinet 
d'Hozier).  Les  pièces  du  Nouveau  d'Hozier,  n»  31530,  et  de  la 
collection  Chérin,  n»  31752,  sont  sans  importance,  ou  se  rapportent 
à  d'autres  familles. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  vil 

Les  divers  volumes  du  Cabinet  des  titres  renferment  plu- 
sieurs tableaux  généalogiques  de  la  famille  Sevin  qui  ne  s'ac- 
cordent pas  entre  eux  pour  les  degrés  antérieurs  à  François 
Sevin  (ci-après,  n"  VI).  D'Hozier  semble  admettre  les  degrés 
suivants  : 

I.  Jean  Sevin,  bourgeois  d'Orléans  en  4494. 

II.  Macé  Sevin,  aussi  bourgeois  d'Orléans.  —  Sur  le  tableau 
généalogique  annexé  aux  preuves  pour  Saint-Cyr  d'Anne-Mar- 
guerite Sevin  (ci-après,  p.  xii;  ms.  Franc.  B\i93],  d'Hozier  a 
ajouté  ici  de  sa  main  :  «  Et  tavernier  à  Paris,  taxé  à  cet  effet  le 
9  mars  U99.  »  —  D'après  des  généalogies  qui  se  trouvent  dans 
le  ms.  Franc.  294  84,  fol.  262-264,  Macé  Sevin  ne  serait  que  le 
troisième  fils  de  Jean  Sevin  ;  l'es  deux  aînés  auraient  été  les 
auteurs  des  branches  établies  à  Agen  et  à  Toulouse  ;  un  qua- 
trième fils  serait  la  tige  de  la  branche  de  Miramion. 

III.  Guillaume  Sevin,  sieur  de  la  Vove,  procureur  au  Parle- 
ment en  4554 ,  puis  auditeur  en  la  Chambre  des  comptes,  marié, 
le  43  août  4  564,  à  Anne  Lefèvre  de  Bizay  (contrat  de  mariage 
analysé  dans  le  ms.  Franc.  30842,  fol.  94).  —  On  remarquera 
que  le  mariage  de  Guillaume  est  postérieur  de  soixante-deux 
ans  à  la  date  de  4  499,  à  laquelle  d'Hozier  mentionne  son  père; 
c'est  là  un  intervalle  qu'il  semble  difficile  d'admettre. 

IV.  François  Sevin,  qu'on  va  trouver  ci-après. 

En  réalité,  il  faut  reconnaître  que  la  généalogie  des  Sevin 
est  incertaine  avant  ce  François  Sevin.  Les  intéressés,  il  y  a 
deux  siècles,  ne  parvenaient  déjà  pas  à  l'établir  d'une  manière 
évidente;  c'est  ce  qui  résulte  des  divers  tableaux  généalogiques 
du  Cabinet  des  titres.  Cependant,  il  semble  ressortir  des  preuves 
de  Malte  du  commandeur  de  Bandeville,  que  M™"  de  Naurois 
a  bien  voulu  me  confier,  que  les  degrés  de  Jacques  et  Pierre 
Sevin  (n°'  IV  et  V)  peuvent  être  établis  tels  que  nous  les  don- 
nons plus  haut,  si  toutefois  l'on  doit  ajouter  foi  entière  à  ces 
preuves  de  Malte  contrairement  à  l'opinion  de  Charles  d'Hozier 
(voyez  ci-après,  Appendice  du  tome  III,  p.  286-287).  En  effet, 
ces  preuves  rapportent  :  4°  le  contrat  de  mariage  de  François 
Sevin,  seigneur  de  la  Vove,  avec  Antoinette  Le  Rebours  (4  "juin 
4  555),  le  futur  époux  assisté  de  son  père,  Pierre  Sevin,  con- 
seiller au  parlement  de  Bordeaux;  2°  un  hommage  rendu  à 


vni  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

Chàleaudun,  en  •JSSD,  par  ledit  Pierre  Sevin,  au  duc  de  Longue- 
ville,  comte  de  Dunois,  pour  sa  terre  de  la  Vove,  dans  lequel  il 
est  dit  que  ladite  terre  lui  a  été  donnée,  lors  de  son  mariage 
avec  Suzanne  de  Redon,  par  Jacques  Sevin,  juge-mage  d'Age- 
nais,  et  Jeanne  de  Goësme,  ses  père  et  mère  ;  3°  le  contrat  de 
mariage  de  Pierre  Sevin  avec  Suzanne  de  Redon  ;  il  est  assisté 
de  ses  père  et  mère,  Jacques  Sevin  et  Jeanne  de  Goësme.  C'est 
le  plus  haut  degré  rapporté  par  ces  preuves. 

Reprenons  maintenant  notre  généalogie,  dont  la  suite  n'est 
plus  contestée,  ni  contestable.] 

VI.  François  Sevin,  sieur  de  la  Vove,  conseiller  à  la 
Cour  des  aides  le  23  août  1556,  passa  président  le  3  octobre 
1 575.  Il  avait  épousé,  le  1"  juin  1 555,  Antoinette  Le  Rebours, 
dame  de  Quincy  ' . 

VII.  Thierry  Sevin,  seigneur  de  Quincy,  près  Meaux, 
de  Magny,  la  Cour-du-Bois  et  Conflans,  nommé  conseiller 
au  Parlement  le  29  avril  1586  et  reçu  le  4  février  1587, 
président  aux  requêtes  du  Palais  le  16  septembre  1609,  puis 
aux  enquêtes  le  24  mai  1612,  conseiller  d'État  le  31  janvier 
1617.  Il  avait  épousé  en  premières  noces,  le  16  juillet  1594-, 
Marie  de  Villemontée,  fille  de  Charles  de  Villemontée,  pro- 
cureur du  roi  au  Chàtelet  ;  elle  mourut  au  commencement 
de  1607 3.  Thierry  se  remaria,  le  20  juin  de  la  même  année, 
avec  Louise  du  Drac,  fille  de  Jean  du  Drac,  seigneur  de  Ban- 
deville,  président  aux  requêtes  du  Palais^.  Il  eut  du  premier 

1.  Le  frère  cadet  de  ce  François,  Guillaume,  serait  l'auteur  des 
Sevin  de  la  Grange  (ms.  Franc.  29184,  fol.  263). 

2.  Il  y  a  une  analyse  détaillée  du  contrat  de  mariage  dans  le 
ms.  Franc.  30812,  fol.  97. 

3.  Constitution  de  tutelle  pour  son  fils  Charles  en  avril  1607 
(ibid.,  fol.  101). 

4.  Il  y  a  une  analyse  du  contrat  de  mariage  dans  les  preuves 
de  Malle  du  commandeur  de  Bandeville  (archives  de  la  famille  de 
Sevin). 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  IX 

lit  Charles,  qui  suit,  et  du  second  Jean,  seigneur  de  Ban- 
deville,  rapporté  ci-après. 

A^III.  Charles  Sevin,  seigneur  de  Quincy,  né  le  28  mai 
1595,  conseiller  au  parlement  de  Bretagne  (13  juillet  1619), 
puis  à  celui  de  Paris  (7  novembre  1621),  maître  des  requêtes 
le  4  janvier  1634  ',  mourut  après  1644^.  Il  avait  épousé,  le 
30  mai  1623^,  Marie  Le  Maistre,  fille  d'Augustin  Le 
Maistre,  conseiller  aux  requêtes  du  Palais,  dont  il  eut  : 
1"  Thierry,  qui  suit;  2°  Augustin,  né  le  4  juillet  1627^, 
reçu  chevalier  de  Malte  de  minorité  en  novembre  1633^, 
qui  fit  ses  preuves^  le  6  novembre  1645,  et  fut  tué  au  com- 
bat des  Dardanelles  le  26  juin  1656  ;  3"  autre  Augustin, 
dont  la  postérité  sera  rapportée  après  son  frère  aîné  ;  4"  Èlèo- 
nore,  morte  sans  alliance. 

IX.  Thierry  Sevin,  seigneur  de  Quincy,  Gharny  et 
Montgodefroy,  conseiller  au  Parlement  (28  mars  1658), 
président  en  la  seconde  chambre  des  enquêtes  le  29  novembre 
1673,  mort  le  6  janvier  1695  et  inhumé  le  8  aux  Feuil- 

1.  L'analyse  des  lettres  de  provisions  est  dans  le  ms.  Franc.  30812, 
fol.  H  5. 

2.  On  le  voit,  en  effet,  le  13  août  1644,  constituer  quatre  cents 
livres  de  rente  annuelle  à  Claude  et  Marie  Sevin,  ses  deux  filles 
naturelles,  nées  de  demoiselle  Marie  Croiset,  demeurant  rue  des 
Juifs.  Lui-même  habitait  rue  des  Blancs-Manteaux.  Il  était  sti- 
pulé que  cette  rente  serait  rachetable  pour  une  somme  de  six  mille 
livres  (Arch.  nat.,  Y  183,  fol.  496). 

3.  Résumé  du  contrat  de  mariage  :  ms.  Franc.  30812,  fol.  106. 

4.  Extrait  baptistaire  :  ibid.,  fol.  112. 

5.  Registres  capitulaires  du  grand  prieuré  de  France  :  Arch. 
nat.,  MM  42,  fol.  285. 

6.  Ces  preuves,  présentées  pour  lui,  servirent  également  pour 
son  cadet,  appelé  aussi  Augustin,  père  de  notre  auteur  (ci-après). 
On  verra  dans  le  tome  III,  Appendice,  §  I,  que  d'Hozier  regardait 
ces  preuves  comme  inexactes  pour  les  degrés  anciens. 


X  NOTICE  PRELIMINAIRE. 

lants*.  Il  épousa  en  premières  noces,  en  1662,  Marie  Paris, 
fille  de  Claude  Paris,  receveur  à  Chartres,  morte  en  mars 
1676,  dont  une  fille,  Marie-Anne,  née  en  1663,  morte  le 
25  septembre  1680 ^  Il  se  remaria,  le  2  mars  1681,  à  Mar- 
guerite Lefèvre,  fille  d'Antoine  Lefèvre,  seigneur  de  la 
Barre,  lieutenant  général  des  armées  du  roi,  bien  connu 
comme  gouverneur  des  îles  de  l'Amérique;  il  n'en  eut  pas 
d'enfants. 

IX.  Augustin  Sevin,  frère  du  précédent,  seigneur  de  la 
Fleur-de-Lis  et  de  la  Corbillière  en  Brie,  né  vers  1636,  d'abord 
chevalier  de  Malte  (juin  1656) ,  n'assista  pas  la  même  année  au 
combat  des  Dardanelles,  où  fut  tué  son  frère,  quoi  qu'en  dise 
notre  auteur  (tome  I,  p.  3-4),  puisqu'il  se  présentait  à  cette 
époque  devant  le  chapitre  du  grand  prieuré  de  France  3.  Il 
quitta  l'ordre  vers  1658  et  épousa  clandestinement,  le  9  fé- 
vrier 1660,  Marguerite-Françoise  de  Glapiou,  fille  de  Guil- 
laume de  Glapion,  sieur  de  la  Boissière,  ancien  lieutenant- 
colonel  du  régiment  de  cavalerie  de  Fervacques,  et  de 
Marguerite  Tartereau.  Le  contrat  avait  été  passé  sous  seing 
privé  le  8  février,  et  la  mère  de  la  future,  sa  grand'mère 
maternelle,  son  frère  et  deux  amis  du  futur  assistèrent  seuls 
au  mariage.  Le  frère  aîné  du  nouvel  époux  avait  obtenu,  le 
31  janvier,  un  arrêt  du  Parlement  défendant  à  Augustin  de 
contracter  mariage.  Celui-ci  passa  outre,  fit  opposition  à 
l'arrêt,  et  le  Parlement,  mieux  informé,  débouta  l'aîné  de  sa 
prétention.  Aussitôt  les  deux  époux  s'empressèrent  de  faire 

1.  L'acte  de  partage  de  sa  succession  entre  ses  neveux,  daté  du 
H  avril  1695,  est  analysé  dans  le  ms.  Franc.  30812,  fol.  125. 

2.  Elle  fut  inhumée  aux  Feuillants  le  27  (Bibl.  Mazarine, 
ms.  3334,  p.  262). 

3.  Registres  capitulaires  :  Arch.  nat.,  MM  43,  fol.  153,  154 
et  158. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  XI 

réhabiliter  leur  mariage.  Ils  obtinrent  dispense  de  bans  le 
13  août  et,  le  16,  le  mariage  fut  célébré  à  nouveau  à  la 
paroisse  de  Brie-Comte-Robert'.  Augustin  Sevin^  perdit  sa 
femme  en  1679,  à  la  naissance  de  son  douzième  enfant  2.  Il 
tomba  alors  dans  la  débauche  et  la  misère  S  et  mourut  au 
commencement  de  février  1689^.  Ses  enfants  furent  : 

1"  Augustin,  sieur  de  l'Epineux,  près  Bellegarde  en 
Orléanais,  né  le  27  novembre  1661 ,  se  destina  d'abord  à  l'état 
ecclésiastique  et  posséda  même  pendant  quelque  temps  un 
bénéfice^,  qu'il  résigna  pour  épouser,  le  30  septembre  1690, 
Marie-Marguerite  Médon,  fille  de  Simon  Médon,  sieur  de 
l'Epineux'.  Sa  femme  étant  morte  le  19  janvier  1697,  il  se 
remaria,  moins  de  six  mois  après ^,  avec  Marie  de  Givès, 
fille  d'un  conseiller  au  présidial  d'Orléans.  Du  premier  lit,  il 
eut  :  Augustin,  qui  servait  sur  mer  en  mai  1720^  devint 
plus  tard  capitaine  au  régiment  de  milice  de  Lannion, 

1.  Preuves  pour  l'ordre  de  Saint-Lazare  présentées  par  Pierre 
Sevin,  sieur  du  Plessis  :  ms.  Franc.  30159,  et  ci-après,  tome  III, 
Appendice,  p.  291-295. 

2.  Le  5  juin  1671,  il  avait  fait  avec  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  un 
échange  de  terres  dans  les  faubourgs  de  Brie -Comte -Robert 
{Archives  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  tome  I,  p.  168,  n"  2318). 

3.  Ci-après,  tome  I,  p.  5. 

4.  Ibid.,  p.  5-8. 

5.  D'après  l'avis  de  parents,  du  10  mai  1689,  pour  ses  enfants 
mineurs  (Arcb.  nat.,  Y  4015),  son  inventaire  après  décès  fut  dressé 
par  le  greffier  du  bailliage  de  Brie-Comte-Robert  le  14  février;  il 
avait  dû  mourir  peu  de  jours  avant. 

6.  Ci-après,  tome  I,  p.  26. 

7.  Analyse  du  contrat  de  mariage,  ms.  Franc.  30812,  fol.  123. 

8.  Ce  terme  est  établi  par  le  fait  qu'il  était  déjà  marié  lorsque, 
le  10  juillet  1697,  son  frère  Thierry  (ci-après)  épousa  Madeleine 
de  Givès,  sœur  de  Marie. 

9.  Est-ce  lui  ce  sieur  de  Quincy,  commandant  du  vaisseau  l'Ainé- 
ricain,  emprisonné  à  Nantes  en  mai  1725  pour  malversations 


xii  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

n'était  pas  encore  marié  en  septembre  1723,  et  n'eut  pas, 
sans  doute,  de  postérité  ^  et  une  fille,  Anne-Marguerite , 
née  à  Cambray  le  17  juillet  1694 2,  reçue  à  Saint-Cyr  en 
juin  17033,  et  ensuite  religieuse  aux  Carmélites  de  Nantes. 

2"  LÉONORE,  religieuse  aux  Ursulines  de  Melun. 

3°  René,  mort  jeune. 

4"  Charles,  dit  le  marquis  de  Quincy,  seigneur  de  Charny 
et  Montgodefroy,  né  en  1664,  sous-brigadier  de  la  seconde 
compagnie  des  mousquetaires^,  capitaine  et  grand  bailli  de 
Meaux  en  1699,  lieutenant  général  de  l'artillerie  par  brevet 
du  V  octobre  1716,  brigadier  des  armées  du  roi  le  l*^""  fé- 
vrier 1719,  lieutenant  de  roi  de  la  Basse-Auvergne  par 
provisions  du  9  février  1720'',  chevalier  de  Saint-Louis,  et 
titulaire,  depuis  le  1®""  janvier  1728,  d'une  pension  de  quinze 
cents  livres.  Il  mourut  à  Saint-Germain-en-Laye,  dans  sa 
maison  de  la  rue  aux  Miettes,  le  10  janvier  1738^  à  soixante- 
treize  ans.  C'est  l'auteur  bien  connu  et  justement  réputé  de 
la  grande  Histoire  militaire  du  règne  de  Louis  le  Grand 

au  préjudice  de  la  Compagnie  des  Indes,  qui  est  mis  en  liberté 
sous  caution  à  la  demande  de  ses  oncles  (Arch.  de  la  Marine, 
G2  266)  ? 

1.  Il  est  présent  en  1738  à  l'inventaire  après  décès  de  son  oncle 
le  marquis  de  Quincy  (ci-après,  tome  III,  p.  301). 

2.  Extrait  baptistaire,  ms.  Franc.  30812,  fol.  124. 

3.  Ci-après,  tome  III,  Appendice,  p.  285. 

4.  En  1689,  lorsque  le  duc  de  Bourgogne,  incorporé  dans  les 
mousquetaires  noirs,  fit  l'exercice  en  présence  du  Roi,  le  marquis 
de  Quincy  eut  l'honneur  de  le  tenir  par  la  main  (P.  Daniel,  His- 
toire de  la  milice  française,  t.  II,  p.  212). 

5.  Provisions,  dans  les  registres  du  Parlement,  aux  Archives 
nationales,  X^a  8724,  fol.  10. 

6.  Son  inventaire  après  décès,  daté  du  11  février  1738,  est  aux 
Archives  nationales,  carton  T  637,  n°  3,  cote  14;  on  en  trouvera  des 
extraits  dans  l'Appendice,  tome  III,  p.  300. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  XIII 

publiée  en  1726.  —  Il  avait  épousé,  le  3  juillet  1696,  Gene- 
viève Pecquot,  fille  de  Pierre  Pecquot,  sieur  de  Saint-Mau- 
rice, greffier  du  Conseil,  enrichi  dans  les  affaires  de  finances, 
et  de  Catherine  Lattaignant.  Il  en  eut  une  fille,  Catherine- 
Charlotte,  née  le  17  août  1699,  mariée  le  3  novembre  1721 
à  René  Jourdan  de  Launey,  gouverneur  de  la  Bastille  ^  et 
morte  sans  enfants,  le  28  février  1736"^,  chez  les  dames  Hos- 
pitalières de  la  Roquette 3.  Sa  mère,  la  marquise  de  Quincy, 
après  la  mort  de  son  mari,  en  1738,  se  retira  d'abord  aux 
Miramionnes  du  quai  de  la  Tournelle,  puis  au  monastère  de 
la  Visitation  de  Meaux,  où  elle  mourut  le  6  février  1755^. 

5°  Marie-Anne,  religieuse  à  l'abbaye  du  Pont-aux- 
Dames.  Notre  auteur  parle  d'elle  dans  le  tome  I,  p.  5-6,  et  dans 
une  histoire  à  clef  dont  il  va  être  question  plus  loin,  p.  xxi. 

6°  François-Thierry,  seigneur  de  Bussy  et  du  Cellier, 
capitaine  au  régiment  de  Chartres-infanterie,  qui  vivait 
encore  en  1738,  lors  de  la  mort  de  son  frère  le  marquis  de 
Quincy.  Il  s'était  marié,  à  une  date  qu'on  n'a  pu  retrouver, 

1.  Contrat  de  mariage,  du  2  novembre  (Arch.  nat.,  carton  T  637, 
n°  7,  cote  128,  p.  307  ;  on  le  trouvera  ci-après,  dans  l'Appendice 
du  tome  III). 

2.  Mercure  de  mars,  p.  601-602. 

3.  Son  oncle,  Mathias  Pecquot,  docteur  de  Sorbonne  et  cbanoine 
de  Paris,  lui  avait  donné,  le  7  janvier  1716,  la  nue-propriété  d'une 
maison  sise  rue  des  Blancs-Manteaux,  dont  il  se  réservait  l'usu- 
fruit (T637,  n"  1,  cote  7).  Cet  abbé  Pecquot  ne  mourut  qu'en  jan- 
vier 1745,  bien  après  sa  nièce. 

4.  Inventaire  après  décès,  dans  T  637,  n°  3,  cote  14.  —  Son  seul 
héritier  était  son  neveu  Pierre-Claude  Pecquot  de  Saint-Maurice, 
dont  la  fille  unique,  Marie-Angélique,  avait  épousé  Antoine  Huet 
d'Ambrun.  C'est  ainsi  qu'une  partie  des  papiers  du  marquis  de 
Quincy,  venus  aux  Huet  d'Ambrun  par  cet  héritage,  se  trouvent 
actuellement  mêlés  à  leurs  papiers,  sous  la  cote  T  637,  aux  Archives 
nationales. 


XIY  NOTICE  FRÉLIMINAIRE. 

avec  Charlotte-Marguerite  Médon,  dont  son  frère  aîné 
Augustin  avait  épousé  la  sœur  (ci-dessus,  p.  xi).  Il  en  eut 
un  fils,  François,  qui  n'était  pas  marié  en  1723,  et  qui  dut 
mourir  sans  alliance. 

7"  Louis,  sieur  de  la  Martinière,  capitaine  de  grenadiers 
au  régiment  de  Boisseleau,  tué  au  siège  de  Limerick  en  1689. 

8"  Marguerite,  morte  jeune. 

9°  Thierry,  d'abord  garde-marine,  puis  commissaire 
d'artillerie,  tué  au  siège  de  Lerida  en  1709*.  Il  s'était  marié, 
le  10  juillet  1697,  avec  Madeleine  de  Givès,  dont  la  sœur 
Marie  avait  épousé  peu  auparavant  son  frère  aîné  Augus- 
tin ~.  Il  n'eut  que  deux  filles  :  Marie- Madeleine-Charles 
et  Marguerite-Charlotte  ;  cette  dernière,  née  le  30  juillet 
1708,  fut  reçue  à  Saint-Cyr  le  23  mai  1720  3.  Toutes  deux 
paraissent,  comme  représentant  leur  père  décédé,  dans  l'in- 
ventaire après  décès  du  marquis  de  Quincy,  en  1738^. 

10»  Pierre,  sieur  du  Plessis,  près  Orléans,  né  le  18  jan- 
vier 1676,  lieutenant  au  régiment  d'infanterie  du  Dauphin 
(17  février  1694),  puis  capitaine  (29  janvier  1696),  démis- 
sionnaire en  1704^,  chevalier  des  ordres  de  Notre-Dame  du 
Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare  en  1719^,  mort  le  9  janvier 
1752,  à  soixante-seize  ans''.  Il  avait  épousé,  le  1"  février 

1.  Notre  auteur  ne  parle  pas  de  lui  dans  ses  Mémoires,  et  ne 
mentionne  même  pas  sa  mort. 

2.  Ci-dessus,  p.  xi. 

3.  Ses  preuves  de  noblesse  sont  dans  le  ms.  Franc.  30159, 
fol.  17. 

4.  Ci-après,  tome  III,  Appendice,  p.  300-301. 

5.  Ci-après,  tome  II,  p.  236-237. 

6.  Le  bordereau  de  production  de  ses  titres  est  dans  le  ms. 
Franc.  30159. 

7.  Copie  de  son  acte  mortuaire  dans  le  ms.  Franc.  30812;  son 
scellé  est  aux  Archives  nationales,  liasse  Y  11169. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  XV 

1707,  Marie-Françoise  Margeret,  fille  de  Pierre  Margeret 
ou  de  Margeret,  grand  audiencier  de  France*,  et  sœur  d'un 
capitaine  aux  gardes  françaises,  Pierre  de  Margeret  de  Pon- 
taut^;  il  n'en  eut  pas  d'enfants. 

11"  Joseph,  notre  auteur,  dont  nous  parlerons  bientôt 
plus  en  détail. 

12°  Alexandre,  sieur  de  la  Martinière  après  la  mort  de 
son  frère  (ci-dessus,  7°),  né  en  1679^,  entré  aux  mousque- 
taires en  février  1699,  lieutenant  au  régiment  de  la  Vieille- 
Marine  en  décembre  1701,  puis  capitaine^.  Il  avait  épousé, 
le  21  février  1705,  Jacqueline- An  ne  du  Buisson,  fille  de 
Bon  ou  Benoît  du  Buisson,  peintre  à  Paris,  dont  il  eut  : 
François- Alexandre,  né  le  5  janvier  1708,  mort  jeune  ; 
Michelle- Angélique ,  née  le  24  décembre  1709,  non  encore 
mariée  en  1731  ;  et  Marie-Madeleine ,  née  le  26  novembre 
1711,  reçue  à  Saint-Gyr  en  1723.  Il  vivait  encore  en  1738, 
lors  de  la  mort  de  son  frère  le  marquis  de  Quincy ,  et  demeu- 
rait alors  à  Angers^. 

Branche  de  Bandeville. 

VIII.  Jean  Sevin,  seigneur  de  Bandeville,  né  du  second 
mariage  de  Thierry  Sevin  (ci-dessus,  p.  viii),  conseiller  au 
Grand  Conseil  (12  janvier  1632),  puis  au  Parlement  (5  jan- 

1.  Extrait  du  contrat  de  mariage,  ms.  Franc.  30159. 

2.  Ci-après,  tome  II,  p.  237. 

3.  Il  est  dit  âgé  de  dix-neuf  ans  lors  de  son  émancipation 
(Y  4077). 

4.  Il  dut  servir  en  Italie  en  même  temps  que  notre  auteur, 
puisque  son  régiment  s'y  trouvait.  On  s'étonne  que  notre  cheva- 
lier ne  parle  pas  de  lui  à  cette  occasion. 

5.  Ci-après,  tome  III,  Appendice,  p.  801. 


XVI  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

vier  1634),  maître  des  requêtes  le  1^"  février  1636  et  capi- 
taine des  chiens  d'Ecosse  du  roi  chassant  le  lièvre.  Il  rési- 
gna ses  charges  en  mars  1642,  après  la  mort  de  sa  femme, 
pour  entrer  dans  les  ordres,  et  mourut  en  août  1650.  Il  avait 
épousé,  le  6  janvier  1637,  Marie  du  Pré,  fille  de  Barthélémy 
du  Pré,  secrétaire  du  roi,  et  sœur  de  la  présidente  Amelot, 
dont  il  eut  trois  fils  :  1°  Jean,  qui  obtint,  le  30  août  1653, 
la  charge  de  capitaine  des  chiens  d'Ecosse  qu'avait  eue  son 
père;  il  s'en  démit  en  mars  1662*.  Ayant  acheté  un  guidon 
dans  la  compagnie  des  gendarmes  de  Monsieur,  il  eut  la  tête 
emportée  d'un  coup  de  canon  au  siège  de  Lille,  le  18  août 
1667;  2°  Louis,  qui  suit;  3"  Charles,  dit  le  commandeur 
de  Bandeville,  né  le  24  avril  1640,  reçu  chevalier  de  Malte 
de  minorité  le  9  mai  1647^  d'abord  capitaine  dans  le  régi- 
ment de  son  frère  Louis,  lui  succéda  comme  colonel  à  sa 
mort,  en  1674,  et  céda  le  régiment  en  1677  à  M.  de  Vau- 
becourt.  Il  obtint  la  commanderie  de  Villedieu-lès-Bailleul 
en  1684,  celle  de  Villedieu-en-Dreugesin  en  1691,  celle  de 
Fieffés  en  1696,  celle  de  Boncourt,  avec  la  charge  de  grand 
hospitalier  du  prieuré  de  France,  en  1705,  devint  grand 
prieur  de  Champagne  en  1707,  et  mourut  à  Paris  le 
24  novembre  1718^,  laissant  toute  sa  fortune,  assez  consi- 
dérable, à  son  ordre"*. 

\.  Ms.  Franc.  30812. 

2.  Ses  preuves  pour  l'ordre  de  Malte  existent  encore  dans  les 
archives  de  la  famille  de  Sevin,  et  m'ont  été  bienveillamment 
communiquées. 

3.  Gazette  de  France  du  3  décembre;  son  scellé  après  décès  est 
dans  la  liasse  Y  10835. 

4.  On  trouvera  à  l'Appendice  du  tome  III,  p.  309-310,  le  texte 
de  l'inscription  commémorative  qui  fut  érigée  à  Malte  en  son 
honneur,  pour  rappeler  cette  libéralité;  voyez  aussi  ce  qu'en  dit 
notre  auteur,  tome  III,  p.  280-281. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  xvil 

IX.  Louis  Sevin,  seigneur  de  Bandeville,  lieutenant  au 
régiment  des  gardes  françaises  en  1668,  devint  en  1669 
colonel  du  régiment  d'infanterie  d'Espagny  ;  il  mourut  le 
3  novembre  1674,  de  blessures  reçues  à  la  bataille  d'Ens- 
beim.  Il  avait  épousé  Angélique-Marie-Madeleine  Guérapin 
de  Vauréal,  morte  le  3  décembre  1712,  dont  il  eut  un  fils, 
qui  suit. 

X.  Louis  Sevin,  marquis  de  Bandeville,  d'abord  capi- 
taine dans  le  régiment  de  dragons  de  la  Reine,  puis  colonel 
d'un  régiment  d'infanterie  qu'il  leva  par  commission  (4  jan- 
vier 1702),  fut  tué  à  la  bataille  d'Hochstedt,  le  13^oût  1704, 
sans  alliance. 

Il  convient  d'ajouter  à  cette  généalogie  que  les  Sevin 
étaient  parents  ou  alliés  des  principales  familles  parle- 
mentaires de  Paris,  les  Gourtin,  les  Gatinat,  les  Portail, 
les  Golbert,  les  Ghamillart,  les  Ormesson,  les  Le  Rebours, 
les  Gabart  de  Villermont,  etc.,  et  même  à  quelques 
familles  de  la  cour  comme  les  Alègre  et  les  Frezeau  de  la 
Frezelière. 

IL 

L'auteur  des  Mémoires  et  son  œuvre. 

Après  avoir  établi  la  filiation  de  notre  auteur,  il  y  a  lieu 
de  s'étendre  davantage  sur  lui-même.  Onzième  enfant  d'Au- 
gustin Sevin  et  de  Marguerite  de  Glapion,  né  en  1677  ^ 
ayant  perdu  sa  mère  peu  après,  Joseph  Sevin  eut  une 
enfance  assez  malheureuse.  Recueilli  par  son  oncle  le  prési- 

1.  Ilestdit  âgé  de  vingt-un  ans  lorsqu'il  est  émancipé  le  28  jan- 
vier 1699  (Y  4077). 

I  b 


XVIII  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

dent  au  Parlement,  et  placé  par  lui  dans  divers  collèges,  il 
fut  admis  en  janvier  1697  dans  la  seconde  compagnie  des 
mousquetaires  du  roi,  dits  mousquetaires  noirs,  et  prit  alors 
le  nom  de  chevalier  de  Quincy.  Il  y  resta  quatre  ans  et 
demi,  et  les  quitta  le  20  octobre  1701  pour  entrer  comme 
enseigne  dans  la  compagnie  colonelle  du  régiment  de  Bour- 
gogne. Ce  régiment,  alors  en  Italie,  était  commandé  par  le 
marquis  de  Dreux,  gendre  du  ministre  d'Etat  Chamillart, 
allié  des  Sevin.  Notre  chevalier  n'eut  pas  le  temps  de  rem- 
plir les  fonctions  de  cet  emploi  :  il  reçut  le  grade  de  lieute- 
nant le  16  janvier  1702,  un  peu  avant  de  partir  pour 
rejoindre  son  poste. 

Il  gagna  donc  l'Italie  au  printemps  de  cette  même 
année  et  y  resta  jusqu'à  la  déroute  de  Turin  (septembre 
1706)  ;  il  rentra  alors  en  France  avec  l'armée.  Entre-temps, 
il  avait  été  nommé  capitaine  (31  janvier  1703),  grade  qu'il 
devait  conserver  jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière  militaire.  Il 
servit  en  Provence  et  en  Dauphiné  en  1707,  en  Flandre  de 
1708  à  1712,  et  fit  sur  le  Rhin  la  campagne  de  1713.  Sa 
compagnie  fut  réformée  à  la  paix  d'Utrecht  ;  mais  il  ne 
quitta  définitivement  le  service  qu'en  1720,  après  avoir,  à 
mainte  reprise,  sollicité  du  Régent  un  régiment,  qu'il  ne  put 
obtenir  ;  on  lui  donna  comme  compensation  la  croix  de  che- 
valier de  Saint-Louis. 

Six  ans  auparavant,  le  28  mai  1714,  il  avait  épousé 
une  riche  veuve,  de  famille  parisienne  et  d'âge  déjà  mûr, 
puisqu'elle  était  née  en  1678,  Madeleine  de  Sève,  parente 
d'un  évêque  d'Arras  et  veuve  en  premières  noces  d'Anne 
Potier,  seigneur  de  Notre-Dame-du-Parc  ^  La  fortune  que 

1.  Il  parle  assez  longuement  des  débuts  de  leur  connaissance 
dans  ses  Mémoires,  tome  III,  p.  207-209. 


NOTICE  PRELIMINAIRE.  xix 

cette  union  lui  procura  lui  permit  d'acheter  une  des  charges 
de  lieutenant  de  roi  au  gouvernement  d'Orléanais*  ;  il  en 
fut  pourvu  le  8  mars  1720,  et  il  la  conserva  jusqu'à  sa  mort. 
Madeleine  de  Sève  lui  apporta,  en  outre,  les  terres  de  Villar- 
son  et  de  Villefalier,  près  Cléry;  elle  mourut  au  bout  de 
quinze  ans  de  mariage,  le  2  octobre  1729,  laissant  une  fille, 
Charlotte-Geneviève,  née  en  1715,  mais  qui  mourut  à 
seize  ans,  le  3  janvier  1732.  La  mort  de  sa  fille  décida  le 
comte-  de  Quincy  à  se  remarier.  Par  contrat  du  26  juin 
1732 -^  il  épousa  Marie- Madeleine-Eugénie  de  Tournay 
d'Assignies  d'Oisy,  fille  de  Jean-Eustache,  comte  d'Oisy,  et 
de  Marguerite-Glaire  de  Berghes-Saint-Winocq,  et  veuve, 
elle  aussi,  de  Louis- Albert  de  Dreux,  seigneur  de  Marsan  ; 
elle  appartenait  à  une  bonne  maison  de  Flandre.  M.  de 
Quincy  la  perdit  six  ans  après,  le  11  mai  1738  4,  à  l'âge 
de  quarante-sept  ans^;  il  n'en  avait  point  eu  d'enfants.  Il 

1.  Voyez  les  lettres  de  provisions  à  l'Appendice  du  tome  III, 
p.  295.  —  Il  avait  d'abord  acheté  la  lieutenance  de  roi  d'Auvergne; 
mais,  ayant  trouvé  jour  à  acquérir  celle  d'Orléanais,  qu'il  préfé- 
rait, il  céda  la  première  à  son  frère  le  marquis  (lettres  de  provi- 
sions de  celui-ci  :  Arch.  nat.,  X1a8724,  fol.  10,  22  juin). 

2.  Il  est  déjà  qualifié  ainsi  dans  ses  provisions  de  lieutenant  de 
roi  en  1720;  mais  on  n'a  pu  retrouver  s'il  portait  ce  titre  aupa- 
ravant. C'est  certainement  un  titre  de  courtoisie  ;  car  il  n'y  eut 
aucune  érection  de  comté  en  sa  faveur. 

3.  Voyez  tome  III,  Appendice,  p.  298,  des  extraits  de  ce  contrat, 
d'après  le  registre  Y  334  des  Archives  nationales. 

4.  Joseph  Sevin  habitait  alors  rue  Neuve-des-Petits-Champs, 
paroisse  Saint-Roch  (inventaire  du  marquis  de  Quincy,  février 
1738)  ;  il  avait  demeuré  auparavant  rue  de  Poitou,  au  Marais. 

5.  Cet  âge  nous  est  fourni  par  les  tableaux  généalogiques  du 
Cabinet  des  titres,  et  il  est  probablement  exact,  puisque  sa  mère 
était  morte  avant  1694,  époque  du  second  mariage  de  son  père; 
notre  auteur  s'est  certainement  trompé  en  ne  lui  donnant  que 
seize  ans  en  1711  (tome  III,  p.  74),  ce  qui  la  ferait  naître  en  1695. 


XX  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

lui  survécut  onze  ans,  et  ne  mourut  que  le  22  juin  1749  ^ 
C'est  après  la  mort  de  sa  seconde  femme  que  le  chevalier 
de  Quincy,  pour  occuper  sa  solitude,  se  mit  à  rédiger 
ses  Mémoires.  On  peut  préciser  assez  exactement  leur  date 
de  rédaction.  L'auteur  fait,  en  effet,  plusieurs  allusions  à 
des  événements  contemporains  de  l'époque  à  laquelle  il  écrit. 
Parlant  d'un  de  ses  condisciples  (tome  I,  p.  27),  Jean 
Lavaud,  il  ajoute  qu'il  est  actuellement  provincial  des 
Jésuites;  or,  le  P.  Lavaud  fut  provincial  de  1738  à  1742. 
A  la  fin  de  la  campagne  de  1706  (tome  II,  p.  237),  il  parle 
de  M.  de  Margeret  comme  mort  ;  or,  il  mourut  le  16  février 
1738.  Enfin,  il  semble  que  le  cardinal  de  Fleury,  mort  le 
29  janvier  1743,  n'existait  déjà  plus  lorsqu'il  parle  de  lui 
dans  le  récit  de  la  campagne  de  1707  (tome  II,  p.  254).  On 
peut  donc  dire  que  les  Mémoires  ont  été  rédigés  entre  1738 
et  1745  au  plus  tard.  Il  y  avait  alors  environ  vingt-cinq 
ans  que  l'auteur  avait  quitté  le  service. 

Comment  se  fait-il  donc  qu'il  ait  pu,  après  un  si  long  inter- 
valle, se  souvenir  assez  exactement  des  événements  de  sa 
carrière  militaire  pour  indiquer  avec  une  précision  scru- 
puleuse la  succession  des  faits  selon  l'ordre  des  dates?  C'est 
qu'il  avait  d'autres  guides,  et  plus  sûrs,  que  sa  mémoire. 
D'abord,  il  avait  fait  naguère,  au  jour  le  jour,  des  relations 
sommaires  de  ses  campagnes  ^  et  ensuite,  de  même  que  Saint- 
Simon,  à  la  même  époque,  brode  ses  brillantes  fantaisies  sur 
la  trame  régulière  et  correcte,  mais  froide  et  sans  vie,  du 
Journal  de  Dangeau,  de  même  le  chevalier  de  Quincy,  s'il 
est  permis  de  le  comparer  de  bien  loin  à  si  illustre  écri- 

1 .  On  trouvera  son  acte  d'inhumation  à  l'Appendice  du  tome  III, 
p.  299. 

2.  Ci-après,  tome  1,  p.  2. 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  xxi 

vain,  trouve  dans  l'Histoire  militaire  du  règne  de  Louis 
le  Grand,  parue  en  1726,  et  dont  l'auteur  est  son  frère 
aîné,  un  canevas  très  exact,  auquel  il  ajoute  les  anecdotes  et 
les  détails  que  lui  fournissent  sa  mémoire  et  ses  notes  person- 
nelles. Parfois,  grâce  à  ces  dernières,  il  corrige,  il  amende 
le  récit  de  V Histoire  militaire,  et  même  il  lui  arrive  de  se 
plaindre  de  ce  que  l'auteur  n'a  pas  suffisamment  tenu  compte 
des  relations  que  lui-même  lui  fournissait  pendant  ses  cam- 
pagnes'. Il  est  certain,  cependant,  que  le  marquis  usa  à 
diverses  reprises  des  renseignements  de  son  cadet  ;  on  peut 
même  lui  reprocher  de  n'avoir  point  contrôlé  ses  dires  avec 
assez  de  soin  et  d'avoir  reproduit  trop  légèrement  des  erreurs 
de  faits  et  de  noms  géographiques-. 

Le  manuscrit  des  Mémoires,  que  nous  avons  eu  entre  les 
mains,  et  qui  semble  être  unique,  forme  deux  gros  volumes 
in-quarto,  de  six  cents  pages  environ  chacun,  composés  de 
cahiers  d'épaisseur  variable,  paginés  séparément,  et  reliés 
ensemble  après  coup  ;  chaque  cahier  comprend  le  récit  d'une 
campagne.  Le  premier  volume  s'arrête  à  la  fin  de  1706  ;  le 
second  va  de  1707  à  1713.  Ce  dernier  renferme  en  outre,  en 
quatre-vingt-dix-sept  pages,  une  sorte  de  roman  à  clef  inti- 
tulé Histoire  véritable  de  Philinte  et  d' Almasinde,  qui 
contient,  sous  des  noms  supposés,  l'histoire  des  amours  pla- 
toniques de  Marie-Anne  Sevin  de  Quincy,  sœur  aînée  de 
notre  auteur,  avec  un  jeune  gentilhomme  des  environs, 
qu'elle  ne  put  épouser  ;  ce  qui  la  fit  entrer  en  religion  à  l'ab- 
baye du  Pont-aux-Dames  ^  On  trouve  dans  ce  récit  tous 

1.  Dans  le  récit  de  la  campagne  de  1704,  notamment  (tome  II, 
p.  73). 

2.  On  en  verra  plusieurs  exemples,  entre  bien  d'autres,  dans  la 
campagne  du  Trentin  en  1703  :  tome  I,  p.  287  et  suivantes. 

3.  Voyez  ci-après,  tome  I,  p.  5. 


XXII  NOTICE  PRÉLIMINAIRE. 

les  noms  des  romans  à  clef  du  xvii"  siècle,  outre  ceux  des 
deux  héros  :  Bélise,  Almintor,  Amaranthe,  Théramène, 
Artémise,  Euphrosine,  Cléobule,  etc.  Nous  n'avons  pas 
cru  devoir  publier  cette  histoire  longue,  diffuse,  et  assez 
ennuyeuse.  Le  chevalier  de  Quincy,  alors  très  jeune,  n'y 
joue  d'ailleurs  aucun  rôle. 

Les  deux  volumes  du  manuscrit  sont  écrits  en  entier  de  la 
même  main  ;  mais  ce  n'est  pas  celle  du  chevalier  de  Quincy. 
Il  semble  que  l'auteur  ait  dicté  son  récit  à  un  secrétaire  assez 
peu  lettré,  qui  parfois  entendait  mal,  et  parfois  ne  compre- 
nait pas  ce  qu'on  lui  dictait.  On  trouve  par  exemple  :  la 
nuit  du  quinze  au  sozVpour  la  nuit  du  quinze  au  seize,  — 
les  doux  amants  convies  douze  amants,  — quavoit  vous 
fait,  vous  ne  resteroient  pour  qu  avez-vous  fait,  vous  ne 
resterez,  —  être  apporté  pour  être  àportée,  —  le  prince 
Eugène  commandé  pour  commandoit,  —  mensaique 
remotai  pour  mensœque  remotœ,  etc.  Les  quelques  addi- 
tions portées  en  marge  du  manuscrit,  et  écrites  de  la  même 
main  que  le  texte,  ne  sont  point  une  preuve  que  le  manuscrit 
soit  autographe  ;  car  elles  ont  pu  être  dictées  après  coup  au 
même  secrétaire. 

De  la  valeur  littéraire  des  Mémoires  il  n'y  a  rien  à  dire. 
Le  style  en  est  un  peu  lâché,  parfois  lourd  et  diffus  ;  mais, 
cependant,  ils  se  lisent  facilement.  L'auteur  n'avait  pas  trop 
mal  profité  de  l'enseignement  des  Jésuites  du  collège  de 
Louis-le-Grand. 

Leur  valeur  historique  est  plus  considérable,  encore  qu'il 
serait  fort  exagéré  de  les  regarder  comme  un  document  de 
premier  ordre.  L'auteur  ne  raconte  guère  que  ce  qu'il  a  vu  ; 
à  ce  titre,  son  témoignage  est  précieux,  et,  s'il  ne  modifie  pas 
les  grandes  lignes  connues  des  événements,  du  moins  il  les 
complète,  les  précise,  leur  donne  une  vie  et  un  relief  qu'on 


NOTICE  PRÉLIMINAIRE.  xxiii 

ne  trouve  pas  toujours  dans  les  Mémoires  de  plus  hauts  per- 
sonnages. C'est  surtout  par  les  détails,  par  les  épisodes  jour- 
naliers de  la  vie  militaire,  qu'ils  sont  intéressants  et  qu'ils  se 
recommandent  à  l'attention  des  historiens. 

Le  manuscrit  des  Mémoires  appartient  actuellement  au 
général  Pierre-Elie  Fabre,  commandant  la  29*"  division 
d'infanterie.  Il  est  venu  en  sa  possession  par  l'héritage  d'une 
tante  de  M™«  la  générale  Fabre,  qui,  elle-même,  le  tenait  de 
son  mari,  M.  Faure  de  Rochefontaine,  issu  d'une  bonne 
famille  d'Anjou  et  né  vers  1785.  M.  Faure  de  Rochefon- 
taine ne  semblant  avoir  aucun  lien  de  parenté  avec  les  Sevin 
de  Quincy,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'il  dut  acquérir  le  manus- 
crit de  quelque  libraire,  entre  les  mains  duquel  il  serait  par- 
venu à  la  suite  de  la  Révolution. 

Le  général  Fabre,  grâce  à  la  bienveillante  entremise  de 
M.  le  colonel  d'Aboville,  a  libéralement  communiqué  le 
manuscrit  des  Mémoires  à  la  Société  de  l'Histoire  de  France 
et  à  l'éditeur  chargé  par  elle  de  les  publier.  Je  les  prie  tous 
deux  de  bien  vouloir  agréer  mes  remerciements  et  l'expres- 
sion de  ma  gratitude. 


MÉMOIRES 


DU 


CHEVALIER    DE    QUINCY 

CAMPAGNE    DE    1710 

ET  l'hiver  suivant. 

La  campagne  de  1710  fut  des  plus  funestes  à  la 
France  par  la  conquête  de  quatre  places  considérables 
que  les  alliés  firent  sur  nous  en  Flandres. 

Le  Roi,  bien  informé  que  les  ennemis  avoient  une 
armée  supérieure  d'un  tiers  au  moins  à  la  nôtre  et 
qu'ils  avoient  fait  des  amas  extraordinaires  de  fourrage 
pendant  tout  l'hiver,  ce  qui  les  mettroit  en  état  de  se 
mettre  de  bonne  heure  en  campagne,  prit  le  parti  de 
rester  pendant  tout  le  cours  de  cette  campagne  sur 
la  défensive,  et  il  chargea  le  maréchal  de  Villars  du 
commandement  de  son  armée  de  Flandres. 

Le  13  avril,  un  détachement  de  l'armée  des  enne- 
mis, qui  étoit  déjà  assemblée,  marcha  à  Mortagne, 
petit  bourg  situé  sur  la  Scarpe  à  l'endroit  oii  cette 
rivière  se  jette  dans  l'Escaut.  Il  s'en  empara,  et  y  fit 
prisonniers  un  capitaine,  un  lieutenant  et  cinquante 
hommes.  Le  14,  le  chevalier  de  Luxembourg  se  ren- 
dit maître  de  ce  poste,  et  il  fit  prisonnier  le  même 
III  1 


2  MÉMOIRES  [Avril  1710] 

nombre  de  troupes  qu'on  nous  a  voient  pris  la  veille, 
et  il  le  garda  jusqu'au  18,  que  les  ennemis  s'en  empa- 
rèrent de  nouveau''. 

Je  partis  de  [Quincy]  le  21,  lendemain  de  Pâques. 
En  trois  jours  de  temps,  je  me  rendis  à  Chauny,  où 
M.  de  Gaut,  officier  de  la  compagnie  des  grenadiers 
à  cheval  %  avec  qui  j'avois  été  mousquetaire  du  Roi, 
me  donna  un  très  bon  souper.  Il  m'apprit  que,  le  jour 
de  Pâques,  le  prince  Eugène  et  le  duc  de  Marlborough, 
à  la  tète  de  soixante  mille  hommes,  s'étoient  emparés 
de  nos  lignes  élevées  dans  la  plaine  de  Lens,  qu'ils 
n'avoient  pas  osé  attaquer  l'année  précédente^.  Le 
fin  et  rusé  maréchal  de  Villars,  persuadé,  non  seule- 
ment de  l'impossibilité  d'acquérir  de  la  gloire  dans  le 
commencement  de  cette  campagne,  mais  encore  qu'il 
hasarderoit  à  perdre  celle  qu'il  avoit  acquise,  jugea  à 
propos  d'en  laisser  la  besogne  au  maréchal  de  Mon- 
tesquieu'^. Pour  cela,  il  feignit  que  la  blessure  qu'il 
avoit  reçue  à  la  bataille  de  Malplaquet^  ne  lui  permet- 
toit  pas  encore  d'aller  se  mettre  à  la  tête  de  l'armée 
du  Roi*^.  11  est  à  remarquer  que,  lorsque  ce  général 

1.  Mémoires  militaires,  t.  X,  p.  14-15.  C'est  le  duc  d'Albe- 
raarle,  à  la  tête  d'un  corps  hollandais,  qui  reprit  définitive- 
ment Mortagne. 

2.  Cette  compagnie,  créée  en  1676,  avec  un  effectif  de  cent 
trente  hommes,  porté  plus  tard  à  deux  cent  cinquante,  faisait 
partie  de  la  Maison  du  roi  (P.  Daniel,  Milice  françoise,  t.  II, 
p.  180-181). 

3.  Gazette,  p.  215  ;  Mémoires  militaires,  p.  18-20. 

4.  Pierre  de  Montesquiou  d'Artagnan  (tome  I,  p.  80),  que 
Louis  XIV  avait  fait  maréchal  de  France  à  la  suite  de  la  bataille 
de  Malplaquet,  le  20  septembre  1709. 

5.  Tome  II,  p.  368. 

6.  Voyez  ce  que  dit  Saint-Simon  sur  la  conduite  de  Villars 


[Avril  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  3 

sortoit  de  son  appartement  de  Versailles  pour  aller 
chez  S.  M.,  qui  lui  avoit  fait  prêter  l'appartement  de 
Madame  la  Duchesse,  afin  d'aller  conférer  de  temps  en 
temps  avec  lui,  il  ne  boitoit  point;  mais,  à  mesure 
qu'il  approchoit  de  la  chambre  du  Roi,  il  commençoit 
à  boiter,  et,  lorsqu'il  y  entroit,  il  boitoit  presque  jusque 
à  terre. 

Le  maréchal  de  Montesquieu  eut  ordre  de  la  cour 
d'abandonner  les  lignes  aussitôt  que  les  ennemis 
marcheroient  à  lui',  d'autant  plus  qu'il  n'avoit  pu, 
faute  de  fourrage,  assembler  que  neuf  mille  hommes 
d'infanterie  pour  les  soutenir  ^  Ce  général  fut  si  mal 
informé  de  la  marche  des  alliés,  que,  le  jour  même, 
qui  étoit  le  ^0  avril,  qu'ils  vinrent  pour  les  attaquer, 
il  avoit  envoyé  au  fourrage.  Il  est  vrai,  nos  troupes  se 
retirèrent  bien  à  propos  ;  mais  la  plus  grande  partie  des 
équipages  et  des  chevaux  des  officiers  de  cette  infan- 
terie furent  pris.  Cette  grande  faute  nous  donna  très 
mauvaise  opinion  de  ce  nouveau  maréchal  de  France. 
Les  soldats  firent  des  chansons  sur  lui,  dont  le  refrain 
étoit  :  Montre  ton  cul,  en  faisant  allusion  à  son  nom 
de  Montesquiou. 

Je  ne  sais  la  raison  pour  laquelle  ce  général  prit  ce 
nom  de  Montesquiou ^  en  quittant  celui  d'Artagnan, 
qu'il  avoit  toujours  porté  jusqu'au  moment  qu'il  fut 

au  début  de  cette  campagne  [Mémoires,  éd.  1873,  t.  VIII, 
p.  32-35). 

1.  Gela  semble  contraire  à  la  lettre  du  Roi  du  20  avril 
[Mémoires  militaires,  p.  17),  d'où  il  résulte  que  le  maréchal 
pensait  pouvoir  défendre  les  lignes,  et  que  le  Roi  l'y  encouragea. 

2.  Gazette,  p.  215. 

3.  C'était  le  nom  de  sa  maison  ;  de  même  Gacé  s'était  appelé 
le  mai'échal  de  Matignon  en  recevant  son  bâton,  en  1708. 


4  MÉMOIRES  [Avril  1710] 

fait  maréchal  de  France,  d'autant  plus  qu'il  s'étoit 
acquis  beaucoup  de  réputation  sous  ce  dernier  nom, 
ce  nom  de  Montesquiou  étant  en  quelque  manière  en 
horreur  en  France,  surtout  dans  la  maison  de  Gondé, 
depuis,  comme  tout  le  monde  le  sait,  que  le  baron  de 
Montesquiou^  capitaine  des  gardes  suisses  du  duc 
d'Anjou,  eut  tué  de  sang-froid,  d'un  coup  de  pistolet, 
Louis  P"",  prince  de  Gondé,  en  1569,  la  bataille  de 
Jarnac  finie  ^. 

Le  26  avril,  j'arrivai  à  Valenciennes,  où  notre  régi- 
ment étoit  en  garnison.  En  y  allant,  je  passai  par  Bou- 
chain,  où  je  trouvai  le  chevalier  des  Touches^,  nommé 
le  Chancreux,  qui  commandoit  dans  cette  place;  il 
étoit  brigadier  des  armées  du  Roi  et  colonel  du  régi- 
ment de  Gotentin.  Gomme  je  le  voyois,  et  que  j'étois 
de  société  avec  lui  à  Paris,  il  me  fit  part  du  chagrin 
qu'il  venoit  de  recevoir  de  la  cour.  Lui  et  son  régiment 
avoient  passé  l'hiver  à  Douay.  Naturellement,  ils 
dévoient  rester  pour  la  défense  de  cette  place,  mena- 
cée d'un  siège;  mais  les  gens  de  cour  sont  insatiables, 

1.  François  de  Montesquiou,  dernier  de  la  branche  aînée  de 
cette  maison. 

2.  Histoire  universelle  d' Agrippa  d'Aubigné,  t.  III,  p.  52; 
Œuvres  de  Brantôme,  t.  IV,  p.  346-348.  —  Saint-Simon  raconte 
[Mémoires,  éd.  1873,  t.  VII,  p.  110-111)  qu'à  la  nouvelle  de 
ce  changement  de  nom,  le  duc  de  Bourbon,  cinquième  des- 
cendant du  prince  tué,  «  entra  en  furie,  vomit  tout  ce  qu'il 
est  possible  de  plus  violent  et  de  plus  injurieux,  dit  qu'il  étoit 
bien  insolent  de  prendre  le  nom  d'un  traître  qui  avoit  assas- 
siné son  aïeul,  et  publia  que,  partout  où  il  le  rencontreroit,  il 
lui  feroit  un  affront  et  une  insulte  publique.  »  Le  maréchal  ne 
s'en  émut  point,  et  Monsieur  le  Duc  ne  mit  pas  ses  menaces  à 
exécution. 

3.  Michel  le  Camus  des  Touches  :  tome  II,  p.  74. 


[Avril  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  5 

ils  ne  songent  qu'à  leurs  propres  intérêts.  Le  duc  de 
Beauvillier,  quoique  dévot,  eut  le  crédit  de  faire 
envoyer  le  chevalier  des  Touches  et  son  régiment  à 
Bouchain,  et  de  faire  mettre  en  sa  place  le  duc  de  Mor- 
temart,  son  gendre^,  afin  de  le  faire  faire  maréchal 
de  camp,  comme  cela  arriva  après  la  prise  de  Douay^. 
Le  pauvre  des  Touches  en  fut  si  piqué  et  pénétré  de 
chagrin,  qu'après  la  campagne  finie  il  quitta  le  service. 
C'est  ainsi  que  le  Roi  perd  souvent  d'excellents  sujets. 
En  vérité,  les  ministres  de  la  guerre  devroient  avoir 
plus  d'attention  aux  mérites  et  aux  services  des 
anciens  officiers;  S.  M.  en  seroit  certainement  mieux 
servie. 

Quelques  jours  après  que  je  fus  arrivé  à  Valen- 
ciennes,  l'électeur  de  Cologne^  qui  y  faisoit  sa  rési- 
dence, fit  l'honneur  à  notre  régiment  d'en  bénir  les 
drapeaux.  Il  célébra  la  messe  pontificalement,  et  il 
ordonna  aux  officiers  d'avoir  l'épée  nue  à  la  main 
pendant  l'Évangile  et  au  lever-Dieu^.  Le  service  fait, 
nous  fûmes  baiser  les  uns  après  les  autres  son  anneau 

1.  Louis  II  de  Rochechouart  (1681-1746),  duc  de  Mortemart, 
avait  épousé,  en  1703,  Marie-Henriette  de  Beauvillier,  sa  cou- 
sine germaine;  sa  mère,  fille  de  Colbert,  était  sœur  cadette  des 
duchesses  de  Beauvillier  et  de  Chevreuse.  «  Il  n'avoit  ni  les 
mœurs  ni  la  conduite  d'un  homme  à  devenir  gendre  du  duc  de 
Beauvillier,  »  dit  Saint-Simon.  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XI, 
p.  331.) 

2.  Promotion  du  2  juillet  1710,  faite  pour  lui  seul. 

3.  Joseph-Clément  de  Bavière  (1671-1723),  frère  de  l'élec- 
teur-duc  de  Bavière,  avait  obtenu  l'électorat  de  Cologne  en 
1688,  en  compétition  avec  le  cardinal  de  Fiirstenberg,  soutenu 
par  la  France. 

4.  L'élévation. 


6  MÉMOIRES  [Avril  1710] 

pastoral,  pendant  qu'il  étoit  assis  dans  un  fauteuil,  et 
nous  à  genoux;  il  nous  embrassoit  ensuite.  Il  nous 
dit  après  :  «  Messieurs,  de  tous  les  drapeaux  que  j'ai 
«  bénits  jusqu'à  présent,  aucun  n'a  été  pris  par  l'en- 
«  nemi.  Ainsi,  je  suis  persuadé  que  les  vôtres  auront 
a  ce  même  bonheur.  »  Nous  dîmes  à  S.  A.  Électorale 
que  nous  en  acceptions  l'augure,  que,  jusques  à  présent, 
aucun  de  ceux  de  notre  régiment  n'avoit  eu  le  mal- 
heur de  tomber  entre  les  mains  de  nos  ennemis,  mais, 
qu'au  contraire,  nous  leur  en  avions  pris  plusieurs. 

Cet  électeur  étoit  un  peu  ratier  et  bouffon  ;  en  voici 
un  exemple.  Quelques  jours  auparavant  le  mois 
d'avril,  il  avoit  fait  publier  dans  toute  la  ville  qu'il  prê- 
cheroit  le  premier  jour  du  mois  dans  la  collégiale.  Le 
jour  venu,  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  considérable, 
tant  à  la  ville  qu'aux  environs,  se  rendit  dans  cette 
église.  Entendre  prêcher  un  évêque,  et  surtout  un 
archevêque-électeur,  étoit  la  chose  la  plus  rare  et  la 
plus  renouvelée  des  Grecs^.  L'Électeur  y  arriva  avec 
pompe,  et  précédé  de  toute  sa  maison  et  de  toute  sa 
cour;  il  monta  en  chaire  avec  une  gravité  telle  qu'il 
convient  à  un  grand  prédicateur.  Il  fut  quelque  temps 
sans  ouvrir  la  bouche,  en  regardant  son  auditoire. 
Enfin,  il  se  fit  entendre  par  ces  paroles,  et  en  les  pro- 
nonçant trois  fois  :  «  Poisson  d'avril  !  Poisson  d'avril  ! 
«  Poisson  d'avril  !  »  Et  ensuite  il  disparut  en  éclatant 
de  rire.  Chacun  s'en  retourna  chez  soi  riant,  et  en 
même  temps  confus,  de  la  sottise  qu'il  avoit  eu  de 

1.  Littré  dit  que  renouvelé  des  Grecs  signifie  connu  depuis 
longtemps;  notre  auteur  emploie  au  contraire  cette  expression 
dans  le  sens  de  rare,  de  peu  ordinaire. 


[Avril  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  7 

donner  dans  ce  panneau,  car  le  caractère  de  l'Élec- 
teur étoit  déjà  bien  connue 

Cependant  il  prêchoit  quelquefois.  J'ai  assisté  à  un 

de  ses  sermons,  dont  le  texte  étoit-  : 

Après  nous  avoir  fait  le  détail  du  bonheur  qui  avoit 
toujours  accompagné  les  armes  de  la  France  jusques 
au  combat  de  Donauwerth  et  la  bataille  d'Hochstedt  ^ 
époque  malheureuse  pour  ce  royaume,  il  nous  fit  un 
détail  que  trop  circonstancié  du  funeste  revers  qui 
nous  étoit  arrivé  depuis,  en  attribuant  nos  malheurs 
au  trop  de  confiance  que  nous  avions  eu  à  nos  armées 
et  à  nos  forces,  et  non  à  la  toute-puissance  de  Dieu,  et 
au  peu  de  confiance  que  nous  avions  eu  en  lui.  Il  prê- 
cha parfaitement  bien. 

Pendant  le  peu  de  temps  que  je  restai  à  Valen- 
ciennes,  j'assistai  à  plusieurs  fêtes  qu'il  donna.  Je  fus 
à  sa  comédie,  représentée  par  ses  domestiques.  Entre 
les  actes,  il  y  avoit  des  ballets  et  des  chœurs  de  voix. 
Il  se  mettoit  toujours  dans  une  loge  au  milieu  du 
fond,  accompagné  des  dames  de  sa  cour,  fort  mal 
mises  et  fort  laides,  et  qui,  cependant,  faisoient  les 
aimables  et  les  agréables.  Il  donnoit  lui-même  le  coup 
de  sifflet  pour  le  changement  des  décorations.  J'y  vis 
une  autre  fois  représenter  la  Chasse  de  3Iorin^.  Un 
véritable  cerf  traversa  plusieurs  fois  le  théâtre,  suivi 
d'une  meute  de  soixante-dix  chiens.  Ce  spectacle  me 
fit  beaucoup  de  plaisir,  aussi  bien  que  ces  concerts 

1.  Saint-Simon  [Mémoires,  éd.  1873,  t.  VIII,  p.  172)  raconte 
aussi  cette  anecdote. 

2.  En  blanc  dans  le  manuscrit. 

3.  En  1704. 

4.  Nous  n'avons  pu  trouver  de  renseignements  sur  cette  pièce . 


8  MÉMOIRES  [Avril  1710] 

composés  de  belles  voix.  Le  jour  que  j'y  fus,  on  exé- 
cuta le  prologue  et  le  premier  acte  de  RolandK  II 
chantoit  dans  les  chœurs;  il  avoit  une  basse-taille,  et 
sa  voix  s'élevoit  au-dessus  des  autres.  Ensuite,  il  ne 
faisoit  que  polissonner  avec  les  dames.  Le  Roi  lui  avoit 
fait  présent  d'un  fauteuil  de  damas  cramoisi,  tout  brodé 
en  or,  sur  des  roulettes,  que  l'on  faisoit  aller  où  l'on 
vouloit  moyennant  un  bâton  à  vis  ;  il  y  promenoit  les 
dames  les  unes  après  les  autres. 

Un  jour,  à  deux  heures  après-dîner,  lisant  dans  ma 
chambre,  j'entendis  un  grand  bruit  de  trompettes  et 
de  timbales;  je  courus  à  la  fenêtre.  G'étoient  quatre- 
vingts  hommes  habillés  à  la  turque,  dont  vingt  habil- 
lés de  rouge,  vingt  de  vert,  vingt  de  bleu  et  vingt  de 
blanc,  tous  montés  à  poil  sur  de  mauvais  chevaux, 
ayant  chacun  une  lance  élevée  dans  la  main.  Ils  étoient 
précédés  par  ses  timbales  et  ses  trompettes.  Je  suivis 
cette  cavalcade,  qui,  après  être  sortie  de  la  ville,  se 
partagea  en  quatre  dans  une  plaine.  A  côté,  on  avoit 
construit  des  tribunes  faites  de  planches,  pour  la  com- 
modité des  spectateurs.  Au  bout  d'une  demi-heure, 
je  vis  arriver  l'Électeur,  accompagné  de  toute  sa  cour. 
Dès  qu'il  fut  placé,  il  donna  le  signal.  Le  bruit  des 
trompettes  et  des  timbales  se  fit  entendre.  Ensuite, 
nous  vîmes  partir  Messieurs  les  Turcs  au  galop,  moitié 
d'un  côté  et  moitié  de  l'autre,  venir  s'affronter  les  uns 
contre  les  autres  avec  leurs  lances  baissées.  Il  y  en 
eut  bien  la  moitié  de  culbutés  par  terre.  Ils  tomboient 

1.  Tragédie  lyrique  en  cinq  actes  et  un  pi'ologue,  musique 
de  Lully,  paroles  de  Quinault,  représentée  pour  la  première 
fois  à  Versailles  en  janvier  1685. 


[Avril  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  9 

étendus  comme  des  crapauds,  ce  qui  faisoit  rire  tout 
le  monde,  d'autant  plus  qu'ils  ne  se  faisoient  point  de 
mal,  par  la  précaution  qu'ils  a  voient  prise  de  se  bour- 
rer de  beaucoup  de  foin.  Ils  firent  jusqu'à  trois  fois  ce 
combat,  et  après  ils  le  firent  un  contre  un.  Les  com- 
bats finis,  S.A.  Électorale  distribua  elle-même  les  prix 
à  ceux  qui  les  avoient  mérités,  c'est-à-dire  à  ceux  qui 
en  avoient  culbuté  le  plus  et  qui  n'avoient  point  été 
jetés  par  terre.  Ainsi,  cet  électeur,  chassé  de  ses  États, 
tâchoitde  se  distraire  des  malheurs  arrivés  à  sa  maison. 
Le  Roi,  persuadé  depuis  longtemps  que  le  dessein 
des  alliés  étoit  de  faire  le  siège  de  Douay,  dont  M.  de 
Pomereu  étoit  gouverneur \  chargea  M.  d'Albergotti, 
lieutenant  général,  de  la  défense  de  cette  place.  Ce 
général  avoit  toutes  les  qualités  requises  pour  bien 
exécuter  la  commission  dont  S.  M.  venoit  de  l'honorer. 
Il  avoit  sous  ses  ordres  le  marquis  de  Dreux  et  M.  de 
Brendlé^,  maréchaux  de  camp;  M.  de  Valori^,  aussi 
maréchal  de  camp,  étoit  à  la  tète  des  ingénieurs;  trois 
brigadiers,  savoir  :  le  duc  de  Mortemart,  le  comte  de 
Lannion^  et  M.  de  Ghastenay,  lieutenant-colonel  du 
régiment  de  Piémont.  La  garnison  étoit  composée  des 

1.  Alexandre -Jacques  de  Pomereu,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  avait  depuis  1688  le  gouvernement  de  Douay.  Il  mou- 
rut le  29  septembre  1718,  à  quatre-vingt-quatre  ans.  Pendant 
le  siège,  il  vendit  sa  vaisselle  d'argent  et  avança  quarante 
raille  livres  pour  subvenir  aux  besoins  des  troupes. 

2.  Tome  II,  p.  387. 

3.  Charles-Guy,  marquis  de  Valori  (1655-1734),  avait  fait 
toute  sa  carrière  dans  le  corps  des  ingénieurs,  sous  Vauban.  Sa 
belle  conduite  pendant  le  siège  de  Lille,  en  1708,  lui  avait  fait 
obtenir  le  grade  de  maréchal  de  camp;  il  eut  celui  de  lieute- 
nant général  après  la  reddition  de  Douay. 

4.  Tome  I,  p.  134. 


10  MÉMOIRES  [Avril  1710] 

trois  bataillons  de  Piémont,  des  deux  de  Gharost,  des 
deux  de  Touraine,  d'un  de  la  Sarre,  deux  de  Solre, 
deux  de  SaintoUge^,  d'un  de  Royal-artillerie  et  d'un 
de  Montboissier^,  de  deux  compagnies  de  canonniers, 
d'une  brigade  de  mineurs  et  d'une  de  bombardiers. 

11  y  avoit  dans  le  fort  de  Scarpe^  trois  bataillons,  six 
compagnies  d'invalides  et  un  détachement  de  bombar- 
diers et  de  canonniers*. 

Pendant  que  toutes  nos  troupes  étoient  dans  leurs 
garnisons  et  dans  leurs  quartiers  d'hiver,  et  qu'elles 
n'en  pouvoient  sortir  faute  de  fourrages  secs,  les  enne- 
mis se  mirent  en  état  de  faire  le  siège  de  cette  place, 
comme  on  l'avoit  prévu.  Ils  arrivèrent  devant,  le 
2i2l  avril,  au  nombre  de  quarante  escadrons  et  de  qua- 
rante bataillons.  Sur-le-champ,  ils  firent  travailler  aux 
lignes  de  circonvallation^.  Quelques  jours  après,  il 
leur  arriva  quatre-vingts  pièces  de  canon  de  batterie, 
quatre-vingts  mortiers  et  vingt-cinq  pierriers®.  Toutes 
leurs  troupes,  tant  celles  destinées  pour  ce  siège  que 
celles  qui  composoient  l'armée  d'observation,  mon- 

1.  Régiment  créé  en  1584;  il  avait  alors  pour  colonel  M.  de 
Lannion,  ci-dessus. 

2.  Levé  en  1702  par  Philippe-Claude,  marquis  de  Montbois- 
sier-Beaufort,  ce  régiment  était  passé,  le  18  avril  1710,  entre 
les  mains  de  M.  de  Longuerue;  il  fut  licencié  en  1713. 

3.  Au  nord-est  de  la  ville,  sur  le  bord  de  la  Scarpe,  qui  en 
formait  les  fossés.  Voyez  le  plan  donné  par  le  général  Pelet  dans 
l'Atlas  des  Mémoires  militaires. 

4.  Le  général  Pelet  a  donné  un  état  de  la  garnison  de  Douay 
au  14  avril  :  p.  266. 

5.  Mémoires  militaires,  p.  20-21;  Gazette,  p.  215;  Histoire 
militaire  de  Quincy,  t.  VI,  p.  318-319. 

6.  Soixante-dix  pièces  de  canon  et  quatre-vingts  mortiers 
ou  pierriers,  dit  le  marquis  de  Quincy. 


[Mai  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  H 

toient  à  cent  quarante  mille  hommes,  aux  ordres  du 
prince  Eugène  et  du  duc  de  Marlborough.  Ainsi,  ces 
armées  étoient  de  dix  mille  hommes  de  plus  que 
l'année  précédente.  Il  y  eut  beaucoup  de  nos  officiers 
qui  furent  faits  prisonniers  en  voulant  se  jeter  dans 
Douay  pour  aller  rejoindre  leurs  régiments. 

Nous  apprîmes  que,  le  l®'  de  mai,  les  assiégeants 
s'étoient  emparés  du  fort  de  Dorignies\  qui  protégoit 
la  communication  de  Douay  au  fort  de  Scarpe. 

L'armée  d'observation,  commandée  par  milord  Marl- 
borough, avoit  sa  droite  à  Vitry-sur-Scarpe'~',  qui  étoit 
le  quartier  de  ce  général,  sa  gauche  au  canal  du  Mou- 
linet^, près  d'Arleux\  et  son  centre  à  Tortequenne^. 

Le  prince  Eugène,  qui  s'étoit  chargé  du  siège,  et 
dont  le  quartier  général  étoit  à  Belleforière^,  château 
appartenant  au  marquis  de  ce  nom^,  parent  de  notre 
colonel  par  sa  mère^,  ayant  fait  tout  préparer  pour 
l'ouverture  de  la  tranchée,  elle  se  fit  la  nuit  du  4  au 
5  de  mai,  à  deux  endroits  différents,  entre  les  portes 
d'Esquerchin  et  d'Ocre^. 

1.  Petit  village  au  nord  de  Douay  et  maintenant  compris 
dans  les  faubourgs  de  la  ville. 

2.  Aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  du  Pas-de-Calais,  sur  la 
Scarpe,  en  amont  de  Douay. 

3.  Canal  de  communication  entre  la  Scarpe  et  la  Sensée. 

4.  Chef-lieu  de  canton  du  Aord^  au  sud-est  de  Douay. 

5.  Village  à  quelques  kilomètres  à  l'est  de  Vitry. 

6.  Autrefois  paroisse,  aujourd'hui  simple  château  de  la  com- 
mune d'Auby,  au  nord  de  Douay. 

7.  Philippe-Maxirailien-Ignace  de  Belleforière,  descendant 
d'une  branche  cadette  qui  avait  acheté  la  terre  patrimoniale  à 
la  fin  du  xvi^  siècle. 

8.  Voyez  tome  TT,  p.  92. 

9.  Mémoires  militaires,  p.  26;  Gazette,  p.  238-239. 


12  MÉMOIRES  [Mai  1710] 

Le  9,  les  déserteurs  nous  dirent  que,  le  7,  à  dix 
heures  du  soir,  le  duc  de  Mortemart,  à  la  tête  de 
deux  cents  dragons  et  de  mille  grenadiers,  avoit  fait 
une  sortie,  qui  avoit  eu  tout  le  succès  possible;  qu'il 
avoit  taillé  en  pièces  le  régiment  de  Sutton,  anglois, 
et  le  régiment  de  Schmidt,  suisse;  que  nos  soldats 
avoient  fait  bon  quartier  aux  Suisses,  mais  qu'ils  n'en 
avoient  fait  aucun  aux  Anglois^ 

Le  10  mai,  notre  régiment  eut  ordre  de  sortir  de 
Valenciennes  pour  aller  camper  sous  le  canon  de 
Gambray.  Quelques  jours  après,  je  fus  détaché  à  la  tète 
de  cinquante  hommes  pour  aller  au  Catelet  pendant 
l'espace  de  vingt-quatre  heures. 

Le  Catelet.  —  Cette  petite  ville  étoit  anciennement 
très  forte.  Charles-Quint,  en  ayant  fait  la  conquête,  la 
fît  raser,  et  des  démolitions  il  fit  bâtir  la  citadelle  de 
Cambray,  sous  prétexte  de  protéger  cette  dernière 
ville  ^.  Le  Catelet  dépend  de  la  Picardie  et  est  situé 
sur  l'Escaut,  sur  les  frontières  du  Cambrésis  et  du 
Hainaut. 

Enfin,  le  maréchal  de  Villars,  qui  avoit  assemblé  la 
plus  grande  partie  de  nos  troupes  près  de  Péronne^, 
arriva  sous  Cambray  à  la  tête  desdites  troupes,  le 
23  mai,  avec  le  roi  d'Angleterre,  toujours  sous  le  nom 
de  chevalier  de  Saint-Georges,  Monsieur  le  Duc  et  les 
maréchaux  de  Berwicketde  Montesquieu.  Toute  notre 
armée,  étant  assemblée,  étoit  composée  de  deux  cent 

1.  Gazette,  p.  239. 

2.  Déjà  dit  tome  I,  p.  66. 

3.  Le  maréchal  était  depuis  le  14  dans  cette  ville,  s'occu- 
pant  de  réunir  des  approvisionnements.  Au  sujet  de  son  plan 
de  campagne,  on  peut  voir  sa  lettre  au  Roi,  du  16  mai,  et  la 
réponse,  du  17,  dans  les  Mémoires  militaires,  p,  29-32. 


[Mai  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  13 

soixante-deux  escadrons  et  de  cent  cinquante-trois 
bataillons^. 

Le  24,  la  gauche  de  l'armée  s'étendit  jusqu'au  bourg 
d'Oisy^,  éloigné  d'un  petit  quart  de  lieue  du  Censet^. 
Nous  apprîmes  ce  jour-là  que,  le  jour  d'auparavant, 
le  cardinal  de  Bouillon,  mécontent  de  la  cour,  dont  il 
étoit  disgracié  depuis  longtemps,  s'étoit  retiré  dans 
l'armée  ennemie^.  Le  prince  d'Auvergne,  son  neveu, 
qui  étoit  au  service  des  Hollandois,  s'étoit  avancé  à  la 
tête  d'une  vingtaine  d'escadrons  jusqu'auprès  d'Arras 
pour  le  recevoir.  Ce  cardinal  étoit  doyen  du  sacré 
collège.  Je  demandai  ce  jour-là  à  des  déserteurs  ce 
qu'il  y  avoit  de  nouveau  :  ils  me  dirent  qu'il  étoit 
arrivé  un  grand  général  françois,  qu'on  nommoit  le 
cardinal  de  Bouillon,  dans  l'armée  ennemie,  et  qu'on 
lui  avoit  fait  une  très  belle  réception.  Ce  mot  de  géné- 
ral nous  fit  bien  rire^. 

Depuis  le  moment  que  notre  armée  étoit  assemblée, 
le  bruit  couroit  que  le  maréchal  de  Villars,  quoique 
son  armée  fût  d'un  tiers  moins  forte  que  celle  des 
alliés,  avoit  ordre  de  livrer  une  bataille,  et  ce  qui  nous 
le  faisoit  d'autant  plus  croire  étoit  l'arrivée  du  maré- 

1.  Histoire  militaire,  p.  324. 

2.  Tome  I,  p.  34. 

3.  Ou  plutôt  la  Sensée,  affluent  de  gauche  de  l'Escaut. 

4.  Saint-Simon  a  raconté  [Mémoires,  éd.  1873,  t.  VIII,  p.  59  et 
suivantes)  cette  «  évasion  »  du  cardinal  et  en  a  exposé  les  causes 
et  les  suites.  Voyez  encore  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XII, 
p.  229-233,  le  Journal  de  Dangeau,  t.  XIII,  p.  160  et  sui- 
vantes, les  Mémoires  de  Torcy,  p.  174  et  suivantes,  et  l'ouvrage 
récent  de  M.  Félix  Reyssié,  p.  218-226. 

5.  La  confusion  était  excusable,  puisque,  le  premier  soir, 
Eugène  et  Marlborough  prirent  l'ordre  du  cardinal  [Saint- 
Simon,  p.  60). 


14  MÉMOIRES  [Mai  1710] 

chai  de  Berwick,  qui  devoit  commander  l'armée  de 
Dauphiné^ 

Le  26,  notre  armée  décampa,  et,  après  avoir  passé 
le  Marqui^,  petite  rivière  qui  prend  sa  source  à  Inchy^, 
village  dépendant  anciennement  du  comté  d'Oisy,  et 
va  se  jeter  dans  le  Genset  à  Arleux,  elle  fut  camper, 
sa  droite  à  Marquion  et  sa  gauche  à  Monchy-le-Preux*. 

Le  27,  elle  fut  camper  près  d'Arras.  On  fit  ce 
jour-là  plusieurs  ponts  sur  la  Scarpe,  entre  l'abbaye 
d'Avesnes^,  près  d'Arras,  et  Athies*^. 

Le  28  et  le  29  furent  employés  à  passer  cette  rivière. 
Trois  cents  housards  voulurent  inquiéter  notre  arrière- 
garde  ;  mais  ils  en  furent  châtiés  :  il  y  en  eut  plusieurs 
de  tués,  et  on  fit  cinquante  prisonniers. 

Après  avoir  passé  la  Scarpe,  nous  fûmes  camper 
dans  une  plaine  dont  le  terrain  étoit  élevé.  La  droite 
de  notre  armée  étoit  appuyée  à  Fampoux^,  situé  sur 
la  Scarpe,  et  la  gauche  à  la  petite  rivière  du  Sou- 
chet^,  près  de  Lens.  Par  ce  passage,  nous  jugeâmes 

1.  c'était  Villars  qui  avait  demandé  instamment  au  Roi  que 
Berwick  lui  fût  adjoint,  quoiqu'il  y  eût  déjà  à  l'armée  de 
Flandre  le  maréchal  de  Montesquiou  et  le  maréchal  bavarois 
comte  d'Arco  [Mémoires  militaires,  p.  28  et  33). 

2.  Appelée  plus  communément  l'Agache. 

3.  Inchy-Beaumont,  département  du  Nord,  canton  du  Cateau. 

4.  Marquion,  gros  bourg  sur  la  route  de  Cambray  à  Arras, 
à  trois  lieues  de  la  première  ville  ;  Monchy-le-Preux,  village 
sur  la  même  route,  à  deux  lieues  d'Arras. 

5.  Abbaye  de  bénédictines  fondée  au  xii^  siècle,  près  de 
Bapaume,  et  transférée  au  xvi**  sous  les  murs  d'Arras. 

6.  A  deux  lieues  en  amont  d'Arras. 

7.  Village  du  canton  est  d'Arras. 

8.  Affluent  de  la  Deule.  Le  front  de  l'armée  s'étendait  ainsi 
sur  plus  de  douze  kilomètres  [Mémoires  militaires,  p.  37). 


[Mai  1710J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  15 

que  le  dessein  du  maréchal  de  Villars  étoit  d'aller  atta- 
quer les  ennemis  entre  Vitry  et  Hennin-Liétard.  Le 
soir,  on  distribua  de  la  poudre  et  des  balles  à  nos  sol- 
dats^. Le  bruit  étoit  que,  le  lendemain  30,  nous  atta- 
querions les  ennemis. 

Il  me  prit  une  envie  extraordinaire  de  me  confes- 
ser, envie,  depuis  que  je  servois,  qui  ne  m'avoit  jamais 
pris,  c'est-à-dire  à  la  veille  et  auparavant  d'aller  à 
une  attaque.  Après  avoir  soupe,  je  fus  me  promener 
auprès  de  la  tente  de  notre  aumônier,  pour  prendre 
le  temps  qu'il  seroit  seul,  afin  d'exécuter  mon  des- 
sein; car  je  ne  voulois  pas  que  personne  s'en  aperçût. 
Mais  malheureusement  il  donnoit  à  souper  à  quelques 
officiers  :  ce  qui  me  fit  attendre  si  longtemps,  que  je 
pris  le  parti  de  m'aller  coucher. 

Les  généraux  ennemis,  bien  informés  de  nos  mou- 
vements, firent  passer  la  Scarpeà  toutes  leurs  troupes, 
qui  étoient  campées  sur  la  rive  droite  de  cette  rivière. 
Ils  mirent  la  droite  de  leur  armée  à  Montigny  %  village 
situé  au  bord  d'un  marais  que  forme  la  petite  rivière 
du  Souchet,  et  leur  gauche  à  Vitry,  village  assez  con- 
sidérable sur  la  Scarpe.  Ils  a  voient  devant  le  front  de 
leur  armée  des  redans  de  distance  en  distance,  à  con- 
tenir six  à  sept  cents  hommes.  Entre  les  distances 
des  redans,  il  n'y  avoit  aucun  retranchement,  afin 
d'être  en  état  de  nous  suivre  en  cas  que  nous  eussions 
été  repoussés.  Ces  redans  étoient  aussi  garnis  de 
canons^. 

1.  Et  du  pain  pour  quatre  jours,  dit  VHist.  militaire,  p.  331. 

2.  Montigny-en-Gohelle,  dans  le  canton  de  Carvin. 

"i.  Mémoires  militaires,  p.  33  et  37;  Histoire  militaire, 
p.  331-332. 


16  MÉMOIRES  [Mai  1710] 

Le  30  mai,  à  une  heure  de  jour,  notre  armée 
s'ébranla.  Toute  l'infanterie  se  forma  dans  un  instant 
sur  douze  colonnes,  notre  cavalerie,  à  l'ordinaire,  for- 
mant la  droite  et  la  gauche.  G'étoit  une  chose  admi- 
rable de  voir  l'armée  d'un  seul  coup  d'œil  descendre 
la  pente  de  cette  hauteur  où  nous  avions  campé  pour 
entrer  dans  la  plaine  d'Isse^.  Nous  fîmes  ainsi  une 
demi-heure  de  chemin  ;  ensuite,  nous  fîmes  halte  pour 
attendre  les  ordres  du  maréchal  de  Villars,  qui  s'étoit 
avancé  avec  les  maréchaux  de  Berwick,  de  Montes- 
quiou  et  d'Arco,  et  plusieurs  lieutenants  généraux,  sur 
la  hauteur  du  Bois-Bernard^,  afin  de  reconnoître  par 
eux-mêmes  la  position  des  ennemis.  Ils  virent  trois 
lignes  au  delà  des  redans,  une  d'infanterie  et  deux  de 
cavalerie.  Après  avoir  été  quelque  temps  sur  cette 
hauteur,  et  après  y  avoir  tenu  un  conseil  de  guerre, 
ces  Messieurs,  jugeant  apparemment  qu'on  hasarderoit 
infiniment  à  les  attaquer,  nous  envoyèrent  l'ordre  de 
retourner  dans  le  camp  que  nous  venions  de  quitter. 
Autant  l'officier  et  le  soldat  avoient  marqué  de  joie 
en  marchant  à  l'ennemi,  autant  paroissoit-il  de  tristesse 
et  de  consternation  sur  leurs  visages.  On  gardoit  un 
morne  silence,  et  c'est  ainsi  que  nous  arrivâmes  dans 
le  camp. 

On  prétend  que  le  maréchal  de  Villars,  qui  avoit 
une  envie  extraordinaire  de  donner  bataille,  tàchoit, 
pendant  le  conseil  de  guerre,  d'aplanir  autant  qu'il 
pouvoit  les  difficultés  que  les  autres  généraux  allé- 

1.  Aujourd'hui  Izel-lès-Esquerchin.  —  L'ordre  de  bataille  de 
l'armée  française  est  dans  les  Pièces  des  Mémoires  militaires, 
p.  276-277,  et  dans  V Histoire  militaire  de  Quincy,  p.  324. 

2.  Petit  village  au  nord-ouest  d'Izel. 


[Mai  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  17 

guoient  pour  ne  point  combattre  une  armée  qui  étoit 
d'un  tiers  au  moins,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  supérieure 
à  la  nôtre,  et  dans  un  poste  si  avantageux,  et  qu'il  eut 
beau  représenter  l'ardeur  de  l'officier  et  du  soldat,  et 
que  les  ennemis  battus  n'avoient  aucune  espérance 
de  retraite,  les  autres  généraux  restèrent  fermes  dans 
leurs  premiers  sentiments,  auxquels,  à  la  fin,  le  maré- 
chal de  Villars  se  rendit  malgré  lui^ 

Il  est  très  certain  que,  si  l'armée  des  alliés  avoit  été 
obligée  de  succomber,  elle  n'avoit  aucune  retraite. 
A  sa  droite,  des  marais  impraticables;  à  sa  gauche,  la 
Scarpe,  qu'il  falloit  passer  et  repasser;  derrière  elle, 
Douay,  des  marais,  et  le  canal  de  Douay  à  Lille  :  elle 
étoit  enfermée  comme  dans  un  entonnoir.  Ainsi,  cette 
armée  auroit  été  entièrement  anéantie.  La  France,  par 
conséquent,  auroit  été  encore  en  état  de  donner  la  loi 
à  ses  ennemis. 

A  l'égard  de  nous,  si  la  fortune  nous  avoit  été  con- 
traire, nous  nous  serions  retirés  sous  le  canon  d'Ar- 

1.  Le  général  Pelet  a  publié  [Mémoires  militaires,  p.  38-40) 
la  lettre  par  laquelle  Villars  rendit  compte  au  Roi  de  cette 
décision,  lettre  écrite  du  camp  d'Arleux  le  31  mai.  Le  maréchal 
disait  :  «  M.  le  maréchal  de  Berwick,  M.  le  maréchal  de  Mon- 
tesquieu et  tout  ce  qu'il  y  a  d'officiers  généraux...  sont  per- 
suadés que  l'on  ne  peut  attaquer  l'armée  ennemie  sans  mettre 
celle  de  V.  M.  dans  un  péril  très  apparent  de  recevoir  un  très 
grand  échec,  et  je  ne  désavouerai  point  que  je  n'y  croie  aussi 
quelque  péril.  Vos  troupes  sont  dans  une  bonne  disposition; 
mais,  de  marcher  à  une  ligne  où  le  canon  est  placé,  et  dont  il 
faut  essuyer  quinze  coups  de  chaque  pièce  avant  que  d'entrer, 
trouver  ensuite  des  troupes  qui  tirent  à  couvei't,  une  cavalerie 
qui  vient  nous  charger  entre  les  redans,  une  armée  toute  ras- 
semblée, je  dirai  encore  qu'il  n'est  pas  impossible  de  forcer 
l'ennemi,  mais  que  le  désavantage  est  trop  grand  pour  attaquer.  » 
m  2 


18  MÉMOIRES  [Mai  1710] 

ras;  nous  avions  encore  nos  ponts  pour  repasser  la 
Scarpe.  Nous  abattus,  les  ennemis  n'auroient  pas  fait 
plus  de  conquêtes  qu'ils  en  ont  fait  cette  campagne. 
Dans  un  temps  aussi  critique  où  étoit  alors  malheu- 
reusement la  France,  il  étoit  nécessaire  d'hasarder 
cette  bataille  et  de  faire  un  coup  hardi  pour  rétablir 
la  réputation  des  troupes  du  Roi. 

Le  maréchal  de  Berwick  partit  deux  jours  après. 
Il  étoit  venu  par  ordre  de  la  cour  pour  aider  le  maré- 
chal de  Villars  en  cas  de  bataille.  On  lui  attribue 
d'avoir  été  de  l'avis  contraire  à  celui  de  M.  de  Villars. 
Ce  fut  lui  aussi  qui  empêcha  qu'on  attaquât  le  prince 
Eugène  et  le  duc  de  Marlborough,  l'année  1708, 
lorsque  ces  deux  généraux  faisoient  le  siège  de  Lille, 
malgré  le  sentiment  du  duc  de  Vendôme,  qui  vouloit 
les  attaquer  en  arrivant  devant  leurs  lignes.  Trop  de 
prudence  et  de  précaution  sont  souvent  hors  de 
saison  ' . 

Je  me  logeai  dans  une  censé ^,  à  la  tête  de  l'armée, 
au  bas  de  la  hauteur  où  elle  étoit  campée.  Nous  y 
étions  plusieurs  officiers  avec  notre  colonel.  Cette  mai- 
son étoit  entourée  de  bonnes  murailles,  et  nous  avions 
une  garde  de  cent  hommes,  ce  qui  nous  mettoit  hors 
d'insulte  par  rapport  aux  housards  ennemis.  Nous  y 
restâmes  jusqu'au  1 7  juin,  pendant  lequel  temps  nous 
consommâmes  tous  les  fourrages  de  la  plaine  d'Isse 
et  de  Lens. 

Notre  censé  étant  entre  l'armée  ennemie  et  la  nôtre, 

1.  Sur  le  désaccord  permanent  entre  Berwick  et  Vendôme 
pendant  la  campagne  de  1708,  voyez  les  Mémoires  de  Saint- 
Simon,  éd.  1873,  t.  Vî,  p.  129  et  192-193. 

2.  Une  métairie,  une  petite  ferme. 


[Juin  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  19 

nous  étions  témoins  presque  tous  les  jours  des  com- 
bats qui  se  donnoient  entre  nos  housards  et  ceux  des 
ennemis,  dans  lesquels  il  y  avoit  fort  peu  de  sang 
répandu.  Nous  ne  voyions  jamais  culbuter  aucun  de 
ces  malpeignés  ;  ils  se  disoient  des  injures,  et  voilà  le 
plus  grand  mal  qu'ils  se  faisoient. 

Les  lieutenants  de  plusieurs  régiments  d'infanterie, 
enrïuyés  d.'avoir  toujours  les  bras  croisés,  imaginèrent 
de  s'habiller  à  la  housarde.  Ainsi  déguisés,  moitié  à 
cheval,  moitié  à  pied,  ils  s'avançoient  près  des  retran- 
chements des  alliés.  Us  étoient  au  nombre  de  deux 
cents  dans  ces  deux  troupes.  Auparavant  d'en  appro- 
cher, ils  avoient  la  précaution  d'embusquer  ceux  qui 
étoient  à  pied.  Les  housards  ennemis  ne  manquoient 
pas  de  sortir  promptement  de  leur  camp  pour  courir 
après.  Nos  faux  housards  feignoient  de  fuir,  et  insen- 
siblement ils  les  attiroient.dans  l'embuscade,  d'où  il 
partoit  un  feu  de  mousqueterie  qui  en  culbutoit  tou- 
jours quelques-uns.  Ensuite,  nos  faux  housards  à  pied 
se  joignoient  à  ceux  qui  étoient  à  cheval,  et  ils  mar- 
choient  ensemble  avec  rapidité  sur  les  ennemis,  qui  ne 
demandoient  point  leur  reste.  Ces  combats  durèrent 
pendant  quelques  jours;  mais  notre  général,  qui  en 
craignoit  les  suites,  ordonna,  sous  peine  de  prison,  à 
ces  officiers,  d'abandonner  cette  petite  guerre. 

Le  maréchal  de  Villars,  informé  que  Douay  ne  pou- 
voit  tenir  encore  que  quelques  jours  S  nous  fît  repas- 

1.  Il  y  a  dans  les  Pièces  des  Mémoires  militaires,  t.  X, 
p.  262-265  et  271-275,  plusieurs  mémoires  sur  les  moyens  de 
secourir  Douay,  dont  un  du  marquis  de  Bauffremont.  Alber- 
gotti  avait  écrit,  le  15  juin,  au  maréchal  qu'il  ne  pouvait  pro- 
longer la  défense,  les  ennemis  étant  maîtres  de  plusieurs  angles 
du  chemin  couvert. 


20  MÉMOIRES  [Juin  1710] 

ser,  le  17  juin,  la  Scarpe  près  d'Arras,  après  avoir 
jeté  les  troupes  nécessaires  dans  Béthune,  Ypres, 
Saint-Venant,  Saint-Omer  et  Aire,  pour  leur  défense 
en  cas  que  ces  places  fussent  attaquées'.  Il  mit  la 
droite  de  son  armée  à  Monchy-le-Preux  ^  et  sa  gauche 
à  la  hauteur  d'Arras. 

Le  18,  il  poussa  la  droite  de  l'armée  à  Marquion  et 
il  mit  la  gauche  à  Monchy-le-Preux,  et  son  quartier 
général  à  Haucourt^.  Nous  avions  devant  nous  une 
petite  rivière  qui  prend  sa  source  dans  une  censé 
située  près  de  Monchy-le-Preux,  ce  qui  lui  a  donné  le 
nom  de  Censet'^.  Elle  va  se  jeter  dans  l'Escaut  à  Bou- 
chain,  après  avoir  passé  à  l'Écluse^,  à  Arleux,  à 
Aubencheul®  et  à  Paillencourt^.  On  a  voit  fait  une  cou- 
pure à  la  Scarpe,  vis-à-vis  de  Fampoux,  qui  inondoit 
le  terrain  depuis  cette  dernière  rivière  jusqu'au  Gen- 
set.  Ainsi,  nous  étions  dans  un  camp  inattaquable. 

Le  19,  le  chevalier  de  Luxembourg  partit  de  l'ar- 
mée, à  la  tète  d'un  gros  détachement,  pour  former  un 
camp  volant  près  de  Valenciennes.  Le  même  jour,  il 
en  partit  un  autre,  aux  ordres  du  comte  de  Goigny^, 
pour  aller  camper  près  de  Bouchain,  et  un  autre  fut 

1.  Mémoires  militaires  y  p.  46. 

2.  Ci-dessus,  p.  14. 

3.  Petit  village  à  peu  de  distance  de  la  route  d'Arras  à 
Cambray. 

4.  On  a  vu  plus  haut  que  le  nom  réel  est  la  Sensée. 

5.  L'Ecluse,  commune  du  canton  d'Arleux,  arrondissement 
de  Douay. 

6.  Notre  auteur  écrit  Bencheu.  C'est  Aubencheul-au-Bac, 
dans  l'arrondissement  de  Cambray. 

7.  Paillencourt  n'est  point  sur  la  Sensée,  mais  à  quelque 
distance,  sur  la  rive  droite. 

8.  François  de  Franquetot  :  ci-dessus,  tome  II,  p.  75. 


[Juin  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  21 

camper  à  Paillencourt  pour  protéger  notre  pont  qui 
étoit  à  Étrun^,  sur  l'Escaut,  afin  de  pouvoir  commu- 
niquer avec  Bouchain,  Valenciennes,  Gondé,  et  avec 
les  places  de  la  Sambre. 

Les  ennemis  firent  les  mêmes  mouvements  que 
nous  :  ils  repassèrent  la  Scarpe,  et  ils  mirent  leur 
droite  à  Vitry  et  leur  gauche  à  une  demi-lieue  et  vis- 
à-vis  d'Arleux. 

Pendant  les  mouvements  des  deux  armées,  les 
assiégeants  poussoient  le  siège  vigoureusement  ;  mais 
ils  avoient  à  faire  à  un  homme  qui  ne  s'endormoit 
point.  Il  faut  rendre  justice  à  M.  d'Albergotti  :  il  avoit 
d'excellents  talents  pour  la  guerre,  fermeté,  valeur, 
beaucoup  de  détail,  aimant  la  discipline,  enfin  tout  ce 
qui  est  nécessaire  à  un  général  pour  bien  défendre 
une  place.  Il  trouva  le  moyen  de  faire  subsister  sa 
garnison  et  de  faire  remplir  les  magasins  du  Roi  sans 
argent.  Il  faisoit  donner  des  billets  payables  après  le 
siège.  Un  charpentier  n'ayant  pas  voulu  travailler  pour 
le  Roi  sans  argent,  il  le  fit  attacher  par  des  grenadiers 
à  une  palissade  du  côté  de  l'attaque.  Cette  sage  et 
cruelle  sévérité  engagea  tous  les  bourgeois  à  exécuter 
ses  ordres  promptement  et  exactement. 

J'étois  logé  à  Saint-Quentin^,  village  dont  les  habi- 
tants ne  subsistent  que  par  le  travail  des  tourbes  ;  ils 
en  envoient  jusqu'en  Hollande^.  Le  comte  d'Oisy  est 

1.  Nord,  arrondissement  de  Cambray. 

2.  Ecourt-Saint-Quentin,  un  peu  à  l'ouest  d'Oisy,  sur  un 
petit  affluent  de  la  Sensée. 

3.  Sur  l'industrie  et  le  commerce  de  la  tourbe  en  ce  temps- 
là,  on  peut  voir  l'article  du  Dictionnaire  du  commerce  de 
Savary,  t.  V,  col.  1071-1073. 


22  MÉMOIRES  [Juin  1710J 

avoué  de  ce  village,  c'est-à-dire  protecteur ^-  Nous 
allions  presque  tous  les  jours  nous  promener  au  bourg 
d'Arleux,  qui  appartient  au  beau-frère  du  comte 
d'Oisy^.  Il  est  de  la  maison  de  Berghes-Sairit-Winocq, 
qui  est  une  des  plus  anciennes  de  la  Flandre^.  Il  y  a 
un  temps  infini  qu'elle  est  reçue  dans  les  chapitres 
des  chanoinesses  de  Mons,  de  Maubeuge  et  des  autres, 
où  il  faut  prouver  les  trente-deux  quartiers.  Nous  n'y 
avions  aucune  garde;  ainsi,  nous  nous  exposions  à  nous 
faire  prendre. 

Un  jour,  nous  y  fûmes,  six  capitaines  de  notre  régi- 
ment, à  pied  ;  nous  hasardâmes  de  sortir  de  ce  bourg 
du  côté  de  l'armée  ennemie,  dont  la.*  gauche,  comme 
il  a  été  dit  ci-dessus,  n'étoitqu'à  une  demi-lîeue.  Après 
avoir  monté  une  petite  colline  d'où  nous  apercevions 
toute  cette  gauche,  je  me  mis  à  crier  :  «  Voilà  des  hou- 
«  sards!  »  et  en  même  temps  je  fis  semblant  de  fuir. 
A  mon  cri,  mes  cinq  capitaines  se  mettent  à  fuir  sérieu- 
sement, ce  qui  me  fit  éclater  de  rire  et  me  donna  occa- 
sion de  les  bien  railler;  car  personne  ne  paroissoit. 
En  vérité,  nous  étions  fols  de  nous  exposer  ainsi. 

1.  Les  avoués,  au  moyen  âge,  étaient  chargés  de  la  défense 
et  de  la  protection  des  intérêts  temporels  des  églises,  et  spécia- 
lement d'accomplir  le  service  militaire  que  les  clercs  ne  pou- 
vaient faire  en  personne  pour  les  .fiefs  possédés  par  les  églises 
ou  monastères. 

2.  Philippe-Albert  de  Berghes-Saint-Winocq,  vicomte  d'Ar- 
leux. Sa  sœur,  Marguerite-Claire,  fiit  la  première  femme  du 
comte  d'Oisy,  futur  beau-père  de  noti'e  auteur  (ci-dessus, 
toine  I,  p.  67). 

3.  Les  généalogistes  la  font  descendre  de  Jean,  sire  de 
Glyme,  fils  naturel  de  Jean  II,  duc  de  Brabant,  légitimé  par 
l'Empereur  en  1.344. 


[Juin  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  23 

Ce  fut  dans  ce  camp  que  M.  du  Gheray^,  alors  con- 
seiller au  Parlement  de  Paris,  mon  parent^  et  mon 
ami,  et  fils  de  M.  d'Ormesson,  intendant  de  la  généra- 
lité de  Soissons^,  vint  me  voir.  La  curiosité  seule 
l'avoit  engagé  à  s'y  rendre;  il  resta  quelques  jours 
dans  notre  armée.  Il  me  pria  un  jour  très  instamment 
de  lui  faire  voir  de  près  les  ennemis  du  Roi.  Je  le 
menai  à  une  de  nos  grandes  gardes,  composée  de  cinq 
cents  hommes,  vis-à-vis  de  l'Écluse,  aux  ordres  en  ce 
moment  de  M.  de  Middelbourg^  dont  il  étoit  connu. 
Il  y  a  voit  vis-à-vis  un  poste  des  ennemis  de  six  cents 
hommes,  qui  n'étoit  séparé  du  nôtre  que  par  le  Genset, 
et  qui  étoit  sur  une  chaussée.  Je  sa  vois  parfaitement 
bien  qu'il  y  avoit  ordre  de  part  et  d'autre  de  ne  point 
tirer.  G'étoit  la  raison  pour  laquelle  je  l'avois  conduit 
de  ce  côté-là.  Il  eut  le  temps  de  les  voir  et  de  leur 
parler  bien  à  son  aise  sans  aucune  crainte  et  sans  aucun 
risque. 

En  revenant,  nous  apprîmes  que  la  plus  grande  par- 
tie de  l'armée,  dont  notre  régiment  étoit,  après  avoir 
passé  le  Marqui,  étoit  allée  camper  à  Oisy.  En  sortant 

1.  Olivier-François-de-Paule  Le  Fèvre  d'Ormesson,  seigneur 
du  Cheray,  né  en  1686,  était  conseiller  au  Parlement  depuis 
le  mois  de  janvier  1709;  il  devint  maître  des  requêtes  en  1713, 
et  mourut  en  mars  1718,  au  moment  oii  il  venait  d'être  nommé 
intendant  de  Franche-Comté. 

2.  Sa  mère  était  Jeanne  Le  Fèvre  de  la  Barre,  dont  la  sœur 
avait  épousé  Thierry  Sevin,  oncle  de  notre  auteur  (tome  I, 
p.  26,  note  1,  et  p.  67). 

3.  Ci-dessus,  tome  II,  p.  389. 

4.  Alexandre-Maximilien-Balthazar-Dominique  de  Gand  de 
Mérode  de  Montmorency,  comte  de  Middelbourg,  puis  comte 
de  Mérode,  était  depuis  1704  colonel  du  régiment  des  Landes. 


24  MÉMOIRES  [Juin  1710J 

de  Marquion,  nous  nous  embrassâmes,  M.  du  Gheray 
et  moi;  il  fut  coucher  à  Cambray,  et  moi  je  me  rendis 
à  Oisy.  J'étois  logé  chez  le  maître  d'école,  où  j'étois 
parfaitement  bien.  Je  fus  me  promener  au  château;  le 
maréchal  de  Villars  y  étoit  déjà.  J'y  vis  le  comte 
d'Oisy,  avec  qui  j'eus  une  grande  conversation. 
Aurois-je  cru  dans  ce  moment  que  je  parlois  à  mon 
futur  beau-père?  Je  ne  savois  pas  seulement  qu'il  y 
eût  des  demoiselles  d'Oisy. 

A  minuit,  dans  le  temps  que  je  m'allois  coucher, 
un  de  mes  sergents  vint  m'avertir  que  l'armée  alloit 
marcher.  Je  me  rendis  au  plus  vite  au  régiment,  que 
je  trouvai  sous  les  armes.  Nous  y  restâmes  pendant 
toute  la  nuit. 

Aussitôt  que  la  ville  de  Douay  et  le  fort  de  Scarpe 
eurent  capitulé,  les  ennemis  se  mirent  en  mouvement 
pour  faire  un  autre  siège.  Il  y  avoit  à  craindre  qu'ils 
ne  se  jetassent  sur  Bouchain,  ou  sur  Valenciennes,  ou 
sur  Gondé.  G'est  ce  qui  avoit  engagé  le  maréchal  à 
nous  faire  marcher  à  Oisy,  pour  être  plus  à  portée  de 
nous  opposer  à  ce  dessein. 

Oisy.  —  Auparavant  de  décamper  d'Oisy,  je  ferai 
un  petit  détail  de  cette  terre,  qui  est  une  des  plus 
considérables  de  toute  la  Flandre,  quoiqu'elle  ait 
été  beaucoup  démembrée  lorsqu'elle  appartenoit  à 
Henri  IV,  roi  de  France.  Gette  terre  n'a  jamais  été 
vendue  que  quatre-vingt-dix  mille  livres  par  ce  grand 
prince^.  Gependant  il  y  a  huit  paroisses,  et,  ce  qu'on 
a  peine  à  croire,  dix-huit  cents  fiefs  qui  en  relèvent. 
Il  y  a  de  beaux  péages,  de  bons  bois,  de  belles  prai- 

1.  Ci-après,  p.  25. 


[Juin  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  25 

ries,  de  grands  étangs  et  des  droits  magnifiques; 
outre  cela,  le  seigneur  dîme  sur  toute  sa  terre,  ce  qui 
lui  fait  un  revenu  bien  commode.  Je  compte  qu'année 
par  année,  elle  rapporte  bien  soixante  mille  livres  de 
rente ^  On  me  demandera  d'où  vient  que  ce  prince 
donna  cette  terre  à  si  bon  marché.  En  voici  la  raison  : 
il  faisoit  argent  de  tout,  afin  de  se  mettre  en  état  de 
conquérir  et  de  conserver  son  royaume,  que  la  mai- 
son d'Autriche  et  la  maison  de  Guise,  sous  prétexte 
de  religion,  vouloient  lui  enlever.  Cette  terre  venoit 
de  la  maison  de  Goucy^,  qui  la  possédoit  du  règne  de 
Philippe-Auguste  :  un  sire  de  Goucy  qui  vivoit  de  ce 
temps-là  a  fondé  l'abbaye  du  Verger,  qui  est  à  un 
gros  quart  de  lieue  du  bourg  d'Oisy;  il  est  enterré, 
lui  et  sa  femme,  dans  l'église  de  l'abbaye;  ils  ont  cha- 
cun leur  tombeau.  Gette  terre  est  tombée  depuis  par 
mariage  dans  la  maison  de  Luxembourg^  et  ensuite, 
encore  par  mariage,  dans  la  maison  de  Bourbon^.  Ge 
fut  Antoine  de  Tournay  et  Charlotte  Franeau,  sa 
femme,  qui  l'achetèrent  du  commissaire  d'Henri  IV, 
le  4  mars  1605,  du  temps  que  l'Artois,  d'où  dépend 
la  terre  d'Oisy,  étoit  possédé  par  les  Archiducs.  Depuis, 
elle  est  venue  dans  la  maison  d'Assignies,  par  la  dona- 

1.  Voyez  le  Grand  Dictionnaire  géographique  d'Expilly,  t.  V, 
p.  296,  et  le  Dictionnaire  historique  du  département  du  Pas- 
de-Calais,  publié  en  1874,  arrondissement  d'Arras,  t.  II, 
p.  152-155. 

2.  Il  a  déjà  dit  tout  ce  qui  va  suivre  dans  le  tome  I,  p.  34 
et  35. 

3.  Tome  I,  p.  34,  note  1. 

4.  Par  le  mariage,  en  1487,  de  Marie  de  Luxembourg  avec 
François  de  Bourbon,  comte  de  Vendôme,  arrière-grand-père 
d'Henri  IV. 


26  MÉMOIRES  [Juillet  1710] 

tion  qu'en  a  faite  Philippe  de  Tournay  à  Julien-Eus- 
tache  d'Assignies,  comte  d'Oisy,  son  cousin  et  père  de 
Jean-Eustache  d'Assignies,  comte  d'Oisy  ^  qui  est  père 
de  M"^  d'Oisy  que  j'ai  épousée  depuis  en  secondes 
noces  ^. 

Nous  ne  nous  mîmes  en  marche  qu'à  la  pointe  du 
jour  pour  nous  rendre  précipitamment  du  côté  d'Ar- 
ras,  où  nous  appuyâmes  notre  gauche  et  notre  droite 
à  Wailly'.  G'étoit  le  10  juillet.  Nous  avions  appris 
auparavant  que  Douay,  après  cinquante-deux  jours  de 
tranchée  ouverte,  pendant  lequel  temps  les  assiégés 
avoient  fait  plus  de  trente  sorties,  s'étoit  rendu  par 
capitulation  le  215  juin;  que  M.  d'Albergotti  avoit 
obtenu  la  capitulation  la  plus  honorable,  telle  que 
méritoit  une  garnison  qui  avoit  fait  une  si  belle 
défense.  Le  fort  de  Scarpe  se  rendit  le  même  jour^. 
La  garnison  sortit,  et  de  la  ville  et  du  fort,  le  2l9,  avec 
six  pièces  de  canon  et  deux  mortiers  ;  elle  fut  conduite 
àCambray.  Les  Hollandois  donnèrent  le  gouvernement 
de  Douay  à  M.  Hompesch^,  lieutenant  général  de  leurs 
troupes,  et  celui  du  fort  à  M.  des  Roques,  ingénieur 
en  chef  et  François  réfugié. 

Les  ennemis,  ayant  ravitaillé  Douay  et  fait  combler 
les  tranchées,  marchèrent  le   10  juillet  du  côté  de 

1.  Mort  le  17  septembre  1716,  s'étant  marié  deux  fois. 

2.  Tome  I,  p.  34,  note  2,  et  p.  67,  note  2. 

3.  Notre  auteur  a  mis  Saiily^  C'est  Wailly,  petit  village  au 
sud  d'Arras,  sur  le  Crinchon  [Mémoires  militaires,  p.  51). 

4.  Le  texte  de  la  capitulation  de  Douay  et  du  fort  de  Scarpe 
est  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  285-294. 

5.  Reinhard-Vincent  van  Hompesch  (1660-1744)  était  géné- 
ral-major dans  les  troupes  de  Hollande  et  gouverneur  de 
Namur. 


[Juillet  17i0j  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  27 

Saint-Éloi\  où  ils  appuyèrent  leur  droite,  leur  gauche 
s'appuyant  vers  Vitry.  Ainsi,  ils  avoient  Béthune  der- 
rière eux.  M.  du  Puy-Vauban~,  neveu  du  maréchal  de 
Vauban,  en  étoit  gouverneur,  M.  de  la  Roche- Aymon 
de  Saint-Maixent  lieutenant  de  roi^  et  M.  de  la  Nave* 
major.  M.  du  Puy-Vauban,  qui  étoit  lieutenant  général, 
avoit  sous  ses  ordres  M.  de  Rothe^,  maréchal  de  camp, 
MM.  de  Mony^  et  de  MiroméniF,  brigadiers,  le  régi- 
ment de  Saint-Sernin-dragons^,  neuf  bataillons,  savoir  : 
deux  de  Luxembourg^,  deux  de  MiroméniP^,  deux  de 

1.  Mont-Saint-Éloi  :  tome  II,  p.  331. 

2.  Antoine  Le  Prestre,  seigneur  du  Puy-Vauban,  qui  avait 
commencé  par  servir  comme  ingénieur  sous  son  oncle,  avait 
eu  le  gouvernement  de  Béthune  en  septembre  1704  et  était 
lieutenant  général  depuis  le  26  octobre  de  la  même  année;  il 
mourut  en  1731. 

3.  Gilbert  de  la  Roche-Aymon,  marquis  de  Saint-Maixent, 
ancien  capitaine  et  aide-major  au  régiment  de  dragons  du  Roi. 

4.  Il  appartenait  à  la  maison  de  Regniaulme,  originaire  du 
Cambrésis. 

5.  Michel  de  Rothe  (1665-1741),  d'origine  anglaise,  avait 
d'abord  servi  comme  capitaine  aux  gardes  du  roi  d'Angleterre 
réfugié  en  France;  il  était  maréchal  de  camp  depuis  le  29  mars 
1710  et  devint  lieutenant  général  en  1720. 

6.  Bernard  de  Joisel  de  Mony,  colonel  du  régiment  de 
Luxembourg  depuis  1698,  brigadier  en  1708,  maréchal  de 
camp  en  1718,  mort  en  1725. 

7.  Jean-Baptiste  Hue,  marquis  de  Miromesnil,  avait  eu  un 
régiment  d'infanterie  de  son  nom  en  1694  et  était  brigadier 
depuis  1704;  il  deviendra  maréchal  de  camp  à  la  suite  du  siège 
de  Béthune  (16  septembre  1710). 

8.  Régiment  levé  en  1702  par  le  marquis  de  Saint-Sernin,  et 
qui  fut  réfornàéen  1714. 

9.  Formé  en  1684  et  affecté  à  la  garnison  de  Luxembourg, 
ce  régiment  fut  incorporé  dans  celui  de  Vexin  en  1749. 

10.  Levé  en  1688  par  Boufflers  et  licencié  en  1714. 


28  MÉMOIRES  [Juillet  1710] 

Torigny',  un  de  Saint-Évremond  ^  un  d'Artagnan^ 
et  un  du  Thil,  une  compagnie  de  canonniers  et  une 
de  bombardiers '^. 

En  arrivant  au  camp  près  d'Arras,  je  fus  commandé 
pour  la  grande  garde  sur  le  bord  de  la  Scarpe.  Je  n'y 
fus  pas  plus  tôt  arrivé,  que  j'entendis  un  grand  bruit 
de  mousqueterie  sur  ma  droite.  G'étoit  un  corps  de 
quatre  mille  grenadiers  qui  étoit  venu  vis-à-vis  le 
poste  de  la  brigade  du  Roi  pour  jeter  un  pont  sur  la 
Scarpe,  près  Fampoux;  mais,  dès  qu'ils  virent  venir 
un  gros  corps  de  nos  troupes  au  secours  du  capitaine 
de  la  brigade  du  Roi,  ils  se  retirèrent.  Un  autre  déta- 
chement ennemi  voulut  aussi  occuper  pendant  ce 
temps-là  l'abbaye  de  MareuiP,  qui  est  près  d'Arras; 
il  en  fut  aussi  repoussé  par  nos  troupes. 

Les  mouvements  des  alliés  nous  firent  conjecturer 
que  leur  dessein  avoit  été  de  tâcher  de  passer  la 
Scarpe,  pour  nous  venir  combattre  ou  pour  faire  le 
siège  d'Arras  ;  mais  la  rapide  marche  du  maréchal  de 
Villars  les  fit  changer  de  projet.  Je  fus  très  alerte 
pendant  toute  la  nuit;  j'entendois  un  mouvement  con- 

1.  Formé  en  1706  avec  des  milices  normandes,  il  fut  sup- 
primé en  1713. 

2.  Ce  régiment  et  celui  du  Thil  furent  levés  en  1702  et 
licenciés  à  la  fin  de  la  guerre;  le  premier  était  commandé  par 
un  neveu  du  fameux  Saint-Evremond. 

3.  Composé  de  compagnies  franches  en  1702  et  commandé 
par  le  futur  maréchal  de  Montesquiou,  puis  par  son  neveu,  il 
fut  incorporé  en  1714  dans  le  régiment  de  Tallard. 

4.  Il  y  a  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  295,  un  état  de  la 
garnison  de  Béthune,  qui  diffère  sensiblement  de  celui  donné 
par  notre  auteur. 

5.  Abbaye  d'Augustins  fondée  au  x*  siècle,  à  deux  lieues 
nord-ouest  d'Arras. 


[Juillet  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  29 

tinuel  de  troupes  qui  étoient  en  marche  de  l'autre  côté 
de  la  rivière,  assez  près  de  mon  poste.  J'en  fis  aver- 
tir notre  brigadier  et  notre  colonel. 

Le  12,  de  notre  camp  nous  entendîmes  la  générale, 
l'assemblée  et  la  marche  de  l'armée  ennemie,  qui  fut 
camper  à  Xcq  ^ ,  oii  elle  appuya  sa  droite  et  sa  gauche 
près  du  Mont-Saiiit-Éloi.  Le  maréchal  de  Villars,  à  la 
tête  de  quatre-vingts  escadrons  et  de  dix  bataillons, 
voulut  charger  leur  arrière-garde  ;  mais  il  arriva  trop 
tard.  On  prit  un  adjudant  général  du  prince  de  Hesse- 
Cassel,  avec  six  chevaux  de  main  2. 

La  marche  des  ennemis  nous  fit  décamper  et  mar- 
cher sur  le  Grinchon,  petite  rivière  qui  prend  sa  source 
au  village  de  Bailleulmont,  à  trois  lieues  et  demie 
au-dessus  d'Arras^.  Nous  avions  notre  droite  près  de 
cette  ville  et  notre  gauche  appuyée  à  Héduise*,  près 
d'un  bois,  dans  lequel  on  fit  un  grand  abatis,  afin  de 
l'assurer,  et  nous  nous  retranchâmes  le  long  du  Grin- 
chon. Gomme  nous  étions  de  la  droite,  il  n'y  avoit 
qu'un  pas  de  notre  camp  à  Arras,  où  nous  allions  tous 
les  jours,  ou  à  la  comédie,  qui  étoit  assez  bonne,  ou  à 
des  assemblées  :  ce  qui  nous  faisoit  passer  agréable- 
ment notre  temps. 

Le  15  au  soir,  nous  apprîmes  que  les  ennemis 
avoient  investi  Béthune,  et  que  MM.  Fagel^  et  de  Schu- 

1.  Le  chevalier  a  écrit  :  Aire,  ou  Acre.  C'est  Acq,  Pas-de- 
Calais,  canton  de  Vimy. 

2.  Histoire  militaire,  p.  344. 

3.  Au  sud-ouest  d'Arras,  dans  le  canton  de  Beaumetz-les- 
Loges.  Il  y  a  Baillarmont  dans  le  manuscrit. 

4.  Localité  qu'on  n'a  pu  identifier.  \J Histoire  militaire,  que 
notre  auteur  suit  textuellement,  donne  le  même  nom;  les 
Mémoires  militaires  disent  :  au  ruisseau  de  Miraumont. 

5.  Tome  1,  p.  5G. 


30  MÉMOIRES  [Juillet  1710J 

lenbourg  ^  étoient  chargés  de  faire  ce  siège  avec 
trente  bataillons  et  vingt  escadrons.  Aussitôt  qu'ils 
furent  arrivés,  ils  firent  travailler  aux  lignes  de  cir- 
convallation.  Tout  étant  préparé  le  24  pour  ouvrir  la 
tranchée,  elle  se  fit  la  nuit  du  24  au  25  juillet,  à  deux 
endroits  différents^. 

Béthune^  —  Auparavant  de  retourner  à  notre 
armée,  il  est  nécessaire  de  parler  de  la  ville  de 
Béthune.  Elle  est  située  sur  la  Biette^,  petite  rivière 
qui  prend  sa  source  à  Ourton*,  et  qui,  après  avoir 
passé  dans  Béthune,  va  se  jeter  dans  la  Lawe,  rivière 
qui  se  perd  dans  la  Lys,  près  et  presque  vis-à-vis 
d'Estaires^  Béthune  est  à  six  Heues  de  Lille,  à  cinq 
d'Aire,  à  cinq  d'Arras  et  à  six  de  Douay.  Elle  avoit 
autrefois  des  seigneurs  particuliers.  Cette  ancienne 
maison  est  fondue  dans  la  maison  de  Flandres  par 
Mahaud,  tille  unique,  qui  épousa  Guy  de  Dampierre, 
comte  de  Flandres''.  Cette  place  est  parfaitement  bien 
fortifiée  ;  elle  a  six  bastions  avec  beaucoup  d'ouvrages 
extérieurs  et  doubles  chemins  couverts'.  Elle  est  à  la 
France  depuis  l'année  1645^. 

1.  Tome  II,  p.  252. 

2.  Histoire  militaire,  p.  345,  avec  un  plan  du  siège;  Mémoires 
militaires,  p.  65-G6. 

3.  Ce  nom  s'applique  à  un  des  bras  de  la  Lawe. 

4.  Village  du  canton  d'Houdain. 

5.  Département  du  Nord,  arrondissement  d'Hazebrouck. 

6.  Les  seigneurs  de  Béthune  étaient  avoués  de  l'abbaye  de 
Saint-Vast  d'Arras.  Le  dernier  mâle,  Robert  VII,  mourut  en 
1248,  et  sa  fille  aînée,  mariée  depuis  1245  au  comte  de  Flandre, 
porta  la  seigneurie  à  celui-ci. 

7.  Il  y  a  une  description  des  fortifications  dans  le  Grand 
Dictionnaire  géographique  d'Expilly,  t.  I,  p.  C22. 

8.  Le  traité  des  Pyrénées  en  assura  la  possession  à  la  France. 


[Juillet  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  31 

Le  27,  le  maréclial  de  Villars  fît  la  revue  générale 
de  l'armée.  Beaucoup  de  dames  sortirent  d'Arras  ce 
jour-là  pour  la  voir. 

Nous  restâmes  dans  notre  camp  du  Grinchon  jus- 
qu'au 30,  que  nous  en  décampâmes  pour  marcher  en 
avant.  La  veille,  on  distribua  de  la  poudre  et  des  balles 
aux  soldats,  et  il  fut  dit  à  l'ordre,  le  soir,  que  tous  les 
officiers  généraux,  tous  les  officiers  particuliers  et 
tous  les  soldats  fussent  dans  leurs  postes  respectifs, 
parce  que  la  marche  de  l'armée  se  feroit  sur  l'ennemi. 

A  la  pointe  du  jour,  nous  sortîmes  de  notre  camp, 
sans  battre  ni  générale,  ni  assemblée,  ni  drapeaux, 
sur  huit  colonnes,  quatre  d'infanterie  et  quatre  de 
cavalerie.  Après  avoir  passé  le  Grinchon,  nous  trou- 
vâmes une  belle  plaine  qui  s'étend  jusqu'à  Aubigny^. 
Les  ennemis,  qui  ne  s'attendoient  pas  à  cette  marche 
hardie,  avoient  envoyé  au  fourrage,  ce  jour-là,  dans 
cette  plaine  :  ainsi,  il  y  eut  beaucoup  de  fourrageurs 
et  de  chevaux  pris  par  nos  housards.  Le  maréchal 
établit  sa  droite  à  Montenescourt^,  village  appartenant 
à  la  maison  de  Groy,  qui  est  près  de  la  source  de  la 
Scarpe,  son  centre  à  Fosseux^  et  sa  gauche  au  Gau- 
roy*,  près  de  la  source  de  la  Ganche^.  Ge  camp  nous 
étoit  très  important,  non  seulement  parce  que  nous 
serrions  les  alliés  par  rapport  au  fourrage,  mais  aussi, 
par  notre  position,  nous  couvrions  Hesdin  et  Montreuil. 
Les  ennemis,  en  se  portant  précipitamment  sur  ces 

1.  Aubigny-en-Artois,  sur  la  route  d'Arras  à  Saint-Pol. 

2.  Dans  le  canton  de  Beaumetz-les-Loges. 

3.  Dans  le  même  canton,  au  sud  de  Montenescourt. 

4.  Hameau  de  la  commune  de  Berlencourt. 

5.  Mémoires  militaires^  p.  66-68. 


32  MÉMOIRES  [Août  1710] 

deux  places,  nous  auroient  coupé  la  communication 
de  Boulogne,  de  Dunkerque,  de  Berghes,  d'Ypres,  de 
Saint-Omer,  d'Aire  et  de  Saint-Venant. 

Aussitôt  que  nous  fûmes  arrivés,  nous  ne  perdîmes 
point  de  temps  à  nous  retrancher.  A  la  demi-portée 
de  canon,  devant  notre  droite,  il  y  avoit  une  hauteur 
qui  la  dominoit  considérablement.  S'il  avoit  pris  envie 
aux  généraux  ennemis  de  nous  attaquer,  cette  hauteur 
nous  auroit  fait  perdre  bien  du  monde  par  le  canon, 
dont  les  boulets  auroient  plongé  dans  notre  camp  et 
nous  auroient  pris  à  revers. 

Quelques  jours  après  que  nous  y  fûmes  arrivés,  nous 
vîmes  la  grande  garde  de  cavalerie  qui  y  étoit  postée 
se  retirer  sous  nos  retranchements,  et  sur-le-champ 
paroître  un  corps  de  trois  mille  chevaux,  qui  se  mirent 
en  bataille,  partie  sur  cette  hauteur  et  partie  dans  la 
plaine,  vis-à-vis  de  nos  retranchements.  Nous  jugeâmes 
que  Messieurs  les  officiers  généraux  ennemis  venoient 
pour  nous  reconnoître.  Nous  restâmes  très  tranquil- 
lement dans  notre  camp  pendant  tout  le  temps  qu'ils 
furent  devant  nous. 

Lorsque  cette  cavalerie  se  fut  retirée,  je  m'avançai 
avec  trois  de  mes  camarades  le  long  de  la  lisière  d'un 
bois  qui  étoit  à  côté  de  cette  hauteur.  Nous  aperçûmes 
un  housard  ennemi,  ayant  le  sabre  à  la  main,  qui 
alloit  fendre  la  tète  au  lieutenant  de  la  grande  garde 
de  cavalerie,  qui  montoit  cette  colline  pour  examiner 
ce  que  ce  corps  devenoit.  L'officier  ne  songeoit  qu'à 
ce  qui  étoit  devant  lui,  et  non  derrière.  Nous  nous 
mîmes  à  crier  :  «  Monsieur,  prenez  garde  à  vous!  > 
Il  n'eut  que  le  temps  de  se  tourner  et  de  prendre 
au  plus  vite  un  pistolet.  Il  tira  le  housard  ;  il  le  man- 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY,  33 

qua.  Nous  crûmes  dans  ce  moment  qu'il  alloit  être 
sabré  ;  mais,  sans  perdre  un  instant,  il  prit  son  autre 
pistolet,  et  il  ajusta  si  bien  son  adversaire  que  nous 
le  vîmes  tomber  sur  son  cheval,  qui  l'emporta  d'une 
grande  vitesse  dans  le  corps  des  trois  mille  chevaux, 
en  abandonnant  son  sabre  sur  le  champ  de  bataille. 
Nous  fûmes  à  l'officier,  qui  revenoit  de  poursuivre 
son  ennemi;  nous  lui  fimes  notre  compliment  tou- 
chant la  victoire  qu'il  venoit  de  remporter,  et  nous 
lui  remîmes  le  sabre  qu'il  avoit  si  bien  gagné.  11  nous 
remercia  beaucoup  de  l'avoir  sauvé  d'un  si  grand 
danger;  «  car,  ajouta-t-il,  j'étois  perdu,  si  vous  ne 
«  m'aviez  pas  averti.  Je  ne  savois  pas  que  ce  coquin-là 
«  fût  derrière  et  si  près  de  moi.  » 

Nous  apprîmes  par  les  déserteurs  que  c'étoit  le 
prince  d'Hesse-Cassel  qui  étoit  venu  pour  reconnoître 
la  droite  de  notre  armée.  Cette  visite  engagea  le 
maréchal  de  Villars  à  faire  augmenter  les  retranche- 
ments de  ce  côté-là. 

Comme  il  y  avoit  beaucoup  de  gibier  dans  ce  pays, 
nous  allions  souvent  courir  le  lièvre  avec  des  lévriers, 
devant  et  derrière  notre  armée;  nous  en  avions  de 
bons  dans  le  régiment,  et  nous  ne  revenions  jamais  de 
la  chasse  sans  avoir  gagné  notre  souper.  Un  jour,  le 
lièvre  nous  mena  dans  nos  grandes  gardes  de  cavale- 
rie. Nous  vîmes  sur-le-champ  les  cavaliers  monter  à 
cheval,  ce  qui  donna  l'alarme  à  toute  l'armée,  d'au- 
tant plus  que  nous  étions  plusieurs  et  éparpillés  ;  on 
nous  prit  pour  des  housards.  Une  autre  fois,  le  lièvre 
nous  mena  dans  un  ravin,  où  nous  trouvâmes  huit 
officiers  ennemis  qui  chassoient  à  pied.  Après  nous 
être  salués,  ils  demandèrent  à  nous  parler.  Nous  nous 
III  3 


34  MÉMOIRES  [Août  1710] 

approchâmes  d'eux.  Notre  conversation  dura  un  bon 
quart  d'heure;  elle  roula  sur  la  ville  de  Paris.  Ils 
nous  dirent  qu'ils  seroient  charmés  que  la  paix  fût 
faite  pour  aller  voir  cette  grande  ville,  où  ils  n'avoient 
jamais  été.  Ils  nous  firent  plusieurs  politesses,  aux- 
quelles nous  répondîmes  comme  nous  devions.  Notre 
conférence  finie,  ils  prirent  le  chemin  de  leur  armée, 
et  nous  de  la  nôtre.  Quand  ils  furent  à  la  portée  du 
fusil  de  nous,  ils  nous  saluèrent  de  bons  coups  de 
fusil,  dont  une  balle  me  siffla  aux  oreilles.  Nous  trou- 
vâmes leur  procédé  si  traître  et  si  méchant,  que,  après 
avoir  déchargé  nos  fusils  sur  eux,  nous  fûmes  au  grand 
galop  pour  les  en  punir,  quoique  nous  n'étions  que 
six;  mais,  outre  nos  fusils,  nous  avions  toujours  nos 
pistolets  bien  chargés.  Ils  se  jetèrent  dans  un  bois,  où 
nous  ne  jugeâmes  pas  à  propos  de  les  suivre,  crai- 
gnant quelque  embuscade.  G'étoit  des  officiers  anglois  : 
il  ne  faut  jamais  se  fier  à  cette  cruelle  nation.  Par 
bonheur,  nous  n'eûmes  personne  de  blessé  de  la 
décharge  qu'ils  nous  firent;  nous  n'avons  point  su  si 
nous  en  avions  blessé  quelqu'un. 

La  nouvelle  nous  vint,  au  commencement  d'août, 
que  les  conférences  qui  se  tenoient  à  Gertruyden- 
berg*  pour  la  paix  générale  avoient  été  rompues  par 
rapport  aux  demandes  excessives,  injustes  et  impos- 
sibles que  les  alhés  faisoient  au  Roi^.  La  maison  de 

1.  Ville  du  Brabant  hollandais,  à  quelques  lieues  au  nord  de 
Broda.  Des  conférences  prétendues  secrètes  s'y  tenaient,  depuis 
le  mois  de  mars,  entre  le  maréchal  d'Huxelles  et  l'abbé  de 
Polignac,  pour  la  France,  et  deux  commissaires  hollandais. 

2.  Non  contents  des  concessions  énormes  et  humiliantes  que 
faisait  Louis  XIV,  les  alliés  exigeaient  qu'il  chassât  lui-même 


[Août  1710J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  35 

Bourbon  ne  doit  jamais  oublier  la  noire  ingratitude 
des  Hollandois  envers  elle  dans  ces  conférences^. 

Pendant  toute  cette  campagne,  le  partisan  Du  Mou- 
lin fit  plusieurs  expéditions,  dont  la  plus  considé- 
rable fut  la  surprise  de  la  ville  de  Louvain  par  esca- 
lade, le  5  août.  Après  avoir  fait  prisonniers  le  major 
de  la  place  et  plusieurs  soldats  qui  étoient  de  garde, 
et  après  avoir  pillé  plusieurs  maisons,  il  se  retira 
heureusement,  avec  perte  seulement  de  huit  hommes^. 

Le  24,  je  suivis  le  comte  de  Broglie,  lieutenant 
général^,  nommé  Chonchon  par  les  dames^,  qui  alloit 
à  la  guerre  à  la  tète  de  cinq  cents  chevaux.  M.  de 
Tarneau^,  brigadier  des  armées  du  Roi,  étoit  de  ce 
détachement.  Nous  partîmes  à  la  petite  pointe  du 
jour.  Nous  tombâmes  sur  une  escorte  de  fourrageurs, 
que  nous  poussâmes  vivement;  nous  fîmes  prison- 
niers un  capitaine  housard,  avec  douze  housards  et 

son  petit-fils  d'Espagne.  Les  plénipotentiaires  français  repar- 
tirent le  25  juillet.  L'Extraordinaire  n"  Lxni  de  la  Gazette 
d'Amsterdam  rejeta  sur  la  France  toute  la  responsabilité  de 
cette  rupture. 

1.  Le  grand  pensionnaire  Heinsius  s'était  particulièrement 
montré  exigeant  et  intraitable. 

2.  Gazette,  p.  393;  Gazette  d" Amstei'dam,  n°  lxiv. 

3.  François-Marie,  lieutenant  général  depuis  le  mois  de  mars 
précédent  :  tome  II,  p.  42. 

4.  Il  semble  que  ce  nom  devrait  mieux  s'appliquer  à  son 
frère  aîné,  Charles-Guillaume,  marquis  de  Broglie  (tome  II, 
p.  20),  qui  fut  un  des  roués  du  régent,  et  dont  Saint-Simon  a 
tracé  un  curieux  portrait  [Mémoires,  t.  XIII,  p.  196). 

5.  Charles  de  Tarneau  avait  eu  un  régiment  de  cavalerie 
en  1702  et  était  brigadier  depuis  janvier  1709;  il  devint  maré- 
chal de  camp  en  1719,  lieutenant  général  en  1734,  et  mourut 
en  1744,  à  soixante-seize  ans. 


36  MÉMOIRES  [Août  1710] 

une  quarantaine  de  cavaliers.  En  revenant  de  notre 
expédition,  il  fît  mettre  pied  à  terre  à  nos  cava- 
liers, afin  d'attaquer  quelque  infanterie  qui  étoit 
dans  un  bois  que  nous  étions  obligés  de  côtoyer  pour 
nous  retirer.  Dans  le  temps  que  nous  marchions  pour 
les  attaquer,  nous  vimes  paroître  une  quinzaine  d'es- 
cadrons ennemis  qui  s'avançoient  vers  nous.  Nos 
cavaliers  remontèrent  bien  vite  à  cheval,  et  nous 
prîmes  le  parti  de  nous  retirer  promptement  le  long 
de  la  lisière  du  bois  :  ce  qui  nous  fit  essuyer  une  salve 
de  mousqueterie,  qui  nous  jeta  par  terre  plus  de  cent 
cavaHers  et  nous  fit  redoubler  le  galop.  Je  n'ai  jamais 
vu  fuir  de  si  bonne  grâce;  nos  éperons  nous  servirent 
bien^.  A  un  bon  quart  de  lieue,  nous  trouvâmes  heu- 
reusement le  maréchal  de  Villars,  à  la  tète  de  vingt- 
cinq  escadrons,  qui  venoit  à  notre  secours.  Ce  renfort 
arrêta  les  ennemis.  Notre  général  fit  une  réprimande 
à  M.  de  Broglie  de  ce  que,  contre  ses  ordres,  il  s'étoit 
trop  avancé.  Nous  regagnâmes  notre  camp  assez 
tristement.  Il  faut  faire  quelquefois  plus  que  son 
devoir  à  la  guerre;  mais  il  faut  que  l'entreprise  soit 
presque  sûre,  et  que  ce  ne  soit  pas  aux  dépens  des 
autres.  M.  de  Broglie  avoit  ordre  que,  s'il  trouvoit  les 
ennemis,  il  devoit  seulement  les  amuser  jusqu'à  l'ar- 
rivée du  maréchal. 

Le  35  août,  le  feu  prit  à  plusieurs  chariots  ennemis 
chargés  de  poudre,  dans  la  place  de  la  Bassée,  dont 

1.  La  Gazette  de  France  (p.  419)  dit  formellement  que  les 
Français  furent  entièrement  rompus  et  poursuivis  jusqu'à  trois 
quarts  de  lieue  de  leur  camp,  et  les  Mémoires  militaires 
(p.  76-77)  expliquent  le  détail  du  combat. 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  37 

il  y  eut  beaucoup  de  soldats  de  l'escorte  de  ce  convoi 
et  de  charretiers  de  tués^. 

Le  ^8,  à  l'entrée  de  la  nuit,  nous  entendîmes  trois 
décharges  générales,  tant  du  canon  que  de  la  mous- 
queterie,  que  les  armées  des  alliés  firent  au  sujet  de 
la  victoire  remportée  par  le  comte  Guy  de  Stahrem- 
berg,  général  de  l'armée  de  l'Archiduc,  sur  le  mar- 
quis de  Bay^,  commandant  celle  du  roi  d'Espagne,  le 
2iO  de  ce  mois,  près  de  Saragosse^.  Cette  défaite  mit 
les  affaires  de  Sa  Majesté  Catholique  dans  un  pitoyable 
état.  Il  étoit  à  présumer  que  ce  prince  seroit  obligé 
d'abandonner  son  royaume;  car  cette  bataille  avoit 
été  précédée  par  plusieurs  avantages^  que  ses  enne- 
mis avoient  remportés  sur  lui  pendant  la  campagne 
de  1710,  ce  qui  les  mit  en  état  de  pousser  jusqu'à 
Madrid  ^ 

La  garnison  de  Béthune  se  rendit  enfin  par  capitu- 
lation, le  29  août,  avec  tous  les  honneurs  de  la 
guerre^.  Elle  le  méritoit  bien;  tout  le  monde  a  con- 

1.  Gazette,  p.  419  et  430. 

2.  Alexandre  Maître,  marquis  de  Bay,  que  Saint-Simon  pré- 
tend fils  d'un  cabaretier  de  Gray,  servait  depuis  1702  dans  les 
troupes  espagnoles  et  était  lieutenant  général  et  capitaine  géné- 
ral des  deux  Castilles  ;  Philippe  V  lui  avait  donné  la  Toison 
d'or  en  1707. 

3.  Gazette,  p.  431-432,  437-439,  et  449-452;  Gazette  cV Ams- 
terdam, n"^  Lxxni  et  Lxxiv,  et  Extraordinaires;  relation  particu- 
lière dans  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XII,  p.  345-349. 

4.  Notamment  un  combat  heureux  le  27  juillet,  à  Almenara. 

5.  A  la  suite  de  la  défaite  de  son  armée,  près  de  Saragosse, 
Philippe  V  avait  transporté  le  gouvernement  à  Valladolid. 

6.  Le  texte  de  la  capitulation  est  dans  les  Mémoires  mili- 
taires, p.  298-306.  La  Gazette  d'Amsterdam  (n°^  lx-lxx)  donna 
un  journal  détaillé  du  siège. 


38  MÉMOIRES  [Août  1710] 

venu  que  jamais  place  ne  s'étoit  si  bien  défendue 
selon  les  règles  de  la  guerre  pendant  le  règne  de 
Louis  XIV.  Gela  n'est  pas  étonnant,  puisque  c'étoit  le 
neveu  du  grand  maréchal  de  Vauban  qui  avoit  été 
chargé  de  la  défendre.  Cependant  M.  de  Saint-Sernin  ', 
colonel  d'un  régiment  de  dragons  portant  son  nom^  et 
brigadier  des  armées  du  Roi,  qu'on  appeloit  le  maré- 
chal-duc parce  qu'il  prétendoit  que,  dans  la  suite, 
ses  signalés  services  lui  mériteroient  ces  titres-^,  refusa 
seul  de  signer  la  capitulation.  Ce  bravache  en  fut  puni  ; 
car  le  Roi,  bien  informé  de  la  régularité  de  la  défense, 
dit  tout  haut  :  a  M.  de  Saint-Sernin  a  eu  grand  tort  de 
«  n'avoir  pas  voulu  signer  la  capitulation.  Faire  le  brave 
«  mal  à  propos  est  le  moyen  de  se  faire  moquer  de  soi.  » 
Il  m'a  été  dit  que,  S.  M.  lui  ayant  donné  l'agrément 
de  lever  un  régiment  de  dragons,  il  choisit  une  cou- 
leur si  bizarre  que,  le  marchand  de  l'habillement  du 
régiment  lui  ayant  fait  apporter  tous  les  draps  pour 
habiller  ses  dragons,  il  ne  voulut  point  les  recevoir, 
en  disant  qu'il  les  lui  vendoit  trop  cher.  Le  pauvre 
marchand,  ne  sachant  que  faire  de  cette  quantité  de 
draps  par  rapport  à  cette  couleur  extraordinaire,  fut 
obligé  de  les  lui  laisser  à  un  prix  des  plus  modiques. 
Si  cela  est  vrai,  ce  tour  est  d'un  véritable  Gascon. 

1.  Jean-Benoît-César-Auguste  des  Porcelets  de  Mailhane, 
marquis  de  Saint-Sernin,  brigadier  depuis  le  mois  de  mars 
1710,  ne  devint  maréchal  de  camp  qu'en  février  1734,  mais  fut 
nommé  lieutenant  général  au  mois  d'octobre  de  la  même  année. 

2.  Ci-dessus,  p.  27. 

3.  Ne  serait-ce  pas  plutôt  par  suite  de  son  attachement  au 
maréchal  de  Villars,  et  peut-être  de  sa  ressemblance  avec  lui, 
qui  lui  avait  fait  donner  le  surnom  de  faux  Villars  ?  [Mémoires 
de  Saint-Simon,  éd.  Boislisle,  t.  XIIT,  p.  319,  note  3.) 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  39 

Les  alliés  n'étant  point  encore  contents  de  la  con- 
quête de  deux  places  aussi  considérables  que  celles 
de  Douay  et  de  Béthune,  ils  songèrent  à  profiter  de  la 
supériorité  de  leurs  troupes  pour  en  faire  d'autres. 
Dès  que  cette  dernière  fut  bien  ravitaillée,  ils  décam- 
pèrent, le  %  septembre,  pour  se  mettre  en  état  de  faire 
deux  sièges  à  la  fois,  savoir  :  celui  d'Aire  et  celui  de 
Saint-Venant.  Ils  vinrent  camper  près  de  Lillers',  où 
ils  séjournèrent  le  3,  et,  le  4,  ils  se  mirent  en  mou- 
vement pour  appuyer  leur  droite  à  Thérouanne^, 
ville  anciennement  très  bien  fortifiée,  et  démolie  par 
Charles-Quint.  Elle  est  située  sur  la  Lys,  rivière  qui 
prend  sa  source  à  Lysbourg^,  à  quatre  lieues  d'Aire, 
et  qui,  après  l'avoir  traversée  et  passé  à  Saint-Venant, 
Armentières,  Warneton,  Comines,  Menin,  Gourtray 
et  Deynze,  va  se  jeter  dans  l'Escaut  à  Gand.  Ils 
appuyèrent  leur  gauche  à  Lillers  sur  la  Nave.  Ils 
envoyèrent  le  même  jour  un  gros  corps  de  troupes 
de  l'autre  côté  de  la  Lys  pour  investir  les  deux  places 
de  ce  côté-là''^. 

Les  mouvements  des  ennemis  nous  firent  décamper 
le  3  septembre  pour  mettre  notre  droite  où  nous 
avions  notre  gauche,  qui  s'allongea  du  côté  d'Hesdin. 

1.  Chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Béthune,  à 
trois  lieues  à  l'ouest  de  cette  ville. 

2.  Cette  ancienne  ville  épiscopale,  aujourd'hui  simple  com- 
mune de  l'arrondissement  de  Saint-Omer,  fut  emportée  d'as- 
saut par  Charles-Quint  en  avril  1553  et  détruite  de  fond  en 
comble.  Le  territoire  de  son  évêché  forma  les  nouveaux  dio- 
cèses de  Boulogne,  Ypres  et  Saint-Omer. 

3.  Aujourd'hui  Lisbourg,  arrondissement  de  Saint-Pol,  can- 
ton d'Heuchin. 

4.  Mémoires  militaires,  p.  81-82. 


40  MÉMOIRES  [Août  1710] 

La  Canche  couvroit  le  front  de  notre  armée.  Cette 
j'ivière  prend  sa  source  près  d'Avesne-le-Gomte,  passe 
à  Hesdin  et  se  jette  dans  la  mer  au-dessous  de  Mon- 
treuil . 

Le  maréchal  de  Villars,  craignant  avec  raison  que 
les  ennemis  ne  fissent  le  siège  d'Aire  et  celui  de  Saint- 
Venant\  fit  jeter  dans  cette  première  place  trois  régi- 
ments de  dragons,  Listenois^,  Délabre^  et  Flavacourt^, 
et  quatorze  bataillons,  savoir  :  deux  de  BueiP,  deux 
de  Lorraine^,  deux  de  Provence''',  deux  d'Aunis^, 
deux  de  Du  Fort^,  un  de  Montviel'*^,  un  de  Brancas  et 

1.  Mémoires  militaires,  p.  85  :  lettre  du  secrétaire  d'Etat 
Voysin  au  maréchal  de  Villars,  11  septembre. 

2.  Créé  en  1673,  ce  régiment  prit  en  1773  le  nom  de  Lor- 
raine-dragons, ayant  été  commandé  presque  exclusivement, 
pendant  un  siècle,  par  les  Bauffremont. 

3.  Levé  en  1675  par  un  Dreux-Nancré,  il  avait  pour  colonel 
Jacques  Le  Coigneux,  marquis  de  Bélabre;  il  devint,  en  1787, 
le  régiment  de  chasseurs  de  Franche-Comté. 

4.  C'était  un  régiment  espagnol,  commandé  par  le  marquis 
de  Flavacourt  (ci-après,  p.  41,  note  4). 

5.  Ce  régiment  est  celui  qu'avait  commandé  jusqu'en  1674 
le  marquis  de  Bande  ville,  cousin  de  notre  auteur,  dont  il  a  été 
question  dans  le  tome  I,  p.  51. 

6.  Tome  I,  p.  357. 

7.  Levé  en  1694  par  le  comte  de  Grignan,  il  prit  le  nom  de 
Provence  en  1684  et  celui  de  Monsieur  en  1774;  son  colonel 
était  le  marquis  de  Nouant. 

8.  Ce  régiment  datait  de  la  grande  création  de  trente-deux 
corps  portant  des  noms  de  provinces,  faite  en  1684. 

9.  C'est  le  régiment  que  nous  avons  déjà  rencontré  (tome  II, 
p.  19)  sous  le  nom  de  Maulévrier;  il  avait  pour  colonel  Pierre 
Le  Normand  du  Fort.  Les  Mémoires  militaires  disent  à  tort  : 
le  régiment  de  Durfort. 

10.  Ce  régiment  et  celui  de  Brancas  qui  suit  furent  levés  en 
1702  et  1703;  le  colonel  du  premier  était  Jacques  de  Vassal, 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  41 

deux  de  Greder- Suisse*,  aux  ordres  du  marquis  de 
Goësbriand,  lieutenant  général,  excellent  homme  de 
guerre  (il  en  donna  des  preuves  au  siège  de  Toulon), 
du  comte  d'Estrades-,  maréchal  de  camp,  de  MM.  de 
Listenois^,  de  Flavacourt^,  de  BueiP  et  de  Grimaldi^ 
brigadiers  des  armées  du  Roi,  de  M.  Le  Jay'^,  gou- 
verneur de  la  place,  de  M.  de  Gapestan,  lieutenant 
de  roi,  MM.  de  Robelin*^  et  de  Frévilie^,  ingénieurs 

marquis  de  Montviel,  celui  du  second  Henri-Antoine,  chevalier 
de  Brancas-Courbon. 

1.  C'était  le  cinquième  des  régiments  suisses  au  service  de 
France  ;  créé  en  1673,  il  était  commandé  par  Balthazar  Greder, 
qui  avait  succédé  à  deux  autres  colonels  du  même  nom. 

2.  Tome  I,  p.  367. 

3.  Jacques-Antoine  de  Bauffremont,  marquis  de  Listenois, 
colonel  depuis  1699,  venait  d'être  fait  maréchal  de  camp 
(mars  1710);  il  fut  tué  le  24  septembre,  dans  une  sortie  de  la 
garnison  d'Aire. 

4.  Alexandre-Louis-Philippe  de  Pouilleuse,  marquis  de  Fla- 
vacourt,  était  passé  au  service  d'Espagne  à  la  suite  d'une 
affaire  d'honneur.  Rentré  en  France  en  1714,  il  devint  lieute- 
nant général  en  1734  et  mourut  la  même  année. 

5.  Antoine-Pierre,  comte  de  Bueil-Racan,  colonel  depuis 
1708,  fut  fait  maréchal  de  camp  à  la  suite  du  siège  d'Aire 
(décembre  1710);  lieutenant  général  en  1720,  il  mourut  en 
1747. 

6.  Louis,  baron  de  Grimaldi,  de  même  famille  que  le  prince 
de  Monaco,  était  au  service  de  France  depuis  1674;  il  devint 
aussi  maréchal  de  camp  en  novembre  1710,  et  mourut  comman- 
dant à  Saint-Omer  en  1715. 

7.  Il  était  sans  doute  de  même  famille  que  le  premier  prési- 
dent du  Parlement  mort  en  1640. 

8.  Charles  de  Robelin,  directeur  des  fortifications  de  la 
Flandi'e  et  brigadier  depuis  1709,  fut  récompensé  de  ses  ser- 
vices au  siège  d'Aire  par  le  grade  de  maréchal  de  camp. 

9.  Antoine-Michel  de  Roger  de  Fréville  avait  été  fait  briga- 


42  MÉMOIRES  [Août  1710] 

en  chef,  et  M.  de  Vallière^  commandant  l'artillerie. 

Aire.  —  La  ville  d'Aire  a  dix  bastions  royaux, 
dix  demi-lunes  et  deux  ouvrages  à  cornes.  Elle  est 
située,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  sur  la  Lys;  elle  est  de 
la  province  d'Artois.  Les  rues  en  sont  larges,  les 
églises  belles,  aussi  bien  que  les  places.  Elle  est  à  la 
France  depuis  le  31  juillet  1676,  que  le  Roi  s'en  ren- 
dit maître,  après  cinq  jours  seulement  de  tranchée 
ouverte^.  Cette  place  n'est  éloignée  de  Saint-Venant 
que  de  deux  lieues.  Cette  proximité  engagea  les  aUiés 
à  faire  ces  deux  sièges  en  même  temps ^. 

Saint-Venant.  —  A  l'égard  de  Saint- Venant ,  le 
maréchal  de  Villars  y  envoya  quatre  bataillons  et  six 
compagnies  de  grenadiers  aux  ordres  de  M.  de  Selve, 
lieutenant-colonel  du  régiment  de  Picardie  et  briga- 
dier des  armées  du  Roi"^.  Les  fortifications  de  cette 
petite  place  ne  sont  que  de  terre;  cependant  sa 
défense  fut  aussi  belle  à  proportion  que  celle  des 

dier  en  même  temps  que  Robelin;  il  ne  devint  maréchal  de 
camp  qu'en  1719  et  mourut  en  1727. 

1.  Jean-Florent  de  Vallière,  un  des  plus  habiles  artilleurs 
de  son  temps,  était  capitaine  général  des  mineurs  et  lieutenant 
de  l'artillerie  depuis  1705.  La  défense  d'Aire  lui  valut  le  grade 
de  brigadier.  Il  mourut  en  1759,  à  quatre-vingt-treize  ans,  lieu- 
tenant général  et  directeur  des  écoles  d'artillerie. 

2.  Histoire  militaire,  par  le  marquis  de  Quincy,  t.  I, 
p.  481-482. 

.3.  Villars  avait  d'abord  cru  qu'ils  commenceraient  par  Saint- 
Venant  [Mémoires  militaires,  p.  82). 

4.  Jean-Pierre,  chevalier  de  Selve,  entré  au  régiment  de 
Picardie  en  1667,  en  était  devenu  lieutenant-colonel  en  1698; 
brigadier  en  1704,  il  avait  eu  le  gouvernement  de  Saint-Venant 
en  avril  1710,  et  fut  fait  maréchal  de  camp  à  la  suite  de  sa  belle 
défense. 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  43 

autres  places  que  nous  perdîmes  cette  année*.  Le 
Roi  fut  si  content  de  ce  commandant,  qu'il  le  fît 
maréchal  de  camp.  Il  seroit  à  souhaiter,  pour  le  bien 
du  service,  que  S.  M.  n'élevât  aux  grades  militaires 
que  ceux  qui  l'ont  mérité  par  des  actions  distinguées, 
et  non  pas,  comme  il  est  malheureusement  pratiqué 
en  France,  par  le  rang  du  tableau-.  Ce  seroit  le 
moyen  de  donner  de  l'émulation,  non  seulement  aux 
officiers  généraux  et  aux  officiers  particuliers,  mais 
même  aux  simples  soldats,  et  le  moyen  de  faire  de 
véritables  officiers  généraux.  Les  Romains  en  usoient 
ainsi. 

Les  ennemis  ouvrirent  la  tranchée  devant  Aire  la 
nuit  du  12i  au  13  septembre,  à  deux  endroits  diffé- 
rents. Le  prince  de  Nassau^,  chargé  de  faire  le  siège 
de  Saint-Venant,  ne  fut  en  état,  par  rapport  aux  inon- 
dations qui  environnoient  cette  place,  d'ouvrir  la 
tranchée  que  la  nuit  du  16  au  17^. 

Le  20,  nous  apprîmes  que  M.  de  Ravignan,  maré- 
chal de  camp^,  à  la  tête  du  régiment  de  Saint-Chau- 
mont-dragons  et  de  trois  mille  cinq  cents  hommes 

1.  Ci-après,  p.  50. 

2.  L'  «  ordre  du  tableau,  »  qui  réglait  l'avancement  et  le 
rang  de  commandement  des  officiers  supérieurs,  fut  établi  par 
l'ordonnance  du  l®""  août  1675.  Saint-Simon  a  critiqué  à 
mainte  reprise  cette  «  pernicieuse  invention  »  de  Louvois, 
notamment  dans  le  tome  XII  des  Mémoires,  éd.  1873,  p.  52-54. 
On  voit  que  notre  auteur  se  rencontre  avec  lui,  mais  pour  des 
motifs  d'ordre  différent,  et  plus  équitables. 

3.  Jean-Ernest,  comte  de  Nassau- Weilbourg,  général  de 
cavalerie  impériale,  mort  en  1719. 

4.  Mémoires  militaires,  p.  86-87. 

5.  Ci-dessus,  tome  II,  p.  337. 


44  MÉMOIRES  [Août  1710] 

d'infanterie,  dont  moitié  grenadiers,  avoit  attaqué  et 
défait,  le  jour  auparavant,  deux  mille  hommes,  tant 
infanterie  que  cavalerie,  qui  escortoient  un  convoi  con- 
sidérable de  munitions  de  guerre,  savoir  :  plusieurs 
pièces  de  canons  et  de  mortiers,  boulets,  bombes, 
carcasses  et  grenades,  et  quatorze  cents  milliers  de 
poudre.  Le  tout  étoit  parti  de  Gand  et  destiné  pour 
les  armées  des  ennemis.  L'action  se  passa  près  et  vis- 
à-vis  de  Saint-Éloi-Vive',  sur  le  bord  de  la  rivière  de 
la  Lys,  entre  Gourtray  et  Deynze.  Le  comte  d'Athlone, 
qui  commandoit  les  troupes  qui  escortoient  ce  convoi, 
fut  fait  prisonnier  de  guerre,  aussi  bien  que  M.  Quin- 
ket,  sergent-major  général^,  une  quarantaine  d'offi- 
ciers et  environ  six  cents  hommes.  Nos  soldats  y 
firent  un  butin  considérable,  et  ils  prirent  quatre  cents 
chevaux.  M.  de  Ravignan,  après  avoir  fait  mettre  le 
feu  aux  belandres  sur  lesquelles  étoient  chargés  les 
quatorze  cents  milHers  de  poudre,  se  retira  à  Ypres, 
d'où  il  étoit  parti  pour  son  expédition,  sans  être 
inquiété  dans  sa  retraite^.  Le  bruit  que  l'éclat  de  la 


1.  Vive-Saint-Eloi,  tome  I,  p.  55. 

2.  Toutes  les  relations  disent  :  le  comte  d'Athlone,  et  ne 
parlent  pas  de  ce  «  M.  Ouinket.  »  Dangeau  seul  est  plus  pré- 
cis :  il  dit  que  le  chef  de  l'escorte  du  convoi  était  M.  Ginkel, 
major  général  et  fils  du  comte  d'Athlone.  C'est  en  effet  M.  de 
Rude  de  Guinckel,  fils  du  général  qui  commandait  alors  les 
troupes  anglaises  en  Espagne.  Notre  auteur  en  a  fait  deux  per- 
sonnages différents. 

3.  La  relation  officielle  de  cette  expédition,  par  M.  de  Ravi- 
gnan, a  été  publiée  par  le  général  Pelet,  p.  309-313.  Voyez 
aussi  la  Gazette,  p.  466-467  et  477-478,  et  une  relation  parti- 
culière apportée  à  Paris  par  le  chevalier  de  Valence  et  insérée 
dans  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XII,  p.  364-366. 


[Août  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  45 

poudre  fit  se  fit  entendre  à  notre  armée  et  dans  toute 
la  Flandre.  Ce  combat  fit  beaucoup  d'honneur  au 
marquis  de  Ravignan,  d'autant  plus  qu'il  y  avoit  long- 
temps que  nos  armées  ne  faisoient  point  parler  d'elles. 
M.  Le  Blanc,  intendant  d'Ypres^  ne  quitta  point 
M.  de  Ravignan  pendant  toute  l'actioh. 

Gomme  nos  fourrages  et  ceux  des  ennemis  se  fai- 
soient entre  leurs  armées  et  la  nôtre,  il  y  avoit 
presque  tous  les  jours  de  petits  combats.  Je  suivois 
souvent  l'officier  général  de  jour,  avec  quelques-uns  de 
mes  camarades.  Nous  en  avions  le  temps;  car,  notre 
service  fait,  nous  étions  dans  une  oisiveté  insuppor- 
table. Je  voulois  donc,  non  seulement  m'amuser,  mais 
en  même  temps  m'instruire  et  examiner  de  quelle 
manière  on  devoit  se  conduire  pour  poster  les  troupes 
destinées  pour  l'escorte  et  la  chaîne  des  fourrageurs, 
et  pour  la  petite  guerre.  «  Mais,  me  dira-t-on,  à  quoi 
«  pouvoit  vous  servir  cette  science?  Vous  ne  serez 
«  jamais  officier  général  ;  vous  n'avez  plus  de  protec- 
«  teurs.  »  Je  répondrai  à  cela  que  je  le  faisois  pour 
mon  seul  plaisir,  et  que  j'y  en  avois  pour  le  moins 
autant  qu'au  plus  magnifique  et  brillant  spectacle  de 
Paris.  J'aimois  le  métier. 

Un  jour,  je  fus  dîner  chez  le  maréchal  de  Villars  ; 
j'en  étois  encore  connu.  Pendant  le  repas,  nous  vîmes 
arriver  le  marquis  d'Heudicourt,  maréchal  de  camp^. 

1.  Claude  Le  Blanc,  intendant  en  Flandre  maritime  depuis 
juillet  1708,  devint  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre  en  1718,  et 
mourut  en  1728. 

2.  Pons-Auguste  Sublet,  marquis  d'Heudicourt  (1675-1742), 
avait  eu  un  régiment  de  cavalerie  en  1702  et  n'était  alors  que 
brigadier;  il  fut  maréchal  de  camp  en  1719,  lieutenant  général 
en  1734  et  succéda  à  son  père  comme  grand  louvetier  en  1720, 


46  MÉMOIRES  [Août  1710] 

On  le  nommoit  par  ironie  à  la  cour  le  Petit-Bon.  Il  avoit 
infiniment  d'esprit;  mais  on  le  craignoit  partout  par 
rapport  à  sa  langue  \  surtout  depuis  la  chanson  qu'il 
avoit  faite  contre  MM.  de  Sourches  de  Montsoreau^  : 

Messieurs,  voilà  des  couteaux 

Pour  châtrer  les  grands  Montsoreaux, 

Pour  les  empêcher  de  faire, 

Tic  tic  tac  et  ion  lan  la, 

Pour  les  empêcher  de  faire 

Ce  qu'on  appelle  cela. 

Et  voilà  des  bistouris 
Pour  châtrer  les  plus  petits. 
Pour  les  empêcher  de  faire,  etc.^. 

Dès  que  le  maréchal  le  vit,  il  lui  tint  ce  discours  : 
«  Vous  ai-je  fait  quelque  tort,  Monsieur?  Ne  vous 
«  ai-je  pas  rendu  tous  les  services  qui  ont  dépendu 
a  de  moi?  Je  vous  ai  prêté  de  l'argent  autant  de  fois 
«  que  vous  m'en  avez  demandé'^;  vous  m'en  devez 

1.  «  C'étoit,  dil  Saint-Simon,  une  manière  de  chèvre-pied, 
aussi  méchant  et  plus  laid  encore  que  son  père...  Il  faisoit  les 
plus  jolies  chansons  du  monde,  où  il  excelloit  à  peindre  les  gens 
avec  naïveté,  et  leurs  ridicules  avec  le  sel  le  plus  fin.  » 

2.  Le  marquis  de  Sourches,  grand  prévôt  de  France,  et  ses 
deux  fils,  le  comte  de  Montsoreau  et  le  chevalier  de  Sourches, 
nommés  dans  le  tome  I,  p.  282  et  296. 

3.  Voyez  ce  que  Saint-Simon  raconte  à  propos  de  cette 
chanson  sur  les  Montsoreau  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XIII, 
p.  261-262  et  549-550,  et  éd.  1873,  t.  VI,  p.  246-247). 

4.  Villars,  dit  Saint-Simon  [Mémoires,  éd.  1873,  t.  VIII, 
p.  49),  «  pour  faire  sa  cour  à  sa  mère  (M™^  d'Heudicourt),  ce 
mauvais  ange  de  M™^  de  Maintenon...,  l'avoit  adomestiqué, 
protégé,  et,  chose  fort  étrange  pour  le  maréchal,  lui  avoit 
couvent,  non  pa's  prêté,  mais  donné  de  l'argent.  » 


[Août  1740]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  47 

«  même  encore.  Ce  n'est  pas  par  reproche  que  je 
«  vous  le  dis,  et  je  ne  vous  en  aurois  jamais  parlé. 
«  Cependant,  par  reconnoissance,  vous  écrivez  à  la 
«  cour  contre  moi.  Vous  avez  mandé  par  plusieurs 
«  lettres  aux  dames  de  M°^^  la  duchesse  de  Bourgogne 
«  que  j'ai  eu  l'indiscrétion  de  dire  qu'on  avoit  autant 
«  de  peine  à  me  mettre  à  cheval,  par  rapport  à  ma 
«  blessure,  qu'on  en  avoit  à  y  mettre  les  p...  qui 
«  accompagnent  cette  princesse  à  la  chasse.  Je  ne  me 
«  suis  jamais  servi  de  ce  terme  de  p. . .  ;  tout  le  monde  le 
«  sait.  Il  est  vrai  que  j'ai  dit  qu'on  avoit  autant  de  peine 
fi  à  me  mettre  à  cheval  qu'on  en  avoit  à  y  mettre  les 
«  dames  de  M""®  de  Bourgogne.  »  Je  n'ai  jamais  vu  un 
homme  si  confus.  Il  tâcha  le  mieux  qu'il  put  de  s'excu- 
ser; mais  le  maréchal,  ne  voulant  nullement  l'entendre, 
ordonna  à  un  aide-major  général  de  l'armée  de  le  faire 
conduire  avec  une  escorte  dans  les  prisons  de  Bou- 
logne. «  Vous  aurez  le  temps,  continua-t-il,  de  faire 
«  des  chansons  contre  moi;  mais  je  m'en  f. ..  »  Le 
dîner  fini,  il  écrivit  au  Roi  ce  qu'il  venoit  de  faire 
contre  M.  d'Heudicourt.  S.  M.  l'approuva  très  fort, 
et  elle  lui  fit  mander  qu'il  étoit  le  maître  de  le  laisser 
en  prison  autant  de  temps  qu'il  le  voudroit^.  Beau- 

1.  Saint-Simon,  en  racontant  cette  anecdote  [Mémoires, 
éd.  1873,  t.  VIII,  p.  49-50,  et  Addition  à  Dangeau,  t.  XIII, 
p.  250),  ne  doute  pas  que  Villars  n'ait  tenu  le  propos  qui  lui  était 
imputé.  Voici  le  récit  de  Dangeau  (p.  240,  25  septembre)  :  «  M.  de 
Villars  a  fait  mettre  en  prison  M.  d'Heudicourt,  qu'il  accuse 
d'avoir  inventé  un  discours  qu'il  laisoit  tenir  à  ce  maréchal.  Il 
le  fit  venir  devant  beaucoup  d'officiers  et  prétendit  l'avoir  con- 
vaincu. M.  de  Villars  a  rendu  compte  au  Roi  des  raisons  qu'il 
avoit  eues  pour  faire  arrêter  d'Heudicourt,  et  le  Roi  le  laisse 
le  maître  de  le  laisser  en  prison  tant  qu'il  jugera  à  propos.  On 


48  MÉMOIRES  [Août  1710] 

coup  de  personnes  furent  charmées  de  ce  qui  venoit 
de  lui  arriver,  entre  autres  MM.  de  Montsoreau,  qui 
en  triomphèrent.  Il  y  resta  pendant  six  semaines.  Ce 
fut  le  maréchal  qui  le  fit  sortira  II  s'attacha  depuis  si 
sincèrement  à  lui,  que  le  maréchal  lui  rendit  son  ami- 
tié, et  qu'il  lui  donna  par  préférence  un  camp  volant 
à  commander,  pendant  l'année  1713,  en  Allemagne. 

Le  33  septembre,  notre  armée  fît  un  mouvement 
sur  sa  gauche,  vers  Montreuil,  en  côtoyant  la  Canche. 
Notre  droite  étoit  presque  vis-à-vis  Hesdin.  Ce  fut  le 
dernier  camp  de  cette  campagne,  oij  le  maréchal  de 
Villars  nous  quitta  le  24  pour  aller  aux  eaux.  Le  Roi 
envoya  le  maréchal  d'Harcourt  à  sa  place,  quoique 
fort  incommodé,  qui  arriva  le  215^. 

Ce  même  jour,  un  de  mes  caporaux,  brave  et  déter- 
miné, fut  malheureusement  pris  en  maraude  par  le 
grand  prévôt.  Voulant  le  sauver  à  quelque  prix  que 
ce  fût,  je  me  trouvai  à  l'arrivée  de  notre  nouveau 
général,  à  qui  je  demandai  sa  grâce.  Il  me  dit  que  ce 
seroit  très  mal  commencer  son  commandement  que 
de  m'accorder  ma  demande  ;  qu'il  vouloit  absolument 
empêcher  la  maraude,  et  qu'ainsi  il  falloit  que  justice 
fût  faite.  Je  lui  répliquai  qu'il  y  avoit  trente  ans  que 
ce  soldat  étoit  dans  ma  compagnie,  que  c'étoit   la 

l'a  envoyé  dans  un  fort  auprès  de  Calais.  »  Les  Mémoires  attri- 
bués au  marquis  de  Sourches  disent  (t.  Xll,  p.  366)  :  «  Au  fort 
de  Nieulay,  »  et  ne  parlent  qu'en  quelques  mots  d'une  aven- 
ture qui  aurait  dû  cependant  intéresser  particulièrement  l'au- 
teur, si  c'est  réellement  ce  marquis. 

1.  Les  Mémoires  de  Sourches  (p.  373)  annoncent  cette  mise 
en  liberté,  à  la  prière  du  maréchal,  dès  le  3  octobre, 

2.  Mémoires  militaires,  p.  91-92;  Mémoires  de  Sourc/ies, 
p.  350,  359,  366  et  367. 


[Sept.  niO]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  49 

première  faute  qu'il  avoit  commise.  «  C'est  pour  cela 
«  même,  me  répliqua-t-il,  qu'il  doit  être  puni;  car 
«  son  ancienneté  dans  les  services  devoit  l'engager  à 
«  montrer  l'exemple  aux  autres.  »  Cependant,  mal- 
gré la  solidité  de  ces  répliques,  je  ne  me  rebutai 
point,  et  je  le  pressai  si  vivement,  qu'enfin  j'obtins 
grâce.  Il  ordonna  qu'on  me  remît  ce  pauvre  diable, 
qui  étoit  déjà  en  marche  pour  subir  son  funeste  sort. 
Aussitôt  qu'il  me  vit,  il  se  jeta  à  mon  cou,  et  il  m'em- 
brassa les  larmes  aux  yeux .  Je  lui  fis  une  réprimande  des 
plus  sévères,  et  ensuite  je  le  renvoyai  à  la  compagnie. 
Cette  grâce  me  donna  occasion  de  faire  presque  tous 
les  jours  ma  cour  à  Monsieur  le  maréchal,  qui  me  fai- 
sait l'honneur  de  m'adresser  quelquefois  la  parole.  Je 
me  sus  bon  gré  d'avoir  sauvé  mon  caporal  ;  c' étoit  un 
très  bon  sujet. 

Gomme  nous  étions  près  d'Hesdin,  nous  allions 
souvent  nous  y  promener.  Le  marquis  d'Havrincourt, 
en  son  nom  Cardevac',  en  étoit  gouverneur.  Il  avoit 
épousé  M"^d'Osmont%  fille  de  qualité  d'une  ancienne 
maison  de  Normandie,  mais  qui,  comme  bien  d'autres, 
n'avoit  aucun  bien.  Elle  avoit  été  à  Saint-Cyr,  d'où 
M""^  de  Maintenon,  qui  l'aimoit  tendrement,  l'avoit 
retirée  pour  être  auprès  d'elle \  Par  rapport  à  ce 
mariage,  M.  d'Havrincourt,  qui  avoit  servi  autrefois 

1.  François-Dominique  de  Cardevac,  marquis  d'Havrincourt, 
mort  le  4  avril  1747. 

2.  Anne-Gabrielle  d'Osraont,  née  en  1681,  mariée  à  M.  d'Ha- 
vrincourt le  10  mars  1705,  ne  mourut  qu'en  1761. 

3.  Le  Roi  lui  donna  cent  mille  francs  en  rentes  sur  l'hôtel 
de  ville  [Dangeau,  t.  X,  p.  266).  Voyez  sur  ce  mariage  les 
Mémoires  de  Saint-Simon,  t.  XH,  p.  422-425,  avec  le  com- 
mentaire de  M.  de  Boislisle. 

UI  4 


50  MÉMOIRES  [Sept.  1710] 

à  la  tête  d'un  régiment  de  dragons  portant  son  nom\ 
avoit  eu  l'agrément  d'acheter  ce  gouvernement^. 
Quoique  Artésien,  c'étoit  un  des  plus  fins  et  des  plus 
habiles  hommes  qu'il  y  ait  jamais  eu  pour  ses  inté- 
rêts^; les  gens  de  la  Garonne  n'étoient  pas  plus  rusés 
que  lui.  J'aurai  occasion,  dans  la  suite,  d'en  parler 
encore ^ 

Hesdin.  —  La  ville  d'Hesdin  est  sur  la  Gauche;  elle 
est  du  pays  d'Artois,  et  elle  a  été  construite,  l'année 
1554,  par  Philibert-Emmanuel  le  Grand,  duc  de 
Savoie,  alors  chassé  de  ses  États  par  François  P"";  il 
étoit  général  des  troupes  de  l'Empereur^.  Il  la  fit 
bâtir  à  une  lieue  de  l'ancienne  ville  d'Hesdin,  qui 
avoit  été  démolie  et  détruite  quelques  années  aupara- 
vant^. Elle  est  à  quatre  lieues  de  Montreuil,  à  sept 
lieues  d'Abbeville.  Gette  place,  assez  bien  fortifiée,  est 
fort  petite. 

Saint- Venant  se  rendit  par  capitulation  le  29  sep- 
tembre, avec  tous  les  honneurs  de  la  guerre,  après 

1.  U  avait  seulement  commandé  quelque  temps  les  dragons 
d'Artois  en  1690. 

2.  Il  paya  vingt-cinq  mille  écus  aux  enfants  de  M.  de  Cour- 
tebonne;  le  gouvernement  rapportait  douze  mille  livres. 

3.  «  Homme  d'esprit  et  adroit,  qui,  au  lieu  de  se  laisser 
estranger,  et  sa  femme,  sut  plaire  et  en  tirer  les  meilleurs 
partis  »  [Saint-Simon). 

4.  Notamment  pendant  la  campagne  de  1712,  où  il  racon- 
tera plusieurs  anecdotes  sur  le  compte  de  M.  d'Havrincourt. 

5.  C'est  pour  cela,  dit-on,  que  la  ville  d'Hesdin  est  souvent 
appelée  Hesdin-Fert,  à  cause  des  quatre  lettres  F.  E.  R.  T., 
qui  forment  la  devise  de  la  maison  de  Savoie. 

6.  Le  Vieil-Hesdin,  détruit  par  Charles-Quint  en  1553,  est 
encore  aujourd'hui  une  commune  de  l'arrondissement  de 
Sainl-Pol. 


[Oct.  1710]  DU   CHEVALIER  DE  QUINCY.  51 

treize  jours  de  tranchée  ouverte^;  Aire,  le  12î  octobre, 
après  deux  mois  de  tranchée  ouverte  moins  quelques 
jours-,  avec  tous  les  honneurs  qu'on  peut  accorder  à 
une  garnison  qui  s'étoit  si  bien  défendue,  et  qui,  si 
elle  avoit  pu  tenir  cinq  ou  six  jours,  auroit  obligé  les 
deux  plus  grands  capitaines  de  l'Europe  à  lever  le 
siège  ;  car,  dans  un  conseil  de  guerre  que  les  officiers 
généraux  ennemis  tinrent,  la  plus  grande  partie  fut 
de  cet  avis.  On  prétend  que  ce  fut  le  prince  Eugène 
et  milord  Marlborough  seuls  qui  [les]  ramenèrent  à 
leur  sentiment,  qui  étoit  de  s'ensevelir  plutôt  devant 
cette  dernière  place  que  de  se  retirer  honteusement. 
Il  est  remarquable  et  bien  surprenant,  et  presque 
sans  exemple,  qu'il  n'y  ait  jamais  eu  aucune  altercation 
entre  ces  deux  grands  hommes,  lorsqu'ils  ont  servi 
ensemble,  quoique  de  nation  et  de  religion  différentes 
et  aux  services  d'un  autre  prince,  dont  les  intérêts 
sont  toujours  bien  différents.  Ils  alloient  tous  deux  au 
bien  de  l'affaire  générale,  sans  aucune  jalousie  de 
métier,  union  que  trop  fatale  à  la  France,  et  qui  mar- 
quoit  bien  le  grand  génie  de  ces  deux  héros  ^.  Il  n'en 
étoit  pas  de  même  de  nos  généraux  :  quoique  de 
même  religion  et  servant  le   même  maître,   ils  ne 

1.  Voyez  la  capitulation,  datée  du  30  septembre,  dans  les 
Pièces  des  Mémoires  militaires,  p.  313-318. 

2.  Ce  n'est  pas  le  12  octobre,  mais  seulement  le  9  novembre 
[Ibidem,  p.  334-339,  texte  de  la  capitulation),  qu'Aire  se  rendit. 
La  tranchée  avait  été  ouverte  le  12  septembre.  Voyez  V Histoire 
militaire,  par  Quincy,  p.  365-388,  et  les  Mémoires  de  Sourches, 
t.  XII,  p.  356-399,  passim. 

3.  Saint-Simon  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XV,  p.  435)  con- 
firme cette  remarque. 


52  MÉMOIRES  [Oct.  1710] 

pouvoient  le  plus  souvent  s'accorder  ensemble  ^ 
Le  Roi  donna  le  cordon  bleu  à  M.  de  Goësbriand; 
le  comte  d'Estrades  fut  fait  lieutenant  général,  MM.  de 
Bueil  et  de  Grimaldi  maréchaux  de  camp;  il  y  eut 
beaucoup  d'officiers  particuliers  récompensés^.  Nous 
perdîmes  donc,  pendant  le  cours  de  cette  campagne, 
trois  places  considérables;  qu'aurions-nous  perdu  de 
plus,  si  nous  avions  été  battus  lorsque  nous  marchâmes 
pour  faire  lever  le  siège  de  Douay?  Certainement,  nous 
n'en  aurions  pas  perdu  davantage.  Ainsi  le  maréchal 
de  Villars  avoit  raison,  vu  les  circonstances,  d'hasar- 
der une  bataille ^  Les  conseils  timides  et  trop  mesu- 
rés sont  le  plus  souvent  très  dangereux  :  il  y  a  des 
occasions  où  il  faut  nécessairement  donner  à  la 
fortune. 

Nos  semestres  étant  arrivés,  et  les  armées  des 
ennemis  s'étant  retirées  pour  aller  dans  leurs  quar- 
tiers d'hiver,  je  partis,  avec  Boisduval  et  mon  ami 
La  Bussière,  le  30  octobre.  Nous  fûmes-  coucher  à 
Abbeville. 

Crécîj.  —  En  y  allant,  nous  passâmes  à  Crécy, 
bourg  situé  sur  l'Authie^,  rivière  qui  prend  sa  source 
à  Authies^,  village  qui  lui  a  donné  son  nom.  Elle  passe 

1.  Comme,  par  exemple,  Berwick  et  Vendôme  :  ci-dessus, 
p.  18. 

2.  Journal  de  Dangeau,  t.  XIII,  p.  287  et  290;  Mémoires  de 
Sourches,  t.  XII,  p.  404  et  406. 

3.  Ci-dessus,  p.  16-18. 

4.  Crécy-en-Pontliieu,  département  de  la  Somme,  n'est  point 
situé  sur  l'Authie,  mais  sur  la  Maye. 

5.  Somme,  arrondissement  de  Doullens.  L'Authie  prend  sa 
source  à  quelques  kilomètres  en  amont  de  cette  localité,  près 
de  Coigneux. 


[Nov.  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  53 

à  DouUens  et  elle  se  jette  dans  l'Océan  à  Grofïliers^ 
Grécy  est  célèbre  par  la  défaite  de  Philippe  de  Valois, 
qui  étoit  à  la  tête  d'une  des  plus  belles  armées  que  la 
France  ait  jamais  eues,  par  Edouard  III,  roi  d'Angle- 
terre, qui  n'a  voit  pas  le  tiers  des  troupes  de  son 
adversaire;  mais  la  position  du  camp  étoit  inatta- 
quable. Cette  bataille  fut  donnée  le  26  août  1  346,  et 
elle  fut  des  plus  funestes  à  ce  royaume. 

Abbeville.  —  La  ville  d'Abbeville,  située  sur  la 
Somme,  à  cinq  lieues  de  la  mer,  est  une  des  plus  con- 
sidérables du  royaume,  et  capitale  du  Ponthieu.  Elle 
est  de  l'évêché  d'Amiens.  Il  y  a  beaucoup  d'hôtels  : 
anciennement,  la  plus  grande  partie  de  la  noblesse  de 
Picardie  y  venoit  passer  l'hiver.  Il  y  a  douze  paroisses, 
plusieurs  maisons  religieuses  et  un  présidial.  Elle  est 
nommée  la  Pucelle  du  pays,  parce  qu'elle  n'a  jamais 
été  prise.  Sa  devise  est  :  Toujours  fidèle^.  Elle  a  de 
beaux  privilèges.  Nous  y  couchâmes,  et  nous  en  par- 
tîmes le  lendemain  pour  aller  à  Amiens  en  côtoyant 
toujours  la  Somme. 

Aussitôt  que  nous  y  fûmes  arrivés,  nous  allâmes 
voir  mon  ancien  camai'ade,  le  chevalier  de  Moyenne- 
ville,  qui  avoit  été  premier  capitaine  des  grenadiers 
de  notre  régiment;  il  quitta  le  service,  comme  je  l'ai 
dit^,  pendant  le  siège  de  Verue,  piqué  de  ce  que  le 

1.  Village  du  département  du  Pas-de-Calais,  canton  de  Mon- 
treuil-sur-Mer. 

2.  Semper  fidelis,  et  pour  armes  celles  des  comtes  de  Pon- 
thieu avec  le  chef  de  France  ancien.  Voyez,  sur  Abbeville,  le 
Grand  dictionnaire  géographique  d'Expilly,  t.  I,  p.  4-9. 

3.  Ci-dessus,  tome  II,  p.  84. 


54  MÉMOIRES  [Nov.  1710] 

marquis  de  Dreux  avoit  donné  la  majorité  du  régi- 
ment à  Filleul,  qui  étoit  moins  ancien  que  lui.  Il  nous 
donna  un  très  grand  souper,  bon  vin  de  Bourgogne, 
bon  vin  de  Champagne  et  bon  vin  d'Espagne  ;  nous 
fûmes  coucher  bien  gris. 

Amiens.  —  La  ville  d'Amiens  est  sur  la  Somme,  qui 
s'y  partage  en  plusieurs  canaux  :  ce  qui  est  très  utile 
pour  les  manufactures  qui  y  sont.  Elle  est  la  capitale 
de  la  Picardie^.  La  cathédrale  est  une  des  plus  belles 
églises  du  royaume,  bâtie  par  les  Anglois^;  on  dit  la 
nef  d'Amiens  comme  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  parfait. 
On  conserve  dans  cette  église  le  chef  de  saint  Jean- 
Baptiste.  Cette  ville  est  dans  une  agréable  situation. 
Il  y  a  deux  belles  places  ;  les  rues  sont  droites,  larges 
et  belles.  La  citadelle  a  été  bâtie  par  Henri  IV ^  après 
que  ce  grand  roi  l'eut  reprise  sur  les  Espagnols,  qui 
s'en  étoient  emparés  par  stratagème  aux  ordres  du 
sieur  Portocarrero,  gouverneur  de  Doullens'^.  L'évê- 
ché  est  suffragant  de  Beims.  Il  y  a  un  présidial,  un 
bailliage  et  un  bureau  des  trésoriers  de  France. 

Le  lendemain,  nous  nous  séparâmes.  La  Bussière  et 
Boisduval  furent  à  Paris,  et  moi  je  me  rendis  en  trois 

1.  Le  Dictionnaire  d'Expilly,  t.  I,  p.  144-159,  donne  une 
notice  détaillée  sur  Amiens  et  une  description  de  la  ville. 

2.  C'est  une  erreur  :  la  cathédrale  fut  construite  de  1220  à 
1259,  et  l'Amiénois  faisait  alors  partie  du  domaine  royal. 

3.  Sur  la  rive  droite  de  la  Somme,  qui  la  sépare  de  la  ville. 

4.  Hernandez  Portocarrero  s'empara  d'Amiens  par  surprise 
en  mars  1597;  mais  Henri  IV  vint  immédiatement  l'y  assiéger 
et  reprit  la  ville  le  19  septembre,  après  six  mois  de  siège  [Chro- 
nologie novenaire  de  Palma  Cayet,  éd.  Michaud  et  Poujoulat, 
p.  758-760  et  765-772). 


[Nov.  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  55 

jours  de  temps  à  Q[uincy] ,  par  la  ville  de  Roye.  Depuis 
Amiens  jusqu'à  cette  dernière  ville,  il  y  a  un  chemin 
fort  large  qui  a  été  anciennement  pavé.  Il  est  droit 
comme  un  I;  on  prétend  qu'il  a  été  construit  par  les 
Romains*.  D'Amiens  à  Roye,  on  compte  neuf  lieues.  " 
Je  passai  la  plus  grande  partie  de  l'hiver  à  Q[uincy]. 
J'allois  cependant  de  temps  en  temps  à  Paris,  tant 
pour  mes  affaires  que  pour  mes  plaisirs.  Un  jour, 
j'eus  affaire  avec  un  grand  fripon.  Le  Roi  donnoit 
cent  écus  à  chaque  capitaine  d'infanterie  pour  ses 
recrues  ;  le  major  du  régiment  nous  donnoit  un  billet 
de  ladite  somme,  pour  en  être  payés  par  le  trésorier 
général  des  guerres.  G'étoit  M.  de  Mongelas^,  parfaite- 
ment honnête  homme  et  toujours  connu  pour  tel  de 
tout  le  monde,  qui  étoit  d'exercice  pendant  cette 
année.  Après  l'avoir  sollicité  plusieurs  jours  pour  le 
payement,  il  écrivit  un  mot  sur  mon  billet;  je  sa  vois 
précisément  que  ce  mot  étoit  un  ordre  à  son  caissier 
de  me  payer  sur-le-champ  et  argent  sonnant.  L'ayant 
présenté  à  Monsieur  le  caissier  :  «  Je  ne  puis  vous 
«  payer  ce  billet,  me  dit-il,  que  par  un  autre  de 
«  subsistance.  »  Il  est  à  remarquer  que  nous  perdions 
quatre-vingt-trois  livres  pour  cent  sur  ces  sortes  de 
billets-^;  ainsi,  au  lieu  de  trois  cents  livres,  je  n'aurois 

1.  C'est  l'ancienne  voie  romaine  d'Amiens  à  Noyon,  Soissons 
et  Reims. 

2.  Romain  Dru  de  Mongelas,  originaire  de  Dauphiné,  était 
trésorier  alternatif  de  l'extraordinaire  des  guerres  depuis 
1705;  il  acheta  en  décembre  1710  une  des  deux  charges  de 
secrétaire  des  commandements  du  duc  de  Berry. 

3.  Il  a  déjà  été  parlé  de  ces  billets  de  subsistance  dans  le 
tome  II,  p.  321. 


56  MÉMOIRES  [Dec.  1710] 

eu  pour  faire  mes  recrues  que  cinquante  et  une  livres, 
deux  cent  quarante-neuf  livres  de  perte.  J'envoyai 
faire  lanlaire  Monsieur  le  caissier,  et  je  lui  dis  brus- 
quement que  j'allois  m'en  plaindre  à  son  maître.  Il  me 
pria  de  ne  point  faire  de  bruit,  et  ensuite  il  me  donna 
mes  trois  cents  livres  argent  sonnant. 

En  vérité,  le  Roi  devroit  bien  faire  punir  de  pareils 
fripons;  car  pour  qui  faisons-nous  la  guerre?  Ce  n'est 
qu'en  faveur  de  ces  Messieurs.  Ils  prêtent  leur  argent 
à  usure  aux  personnes  de  qualité  et  aux  gentils- 
hommes, qui  se  ruinent  si  bien,  que  la  plupart  sont 
obligés  de  vendre  à  un  prix  médiocre  leurs  terres  à 
ces  coquins  et  à  ces  voleurs  publics,  après  que  la 
guerre  est  finie.  Tout  le  monde  sait  qu'un  certain 
trésorier  général  de  l'extraordinaire  des  guerres 
gagna  des  richesses  immenses  pendant  son  exercice; 
il  n'avoit  cependant  exercé  cette  charge  qu'un  an.  H 
envoyoit  à  l'armée  de  petits  commis,  qui,  ouvertement, 
escomptoient  nos  billets  de  subsistance  à  quatre- 
vingt-trois  livres  de  perte  sur  cent  francs.  Il  est  à 
présumer  que  cet  homme,  qui  a  acheté  depuis  une 
charge  considérable  dans  la  robe  pour  se  décorer, 
avoit  un  protecteur  très  puissant  à  la  cour,  puisque 
cette  indigne  manœuvre  se  faisoit  au  su  et  à  la  vue  de 
toute  une  armée. 

Pendant  que  j'étois  à  Q[uincy],  nous  apprîmes  que 
M.  de  Vendôme,  étant  arrivé  en  Espagne,  et  ayant 
rassemblé  sans  perdre  de  temps  l'armée  des  Espa- 
gnols, avoit  marché  précipitamment  avec  le  roi  d'Es- 
pagne sur  celle  des  alliés,  dont  il  avoit  atteint  le 
9  décembre  l'arrière-gardc,  composée  de  huit  mille 


[Dec.  1710]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  57 

hommes,  tous  Anglois,  aux  ordres  du  général  Stan- 
hope',  à  Brihuega^,  et  que,  après  un  combat  des  plus 
vifs  et  des  plus  opiniâtres,  il  avoit  obligé  ce  général  à 
se  rendre,  le  lendemain  10,  avec  toutes  ses  troupes, 
prisonnier  de  guerre;  que,  ce  même  jour  10,  M.  de 
Stahremberg  étant  venu  à  la  tête  de  son  armée  pour 
délivrer  M.  Stanhope,  il  s'étoit  donné  une  bataille  des 
plus  sanglantes,  dans  laquelle  le  roi  d'Espagne  et  le 
duc  de  Vendôme  avoient  donné  des  marques  d'une  si 
grande  valeur  et  fait  faire  des  mouvements  si  à  pro- 
pos, que,  malgré  la  résistance  opiniàtrée  des  ennemis, 
commandés  par  un  des  plus  grands  capitaines  de 
l'Europe,  ils  les  avoient  obligés  d'abandonner  le  champ 
de  bataille^. 

Cette  grande  nouvelle  me  fit  beaucoup  de  plaisir, 
non  seulement  par  rapport  aux  affaires  générales, 
mais  aussi  par  rapport  à  la  gloire  et  à  la  réputation 
de  M.  de  Vendôme,  pour  qui  je  m'intéressois  infini- 
ment. Sa  seule  personne  fit  entièrement  changer  de 
face  la  fortune  en  faveur  de  Philippe  V,  presque  réduit 

1.  Jacques,  comte  de  Sfanhope,  né  en  1673,  servit  d'abord  en 
Italie  comme  brigadier  général,  puis  en  Portugal  et  en  Espagne 
depuis  1705.  Disgracié  après  cette  défaite  de  Brihuega,  il  devint 
secrétaire  d'Etat  en  1714  et  mourut  en  1721. 

2.  Dans  l'extrême  nord  de  la  Vieille-Castille,  à  quatre-vingt- 
quinze  kilomètres  de  Madrid. 

3.  Sur  ces  deux  victoires  de  Brihuega  et  de  Villaviciosa,  on 
peut  consulter  V Histoire  militaire,  par  Ouincy,  t.  VI,  p.  444- 
451;  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XII,  p.  413-415,  417-418  et 
421-426;  le  Journal  de  Dangeau,  t.  XIII,  p.  302-303  et  305; 
la  Gazette,  p.  617-619  et  625-631  (relation  particulière);  la 
Gazette  d'Amsterdam  de  1711,  n°^  i  et  ii,  etc. 


58  MÉMOIRES  [Dec.  1710] 

auparavant  à  abandonner  son  royaume.  Le  Roi,  en 
apprenant  cette  nouvelle,  dit  au  seigneur  qui  avoit  été 
envoyé  pour  en  faire  part  à  S.  M.  :  «  Un  seul  homme 
a  fait  ce  miracle*.  »  Quelle  gloire  et  quelle  louange 
pour  M.  de  Vendôme! 

1.  Ni  Dangeau  ni  Sourches  ne  rapportent  ces  paroles. 


[Avril  171  ij  DU  CHEVALIER  DE  QUINOY.  59 

CAMPAGNE  DE  L'ANNÉE  1711 

ET   l'hiver    suivant. 

La  campagne  de  l'année  1711  en  Flandres  ne  nous 
fut  pas  plus  heureuse  que  les  années  précédentes, 
quoique  les  alliés  ne  firent  la  conquête  que  d'une  seule 
place;  mais  elle  étoit  pour  eux  si  importante,  qu'elle 
leur  ouvroit,  pour  ainsi  dire,  le  chemin  pour  pénétrer 
en  France. 

Je  partis  de  Q[uincyJ  le  15  avril,  pour  me  rendre  à 
Bapaume,  où  le  régiment  avoit  passé  son  quartier 
d'hiver.  A  une  lieue  de  Q[uincy],  je  trouvai  le  curé  de 
la  paroisse,  qui  m'apprit  la  cruelle  et  irréparable  perte 
que  nous  venions  de  faire,  celle  de  Monseigneur  le 
Dauphin,  mort  le  jour  d'auparavant  au  château  de 
Meudon,  de  la  petite  vérole  \  prince  que  nous  ne  sau- 
rions trop  regretter  par  l'espérance  que  nous  avions 
d'un  doux  gouvernement;  c'étoit  la  bonté  même,  et 
d'une  valeur  bien  reconnue^. 

1.  Louis,  dauphin  de  France,  dit  Monseigneur,  né  le  l*""  no- 
vembre 1661,  mourut  le  17  avril  1711.  Sur  sa  maladie  et  sa 
mort,  on  peut  voir  le  Journal  de  Dangeau,  t.  XIII,  p.  377- 
382;  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XIII,  p.  82-86;  la  Gazette  de 
France,  p.  204;  la  Gazette  d'Amsterdam,  n***  xxxii  etxxxiii;  les 
Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  1873,  t.  VIII,  p.  233-249,  etc. 

2.  «  De  caractère,  il  n'en  avoit  aucun,  a  dit  Saint-Simon  [ibi- 
dem, p.  262),  du  sens  assez,  sans  aucune  sorte  d'esprit...;  doux 
par  paresse  et  par  une  sorte  de  stupidité,  dur  au  fond,  avec  un 
extéi'ieur  de  bonté  qui  ne  portoit  que  sur  des  subalternes...; 
silencieux  jusqu'à  l'inci^oyable...  L'épaisseur  d'une   part,  la 


60  MÉMOIRES  [AvriMTH] 

Histoire  du  nommé  Jourdain.  —  En  entrant  à 
Péronne,  je  vis  un  spectacle  qui  fît  beaucoup  de  peine 
à  mes  soldats  de  recrue  :  c'étoit  la  cuisse  du  nommé 
Jourdain,  qui  avoit  été  condamné,  dans  un  conseil  de 
guerre  tenu  à  Arras,  à  être  rompu  vif,  et  ensuite  ses 
membres  attachés  à  des  potences  près  des  portes  de 
Péronne.  Ce  misérable  avoit  voulu  livrer  cette  der- 
nière ville  aux  ennemis.  Voilà  ce  qui  me  fut  raconté  de 
lui  en  dînant  à  Péronne.  Les  commissaires  des  vivres 
ayant  besoin  d'un  endroit  pour  établir  des  fours,  ils 
s'emparèrent  de  la  maison  de  ce  Jourdain,  brasseur 
de  son  métier,  qui,  n'ayant  plus  de  place  pour  brasser 
sa  bière,  fit  des  remontrances  à  l'intendant  de  la  pro- 
vince^ touchant  la  violence  qu'on  venoit  de  lui  faire, 
ce  qui  le  mettroit,  lui  et  sa  famille,  à  la  mendicité. 
L'intendant  lui  promit  qu'il  lui  feroit  rendre  justice  et 
qu'il  le  feroit  dédommager  du  tort  qu'on  lui  faisoit. 
Au  bout  de  plusieurs  mois,  Jourdain,  outré  de  ce  qu'on 
ne  lui  tenoit  point  parole,  fît  le  complot  de  livrer 
Péronne  aux  ennemis  ;  mais,  malheureusement  pour 
lui,  il  se  jeta  dans,  un  de  nos  partis,  s'imaginant  que 
c'étoit  les  troupes  que  M.  Hompesch,  gouverneur  de 
Douay^,  lui  envoyoit  pour  exécuter  son  entreprise.  11 
fut  conduit  à  Arras,  où  son  procès  fut  fait  dans  le 
moment.  Si  cette  histoire  est  véritable,  quel  chagrin  et 

crainte  de  l'autre  forraoient  en  ce  prince  une  retenue  qui  a 
peu  d'exemples.  »  Au  point  de  vue  du  courage  :  «  Il  avoit  peur 
de  tout  et  n'avoit  pas  brillé  à  la  guerre  plus  que  dans  le 
Conseil.  »  (Addition  de  Saint-Simon  au  Journal  de  Dangeau, 
t.  XIII,  p.  384.) 

1.  Louis  de  Bernage,  intendant  à  Amiens  depuis  le  mois  de 
juillet  1708. 

2.  Ci-dessus,  p.  26. 


[Avril  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  61 

quels  remords  de  conscience  ne  devroit  pas  avoir 
Monseigneur  l'intendant  de  n'avoir  pas  rendu  justice  à 
ce  misérable  !  Ce  fut  le  désespoir  qui  lui  fit  prendre 
ce  parti'. 

Sédition  apaisée  à  Cambray.  —  Je  ne  trouvai  point 
notre  régiment  à  Bapaume.  Il  en  étoit  parti  précipi- 
tamment quelques  jours  auparavant  pour  se  rendre  à 
Cambray,  afin  d'apaiser  une  sédition  qui  s'y  étoit  éle- 
vée par  rapport  à  quelques  impôts.  Cette  affaire  finie, 
il  fut  camper  sur  le  Genset. 

Il  me  fut  rapporté  que  M.  de  Brendlé,  lieutenant 
général  des  armées  du  Roi,  qui  a  voit  été  chargé  de 
mettre  à  la  raison  le  peuple  de  cette  ville,  se  rendit 
après,  avec  plusieurs  officiers,  chez  Monsieur  l'arche- 
vêque %  qui  voulut  excuser  et  prendre  un  peu  trop 
vivement  le  parti  de  son  troupeau  ;  que  M.  de  Brendlé 
lui  répondit  avec  tant  d'éloquence,  et  qu'il  cita  si  à 
propos  un  passage  de  Télémaque  touchant  les  sédi- 
tions \  qu'il  ferma  la  bouche  à  ce  grand  prélat. 

Notre  lieutenant-colonel  étoit  resté  à  Bapaume.  Il 

1.  L'Histoire  militaire,  par  le  marquis  de  Quincy,  donne 
(t.  VI,  p.  488-489),  sur  la  conspiration  de  Jourdain,  des  détails 
circonstanciés,  mais  très  difTérents  de  ceux  recueillis  par  notre 
auteur,  qui  cependant  devait  avoir  sous  les  yeux  le  récit  de 
son  frère. 

2.  Fénelon,  en  disgrâce  depuis  1698,  mais  que  les  officiers 
qui  passaient  à  Cambray  ne  manquaient  pas  d'aller  visiter 
depuis  qu'on  ne  pouvait  ignorer  l'affection  que  lui  avait  con- 
servée le  duc  de  Bourgogne,  dont  le  règne  s'annonçait  si 
proche  après  la  mort  de  Monseigneur. 

3.  Sans  doute  le  passage  du  livre  VI,  où  Mentor  dit  à  Ido- 
ménée  :  «  C'est  une  clémence  que  de  faire  d'abord  des  exemples 
qui  arrêtent  le  cours  de  l'iniquité;  par  un  peu  de  sang  répandu 
à  propos,  on  en  épargne  beaucoup.  » 


62  MÉMOIRES  [Avril  17H] 

avoit  eu  pendant  l'hiver  une  attaque  d'apoplexie,  dont 
la  paralysie  lui  avoit  resté  dans  la  tête.  N'ayant  pas 
fini  ses  affaires,  il  me  pria  de  rester  deux  jours  avec 
lui  dans  cette  place.  Il  donnoit  des  noms  biscornus  à 
tous  les  officiers  du  régiment  :  il  me  nommoit  M.  Ko- 
nocq;  cependant,  lorsqu'il  écrivoit,  il  nous  nommoit 
bien.  Nous  allâmes  ensemble  joindre  le  régiment,  que 
nous  trouvâmes  campés  près  de  l'Écluse. 

Deux  jours  après,  il  pensa  m'arriver  malheur,  que 
j'avois  bien  mérité.  Étant  de  grande  garde  sur  le  bord 
du  Genset,  il  me  prit  envie  de  passer  au  delà  de  cette 
rivière,  sur  une  mauvaise  planche  que  les  soldats 
avoient  mise  pour  aller  à  la  picorée^.  Il  faisoit  froid; 
j'avois  mon  manteau  sur  les  épaules.  Gomme  j'étois 
au  milieu  de  la  planche,  il  vint  un  coup  de  vent  si 
violent,  qu'il  me  culbuta  dans  la  rivière.  Mon  manteau 
étendu  me  retint  par  bonheur  un  moment  sur  l'eau, 
ce  qui  donna  le  temps  à  plusieurs  soldats  de  venir  à 
mon  secours  et  de  me  retirer  de  l'eau.  J'en  fus  quitte 
pour  la  peur  et  pour  avoir  un  peu  bu.  Je  leur  donnai 
de  quoi  boire  à  ma  santé.  Un  peu  de  retardement, 
j'étois  noyé;  car  la  rivière  étoit  très  rapide  à  cet 
endroit,  par  rapport  à  la  coupure  qu'on  avoit  faite  à 
la  Scarpe  vis-à-vis  de  Fampoux.  Lorsque  je  fais 
réflexion  à  cet  accident,  j'en  frémis  encore. 

Pendant  le  temps  que  je  fus  dans  ce  camp,  je  fus 
voir  M.  l'archevêque  de  Gambray,  à  qui  je  remis  une 
lettre  de  mon  frère  le  lieutenant  général  de  l'artil- 
lerie %  son  ami.  Ils  s'étoient  vus  aux  eaux,  et  depuis 

1.  «  Petite  guerre,  pillage  que  font  des  soldats  qui  se 
détachent  de  leui's  corps  »  [Dictionnaire  de  Trévoux). 

2.  Charles  Sevin  :  tome  I,  p.  26. 


[Avril  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  63 

ils  avoient  lié  ensemble  un  commerce  de  lettres  ^  Il  me 
retint  à  dîner,  et  il  me  fil  mille  politesses.  Quelle 
sagesse,  quelle  douceur  et  quelle  affabilité  dans  sa 
conversation!  Je  m'imaginois  de  voir  le  Mentor  de 
Télémaque.  Je  m'aperçus  qu'il  mangeoit  très  peu^. 

Le  25  avril,  le  maréchal  de  Villars,  qui  étoit  arrivé 
la  veille  à  Arras,  assembla  son  armée.  Elle  étoit  com- 
posée de  cent  vingt-six  escadrons  et  cent  vingt-deux 
bataillons.  Il  mit  la  droite  à  Étrun  sur  l'Escaut,  où 
nous  avions  plusieurs  ponts,  la  gauche  à  Monchy-le- 
Preux  et  son  quartier  général  à  Oisy,  afin  d'être  à 
portée  de  marcher  du  côté  de  la  Sambre  ou  sur  la 
Ganche^.  Il  a  voit  encore  à  garder  depuis  la  Meuse 
jusqu'à  la  mer.  Il  prétendoit,  par  le  moyen  des  retran- 
chements qu'il  avoit  fait  faire  le  long  de  la  Ganche,  de 
la  Scarpe,  du  Genset  et  de  l'Escaut,  d'empêcher  les 
ennemis  de  pénétrer  dans  le  Boulonnois,  dans  l'Ar- 
tois et  dans  le  Gambrésis,  et  de  faire  les  sièges  de 
Valenciennes  et  de  Bouchain.  Il  appeloit  cette  position 
le  nec  plus  ultra  des  alliés  ;  mais  il  s'en  flatta  vaine- 
ment, comme  il  se  verra  dans  la  suite  de  la  relation 
de  cette  campagne. 

1.  Les  onze  volumes  de  la  Correspondance  de  Fénelon,  publiés 
en  1827,  ne  renferment  aucune  des  lettres  dont  parle  notre 
auteur. 

2.  «  Il  mangeoit  peu  et  peu  solidement,  mais  demeuroit 
longtemps  à  table  pour  les  autres,  et  les  charmoit  par  l'aisance, 
la  variété,  le  naturel  et  la  gaieté  de  sa  conversation  »  [Mémoires 
de  Saint-Simon,  éd.  1873,  t.  XI,  p.  61). 

3.  Le  projet  du  maréchal  avait  été  de  surprendre  les  can- 
tonnements ennemis  sur  la  Deule  et  la  Scarpe  et  d'aller  inves- 
tir Douay;  mais  les  mouvements  des  alliés  le  forcèrent  à  se 
tenir  sur  la  défensive  [Mémoires  militaires,  t.  X,  p.  382-384 
et  584-587,  lettre  au  Roi  du  23  avril,  et  lettre  du  Roi  du  26, 
p.  590-592). 


64  IVtÉMOIRES  [Avril  1711] 

Quelques  jours  auparavant,  la  nouvelle  de  la  mort 
de  l'empereur  Joseph  se  répandit  dans  notre  armée. 
Il  mourut  à  Vienne,  de  la  petite  vérole,  le  17  avril, 
trois  jours  après  celle  du  Dauphin.  Tout  le  monde  fut 
persuadé  que  la  mort  de  ce  prince  apporteroit  bien 
du  changement  dans  les  affaires  de  l'Europe,  car  il 
étoit  indubitable  que  l'Archiduc^  seroit  élevé  au  trône 
impérial  :  il  n'étoit  donc  pas  de  l'intérêt  des  puis- 
sances que  la  couronne  de  l'Empire  et  celle  de  l'Es- 
pagne fussent  sur  la  même  tête,  par  rapport  à  la 
balance  de  l'Europe^. 

Les  ennemis,  ayant  rassemblé  leurs  armées  près 
d'Orchies  et  Pont-à-Marcq,  se  mirent  en  mouvement  le 
1  "'  mai  pour  passer  la  Scarpe  près  de  l'abbaye  d'Anchin, 
autrement  dite  les  Quatre-Glochers^,  et  de  Lalaing^, 
village  au-dessous  de  Douay.  Ils  envoyèrent  des  déta- 
chements pour  occuper  plusieurs  postes,  entre  autres 
l'abbaye  de  Flines^  et  celle  de  Saint-Amand^.  Leurs 

1.  Le  compétiteur  de  Philippe  V  au  trône  d'Espagne  que  les 
alliés  appelaient  le  roi  Charles  III. 

2.  Sur  la  mort  de  Joseph  I",  on  peut  voir  les  correspon- 
dances de  la  Gazette  d'Amsterdam,  n°^  xxxv  à  xxxviii,  et 
les  Extraordinaires,  surtout  les  réflexions  insérées  dans  l'Ex- 
traordinaire XXXVI. 

3.  Il  a  déjà  été  parlé  de  l'abbaye  d'Anchin  dans  le  tome  II, 
p.  330.  Elle  était  située  dans  une  île  de  la  Scarpe,  à  deux  lieues 
en  aval  de  Douay.  Son  nom  des  Quatre-Clochers  venait  des 
quatre  tours  qui  flanquaient  l'église  abbatiale;  il  n'en  reste 
aujourd'hui  que  des  ruines  sans  intérêt. 

4.  Sur  la  rive  droite  de  la  Scarpe,  à  une  lieue  au  nord-est 
de  Douay. 

5.  Importante  abbaye  de  cisterciennes  fondée  au  milieu  du 
xni^  siècle  par  Marguerite  de  Flandre,  fille  de  l'empereur  Bau- 
douin de  Constantinople. 

t).  Tome  11,  p.  330. 


[Mai  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  65 

armées  étoient  composées  de  deux  cent  cinquante-six 
escadrons  et  de  cent  quarante  bataillons,  savoir  : 
celle  du  prince  Eugène,  de  quarante-six  bataillons  et 
de  cent  onze  escadrons,  et  celle  du  duc  de  Marlbo- 
rough,  de  cent  quarante-cinq  escadrons  et  de  quatre- 
vingt-quatorze  bataillons^.  Ils  mirent  leur  droite  à 
Lalaing,  etleur  gauche s'étendant  du  côté  deBouchain. 

Le  4,  ils  envoyèrent  un  gros  détachement  pour 
s'emparer  de  Ghantereine,  château  situé  près  du  Gen- 
set  et  au  delà,  dans  des  marais,  à  une  portée  de  fusil 
du  bourg  d'Arleux.  Les  pluies  les  empêchèrent  de 
réussir  dans  leur  dessein. 

Le  7,  ils  ne  furent  pas  plus  heureux.  Ils  y  furent 
repoussés  avec  perte  de  cent  soldats.  Nous  avions 
dans  ce  château  huit  cents  hommes,  qu'on  relevoit 
de  temps  en  temps,  commandés  par  un  lieutenant- 
colonel. 

Le  1 0  au  soir,  nous  apprîmes  que  M.  de  Permangle^, 
maréchal  de  camp,  qui  commandoit  à  Gondé^,  avoit, 
le  jour  auparavant,  défait  à  Hauterive,  entre  Mortagne 
et  Saint-Amand,  deux  bataillons  qui  escortoient  plu- 
sieurs belandres  chargées  de  munitions  de  guerre  et 
de  bouche,  qui  remontoient  la  Scarpe  pour  aller  aux 

1.  Il  y  a,  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  598  et  600,  deux 
tableaux  de  la  composition  des  armées  d'Eugène  et  de  Marlbo- 
rough;  la  première  aurait  compté  quarante-huit  bataillons  et 
cent  dix  escadrons,  la  seconde  quatre-vingt-quatorze  batail- 
lons et  cent  cinquante-neuf  escadrons.  Notre  auteur  a  pris  les 
chiffres  donnés  par  son  frère  dans  V Histoire  militaire,  t.  VI, 
p.  496-502. 

2.  Tome  II,  p.  362;  il  devint  lieutenant  général  en  1719  et 
mourut  en  1741. 

3.  Depuis  octobre  1710. 

ni  5 


66  MÉMOIRES  [Mai  \1\\] 

armées  ennemies.  Il  brûla  après  cette  action  trente- 
cinq  belandres;  il  fit  prisonnier  M.  Chambrier,  qui 
commandoit  ce  convoi,  un  lieutenant-colonel,  quinze 
officiers  et  cent  cinquante  soldats  ;  le  reste  fut  tué  et 
mis  en  fuite  ^ . 

Le  12i  et  le  13,  le  maréchal  de  Villars  fit  la  revue 
générale  de  son  armée.  Toutes  les  troupes  qui  la  com- 
posoient  se  trouvèrent  complètes.  Moyennant  le  dixième 
que  le  Roi  avoit  imposé  l'hiver  dernier  sur  tous  les 
revenus  de  son  royaume  2,  toutes  ses  autres  troupes 
qui  composoient  ses  autres  armées  furent  aussi  com- 
plètes. Cependant  nos  appointements  ne  nous  étoient 
payés  que  par  des  billets  de  subsistance,  sur  lesquels 
nous  perdions  toujours  quatre-vingt-trois  livres  par 
cent^.  On  peut  dire  avec  justice  qu'il  n'y  a  pas  une 
nation  comme  la  nôtre  :  elle  se  fait  un  véritable  plaisir 
de  se  ruiner  pour  le  service  de  son  prince. 

Le  15,  le  prince  Eugène  et  milord  Marlborough 
dînèrent  ensemble  à  Pont-à-Marcq,  et  ils  y  eurent  une 
conférence,  apparemment  par  rapport  aux  opéra- 
tions de  la  campagne,  dont  Milord  alioit  être  seul 
chargé;  car  le  prince  Eugène  partit  quelque  temps 
après  pour  se  rendre  dans  l'Empire,  à  cause  de  l'élec- 
tion d'un  empereur*. 

1.  Histoire  militaire,  p.  503;  Mémoires  militaires,  p.  390; 
Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  106-107. 

2.  Déclaration  du  14  octobre  1710. 

3.  Ci-dessus,  p.  55  et  56. 

4.  Surtout  par  crainte  des  troubles  qui  pourraient  se  pro- 
duire en  Allemagne  pendant  la  vacance  de  l'Empire;  l'électeur 
de  Bavière  cherchait  en  effet  à  en  fomenter.  Eugène  ne  partit 
qu'après  le  15  juin  :  ci-après,  p.  70. 


[Mai-juin  1711]      DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  67 

Le  2)5,  le  comte  de  Villars,  frère  du  maréchal ,  qui 
comma'ndoit  dans  Ypres,  envoya  M.  d'Harling^,  bri- 
gadier des  armées  du  Roi,  à  la  tête  d'un  gros  déta- 
chement, pour  faire  sauter  l'écluse  d'Harlebeke,  à  une 
lieue  au-dessous  de  Courtray.  Cette  écluse  étoit  pro- 
tégée par  Une  redoute  et  un  moulin  bien  retranchés. 
Le  26,  la  redoute  et  le  moulin  furent  emportés  l'épée 
à  la  main,  et  ensuite  M.  d'Harling  fit  détruire  le  mou- 
Im  et  la  redoute,  après  avoir  fait  sauter  l'écluse.  11  ne 
fut  point  inquiété  dans  son  expédition,  ni  dans  sa 
retraite^. 

Le  dernier  jour  de  mai,  nos  housards,  ayant  tra- 
versé le  bourg  d'Arleux,  favorisés  d'un  grand  brouil- 
lard, donnèrent  sur  quatre  grandes  gardes  de  cavale- 
rie, qu'ils  surprirent.  Ils  amenèrent  plusieurs  cavaliers 
et  plusieurs  chevaux  à  notre  armée. 

Nous  étions  des  plus  tranquilles  dans  notre  camp, 
où  le  fourrage  étoit  bien  rare.  Nos  chevaux  souffroient 
beaucoup  ;  le  regain  qu'on  leur  donnoit  leur  causoit 
des  maladies  qui  les  faisoient  mourir.  Nous  allions 
quelquefois  à  la  comédie  à  Arras  pour  tâcher  de  nous 
dissiper. 

M.  de  Saint-Frémond  partit,  le  12  juin,  de  notre 
armée,  à   la  tête  de   dix-huit  mille  hommes^,  tant 

1.  Tome  II,  p.  362. 

2.  Eberhard-Ernest,  comte  d'Harling,  neveu  de  la  gouver- 
nante de  Madame,  était  colonel  du  régiment  de  Guyenne  et 
brigadier  depuis  1705;  il  eut,  en  1715,  la  charge  de  capitaine 
des  gardes  de  la  duchesse  de  Berry. 

3.  Histoire'militaire,  p.  504-505;  Mémoires  militaires,  p.  396, 
et,  p.  609-613,  rapport  officiel  sur  cette  opération;  Gazette, 
P.-287-288  et  299-300. 

4.  Avec  quinze  bataillons  et  quinze  escadrons.  Le  tableau  des 


68  MÉMOIRES  [Juin  1711] 

infanterie  que  cavalerie,  pour  se  rendre  sur  le  Rhin'. 

Le  duc  deMarlborough,  ayant  préparé  toutes  choses 
pour  ses  opérations,  fît  repasser  la  Scarpe  à  son 
armée  sur  plusieurs  ponts  entre  Douay  et  Vitry,  la 
nuit  du  15  au  16.  Cette  armée  fut  camper  dans  la 
plaine  de  Lens,  sa  droite  à  Liévin%  sur  le  Souchet, 
et  sa  gauche  à  Auby^,  sur  le  canal  de  Douay  à  Lille. 
Ce  mouvement  nous  fit  décamper  bien  vite  le  1 6  ;  nous 
marchâmes  du  côté  d'Arras.  Nous  mîmes  notre  droite 
à  Monchy-le-Preux,  notre  gauche  à  Montenescourt, 
village  où  nous  avions,  l'autre  année,  notre  droite. 
Ainsi,  nous  avions  la  Scarpe  devant  nous,  sur  laquelle 
nous  fîmes  plusieurs  ponts. 

Le  18,  étant  à  Arras,  qui  étoit  le  quartier  général, 
je  vis  passer  le  maréchal,  qui,  accompagné  de  plu- 
sieurs officiers  généraux,  alloit  reconnoître  la  position 
des  ennemis.  Je  le  suivis.  Lorsque  nous  en  fûmes  à 
portée,  il  se  détacha  de  nous  avec  six  housards  seule- 
ment et  un  de  leurs  officiers,  après  nous  avoir  priés 
de  rester.  Il  s'approcha  très  près  de  l'armée  des  enne- 
mis, que  nous  vîmes  se  mettre  en  bataille  ;  ils  crurent 

troupes  détachées  et  de  leurs  étapes  jusqu'à  Givet  est  dans  les 
Mémoires  militaires,  p.  615-616, 

1.  Cet  envoi  de  troupes  en  Allemagne  était  fait  dans  l'inten- 
tion d'influencer  l'élection  du  nouvel  empereur.  Villars,  déjà 
plus  faible  que  ses  adversaires,  s'était  opposé  énergiquement 
à  toute  diminution  de  son  armée  ;  il  ne  fut  pas  écouté  [Mémoires, 
t.  III,  p.  109,  et  la  lettre  qu'il  écrivit  à  Voysin  le  2  juin, 
p.  293-295). 

2.  A  trois  kilomètres  sud-ouest  de  Lens;  c'est  aujourd'hui 
un  important  centre  minier. 

3.  Village  à  quatre  lieues  sud-est  de  Lens,  au  delà  d'Hennin- 
Liélard. 


[Juin  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  69 

apparemment  que  nous  allions  les  attaquer  :  nous 
avions  une  escorte  de  trois  cents  chevaux.  Nous  ne 
fûmes  pas  plus  tôt  de  retour  à  Arras,  qu'il  fît  partir  un 
courrier  pour  la  cour,  afin  de  prier  le  Roi  de  lui  per- 
mettre de  livrer  bataille^ .  Apparemment  qu'il  ne  savoit 
pas  encore  les  négociations  qui  se  tenoient  à  Londres 
pour  la  paix.  Le  Roi  lui  ordonna  de  ne  rien  hasarder-. 
Il  est  à  présumer  que  ce  fut  alors  que  S.  M.  lui  fît 
part  qu'on  travailloit  sérieusement,  et  depuis  quelque 
temps,  à  la  paix  avec  la  reine  Anne,  car  certainement 
il  n'auroit  pas  laissé  échapper  l'occasion  qui  se  pré- 
senta plusieurs  jours  après  pour  défaire  sérieusement 
une  partie  de  l'armée  de  milord  Marlborough  sans, 
pour  ainsi  dire,  rien  hasarder.  J'en  parlerai  bientôt. 

Le  19,  le  maréchal  fit  marcher,  à  la  petite  pointe 
du  jour,  quatre  cents  dragons,  ayant  chacun  un  gre- 
nadier en  croupe  derrière  lui,  pour  aller  enlever  un 
détachement  des  ennemis  qui  étoit  dans  le  château  de 
Vimy^,  éloigné  d'une  petite  lieue  de  Garency  et  d'une 
petite  demi-lieue  de  leur  armée;   mais  celui  qui  le 

1.  On  peut  voir  une  lettre  du  maréchal,  datée  du  15  juin,  dans 
les  Mémoires  militaires,  p.  400-401.  Villars  y  disait  :  «  Jamais 
les  armées  de  Votre  Majesté,  telles  que  je  les  connois,  ne 
peuvent  espérer  de  plus  grands  avantages  que  de  marcher  à 
l'arme  blanche,  en  plaine,  à  l'ennemi...  Je  fais  préparer  tous  les 
ponts,  et,  si,  par  le  retour  de  mon  premier  courrier,  qui  peut 
être  ici  demain  avant  raidi,  Votre  Majesté  m'en  donne  la  liberté, 
je  les  attaquerai  après-demain  de  bonne  heure.  »  Voyez  aussi 
les  Mémoires  du  maréchal,  p.  110-111. 

2.  Lettre  du  17  juin  [Mémoires  militaires,  p.  402-403),  pres- 
crivant au  maréchal  de  rester  sur  la  défensive. 

3.  Aujourd'hui  chef- lieu  de  canton  de  l'arrondissement 
d"  Arras. 


70  MÉMOIRES  [Juillet  1711] 

commaiidoit  se  défendit  si  bien,  qu'il  obligea  les  nôtres 
de  se  retirer  bien  vite  de  peur  d'être  coupés  ^ 

Ce  fut  dans  ce  temps-là  que  le  prince  Eugène  quitta 
les  armées  des  alliés  pour  se  rendre  en  Allemagne, 
où  sa  présence  étoit  nécessaire  par  rapport  à  l'élec- 
tion d'un  empereur.  11  avoit  envoyé  sur  le  Rhin 
auparavant  six  mille  chevaux  et  douze  mille  hommes 
d'infanterie^,  aux  ordres  du  comte  de  Mercy^.  Le 
maréchal  de  Villars,  ayant  appris  la  marche  de  ce 
détachement,  fît  partir  encore  de  notre  armée  vingt- 
six  escadrons  et  dix  bataillons,  aux  ordres  du  marquis 
de  Bouzols^,  lieutenant  général,  pour  l'Allemagne^. 

Le  château  de  Chanter eine  emporté  par  les  ennemis. 
—  Enfin  les  ennemis  emportèrent  d'assaut,  le  6  juil- 
let, le  château  de  Ghantereine,  près  d'Arleux,  où  nous 
avions  huit  cents  hommes,  comme  je  l'ai  dit  ci-dessus*^, 
qui  se  défendirent  jusqu'à  la  dernière  extrémité'''.  Ils 
eurent  la  cruauté  de  dépouiller  nos  pauvres  soldats 
nus  comme  la  main.  Ils  furent  conduits  à  Douay.  Tout 
le  monde  en  fut  indigné.  Dans  la  suite,  comme  il  se 
verra ^,  nous  usâmes  de  représailles. 

1.  Histoire  militaire,  p.  507. 

2.  Le  départ  de  ces  troupes  fut  quelque  temps  douteux 
[Mémoires  militaires,  p.  401,  lettre  de  Villars  au  Roi). 

3.  Tome  II,  p.  347. 

4.  Ibidem,  p.  362. 

5.  La  lettre  du  ministre  de  la  guerre,  du  25  juin,  ordonnant 
l'envoi  de  ce  second  détachement  et  indiquant  sa  composition 
et  la  route  qu'il  devait  suivre,  a  été  publiée  par  le  général  Pelet, 
p.  618-620. 

6.  P.  65. 

7.  Mémoires  militaires,  p.  406-407;  Histoire  militaire, 
p.  508-509;  Mémoires  de  Villars,  p.  113. 

8.  Ci-après,  p.  74. 


[Juillet  17H]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  71 

Pendant  que  les  ennemis  attaquoient  ce  château,  le 
maréchal,  pour  divertir  les  dames  d'Arras,  nous  fai- 
soit  faire,  c'est-à-dire  à  toute  l'infanterie,  des  évolu- 
tions militaires.  Il  apprit,  le  8,  que  le  camp  que  les 
ennemis  avoient  près  de  Douay,  sur  la  rive  droite  de 
la  Scarpe,  pouvoit  être  insulté.  Il  étoit  composé  de 
dix  bataillons  et  douze  escadrons  aux  ordres  de 
M.  HompeschS  gouverneur  de  Douay.  Ce  camp  étoit 
pour  être  à  portée  de  protéger  le  château  de  Ghan- 
tereine,  que  les  ennemis  faisoient  fortifier. 

Le  camp  près  de  Douay  insulté.  —  Le  9,  notre  géné- 
ral fit  partir  de  notre  armée,  à  l'entrée  de  la  nuit,  six 
escadrons  de  liousards  commandés  par  M.  le  baron  de 
Ratsky^,  colonel,  vingt  escadrons  de  dragons  aux 
ordres  du  comte  de  Coigny,  qui,  après  avoir  passé 
l'Escaut  à  Cambray,  aussi  bien  que  nos  housards,  le 
repassèrent  à  Bouchain.  Ces  détachements  étoient 
suivis  de  vingt-quatre  escadrons,  dont  plusieurs  de  la 
maison  du  Roi^.  Toutes  ces  troupes  étoient  aux  ordres 
du  comte  de  Gassion,  lieutenant  général^.  Le  dernier 
détachement  passa  l'Escaut  sur  des  ponts  que  nous 
avions  à  Étrun,  et  joignit  M.  de  Coigny  à  Bouchain. 

1.  Ci-dessus,  p.  26. 

2.  Georges  Bor,  baron  de  Ratsky,  de  nationalité  hongroise, 
avait  d'abord  servi  sous  Ragotzi  et  était  passé  au  service  de 
France,  en  1707,  comme  colonel  de  housards.  Naturalisé  en 
1715,  il  devint  brigadier  en  1719,  maréchal  de  camp  en  1734, 
et  mourut  en  1742,  pendant  le  siège  de  Prague.  «  Il  étoit  très 
honnête  homme,  et  même  homme  de  bien,  »  dit  l'annotateur 
des  Mémoires  de  Sourches,  t.  XIII,  p.  132. 

3.  Le  tableau  des  troupes  engagées  est  dans  les  Mémoires 
militaires,  p.  621. 

4.  Tome  I,  p.  39. 


72  IDSMOIRES  [Juillet  17H] 

M.  de  Gassion  laissa  dix  escadrons  à  une  demi-lieue 
de  cette  dernière  place,  pour  favoriser  sa  retraite.  11 
arriva  le  10,  à  la  petite  pointe  du  jour,  sur  le  camp 
ennemi,  qui  ne  s'attendoit  pas  à  être  réveillé  si  matin, 
et  sur-le-champ  il  lâcha  tous  nos  housards  et  la  moitié 
de  nos  dragons  dans  ce  camp.  Ils  n'eurent  pas  grande 
peine  à  massacrer  tous  ceux  qui  se  présentèrent, 
cavaliers,  soldats,  qui  tàchoient  de  se  sauver  en  che- 
mise vers  Douay.  Le  camp  fut  pillé,  et  ensuite  on  y 
mit  le  feu.  L'alarme  se  répandit  bien  vite  dans  Douay. 
On  fit  beaucoup  de  prisonniers,  et  on  amena  à  notre 
armée  environ  quatorze  cents  chevaux.  Nous  prîmes 
trois  étendards  et  un  drapeau^.  Un  de  nos  housards 
revint  de  cette  expédition  dans  une  berline  tirée  par 
quatre  beaux  chevaux,  qu'il  avoit  prise  ;  il  passa  devant 
notre  régiment  et  devant  toute  notre  infanterie  :  ce 
qui  nous  fit  beaucoup  rire,  en  voyant  la  gravité  de  ce 
personnage. 

Après  cette  affaire  finie,  le  comte  de  Gassion  se 
retira  à  Bouchain,  sans  être  nullement  inquiété.  Il 
perdit  peu  de  monde.  M.  de  Coëtmen,  colonel  réformé 
de  dragons  2,  fut  tué,  et  le  baron  de  Ratsky  blessé. 
Pour  assurer  davantage  l'expédition  de  M.  de  Gas- 

1.  Voyez  les  rapports  officiels  du  maréchal  de  Villars  et  du 
comte  de  Gassion  sur  cette  affaire,  et  la  lettre  de  félicitation 
du  Roi,  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  621-626,  et  dans  les 
Mémoires  du  maréchal,  p.  113-117,  les  récits  de  Y  Histoire 
militaire,  p.  509-513,  de  la  Gazette,  p.  398-400,  de  la 
Gazette  d'Amsterdam,  n°  lvi  et  Extraordinaire,  et  des  Mémoires 
de  Soiirches,  t.  XIII,  p.  152-154. 

2.  Il  commandait  un  régiment  de  dragons  depuis  juin  1708. 
Son  frère,  qui  devait  devenir  maréchal  de  camp  en  1748,  lui 
succéda. 


[Juillet  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  73 

sion  et  sa  retraite,  le  maréchal  avoit  envoyé  M.  d'Al- 
bergotti  au  village  d'Aubigny',  situé  au  delà  du  Gen- 
set  et  vis-à-vis  d'AubencheuF,  à  la  tête  de  deux  mille 
grenadiers,  et  il  fit  attaquer  les  grandes  gardes  de 
cavalerie  de  l'armée  ennemie,  afin  d'attirer  l'attention 
de  Marlborough  de  ce  côté-là. 

Je  ne  sais  point  la  raison  pour  laquelle  le  maréchal 
de  Villars  ne  fit  point  attaquer  en  même  temps  le 
poste  de  Ghantereine,  d'autant  plus  que  toute  notre 
infanterie  étoit  sous  les  armes,  à  qui  on  fit  faire,  pen- 
dant presque  tout  ce  jour-là,  toutes  sortes  d'évolu- 
tions. La  retraite  de  M.  de  Gassion  auroit  été  plus 
assurée  par  Arleux,  et  il  auroit  épargné  par  là  six 
lieues  au  moins  à  faire  à  nos  troupes.  Il  lui  étoit 
cependant  très  important  d'enlever  ce  poste  à  l'en- 
nemi le  plus  tôt  qu'il  lui  seroit  possible.  L'affaire  de 
Douay  fut  très  bien  projetée  et  très  bien  exécutée. 

Le  château  de  Chantereine  repris  sur  l'ennemi.  — 
Le  213,  le  maréchal  ayant  appris  que  les  ennemis 
avoient  décampé  pour  aller  le  20  à  Bruay^  et  le  21  à 
Lillers,  et  que  M.  de  Marlborough  avoit  rappelé  une 
partie  des  troupes  qui  composoient  He  camp  sous 
Douay,  il  profita  de  cet  éloignement  pour  reprendre 
le  château  de  Ghantereine.  Il  chargea  le  maréchal  de 
Montesquiou  de  cette  besogne,  qui  se  trouva,  à  la 
petite  pointe  du  jour,  le  24,  avec  vingt-cinq  batail- 
lons et  vingt-six  escadrons  devant  ce  poste,  que  les 
ennemis  avoient  très  bien  fortifié^,  et  dans  lequel  ils 

1.  Aubigny-au-Bac,  dans  le  canton  d' Arleux,  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  Aubigny-en-Artois  (ci-dessus,  p.  31). 

2.  Ci-dessus,  p.  20;  ici  encore,  Benc/ieu,  dans  le  manuscrit. 

3.  Bruay,  à  trois  lieues  sud-ouest  de  Béthune. 

4.  Ils  y  avaient  fait  trois  redoutes,  bien  palissadées,  avec 


74  MÉMOIRES  [Juillet  1711] 

avoient  mis  huit  pièces  de  canons  de  vingt-quatre 
livres  de  balles  et  deux  mortiers.  En  arrivant,  nos 
troupes  donnèrent,  sans  perdre  de  temps,  un  assaut 
général.  Cette  attaque  fut  si  vive,  qu'elles  emportèrent 
brusquement  le  poste,  quoique  nos  soldats  avoient  de 
l'eau  jusqu'aux  épaules  pour  y  aller,  ce  qui  les  obli- 
geoit  de  tenir  haut  leurs  fusils'. 

On  prit  M.  Savary,  colonel-,  qui  commandoit  les 
huit  cents  hommes  qui  défendoient  ce  poste.  Il  y  eut 
ordre  de  dépouiller  ceux  qui  avoient  été  faits  prison- 
niers, en  représailles  d'avoir  dépouillé  les  nôtres 
lorsque  les  ennemis  s'étoient  emparés  de  ce  poste  ^. 
Ils  furent  conduits  tous  nus  à  Gambray.  Beaucoup  de 
dames  sortirent  de  cette  ville  pour  les  voir  arriver, 
entre  autres  la  comtesse  d'Oisy*,  qui  mena  dans  son 
carrosse  la  marquise  d'Havrincourt^  et  M^'^  d'Oisy,  sa 
belle-fille,  âgée  de  seize  ans^,  qui  sortoit  du  couvent. 
C'est  celle  que  j'ai  épousée  en  secondes  noces ^,  et 
qui,  dans  la  suite,  m'a  raconté  l'imprudence  de  sa 

des  fossés  profonds  remplis  d'eau,  et  armées  de  dix  pièces  de 
canon  [Sourches,  t.  XIII,  p.  160). 

1.  Mémoires  de  Villars,  p.  118;  Mémoires  militaires,  p.  413- 
414  et  627-629,  lettre  du  maréchal  de  Montesquiou. 

2.  Partisan  mis  à  la  tête  du  régiment  de  cavalerie  de  ce  Gue- 
them  cité  ci-dessus,  tome  II,  p.  241-242. 

3.  Ci-dessus,  p.  70. 

4.  Marie-Antoinette  de  Rouvroy,  seconde  femme  de  Jean- 
Eustache  de  Tournay  d'Assignies,  comte  d'Oisy,  qui  l'avait 
épousée  le  10  novembre  1694. 

5.  Ci-dessus,  p.  49. 

6.  Elle  avait  au  moins  dix-huit  ans,  sa  mère  étant  morte  en 
1693,  et  plus  probablement  vingt  (voyez  la  Notice  préliminaire 
dans  le  tome  I). 

7.  Tome  I,  p.  67,  et  ci-dessus,  p.  26. 


[Juillet  17HJ  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  75 

belle-mère  ;  car  ces  pauvres  prisonniers  n'avoient  rien 
pour  se  cacher.  Nous  eûmes,  dans  cette  attaque,  envi- 
ron une  centaine  de  soldats  tant  tués  que  blessés,  un 
capitaine  de  tué,  le  marquis  du  ThiH,  brigadier  des 
armées  du  Roi,  et  quelques  autres  officiers  blessés. 

Le  maréchal  de  Montesquiou  vint  rejoindre  ensuite 
notre  armée,  après  avoir  laissé  huit  cents  hommes 
aux  ordres  d'un  lieutenant-colonel  dans  ce  poste,  et 
six  bataillons  à  PallueF,  village  en  deçà  du  Censet, 
dépendant  de  la  terre  d'Oisy,  pour  être  à  portée  de 
protéger  Ghantereine.  Ce  même  jour,  notre  armée 
a  voit  fait  un  mouvement  pour  marcher  sur  sa  gauche, 
qui  fut  appuyée  à  Givenchy-le-Noble^,  près  de  la 
source  de  la  Ganche,  et  sa  droite  à  Arras. 

Le  26,  sur  les  dix  heures  du  matin,  nous  vîmes 
paroître  une  vingtaine  d'escadrons,  dont  plusieurs 
housards  :  c'étoit  milord  Marlborough,  accompagné  de 
ses  officiers  généraux,  qui  venoit  pour  reconnoître 
notre  position. 

Ge  général  ayant  rassemblé,  le  1®'^  août,  toutes  les 
troupes  qui  composoient  son  armée,  il  décampa  de 
Lillers  et  il  marcha  sur  nous,  en  faisant  courir  le  bruit 
que  c'étoit  pour  nous  attaquer.  Ge  mouvement  de 
l'ennemi  nous  fit  resserrer  le  front  de  notre  armée*. 

1.  François-Edouard  Jubert,  marquis  du  Thil,  commandait 
un  régiment  d'infanterie  depuis  1704  et  était  brigadier  du  mois 
de  novembre  1708.  «  Très  brave  homme,  dit  l'annotateur  des 
Mémoires  de  Sourches  (p.  160),  mais  qui  étoit  toujours  blessé 
dans  toutes  les  occasions.  »  Il  mourut  peu  de  jours  après. 

2.  A  deux  kilomètres  au  sud  d'Arleux,  sur  un  bras  de  la  Sensée. 

3.  Commune  du  canton  d'Avesnes-le-Comte. 

4.  Villars  rappela  même  les  corps  séparés  commandés  par 
MM.  de  Magnac  et  de  Coigny  [Mémoires  militaires,  p.  416). 


76  MÉMOIRES  [Août  1711] 

Nous  mimes  notre  droite  à  Montenescourt.  Ainsi, 
comme  nous  étions  de  la  droite,  notre  brigade  se 
trouva  occuper  le  même  terrain  que  nous  occupions 
la  campagne  précédente.  Nous  n'y  fûmes  pas  plus  tôt 
arrivés,  qu'on  nous  fît  travailler  sans  relâche  à  perfec- 
tionner nos  lignes  :  ce  que  nous  fîmes  jusqu'au  5, 
d'autant  plus  que  le  général  ennemi  faisoit  toujours 
courir  le  bruit  qu'il  nous  attaqueroit,  et,  pour  le  per- 
suader davantage,  il  fît  travailler  pendant  deux  jours 
à  faire  des  fascines,  afîn,  disoit-il,  de  combler  nos 
retranchements. 

Le  4,  il  s'approcha  si  près  de  notre  armée,  que,  ne 
doutant  nullement  que  nous  serions  attaqués  le  len- 
demain, nous  nous  préparâmes  tout  de  bon  à  le  bien 
recevoir.  Nous  fûmes  sous  les  armes  toute  la  nuit  et 
le  lendemain  5  jusqu'à  dix  heures  du  matin,  que  nous 
apprîmes  enfin  que  l'armée  ennemie  avoit  décampé 
précipitamment,  la  veille,  à  la  retraite  battue,  et  qu'elle 
avoit  marché  sans  s'arrêter,  afin  de  joindre  M.  de 
Gadogan^  et  M.  Hompesch,  à  qui  milord  Marlborough 
avoit  ordonné  de  passer  le  Gensei  à  ArJeux,  celui-ci  à 
la  tête  d'une  partie  de  la  garnison  de  Douay,  et  l'autre 
ayant  sous  ses  ordres  un  gros  détachement  de  l'ar- 
mée des  alliés^. 

Il  est  à  remarquer  que,  quatre  jours  auparavant,  le 
maréchal  de  Villars  avoit  ordonné  assez  mal  à  propos 
au  commandant  du  château  de  Ghantereine  de  l'aban- 
donner, aussi  bien  que  les  redoutes  élevées  dans  les 


1.  Tome  II,  p.  332. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  418;   Histoire  militaire,   p.  515; 
Mémoires  de  Villars,  p.  123. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  77 

marais  près   d'Arleux   :   ainsi  les  ennemis   n'eurent 
aucun  obstacle  à  passer  le  Censet. 

Réflexion  sur  la  marche  de  Marlborough.  —  Je  ne 
puis  m'empêcher  de  faire  ici  une  réflexion  '  ;  car  je 
suis  persuadé  que  cette  marche  forcée  des  alliés  n'a  été 
faite  que  dans  le  dessein  de  faire  le  siège  de  Gambray. 
Si  milord  Marlborough  n'avoit  eu  seulement  en  vue  que 
le  siège  de  Bouchai n,  auroit-il  hasardé  de  perdre  une 
partie  de  son  armée,  comme  il  hasarda  en  la  faisant 
passer  le  Censet  et  ensuite  l'Escaut?  Il  n'avoit  qu'à 
passer  cette  dernière  rivière  ou  à  Neuville-  ou  à 
Denain  :  il  nous  auroit  été  impossible  de  nous  y  oppo- 
ser. Mais,  me  dira-t-on,  le  camp  volant  aux  ordres 
du  chevalier  de  Luxembourg  les  auroit  empêchés  d'y 
jeter  des  ponts.  Je  répondrai  à  cette  objection  que, 
ne  l'ayant  pas  fait  lorsqu'ils  ont  passé  l'Escaut  à  Étrun, 
par  la  même  raison,  il  ne  se  seroit  pas  opposé  au 
passage  de  cette  rivière  à  Neuville  et  à  Denain,  Ainsi 
je  trouve  extraordinaire  que  le  duc  de  Marlborough, 
à  qui  je  donne  toujours  le  projet  de  faire  le  siège  de 
Gambray,  n'ait  pas  ordonné  à  M.  de  Gadogan  et  à 
M.  Hompesch  qu'aussitôt  qu'ils  auroient  passé  le  Gen- 
set  à  Arleux  avec  leurs  troupes,  de  les  faire  couler  le 
long  du  Marqui  jusqu'à  Inchy-^.  Ils  auroient  eu  le 
temps  de  bien  s'étabhr  sur  cette  petite  rivière,  et,  par 

1.  Comparez  l'exposé  des  mouvements  de  Marlborough  et  de 
Villars  dans  l'Histoire  militaire,  p.  516. 

2.  Neuville-sur-l'Escaut,  arrondissement  de  Valenciennes, 
canton  de  Bouchain. 

3.  Inchy-en-Artois  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Inchy- 
Beaumont,  ci-dessus,  p.  14),  à  six  kilomètres  au  sud  de  Mar- 
quion  et  dix  à  l'ouest  de  Gambray. 


78  MÉMOIRES  [Août  i7H] 

cette  position,  ils  nous  auroient  empêchés  de  nous 
rendre  à  Cambray,  et  ils  auroient  été  les  maîtres  par 
conséquent  de  faire  le  siège  de  cette  place.  Quelle  dif- 
férence pour  eux  !  Cette  grande  faute  et  notre  rapide 
marche  empêchèrent  le  duc  de  Marlborough  de  pro- 
fiter de  douze  heures  de  marche  qu'il  avoit  d'avance 
sur  notre  armée.  Revenons-y. 

Dès  que  le  maréchal  de  Villars  fut  informé  de  la 
marche  des  ennemis,  il  se  mit  à  la  tête  de  la  Maison 
du  Roi,  qui  fut  suivie  de  toute  notre  armée,  pour 
marcher  du  côté  de  Cambray.  Notre  marche  fut  si 
précipitée,  comme  je  viens  de  le  dire,  que  nous  arri- 
vâmes près  de  Marquion,  à  quatre  heures  du  soir,  dans 
le  temps  que  les  ennemis  défiloient  dans  le  village  de 
Palluel,  pour  gagner  Oisy.  De  Montenescourt,  d'où  nous 
venions  de  partir,  à  Marquion,  il  y  a  huit  lieues;  nous 
ne  fîmes  qu'une  halte  d'une  demi-heure;  après  quoi, 
nous  nous  remîmes  en  marche,  pour  passer  la  petite 
rivière  de  Marqui,  afin  de  nous  rendre  à  Bourlon^  qui 
fut  le  centre  de  notre  armée,  dont  nous  appuyâmes  la 
droite  aux  glacis  de  Cambray  et  la  gauche  à  Inchy, 
village  situé  sur  un  marais  qui  assuroit  cette  aile.  Nous 
avions  devant  notre  droite  le  ravin  de  Sailly^  dans  le 
centre,  la  petite  montagne  de  Bourlon^,  dans  laquelle 
on  plaça  la  plus  grande  partie  de  notre  canon,  et  de 
laquelle  on  découvroit  non  seulement  notre  droite  et 

1.  Village  du  canton  actuel  de  Marquion,  à  huit  kilomètres 
ouest  de  Cambray. 

2.  Sailly-lès-Carabray,  village    sur  le  territoire  duquel   se 
trouvait  l'abbaye  augustine  de  Cantimpré. 

3.  Dont  la  pente  qui  regardait  Cambray  était  protégée  par 
un  petit  bois. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  79 

notre  gauche,  mais  tout  le  terrain  jusqu'au  Censet. 
Ainsi,  d'un  coup  d'œil,  on  découvroit  les  deux  armées, 
qui  n'étoient  éloignées  l'une  de  l'autre  que  de  deux 
lieues.  Celle  des  ennemis  avoit  sa  droite  à  Oisy  et  sa 
gauche  à  Étrun  sur  l'Escaut  ^  Rien  ne  séparoit  les  deux 
armées;  il  étoit  donc  à  présumer  qu'il  y  auroit  une 
bataille,  livrée  ou  par  milord  Malborough  ou  par  notre 
général.  Mais  ces  messieurs  en  décidèrent  autrement, 
comme  il  se  verra  dans  la  suite  de  cette  relation. 

Ce  dernier^  en  sortant  de  Marquion  à  la  tête  de  la 
Maison  du  Roi,  pour  gagner  Gambray,  trouva  le  mar- 
quis d'Havrincourt,  à  qui  il  dit  :  «  Monsieur,  je  viens 
exprès  donner  une  bataille  à  l'ennemi  pour  sauver 
votre  terre  d'Havrincourt^;  ce  dessein,  ajouta-t-il, 
n'est-il  pas  bien  honnête?  »  Il  le  pria  en  même  temps 
d'envoyer  un  de  ses  fermiers  à  l'armée  des  alliés,  sous 
prétexte  de  demander  une  sauvegarde,  pour  tâcher 
de  pénétrer  le  parti  qu'ils  alloient  prendre. 

M.  de  Gadogan,  en  arrivant  à  Oisy,  fît  sommer  lin 
capitaine,  qui  étoit  dans  une  tour  avec  cent  dragons, 
à  se  rendre.  Gette  tour  sert  présentement  de  colombier. 
L'officier  lui  fît  réponse  qu'il  s'enseveliroit  plutôt,  lui 
et  ses  dragons,  sous  les  ruines  delà  tour.  On  eut  beau 
le  menacer  qu'il  n'y  auroit  aucun  quartier  pour  lui  et 
pour  ses  dragons,  s'il  ne  se  rendoit  prisonnier  de  guerre 
sur-le-champ  ;  ce  capitaine  s'opiniàtra  si  fort  à  vouloir 

1.  Mémoires  militaires,  p.  419-420;  Histoire  militaire,  p.  516- 
517. 

2.  Le  maréchal  de  Villars. 

3.  Gette  terre,  érigée  en  marquisat  en  1693,  se  trouvait  à 
quelques  kilomètres  en  arrière  des  positions  de  l'armée  fran- 
çaise, au  delà  du  grand  chemin  de  Gambray  à  Bapaume. 


80  MÉMOIRES  [Août  1711] 

se  défendre,  que  M.  de  Gadogan  envoya  chercher  du 
canon  pour  le  mettre  à  la  raison.  Le  comte  d'Oisy, 
mon  futur  beau-père,  voyant  que  l'opiniâtreté  de  cet 
officier  seroit  cause  que  le  canon  alloit  renverser  non 
seulement  sa  tour,  mais  encore  son  château,  fut  lui- 
même  parler  au  capitaine  de  dragons.  Il  lui  fit  entendre 
que  certainement  on  le  feroit  pendre  de  vouloir  résister 
à  une  armée  si  formidable,  s'il  attendoit  que  le  canon 
fût  arrivé,  et  qu'il  occasionneroit  par  là  la  ruine  de  sa 
tour  et  de  son  château.  Enfin,  il  le  persuada  si  bien, 
qu'il  se  rendit  prisonnier  de  guerre  avec  ses  cent 
dragons. 

Le  duc  de  Malborough,  surpris  de  la  diligence  que 
nous  venions  de  faire,  par  laquelle  nous  rompions  le 
dessein  qu'il  avoit  de  marcher  sur  Gambray,  et  se 
voyant  par  là  dans  une  situation  des  plus  critiques, 
ayant  le  Genset  et  des  marais  impraticables  derrière 
son  armée,  à  sa  droite  des  marais  aussi  impraticables, 
et  la  petite  rivière  du  Marqui,  et  à  sa  gauche  l'Escaut, 
et  devant  lui  une  armée  composée  d'une  seule  nation 
et  commandée  par  un  grand  capitaine,  prit  le  parti, 
pour  réparer  son  imprudence,  de  décamper  à  l'entrée 
de  la  nuit  et  de  passer  l'Escaut  à  Étrun,  sur  plusieurs 
ponts  qu'il  fit  faire  sur-le-champ. 

Dès  que  ce  général  fut  arrivé  à  Oisy,  dont  il  fit  son 
quartier  général,  il  monta  dans  un  appartement  dans 
le  haut  du  château  pour  observer  ce  que  nous  faisions. 
Il  s'aperçut  qu'on  dressoit  toutes  les  tentes,  ce  qui  lui 
fit  dire  :  «  J'aurai  le  temps  de  faire  passer  l'Escaut  à 
mon  armée,  puisque  les  François  ne  s'approchent  pas 
de  moi.  »  Le  comte  d'Oisy,  qui  étoit  avec  lui,  entendit 
ce  propos. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  81 

Il  ne  fut  pas  plus  tôt  nuit,  qu'il  fit  décamper  son 
armée  à  petit  bruit,  malgré  la  pluie  qui  tomboit  à 
verse,  et  qui  dura  toute  la  nuit'. 

Revenons  à  notre  armée.  On  fit  distribuer  de  la 
poudre  et  des  balles  à  toute  notre  infanterie.  Le  maré- 
chal de  Villars  prit  toutes  les  précautions  et  toutes  les 
mesures  nécessaires  pour  recevoir  les  ennemis,  per- 
suadé comme  tout  le  monde  que,  le  lendemain,  les 
alliés  nous  feroient  l'honneur  de  nous  rendre  visite. 
J'étois  de  piquet,  ainsi  obligé  de  rester  à  la  tète  du 
camp;  j'essuyai  pendant  toute  la  nuit  la  pluie  sur  le 
corps.  A  la  petite  pointe  du  jour,  nous  apprîmes 
par  les  déserteurs  que  les  ennemis  avoient  marché 
toute  la  nuit,  qu'une  partie  de  leur  armée  avoit  passé 
l'Escaut  à  Étrun,  qu'il  y  avoit  un  grand  désordre  dans 
leurs  troupes,  qui  croyoient  que  nous  allions  tomber 
à  tout  moment  sur  eux,  ce  qui  les  obligeoit  de  passer 
cette  rivière  avec  précipitation.  Nous  étions  dans 
l'attente,  persuadés  que  notre  général  nous  feroit 
marcher  pour  attaquer  leur  arrière-garde,  d'autant 
plus  qu'il  étoit  instruit  de  leur  marche,  non  seulement 
par  les  déserteurs  et  par  les  espions,  mais  aussi  par 
le  chevalier  de  Luxembourg,  qui  étoit  au  delà  de 
l'Escaut  avec  son  camp  volant;  il  l'informoit  tous  les 
quarts  d'heure  de  la  quantité  de  troupes  qui  avoient 
passé  cette  rivière.  Malgré  tous  les  avis  que  notre  géné- 
ral recevoit,  il  restoit  dans  une  tranquillité  qui  étonnoit 
tous  les  officiers  généraux,  tous  les  officiers  particu- 

1.  Voyez  les  correspondances  de  la  Gazette  d'Amsterdam, 
n°'  Lxm  et  lxiv  et  Extraordinaire  lxiv,  qui  donnent  d'intéres- 
sants détails  sur  la  maixhe  de  l'armée  de  Marlborough  et  sur 
son  retour  en  arrière  vers  Bouchiain. 

ni  6 


82  MÉMOIRES  [Aoùt17H] 

liers  et  tous  les  soldats.  Il  y  avoit  un  murmure  géné- 
ral répandu  dans  toute  l'armée.  Nous  nous  disions  les 
uns  aux  autres  :  «  La  terreur  a  gagné  le  cœur  de  tous 
«  nos  officiers  généraux  d'aujourd'hui.  Voici  une  occa-  f 

«  sion  des  plus  sûres  que  nous  ayons  jamais  eues  pour 
c(  détruire  une  partie  de  l'armée  ennemie,  et  cepen- 
«  dant  on  nous  laisse  les  bras  croisés  dans  une  funeste 
«  tranquillité.  »  Enfin,  sur  les  onze  heures  du  matin, 
on  bat  la  générale  et  l'assemblée  presque  en  même  9 

temps,  et  sur-le-champ  l'armée  s'ébranle  pour  marcher 
à  elle.  Mais  il  n'étoit  plus  temps  :  toute  leur  armée 
étoit  passée,  et  leurs  ponts  plies.  On  fit  prisonniers 
quelques  traîneurs  et  quelques  maraudeurs.  Ce  fut  là 
à  quoi  se  termina  toute  cette  belle  expédition. 

On  peut  dire  dans  cette  occasion  que  le  général 
anglois  fut  plus  heureux  que  sage  ;  car,  si  le  maré- 
chal de  Villars  avoit  fait  marcher  son  armée  le  6,  deux 
heures  avant  le  jour,  sur  l'ennemi,  nous  aurions  trouvé 
son  arrière-garde  en  deçà  de  l'Escaut,  et,  sans  en  venir 
aux  mains,  notre  seul  canon  l'auroit  détruite;  car,  un 
peu  en  deçà  de  l'endroit  où  l'armée  ennemie  campoit, 
il  y  a  des  hauteurs  qui  régnent  presque  jusqu'à  Auben- 
cheul  et  qui  dominent  tout  le  terrain  jusqu'au  Genset 
et  jusqu'à  Étrun. 

Dans  la  suite,  nous  apprîmes  le  motif  qui  avoit 
empêché  le  maréchal  de  Villars  d'attaquer  l'ennemi. 
Le  voici  : 

Le  Roi  lui  avoit  fait  part,  à  lui  seul,  qu'il  travailloit  à 
faire  la  paix  avec  la  reine  Anne  ;  que,  pour  y  parvenir, 
M.  l'abbé  Gaultier ^  chanoine  de  Bayeux,  et  M.  Mesna- 

1.  François  Gaultier,  d'abord  sacristain  de  Saint-Germain- 
en-Laye,  ayant  accompagné  comme  chapelain  le  maréchal  de 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  83 

ger^,  célèbre  négociant,  s'étoient  rendus  à  Londres 
incognito,  lesquels,  avec  le  maréchal  de  Tallard,  qui 
étoit  toujours  prisonnier,  avoient  des  conférences 
secrètes  avec  les  ministres  de  la  Reine  à  ce  sujet  ;  qu'il 
y  avoit  toute  apparence  que  les  négociations  se  termi- 
neroient  heureusement  ;  que,  pour  ne  point  donner 
aucun  prétexte  à  la  reine  de  la  Grande-Bretagne  de 
rompre  les  négociations,  le  Roi  lui  avoit  donné  des 
ordres  précis  de  se  tenir  seulement  sur  la  défensive. 
Milord  Marlborough  avoit  reçu  les  mêmes  ordres  de  sa 
souveraine;  mais,  comme  il  étoit  de  son  intérêt,  par 
rapport  à  sa  gloire  et  par  rapport  au  profit  qu'il 
tiroit  de  la  guerre  (personne  ne  faisoit  plus  valoir  les 
sauvegardes  que  lui^),  il  n'eut  aucun  égard  à  ce  que 
cette  reine  lui  avoit  ordonné  :  ce  qui,  dans  la  suite,  lui 
causa,  et  à  sa  femme ^,  leurs  disgrâces. 

Tallard  lors  de  son  ambassade  en  Angleterre  en  1693,  entra  en 
relation  avec  le  comte  de  Jersey  et  s'établit  à  Londres.  Il  ne 
revint  en  France  qu'après  la  conclusion  de  la  paix  d'Utrecht, 
et  mourut  en  1720  au  château  de  Saint-Germain,  pensionné  à 
la  fois  par  la  France,  l'Espagne  et  l'Angleterre.  Louis  XIV  lui 
avait  donné  les  abbayes  de  Savigny  et  d'Olivet.  On  voit  dans 
les  Mémoires  de  Saint-Simon  (éd.  1873,  t.  XVII,  p.  72)  ce  que 
ce  duc  pensait  de  l'habileté  et  de  la  modestie  de  l'abbé 
Gaultier. 

1.  Xicolas  Mesnager  (1658-1714),  gros  négociant  de  Rouen, 
intéressé  dans  les  entreprises  maritimes,  était  député  au  Con- 
seil de  commerce  depuis  1700  et  avait  été  chargé  de  différentes 
missions  en  Espagne  et  en  Hollande.  Son  rôle  comme  troisième 
plénipotentiaire  aux  conférences  d'Utrecht  a  été  étudié  à 
diverses  reprises. 

2.  Si  ce  n'est  Villars,  son  adversaire  actuel,  dont  les  con- 
temporains ont  signalé  les  scandaleux  profits  sur  les  contri- 
butions. 

3.  Sarah  Jennings  (1660-1744),  mariée  en  1678,  dame  d'hon- 


U  MÉMOIRES  [Août  17H] 

Une  seule  parole  nous  procura  cette  paix,  qui  fut 
suivie,  deux  ans  et  demie  après,  de  la  paix  générale. 
L'abbé  Gaultier  avoit  un  commerce  de  lettres  avec  un 
de  ses  amis  à  Londres.  Dans  une,  il  mit  simplement 
ces  mots  :  «  Eh  !  mon  Dieu  !  n'aurons-nous  donc  jamais 
la  paix?  »  Cet  ami  lui  fit  cette  réponse  :  «  Tant  que 
vous  vous  adresserez  à  d'autres  qu'à  nous,  ne  comptez 
point  sur  cette  paix.  »  L'abbé  ne  fit  d'abord  aucune 
attention  à  ce  discours;  mais,  un  jour,  ayant  fait  lire 
la  lettre  à  un  de  ses  amis,  cet  ami  lui  fit  entendre  que 
cela  pouvoit  être  de  conséquence,  et  il  lui  conseilla  de 
la  faire  voir  à  M.  de  Torcy,  alors  secrétaire  d'État  des 
Affaires  étrangères  :  ce  qu'il  fit.  Ce  ministre  le  pria  de 
lui  remettre  la  lettre  ;  il  la  fit  voir  au  Roi.  Ce  prince 
ordonna  à  M.  Gaultier,  par  M.  de  Torcy,  de  récrire  à 
son  ami  pour  l'engager  à  s'expliquer  davantage.  Sa 
réponse  fut  que,  si  nous  voulions  avoir  la  paix,  il  fal- 
loit  s'adresser  à  l'Angleterre,  et  non  à  d'autres  puis- 
sances, et  dans  la  même  lettre,  il  lui  mandoit  qu'il 
feroit  bien  de  venir  à  Londres,  d'amener  avec  lui  une 
personne  entendue  au  commerce.  Le  Roi,  informé  de 
cette  réponse,  fit  partir  cet  abbé  et  M.  Mesnager,  qui 
se  rendirent  dans  cette  ville  incognito,  comme  je  l'ai 
déjà  dit  ^ 

neur  de  la  princesse  Anne  de  Danemark,  devint  en  grande 
faveur  lorsque  celle-ci  succéda  à  Guillaume  III.  Disgraciée  en 
1710,  et  son  mai'i  en  1711,  elle  se  l'etira  avec  lui  en  Allemagne 
et  ne  revint  en  Angleterre  qu'à  l'avènement  de  Georges  I". 

1.  Le  Journal  inédit  du  marquis  de  Torcy,  publié  en  1884  par 
M.  Frédéric  Masson,  et  qui  malheureusement  s'arrête  brus- 
quement au  mois  de  mai  1711,  mais  est  complété  par  les 
Mémoires  du  même  (éd.  Michaud  et  Poujoulat,  p.  665  et  suiv.), 
détruit  presque  entièrement  (p.  347  et  suiv.)  ce  récit  de  notre 


[Août  171 IJ  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  85 

En  voilà  assez  pour  justifier  le  maréchal  de  VilJars 
dans  cette  occasion  ;  mais  peut-on  le  justifier  de  n'avoir 
pas  fait  faire  des  ponts  sur  le  Genset  aussitôt  que  les 
ennemis  eurent  passé  l'Escaut,  afin  de  faire  passer  à 
la  plus  grande  partie  de  son  armée  cette  première 
rivière  et  ensuite  faire  longer  les  troupes  qui  auroient 
passé?  En  les  étendant  jusqu'à  Neuville  et  à  Denain 
le  long  de  l'Escaut,  sur  la  rive  gauche,  il  auroit  cer- 
tainement empêché  les  alliés  de  passer,  et  par  consé- 
quent il  auroit  empêché  le  siège  de  Bouchain  ;  car  il 
leur  auroit  ôté  la  communication  de  leur  armée  avec 
Douay,  d'où  ils  tirèrent  les  munitions  de  guerre  et  de 
bouche  pendant  tout  le  siège.  Il  envoya  bien,  le  soir,  le 
comte  de  Broglie,  avec  sa  réserve,  pour  s'opposer  à 
leur  passage;  mais  il  arriva  trop  tard^.  Les  ennemis, 
plus  habiles  que  nous,  sans  perdre  de  temps,  avoient 
fait  faire  plusieurs  ponts  à  Denain  et  à  Neuville.  Ainsi, 
Ghonchon  (sobriquet  que  l'on  donnoit  au  comte  de 
Broglie)^  fut  obligé  de  s'en  revenir  bien  vite;  car  il 
trouva  des  troupes  bien  supérieures  en  nombre  aux 
siennes  qui  étoient  déjà  en  deçà  de  l'Escaut,  Si  le 
maréchal  avoit   pris   sur-le-champ  ce  parti,  à  quoi 

auteur.  L'abbé  Gaultier  était  à  Londres  depuis  longtemps;  il 
était  en  correspondance  avec  Torcy  sous  des  noms  supposés 
depuis  1709,  et  des  négociations  préliminaires  s'étaient  enga- 
gées par  son  canal  dès  cette  époque.  Dans  les  premiers  mois  de 
1711,  il  fit  plusieurs  voyages  de  Londres  à  Paris,  et  Mesnager 
ne  lui  fut  adjoint  qu'au  mois  d'août,  pour  discuter  les  questions 
commerciales. 

1.  Il  ne  réussit  qu'à  faire  trois  cents  prisonniers  [Mémoires 
militaires,  p.  421). 

2.  Déjà  dit  ci-dessus,  p.  35.  Peut-être  faudrait-il  lire  Chou- 
chou, quoique  le  manuscrit  porte  clairement  Chonchon. 


86  MÉMOIRES  [Août  1711] 

auroit  abouti  cette  grande  marche  de  milord  Marlbo- 
rough?  Il  auroit  été  obligé  de  se  retirer  du  côté  de 
Mons  par  rapport  aux  subsistances.  Quelle  honte  pour 
lui,  et  quelle  gloire  pour  le  maréchal,  qui  auroit  fait 
une  des  plus  belles  campagnes  ! 

Il  m'a  été  dit,  par  rapport  au  passage  des  enne- 
mis à  Étrun,  que,  le  chevalier  de  Luxembourg  étant 
venu  rendre  compte  à  M.  de  Villars,  ce  général  lui 
avoit  dit  en  présence  de  plusieurs  officiers  généraux  : 
«  Pourquoi,  Monsieur,  n'avez-vous  pas  attaqué  la  tête 
«  de  l'avant-garde  de  l'armée  ennemie?  Vous  pouviez 
«  le  faire  facilement  sans  rien  risquer.  »  —  «  Pourquoi, 
«  Monsieur?  répliqua  le  chevalier.  Parce  que  vous  me 
«  l'avez  ordonné  ;  en  voici  l'ordre  signé  de  votre  main.  » 
Le  maréchal  voulut  le  voir,  et,  dès  qu'il  lui  eut  été 
remis,  il  le  mit  dans  sa  poche.  On  fut  étonné  du  peu 
de  fermeté  du  chevalier  de  Luxembourg  à  redeman- 
der son  ordre,  d'autant  plus  que  cela  pouvoit  lui  faire 
grand  tort.  Gela  se  passa  cependant  tranquillement. 
On  trouva  le  procédé  du  maréchal  injuste  et  malhon- 
nête. 

Les  ennemis,  ayant  passé  l'Escaut,  mirent  leur 
droite  à  Avesnes-le-Sec^  et  leur  gauche  à  Haspres^, 
sur  la  Selle,  petite  rivière  qui  prend  sa  source  à  Vaux- 
en- Arrouaise^,  passe  au  Cateau-Gambrésis  et  va  se 
jeter  dans  l'Escaut  presque  vis-à-vis  de  Denain.  Ils 
avoient  un  ravin  devant  le  front  de  leur  armée,  et  ils 
envoyèrent  un  gros  détachement  pour  faire  faire  des 

1.  Village  situé  à  six  kilomètres  sud-est  de  Bouchain. 

2.  A  quatre  kilomètres  est  d'Avesnes-le-Sec. 

3.  Ou  Vaux-Andigny,  département  de  lAisne,  arrondisse- 
ment de  Vervins,  canton  de  Wassigny. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  87 

ponts  à  Denain  et  à  Neuville,  comme  il  a  été  dit  ci- 
dessus^. 

A  l'égard  de  notre  armée,  le  maréchal  mit  la  droite 
un  peu  au-dessous  de  Gambray  et  sa  gauche  à  Paillen- 
court,  sur  le  Genset.  Ensuite,  il  fit  construire  un  pont 
à  Wasnes^  et  un  autre  à  Aubencheul,  afin  de  se  mettre 
en  état  d'inquiéter  les  ennemis  par  rapport  à  leurs 
convois.  Il  envoya  le  même  jour  M.  d'Affry^,  à  la  tète 
de  cinq  cents  grenadiers,  dans  Bouchain,  pour  ren- 
forcer la  garnison*.  Il  y  avoit  dans  cette  place  les 
deux  bataillons  de  Lannoy,  les  deux  de  Foix^,  un  de 
Choiseul^,  un  de  la  Ghau-Montauban''',  un  de  la  ïour^, 
un  de  Senneterre^,  et  cinq  cents  Suisses,  aux  ordres 

1.  Ci-dessus,  p.  85. 

2.  Wasnes-au-Bac,  à  cinq  kilomètres  ouest  de  Bouchain,  dans 
des  marais  formés  par  la  Sensée. 

3.  François  d'Affry,  d'origine  suisse,  était  brigadier  depuis 
1709;  il  eut  en  1714  un  régiment  suisse,  devint  maréchal  de 
camp  en  1719,  lieutenant  général  en  août  1734,  et  fut  tué 
quelques  jours  plus  tard  à  la  bataille  de  Guastalla. 

4.  Outre  ses  grenadiers,  M.  d'Affry  amena  dans  la  place 
deux  bataillons  d'infanterie,  deux  régiments  de  dragons  à  pied 
et  quatre  cents  sacs  de  farine  [Mémoires  militaires,  p.  421). 

5.  Créé  en  1684,  ce  régiment  avait  pour  colonel  M.  deThomé. 

6.  Levé  en  1702  et  licencié  en  1714. 

7.  Levé  aussi  en  1702,  ce  régiment  fut  incorporé  dans  Tallard 
en  1714;  il  était  commandé  par  François-Hector  de  la  Tour- 
du-Pin,  comte  de  la  Chau-Montauban. 

8.  Nous  n'avons  pu  trouver  quel  était  ce  régiment.  Les 
Mémoires  militaires  ne  contiennent  pas  d'état  de  la  garnison 
de  Bouchain.  L'Histoire  militaire  dit  aussi  la  Tour;  mais  c'est 
là  que  notre  auteur  a  pris  ce  nom. 

9.  Commandé  par  Jean-Charles,  marquis  de  la  Ferté-Senne- 
terre,  ce  corps  n'exista  que  pendant  la  durée  de  la  guerre 
(1702-1714). 


88  MÉMOIRES  [Août  1711] 

de  M.  de  Selve^  et  de  M.  de  Ravignan^,  tous  deux 
d'une  grande  réputation.  On  étoit  assuré  que  les  alliés 
en  feroient  le  siège. 

Le  lendemain,  notre  armée  fit  un  mouvement  en 
arrière,  afin  que  les  troupes  fussent  plus  à  portée  des 
fourrages.  La  droite  fut  appuyée  à  Rumilly^,  village 
sur  l'Escaut,  entre  Cambray  et  Étrun,  et  la  gauche  à 
Marquion. 

Le  9,  le  maréchal  de  Villars,  au  désespoir  de  voir 
que  les  ennemis  alloient  faire  le  siège,  à  sa  barbe, 
d'une  place  qui  n'étoit  éloignée  de  son  armée  que 
d'une  lieue,  fit  passer  le  maréchal  de  Montesquiou,  à 
la  tête  de  trente  bataillons,  au  delà  du  Genset,  pour 
élever  un  retranchement  depuis  Wavrechain'^  jusqu'à 
Wasnes,  pour  tâcher  de  conserver  une  communication 
avec  Bouchain.  Ce  retranchement  s'allongeoit  jusqu'à 
l'Escaut,  et  il  fit  faire,  depuis  ce  retranchement  jusqu'à 
cette  place,  un  chemin  de  fascines  sur  le  marais,  sur 
la  rive  gauche  de  la  rivière,  à  passer  deux  hommes 
seulement  de  front  \ 

Le  10,  après  avoir  dîné,  je  me  retirai  dans  ma 

1.  Ci-dessus,  p.  42, 

2.  Tome  II,  p.  337. 

3.  A  quelques  kilomètres  au  sud  de  Cambray.  Ni  les  Mémoires 
militaires  (p.  422),  ni  VHistoire  militaire  (p.  517)  ne  disent  que 
les  lignes  fussent  aussi  étendues. 

4.  Wavrechain-sous-Faulx,  à  l'ouest  de  Bouchain,  sur  la 
Sensée. 

5.  C'est  Albergotti  qui  commandait  les  trente  bataillons 
envoyés  le  9;  le  maréchal  de  Montesquiou  alla  le  rejoindre,  le 
10,  avec  quarante-cinq  autres  bataillons  [Mémoires  militaires, 
p.  422-423). 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  89 

chambre  pour  lire,  ce  que  j'ai  toujours  pratiqué 
lorsque  je  n'avois  rien  à  faire;  j'aperçus  que  nos  hou- 
sards  poursuivoient  vivement  ceux  des  alliés,  et  en 
même  temps  j'entendis  battre  la  générale,  et,  sur-le- 
champ,  l'assemblée.  Je  montai  promptement  à  cheval; 
je  me  rendis  au  régiment,  qui  étoit  déjà  en  marche 
pour  passer  l'Escaut  au-dessous  de  Rumilly,  aussi 
bien  que  toute  l'armée.  En  moins  d'une  demi-heure, 
elle  passa  cette  rivière,  et  elle  se  trouva  à  portée  du 
canon  de  celle  des  ennemis,  que  nous  vîmes  en  bataille, 
le  ravin  de  la  Fosse-Gerclain  entre  les  deux  armées. 
Ce  mouvement  hardi  et  fait  à  propos  en  imposa  si 
bien  aux  alliés,  que  le  duc  de  Marlborough  fit  promp- 
tement retirer  cinquante  escadrons  et  soixante  batail- 
lons qu'il  avoit  détachés  de  son  armée  pour  attaquer 
le  maréchal  de  Montesquiou,  qui  faisoit  travailler  au 
retranchement  au  delà  du  Genset,  comme  je  l'ai 
remarqué  déjà.  Ce  milord  avoit  voulu  faire  cette 
attaque  auparavant  que  nous  eussions  achevé  le  camp 
retranché^. 

Les  ennemis  s'étant  retirés  dans  leur  camp,  nous 
en  fîmes  de  même  de  notre  côté.  Nous  restâmes  dans 
cette  position  pendant  tout  le  siège  de  Bouchain  et 
pendant  tout  le  reste  de  la  campagne.  Nous  y  étions 
dans  une  tranquillité  des  plus  profondes.  Nous  nous 
assemblions  une  cinquantaine  d'officiers,  trois  fois  la 
semaine,  chez  le  duc  de  la  Trémoille-,  qui  étoit  logé 

1.  C'est  dans  V Histoire  militaire,  p.  518,  que  notre  auteur 
prend  tous  ces  détails. 

2.  Charles-Louis-Bretagne,  duc  de  la  ïrémoïUe  (1683-1719), 
était  colonel  d'un  régiment  de  son  nom  et  brigadier  depuis  le 
mois  de  janvier  1709. 


90  MÉMOIRES  [Août  1711] 

aussi  dans  le  village  de  Rumilly.  Nous  y  faisions  des 
concerts.  Je  faisois  porter  toujours  ma  basse  de  viole 
sur  un  mulet  de  mon  petit  équipage.  G'étoit  une 
grande  ressource  pour  moi,  aussi  bien  que  la  lecture, 
dont  je  faisois  ma  principale  occupation  lorsque  mon 
sei'vice  étoit  fait,  et  que  je  ne  montois  pas  à  cheval 
pour  suivre  les  officiers  généraux  ;  car  je  ne  me 
lassois  point  de  les  accompagner  le  plus  souvent  que 
je  pouvois. 

Les  trente  bataillons,  aux  ordres  du  maréchal  de 
Montesquieu,  destinés  pour  travailler  et  pour  défendre 
le  camp  de  Wasnes  se  relevoient  tous  les  jours.  Notre 
régiment  y  fut  le  12!.  Sur  les  onze  heures  du  matin, 
nous  fûmes  spectateurs  d'un  combat  de  cavalerie  qui 
se  donna  à  portée  du  canon  de  nos  retranchements. 
Le  maréchal  de  Villars,  accompagné  d'une  trentaine 
d'officiers  généraux  ou  d'autres,  en  étoit  sorti  pour 
aller  reconnoître  les  lignes  de  circonvallation  des 
ennemis,  qui  étoient  du  même  côté  que  le  camp  de 
M.  de  Montesquiou.  Une  centaine  de  housards  et  un 
seul  escadron  de  carabiniers  marchoient  devant  lui. 
Dès  que  nos  carabiniers  furent  sur  une  hauteur,  ils 
se  virent  attaqués  par  six  escadrons  ennemis,  qui 
enveloppèrent  si  bien  nos  carabiniers,  qu'ils  furent 
obligés  de  se  faire  jour  au  travers  de  leurs  escadrons, 
qu'ils  percèrent  le  sabre  à  la  main.  Nous  admirâmes 
la  valeur  de  ce  corps  respectable  ;  mais  la  retraite 
précipitée  de  la  troupe  dorée*  dans  nos  retranche- 

1.  C'est-à-dire  la  troupe  des  officiers  généraux  qui  accom- 
pagnaient le  maréchal.  On  a  déjà  eu  occasion  de  voir  à  plusieurs 
reprises  que  notre  auteur  n'aimait  pas  l'état-major  et  ne  per- 
dait aucune  occasion  de  s'en  moquer. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  91 

ments  nous  fit  éclater  de  rire.  Mauvaise  troupe  pour 
charger  que  la  cour  d'un  général  !  M.  Clouet,  maré- 
chal de  camp*,  qui  commandoit  ce  détachement,  et 
M.  de  Prémont,  major  des  carabiniers,  furent  pris. 
Une  vingtaine  de  carabiniers  eurent  le  même  sort  ; 
outre  cela,  il  y  en  eut  trente  de  tués  ou  de  blessés. 
Nos  cent  housards  favorisèrent  assez  bien  les  carabi- 
niers ;  ils  étoient  sur  le  flanc  des  escadrons  ennemis, 
et  de  là  ils  tiroient  sur  eux  continuellement  avec  leurs 
carabines.  L'affaire  finie,  nous  fûmes  nous  promener, 
plusieurs  officiers  et  moi,  sur  ce  champ  de  bataille, 
d'où  nous  apercevions  les  lignes  de  circonvallation.  Les 
alliés  n'en  avoient  point  fait  sur  la  rive  droite  de  l'Es- 
caut, leur  armée  étant  en  sûreté  de  ce  côté-là,  d'autant 
plus  que  le  camp  volant  du  chevalier  de  Luxembourg, 
campé  sous  le  canon  de  Valenciennes,  n'étoit  pas  assez 
considérable  pour  les  inquiéter. 

Les  ennemis,  qui  vouloient  nous  empêcher  d'ache- 
ver nos  retranchements  entre  Wavrechain  et  Wasnes 
et  nous  ôter  la  communication  de  ce  camp  avec  Bou- 
chain,  firent  élever  un  retranchement  sur  la  même 
hauteur  où  s'étoit  passé  le  combat  de  nos  carabiniers  ; 
ils  y  mirent  du  canon,  qui  tiroit  sur  nos  travailleurs. 
Nous  leur  répondions  des  nôtres  vivement. 

Tous  nos  officiers  d'infanterie  étoient  bien  persua- 

1.  «  Soldat  de  fortune  originaire  de  Vitry-le-François,  »  dit 
l'annotateur  des  Mémoires  de  Sourches,  t.  XIII,  p.  170.  Il 
n'était  que  brigadier,  et  non  pas  maréchal  de  camp.  C'est  dans 
V Histoire  militaire,  p.  519,  que  notre  chevalier  prend  ce  récit; 
cependant,  il  le  rectifie  en  disant  que  MM.  Clouet  et  de  Pré- 
mont furent  faits  prisonniers;  le  marquis  de  Quincy  les  disait 
tués. 


92  MEMOIRES  [Aoùt1711J 

dés  que  la  communication  de  fascines  que  nous  avions 
faite  depuis  le  retranchement  de  Wavrechain  jusqu'à 
Bouchain  ne  pouvoit  pas  se  soutenir.  Les  ennemis 
étant  les  maîtres  de  la  rive  gauche  du  Censet  depuis 
cette  hauteur,  dont  nous  avons  parlé,  et  de  la  rive 
droite  de  l'Escaut  jusqu'à  cette  place,  ils  pouvoient 
aisément  se  rendre  maîtres  de  cette  communication 
par  le  même  travail  que  nous  avions  fait,  c'est-à-dire 
en  y  arrivant  par  des  levées  de  fascines  :  ce  qu'ils 
firent;  et,  l'ayant  poussé  assez  près  des  deux  côtés, 
ils  l'attaquèrent  dans  la  nuit  du  16  au  17  d'août,  et 
ils  obligèrent  nos  grenadiers  de  se  retirer  avec 
précipitation.  Les  uns  gagnèrent  le  camp  de  M.  de 
Montesquieu,  et  les  autres  Bouchain^.  Ainsi,  cette 
communication  ayant  été  coupée,  les  alliés  songèrent 
sérieusement  à  faire  le  siège  de  cette  place.  Parlons 
un  peu  de  Bouchain. 

Bouchain^.  —  La  ville  de  Bouchain  est  assez  bien 
fortifiée  ;  elle  est  située  sur  l'Escaut,  qui  la  partage  en 
deux  ;  elle  est  entre  Gambray  et  Valenciennes.  Son 
château  est  très  fort.  Elle  est  la  capitale  du  pays 
d'Ostrevant^  Du  temps  des  comtes  particuliers  du 

1.  C'est  dans  la  nuit  du  16  au  17  août  que  les  ennemis  rom- 
pirent la  communication  établie  avec  Bouchain.  A  la  cour,  on 
blâma  beaucoup  Villars  de  ne  s'y  être  pas  opposé,  et  le  Roi  fut 
tellement  mécontent,  que  le  maréchal  crut  utile  d'envoyer  à 
Versailles  M.  de  Contades,  major  général  de  l'armée,  pour 
expliquer  sa  conduite  [Mémoires  militaires,  p.  426-428  et  641- 
647,  lettres  du  maréchal,  de  M.  de  Contades  et  du  ministre 
Voysin;  Histoire  militaire,  p.  520;  Mémoires  de  Sourches, 
p.  173,  etc.). 

2.  Le  Grand  dictionnaire  géographique  à'^x^iWy,  t.  I,  p.  707, 
contient  une  description  de  Bouchain  au  xviii*  siècle. 

3.  Ce  petit  pays  portait  aussi  le  nom  d'île  de  Sainl-Amand, 


[Août  \1\\]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  93 

Hainaut,  leurs  fils  aînés  portoient  le  nom  de  cette  chà- 
tellenie.  On  prétend  que  la  ville  de  Bouchain  est  bâtie 
depuis  mille  ans*  ;  elle  n'est  pas  plus  grande  qu'elle 
étoit  dans  son  commencement.  Il  y  a  une  prévôté  et 
un  seul  magistrat.  Elle  est  de  l'évêché  d'Arras  et  du 
gouvernement  général  de  Flandres. 

Tout  étant  prêt  pour  l'ouverture  de  la  tranchée, 
elle  se  fit  la  nuit  du  21  au  22  d'août,  à  deux  endroits 
différents,  et,  le  24,  on  fit  une  troisième  attaque,  afin 
de  fatiguer  la  garnison.  Le  31,  nous  entendîmes  le 
bruit  du  canon  des  assiégeants  qui  ne  discontinuoit 
de  tirer.  Il  étoit  à  présumer  que  la  nombreuse  artil- 
lerie qu'ils  avoient  devant  Bouchain  mettroit  bientôt 
en  poussière  cette  place  et  l'obligeroit  à  se  rendre  : 
ce  qu'elle  fit  le  14  de  septembre,  après  vingt-deux 
jours  de  tranchée  ouverte-.  La  garnison  fut  forcée  de 
se  rendre  prisonnière  de  guerre,  M.  de  Mariborough 
n'ayant  pas  voulu  consentir  aux  conditions  convenues 
entre  MM.  de  Ravignan  et  de  Selve,  d'une  part,  et 
M.  Fagel,  de  l'autre,  celui-ci  chargé  de  faire  le  siège, 
savoir  :  que  les  troupes  qui  composoient  la  garnison 
ne  serviroient  point  jusqu'au  moment  qu'elles  auroient 
été  échangées^. 

parce  qu'il  était  compris  entre  l'Escaut,  la  Scarpe  et  la  Sensée, 
et  que,  après  Bouchain,  Saint-Amand-les-Eaux  en  était  la  ville 
principale. 

1.  On  la  disait  fondée  par  Pépin  le  Bref. 

2.  Histoire  militaire,  p.  518-526;  Mémoires  militaires,  p.  429- 
437;  Mémoires  de  Sourclies,  p.  180,  192  et  194;  Journal  de 
Dangeau,  t.  XIII,  p.  468,  471,  475,  478  et  480;  Gazette  de 
France,  p.  443,  444,  454-456  et  468;  surtout  les  correspon- 
dances de  la  Gazette  d'Amsterdam,  n°^  lxviu-lxxv,  avec  les 
Extraordinaires. 

3.  Dans  les  pièces  des  Mémoires  militaires  (p.  667-670),  il  y  a 


94  MÉMOIRES  [Août  1711] 

Pendant  le  siège,  le  maréchal  de  Villars  (leo  circuit 
quœrens  quem  devoret)  fit  deux  entreprises  :  la  première 
réussit  assez  bien,  et  la  seconde  échoua.  Si  celle-ci 
avoit  eu  un  succès  favorable,  il  auroit  non  seulement 
obligé  le  duc  de  Marlborough  de  lever  le  siège  de  Bou- 
chain,  mais  encore  il  auroit  mis  l'armée  de  ce  grand 
capitaine  dans  une  situation  des  plus  critiques.  Parlons 
d'abord  de  la  première. 

Attaque  d'HordainK  —  Le  31,  le  marquis  de  Soye- 
court,  notre  colonel,  me  proposa  d'aller  souper  en- 
semble chez  M.  de  ***,  qui  étoit  logé  à  une  demi-lieue 
de  nous.  Le  souper  fut  très  gai,  et  il  auroit  été  poussé 
très  loin,  sans  un  officier-major  du  régiment  qui  vint, 
à  onze  heures,  avertir  M.  de  Soyecourt  qu'il  étoit  com- 
mandé avec  un  gros  détachement  d'infanterie  pour 
une  expédition.  Il  ajouta  que  le  maréchal  de  Villars 
étoit  déjà  à  cheval,  accompagné  des  officiers  généraux. 
Cet  avis  nous  fit  quitter  bien  vite  la  table  pour  mon- 
ter à  cheval.  Nous  joignîmes  le  détachement,  composé 
de  trois  mille  grenadiers  et  de  trois  mille  fusiliers,  qui 
marchoient  droit  à  Étrun. 

En  chemin  faisant,  nous  apprîmes  que  le  comte  de 
Goigny  avoit  défait  huit  escadrons  qui  couvroient  un 
fourrage  que  les  ennemis  faisoient  du  côté  du  Ques- 

un  rapport  de  M.  de  Ravignan,  signé  parles  autres  officiers  de 
la  garnison,  sur  le  manquement  à  la  parole  donnée  dont  ils 
accusèrent  les  généraux  ennemis.  Les  Mémoires  de  Sourches 
(t.  XIII,  p.  195-196)  racontent  sommairement  l'incident, 
et  la  Gazette  d'Amsterdam,  n°  lxxv,  donne  la  version  des 
alliés. 

1 .  Commune  du  canton  de  Bouchain,  à  quatre  kilomètres  sud 
de  cette  place,  sur  la  rive  droite  de  l'Escaut. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  95 

noy';  que  le  comte  d'Herbac,  lieutenant  général^,  et 
le  comte  de  Wassenaer,  sergent-major  général^,  et 
beaucoup  d'officiers  particuliers  avoient  été  faits  pri- 
sonniers de  guerre. 

Aussitôt  que  le  détachement  fut  arrivé  près  de 
l'Escaut,  le  maréchal  de  Villars  fit  faire  plusieurs  ponts 
de  fascines  appuyées  sur  des-  troncs  d'arbres,  sur  les- 
quels il  fit  passer  nos  troupes.  Le  marquis  de  Chàteau- 
morand,  maréchal  de  camp%  commandoit  le  tout. 
Lorsqu'il  fut  près  du  village  d'Hordain,  auprès  duquel 
les  alliés  avoient  quatre  bataillons  campés  pour 
assurer  la  droite  de  leur  armée,  il  envoya  quinze  cents 
hommes,  tant  grenadiers  que  fusiliers,  aux  ordres  de 
MM.  de  Soyecourt  et  de  Fénelon,  celui-ci  colonel  du 
régiment  de  Bigorre^,  pour  les  attaquer.  Il  fallut  tra- 
verser auparavant  ce  gros  village  pour  aller  à  eux. 
Cette  marche  se  fit  avec  si  peu  de  bruit,  quoique 
beaucoup  d'officiers  généraux  et  particuliers  y  étoient 
logés,  que  MM.  de  Soyecourt  et  de  Fénelon  tombèrent 
sur  les  deux  bataillons  qui  y  étoient  restés,  les  deux 
autres  étant  de  tranchée  devant  Bouchain,  auparavant 

1.  C'est  le  31  août  qu'eut  lieu  cette  escarmouche  :  Mémoires 
militaires. 

2.  Ou  plutôt  Esback,  comme  disent  les  Mémoires  militaires. 

3.  Adrien,  baron  de  Wassenaer,  qui  avait  épousé  une  fille  de 
Bentinck,  comte  de  Portland. 

4.  Jean-François  Joubert  de  la  Bastide,  marquis  de  Château- 
morand,  avait  levé  en  1696  un  régiment  de  cavalerie.  Fait 
maréchal  de  camp  en  mars  1710,  il  devint  lieutenant  général 
en  1720  et  mourut  en  1729. 

5.  Gabriel-Jacques  de  Salignac,  marquis  de  Fénelon,  neveu  de 
l'archevêque  de  Cambray,  avait  ce  régiment  depuis  mars  1709. 
Il  fut  grièvement  blessé  à  la  jambe  dans  cette  affaire  et  en  resta 
estropié  pour  la  vie  (ci-après,  p.  99). 


96  MÉMOIRES  [Août  1711] 

qu'ils  eussent  la  moindre  nouvelle.  La  plus  grande 
partie  fut  tuée,  et  le  reste  mis  en  fuite.  M.  le  comte 
d'Aubigny^,  brigadier  des  armées  du  Roi  et  colonel 
de  Royal-infanterie^,  avec  le  chevalier  de  Livry^,  colo- 
nel de  Nivernois^,  devoit  attaquer,  à  la  tète  d'un 
autre  détachement,  deux  cents  hommes  qui  gardoient 
un  retranchement  qui  étoit  le  long  de  l'Escaut,  vis-à- 
vis  où  étoit  construit  le  pont  d'Étrun,  dès  qu'ils 
entendroient  tirer  du  côté  d'Hordain  :  ce  qu'ils  firent. 
Pendant  ces  deux  attaques,  M.  de  Gollande^,  brigadier 
des  armées  du  Roi  et  colonel  du  régiment  des  Vais- 
seaux, fit  une  fausse  attaque,  à  la  tête  de  son  déta- 
chement, au  village  d'Ivvuy^,  dans  lequel  il  y  avoit 
six  bataillons  bien  retranchés,  afin  de  favoriser  les 
autres'''. 

Aussitôt  que  M.  d'Aubigny  se  fut  rendu  maître  des 
retranchements  d'Étrun,  on  travailla  promptement  à 
rétablir   le   pont   que    les   ennemis    avoient   rompu. 

1.  Tome  I,  p.  170. 

2.  Créé  en  1656,  ce  régiment  engloba  en  1660  le  régiment 
de  l'Altesse  levé  dès  1644  par  Gaston  d'Orléans. 

3.  Paul-Hippolyte  Sanguin,  frère  du  premier  maître  d'hô- 
tel du  Roi,  possédait  le  régiment  de  Nivernois  depuis  1704  et 
avait  été  fait  brigadier  en  mars  1710;  il  mourut  le  4  octobre 
1720,  maréchal  de  camp  depuis  l'année  précédente. 

4.  Ce  régiment,  formé  en  1684  avec  des  compagnies  de 
Picardie,  fut  incorporé  en  1775  dans  celui  de  Périgord. 

5.  Tome  II,  p.  74. 

6.  A  quelques  kilomètres  au  sud  de  Bouchain,  dans  le  canton 
de  Cambray. 

7.  Sur  l'attaque  du  poste  d'Hordain,  on  peut  voir  V Histoire 
militaire,  t.  VI,  p,  522-524,  et  les  Mémoires  militaires,  p.  432- 
433,  avec  la  lettre  de  Villars  au  Roi,  1^""  septembre,  p.  653- 
654. 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  97 

Aussitôt  qu'il  fut  en  état,  on  y  fit  repasser  bien  vite 
tous  nos  détachements.  Il  n'y  avoit  pas  de  temps  à 
perdre  ;  car  toute  l'armée  ennemie  étoit  en  mouvement 
pour  les  couper  et  tomber  dessus.  Au  premier  coup  de 
fusil,  nous  entendîmes  battre  leur  générale  et  crier  de 
tous  côtés  :  «  Aux  armes  !  Alerte  !  » 

J'avois  suivi  le  marquis  de  ***  et  tous  les  jeunes  sei- 
gneurs qui  a  voient  soupe  chez  lui  ^.  Étant  prèsd'Étrun, 
nous  étions  descendus  de  cheval  et  nous  avions  monté 
sur  une  levée,  où  nous  avions  trouvé  plusieurs  autres 
seigneurs,  tous  gens  de  la  cour,  excepté  le  marquis  de 
Mézières,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi^,  d'une 
valeur  et  d'une  capacité  distinguées^.  Un  silence  régnoit 
de  toutes  parts;  nous  attendions  avec  impatience  le 
moment  de  nos  attaques.  Ces  petits  Messieurs  nous 
donnèrent  bientôt  occasion  d'en  rire  beaucoup,  M.  de 
Mézières  et  moi.  Dans  l'attaque  que  fit  M.  d'Aubigny, 
les  deux  cents  hommes  ennemis  ne  firent  qu'une 
seule  décharge,  dont  quelques  balles  nous  sifflèrent 
aux  oreilles,  ce  qui  fit  disparoître  comme  un  éclair 
nos  petits-maîtres.  Je  restai  seul  sur  la  levée  avec  le 
marquis  de  Mézières,  dont  j'étois  connu.  En  s'appro- 
chant  de  moi,  il  me  dit  :  «  Que  dites-vous,  chevalier, 
«  de  nos  seigneurs  de  la  cour?  Ils  seroient  mieux  à 
«  Versailles  qu'à   l'armée.   Un  jour,    cependant,   ils 

1.  Ci-dessus,  p.  94. 

2.  Eugène-Marie  de  Béthisy  (1656-1721),  marquis  de  Mézières, 
avait  été  promu  lieutenant  général  le  29  mars  1710. 

3.  «  Estimé  pour  son  courage  et  pour  son  application  à  la 
guerre,  »  dit  Saint-Simon  {Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XIV, 
p.  319-320),  quoique  «  bossu  devant  et  derrière  à  l'excès,  la 
tête  dans  la  poitrine  au-dessous  des  épaules.  » 

III  7 


98  MÉMOIRES  [Août  17  H] 

«  seront  officiers  généraux  ;  et  voilà  des  troupes  bien 
«  commandées!  i> 

Faisons  ici  une  petite  réflexion.  M.  de  Vendôme 
n'avoit-il  pas  bien  raison  de  dire  qu'il  aimoit  mieux 
un  bon  lieutenant-colonel  et  un  bon  capitaine  de  gre- 
nadiers dans  son  armée,  que  tous  ces  messieurs  les 
courtisans?  Il  n'y  en  a  pas  un  seul  qui  ne  veuille  deve- 
nir officier  général  ;  mais  aucun  ne  se  donne  la  peine 
d'en  avoir  la  capacité.  La  plupart  ne  servent  que  pour 
obtenir  la  survivance  ou  d'un  gouvernement  de  pro- 
vince, ou  d'une  grande  charge  à  la  cour.  On  ne  l'a  pas 
plus  tôt,  qu'il  leur  vient,  soi-disant,  une  incommodité 
qui  les  oblige  à  quitter  le  service.  Tous  les  jours,  nous 
ne  voyons  que  trop  cette  manœuvre.  En  vérité,  le 
Roi  ne  devroit  jamais  donner  aucune  survivance  ;  il 
en  seroit  mieux  servi.  Mais,  me  dira-t-on,  il  faut  bien 
récompenser  les  grands  hommes  dans  leurs  enfants. 
A  quoi  je  répondrai  :  si  ces  enfants  l'ont  mérité  par 
leurs  propres  services,  cela  est  juste  ;  je  leur  donne- 
rois  la  préférence  pour  avoir  des  régiments,  afin  de 
se  mettre  en  état  d'obtenir  par  leurs  services  distin- 
gués les  grâces  du  Roi.  Si  cela  s'exécutoit,  il  y  auroit 
une  véritable  émulation  à  servir  bien  S.  M.  Ce  seroit 
le  moyen  de  faire  de  bons  officiers  généraux,  et 
ensuite  de  grands  capitaines.  Car,  de  la  manière  dont 
cela  se  pratique  en  France,  je  crains,  avec  raison,  de 
n'en  voir  plus  dans  ce  florissant  royaume.  Je  dis  donc, 
pour  le  présent,  que  le  vrai  militaire,  le  bon  sujet,  le 
bon  François  sont  certainement  dans  les  subalternes  : 
les  premiers  ne  songent  qu'à  leur  propres  intérêts 
et  à  bien  établir  leurs  maisons  ;  ceux-ci,  à  la  gloire 
du  Roi,  de  la  patrie  et  du  nom  françois.  Le  peu  de 


[Août  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  99 

bien  qu'ils  ont,  ils  le  sacrifient  au  service  du  Roi.  Je 
le  répéterai  encore  :  nous  n'aurons  jariiais  de  bons  offi- 
ciers tant  qu'on  donnera  des  régiments  aux  enfants 
qui  sortent  du  collège.  Il  faudroit  les  faire  servir 
subalternes  et  capitaines,  pendant  un  certain  temps, 
dans  les  deux  armes,  c'est-à-dire  et  dans  la  cavalerie 
et  dans  l'infanterie,  auparavant  que  de  leur  donner 
l'agrément  d'un  régiment,  et  ne  le  donner  qu'à  ceux 
qui  se  seroient  le  plus  appliqués  au  service.  Revenons 
à  notre  petite  affaire  d'Hordain. 

Nos  troupes  ramenèrent  avec  elles  deux  cents  pri- 
sonniers, du  nombre  desquels  étoient  le  comte  de 
De.nhoff^  sergent  général  de  bataille,  le  major  géné- 
ral Borech^,  M.  Tivel,  colonel,  et  plusieurs  autres  offi- 
ciers. Dans  le  temps  qu'on  nous  les  amenoit,  le  bruit 
se  répandit  qu'on  avoit  fait  prisonniers  les  députés 
de  Hollande.  La  capture  auroit  été  bonne;  mais  cette 
nouvelle  se  trouva  fausse.  Nous  n'eûmes  personne  de 
tué.  Le  marquis  de  Fénelon  fut  blessé  si  dangereuse- 
ment à  la  cuisse,  qu'il  en  est  estropié  pour  toujours. 
Le  marquis  de  Soyecourt  eut  un  cheval  tué  sous  lui. 
Le  pauvre  animal  eut  cependant  la  force  de  le  rame- 
ner jusqu'en  deçà  de  l'Escaut  ;  il  n'eut  pas  plus  tôt 
repassé  cette  rivière,  qu'il  tomba  roide  mort.  Ce  che- 
val appartenoit  à  Mazancourt,  capitaine  au  régiment; 
c'étoit  le  même  dont  un  colonel  allemand  lui  avoit  fait 
présent    pour  lui   avoir  sauvé  la  vie  pendant  notre 

1.  Otto-Magnus,  comte  de  DenhofT  et  du  Saint-Empire, 
devint  par  la  suite  lieutenant  général  de  l'infanterie  et  ministre 
de  la  guerre  du  royaume  de  Prusse. 

2.  Les  Mémoires  militaires  disent  :  Borck;  mais  ils  ne 
nomment  pas  d'autres  prisonniers. 


lOÔ  MÉMOIRES  [Sept.  1711] 

belle  sortie  de  Toulon  ^  :  ce  qui  ^  obligea  les  alliés  à 
lever  le  siège  de  la  ville. 

Entreprise  sur  Douaij  manquée.  —  La  seconde 
entreprise^  étoit  d'une  très  grande  conséquence. 

Le  maréchal  de  Villars,  bien  informé  que  les  troupes 
qui  composoient  la  garnison  de  Douay  n'étoient 
pas  suffisantes  pour  la  garde  d'une  si  grande  ville,  fit 
le  projet  de  tâcher  de  la  surprendre.  Dans  ce  dessein, 
il  ordonna  à  M.  d'Albergotti,  qui  en  connoissoit  par- 
faitement le  fort  et  le  foible,  de  marcher  à  la  tête  de 
huit  mille  hommes,  dont  trois  mille  grenadiers,  du  côté 
de  la  porte  Saint-Éloi,  près  de  laquelle  on  avoit  fait 
assembler  plusieurs  bateaux  afin  de  passer  l'inonda- 
tion. Dans  le  temps  qu'on  alloit  planter  les  échelles, 
malheureusement  la  lune  vint  à  paroître.  La  sentinelle 
qui  étoit  sur  le  rempart,  apercevant  nos  soldats,  se 
mit  à  crier  :  «  Gunezuine^f  Aux  armes!  »  et  tira  son 
coup  de  fusil  :  ce  qui  mit  l'alarme  de  ce  côté-la.  Ainsi, 
la  mèche  étant  découverte^,  il  fallut  se  retirer  bien 
vite.  11  est  certain  que,  si  cette  entreprise  avoit  réussi, 
Marlborough  auroit  été  obligé  de  lever  le  siège  de  Bou- 
chain^. 

1.  Ci-dessus,  tome  II,  p.  273;  le  colonel  allemand  se  nom- 
mait M.  de  Wartmann. 

2.  Laquelle  sortie. 

3.  Ci-dessus,  p.  94. 

4.  Ainsi  dans  le  manuscrit. 

5.  «  On  dit  figurément  découvrir  ou  éventer  la  mèche  pour 
dire  découvrir  quelque  trame,  quelque  entreprise  secrète  et 
nuisible,  par  allusion  à  la  mèche  d'une  mine  qu'on  empêche  de 
jouer  quand  on  la  peut  découvrir  »  [Dictionnaire  de  Trévoux). 

6.  C'est  dans  la  nuit  du  7  au  8  septembre  qu'eut  lieu  cette 
tentative,  sous  le  commandement,  non  pas  d'Albergotti,  mais 
du  comte  de  Villars,  frère  du  maréchal  [Mémoires  militaires, 


[Sept.  1711]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  101 

La  petite  guerre  nous  fut  assez  heureuse  pendant  le 
cours  de  cette  campagne,  comme  on  a  pu  le  remar- 
quer dans  ce  que  je  décris  ci-dessus,  jointe  aux  expé- 
ditions que  firent  les  partisans  La  Croix  *  et  Dumou- 
lin^. Le  premier,  après  avoir  traversé  les  pays  de 
Glèves  et  de  Juliers  et  s'être  arrêté  en  deçà  du  Rhin, 
près  de  Nimègue,  envoya  un  détachement  à  Anholt, 
sur  l'YsseP,  qui  enleva  le  prince  de  Salm^  dans  son 
château^  et  qui  fit  un  butin  considérable  dans  le  pays 
de  Zutphen.  Le  second  fit  contribuer  le  pays  de  Bois- 
le-Duc  et  de  Breda,  l'île  d'Altena^  et  partie  du  Bra- 
bant  hollandois.  Mais  ces  petites  guerres,  non  seule- 
ment n'avançoient  point  nos  affaires  générales,  mais, 

p.  434-435).  La  Gazette  d'Amsterdam  (n°  lxxiv)  raconte  que 
l'entreprise  échoua  par  la  trahison  d'un  lieutenant  français  qui 
vint  avertir  le  général  Fagel. 

1.  Ce  La  Croix  était  un  Luxembourgeois  qui  avait  été  soldat 
dans  les  troupes  de  Cologne  et  dans  celles  du  cardinal  de  Fiirs- 
tenberg.  Dès  1695,  il  commandait  une  compagnie  franche  dans 
les  Ardennes  pour  le  compte  de  la  France;  il  obtint  en  1697  un 
brevet  de  colonel,  et  le  grade  de  brigadier  en  1704. 

2.  Le  général  Pelet  [Mémoires  militaires,  t.  X,  p.  439)  a  fait 
une  courte  note  sur  les  exploits  de  Dumoulin  pendant  cette 
campagne;  mais  il  ne  parle  pas  de  La  Croix. 

3.  En  Westphalie,  au  nord-ouest  de  Wesel,  et  sur  un  bras  du 
Rhin  qu'on  appelle  l'Yssel,  mais  qui  n'est  pas  le  grand  bras 
qui  donne  son  nom  à  la  province  hollandaise  d'Over-Yssel. 

4.  Louis-Othon,  prince  de  Salm,  baron  d' Anholt,  fils  du 
célèbre  feld-maréchal  Charles-ïhéodore-Othon,  mort  l'année 
précédente. 

5.  Les  Mémoires  de  Sourches  (t.  XIII,  p.  200-202)  repro- 
duisent une  très  curieuse  lettre  de  La  Croix,  dans  laquelle  il 
raconte  son  expédition  et  la  manière  dont  il  s'empara  du  prince 
de  Salm  et  tira  de  lui  une  rançon. 

6.  Portion  de  pays  enfermée  entre  deux  bras  de  la  Meuse,  à 
1  ouest  de  Bois-le-Duc. 


102  MÉMOIRES  [Oct.  1711] 

au  contraire,  elles  ne  faisoient  qu'aigrir  les  esprits  des 
peuples  contre  nous. 

M.  de  Marlborough,  content  de  sa  campagne  après 
la  conquête  de  Bouchain,  ne  songea  plus  qu'à  faire 
envoyer  les  troupes  qui  composoient  son  armée  dans 
les  quartiers  d'hiver.  Il  la  fît  décamper  le  20  d'octobre 
pour  cet  effet  :  ce  que  le  maréchal  de  Villars  ayant 
appris,  il  fît  décamper  la  sienne  six  jours  après,  pour 
nous  envoyer  dans  les  nôtres.  Et  moi  je  me  rendis  à 
Q[uincy]  en  quatre  jours,  où  je  passai  encore  une  par- 
tie de  l'hiver. 

Je  n'y  fus  pas  plus  tôt  arrivé,  que  je  travaillai  à  faire 
mes  recrues,  dont  je  vins  à  bout  très  facilement, 
m'étant  acquis  la  confiance  du  pays,  en  observant 
exactement  les  paroles  que  je  donnois  aux  personnes 
que  j'engageois  :  ce  que  j'observai  toujours  pendant 
tout  le  temps  que  j'ai  été  capitaine  d'infanterie.  Ainsi, 
Dieu  merci  !  je  n'ai  rien  à  me  reprocher  touchant  les 
hommes  que  j'ai  engagés.  Je  les  ai  toujours  engagés 
de  bonne  volonté  et  je  ne  me  suis  jamais  servi 
d'aucune  ruse  et  d'aucun  artifice.  La  bonne  foi  doit 
toujours  régner  dans  toutes  les  actions  de  notre  vie  ; 
la  récompense  en  vient  toujours  après.  Le  véritable 
moyen  donc  pour  faire  ses  recrues  aisément  est  de 
suivre  ce  que  j'ai  fait.  Je  conseille  à  tous  les  officiers 
de  m'imiter,  s'ils  veulent  réussira 

Pendant  que  j'étois  à  la  campagne,  nous  apprîmes, 
par  une  lettre  de  mon  frère  du  Plessis,  la  mort  de 
Madame  la  Dauphine,  arrivée  le  121  février  1712,  celle 

1.  Comparez  ce  qu'il  a  déjà  dit  sur  sa  manière  de  faire  ses 
recrues,  dans  le  tome  TI,  p.  325. 


[Février  1712]         DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  103 

de  Monseigneur  le  Dauphin,  qui  ne  survécut  que  six 
jours  à  Madame  la  Dauphine  son  épouse,  aussi  bien 
que  celle  du  duc  de  Bretagne,  leur  fils  aîné,  qui  mou- 
rut le  même  jour  que  Madame  la  Dauphine  ^  Quel  triste 
événement,  et  cruel  pour  la  France,  accablée  depuis  si 
longtemps  de  malheurs  et  d'accidents  fâcheux  et  tristes  ! 
Le  Roi  eut  besoin  de  sa  fermeté  pour  soutenir  tant  de 
disgrâces  et  de  pertes.  Leurs  corps  furent  trans- 
portés dans  le  même  chariot  funèbre  à  Saint-Denis. 
Je  suis  persuadé  que,  dans  toutes  les  histoires 
anciennes  et  modernes,  il  ne  s'y  trouve  point  un 
pareil  et  si  funeste  événement. 

Du  Plessis  nous  mandoit,  parla  même  lettre,  la  mort 
de  M.  d'Ormesson,  maître  des  requêtes  et  intendant 
de  la  générahté  de  Soissons,  notre  parent  et  notre 
ami^.  Voici  les  propres  termes  dont  il  se  servoit  dans 
sa  lettre  pour  nous  faire  part  de  ces  tristes  nouvelles  : 
c(  Monsieur  le  Dauphin  est  mort.  Madame  la  Dauphine 
«  est  morte,  M.  le  duc  de  Bretagne  est  mort,  M.  d'Or- 
c<  messon,  intendant  de  Soissons,  est  mort,  et  nous 
«  mourrons  tous  un  jour.  »  Ce  style  laconique  ne  nous 
fait  que  trop  connoître  le  caractère  de  l'indifférent 
philosophe  pour  tout  ce  qui  ne  le  regardoit  point  en 
particulier. 

1.  Le  duc  de  Bretagne,  né  en  1706,  ne  mourut  que  le  8  mars. 
Pour  la  mort  du  duc  et  de  la  duchesse  de  Bourgogne,  il 
faut  remarquer  que  notre  chevalier  ne  parle  pas  des  bruits 
de  poison  qui  coururent  alors  à  la  cour,  et  dont  Saint-Simon 
s'est  fait  l'écho,  comme  d'autres  contemporains. 

2.  M.  d'Ormesson  (tome  II,  p.  389)  mourut  le  21  février. 


104  IVIEMOIRES  [Février  1712] 


CAMPAGNE  DE  L'ANNÉE  1712! 

ET    l'hiver    suivant. 


Enfin  la  fortune,  ennuyée  et  se  repentant,  pour 
ainsi  dire,  de  nous  avoir  été  contraire  dans  nos  pré- 
cédentes campagnes  des  Pays-Bas,  pendant  tout  le 
cours  de  cette  cruelle  guerre,  se  déclara  entièrement 
pour  les  armes  du  Roi  au  milieu  de  celle-ci.  Elle  nous 
fut  si  favorable,  que,  d'une  guerre  défensive,  dans 
laquelle  nous  aurions  été  obligés  de  nous  soumettre, 
elle  se  tourna  tout  à  coup  sur  l'offensive.  On  peut 
dire  avec  raison  que,  si  le  maréchal  de  Villars,  qui 
avoit  déjà  acquis  la  réputation  d'un  des  plus  grands 
généraux  du  siècle,  n'avoit  fait  que  cette  seule  cam- 
pagne, il  auroit  mérité  d'être  compris  parmi  les  plus 
célèbres  capitaines.  Cette  campagne  en  Flandres  et 
la  campagne  que  j'ai  faite,  l'année  1704,  en  Italie, 
sous  les  ordres  du  duc  de  Vendôme,  sont  celles  qui 
m'ont  fait  le  plus  grand  plaisir.  On  y  remarque  la 
valeur,  la  prudence  et  la  capacité  de  ces  deux  grands 
hommes,  et,  en  même  temps,  la  grande  présomption 
du  prince  Eugène,  qui,  voulant  en  Italie  garder  plus 
de  postes  que  n'avoit  fait  le  comte  de  Linange,  officier 
général  consommé  dans  l'art  militaire,  l'année  d'aupa- 
ravant, allongea  ses  quartiers  d'hiver  par  une  pointe 
au   milieu  des  nôtres  :   ce  qui  lui  attira  la  déroute 


[Février  1712]        DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  105 

entière  de  son  armée  à  Calcinato,  au  mois  d'avril  1 706 1, 
et,  dans  la  campagne  de  1 712,  l'affaire  de  Denain;  car 
n'est-ce  point  par  une  pointe  que  ce  général  a  voulu 
pénétrer  en  France,  savoir  :  par  Marchiennes,  par 
Denain,  par  le  Quesnoy,  et  enfin  par  Landrecies?  Je  le 
répète  encore  après  M.  de  Vendôme  :  c'est  une  des 
plus  grandes  fautes  à  un  général  d'armée  que  de  vou- 
loir, par  ce  moyen,  entrer  dans  le  pays  ennemi;  on 
en  sera  toujours  la  dupe^.  Suivons  notre  relation. 

Pendant  que  tous  les  ministres  plénipotentiaires 
des  alliés  contre  la  France,  et  que  ceux  du  Roi  et  de 
ses  alliés  étoient  assemblés  à  Utrecht  pour  la  paix 
générale,  les  ennemis  travailloient  de  tous  côtés  à  se 
mettre  en  état  d'attaquer  la  France  pour  la  réduire 
dans  ses  anciennes  limites,  ou  peut-être  pour  la  par- 
tager, étant  très  persuadés  que,  pendant  le  cours  de 
cette  campagne,  ils  la  mettroient  si  bas,  qu'elle  seroit 
obligée  de  se  soumettre  aux  conditions  qu'on  voudroit 
lui  imposer. 

Auparavant  de  faire  le  détail  de  cette  campagne,  il 
est  nécessaire  de  rapporter  ce  qui  se  passa  pendant 
que  j'étois  encore  à  Q[uincy]  ou  à  Paris. 

Mort  du  maréchal  Catinat,  son  éloge.  - —  Le  maré- 
chal de  Gatinat,  un  des  plus  grands,  des  plus  sages  et 
des  plus  prudents  capitaines  que  la  France  ait  jamais 
eus,  mourut  à  sa  terre  de  Saint-Gratien,  le  23  février^ 
de    cette    année,    âgé    de    soixante-quatorze    ans. 

1.  Tome  IT,  p.  163  et  suivantes. 

2.  Il  a  déjà  mis  cette  remarque  dans  la  bouche  de  Vendôme  : 
tome  II,  p.  171-172. 

3.  Le  Journal  de  Dangeau  et  les  Mémoires  de  Sourches 
annoncent  cette  mort  le  22,  ce  qui  est  la  vraie  date. 


106  MÉMOIRES  [Février  1712] 

Depuis  qu'il  s'étoit  retiré,  il  vivoit  dans  cette  terre 
comme  un  simple  particulier.  Tout  le  monde  sait  que 
sa  modestie  lui  fit  refuser  le  cordon  bleu,  dont  le  Roi 
vouloit  l'honorer,  faisant  entendre  par  ce  refus  que, 
par  sa  naissance,  il  ne  pouvoit  prétendre  à  ce  titre 
d'honneur^.  Plusieurs  personnes  l'en  ont  blâmé;  car 
il  ne  lui  falloit  que  très  peu  d'années  pour  avoir  les 
cent  ans  et  un  jour  de  noblesse  qu'il  faut  afin  d'être 
reçu  de  droit  dans  l'ordre  du  Saint-Esprit 2.  Son  père 
et  son  grand-père  avoient  été  conseillers  de  la  Grand'- 
Ghambre  du  Parlement  de  Paris  ^,  et  son  bisaïeul  avoit 
été  lieutenant  général  au  présidial  de  Tours'^.  Voici 
un  éloge  de  lui  que  peu  de  personnes  savent,  et  qu'il 
est  bon  de  transmettre  à  la  postérité  ;  c'est  un  seigneur 
piémontois  qui  me  l'a  rapporté,  lorsque  je  passai  à 
Turin,  l'année  1702  :  «  Messieurs  les  François,  nous 
«  dit-il,  vous  ne  faites  pas  assez  grand  cas  d'un  grand 
a  homme  que  vous  avez  chez  vous;  je  parle  de  M.  de 
«  Catinat.  »  Et,  après  avoir  parlé  de  ses  grandes 
actions,  il  ajouta  qu'il  étoit  présent  lorsque  ce  géné- 
ral dîna  avec  le  duc  de  Savoie,  son  maître,  à  Turin, 
lorsqu'il  passa  par  cette  ville,  en  1701,  pour  aller 
commander  l'armée  du  Roi  en  Italie,  et  que  ce  prince 

1.  Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  Boislisle,  t,  XII,  p.  360-364. 

2.  Les  articles  xxi  et  xxii  des  statuts  prescrivent  seulement 
trois  degrés  de  noblesse  paternelle. 

3.  Pierre  P""  et  Pierre  II  Catinat,  le  premier  mort  en  1626,  le 
second  en  1674. 

4.  Le  bisaïeul,  Nicolas  Catinat,  était  lieutenant  particulier 
au  siège  royal  de  Mortagne-au-Perche  ;  c'est  le  trisaïeul  qui 
fut,  non  pas  lieutenant  général  au  présidial  de  Tours,  mais 
receveur  du  chapitre  de  Saint-Martin.  —  En  admettant  que  le 
père  et  l'aïeul  du  maréchal  eussent  la  noblesse  attributive  par 
leurs  offices  de  robe,  il  lui  manquait  néanmoins  un  degré. 


[Mars  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  107 

dit  :  «  Lorsque  j'étois  jeune,  j'aurois  donné,  si  on 
«  m'avoit  voulu  croire,  une  bataille  tous  les  jours; 
«  mais  Monsieur  le  maréchal  que  voilà,  en  montrant 
(.(  M.  de  Catinat,  m'a  bien  corrigé  de  cette  envie.  » 
Quel  honneur  pour  ce  général,  et  pour  le  duc  de  Savoie 
même!  Revenons  à  ce  qui  se  passa  en  Flandres. 

On  s'aperçut  à  Arras,  le  %  mars,  à  sept  heures  du 
matin,  du  côté  de  la  porte  de  Rouville,  que  des  tra- 
vailleurs, soutenus  par  un  corps  considérable  ennemi, 
travailloient  à  une  parallèle,  et  qu'ils  élevoient  déjà 
des  batteries,  et  de  canons,  et  de  mortiers,  à  quatre 
cents  toises  de  cette  place  ^.  Le  maréchal  de  Montes- 
quiou,  à  qui  le  Roi  avoit  donné  le  commandement  de  ses 
troupes  en  Flandres  pendant  l'hiver,  et  qui  faisoit  sa 
résidence  à  Arras,  après  avoir  fait  prendre  les  armes 
à  toute  la  garnison,  ordonna  à  M.  de  Belsunce,  briga- 
dier des  armées  du  Roi^,  de  sortir  à  la  tête  de  cinq 
bataillons  et  de  toute  la  cavalerie  qui  étoit  dans  cette 
place,  par  la  porte  de  Rouville,  afin  de  reconnoître 
de  plus  près  les  travaux  des  ennemis  et  d'attaquer  en 
même  temps  les  troupes  qui  s'étoient  emparées  du  fau- 
bourg :  ce  qu'il  exécuta.  Mais,  malheureusement  pour 
lui,  s'étant  trop  avancé  pour  reconnoître  par  lui-même 
leurs  forces  et  leurs  travaux,  il  fut  blessé  dangereu- 
sement et  fait  prisonnier.  On  apprit,  par  les  prison- 
niers que  l'on  fit,  que  le  comte  d'Albemarle,  ayant 
rassemblé  une  trentaine  de  bataillons  près  de  Douay, 

1.  Gazette,  p.  144  et  168;  Gazette  d'Amsterdam,  n°^  xx  et  xxi; 
Sourches,  p.  317;  Histoire  militaire,  t.  VII,  p.  32-34;  Mémoires 
militaires,  t.  VII,  p.  10-12. 

2.  Armand  de  Belsunce,  colonel  du  régiment  deNivernois,  et 
brigadier  depuis  janvier  1709,  mom^ut  le  18  juillet  suivant,  des 
blessures  reçues  dans  cette  affaire. 


108  MÉMOIRES  [Mars  1712] 

étoit  sorti  le  jour  précédent  de  cette  ville,  et  qu'il  étoit 
arrivé  à  quatre  heures  du  matin  devant  Arras  pour 
tâcher  de  brûler  nos  magasins  de  fourrages,  quiétoient 
sur  le  glacis  et  sur  l'esplanade  entre  la  ville  et  la  cita- 
delle, et  de  bombarder  cette  place.  Les  ennemis,  après 
avoir  brûlé  la  plus  grande  partie  de  nos  fourrages,  se 
retirèrent  le  3,  à  six  heures  du  matin.  Ils  nous  brû- 
lèrent environ  soixante  mille  rations  de  fourrage*. 
Cette  perte  nous  fut  très  désavantageuse;  car,  au  com- 
mencement de  la  campagne,  nos  chevaux  souffrirent 
beaucoup.  On  ne  leur  donnoit  que  du  regain  et  de  la 
traînasse^.  Cette  nourriture  en  fît  périr  beaucoup. 

Le  comte  Dohna^,  gouverneur  de  Mons,  voulant 
aussi  faire  parler  de  lui,  sortit,  le  4  avant  le  jour,  de 
sa  place,  pour  faire  une  irruption,  à  la  tête  des  garni- 
sons de  Bruxelles,  de  Malines,  de  Louvain  et  de  Mons, 
du  côté  de  la  Sambre.  Il  fit  sauter  plusieurs  écluses  et 
plusieurs  moulins  sur  cette  rivière,  et  il  enleva  quel- 
ques postes;  ensuite,  il  se  retira*.  M.  de  S'Graven- 

1.  D'après  une  lettre  d' Arras,  du  20  février,  insérée  dans  la 
Gazette  d'Amsterdam,  n°  xx,  il  y  avait  sur  l'esplanade  de  la 
citadelle  plus  de  trente  tas  de  foin  de  cent  pieds  de  long,  qua- 
rante de  large  et  soixante  de  haut.  Les  ennemis  exagérèrent 
les  dégâts  occasionnés  par  l'incendie. 

2.  On  appelle  tramasse  les  rameaux  que  certaines  herbes  ou 
plantes,  comme  les  fraisiers,  poussent  sur  la  surface  du  sol 
(^Dictionnaire  de  Trévoux). 

3.  Jean-Frédéric,  comte  de  Dohna,  général  au  service  de  la 
Hollande,  avait  été  fait  prisonnier  à  Almanzaen  1707.  Echangé 
et  revenu  en  Flandre,  il  reçut  le  gouvernement  de  Mons  en 
1709  ;  nous  le  verrons  périr  à  Denain  le  24  juillet  de  la  pré- 
sente année  :  ci-après,  p.  149. 

4.  Il  y  a  des  détails  sur  cette  affaire  dans  une  lettre  de  Tour- 
nay  du  6  mars  insérée  dans  la  Gazette  d  Amsterdam,  n°  xxi. 


[Mars  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  109 

moër^  brigadier  des  armées  des  Hollandois,  ne  fut 
pas  si  heureux;  car,  en  s'en  retournant  à  Mons,  d'où 
il  étoit  parti  à  la  tête  de  six  cents  chevaux  pour  enle- 
ver plusieurs  chevaux  des  vivres  qui  pàturoient  autour 
du  château  de  Solre,  et  ayant  fait  halte  près  de  Mal- 
plaquet,  M.  de  Fraula^,  colonel  des  troupes  d'Espagne, 
à  la  tête  de  trois  cents  grenadiers  ou  fantassins  et  de 
trois  cents  chevaux,  tomba  si  subitement  sur  son  déta- 
chement, qu'il  le  mit  en  déroute,  lui  reprit  tous  les 
chevaux  des  vivres,  le  fit  prisonnier  avec  une  centaine 
de  son  détachement,  et  poursuivit  le  reste  jusques 
assez  près  de  Mons^.  Le  même  jour,  le  maréchal  de 
Montesquiou  envoya  un  détachement  pour  faire  sauter 
les  écluses  de  Vitry,  sur  la  Scarpe;  son  ordre  fut  très 
bien  exécuté. 

Les  ennemis  ne  furent  pas  plus  heureux  dans  deux 
projets  qu'ils  firent  :  le  premier,  de  vouloir  sur- 
prendre le  Cateau-Gambrésis  ;  le  marquis  de  Vieux- 
pont  en  fut  averti  assez  à  temps  pour  faire  échouer 
leur  entreprise;  le  second,  pour  enlever  un  convoi 
qui  alloit  à  Maubeuge;  le  détachement,  envoyé  pour 
l'exécuter,  fut  défait  par  l'escorte. 

Le  comte  de  Broglie  fut  plus  heureux.  Pour  empê- 
cher les  aUiés  de  s'établir  dans  le  poste  de  l'Écluse,  il 
partit  d'Arras  le  29  mars,  à  la  tête  d'un  gros  détache- 
ment, et  il  arriva  à  la  nuit  près  de  ce  village,  qui  est 

1.  Il  était  beau-frère  du  duc  d'Albemarle  et  fut  échangé 
quelques  jours  plus  tard  contre  le  chevalier  de  Belsunce 
[Mémoires  de  Sourc/ies,  t.  XIII,  p.  334  et  339). 

2.  Ou  Frôla.  C'était  un  Italien  dont  le  frère  servait  égale- 
ment dans  les  troupes  d'Espagne  avec  le  grade  de  maréchal  de 
camp  [ibidem,  p.  334). 

3.  Gazette,  p.  178-179. 


liO  MÉMOIRES  [Avril  1712] 

en  deçà  du  Genset.  Il  le  fit  investir  aussitôt,  et  obligea 
le  lendemain  sept  cents  hommes  de  se  rendre  pri- 
sonniers de  guerre.  Ce  détachement  étoit  composé 
moitié  infanterie  et  moitié  cavalerie,  commandé  par 
le  fameux  partisan  Savary^  II  étoit  de  la  dernière 
conséquence  d'empêcher  les  ennemis  de  se  fortifier 
en  deçà  de  cette  rivière,  par  rapport  aux  suites 
fâcheuses  qui  certainement  en  seroient  arrivées^. 

Je  partis  de  Quincy  le  16  avril.  Je  passai  à  Meaux,  1 

où  M'""  Benoist,  maîtresse  de  l'hôtellerie  de  l'Ours, 
connue  de  tous  les  officiers  françois  et  de  beaucoup 
d'étrangers,  me  donna  un  très  bon  déjeuner,  que  je 
voulus  payer.  Elle  m'en  fit  des  reproches,  en  me 
disant  :  «  Croyez-vous  que  je  ne  sois  pas  en  état  de 
«  vous  donner  un  mauvais  déjeuner?  »  Elle  me  dit 
qu'elle  n'avoit  jamais  perdu  un  sol  avec  les  officiers; 
qu'elle  leur  avoit  obligation  de  sa  petite  fortune; 
qu'elle  leur  avoit  prêté  plusieurs  fois  de  l'argent,  et 
qu'ils  lui  avoient  toujours  bien  rendu.  Ensuite,  elle  me 
conta  l'action  d'un  officier  qui  avoit  couché  chez  elle 
avec  plusieurs  de  ses  camarades,  à  la  fin  de  la  cam- 
pagne dernière.  Cet  officier  fut  le  seul  qui  s'étoit  le 
plus  opiniâtre  à  vouloir  lui  diminuer  sur  chaque 
article,  lorsqu'elle  vint  leur  apporter  la  feuille  pour  la 
dépense  de  leur  souper,  et  qui  fut  le  seul  qui  ne  lui 

1.  Ci-dessus,  p.  74. 

2.  Notre  auteur  confond  deux  faits  d'armes  successifs  très 
distincts  dans  les  Mémoires  de  Sourches  (p.  340-341)  d'après 
le  rapport  de  M.  d'Artagnan,  envoyé  à  la  cour  par  le  comte 
de  Broglie.  Celui-ci  s'empara  d'abord  du  fort  de  l'Ecluse 
et  des  sept  cents  hommes  qu'il  contenait;  le  lendemain,  en 
revenant  dans  ses  cantonnements,  il  rencontra  la  troupe  du 
partisan  Savary,  l'attaqua  et  la  fit  prisonnière  tout  entière. 


[Avril  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  Hl 

donna  pas  de  i'argent.  Le  lendemain,  elle  s'aperçut 
que  son  domestique  sortoit  de  chez  elle  et  portoit 
dessous  le  bras  un  habit  de  son  maître,  apparemment 
pour  le  vendre  :  elle  jugea  par  là  que  cet  officier  n'avoit 
pas  le  sol  pour  la  payer.  Après  avoir  obligé  le  laquais 
de  reporter  ses  hardes,  elle  vint  sur-le-champ  parler 
au  maître.  En  entrant  dans  la  chambre  :  «  Parbleu! 
«  Monsieur,  dit-elle,  vous  n'avez  guère  d'esprit  !  Vous 
«  n'avez  pas  le  liard  dans  votre  poche,  et  cependant 
«  vous  avez  été  le  seul  hier  au  soir  à  vouloir  retran- 
«  cher  une  partie  de  ce  que  je  demandois  pour  votre 
«  repas.  Vous  ne  me  connoissez  pas,  poursuivit-elle. 
«  Non  seulement  je  vous  ferai  crédit  pour  cet  article; 
«  mais  encore  voilà  de  l'argent  pour  vous  rendre, 
«  vous  et  votre  laquais,  à  Paris,  et  de  l'argent  pour 
«  y  subsister  pendant  quinze  jours,  afin  de  vous  don- 
«  ner  le  temps  d'en  recevoir  des  personnes  qui  vous 
«  en  doivent,  ou  de  vos  connoissances.  A  l'égard  de 
«  celui  que  je  vous  prête,  vous  me  le  rendrez  à  votre 
«  loisir.  »  Ce  procédé  généreux  rendit  si  confus  l'offi- 
cier, et  il  en  fut  si  pénétré,  qu'il  se  jeta  à  son.  col  ef 
qu'il  l'embrassa  tendrement,  après  lui  avoir  fait  mille 
excuses  de  sa  mauvaise  humeur.  Il  lui  renvoya  son 
argent  au  bout  de  huit  jours,  et  il  lui  écrivit  une  lettre 
des  plus  obligeantes,  qu'elle  me  montra. 

J'arrivai  à  Bapaume  le  19  au  soir.  Le  lendemain, 
dans  le  moment  que  j'allois  monter  à  cheval,  je  ne 
trouvai  point  ma  chienne,  que  j'aimois  infiniment.  Ma 
belle-sœur^  m'en  avoit  fait  présent.  Je  la  fis  chercher 
partout,  et  je  fis  battre  la  caisse  inutilement.  Enfin, 

1.  La  marquise  de  Quincy,  Geneviève  Pecquot  de  Saint- 
Maurice. 


112  MÉMOIRES  [Avril  1712] 

étant  à  cheval,  une  servante  vint  me  l'apporter;  elle 
s'étoit  cachée  dans  du  foin  au  grenier.  La  peur  qu'elle 
avoit  eue  d'entendre  le  bruit  des  tambours  l'avoit  fait 
fuir  jusqu'à  cet  endroit.  Jamais  chienne  n'a  été  si 
peureuse;  le  moindre  bruit  la  faisoit  fuir.  J'en  parle 
ici,  parce  que  dans  la  suite  il  en  sera  question  ^ 

Je  me  rendis  à  Arras  de  bonne  heure  :  ce  qui  m'en- 
gagea d'aller  à  la  comédie,  après  m'être  adonisé.  Je 
comptois  de  rester  dans  cette  ville  tranquille  pendant 
quelques  jours.  Le  lendemain  21,  il  fallut  en  partir 
précipitamment  à  midi,  pour  nous  rendre  sur  le  Cen- 
set,  près  de  l'Écluse.  L'officier  particuher,  qui  ordi- 
nairement ne  connoît  pas  les  conséquences  des  mou- 
vements que  les  officiers  généraux  font  faire  aux 
troupes,  murmura  un  peu  de  ce  qu'on  nous  mettoit 
de  si  bonne  heure  en  campagne,  d'autant  plus  qu'il 
y  avoit  très  peu  d'herbe  sur  la  terre.  Il  s'imagina  que 
la  seule  inquiétude  du  maréchal  de  Montesquieu  étoit 
la  cause  de  cette  marche  précipitée;  mais  on  rendit 
justice  à  ce  général  lorsqu'on  apprit  que  les  ennemis, 
au  nombre  de  quarante  mille  hommes,  se  portoient 
sur  le  Genset,  pour  tâcher  de  passer  cette  rivière 
auparavant  que  nous  fussions  assemblés  pour  nous  y 
opposer.  Nous  arrivâmes  bien  à  propos;  car,  dans  le 
temps  que  chaque  bataillon  arrivoit  dans  son  poste, 
nous  vîmes  paroître  les  ennemis  de  l'autre  côté  du 
Genset.  Il  y  eut  quelque  escarmouche  :  après  quoi,  les 
ennemis  se  retirèrent  vers  Douay. 

Belle  action  de  M.  de  Mézières.  —  Le  maréchal  de 
Villars  arriva  quelques  jours  après  à  Arras.  Je  fus  lui 
faire  ma  cour.  Lorsque  j'étois  chez  lui,  le  marquis  de 

1.  Après  la  bataille  de  Denain  :  ci-après,  p.  150-151. 


[Avril  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  113 

Mézières  vint  lui  rendre  compte  de  ce  qui  s'étoit  passé 
entre  cent  housards  des  ennemis  et  quarante  carabi- 
niers qui  l'escortoient.  Il  présenta  au  maréchal  le 
lieutenant  des  carabiniers^,  dont  le  cheval  avoit  été  tué 
sous  lui  ;  il  pria  notre  général  de  lui  donner  la  préfé- 
rence d'acheter  le  premier  cheval  qui  seroit  pris  sur 
l'ennemi,  petite  grâce  par  rapport  à  la  valeur  avec 
laquelle  cet  officier  s'étoit  comporté  dans  ce  combat. 
En  voici  le  détail. 

Le  marquis  de  Mézières,  lieutenant  général  des 
armées  du  Roi,  et  qui  avoit  commandé  sur  la  Somme 
pendant  l'hiver,  voulant  venir  joindre  l'armée,  partit 
d'Amiens,  dont  il  étoit  gouverneur,  le  %1  avril,  dans 
sa  chaise  de  poste,  escorté  seulement  de  quarante 
carabiniers.  A  deux  lieues  en  deçà  de  DouUens,  il  fut 
averti  que  cent  housards  des  alliés  sortoient  d'un  bois 
pour  tomber  sur  lui.  Il  monta  vite  à  cheval,  et  il  se 
mit  à  la  tête  de  la  petite  troupe,  à  qui  il  ordonna  de 
se  tenir  toujours  bien  serrée.  Les  housards  vinrent 
d'abord  par  petits  pelotons,  avec  leurs  hurlements 
ordinaires,  pour  la  charger;  mais  ils  en  furent  reçus 
avec  une  si  grande  fermeté,  qu'ils  furent  obligés  de 
se  retirer  bien  vite.  Les  housards  ne  se  rebutèrent 
point  :  ils  firent  jusqu'à  huit  charges  par  différentes 
manœuvres,  et  entîn  ils  prirent  le  parti,  après  s'être 
tous  assemblés  en  un  seul  corps,  de  l'enfoncer,  et  ils 
vinrent  jusqu'à  la  portée  du  pistolet,  en  faisant  des 
hurlements  affreux,  pour  exécuter  leur  dessein.  Nos 
carabiniers,  les  voyant  de  si  près,  marchent  à  eux,  les 
enfoncent,  et  enfin  ils  les  mettent  si  fort  en  déroute, 
qu'ils  se  débarrassent  pour  toujours  de  ces  mal  pei- 

1.  Il  s'appelait  Saint-Anthoine  :  ci-après,  p.  114,  note  1. 
UI  8 


114  MÉMOIRES  [Mai  1712] 

gnés.  Nous  eûmes  onze  carabiniers  de  blessés,  un  seul 
tué,  quelques  chevaux  tués  et  blessés,  le  cornette 
blessé  dangereusement.  Les  housards  perdirent  trente 
des  leurs  tués  sur  le  champ  de  bataille,  sans  les  bles- 
sés. Le  maréchal  de  Yillars  loua  infiniment  le  marquis 
de  Mézières,  en  présence  de  tous  les  officiers,  de  sa 
valeur  et  de  sa  fermeté.  Il  eut  trois  chevaux  tués  sous 
lui.  On  peut  dire  avec  raison  qu'il  sauva  cette  petite 
troupe  1. 

Notre  général,  après  avoir  resté  deux  jours  à  Arras, 
fut  prendre  son  quartier  à  Oisy,  et  il  envoya  notre 
brigade  sur  le  Grinchon,  aux  ordres  de  M.  d'Alber- 
gotti.  Nous  y  trouvâmes  d'autres  brigades.  Ce  Mon- 
sieur général  ne  nous  donna  pas  un  verre  d'eau  pen- 
dant tout  le  temps  que  nous  fûmes  sous  ses  ordres". 
Le  maréchal  de  Montesquiou  prit  le  sien^  à  Monchy- 
le-Preux. 

Enfin,  les  ennemis  sortirent  de  leurs  quartiers. 
Après  avoir  assemblé  leur  armée  le  20  mai,  ils  en 
mirent  la  droite  à  Ferin  et  la  gauche  à  Pecquencourt^, 
sur  la  rive  droite  de  la  Scarpe. 

Le  duc  d'Ormond^,  que  la  reine  Anne  avoit  chargé 

1.  Mémoires  de  Sourches,  p.  378-379.  L'auteur,  dont  le  récit 
est  absolument  conforme  à  celui  de  notre  chevalier,  ajoute  : 
«  Le  Roi  s'étendit  fort  sur  les  louanges  des  carabiniers  et  de 
leurs  officiers,  qu'il  nomma  tous  par  leurs  noms,  et  appuya  fort 
sur  un  nommé  Saint-Anthoine,  lieutenant,  qui  étoit  un  soldat 
de  fortune.  » 

2.  On  a  déjà  vu,  tome  II,  p.  173-177,  que  notre  chevalier 
n'aimait  pas  Albergotti. 

3.  Son  quartier. 

4.  Ferin,  dans  le  canton  de  Douay;  Pecquencourt,  dans  le 
canton  de  Marchiennes,  entre  cette  localité  et  la  ville  de  Douay. 

5.  Jacques  Butler,  duc   d'Ormond   (1665-i747j,  fut  gentil- 


[Mai  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  115 

de  commander  les  Anglois,  au  nombre  de  dix-huit 
mille  hommes,  à  la  place  de  milord  Marlborough,  étoit 
arrivé  à  l'armée  des  alliés  avec  ses  troupes.  Il  y  étoit 
arrivé  dès  le  9.  En  arrivant,  le  prince  Eugène  voulut 
l'engager  à  les  entremêler  avec  les  Hollandois  et  les 
Allemands;  mais  milord  d'Ormond  ne  voulut  jamais 
le  souffrir.  Pendant  tout  le  temps  qu'elles  restèrent  à 
l'armée,  elles  campèrent  toujours  séparément.  Nous 
en  verrons  la  raison  par  la  suite. 

Les  ennemis  firent  plusieurs  mouvements  jusqu'au 
26,  qu'ils  passèrent  l'Escaut  sur  plusieurs  ponts,  à 
Denain  et  à  Neuville,  pour  aller  sur  la  Selle.  Leur 
armée  étoit  composée  de  cent  cinquante-cinq  batail- 
lons et  de  deux  cent  soixante-douze  escadrons'.  Ils  en 
appuyèrent  la  droite  à  cette  rivière,  près  de  Noyelle', 
village  appartenant  au  baron  de  ce  nom-^,  et  leur 
gauche  au  Saulzoir^.  Le  prince  Eugène  prit  son  quar- 
tier général  à  Haspres^,  qui  étoit  celui  de  Marlborough, 

homme  de  la  chambre  et  capitaine  des  gardes  de  Guillaume  III, 
puis  vice-roi  d'Irlande  sous  la  reine  Anne.  Disgracié  à  la  mort 
de  celle-ci,  il  se  rallia  au  prétendant  Jacques  III  et  passa  en 
France,  où  il  mourut. 

1.  Le  général  Pelet  [Mémoires  militaires,  p.  40)  compte  cent 
cinquante-huit  bataillons  et  environ  trois  cents  escadrons.  La 
Gazette  d'Amsterdam  [n°  xliii  et  xliv)  donne  l'ordre  de  bataille 
de  l'armée  alliée,  y  compris  les  troupes  anglaises  :  le  total  en 
monte  à  cent  quarante-trois  bataillons  et  deux  cent  quatre- 
vingt-quinze  escadrons. 

2.  Noyelle- sur -Selle,  département  du  Nord,  canton  de 
Bouchain. 

3.  Alexandre  de  Carondelet,  baron  de  Noyelle  (1657-1719); 
il  sera  plus  loin  (p.  143)  question  de  son  fils  le  chevalier  de 
Carondelet. 

4.  Petit  village  situé  sur  la  Selle,  au  sud  de  Noyelle. 

5.  Ci-dessus,  p.  86. 


116  MÉMOIRES  [Mai  1712] 

l'année  précédente,  pendant  le  siège  de  Bouchain.  Le 
duc  d'Ormond  prit  le  sien  à  Solesmes^  Ses  troupes, 
faisant  toujours  un  corps  à  part,  étoient  campées  à  la 
gauche  de  l'armée  des  alliés.  Le  prince  Eugène  avoit 
laissé  un  camp  volant  entre  la  Scarpe  et  l'Escaut,  aux 
ordres  de  M.  d'Albemarle.  Le  27,  la  marche  des  enne- 
mis nous  fit  décamper;  nous  nous  rendîmes  en  deux 
jours  sur  l'Escaut.  La  droite  de  notre  armée  fut 
appuyée  à  un  ravin,  près  de  Marcoing,  et  la  gauche 
à  Étrun  :  ainsi,  cette  rivière  nous  servit  de  retranche- 
ments. Le  maréchal  de  Villars  prit  son  quartier  géné- 
ral à  Noyelle,  à  une  lieue  et  demie  au-dessus  de  Gam- 
bray,  et  le  maréchal  de  Montesquiou  à  Gantaing^, 
près  de  cette  ville;  le  comte  de  Broglie  resta  avec 
un  camp  volant  à  l'Écluse,  le  marquis  de  Vieuxpont 
avec  un  autre  à  Arleux,  tous  deux  en  deçà  du  Genset, 
et  le  chevalier  de  Luxembourg,  avec  son  camp  volant, 
à  Valenciennes^.  Notre  armée  étoit  composée  de  cent 
trente-neuf  bataillons  et  de  deux  cent  cinquante-sept 
escadrons'^  :  ainsi,  moins  forte  que  celle  des  ennemis, 
non  seulement  par  le  nombre  des  escadrons  et  des 
bataillons,  mais  aussi  parce  que  leurs  bataillons  et  leurs 
escadrons  étoient  beaucoup  plus  forts  que  les  nôtres. 
Le  prince  Eugène  fit  travailler  jusqu'au  8  juin  à  faire 

1.  Chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Cambray.  Pour 
les  positions  des  alliés  sur  la  Selle,  voyez,  dans  la  Gazette 
d' Amsterdam,  n°  xliv,  une  lettre  du  camp  d'Haspres. 

2.  Dans  le  canton  de  Marcoing. 

3.  Il  y  a  un  tableau  de  l'ordre  de  bataille  de  l'armée  française 
dans  V Histoire  militaire,  t.  VII,  p.  40-41. 

4.  Les  Mémoires  militaires,  p.  40,  disent  cent  trente  batail- 
lons et  deux  cent  cinquante-six  escadrons,  en  y  comprenant 
les  troupes  de  l'électeur  de  Cologne. 


[Juin  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  H7 

faire  tous  les  préparatifs  nécessaires  pour  faire  un 
siège  et  à  sa  retranchée  sur  la  Selle,  afin  de  se  mettre 
hors  d'insulte^. 

Siège  du  Quesnoy.  —  Ce  même  jour,  M.  Fagel  fut 
envoyé  pour  investir  le  Quesnoy  avec  trente  escadrons 
et  vingt  bataillons.  Il  y  avoit  dans  cette  place  deux 
bataillons,  un  régiment  de  dragons  et  deux  cent  cin- 
quante maîtres^,  aux  ordres  de  M.  de  la  Badie^,  lieu- 
tenant général  des  armées  du  Roi,  qui  avoit  sous  lui 
le  chevalier  de  Damas*,  maréchal  de  camp,  MM.  de 
Lespinay^  et  de  Jarnac'',  brigadiers.  M.  de  Montlezun 

1.  Gazette  d'Amsterdam,  n°  xlvi. 

2.  Notre  chevalier  lit  mal  l'Histoire  militaire  (p.  47),  qu'il  a 
sous  les  yeux,  et  qui  dit  dix  bataillons,  et  non  deux,  et  en 
donne  l'énumération.  Ce  chiffre  est  confirmé  par  les  Mémoires 
militaires  (p.  50),  qui  ajoutent  que  la  garnison  comprenait 
ainsi  environ  cinq  mille  hommes. 

3.  Charles  d'Espalungue  de  la  Badie  avait  été  fait  brigadier 
en  1694,  quoique  n'étant  que  lieutenant-colonel  du  l'égiment  de 
Louvigny;  maréchal  de  camp  en  1702  et  lieutenant  général  en 
1704,  il  mourut  en  1724,  gouverneur  de  la  citadelle  de  Lille.  Il 
était  d'une  famille  de  Gascogne. 

4.  Jean-Jacques,  chevalier  de  Damas,  maréchal  de  camp 
depuis  février  1711,  avait  servi  en  Italie,  en  Dauphiné  et  en 
Espagne,  et  n'était  passé  en  Flandre  qu'au  commencement  de  la 
présente  campagne;  il  parvint  en  1720  au  grade  de  lieutenant 
général. 

5.  Jacques  de  Lespinay,  marquis  de  Marteville,  entré  au  ser- 
vice comme  simple  cavalier  en  1671,  avait  eu  un  régiment  en 
1704,  et  était  brigadier  depuis  1709. 

6.  D'abord  connu  sous  le  nom  de  chevalier  de  Montandre, 
Pons-Auguste-Gaston  de  la  Rochefoucauld  avait  pris  le  titre  de 
comte  de  Jarnac  en  juillet  1709,  à  la  suite  de  son  mariage  avec 
Anne-Marie-Louise  Chabot.  Il  avait  eu  le  régiment  de  Béarn  en 
1704,  et  mourut  à  trente-neuf  ans,  le  19  décembre  1714,  briga- 
dier depuis  avril  1710. 


H8  MÉMOIRES  [Juin  1712] 

étoit  lieutenant  de  roi  de  la  place,  et  M.  de  Saint-Mar- 
tin major;  M.  de  la  Gombe^  étoit  pour  le  génie, 
M.  de  Rouby  pour  l'artillerie,  et  M.  de  la  Fosse  pour 
les  mineurs^. 

Irruption  du  comte  de  Growestein  en  France.  —  Le 
général  de  l'Empereur,  voyant  son  armée  en  sûreté 
par  les  précautions  qu'il  avoit  prises  en  retranchant 
les  plus  foibles  endroits  de  son  camp,  fit  partir  le 
comte  de  Growestein ^  à  la  tête  de  trois  mille  chevaux, 
pour  faire  une  irruption  dans  la  France.  Ge  détache- 
ment, sans  s'arrêter  pendant  trois  jours  et  trois  nuits 
de  marche,  passa  entre  la  Gapelle  et  Guise,  traversa 
le  pays  de  Laonnois,  les  diocèses  de  Reims  et  de  Ghâ- 
lons.  Ensuite,  après  avoir  passé  près  de  la  ville  de 
Sainte-Menehould,  dont  il  brûla  une  partie,  il  traversa 
le  Verdunois,  la  Lorraine,  passa  la  Meuse  à  Saint- 
Mihiel  et  la  Moselle  à  Pont-à-Mousson,  et,  de  là,  il 
parut  devant  Metz;  et,  après  avoir  fait  piller  plusieurs 
villages  du  pays  Messin,  il  finit  sa  course  en  arrivant 
à  Traërbach.  Le  maréchal  de  Villars,  ayant  appris  la 
marche  de  ce  détachement,  fit  partir  sur-le-champ 
quatre  mille  chevaux  et  huit  régiments  de  dragons, 
commandés  par  M.  de  Saint-Frémond  et  le  comte  de 
Goigny,  pour  aller  après;  mais  la  fatale  étoile,  qui 
n'avoit  jamais  quitté  le  premier  dans  toutes  les  com- 

1.  Jacques  de  la  Combe  commandait  en  chef  les  ingénieurs 
de  l'armée  de  Flandre  depuis  1704;  il  reçut  en  1718  le  grade 
de  maréchal  de  camp. 

2.  Les  assiégeants  espéraient  que  la  circonvallation  serait 
achevée  en  trois  jours,  et  qu'on  pourrait  ouvrir  la  tranchée  le 
12  juin. 

3.  Il  était  gouverneur  de  Bouchain  pour  les  alliés. 


[Juin  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  H9 

missions  qu'on  lui  avoit  données,  l'empêcha  encore 
d'atteindre  le  comte  de  Growestein.  Ainsi  nos  troupes 
en  furent  pour  leurs  fatigues  ^  Il  m'a  été  dit  depuis 
qu'elles  firent  plus  de  ravages,  dans  les  endroits  où 
elles  passèrent,  que  n'avoient  fait  nos  ennemis. 

On  ne  devroit  jamais  employer  de  certaines  per- 
sonnes à  la  guerre,  qui  portent  toujours  avec  elles  un 
malheur  continuel.  A  la  Porte,  on  a  beau  avoir  tout 
le  mérite  et  toute  la  capacité  possibles,  tant  dans  le 
ministère  que  dans  le  militaire  :  dès  qu'un  homme  est 
connu  pour  être  malheureux,  il  est  déposé  sur-le- 
champ,  et  quelquefois  lui  en  coûte-t-il  la  tête.  Ces 
exemples  sont  très  fréquents. 

J'étois  de  grand'garde  dans  un  village  près  de  Crè- 
vecœur,  appartenant  à  M.  le  marquis  de  Wargnies^, 
lorsque  le  détachement  de  M.  de  Saint-Frémond  passa 
à  trois  cents  pas  de  moi.  Gomme  je  ne  savois  pas  de 
quoi  il  étoit  question,  si  c'étoient  les  ennemis  ou  les 
François,  je  me  mis  en  état  de  me  défendre  le  mieux 
que  je  pouvois.  J'appris  depuis  ce  qui  en  étoit. 

Le  121,  nous  entendîmes  un  grand  bruit  de  mous- 
queterie  et  de  canon,  à  six  heures  du  soir,  du  côté  du 
Quesnoy.  Le  lendemain,  nous  fûmes  informés  que 
c'étoit  une  sortie  que  M.  de  la  Badie  avoit  fait  faire 
sur  des  travailleurs  qui  élevoient  un  retranchement 

1.  Mémoires  militaires,  p.  47-48;  Histoire  militaire,  p.  43-44; 
Gazette,  p.  335  ;  Mémoires  de  Sourches,  p.  410-413  et  471,  note. 
La  Gazette  d Amsterdam  (n°  l)  prétend  que  M.  de  Growestein 
s'avança  jusqu'à  dix  lieues  de  Paris. 

2.  Ce  marquis  de  Wargnies  avait  eu  le  gouvernement  de 
Courtray  ;  sa  terre,  voisine  du  Quesnoy,  avait  été  érigée  en  mar- 
quisat par  lettres  patentes  du  26  janvier  1651. 


120  MÉMOIRES  [Juin  1712] 

vis-à-vis  la  porte  de  Valenciennes;  que  le  comte  de 
Jarnac,  de  la  maison  de  la  Rochefoucauld,  colonel  du 
régiment  de  Béarn\  à  la  tête  de  cent  dragons  et  de 
mille  fantassins,  étoit  tombé  si  brusquement  sur  les 
troupes  des  ennemis  qui  soutenoient  ces  travailleurs, 
qu'il  en  avoit  tué  une  partie,  dissipé  l'autre,  et  avoit 
aussi  ruiné  leurs  travaux;  il  s'étoit  retiré  en  amenant 
avec  lui  deux  cents  prisonniers.  Il  lui  en  coûta  une 
trentaine  de  soldats  et  de  dragons  de  tués  ou  de  bles- 
sés^. Cette  sortie  se  fît  auparavant  que  les  alliés  eussent 
ouvert  la  tranchée,  qui  se  fît  à  trois  endroits  différents, 
la  nuit  du  19  au  20;  la  première,  du  côté  de  la  porte 
de  la  Forèt^;  la  seconde,  le  long  d'un  étang  qu'ils 
laissèrent  sur  leur  droite,  et  la  troisième,  sur  la  droite 
de  cet  étang. 

Mort  du  duc  de  Vendôme,  son  éloge. . —  Ce  fut  à  peu 
près  dans  ce  temps  que  nous  apprîmes  la  mort  du  duc 
de  Vendôme,  qui  mourut  à  Vinaroz,  d'une  indigestion, 
le  1 1  juin,  âgé  de  cinquante-huit  ans*.  Les  vrais  mili- 
taires et  les  bons  citoyens  regrettèrent  infiniment  la 
perte  de  ce  grand  homme.  Pour  moi,  comme  bon 
François,  je  le  regretterai  toute  ma  vie.  Quelle  valeur, 
quelle  fermeté  et  quelle  grandeur  d'àme  !  Ce  prince 
étoit  admirable  dans  ses  projets  ;  il  étoit  aussi  entre- 
prenant que  le  grand  prince  de  Condé,  et  son  coup 

1.  Créé  en  1684  avec  un  bataillon  de  Picardie,  ce  régiment 
fut  licencié  en  1762. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  49;  Gazette,  p.  323. 

3.  Ainsi  appelée  parce  qu'elle  était  du  côté  de  la  forêt  de 
Mormal. 

4.  Gazette,  p.  323;  Mémoires  de  Sourches,  p.  414;  Journal 
de  Dangeau,  p.  164-174;  Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  1873, 
t.  IX,  p.  318-319. 


[Juin  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  121 

d'œil  aussi  sûr.  Par  la  précipitation  avec  laquelle  les 
Impériaux  arrivoient,  et  qu'ils  se  mettoient  en  bataille 
sur  une  hauteur  près  de  Calcinato,  il  jugea  parfaite- 
ment bien  que  les  ennemis  avoient  été  surpris  :  ce  qui 
l'engagea,  malgré  le  sentiment  des  officiers  généraux 
de  son  armée,  de  les  faire  attaquer  par  l'avant-garde 
de  son  armée'.  Ses  talents  pour  profiter  d'un  mou- 
vement fait  mal  à  propos,  ses  lumières  le  jour  d'une 
bataille,  profitant  de  tout,  s'exposant  comme  un 
simple  soldat,  rempli  de  ressources  lorsque  ses  troupes 
avoient  du  désavantage,  ne  se  désespérant  et  ne  se 
rebutant  jamais,  témoin  ce  qu'il  fît  au  combat  de  Gas- 
sano,  au  milieu  duquel  il  mit  à  profit  la  fuite  même 
d'une  partie  de  ses  soldats,  ce  qui  contribua  le  plus  à 
la  victoire  qu'il  remporta-.  Il  faisoit  la  guerre  en 
héros,  en  grand  homme,  et  en  honnête  homme.  Son 
jugement  et  son  grand  sang-froid  dans  les  plus  grands 
périls,  sa  maxime  de  se  camper  presque  toujours  près 
de  son  ennemi,  afin  d'être  informé  par  lui-même  du 
moindre  de  ses  mouvements,  attirèrent  l'admiration 
continuelle  des  bons  officiers  généraux.  Il  étoit  bon 
citoyen,  bon  François,  et  attaché  véritablement  à  son 
prince,  et  si  peu  intéressé  que  ses  affaires  particu- 
lières en  souffroient  beaucoup.  Adoré  du  soldat,  il  ne 
servoit  que  pour  sa  gloire,  celle  du  Roi  et  celle  de  sa 
nation.  Philippe  V  lui  doit  entièrement  sa  couronne. 
Enfin  il  avoit  toutes  les  qualités  requises  et  que  doit 
avoir  un  grand  général,  excepté  deux  essentielles  : 
la  première,  de  donner  trop  sa  confiance  à  des  géné- 
raux qu'il  croyoit  de  ses  amis,  et  dont  la  capacité  étoit 

1.  Tome  II,  p.  164. 

2.  Tome  II,  p.  128. 


122  MÉMOIRES  [Juin  1712] 

des  plus  médiocres;  ne  fut-il  pas  la  dupe  du  traitre 
Golmenero  qui,  gagné  par  le  duc  de  Savoie  et  par  le 
prince  Eugène,  le  trompa  dans  plusieurs  occasions, 
entre  autres  à  l'affaire  du  Paradiso,  qui  précéda  le  com- 
bat de  Cassano,  comme  je  l'ai  marqué^  dans  le  détail 
de  la  campagne  de  1 705  en  Italie?  La  seconde,  le  peu 
de  discipline  qu'il  faisoit  régner  dans  ses  armées,  ce 
qui  pensa  nous  faire  perdre  la  bataille  de  Luzzara^.  Il 
faut  qu'un  général  d'armée  se  réserve  toujours  à  don- 
ner les  grâces,  et  qu'il  charge  en  même  temps  les  offi- 
ciers majors  généraux  de  son  armée  de  la  discipline 
militaire,  et  qu'il  s'en  prenne  à  eux  lorsqu'on  y  manque. 
Ce  sera  le  moyen  d'avoir  une  armée  bien  disciplinée. 
Pendant  le  temps  que  nous  restâmes  dans  le  camp 
de  Noyelle,  le  duc  et  la  duchesse  de  Saint-Pierre^, 
sœur  du  comte  de  Groissy,  lieutenant  général  des 
armées  du  Roi^,  nommé  par  les  soldats  le  Petit  géné- 
ral ou  le  Poupin  d'amour,  arrivèrent  à  Cambray;  ils 
y  restèrent  une  dizaine  de  jours.  Tous  les  officiers 
généraux  leur  donnoient  des  fêtes  les  uns  après  les 
autres.  Le  maréchal  de  Villars,  après  leur  avoir  donné 
à  dîner,  fît  monter  à  cheval  toute  la  cavalerie  de  la 

1.  Tome  II,  p.  118. 

2.  Tome  I,  p.  223. 

3.  François-Marie-Spinola,  duc  de  Saint-Pierre  (1659-1727), 
avait  alors  le  titre  peu  enviable  de  majordome-major  de  la 
reine  douairière  d'Espagne  reléguée  à  Bayonne.  Il  devint  vice- 
roi  de  Valence  en  1717.  Veuf  d'une  Spinola  de  los  Balbasès,  il 
avait  épousé  en  janvier  1704  Marguerite-Thérèse  Colbert  de 
Croissy  (1682-1769),  veuve  depuis  1702  du  marquis  de  Renel. 

4.  Louis-François-Henri  Colbert,  chevalier,  puis  comte  de 
Croissy  (1677-1747),  avait  toujours  servi  en  Allemagne  ou  en 
Flandre;  nommé  lieutenant  général  en  mars  1710,  il  reçut  sous 
la  Régence  l'ambassade  de  Suède. 


[Juin  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  123 

droite  de  l'armée,  à  l'exception  de  la  Maison  du  Roi; 
il  lui  fit  faire  plusieurs  mouvements  en  leur  présence. 
La  duchesse  de  Saint-Pierre  étoit  une  des  belles  per- 
sonnes que  j'aie  jamais  vues^.  Je  devois  souper  avec 
elle  chez  le  prince  de  Montbazon^,  chez  qui  nous 
devions  faire  un  concert;  mais,  le  jour  qu'elle  devoit 
y  venir,  il  fit  un  orage  si  affreux,  que  la  plus  grande 
partie  de  nos  tentes  en  furent  renversées.  Plusieurs 
de  nos  soldats  furent  noyés  par  un  torrent  d'eau  qui 
vint  si  rapidement,  qu'ils  n'eurent  pas  le  temps  de  se 
sauver.  G'étoit  un  spectacle  des  plus  tristes.  Le  duc  et 
la  duchesse  de  Saint-Pierre  alloient  à  Utrecht,  où  les 
plénipotentiaires  de  tous  les  souverains  de  l'Europe 
étoient  assemblés  pour  la  paix  générale.  Ce  seigneur 
y  alloit  pour  réclamer  la  souveraineté  de  Sabionette, 
que  l'Empereur  lui  retenoit^.  Il  étoit  de  la  maison  de 
Spinola,  une  des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres 
de  Gênes. 

Quelques  jours  après  que  le  duc  et  la  duchesse  de 
Saint-Pierre  furent  partis,  M.  de  Villars  exerça  une 
action  des  plus  noires  contre  le  marquis  d'Havrin- 
court*.  Ce  maréchal,  piqué  au  vif  de  ce  que,  de  temps 

1.  Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  Boislisie,  t.  XI,  p.  338; 
Lettres  de  M™^  Dunoyer,  lettre  xcvii. 

2.  Louis-Henri  de  Rohan-Guémené,  fils  du  duc  de  Montba- 
zon,  commandait  le  régiment  de  Picardie;  il  était  brigadier 
depuis  1708,  et  il  mourut  en  1717. 

3.  Petit  duché  indépendant  situé  entre  le  Mantouan  et  le 
Crémonais.  Le  duc  de  Saint-Pierre  l'avait  acheté  en  1693  des 
Espagnols,  pour  cinq  cent  mille  écus  ;  mais  l'Empereur  s'en 
était  emparé  avant  même  que  l'acheteur  fût  entré  en  pos- 
session. 

4.  Ci-dessus,  p.  49. 


124  MÉMOIRES  [Juin  1712] 

en  temps,  il  recevoit  des  reproches  de  M""®  de  Mainte- 
non  touchant  le  peu  d'attention  qu'il  avoit  de  conser- 
ver les  bois  et  les  blés  de  la  terre  de  ce  marquis,  dont 
la  femme,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs  ^  étoit  la  bonne 
amie  de  M'"®  de  Maintenon,  pria  à  dîner  la  marquise 
d'Havrincourt,  la  comtesse  d'Oisy,  avec  M"''d'Oisy,  sa 
belle-fille.  Après  dîner,  il  proposa  à  ces  dames  de 
venir  voir  faire  l'exercice  à  toute  l'infanterie  de  son 
armée.  Elles  acceptèrent  avec  grand  plaisir  la  propo- 
sition. Nous  les  vîmes  paroître,  sur  les  quatre  heures, 
dans  un  carrosse  à  six  chevaux,  sur  une  éminence  où 
M.  de  Gontades^,  major  général,  les  avoit  conduites. 
Une  petite  réflexion  :  aurois-je  pensé  dans  ce  moment 
que  ma  future  épouse  étoit  là  présente?  Je  n'avois 
certainement  aucun  pressentiment  que  M"®  d'Oisy 
seroit  un  jour  ma  femme. 

Après  l'exercice,  toute  l'infanterie  se  partagea  en 
deux  pour  donner  aux  dames  l'image  d'un  combat 
d'infanterie.  L'on  nous  fit  marcher,  ce  qui  nous  fit 
beaucoup  de  peine,  dans  les  plus  beaux  blés  du  monde, 
qui  avoient  été  conservés  jusqu'au  fatal  moment,  quoi- 
qu'à  deux  pas  du  camp,  et  que  nous  allions  au  four- 
rage à  six  lieues.  En  peu  de  temps,  tout  fut  renversé 
et  écrasé  sous  les  pieds  du  soldat.  Il  est  bon  de  dire, 
pour  rendre  la  chose  plus  touchante,  que  le  maréchal 
envoyoit  de  quart  d'heure  en  quart  d'heure  des  aides 

1.  Anne  d'Osraont  :  ci-dessus,  p.  49. 

2.  Georges-Gaspard  de  Contades  (1666-1735)  avait  com- 
mencé par  servir  aux  gardes  françaises  et  en  devint  major  en 
1706.  De  1706  à  1712,  il  fit,  ctiaque  campagne,  les  fonctions 
de  major  général  de  l'armée  de  Flandre,  et  s'y  distingua.  Il  par- 
vint en  1720  au  grade  de  lieutenant  général. 


[Juin  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  125 

de  camp  pour  savoir  si  les  dames  prenoienl  beaucoup 
de  plaisir  à  cette  comédie.  La  marquise  d'Havrin- 
court,  qui  ignoroit  que  cette  farce  devoit  être  pour 
elle  une  véritable  tragédie,  prioit  les  personnes  que 
notre  général  envoyoit  de  le  bien  remercier  de  sa 
galanterie,  de  ses  politesses  et  de  son  attention.  Mais 
on  doit  s'imaginer  dans  quel  chagrin  et  dans  quel 
désespoir  cette  dame  fut  plongée,  lorsqu'elle  apprit 
que  c'étoit  à  ses  dépens.  Il  fallut  cependant  avaler 
cette  pilule,  quoique  très  amère,  et  passer  cette  triste 
scène  sous  silence,  de  peur  que,  dans  la  suite,  elle  n'en 
essuyât  d'autres.  Cet  exemple  nous  apprend  que  les 
plaintes  que  l'on  fait  à  la  cour  ont  souvent  des  suites 
des  plus  fâcheuses.  M.  et  M"^  d'Havrincourt  perdirent 
dans  un  moment  pour  plus  de  quinze  mille  francs. 

Il  me  dit,  quelques  années  après,  que  ceci  l'avoit 
bien  corrigé,  et  qu'il  s'étoit  pris  d'une  autre  manière 
pour  sauver  ses  bois.  «  Étant  allé  un  jour,  poursuivit-il, 
«  pour  faire  ma  cour  au  maréchal  de  Villars,  dès 
«  qu'il  me  vit,  il  s'approcha  de  moi  :  «  Monsieur,  me 
«  dit-il,  j'en  suis  bien  fâché;  jusqu'à  ce  moment,  j'ai 
«  fait  conserver  vos  bois  le  mieux  qu'il  m'a  été  pos- 
«  sible  ;  mais  l'armée  en  manque  entièrement  :  aussi 
«  je  ne  puis  empêcher  dorénavant  qu'on  en  prenne 
«  dans  vos  forêts.  »  Le  fin  Artésien  ne  répliqua  pas  un 
mot  à  M.  de  Villars;  mais,  sur-le-champ,  s'étant  rendu 
à  son  château,  qui  n'étoit  éloigné  que  d'une  heue  de 
l'armée,  il  monte  dans  sa  chaise  de  poste,  et,  sans 
s'arrêter  un  seul  moment,  il  se  rend  à  Versailles  en 
poste,  n'étant  suivi  d'aucun  de  ses  domestiques.  Il  y 
arriva  le  lendemain  à  dix  heures  du  matin.  Il  apprit 
que  M™^  de  Maintenon  étoit  à  Saint-Cyr.  Il  remonte  en 


126  MÉMOIRES  [Juin  1712] 

chaise,  et  il  arrive  dans  la  cour  de  cette  maison  dans  le 
moment  même  que  M™^  de  Maintenon  en  sortoit.  Il  lui 
dit,  le  visage  consterné  :  «  Madame,  si  vous  ne  m'ac- 
«  cordez  votre  protection,  M"'®  d'Havrincourt  est  rui- 
«  née!  »  Ensuite,  il  lui  répéta  le  discours  de  M.  de 
Villars.  «  Monsieur,  rassurez- vous,  lui  répondit 
a  M""®  de.  Maintenon  ;  aussitôt  que  je  serai  arrivée  à 
«  Versailles,  j'écrirai  à  Monsieur  le  maréchal.  »  — 
«  Eh!  mon  Dieu,  Madame,  lui  répliqua-t-il,  si  vous 
«  aviez  la  bonté  de  lui  écrire  dans  le  moment  ;  le 
«  temps  presse;  je  lui  porterois  moi-même  la  lettre. 
«  Voici  du  papier,  de  l'encre,  une  plume  et  de  la  cire.  » 
Le  rusé  Artésien  s'étoit  muni  de  tout,  jusqu'à  un 
cachet.  M""®  de  Maintenon  ayant  écrit  la  lettre  et  l'ayant 
cachetée,  il  part  promptement  pour  Gambray,  oii 
étant  arrivé,  il  pria  le  directeur  de  la  poste  de  mettre 
son  empreinte  sur  la  lettre  et  la  faire  rendre  aussi- 
tôt à  M.  de  Villars.  Cette  cérémonie  faite,  il  se  rend 
à  son  château,  et,  après  avoir  changé  de  linge  et  de 
perruque,  il  va  à  Noyelle.  Personne  ne  savoit  le 
voyage  qu'il  venoit  de  faire.  Dès  que  le  maréchal 
l'aperçut,  il  s'en  approcha,  et,  en  lui  adressant  la 
parole  :  «  Monsieur,  lui  dit-il,  toujours  des  recom- 
«  mandations  !  Toujours  des  recommandations  !  Ce  sont 
«  des  ordres  pour  moi.  L'armée  en  souffrira;  mais  il 
«  faut  obéir.  »  M.  de  Villars  fit  défendre  de  ne  point 
toucher  absolument  aux  bois  d'Havrincourt.  Ainsi, 
cette  petite  fatigue  sauva  pour  toujours  ses  bois.  Le 
plus  fin  et  le  plus  rusé  habitant  près  de  la  Garonne 
auroit-il  mieux  agi  pour  ses  intérêts?  Après  ce  détail, 
il  me  dit  que  M'"^  d'Havrincourt  ne  lui  avoit  pas 
apporté  un  sol  en  mariage,  excepté  le  don  de  la  mai- 


[Juillet  1742]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  127 

son  de  Saint-Gyr*,  mais  qu'elle  lui  avoit  valu  plus  de 
cinq  cent  mille  francs,  par  rapport  aux  ordres  qui 
avoient  été  donnés  pour  la  conservation  et  de  ses 
bois  et  de  ses  blés,  qu'il  vendoit  pendant  tout  le  cours 
de  la  guerre  tout  ce  qu'il  vouloit.  C'est  assez  parler 
de  M.  d'Havrincourt  ;  retournons  à  notre  armée. 

Pendant  que  nous  étions  dans  une  tranquillité  et 
une  oisiveté  insupportables  pour  de  vrais  militaires, 
le  prince  Eugène  poussoit  le  siège  du  Quesnoy  avec 
toute  la  vigueur  possible.  Il  avoit  une  nombreuse 
artillerie,  avec  laquelle  il  mettoit  en  poussière  cette 
place  :  ainsi  les  défenses  furent  bientôt  ruinées.  Ce 
prince,  ayant  fait  tout  préparer  pour  l'attaque  du  che- 
min couvert,  le  fît  attaquer  le  1*"^  juillet,  à  huit  heures 
du  soir,  du  côté  de  l'attaque  de  la  porte  de  la  Forêt, 
et,  après  une  grande  résistance  des  assiégés,  il  s'en 
empara.  Les  ennemis  y  perdirent  bien  du  monde ^. 

Prise  du  Quesnoy.  —  Le  3,  M.  de  la  Badie  fit 
battre  la  chamade.  Il  craignoit  avec  raison  que  sa 
place  ne  fût  emportée  d'assaut  :  elle  étoit  ouverte  de 
tous  côtés.  Les  ennemis  ne  voulurent  lui  accorder 
aucune  capitulation  qu'il  ne  se  rendît  lui  et  sa  garni- 

1.  Ce  n'était  pas  exact;  car  le  Roi  avait  donné  à  M"*^  d'Os- 
mont  cent  mille  livres  en  rentes  sur  l'hôtel  de  ville  et  l'auto- 
risation à  M.  d'Havrincourt  d'acheter  pour  vingt-cinq  raille 
écus  le  gouvernement  d'Hesdin,  qui  rapportait  douze  mille 
livres  [Saint-Simon,  éd.  Boislisle,  t.  XII,  p.  423). 

2.  Mémoires  militaires,  p.  55;  Histoire  militaire,  p.  48  et  49. 
Il  y  a  un  journal  du  siège  dans  la  Gazette  d'Amsterdam,  n"*  l 
et  Lii-Liv,  d'après  les  lettres  du  camp  des  assiégeants.  Un  autre 
journal,  tenu  par  les  assiégés,  a  été  publié  dans  les  Mémoires 
militaires,  p.  483-486,  et  un  plan  de  la  place  se  trouve  dans 
l'atlas  de  ce  dernier  ouvraere. 


128  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

son  prisonniers  de  guerre  :  à  quoi  M.  de  la  Badie  ne 
voulant  consentir,  le  feu  recommença  de  part  et  d'autre 
jusqu'au  lendemain  4,  sur  les  dix  heures  du  matin, 
qu'il  se  rendit  aux  mêmes  conditions  qui  lui  avoient 
été  proposées  la  veille.  Cependant  on  accorda  aux 
officiers,  et  aux  soldats  mêmes,  de  garder  leurs  épées. 
Cette  ville  se  rendit  après  seize  jours  de  tranchée 
ouverte.  La  garnison  en  sortit  le  6,  et  elle  fut  conduite 
en  Hollande^. 

Les  ennemis  de  M.  de  la  Badie  écrivirent  à  la  cour 
si  malignement  contre  cette  capitulation  et  contre  la 
défense  qu'il  avoit  faite,  que  le  Roi  le  fit  mettre  à  la 
Bastille-,  quoique,  selon  ce  que  j'ai  entendu  dire  par 
des  officiers  de  la  garnison  qui  étoient  bien  au  fait  de 
la  défense  des  places,  ce  commandant  avoit  fait  tout 
ce  qui  convenoit  pour  bien  se  défendre,  mais  que  la 
nombreuse  artillerie  des  alliés  avoit  si  fort  ouvert  sa 
place,  qu'il  avoit  été  contraint  de  se  soumettre  aux 
conditions  des  alliés.  Le  Roi,  qui,  dans  la  suite,  fut 
bien  informé  des  particularités  de  la  défense  de  cette 
place,  lui  rendit  la  justice  qui  lui  étoit  due,  et  il  le  fit 
sortir  de  la  Bastille.  Dans  le  métier  de  la  guerre, 
comme  dans  les  autres  états,  la  jalousie  et  l'envie  n'y 
régnent   que  trop.    M.   d'Ivoy^,  officier   général    de 

1.  Le  texte  de  la  capitulation  est  dans  les  Mémoires  militaires, 
p.  480-483;  voyez  aussi  le  n°  lv  de  la  Gazette  d'Amsterdam. 

2.  «  Le  12  juillet,  on  apprit  que  le  Roi  avoit  fait  mettre  à  la 
Bastille  La  Badie,  qui  coinraandoit  dans  le  Quesnoy,  et  qu'on 
vouloit  en  faire  un  exemple  »  [Sourches,  t.  XIII,  p.  445). 

3.  M.  d'Ivoy  ou  d'Yvoy,  fils  d'un  protestant  français  et  né  à 
Genève,  était  général  major  dans  l'armée  impériale;  c'était 
d'ailleurs  un  homme  estimé  et  un  bon  ingénieur  [ibidem, 
p.  497). 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  129 

réputation,  fut  mis  dans  cette  place  par  les  Hollandois, 
pour  y  commander. 

Le  comte  de  Broglie  fait  prisonnier  M.  de  Saint- 
Amour.  —  Le  comte  de  Broglie,  qui  avoit  son  camp 
volant  à  Monchy-le-Preux,  faisoit  de  temps  en  temps 
des  fourrages  au  delà  de  la  Scarpe.  M.  de  Saint- 
Amour,  fameux  partisan  de  l'armée  ennemie^,  en 
ayant  été  informé,  prit  ses  mesures  pour  être  averti 
du  jour,  afin  de  pouvoir  tomber  sur  lui.  Il  se  servoit 
d'un  espion  qui,  malheureusement  pour  lui,  le  trom- 
poit.  Apparemment  que  le  comte  de  Broglie  le  payoit 
mieux  que  lui .  Ces  sortes  de  personnes  sont  à  craindre  ; 
on  doit  toujours  s'en  méfier.  Cet  espion  rapporta  au 
général  françois  ce  que  M.  de  Saint-Amour  lui  avoit 
dit.  Il  chargea  cet  homme  de  lui  dire  qu'il  feroit  sûre- 
ment un  fourrage  le  7.  M.  de  Saint-Amour,  étant 
assuré  du  jour,  s'embusque,  lui  et  son  détachement 
composé  de  huit  cents  chevaux,  une  heure  avant  le 
jour,  près  de  l'endroit  où  M.  de  Broglie  devoit  faire 
son  fourrage.  Au  soleil  levant,  il  voit  venir  l'escorte, 
ensuite  les  fourrageurs,  qui  paroissoient  n'être  armés 
que  de  leurs  faux.  Ils  avoient  leur  bonnet  sur  leur 
tête  et  vêtus  seulement  de  leurs  buffles^.  Il  laisse 
faire  la  chaîne  du  fourrage,  et  ensuite,  ayant  partagé 
son  détachement  en  seize  troupes,  il  marche  à  celles 
qui  la  composoient;  mais  quelle  fut  sa  surprise  dès 
qu'il  s'aperçut  que  nos  fourrageurs,  ayant  jeté  leurs 
faux  par  terre,  se  forment  promptement  en  bataille 
et  marchent  sans  perdre  de  temps  à  lui  rapidement, 

1.  Tome  II,  p.  186.  Les  Mémoires  militaires  lui  donnent  le 
titre  de  colonel  des  cuirassiers  de  l'Empereur. 

2.  Justaucorps  en  cuir. 

III  9 


130  MÉMOIRES  f  Juillet  171 2J 

le  sabre  à  la  main  !  Il  ne  laissa  pas  que  de  faire 
quelque  résistance;  mais,  accablé  par  le  nombre,  il 
fut  obligé  de  se  rendre  prisonnier  de  guerre.  La  plus 
grande  partie  de  son  détachement  fut  tuée  ou  faite 
prisonnière.  Le  reste,  en  fuyant,  se  précipita  dans  le 
canal  de  Douay  à  Lille,  où  plusieurs  se  noyèrent ^ 
Cette  affaire  fut  aussi  bien  exécutée  que  projetée,  et  elle 
fit  présumer  que  Ghonchon  seroit  un  jour  un  grand 
général.  Le  maréchal  de  Villars,  ayant  reçu  la  nou- 
velle de  cette  défaite,  en  marqua  tout  haut  le  plaisir 
qu'il  en  avoit.  Il  aimoit  le  comte  de  Broglie  aussi  bien 
que  tous  les  officiers  particuliers. 

Le  marquis  de  Broglie  repoussé  en  Dauphiné.  —  Le 
marquis  de  Broglie,  son  frère  aîné,  ne  fut  pas  si  heu- 
reux, ou  plutôt  si  habile,  en  Dauphiné;  car,  ayant  été 
commandé  cette  même  année  avec  un  gros  détache- 
ment, tant  grenadiers  que  fantassins,  par  le  maré- 
chal de  Berwick,  pour  se  présenter  devant  un  poste 
ennemi,  afin  de  l'amuser  jusqu'à  l'arrivée  de  la  tète 
de  notre  armée,  M.  de  Broglie,  oubliant  les  ordres 
qu'il  avoit  reçus,  fit  attaquer  ce  poste  si  imprudem- 
ment, qu'il  fut  repoussé  par  les  troupes  qui  le  défen- 
doient,  non  sans  beaucoup  de  pertes.  Le  maréchal  de 
Berwick,  sévère  observateur  de  la  discipline  militaire, 
après  l'avoir  réprimandé  fortement  en  présence  des 
officiers  généraux,  écrivit  à  la  cour  contre  lui.  Il  ne 
tint  pas  à  ce  milord  qu'il  ne  fût  mis  au  conseil  de 
guerre^.  En  vérité,  pour  le  bien  de  la  discipline,  on 

1.  Gazette,  p.  360;  Mémoires  militaires,  p.  62. 

2.  Notre  chevalier  se  trompe  dans  ce  qu'il  raconte  du  mar- 
quis de  Broglie.  Nulle  part  il  n'est  question  d'un  échec  éprouvé 
par  cet  officier,  et  Berwick  n'en  parle  pas  dans  ses  Mémoires; 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  131 

devroit  quelquefois  faire  des  exemples.  J'ai  toujours 
remarqué  que  les  personnes  qui  avoient  le  plus  d'es- 
prit, c'est-à-dire  de  l'esprit  brillant,  faisoient  les  plus 
grandes  fautes.  La  présomption  et  l'amour-propre  les 
aveuglent  si  fort,  qu'ils  ne  veulent  suivre  que  leurs 
propres  idées.  Les  affaires  publiques  en  souffrent  tou- 
jours; nous  n'en  voyons  que  trop  d'exemples. 

Le  'prince  de  Tingry  repousse  un  détachement  des 
ennemis.  —  Trois  jours  après  l'affaire  du  comte  de 
Broglie,  le  prince  de  Tingry,  nommé  ci-devant  le 
chevalier  de  Luxembourg  ^  fit  attaquer  plusieurs 
troupes  qui  s'étoient  postées  dans  un  faubourg  de 
Valenciennes,  situé  sur  la  rive  gauche  de  l'Escaut,  et 
dans  un  village  à  la  grande  portée  du  canon  de  cette 
place^.  M.  d'Albemarle,  qui  commandoit  le  camp 
volant  de  Denain,  les  y  avoit  postées  pour  favoriser 
un  fourrage  qu'il  faisoit  de  ce  côté-là.  Ses  troupes, 
après  un  combat  assez  opiniâtre,  furent  obligées 
d'abandonner  le  terrain  et  d'aller  chercher  du  four- 
rage ailleurs.  Les  ennemis  y  perdirent  bien  du  monde; 
on  leur  fit  beaucoup  de  prisonniers.  De  notre  côté, 
nous  eûmes  une  centaine  de  soldats  de  tués  ou  de 
blessés;  un  lieutenant-colonel,  deux  capitaines  de  gre- 
nadiers et  trois  lieutenants  furent  du  nombre  des  pre- 
miers. Le  chevalier  de  Montmorency^,  colonel,  fut 
blessé  dangereusement. 

il  y  a  même  une  lettre  élogieuse  de  ce  général,  en  date  du 
15  septembre,  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  175. 

1.  Tome  II,  p.  119. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  63;  Gazette,  p.  372.  Le  village 
dont  il  est  question  est  Anzin,  aujourd'hui  important  centre 
minier. 

3.  Jean-Nicolas  de  Montmorency -Châteaubrun,  chevalier, 


132  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

Le  1 6  juillet,  je  fus  faire  ma  cour  au  maréchal  de 
Montesquiou,  dont  le  quartier  général  étoit  toujours 
à  Cantaing,  près  de  Cambray.  Il  étoit  enfermé  avec 
un  officier  anglois  que  le  duc  d'Ormond  lui  avoit 
envoyé.  En  le  reconduisant,  le  maréchal  lui  demanda 
sans  affectation  si  le  corps  de  troupes  aux  ordres  de 
M.  d'Albemarle  étoit  toujours  campé  à  Denain.  L'offi- 
cier lui  répondit  qu'il  y  étoit  encore.  Cette  demande 
me  fit  faire  quelques  réflexions.  Dès  ce  moment, 
l'idée  me  resta  dans  l'esprit  que,  dans  la  suite,  nos 
généraux  pourroient  avoir  des  vues  sur  ce  camp  :  ce 
qui  arriva,  comme  je  le  dirai  dans  la  relation  de  cette 
campagne. 

Le  1 7,  au  soir,  nous  apprîmes  que  les  dix-huit  mille 
Anglois  commandés  par  le  duc  d'Ormond  avoient 
quitté  l'armée  des  alliés.  Ce  même  jour,  on  publia 
dans  notre  armée  et  dans  celle  des  Anglois  une  sus- 
pension d'armes,  pour  quatre  mois,  entre  les  deux 
nations.  Ensuite  le  général  anglois  se  rendit  à  la  tête 
de  ses  troupes,  en  plusieurs  jours  de  marche,  sur  le 
canal  de  Bruges  ^ 

Il  étoit  à  présumer  que,  l'armée  des  alliés  étant 
diminuée  de  dix-huit  mille  hommes  de  bonnes  troupes, 
le  prince  Eugène  feroit  reposer  ses  lauriers,  et  qu'il 
ne  songeroit  plus  à  faire  de  nouvelles  entreprises  ; 

puis  marquis  de   Montmorency   :   tome  II,   p.   378;   il   avait 
acheté  en  1710  le  régiment  de  cavalerie  du  Maine. 

1.  Depuis  le  mois  de  mai,  Villars  était  en  correspondance 
avec  le  duc  d'Ormond  [Mémoires  militaires,  p.  462-464,  476- 
478  et  495;  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  147).  Le  texte  de  la 
suspension  d'armes  est  dans  les  Mémoires  militaires,  p.  469- 
471,  et  dans  V Histoire  militaire  de  Quincy,  p.  60-62. 


[Juillet  1712J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  133 

mais  ce  général  pensoit  autrement.  Il  se  persuada  qu'il 
lui  restoit  encore  assez  de  troupes  pour  pousser  ses 
conquêtes  au  milieu  de  la  France  et  pour  obliger  le 
Roi  à  faire  une  paix  des  plus  humiliantes.  Apparem- 
ment qu'il  croyoit  que,  comme  nous  avions  toujours 
été  obligés,  depuis  plusieurs  campagnes,  de  nous  en- 
terrer à  l'imitation  des  taupes  et  de  nous  couvrir  de 
quelques  rivières,  nous  n'oserions  jamais  nous  oppo- 
ser à  ses  projets.  Il  prit  le  parti,  après  avoir  bien 
ravitaillé  le  Quesnoy  et  après  avoir  fait  combler  les 
lignes  de  circonvallation  et  les  tranchées  devant  cette 
place,  de  marcher,  le  1  6  juillet,  sur  Landrecies,  afin 
d'en  former  le  siège.  Ce  même  jour,  il  passa  l'Esca- 
lion*,  petite  rivière  qui  prend  sa  source  à  Preux-aux- 
Bois-  et  qui  va  se  jeter  dans  l'Escaut  vis-à-vis  de 
Prouvy^,  village  à  une  petite  lieue  et  au-dessus  de 
Valenciennes.  Il  mit  la  droite  de  son  armée  à  Thiant^ 
et  la  gauche  à  Fontaine-aux-Bois^,  village  à  une  demi- 
lieue  de  Landrecies.  Par  cette  position,  elle  faisoit 
face  à  l'Escalion,  au  Quesnoy  et  à  Valenciennes.  Aupa- 
ravant de  décamper,  il  avoit  fait  les  dispositions  sui- 
vantes. Il  avoit  laissé  un  corps  de  troupes  considé- 
rables à  Marchiennes,  aux  ordres  de  MM.  Secquin^, 
de  Zobel  et  du  prince  d'Holstein.  Cette  petite  ville 
étoit  comme  la  place  d'armes  des  alliés,  et  d'où  par- 

1.  Petit  affluent  de  l'Escaut  formé  de  la  réunion  de  plusieurs 
ruisseaux  sortis  de  la  forêt  de  Mormal;  il  court  parallèlement 
à  la  Selle. 

2.  Nord,  canton  de  Landrecies. 

3.  Canton  de  Valenciennes. 

4.  Sur  l'Escalion,  à  une  demi-lieue  de  Denain. 

5.  Dans  le  canton  de  Landrecies. 

6.  C'est  M.  de  Sickingen;  ci-après,  p.  149. 


134  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

toit  une  communication  qui  alloit  jusqu'à  Denain,  bien 
retranchée,  tant  du  côté  qui  regardoit  Valenciennes 
que  du  côté  qui  regardoit  la  France.  Il  y  avoit  de  dis- 
tance en  distance  de  bonnes  redoutes.  Les  ennemis 
appeloient  celte  communication  le  chemin  de  Paris^. 

Depuis  Denain  jusqu'à  l'Escalion,  autre  communi- 
cation. Cette  rivière,  au  bord  de  laquelle  on  avoit 
fait  quelques  retranchements,  en  servoit  jusqu'à  l'ar- 
mée ennemie  campée  près  de  Landrecies.  Ainsi  tous 
ces  postes  se  communiqtïoient  parfaitement  bien,  et  se 
défendoient  et  se  protégoient  les  uns  et  les  autres. 
M.  d'Albemarle,  comme  il  a  été  dit,  étoit  à  Denain 
avec  seize  bataillons  et  quatorze  escadrons,  à  portée 
de  se  rendre  du  côté  de  Marchiennes,  en  cas  qu'on 
eût  voulu  l'insulter,  ou  du  côté  de  l'Escalion. 

Tout  étant  disposé,  le  prince  Eugène  fît  partir, 
le  1 7,  le  prince  d'Anhalt-Dessau-,  à  la  tête  de  quarante 
escadrons  et  de  trente  bataillons,  pour  faire  l'investis- 
sement de  Landrecies.  On  doit  remarquer  que  c'étoit 
le  même  jour  que  le  duc  d'Ormond  avoit  quitté  son 
camp  sur  la  Selle  pour  se  rendre  sur  le  canal  de 
Bruges.  Le  prince  Eugène  ne  fut  pas  plus  tôt  arrivé 
devant  Landrecies,  qu'il  fit  travailler  promptement 
aux  lignes  de  circonvallation  et  de  contrevallation. 

1.  Cette  communication,  formée  de  deux  retranchements 
parallèles,  est  indiquée  sur  le  plan  donné  dans  Y  Histoire  mili- 
taire, et  aussi  dans  l'Atlas  des  Mémoires  militaires.  Villars 
[Mémoires,  t.  III,  p.  155)  dit  de  même  que  les  allies  l'appe- 
laient le  Grand  chemin  de  Paris. 

2.  Léopold,  prince  d'Anhalt-Dessau  (1676-1747),  était  lieu- 
tenant héréditaire  de  l'électorat  de  Brandebourg  et  comman- 
dait le  contingent  prussien  ;  il  devint  par  la  suite  feld-maréchal 
des  armées  impériales. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  135 

Landrecies.  —  La  ville  de  Landrecies  est  assez  bien 
fortifiée;  mais  les  ouvrages  en  sont  très  petits  :  ainsi 
il  est  à  présumer  qu'elle  auroit  été  bientôt  réduite  en 
poussière  par  la  nombreuse  artillerie  qui  devoit  la 
foudroyer^ .  Elle  est  située  sur  la  Sambre  et  dépendante 
du  Hainaut.  Elle  est  célèbre  par  le  siège  qu'en  fit 
Gharles-Quint  en  1543,  et  dont  il  fut  obligé  de  lever 
le  siège.  Depuis,  elle  a  essuyé  plusieurs  sièges.  Les 
armes  de  Louis  XIV  lui  acquirent  cette  place  l'année 
1655,  et  elle  lui  est  restée  par  le  traité  des  Pyrénées. 
M.  du  BaraiH,  maréchal  de  camp,  très  bon  officier, 
qui  avoit  été  colonel  du  régiment  de  Roi-infanterie,  en 
étoit  gouverneur,  et  chargé  par  S.  M.  de  la  défendre. 
J'étois  très  persuadé  qu'il  y  auroit  acquis  beaucoup 
de  réputation. 

Le  maréchal  de  Villars,  étant  bien  informé  du  véri- 
table dessein  du  prince  Eugène,  et  ayant  des  ordres 
de  la  cour  de  sauver  Landrecies  à  quelque  prix  que  ce 
fût,  fit  le  grand  projet  dont  nous  allons  voir  l'exécu- 
tion. Il  l'envoya  à  la  cour  auparavant.  Le  Roi  y  fit 
quelque  changement,  et  S.  M.  lui  ordonna  de  l'exé- 
cuter^. 

1.  L'enceinte  de  Landrecies  avait  été  bâtie  par  le  chevalier 
de  Ville  et  réparée  par  Vauban  ;  il  y  en  a  une  description  dans 
le  Grand  dictionnaire  géograpJiique  d'Expilly. 

2.  Louis  Prévost  du  Barail  commandait  depuis  1706  le  régi- 
ment du  Roi;  il  avait  eu  le  gouvernement  de  Landrecies  le 
24  janvier  1711;  il  parvint  en  1720  au  grade  de  lieutenant 
général. 

3.  Les  lettres  du  Roi  et  du  ministre  Voysin  données  dans  les 
Mémoires  militaires,  p.  74-75  et  486-495,  établissent  que,  dès 
le  commencement  de  juillet,  Villars  s'inquiétait  de  ce  qu'il 
ferait  pour  empêcher  Eugène  d'assiéger  Landrecies.  Le  17, 
le  Roi  lui  indiquait  l'attaque  de  la  communication  de  Mar- 


136  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

Enfin,  le  maréchal  de  Villars  ayant  envoyé  nos  gros 
équipages  sous  Saint-Quentin  et  ayant  fait  faire  plu- 
sieurs ponts  sur  l'Escaut  au-dessus  et  au-dessous  de 
Cambray,  nous  quittâmes  le  19  nos  terriers,  avec  le 
plus  grand  plaisir  du  monde.  La  joie  étoit  répandue 
sur  les  visages  et  des  soldats  et  des  officiers  :  il  y  avoit 
un  pressentiment  unanime  que  nous  marchions  à  une 
victoire  certaine;  on  se  faisoit  des  comphments  les 
uns  aux  autres.  Nous  passâmes  l'Escaut  à  midi,  et, 
après  avoir  passé  le  petit  ruisseau  de  l'Escouvette^ 
qui  sort  de  Guillemain  ^  et  qui  va  se  jetter  dans  cette 
première  rivière  à  Grèvecœur^,  nous  campâmes  sur 
quatres  lignes,  la  droite  de  l'armée  au  bois  de  Haut- 
court^  et  la  gauche  s'étendant  du  côté  de  Cambray. 
Le  soir,  le  maréchal  assembla  un  conseil  de  guerre, 
composé  de  tous  les  officiers  généraux.  Il  dura  assez 
longtemps. 

Belle  marche.  —  Le  20,  on  battit  la  générale  et  on 
sonna  le  boute-selle  à  la  petite  pointe  du  jour,  et, 

chiennes  à  Denain  comme  une  opération  utile  ;  mais  il  semble 
que  le  maréchal  n'y  était  point  disposé  [Mémoires  de  Villars, 
t.  III,  p.  322,  et,  p.  325-328,  deux  lettres  du  comte  de 
Broglie  des  21  et  22  juillet).  Le  22,  Villars  écrivait  à  Voysin 
que,  MM.  de  Broglie  et  de  Vieuxpont  ayant  jugé  impossible 
l'entreprise  sur  Denain,  il  y  renonçait,  et  cependant,  dès  le 
lendemain,  il  se  décidait  à  marcher  sur  cette  position  et  rem- 
portait la  victoire  le  24.  Faut-il  voir  dans  cette  décision  la 
marque  de  l'intervention  du  maréchal  de  Montesquiou  dont 
notre  auteur  va  parler  un  peu  plus  loin,  p.  154? 

1.  Espèce  de  torrent  qui  sort  des  bois  d'Esne. 

2.  Ancien  prieuré,  aujourd'hui  ferme,  sur  la  commune  de 
Wallincourt. 

3.  Commune  du  canton  de  Marcoing. 

4.  Hautcourt  est  une  localité  du  canton  de  Clary. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  137 

après  l'assemblée,  l'armée  s'ébranla.  Elle  marcha  sur 
neuf  colonnes  dans  une  belle  plaine  qui  conduisoità  la 
rivière  de  la  Selle.  Il  y  avoit  quatre  colonnes  de  cava- 
lerie, quatre  d'infanterie,  et  la  neuvième,  qui  étoit 
dans  le  centre,  étoit  composée  de  l'artillerie  et  des 
pontons.  D'un  seul  coup  d'œil,  on  voyoit  l'avant- 
garde,  le  corps  de  bataille  et  l'arrière-garde.  Tous  les 
officiers  généraux  étoient  dans  leurs  postes  respectifs. 
Gomme  nous  marchions  sur  l'ennemi,  les  officiers  par- 
ticuliers et  les  soldats  se  tenoient  dans  leurs  rangs. 
On  a  beau  me  parler  des  spectacles,  des  comédies, 
des  opéras,  des  carrousels,  enfin  de  tous  les  plus 
beaux  spectacles  du  monde,  il  n'y  en  a  point  certaine- 
ment qui  frappe  plus  les  yeux  qu'une  armée  en  bataille 
qui  attend  l'ennemi,  ou  qui  est  en  marche  pour  le  com- 
battre. Toutes  les  colonnes  marchoient  à  la  même 
hauteur,  avec  un  espace  de  deux  cents  pas  de  l'une  à 
l'autre.  En  cas  que  les  alliés  eussent  marché  à  nous, 
les  quatre  colonnes  de  la  droite,  en  se  dépliant  à  droite, 
et  les  quatre  colonnes  de  la  gauche,  en  se  dépliant  de 
même  à  gauche,  nous  nous  serions  trouvés  en  moins 
de  rien  en  bataille,  en  s'étendant  et  sur  la  droite  et 
sur  la  gauche.  La  première  colonne  de  la  droite,  com- 
posée de  la  seconde  ligne  de  la  droite  de  la  cavalerie, 
devoit  faire  halte  un  moment,  pour  donner  le  temps  à 
la  seconde  colonne  de  cavalerie,  composée  de  la  pre- 
mière ligne  de  la  droite  de  la  cavalerie,  de  marcher 
en  avant,  afin  de  prendre  la  distance  du  terrain  néces- 
saire qui  doit  se  trouver  entre  la  première  ligne  et  la 
seconde,  et  ensuite  pour  marcher  à  la  même  hauteur 
de  la  droite.  La  troisième  colonne,  composée  de  la 
seconde  ligne   de  notre  infanterie,  devoit   suivre   la 


138  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

seconde  ligne  de  notre  cavalerie,  et  la  quatrième 
colonne,  composée  de  la  première  ligne  de  la  droite 
de  l'infanterie,  devoit  suivre  la  seconde  colonne  de  la 
cavalerie,  qui  faisoit,  comme  il  est  dit  ci-dessus,  la  pre- 
mière ligne  de  la  droite  de  la  cavalerie.  Les  quatre 
colonnes  de  la  gauche  dévoient  faire  la  même  manœuvre 
sur  leur  gauche  que  les  quatre  colonnes  de  la  droite 
auroient  faite  sur  leur  droite. 

Nous  arrivâmes  sur  la  Selle  dans  cette  disposition. 
Notre  droite  fut  postée  à  Saint- Souplet,  et  notre 
gauche  à  Monlay*,  cette  rivière  devant  le  front  de 
notre  armée.  Nous  séjournâmes  dans  ce  camp  le  21. 
Ce  jour  fut  employé  à  faire  des  ponts  sur  la  Selle  et 
à  faire  des  chemins  pour  nous  conduire  vers  la  Sambre. 

Le  23,  on  battit  la  générale  et  on  sonna  le  boute- 
selle  à  la  petite  pointe  du  jour,  une  heure  après  l'as- 
semblée; et  sur-le-champ  l'armée  se  mit  en  marche 
pour  passer  la  Selle.  En  arrivant  sur  cette  rivière, 
nous  fîmes  halte  jusqu'à  midi.  Nous  en  profitâmes 
pour  manger  notre  gigot.  Lorsque  nous  eûmes  passé 
la  rivière  à  une  demi-lieue  au-dessus  du  Gateau-Gam- 
brésis,  nous  marchâmes  une  demi-lieue  en  avant,  et 
ensuite  nous  nous  repliâmes  sur  notre  droite.  Nous 
arrivâmes  de  bonne  heure  dans  notre  camp,  d'où 
nous  apercevions  les  ennemis  qui  travailloient  à  élever 
des  retranchements  ;  nous  n'étions  éloignés  d'eux  que 
d'une  lieue.  On  appuya  la  droite  de  l'armée  à  Ghàtillon  2, 

1.  Ces  deux  villages  appartiennent  au  canton  actuel  du 
Cateau-Gambrésis,  le  premier  au  nord,  l'autre  au  sud  de  ce 
bourg,  qui  se  trouvait  ainsi  au  centre  de  la  ligne. 

2.  Ou  plutôt  Catillon,  selon  la  prononciation  picarde;  village 
à  deux  lieues  à  l'est  du  Gâteau. 


[Juillet  17i2J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  139 

village  situé  sur  la  Sambre,  et  notre  gauche  sur  la 
Selle,  près  du  Gateau-Gambrésis.  On  employa  le  reste 
du  jour  et  toute  la  journée  du  23  à  faire  des  ponts 
sur  la  Sambre  :  ce  qui  nous  fit  croire  que  le  dessein 
du  maréchal  étoit  d'attaquer  les  alliés  au  delà  de  cette 
rivière.  L'ordre  fut  donné  une  heure  avant  la  nuit.  Il 
fut  dit  que  la  retraite  serviroit  d'assemblée,  et  que 
sur-le-champ  l'armée  marcheroit  sur  sa  droite.  Je  vis 
passer  M.  de  Contades,  major  général  de  l'armée,  un 
peu  auparavant  qu'elle  fut  battue;  il  galopoit  du  côté 
de  la  gauche  de  l'armée. 

Quelle  fut  notre  surprise,  grand  Dieu  !  la  retraite 
étant  battue,  de  voir  que  notre  marche  se  faisoit  sur 
notre  gauche.  J'en  fus  demander  la  raison  à  M.  de 
Pélissan^  lieutenant-colonel  du  régiment  de  Piémont 
et  brigadier  de  notre  brigade.  Il  me  dit  que  nous 
allions  nous  porter  entre  le  Quesnoy  et  l'armée  des 
ennemis,  afin  d'occuper  un  camp  des  plus  avantageux, 
et  que,  par  cette  position,  il  étoit  impossible  au  prince 
Eugène  de  faire  le  siège  de  Landrecies,  parce  que 
nous  lui  étions  entièrement  la  communication  d'avec 
Denain,  et  par  conséquent  d'avec  Marchiennes,  d'où 
il  devoit  tirer  ses  provisions  et  de  bouche  et  de  guerre, 
mais  que,  s'il  prenoit  ce  parti-,  ce  poste  étoit  si  bon, 
qu'il  étoit  à  présumer  qu'il  perdroit  la  moitié  de  son 
armée  auparavant  que  de  pouvoir  nous  y  forcer. 

Gomme  nous  faisions  l'arrière-garde,  notre  marche 
étoit  des  plus  pesantes  :  on  faisoit  un  pas,  et  on  s'ar- 
rêtoit  un  demi-quart  d'heure.  Rien  de  plus  ennuyant 

1.  Il  appartenait  à  une  famille  de  Languedoc. 

2.  De  faire  le  siège  de  Landrecies, 


140  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

que  la  marche  d'une  armée  pendant  la  nuit.  Par  bon- 
heur, il  faisoit  un  temps  charmant.  Il  y  avoit  ordre  de 
ne  faire  aucun  bruit  ;  car  il  étoit  de  la  dernière  consé- 
quence que  l'ennemi  ne  s'aperçût  point  de  notre 
marche.  Ainsi  l'ordre  fut  très  bien  exécuté.  Cepen- 
dant, une  bonne  demi-heure  après  que  nous  étions  en 
mouvement  et  que  nous  gardions  un  profond  silence, 
nous  entendîmes  tirer  un  coup  de  carabine  sur  notre 
droite,  à  cinquante  pas  de  nous.  Un  de  nos  aides-majors 
se  rendit  sur-le-champ  à  l'endroit  d'où  étoit  parti  le 
bruit;  il  trouva  un  de  nos  housards,  à  pied,  qui  étoit 
bien  gris.  11  l'amena  à  la  tête  du  régiment,  et  il  le  con- 
signa à  nos  grenadiers.  C'étoit  ce  vilain  mal  peigné 
qui  avoit  eu  l'imprudence  de  lâcher  sa  carabine.  Il 
nous  faisoit  mille  contes  en  latin;  il  parloit  cette 
langue  avec  éloquence.  11  adressoit  toujours  la  parole 
à  La  Bussière,  qu'il  appeloit  à  tout  moment  :  «  Mon 
«  cher  patriarche,  »  ce  qui  nous  faisoit  beaucoup  rire  ; 
car  mon  ami  La  Bussière  vouloit  passer  pour  être 
plus  jeune  qu'il  ne  l'étoit.  Cette  petite  conversation  fut 
poussée  jusqu'à  la  petite  pointe  du  jour  du  24.  Dès 
qu'elle  parut,  nous  aperçûmes  au  delà  d'une  rivière 
une  grosse  colonne  d'infanterie.  Dans  la  prévention  où 
nous  étions  que  nous  allions  entre  le  Quesnoy  et  Lan- 
drecies,  nous  nous  imaginâmes  que  c'étoit  l'Escalion, 
et  que  cette  colonne  d'infanterie  étoit  de  l'armée  enne- 
mie qui  étoit  en  mouvement  pour  nous  empêcher  le 
passage  de  cette  rivière  ;  mais,  en  nous  approchant, 
nous  reconnûmes  que  cette  rivière  étoit  la  Selle,  et 
que  nous  allions  la  repasser  sur  le  même  pont  que 
nous  avions  passé  deux  jours  auparavant.  Impatient 
de  savoir  quel  étoit  donc  le  dessein  de  nos  gêné- 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  141 

raux,  je  m'adressai  encore  à  M.  de  Pélissan.  Il  n'en 
sa  voit  pas  plus  long  que  moi.  Il  me  dit  cependant  que 
le  maréchal  de  Villars,  ayant  trouvé  qu'il  étoit  abso- 
lument impossible  d'attaquer  les  ennemis  dans  leurs 
retranchements  devant  Landrecies,  avoit  pris  le  parti 
de  faire  retourner  notre  armée  dans  son  ancien  camp 
au  delà  de  l'Escaut.  Étourdi  de  cette  triste  nouvelle, 
qui  fut  répandue  sur-le-champ  parmi  le  soldat,  j'étois 
dans  un  désespoir  affreux  ;  je  détestois,  pour  ainsi 
dire,  d'être  né  François.  J'aperçus  un  découragement 
et  parmi  l'officier  et  parmi  le  soldat.  On  se  disoit  les 
uns  aux  autres  :  «  Quels  diables  d'officiers  généraux 
«  avons-nous  donc  aujourd'hui?  Que  sont  devenus  les 
«  Turenne,  les  Gondé,  les  Luxembourg,  les  Catinat  et 
«  les  Vendôme?  Ces  grands  hommes,  au  lieu  d'aug- 
«  menter  les  difficultés  lorsqu'il  s'agissoit  de  combattre 
«  les  ennemis,  trouvoient  les  moyens  de  les  aplanir. 
«  Nous  allons  donc  voir  les  alliés  pénétrer  en  France. 
«  Quelle  désolation  et  quels  ravages^  !  » 

Lorsque  nous  eûmes  repassé  la  Selle,  notre  marche, 
qui  avoit  été  des  plus  lentes,  changea  presque  dans  le 
moment;  elle  devint  petit  à  petit  plus  précipitée.  Je 
m'aperçus  que  nous  quittions  le  chemin  du  côté  de 
Gambray,  et  que  nous  prenions  sur  notre  droite.  Enfin 
le  bruit  se  répandit  tout  à  coup  que  nous  marchions 
sur  Denain,  que  le  marquis  de  Vieuxpont,  lieutenant 
général,  devoit  être  arrivé  à  la  tête  de  trente  batail- 
lons à  Neuville ^  village  situé  sur  l'Escaut  et  en  deçà, 

1.  Le  général  Pelet  [Mémoires  militaires,  p.  77)  confirme  ce 
témoignage  des  protestations  que  firent  éclater  parmi  les 
troupes  les  tergiversations  de  la  marche  sur  Denain. 

2.  Ci-dessus,  p.  77. 


142  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

entre  Denain  et  Bouchain,  avec  de  l'artillerie  et  des 
pontons  pour  jeter  des  ponts  sur  cette  rivière  ;  que 
M.  d'Albergotti  le  suivoit  avec  vingt  autres  bataillons; 
que  toutes  ces  troupes  étoient  suivies  par  toute  l'ar- 
mée, à  l'exception  de  trente  escadrons  de  dragons, 
aux  ordres  du  comte  de  Coigny,  qui,  après  avoir 
passé  la  Sambre  à  l'entrée  de  la  nuit,  avoient  dû  mar- 
cher près  des  ennemis  retranchés  devant  Landrecies 
sur  la  rive  droite  de  cette  rivière  ;  qu'ils  dévoient  res- 
ter en  leur  présence  jusqu'à  une  demi-heure  avant  le 
jour,  et  qu'ensuite  ils  dévoient  se  retirer  sous  Guise, 
afin  de  s'opposer  aux  courses  que  les  alliés  pourroient 
faire  de  ce  côté-là  ;  et  que  le  comte  de  Broghe  avoit 
marché  dès  cinq  heures  du  soir,  à  la  tête  de  quarante 
escadrons  et  d'une  partie  de  nos  housards,  afin  de  se 
rendre  maîtres  de  toute  la  plaine  jusqu'à  Bouchain, 
afin  d'empêcher  les  partis  des  ennemis  de  traverser 
la  Selle  pour  observer  nos  mouvements;  et  que  ce 
même  général  avoit  ordre,  dès  qu'il  apercevroit  la 
tête  des  troupes  du  marquis  de  Vieuxpont,  de  mar- 
cher en  avant  du  côté  de  Neuville.  Gomme  notre  bri- 
gade et  celle  de  Picardie  f'aisoient  l'arrière-garde  de 
toute  l'infanterie,  elles  n'arrivèrent  sur  la  hauteur  de 
Neuville,  avec  toute  la  cavalerie  de  la  droite,  tant  de 
la  première  ligne  que  de  la  seconde,  qu'à  neuf  heures 
du  matin,  dans  le  moment  que  les  ponts  près  de  Neu- 
ville venoient  d'être  établis.  Nous  avions  fait  huit 
lieues. 

En  arrivant,  nous  nous  mîmes  en  bataille,  faisant 
face  vers  la  Selle  :  nous  y  restâmes  jusqu'à  deux 
heures  avant  la  nuit.  Il  fallut  attendre  que  presque 
toute  l'armée  eût  passé  l'Escaut.  De  la  hauteur  sur 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  143 

laquelle  nous  étions  en  bataille,  nous  découvrions 
Denain,  et,  par  conséquent,  tous  les  environs. 

Quittons  un  moment  cette  relation  pour  raconter  ce 
que  fit  un  jeune  lieutenant  de  notre  régiment,  le 
chevalier  de  Garondelet',  fils  du  baron  de  Noyelle, 
dont  la  terre,  située  sur  la  Selle,  n'est  qu'à  trois  quarts 
de  lieue  de  Denain-.  Il  y  avoit  quatre  ans  qu'il  n'a  voit 
vu  sa  famille.  Dès  qu'il  s'aperçut  que  notre  armée 
marchoit  du  côté  de  Neuville,  sans  rien  dire  à  qui 
que  ce  soit,  il  quitte  le  régiment,  et  il  se  rend  au  petit 
galop  à  Noyelle.  L'étonnement  de  son  père  fut  des 
plus  grands.  «  Quoi,  dit-il  à  son  fils,  te  voilà!  Est-ce 
«  que  tu  as  quitté  le  service  de  France?  »  —  «  Non, 
«  mon  père,  lui  répondit  le  chevalier  après  l'avoir 
«  embrassé,  j'en  serois  bien  fâché.  »  —  «  Mais  com- 
«  ment,  ajoute  le  baron,  as-tu  fait  pour  venir  jus- 
«  qu'ici?  »  —  «  Je  me  suis  fait  escorter,  répliqua 
«  Garondelet,  par  toute  l'armée  du  Roi;  ainsi,  je 
«  n'avois  rien  à  craindre.  »  —  «  Que  dis-tu  donc  avec 
«  ton  armée  du  Roi?  Depuis  quatre  ans,  continua  le 
«  père,  vous  autres  François,  vous  n'osez  paroître; 
«  vous  êtes  toujours  enterrés  comme  de  véritables 
«  taupes  au  delà  de  Gambray,  derrière  l'Escaut  et  les 
«  autres  rivières.  »  —  «  Eh  bien,  mon  père,  répli- 
«  qua  le  chevalier,  nous  paroissons  donc  aujourd'hui 
«  à  la  lumière  du  jour,  et  si  vous  voulez  en  être  per- 
«  suadé,  ayez  la  bonté  de  vous  rendre  au  haut  de  votre 
«  château,  et  vous  découvrirez  cette  armée  des  taupes.  » 

L'incrédule  baron  s'étant  donné  la  peine  de  monter 

1.  Guillaume  de  Garondelet,  chevalier  de  Malte,  mort  en 
1743. 

2.  Gi-dessus,  p.  115. 


144  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

dans  son  grenier,  il  fut  convaincu  par  ses  propres 
yeux  de  ce  que  son  fils  venoit  de  lui  dire.  Le  jeune 
homme,  pendant  ce  temps-là,  fut  trouver  M^'®  de 
Noyelle,  sa  sœur^  âgée  de  seize  ans,  qui  étoit  parfai- 
tement belle  et  bien  faite.  Il  la  trouva  à  sa  toilette; 
elle  se  préparoit  pour  aller  dîner  chez  le  comte  d'Al- 
bemarle.  Après  le  repas,  il  devoit  y  avoir  un  concert 
et  ensuite  un  grand  bal,  dont  la  demoiselle  devoit  être 
reine,  et  le  comte  Dohna,  gouverneur  de  Mons,  devoit 
commencer  le  bal  avec  elle.  On  prétend  que  ce  géné- 
ral l'auroit  épousée  sans  le  funeste  sort  qui  lui  arriva 
le  même  jour.  Ainsi  la  demoiselle  en  fut  pour  sa 
parure,  et  elle  perdit  l'espérance  de  faire  une  fortune 
des  plus  brillantes, 

Garondelet,  après  avoir  resté  une  heure  dans  la 
maison  paternelle,  vint  nous  rejoindre  dans  notre 
marche.  Le  colonel  le  mit  aux  arrêts  pour  s'être 
absenté  sans  congé  :  il  étoit  d'autant  plus  coupable 
que,  par  la  suite,  M.  d'Albemarle  pouvoit  être  averti 
de  notre  projet. 

Le  prince  Eugène,  absolument  persuadé  que  le  véri- 
table dessein  du  maréchal  de  Villars  étoit  d'attaquer 
l'armée  des  aUiés  sur  la  rive  droite  de  la  Sambre,  le 
passage  de  cette  rivière  par  nos  dragons  aux  ordres 
du  comte  de  Goigny  le  confirmant  dans  ce  sentiment, 
en  fit  serrer  la  droite  sur  la  gauche.  Ce  général  ne 
fut  informé  qu'à  sept  heures  du  matin  de  notre  marche 
sur  Denain  :  sur-le-champ,  il  monte  dans  sa  chaise  de 
poste,  et,  après  avoir  ordonné  à  tous  ses  grenadiers 

1.  Claire-Bonne-Alexandrine  de  Garondelet,  qui  épousa  plus 
tard  le  baron  de  Neverlée. 


[Juillet  17i2]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  145 

de  se  rendre  le  plus  promptement  qu'ils  pourroient  de 
ce  côté-là  et  ordonné  à  toute  son  armée  de  les  suivre, 
il  se  rendit  à  Denain  dans  le  temps  que  M.  d'Albe- 
marle  faisoit  mettre  ses  troupes  le  long  de  ses  retran- 
chements pour  les  défendre.  Il  y  arriva  à  dix  heures 
du  matin.  Il  trouva  la  disposition  de  ce  général  par- 
faitement bien  ;  il  lui  en  fît  compliment.  Ensuite,  il  lui 
dit  :  «  Monsieur,  je  vois  présentement  le  dessein  de 
«  M.  de  Villars.  Il  veut  se  poster  entre  Denain  et  Mar- 
«  chiennes,  afin  de  nous  ôter  la  communication  d'avec 
«  cette  dernière  ville.  Ainsi  je  crois  que  vous  ne 
«  serez  pas  attaqué  ;  mais  il  est  toujours  nécessaire, 
«  par  précaution,  de  renvoyer  vos  quatorze  esca- 
«  drons  au  delà  de  l'Escaut  ;  ils  ne  vous  seroient 
«  d'aucune  utilité,  et  ils  ne  feroient  que  de  l'embarras 
«  si  l'ennemi  vous  attaquoit.  » 

De  nos  hauteurs,  nous  vîmes  cette  cavalerie  passer 
l'Escaut,  et  ensuite  se  mettre  en  bataille  sur  les  hau- 
teurs près  de  Denain.  Le  prince  Eugène  s'y  rendit 
aussi,  accompagné  de  tous  les  officiers  généraux  de 
son  armée,  d'où  il  envoyoit  de  temps  en  temps  des 
adjudants  généraux  dans  le  camp  de  Denain,  pour  être 
instruit  de  ce  qui  s'y  passoit,  et  d'autres  à  son  armée, 
afin  d'en  précipiter  la  marche. 

De  notre  côté,  le  marquis  de  Vieuxpont  ayant  fait 
faire  plusieurs  ponts  sur  l'Escaut  et  des  chemins  de 
fascines  sur  les  marais,  pour  nous  y  rendre  après 
avoir  passé  cette  rivière,  et  d'autres  chemins  pour  nous 
porter  sur  la  communication  de  Denain  à  Marchiennes, 
le  comte  de  Broglie,  à  la  tète  de  ses  quarante  esca- 
drons, passa  le  premier  la  rivière,  et,  sans  perdre  de 
temps,  il  marcha  droit  à  cette  communication.  En 
m  10 


i46  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

chemin  faisant,  il  trouva  quelque  cavalerie  en  deçà  :  il 
la  poussa  si  vigoureusement,  qu'il  y  entra  pêle-mêle 
avec  les  ennemis,  dans  le  temps  qu'il  y  arrivoit  un 
convoi  de  pain  destiné  pour  les  troupes  de  Denain  et 
pour  l'armée  du  prince  Eugène,  escorté  par  cinq 
cents  chevaux  et  cinq  cents  fantassins.  Il  s'empara  du 
convoi,  après  avoir  mis  en  déroute  l'escorte,  dont  une 
partie  fut  tuée  ou  prise,  et  le  reste  se  sauva  à  Mar- 
chiennes.  Après  cette  défaite,  le  comte  de  Broghe  se 
rendit  au  delà  de  la  communication  qui  faisoit  face  du 
côté  de  Valenciennes,  afin  de  favoriser  le  prince  de 
Tingry,  qui  de  voit  être  sorti  de  cette  dernière  place  à 
la  tête  de  la  plus  grande  partie  de  sa  garnison,  et  qui 
devoit  attendre  à  la  censé  de  Hurtebise^  située  à  une 
demi-lieue  de  Valenciennes,  le  moment  qu'il  falloit 
marcher  pour  attaquer  de  son  côté  et  la  communica- 
tion de  Denain  à  Marchiennes  et  le  camp  retranché  de 
Denain.  Je  ne  sais  pas  la  raison  pour  laquelle  il  ne  se 
rendit  pas  assez  à  temps  pour  avoir  part  à  la  victoire; 
la  besogne  étoit  faite  lorsqu'il  arriva  près  de  Denain. 
C'est  dans  ces  moments  précieux  qu'il  est  nécessaire 
à  un  général  d'avoir  de  bons  espions,  et  qu'il  sacrifie 
quelques  petites  troupes,  afin  d'être  bien  informé  de 
ce  qui  se  passe. 

Dès  que  les  quarante  escadrons  aux  ordres  du 
comte  de  Broglie  eurent  passé  l'Escaut,  le  maréchal 
de  Villars  passa  cette  rivière,  suivi  de  quarante  batail- 
lons commandés  par  le  marquis  de  Vieuxpont.  Cette 
infanterie  fut  suivie  par  les  vingt  bataillons  de 
M.  d'Albergotti,  et  ensuite  par  toute  l'armée. 

1.  Ou  Urtebise;  ferme  sur  une  hauteur,  au  sud-ouest  de 
Valenciennes,  d'où  l'on  domine  tous  les  environs.  C'est  là  que,  en 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  447 

Attaque  du  camp  retranché  de  Denain^ .  —  Les  qua- 
rante bataillons  ne  furent  pas  plus  tôt  arrivés  à  la  vue 
du  camp  retranché  de  Denain,  que  le  maréchal  en 
forma  huit  colonnes,  bataillons  sur  bataillons,  à  une 
distance  convenable,  et  les  colonnes  séparées  de  deux 
cents  pas  les  unes  des  autres.  Cette  disposition  est 
excellente,  et  la  meilleure  pour  forcer  des  retranche- 
ments; car,  un  bataillon  repoussé,  ceux  qui  le  suivent, 
en  se  jetant  à  droite  ou  à  gauche,  sont  en  état  de  mar- 
cher au  retranchement  attaqué,  et  ils  évitent  par  là 
d'être  mis  en  désordre  par  le  bataillon  repoussé.  Il 
n'en  est  pas  de  même  de  la  colonne  du  chevalier  de 
Folard^;  la  tète  de  sa  colonne  étant  émoussée,  que 
devient  le  reste?  C'est  un  corps  sans  àme;  je  la  com- 
pare à  un  serpent  dont  on  a  coupé  la  tête.  Les  alliés 
nous  ont  attaqués  au  combat  de  Gassano,  à  la  bataille 
de  Turin  et  à  celle  de  Malplaquet,  et  auparavant  à 
celle  de  Luzzara,  de  la  manière  que  le  maréchal  de 

1676,  Louis  XIV  avait  laissé  échapper  une  occasion  d'écraser  le 
prince  d'Orange.  Saint-Simon  le  lui  reproche  en  toute  occasion. 

1.  Les  récits  de  la  bataille  de  Denain  sont  nombreux.  Il 
faut  citer  en  première  ligne  celui  de  Villars  lui-même  dans 
ses  Mémoires  (t.  III,  p.  154-158),  puis  ceux  de  la  Gazette 
(p.  383-384),  de  la  Gazette  d' Amsterdam  (n°*  lxi,  lxii  et  sur- 
tout Lxxix),  des  Mémoires  de  Sourches  (p.  456-458),  du  Jour- 
nal de  Dangeau  (p.  190-192),  une  relation  française  provenant 
des  papiers  du  duc  d'Ormond  [Mémoires  de  Villars,  p.  336- 
339)  et  une  relation  anglaise  insérée  dans  les  Lettres  de  M"*^  Du- 
noyer  (t.  IV,  p.  233-250),  V Histoire  militaire  de  Quincy  (p.  65-74), 
les  Mémoires  militaires  (p.  76-83  et  496-498),  le  chapitre  xxm 
du  Siècle  de  Louis  XIV,  enfin  le  récit  de  M.  le  marquis  de 
Vogiié,  dans  Villars  d'après  sa  correspondance  (t.  II,  p.  36-43). 

2.  Folard  préconisait  la  colonne  serrée,  compacte,  sans 
intervalles  entre  les  éléments  qui  la  composent.  Le  grand  Fré- 
déric a  fait  justice  de  cette  formation. 


148  MÉMOIRES  [Juillet  171'î] 

Villars  attaqua  les  retranchements  à  Denain.  Revenons 
à  cette  attaque,  qui  fit  changer  les  affaires  de  la 
France. 

Notre  général  ayant  fait  mettre  les  compagnies  de 
grenadiers  et  les  piquets  des  bataillons  qui  formoient 
chaque  colonne  à  la  tête,  il  se  mit  à  la  droite,  avec  le 
maréchal  de  Montesquiou  et  M.  d'Albergotti  à  la 
gauche.  La  prière  étant  faite,  il  donna  le  signal.  Sur- 
le-champ  les  huit  colonnes  s'ébranlèrent,  et  elles  arri- 
vèrent en  même  temps  aux  retranchements  ennemis 
sans  tirer  un  seul  coup  de  fusil,  les  grenadiers  et  les 
soldats  portant  leurs  fusils  en  chasseur  et  ayant  cha- 
cun une  fascine.  Ils  essuyèrent  trois  décharges  de  six 
pièces  de  canon  chargées  à  cartouches  et  trois  décharges 
de  la  mousqueterie  auparavant  d'y  arriver.  Dès  qu'ils 
furent  près  du  fossé,  ils  se  débarrassèrent  de  leurs 
fascines,  et,  ayant  grimpé  comme  des  chats  les  retran- 
chements, qui  avoient  au  moins  quinze  pieds  de  hau- 
teur, ils  eurent  après  bon  marché  des  seize  bataillons 
des  alliés.  Après  les  avoir  mis  en  déroute,  ils  les  sui- 
virent avec  tant  de  vivacité  jusqu'au  village  de  Denain, 
qu'ils  n'eurent  pas  le  temps  de  se  rallier,  et,  y  étant 
entrés  aussitôt  qu'eux,  il  y  eut  un  carnage  affreux.  Ce 
fut  alors  que  les  ennemis  s'aperçurent  qu'ils  ne  pou- 
voient  plus  résister  à  l'impétuosité  de  nos  soldats  ;  ils 
prirent  donc  le  parti,  non  seulement  les  soldats  et  les 
officiers  particuliers,  mais  même  les  officiers  généraux, 
de  fuir  de  tout  leur  mieux  pour  tâcher  de  gagner  le 
seul  pont  qu'ils  avoient  sur  l'Escaut.  La  plus  grande 
partie  fut  tuée  ou  noyée  ;  car,  malheureusement  pour 
eux,  le  pont  se  rompit.  Ainsi,  n'ayant  plus  de  retraite, 
l'officier  et  le  soldat,  pour  éviter  de  mourir  par  le 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QIJINCY.  149 

feu  et  par  l'arme  blanche,  se  précipitèrent  dans  la 
rivière,  où  ils  trouvèrent  la  mort  qu'ils  tàchoient 
d'éviter. 

Les  officiers  généraux  noyés  ou  tués  furent  le  comte 
Dohna,  le  comte  de  Vondenberg\  les  deux  princes 
d'Anhalt-,  dont  un  fut  tué  et  l'autre  noyé.  Les  pri- 
sonniers furent  le  comte  d'Albemarle,  général  des 
troupes  hollandoises  et  commandant  ce  camp,  le 
prince  de  Nassau-Siegen^,  le  comte  Corneille  de  Nas- 
sau'^, M.  Sickingen,  M.  ZobeP,  les  comtes  de  Hohen- 
zollern  et  de  la  Goppe,  le  baron  d'Alberg,  le  comte  de 
la  Lippe,  colonel^,  et  plus  de  trois  cents  officiers  par- 
ticuliers, et  environ  quatre  cents  soldats.  Le  reste  fut 
noyé  ou  tué.  Nos  soldats  firent  dans  ce  camp  et  dans 

1.  Corneille,  comte  de  Nassau-Vondenberg  :  tome  II,  p.  375. 

2.  «  On  contoit  une  histoire  bien  tragique  :  deux  jeunes 
princes  de  la  maison  d'Anhalt  venoient  avec  un  passeport  à 
Paris  pour  y  faire  leurs  exercices  ;  il  passèrent  par  Mons,  et  le 
comte  de  Dohna,  qui  en  étoit  gouverneur,  les  invita  à  venir 
avec  lui  voir  milord  d'Albemarle.  Ils  arrivèrent  ensemble  dans 
son  camp  le  même  jour  que  les  troupes  françoises  l'atta- 
quèrent. Un  des  jeunes  princes  fut  tué;  l'autre,  ayant  voulu 
passer  la  rivière  avec  le  comte  de  Dohna,  se  noya  avec  lui,  et 
fut  ensuite  repêché  tenant  une  des  basques  du  justaucorps  du 
comte  de  Dohna.  »  (Mémoires  de  Sourches,  p.  474.) 

3.  Guillaume-Hyacinthe,  prince  de  Nassau-Siegen. 

4.  C'est  le  même  que  le  comte  de  Vondçnberg  marqué 
ci-dessus  parmi  les  morts.  Notre  auteur  tombe  dans  la  même 
erreur  que  V Histoire  militaire  et  que  la  Gazette,  qui  l'indiquent 
de  même  parmi  les  prisonniers  et  parmi  les  morts.  La  Gazette 
d'Amsterdam,  n°  lxhi,  le  compte  seulement  comme  tué. 

5.  Il  a  été  question  de  ces  deux  officiers,  ci-dessus,  p.  133. 

6.  Il  dira  plus  loin  (p.  152)  qu'il  commandait  un  régiment  à 
la  solde  de  l'évêque  de  Miinster, 


150  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

Denain  un  butin  très  considérable.  On  y  trouva  beau- 
coup de  munitions  de  guerre  et  de  bouche,  et  douze 
pièces  de  canon. 

Pendant  ce  combat,  nous  étions  toujours  sur  les 
hauteurs  de  Neuville,  non  sans  beaucoup  d'inquiétude 
de  ce  qui  se  passoit.  Cependant  nous  apercevions  que 
le  feu  de  la  mousqueterie  se  replioit  du  côté  de 
Denain  et  sur  l'Escaut  :  ce  qui  nous  fit  juger  que  les 
retranchements  étoient  forcés.  Quelque  temps  après, 
nous  vîmes  paroître  la  tète  de  l'infanterie  du  prince 
Eugène  qui  marchoit  droit  à  Prouvy,  où  étoit  le  pont 
des  ennemis,  à  la  tête  duquel  il  y  avoit  une  redoute. 
Nous  ne  fûmes  pas  longtemps  sans  entendre  un  feu 
terrible.  Le  prince  Eugène,  outré,  comme  on  peut 
bien  se  l'imaginer,  de  ce  qui  venoit  de  se  passer,  fit 
attaquer  par  une  partie  de  ses  grenadiers,  soutenus 
par  l'autre  et  par  plusieurs  bataillons,  la  redoute  dont 
M.  d'Albergolti  venoit  de  s'emparer  ;  mais  nos  troupes 
qui  étoient  dedans,  et  la  brigade  de  Navarre  répandue 
à  droite  et  à  gauche  de  cet  ouvrage,  sur  le  bord  et 
au  delà  de  la  rivière,  firent  un  feu  si  vif  et  si  conti- 
nuel, que  les  ennemis  perdirent  dans  cette  attaque 
beaucoup  de  grenadiers  et  de  soldats.  On  prétend  que, 
sans  la  représentation  que  lui  firent  les  députés  des 
États-Généraux,  il  auroit  sacrifié  une  partie  de  son 
infanterie. 

Le  feu  ayant  cessé,  nous  mangeâmes  un  morceau, 
mes  camarades  et  moi.  Ensuite,  je  m'en  allai  me  pro- 
mener du  côté  de  la  rivière  de  la  Seile  pour  faire  boire 
ma  petite  chienne.  Dans  le  moment  qu'elle  buvoil, 
j'entendis  une  décharge  de  mousqueterie  des  plus 
furieuses  qui  venoit  du  côté  de  Denain.  Nous  apprîmes 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  151 

depuis  que  le  maréchal  de  Villars,  après  avoir  donné 
les  ordres  nécessaires  pour  empêcher  les  ennemis  de 
passer  l'Escaut,  et  avoir  remis  en  bataille  les  batail- 
lons qui  avoient  attaqué  les  retranchements,  avoit  pri^ 
un  de  ses  pistolets  (par  parenthèse,  notre  général  étoit 
un  peu  ratier  de  son  naturel),  et,  l'ayant  tiré  en  l'air, 
il  se  mit  à  crier  :  «  Vive  le  Roi  !  »  Cette  infanterie,  à 
son  exemple,  fît  une  décharge  générale,  dont  il  y  eut 
plusieurs  chevaux  des  officiers  généraux  de  tués.  Ma 
chienne  eut  si  grand'peur  de  cette  décharge,  qu'elle  se 
mit  à  fuir  du  côté  de  l'armée  des  alliés,  la  Selle  entre 
eux  et  moi.  Je  fis  bien  trois  cents  pas  auparavant  de 
pouvoir  l'attraper.  Enfin,  dans  le  temps  que  je  la 
mettois  sous  mon  bras,  je  vis  un  homme  qui  venoit 
du  côté  de  Denain  et  qui  me  fit  signe  avec  son  cha- 
peau. Lui  ayant  fait  le  même  signe,  il  s'approcha  de 
moi,  et  il  me  demanda  s'il  y  avoit  bon  quartier.  «  Oui, 
a  Monsieur,  lui  dis-je,  bon  quartier;  je  vous  en  donne 
«  ma  parole.  »  Lorsqu'il  fut  près  de  moi,  je  vis  un 
jeune  homme,  âgé  environ  de  vingt-quatre  ans,  bien 
fait  et  d'une  aimable  figure.  Il  avoit  un  habit  uniforme 
blanc  dont  les  revers  des  manches  étoient  bleus,  un 
gilet  rouge  brodé  en  or,  la  culotte  de  la  même  cou- 
leur, aussi  bien  que  ses  bas,  qui  étoient  de  soie,  dont 
les  coins  brodés  en  or,  des  souliers  de  maroquin  avec 
des  talons  rouges,  sa  perruque  bien  poudrée,  enfin 
paré  comme  un  petit-maître.  En  arrivant  auprès  de 
moi  et  me  présentant  sonépée  :  «  Je  me  rends,  me 
«  dit-il,  votre  prisonnier.  »  Je  ne  voulus  point  rece- 
voir son  épée;  je  lui  demandai  d'où  il  venoit  si  bien 
ajusté.  «  Eh,  Monsieur,  me  répondit-il,  de  cette  triste 
a  tragédie.    Certainement  nous   ne   vous    attendions 


152  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

«  point.  J'étois  prié  aujourd'hui,  continua-t-il,  à  dîner 
«  chez  M.  le  comte  d'Albemarle,  notre  général  ;  il 
«  devoit  y  avoir,  après  le  dîner,  un  concert  et  un  bal 
«  après.  Mais  Messieurs  les  François  nous  ont  entiè- 
«  rement  dérangés  dans  nos  plaisirs.  »  Il  me  dit 
ensuite  qu'il  avoit  admiré  l'ardeur  avec  laquelle  nos 
bataillons  avoient  marché  à  leurs  retranchements,  leur 
bon  ordre,  et  la  promptitude  avec  laquelle  ils  les 
avoient  franchis.  Il  me  raconta  ensuite  de  quelle 
manière  il  s'étoit  sauvé  :  «  En  voulant,  poursuivit-il, 
«  gagner  le  pont  comme  les  autres  fuyards,  je  m'aper- 
ce çus  qu'il  étoit  rompu,  ce  qui  m'a  fait  prendre  le 
«  parti  de  longer  l'Escaut  sur  ma  droite  ;  j'ai  trouvé 
«  par  bonheur,  en  deçà  d'un  moulin,  deux  troncs 
«  d'arbre  étendus  sur  cette  rivière,  sur  lesquels  il  y 
«  avoit  des  fascines  ;  j'y  ai  passé,  et  ensuite,  ayant 
«  marché  encore  sur  ma  droite,  j'ai  vu  vos  troupes 
«  sur  cette  hauteur.  Je  les  ai  prises  pour  celles  de 
«  l'armée  du  prince  Eugène.  Je  n'ai  reconnu  ma  faute 
«  que  lorsque  je  vous  ai  aperçu  :  ce  qui  m'a  engagé 
«  de  me  rendre  votre  prisonnier,  craignant  de  tom- 
«  ber  entre  les  mains  de  vos  soldats.  »  Je  le  menai  à 
notre  brigadier,  qui  le  conduisit  lui-même,  après  que 
nous  eûmes  passé  l'Escaut,  au  maréchal  de  Villars. 
G'étoit  le  comte  de  la  Lippe^  d'une  des  meilleures  mai- 
sons de  l'Allemagne  ;  il  étoit  colonel  d'un  régiment  au 
service  de  l'évéque  de  Munster. 

Le  maréchal  de  Villars  n'avoit  cessé,  auparavant  le 
combat  et  après,  d'envoyer  des  aides  de  camp  pour 
avoir  des  nouvelles  de  l'arrière-garde  de  notre  armée  ; 

1.  Un  des  fils  de  Simon-Henri,  comte  de  la  Lippe,  peut-être 
Auguste-Wolfard,  né  en^l688. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  153 

et  c'étoit  avec  juste  raison  ;  car  le  prince  Eugène  pou- 
voit  aisément  passer  la  Selle,  où  il  y  a  plusieurs  gués, 
pour  le  charger,  d'autant  plus  que  notre  armée  étoit 
séparée  en  deux  par  l'Escaut. 

Nous  perdîmes  dans  ce  combat  le  marquis  de  Tour- 
ville,  colonel,  qui  fut  tué^;  il  étoit  le  fils  unique  du 
maréchal  de  Tourville,  un  des  plus  grands  et  un  des 
plus  célèbres  hommes  de  mer  que  la  France  ait  jamais 
eus.  Il  y  eut  quatre  cents  hommes,  tant  grenadiers 
que  soldats,  de  tués,  et  environ  huit  cents  de  blessés, 
parmi  lesquels  se  trouvèrent  le  chevalier  de  Tessé^, 
colonel  du  régiment  de  Champagne^,  le  marquis  de 
Meuse '^  et  M.  de  Gensac^,  tous  deux  colonels  d'infan- 
terie, et  beaucoup  d'officiers  particuliers  tant  tués  que 
blessés. 

Jamais  projet  n'a  été  si  bien  conçu,  ni  mieux  exé- 
cuté. Dès  ce  moment,  les  affaires  de  France  chan- 
gèrent de  face.  Notre  guerre  de  défensive,  dans  laquelle 
nous  avions  été  obligés,  malgré  nous,  de  rester  pen- 

1.  Louis-Alexandre  de  Cotentin,  comte  de  Tourville,  était 
colonel  d'un  régiment  de  son  nom  depuis  février  1709;  il 
n'avait  que  vingt-deux  ans. 

2.  René-François  de  Froullay,  fils  cadet  du  maréchal  (1687- 
1734),  commanda  d'abord  le  régiment  de  Tessé  (1703),  puis  celui 
de  la  Couronne.  Il  venait  d'avoir  le  régiment  de  Champagne 
en  février  1712. 

3.  Ce  régiment,  le  quatrième  des  vieux  corps,  avait  été 
formé  dès  1569  avec  les  vieilles  bandes  de  Champagne. 

4.  Henri-Louis  de  Choiseul,  marquis  de  Meuse,  commandait 
depuis  1704  le  régiment  d'Agenois;  en  récompense  de  sa  belle 
conduite  à  Denain,  il  eut  le  régiment  du  comte  de  Tourville. 
Il  devint  lieutenant  général  en  1738. 

5.  Gilles-Gervais  de  la  Roche-Lomagne,  marquis  de  Gensac, 
colonel  depuis  1703. 


15'j  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

dant  plusieurs  années,  se  tourna  tout  à  coup  sur  l'of- 
fensive^. 

Plusieurs  personnes  ont  voulu  donner  l'honneur  de 
cette  entreprise  au  nnaréchal  de  Montesquiou^.  Cepen- 
dant il  m'a  été  dit  que  le  maréchal  de  Villars  ne  lui 
en  avoit  fait  part  que  le  soir  précédent  (il  est  à 
remarquer  que  ces  deux  généraux  étoient  mal 
ensemble).  Et  voilà  de  quelle  manière  la  chose  m'a 
été  racontée  :  que  le  maréchal  de  Villars,  l'ayant  pris 
en  particulier,  lui  avoit  demandé  son  amitié  par  rap- 
port au  Roi  et  à  la  patrie,  et  en  même  temps  son 
conseil  touchant  ce  projet,  qui  étoit  de  tâcher,  en 
dérobant  une  marche  au  prince  Eugène,  de  se  poster 
entre  Denain  et  Marchiennes.  «  Et,  par  cette  posi- 
«  tion,  lui  dit-il,  j'empêcherai  les  ennemis  de  faire  le 
«  siège  de  Landrecies,  ayant  toutes  leurs  provisions  et 
«  de  guerre  et  de  bouche  à  Marchiennes,  dont  il  nous 
«  sera  aisé  de  faire  le  siège;  »  que,  sur  ce  propos,  le 
maréchal  de  Montesquiou  avoit  répondu  :  «  Mais,  que 
et  ferez-vous  de  Denain?  »  —  «  Denain,  lui  répliqua 
«  M.  de  Villars,  ne  m'est  d'aucune  conséquence;  les 
«  alliés  n'oseront  jamais  déboucher  par  ce  camp  en 
<i  présence  de  notre  armée.  » 

1.  Ce  qui  est  surtout  remarquable,  c'est  l'importance  des 
suites  de  la  victoire  de  Denain,  étant  donné  le  petit  nombre 
des  troupes  engagées.  Les  alliés  n'eurent  en  ligne  que  seize 
bataillons  sur  cent  cinquante-cinq,  et  leur  cavalerie  resta 
intacte;  du  côté  des  Français,  quarante  bataillons  seulement 
prirent  part  au  combat,  sur  cent  trente-neuf. 

2.  Le  général  Pelet  [Mémoires  militaires,  p.  76)  a  adopté  cette 
opinion;  mais  elle  semble  contredite  par  les  correspondances 
officielles  publiées  en  appendice  dans  le  Journal  de  Dangeau, 
t.  XIV,  p.  296-314. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  155 

Il  est  certain  que,  si  nous  ne  nous  étions  pas  ren- 
dus maîtres  du  camp  de  Denain,  le  principal  dessein 
du  maréchal  de  Villars  auroit  aussi  bien  réussi  par 
rapport  à  la  levée  du  siège  de  Landrecies  ;  mais  l'ac- 
tion n'auroit  pas  été  aussi  éclatante,  ni  si  brillante.  On 
prétend  donc  que  ce  fut  M.  de  Montesquiou  qui  con- 
seilla à  M.  de  Villars  d'attaquer  le  camp  de  Denain. 

Enfin,  deux  heures  avant  la  nuit,  nous  passâmes 
l'Escaut  pour  gagner  le  camp.  Notre  armée  avoit  sa 
droite  au  village  de  Marquette^  et  sa  gauche  à  la 
censé  de  Hurtebise,  l'Escaut  devant  nous.  Notre  bri- 
gade étoit  campée  vis-à-vis  de  Bouchain,  à  deux  por- 
tées de  canon  de  cette  place. 

Le  maréchal  de  Villars,  n'ayant  plus  rien  à  craindre 
de  la  part  du  prince  Eugène,  fit  partir  pour  la  cour, 
qui  étoit  alors  à  Fontainebleau,  le  marquis  de  Nangis, 
et  ensuite  il  envoya  M.  d'Albergotti,  à  la  tête  de  la 
brigade  de  Bourbonnois,  avec  dix  pièces  de  canon, 
pour  s'emparer  de  l'abbaye  de  Saint-Amand,  dans 
laquelle  il  y  avoit  six  cents  hommes,  qui  se  rendirent 
le  lendemain  à  discrétion^. 

Notre  général,  sans  perdre  un  moment  de  temps, 
avoit  envoyé,  en  même  temps  que  M.  d'Albergotti,  le 
comte  de  Broglie  pour  se  rendre  maître,  avec  un  gros 
détachement,  de  l'abbaye  d'Anchin,  nommée  autre- 
ment les  Quatre-Glochers.  Il  y  avoit  dedans  deux 
cents  hommes,  qui  se  rendirent  à  discrétion^,  aussi 
bien  que  les  troupes  qui  étoient  dans  l'abbaye  de 
Hasnon  et  dans  le  bourg  de  Mortagne,  qui  se  rendirent 

1.  Dans  le  canton  de  Bouchain  et  à  l'ouest  de  cette  ville. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  84;  Gazette,  p.  394. 

3.  Ibidem. 


156  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

à  M.  d'Albergotti''.  Il  y  avoit  deux  cents  hommes  dans 
ces  deux  derniers  postes.  Ainsi  la  Scarpe ,  depuis 
Douay  jusqu'à  Tournay,  fut  nettoyée  le  lendemain  du 
combat  de  Denain,  à  l'exception  de  Marchiennes.  On 
prit  mille  hommes  dans  tous  ces  postes,  quatre  pièces 
de  canon  et  quatre  belandres  chargées  de  munitions 
de  guerre  et  de  bouche. 

Laissons  un  moment  nos  opérations  de  guerre,  pour 
parler  un  peu  de  ce  qui  se  passa  à  Fontainebleau.  On 
doit  juger  dans  quelle  inquiétude  le  Roi  et  toute  sa 
cour  étoient  plongés.  On  sa  voit  qu'il  de  voit  se  passer 
une  affaire  des  plus  sérieuses  ;  le  parti  étoit  pris,  en 
cas  que  l'événement  n'en  fût  pas  heureux,  d'aban- 
donner Paris,  Versailles  et  Fontainebleau  pour  se 
rendre  à  Chambord  au  delà  de  la  Loire  2.  On  étoit 
dans  ce  moment  de  crise,  lorsque  M.  de  Nangis  arriva 
le  25,  à  six  heures  du  matin,  à  Fontainebleau^. 

La  marquise  de  Rouvroy*,  attachée  à  la  princesse 
de  Gonti  première  douairière,  y  étoit.  Elle  m'a  dit 
depuis  que,  étant  couchée  dans  une  chambre  qui  don- 

1.  L'abbaye  d'Hasnon  se  rendit  au  comte  de  Lesparre. 

2.  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  138;  Siècle  de  Louis  XIV, 
éd.  Rébelliau,  p.  368-369. 

3.  C'est  le  26  et  non  le  25  que  Nangis  arriva  [Sourches, 
p.  456;  Dangeau,  p.  191).  Il  eut  douze  mille  livres  pour  sa 
course  [Mémoires  de  Saint-Simon,  t.  IX,  p.  327). 

4.  Renée-Thérèse  d'Abon  (1659-1736),  mariée  le  21  janvier 
1687  à  Jean-Baptiste,  marquis  de  Rouvroy,  capitaine  de  vais- 
seau, dont  Saint-Simon  a  raconté  les  prétentions  à  être 
de  même  maison  que  lui  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XV, 
p.  455  et  suivantes).  Notre  auteur  connut  cette  dame  lorsqu'il 
eut  épousé  en  secondes  noces  M"®  d'Oisy,  dont  le  père  s'était 
remarié  lui-même  à  Marie-Antoinette  de  Rouvroy,  belle-sœur 
de  la  marquise  dont  il  est  ici  question. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  157 

noit  dans  la  cour  du  Gheval-Blanc,  elle  entendit  un  si 
grand  bruit  et  un  si  grand  tumulte,  qu'elle  s'imagina 
que  tout  étoit  perdu  et  que  la  cour  se  préparoit  à  par- 
tir pour  Ghambord.  Dans  cette  crainte,  elle  se  lève 
précipitamment,  ouvre  une  fenêtre,  et  elle  s'informe  à 
la  première  personne  de  ce  qui  causoit  ce  grand  mou- 
vement. Elle  fut  bien  rassurée,  lorqu'on  lui  eut  dit  que 
le  marquis  de  Nangis  venoit  d'arriver  de  l'armée; 
qu'apparemment  qu'il  y  avoit  de  bonnes  nouvelles, 
puisque  le  Roi  s'étoit  levé  sur-le-champ  pour  faire 
chanter  le  Te  Deimi  dans  la  chapelle,  et  que  tout  le 
monde  mai'quoit  une  joie  des  plus  vives.  Le  Roi  cepen- 
dant n'ordonna  qu'on  chantât  le  Te  Deum  à  Notre- 
Dame  de  Paris  que  lorsqu'il  fut  informé  que  le  prince 
Eugène  avoit  levé  le  siège  de  Landrecies.  Ce  grand 
prince  ne  faisoit  rien  précipitamment. 

Gomme  j'étois  de  piquet  la  nuit  du  24  au  25,  je 
fus  obligé  de  passer  à  la  tète  du  régiment,  quoique 
très  fatigué.  A  deux  heures  de  nuit,  M.  de  Montlezun, 
capitaine  de  gendarmerie  *,  fut  tué  en  se  promenant 
le  long  de  la  ligne,  par  un  coup  de  fusil  tiré  de  notre 
armée.  Ge  fut  une  perte  pour  sa  famille  et  pour  ses 
amis;  il  étoit  fort  estimé.  J'entendis  le  bruit  du  coup. 

Le  lendemain  25,  je  me  rendis  à  la  tête  de  mon 
piquet,  à  une  heure  de  jour,  à  l'endroit  où  s'assem- 
bloient  les  grandes  gardes.  L'aide-major  général  de 
l'armée^,  après  nous  avoir  donné  à  chacun  nos  ordres, 

1.  Il  ne  semble  pas  que  ce  soit  le  même  personnage  que 
celui  dont  il  a  été  question  ci-dessus,  p.  117,  comme  lieute- 
nant de  roi  du  Quesnoy. 

2.  C'était  M.  de  Villars,  d'une  famille  de  Poitou,  qui  avait 
d'abord  été  mousquetaire,  enseigne  aux  gardes  françaises  en 


158  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

nous  dit  :  «  Messieurs,  le  comte  de  Broglie  s'est 
«  emparé,  il  y  a  deux  heures,  de  Marchiennes,  dans 
«  lequel  il  y  a  une  quantité  de  munitions  de  guerre  et 
«  de  bouche.  »  Cette  nouvelle  étoit  bien  fausse;  mais 
il  nous  la  lâcha  afin  qu'elle  fût  distribuée  dans  tous 
les  postes  qui  environnoient  l'armée,  ne  doutant  pas 
qu'elle  ne  parvînt  au  prince  Eugène,  ce  qui  pouvoit 
l'obliger  à  lever  le  siège  de  Landrecies.  A  la  guerre, 
il  faut  se  servir  de  toutes  sortes  de  ruses. 

Dès  que  j'eus  relevé  la  garde  du  poste  qui  m'avoit 
été  destiné  (c'étoit  Moncicourt*,  village  sur  une  hau- 
teur d'où  on  découvre  le  pays  à  quatre  lieues  à  la 
ronde,  et  qui  étoit  entre  notre  armée  et  Douay),  je 
m'informai  à  un  paysan  où  étoit  Marchiennes.  Me 
l'ayant  montré  :  «  Nous  nous  sommes  emparés,  lui 
«  dis-je,  de  celte  ville  au  matin.  »  —  «  Non,  Mon- 
te sieur,  me  répondit-il,  en  branlant  la  tête,  vous  n'en 
«  êtes 'pas  les  maîtres.  »  Dans  le  temps  que  je  lui 
soutenois  le  contraire,  et  qu'il  étoit  toujours  sur  la 
négative,  nous  en  vîmes  tirer  du  canon.  «  Eh  bien, 
«  Monsieur,  me  répliqua-t-il,  n'avois-je  pas  raison? 
«  Vous  ne  pouvez  vous  en  emparer  que  par  un  siège, 
«  et  ce  sera  un  grand  coup  si  vous  la  prenez;  car  il 
«  y  a  des  biens  immenses  dedans.  »  Je  m'aperçus 
alors  du  godant^  que  nousavoit  donné  Monsieur  l'aide- 
major  général. 

1692,  et  aide-major  de  ce  régiment  en  1706;  il  avait  eu  un 
brevet  de  colonel  en  avril  1712.  C'est  lui  qui  fut  chargé  d'ap- 
porter au  Roi  les  vingt-six  drapeaux  pris  à  Denain. 

1.  Aujourd'hui  Monchecourt,  à  six  kilomètres  nord-ouest  de 
Bouchain. 

2.  Le   manuscrit  porte  :  codant.   Ce  mot  n'était  pas  dans 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  159 

11  est  bien  vrai  que  le  comte  de  Broglie,  après  son 
expédition  des  Quatre-Glochers,  avoit  été  envoyé  à  la 
tête  d'un  gros  détachement,  dès  le  25,  pour  sommer 
le  commandant,  nommé  de  BerghofFer',  de  se  rendre. 
Mais  cet  officier,  qui  avoit  une  garnison  de  six  batail- 
lons et  de  mille  hommes  détachés  de  la  garnison  de 
Douay,  et  d'un  régiment  de  cuirassiers,  répondit  qu'il 
se  défendroit  jusqu'à  la  dernière  extrémité. 

Après  que  je  fus  relevé  de  mon  poste,  qui  étoit 
le  26,  je  me  rendis,  selon  mes  ordres,  droit  devant 
Marchiennes.  En  arrivant,  j'appris  que  M.  de  Broglie 
venoit  de  faire  une  cacade.  Je  trouvai  beaucoup  d'of- 
ficiers et  de  soldats  qu'on  ramenoit  blessés  :  ce  géné- 
ral, voyant  que  le  commandant  ne  vouloit  point  abso- 
lument se  rendre,  prit  le  funeste  parti  d'emporter 
cette  place  de  vive  force.  Il  est  dangereux  de  donner 
à  des  officiers  généraux  qui  n'ont  servi  que  dans  la 
cavalerie  des  entreprises  qui  ne  regardent  que  l'in- 
fanterie; il  y  a  une  très  grande  différence  entre  les 
deux  armes. 

Siège  de  Marchiennes.  —  La  ville  de  Marchiennes 
étoit  très  bien  fortifiée,  quoiqu'elle  n'avoit  qu'une 
muraille  sèche;  mais  il  y  avoit  de  bons  bastions  et 
trois  demi-lunes  de  terre,  lesquels,  les  uns  et  les 
autres,  étoient  fraisés  et  bien  palissades,  avec  un  bon 
fossé-.  Outre  cet  avantage,  elle  étoit  presque  environ- 

les  dictionnaires  du  xviii^  siècle.  Littré,  qui  le  définit  :  terme 
populaire,  conte,  tromperie,  en  cite  un  exemple  de  Saint- 
Simon. 

1.  Il  était  brigadier  des  armées  impériales. 

2.  Le  général  Pelet  [Mémoires  militaires,  p.  85)  donne  des 
fortifications  de  Marchiennes  une  description  conforme. 


160  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

née  de  marais  impraticables;  ainsi,  il  n'est  pas  éton- 
nant que  les  troupes  aux  ordres  du  comte  de  Broglie 
eussent  été  repoussées  avec  une  grande  perte.  Il  y  a 
dans  la  ville  une  abbaye  de  bénédictins  qu'on  prétend 
avoir  été  fondée  par  une  fille  du  grand  Glovis.  Elle 
est  regardée  comme  sainte^;  ses  reliques  sont  dans 
une  châsse  magnifique,  exposée  dans  l'église,  qui  est 
assez  belle. 

Le  maréchal  de  Villars,  ayant  été  informé  du  mal- 
heur qui  venoit  d'arriver,  envoya  sur-le-champ  le 
maréchal  de  Montesquiou,  avec  du  canon  et  six  bri- 
gades d'infanterie,  dont  celle  de  Piémont  en  étoit 
(nous  étions  de  cette  brigade),  pour  en  faire  le  siège 
dans  les  formes.  En  arrivant,  il  fit  attaquer  deux 
redoutes  qui  protégeoient  une  partie  des  belandres 
qui  étoient  sur  la  Scarpe.  Nos  grenadiers  s'en  ren- 
dirent les  maîtres,  et  ils  firent  prisonniers  les  cent 
trente  hommes  qui  les  défendoient. 

Le  27,  je  fus  commandé  à  la  tète  de  cent  travail- 
leurs, et  avec  beaucoup  d'autres,  pour  ouvrir  la  tran- 
chée. Mais  nous  ne  trouvâmes  point  d'outils  pour  ce 
travail  :  ainsi,  on  nous  renvoya  dans  notre  camp. 
Apparemment  qu'on  avoit  oublié  qu'il  en  falloit  pour 
ouvrir  la  tranchée.  Gela  peut  être;  car  il  y  avoit  si 
longtemps  que  nous  avions  fait  des  sièges,  que  nous 

1.  Déjà  dit  tome  II,  p.  341.  Cette  abbaye  ne  fut  fondée  que 
vers  643  par  un  seigneur  nommé  Adalbaud  et  par  sa  femme 
Rictrude,  qui  en  fut  la  première  abbesse.  Placée  sous  la  règle 
de  saint  Coluraban,  elle  comprenait,  comme  Fontevraud,  deux 
monastères,  l'un  d'hommes,  l'autre  de  femmes,  sous  la  direc- 
tion d'une  abbesse.  Cet  état  de  choses  subsista  jusqu'au 
xi*^  siècle,  époque  à  laquelle  l'ordre  de  Saint-Benoît  s'y  établit. 


[Juillet  i712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  161 

ne  savions  comment  il  falloit  commencer.  Le  lende- 
main 28,  nous  nous  rendîmes,  les  mêmes  travailleurs, 
pour  le  même  sujet,  à  l'entrée  de  la  nuit.  La  tranchée 
fut  donc  ouverte  la  nuit  du  28  au  29.  M.  de  Villars, 
chef  des  ingénieurs  et  brigadier  des  armées  du  Roi', 
fut  tué  avec  trois  autres  ingénieurs,  dans  le  temps  qu'ils 
observoient  tous  quatre  ensemble  le  terrain  où  nous 
devions  ouvrir  la  tranchée;  je  venois  de  lui  parler. 
Le  même  boulet  les  envoya  tous  quatre  dans  l'autre 
monde.  Cette  mort  occasionna  le  bruit  qui  se  répan- 
dit dans  l'armée  ennemie  que  le  maréchal  de  Villars 
avoit  été  tué.  Pendant  que  nous  poussions  nos  tran- 
chées, on  travailla  en  même  temps  à  élever  plusieurs 
batteries,  où  l'on  mit  vingt  pièces  de  canon  de  vingt- 
quatre  livres  de  balles.  Elles  se  trouvèrent  en  état  de 
tirer  le  lendemain  au  matin,  et  elles  ne  discontinuèrent 
point  de  tirer  pendant  tout  le  jour. 

Le  lendemain  30,  au  soir,  le  maréchal  de  Villars 
étant  arrivé  à  notre  camp  avec  douze  bataillons,  et 
ayant  fait  la  disposition  pour  donner  un  assaut  géné- 
ral, il  fit  sommer  auparavant  le  commandant  de  se 
rendre,  ce  qu'il  fit,  lui  et  les  troupes  qui  composoient 
sa  garnison,  prisonniers  de  guerre.  On  leur  permit  de 
sortir  tambour  battant  avec  leurs  drapeaux  et  leurs 
étendards,  mais  à  condition  qu'ils  les  rendroient, 
aussi  bien  que  leurs  armes,  à  cinquante  pas  de  Mar- 
chiennes.  Cette  garnison  fut  conduite  à  Valenciennes^. 

On  trouva  dans   Marchiennes  soixante  pièces  de 

1.  Villars-Lugein,  qui  avait,  en  1706,  succédé  à  Lapara  dans 
la  conduite  du  siège  de  Barcelone. 

2.  Gazette,  p.  394-395;  Sourches,  p.  463-464;  Mémoires 
militaires,  p.  86,  avec  le  texte  de  la  capitulation,  p.  508-509. 

m  11 


462  MÉMOIRES  [Juillet  1712] 

gros  canon  et  quarante  pièces  de  campagne,  cent 
quatorze  belandres  chargées  de  toutes  sortes  de  muni- 
tions de  guerre  et  de  bouche  et  de  beaucoup  de 
marchandises.  11  y  avoit  une  si  grande  quantité  de 
boulets,  de  poudre,  de  bombes,  de  grenades,  de  car- 
casses et  de  toutes  sortes  d'outils,  que  cela  mit  le 
maréchal  de  Villars  en  état  de  faire  les  trois  sièges 
que  nous  fîmes.  On  y  trouva  aussi  beaucoup  de  cais- 
sons et  leurs  chevaux,  et  tant  de  fromages  de  Hol- 
lande, que  nos  soldats  jouoient  à  la  boule  avec,  et 
ils  en  donnoient  un  pour  une  prise  de  tabac.  L'air  en 
étoit  pour  ainsi  dire  infecté.  Depuis  ce  temps,  ce 
fromage  me  répugne;  je  n'en  puis  manger.  Quinze 
cents  mariniers  ou  matelots  y  furent  aussi  faits  pri- 
sonniers. 

Dès  le  soir  même,  le  maréchal  de  Villars,  voulant 
profiter  de  ses  avantages  et  de  l'éloignement  de  l'ar- 
mée du  prince  Eugène,  qui  ne  leva  le  siège  de  Lan- 
drecies  que  ce  même  jour  29,  tint  conseil  avec  le 
maréchal  de  Montesquiou  et  les  officiers  généraux  qui 
se  trouvèrent  alors  à  Marchiennes.  Malgré  le  sentiment 
unanime  de  ces  Messieurs  et  du  maréchal  de  Montes- 
quiou même,  il  résolut  de  faire  le  siège  de  Douay  ^ 

Le  lendemain  30,  nous  apprîmes  par  M.  de  Montes- 
quiou que  ce  n'étoit  nullement  son  avis;  car,  comme 
il  passoit  devant  le  régiment,  notre  colonel  lui  demanda 

1.  Ce  n'était  pas  non  plus  l'avis  de  la  cour  :  par  une  lettre 
du  28  juillet  [Mémoires  militaires,  p.  88-89),  Louis  XIV  enga- 
geait V^illars  à  aller  se  poster  à  Quiévrain,  avec  sa  cavalerie 
et  quatre-vingts  bataillons,  pour  couper  les  communications 
du  prince  Eugène  avec  Mons,  d'où  il  tirait  des  vivres  et  des 
munitions  pour  le  siège  de  Landrecies. 


[Juillet  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  163 

s'il  n'y  avoit  rien  de  nouveau  :  le  maréchal  lui  répon- 
dit que  nos  affaires  alloient  fort  bien,  mais  qu'il  crai- 
gnoit  que  M.  de  Villars  ne  les  gàtàt  pour  vouloir  trop 
entreprendre,  qu'il  s'opiniàtroit  lui  seul  à  vouloir 
faire  le  siège  de  Douay*.  Non  seulement  notre  général 
fit  ce  siège,  mais  encore  ceux  du  Quesnoy  et  de  Bou- 
chain.  Quittons  un  moment  notre  armée  pour  parler 
de  celle  de  l'ennemi. 

Le  prince  Eugène,  n'ayant  pu  secourir  les  troupes 
qui  composoient  le  camp  de  M.  d'Albemarle  à  Denain, 
prit  le  parti  de  vouloir  ou  de  feindre  de  continuer  le 
siège  de  Landrecies.  Il  se  mit  en  marche,  le  lendemain 
de  la  disgrâce  qui  lui  étoit  arrivée  à  Denain,  pour  s'ap- 
procher de  cette  place  ;  il  mit  la  droite  de  son  armée 
au  Grand-Sart  et  sa  gauche  à  Poix^,  dont  il  fit  son 
quartier  général.  Poix  étoit  sur  l'Escalion  :  ainsi  il 
faisoit  face  au  Quesnoy,  et  il  avoit  derrière  lui  la  forêt 
de  Mormal.  Il  prétendoit  tirer  ses  munitions  de  guerre 
et  de  bouche  de  Mons  ;  mais,  ses  soldats  ayant  man- 
qué de  pain  pendant  six  jours  (le  pain  de  munition 
valoit  trois  livres  dans  son  armée),  il  prit  enfin  le 
parti  de  lever  le  siège  le  29.  Cependant  il  ne  partit 
de  ce  camp  que  le  2  août  pour  aller  camper  à  Tais- 
nières^,  au  delà  de  Bavay  ;  le  3,  à  Beliant^,  en  deçà  de 

1.  Voyez  l'écho  de  ces  mécontentements  dans  une  scène  que 
racontent  les  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  162-163. 

2.  Le  Grand-Sax't  est  un  hameau  de  la  commune  de  Comme- 
gnies,  à  six  ou  sept  kilomètres  nord-est  du  Quesnoy;  Poix  est 
à  mi-chemin  entre  cette  place  et  Landrecies. 

3.  Taisnières-sur-Hon,  arrondissement  d'Avesnes,  canton 
de  Bavay. 

4.  Beliant  ou  Belion,  hameau  de  la  commune  belge  de  Mes- 
vin,  à  quatre  kilomètres  de  Mons. 


164  MÉMOIRES  [Août  1712] 

Mons  ;  le  4,  à  l'abbaye  de  Cambron^  où  il  séjourna; 
le  6,  à  Leuze;  le  7,  près  de  Tournay,  où  il  passa 
l'Escaut;  le  8,  à  Seclin,  où  il  resta  jusqu'au  12, 

Parlons  des  mouvements  que  nous  fîmes  pendant 
ce  temps-là,  et  de  ce  qui  me  regarde.  Le  4,  je  fus 
détaché  à  la  tête  de  cinquante  hommes  pour  la  garni- 
son de  Marchiennes,  où  je  restai  trois  jours  aux  ordres 
de  M.  de  Greny^,  capitaine  au  régiment  de  Navarre, 
qui  y  commandoit.  G'étoit  un  bon  officier,  dont  le 
maréchal  de  Villars  faisoit  beaucoup  de  cas.  Le  lende- 
main que  je  fus  arrivé  dans  cette  ville,  j'eus  ordre, 
dès  le  matin,  de  suivre  à  la  tête  de  cent  hommes  un 
commissaire  des  guerres.  Il  me  conduisit  dans  la  mai- 
son où  avoit  logé  le  trésorier  général  des  troupes 
hoUandoises.  On  avoit  fait  entendre  au  maréchal  de 
Villars  qu'il  y  avoit  cinq  ou  six  millions  cachés  dans 
cette  maison^.  Le  commissaire  s'étoit  muni  d'une 
baguette  de  coudre.  Après  avoir  fait  renverser  la  mai- 
son, il  mit  sa  baguette  sur  le  puits,  la  baguette  tourna 
sur-le-champ  ;  ainsi  il  fallut  employer  tous  mes  soldats 
à  vider  le  puits  :  nous  n'y  trouvâmes  rien.  Ensuite, 
Monsieur  le  commissaire  ayant  mis  sa  baguette  sur 
les  lieux  de  commodité,  malheureusement  cette  chienne 
de  baguette  tourna  :  il  fallut  donc  encore  les  vider 
entièrement.  Quel  travail,  grand  Dieu!  On  doit  pré- 

1.  Abbaye  cistercienne  fondée  au  xii^  siècle  dans  le  Hainaut 
français,  à  trois  lieues  nord-ouest  de  Mons. 

2.  Tome  II,  p.  341. 

3.  «  On  disoit  qu'il  y  avoit  deux  millions  en  espèces  desti- 
nés pour  le  payement  des  troupes  et  cent  mille  pistoles  desti- 
nées pour  le  payement  de  l'artillerie,  mais  qu'on  n'avoit  point 
encore  tx'ouvé  cet  argent,  et  qu'on  soupçonnoit  que  les  assiégés 
l'avoient  jeté  dans  la  rivière  »  [Mémoires  de  Sourc/ies,p.  444). 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  165 

sumer  que  nos  pauvres  nez  n'étoient  pas  à  leurs  aises  ; 
car  certainement  nous  n'étions  pas  dans  les  jardins  de 
la  déesse  Flore,  ni  dans  ceux  de  Provence.  Peines  inu- 
tiles, nous  ne  trouvâmes  rien.  Nos  soldats  maudissoient 
et  Monsieur  le  commissaire  et  sa  diable  de  baguette^. 

Le  7  août,  les  troupes  qui  avoient  fait  le  siège  de 
Marchiennes  se  mirent  en  marche  pour  aller  joindre 
notre  armée,  qui  étoit,  depuis  le  31  juillet,  campée  à 
Écaillon-,  village  près  d'un  marais,  où  étoit  le  quar- 
tier général  du  maréchal. 

Le  lendemain  8,  nous  nous  approchâmes  de  Douay, 
qui  avoit  été  investi,  dès  le  31  juillet,  par  MM.  d'Al- 
bergotti  et  de  Broglie.  Le  maréchal  de  Villars  prit  son 
quartier  à  Lalaing^,  sur  la  Scarpe,  et,  deux  jours 
après,  à  Hennin-Liétard^.  A  l'égard  de  notre  brigade, 
elle  se  rendit  du  côté  de  Vitry,  bourg  situé  sur  la 
Scarpe,  au-dessus  de  Douay  ^. 

Les  alliés  avoient  été  si  fort  persuadés  que  jamais 
de  cette  guerre  nous  ne  serions  en  état  de  faire  le 

1.  La  croyance  aux  qualités  divinatoires  de  la  baguette  de 
coudrier  ou  de  noisetier  était  encore  très  répandue  au 
xvni®  siècle;  on  s'en  servait  pour  découvrir  les  mines,  les 
sources  et  les  trésors  cachés,  et  même  les  voleurs  et  les  assas- 
sins. Le  phénomène  de  la  rotation  ou  de  l'inclinaison  de  la 
baguette  était  généralement  admis,  et  l'on  cherchait  à  l'expli- 
quer par  des  causes  naturelles.  On  peut  voir  à  ce  propos  le 
curieux  article  du  Dictionnaire  de  Trévoux,  au  mot  baguette, 
et  V Encyclopédie  de  Diderot  et  d'Alembert ,  Amusement  des 
SCIENCES,  p.  267-269. 

2.  Dans  le  canton  de  Douay,  entre  cette  ville  et  Valenciennes. 

3.  A  mi-chemin  environ  entre  Douay  et  Marchiennes. 

4.  De  l'autre  côté  de  Douay,  dans  la  direction  de  Lens. 

5.  Vitry-en-Artois  ou  Vitry-sur-Scarpe,  sur  la  route  d'Arras, 
à  huit  kilomètres  environ  de  Douay  :  ci-dessus,  p.  11. 


i66  MÉMOIRES  [Août  1712] 

siège  de  Douay,  qu'ils  avoient  négligé  de  raser  leurs 
lignes  de  circonvallation,  dont  nous  nous  servîmes 
d'une  bonne  partie,  ce  qui  diminua  de  beaucoup  nos 
travaux.  Nous  nous  servîmes  des  lignes  que  les  enne- 
mis avoient  élevées  depuis  Brebières,  sur  la  Scarpe, 
au-dessus  de  Douay,  jusqu'à  Gœulzin,  sur  le  Molinet^, 
et  depuis  ce  dernier  village  jusqu'à  Lalaing,  sur  la 
Scarpe,  au-dessous  de  Douay,  ce  qui  contenoit  deux 
lieues  de  terrain.  Notre  grande  attention  fut  de  nous 
bien  retrancher  entre  la  Scarpe,  près  du  château  de 
Belleforière^,  et  le  canal  qui  va  de  Douay  à  Lille.  Il 
étoit  à  présumer  que  le  prince  Eugène  nous  attaque- 
roit  de  ce  côté-là,  étant  le  plus  foible.  M.  de  BrogHe 
avoit  été  chargé  par  notre  général  de  la  gauche  de 
ces  retranchements,  qui  commençoient  à  Auby,  sur 
ledit  canal,  et  M.  d'Albergotti  de  la  droite  des  retran- 
chements, qui  commençoit  près  de  Pont-à-Rache^,  vil- 
lage situé  sur  la  Scarpe  au-dessous  de  Douay,  qui 
appartient  au  prince  de  Rache^,  de  la  maison  de 
Berghes-Saint-Winocq,  dont  la  mère  de  ma  seconde 
femme  étoit ^.  Gomme  l'entreprise  étoit  des  plus  har- 
dies de  faire  un  siège  aussi  considérable  que  celui  de 

1.  Brebières,  en  Artois,  au  sud-ouest  de  Douay;  Gœulzin, 
en  Flandre,  dans  le  canton  d'Arleux,  sur  le  canal  de  commu- 
nication de  la  Scarpe  à  la  Sensée. 

2.  Ci-dessus,  p.  11. 

3.  Aujourd'hui  Radies,  à  cinq  kilomètres  nord-est  de  Douay. 
Cette  terre,  érigée  en  principauté  par  le  roi  Charles  II  d'Es- 
pagne en  1681,  le  fut  à  nouveau  par  Louis  XIV  en  avril  1701. 

4.  Philippe-Ignace  de  Berghes-Saint-Winocq,  devenu  prince 
de  Rache  par  son  mariage,  en  1683,  avec  .Marie-Françoise  de 
Berghes-Zétrud. 

5.  Tome  I,  p.  67. 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  167 

Douay  à  la  barbe  d'un  prince  Eugène,  nous  ne  ces- 
sions de  travailler  jour  et  nuit  à  nous  mettre  en  état 
de  le  bien  recevoir,  d'autant  plus  que  nous  apprîmes 
qu'il  avoit  été  décidé  par  les  députés  de  Hollande  et 
par  tous  les  officiers  généraux,  dans  un  conseil  de 
guerre  que  ce  prince  avoit  tenu  le  1 1 ,  qu'il  t'alloit  nous 
attaquer  dans  nos  lignes. 

Pour  mettre  en  exécution  leur  projet,  l'armée  des 
alliés  décampa  le  1  %  de  Seclin  pour  venir  camper  à 
Raimbeaucourt ^  dont  on  fit  le  quartier  général;  elle 
amenoitavec  elle  une  quantité  prodigieuse  de  fascines, 
de  gabions,  de  claies,  et  cinquante-cinq  pièces  de  gros 
canon.  Elle  avoit  sa  droite  appuyée  à  Épinoy%  et  sa 
gauche  s'étendoit  jusqu'à  l'abbaye  de  Flines,  près  de 
Pont-à-Rache.  11  y  avoit  de  la  droite  à  la  gauche  trois 
heues. 

L'approche  de  l'armée  ennemie  de  ce  côté-là  nous 
obligea  de  porter  toutes  nos  forces  entre  la  Scarpe  et 
le  canal  de  Douay  à  Lille. 

Pendant  les  quatorze  jours  que  le  prince  Eugène 
resta  dans  ce  camp,  il  se  rendoit  presque  tous  les 
jours  avec  un  gros  détachement,  tantôt  vis-à-vis  notre 
droite,  tantôt  vis-à-vis  notre  gauche,  et  tantôt  vis-à-vis 
notre  centre.  Nous  étions  dans  un  mouvement  conti- 
nuel, et  le  jour  et  la  nuit,  ce  qui  nous  fatiguoit  extrê- 
mement; mais,  comme  nous  comprenions  tous  que 
ces  marches  et  contremarches  étoient  absolument 
nécessaires,  nous  supportions  les  fatigues  avec  plaisir. 

Malgré  le  voisinage  de  l'armée  ennemie,  on  tra- 

1.  Nord,  arrondissement  et  canton  de  Douay. 

2.  Hameau  de  la  commune  de  Carvin,  sur  la  route  de  Lille 
à  Lens, 


168  MÉMOIRES  [Août  1712J 

vailloit  vivement  aux  préparatifs  pour  l'ouverture  de 
la  tranchée.  Il  avoit  été  décidé  que  le  maréchal  de 
Montesquiou  auroit  le  détail  du  siège,  qu'on  attaque- 
roit  le  fort  de  Scarpe  en  même  temps  que  la  ville  (ce 
que  les  alliés  n'avoient  pas  fait),  qu'il  y  auroit  un  lieu- 
tenant général  et  un  brigadier  pour  l'attaque  de  la 
ville,  et  un  maréchal  de  camp  pour  le  fort. 

Douay.  —  La  ville  de  Douay^  est  située  sur  la 
rivière  de  la  Scarpe,  qui  la  traverse.  Elle  est  très 
ancienne;  elle  avoit  autrefois  ses  seigneurs  particu- 
liers ;  mais,  par  la  suite  des  temps,  elle  a  été  réunie 
avec  la  ville  de  Lille  sous  un  même  corps  d'État^.  C'est 
présentement  une  des  plus  fortes  places  de  la  Flandre  ; 
on  peut  presque  l'environner  par  l'inondation  ;  elle 
est  protégée  par  le  fort  de  Scarpe,  qui  en  est  éloigné 
d'un  petit  quart  de  lieue.  Les  ennemis  avoient  beau- 
coup augmenté  les  fortifications  depuis  la  conquête 
qu'ils  en  avoient  faite.  Il  y  a  à  Douay  une  célèbre 
université^  où  beaucoup  d'étrangers  viennent,  non  seu- 
lement pour  y  faire  leurs  études,  mais  pour  apprendre 
la  langue  françoise.  Cette  ville  avoit  été  cédée  à  la 
France  par  le  traité  d'Aix-la-Chapelle  fait  en  1668; 
Louis  XIV  s'en  étoit  emparé  l'année  d'auparavant. 

1.  Lorsque  notre  auteur  a  parlé  de  Douay,  à  l'occasion  de 
la  prise  de  la  ville  par  les  alliés  en  1710  (ci-dessus,  p.  9  et 
suivantes),  il  n'en  a  pas  donné  de  description. 

2.  Pendant  le  xvn''  siècle,  la  gouvernance  de  Douay  faisait 
en  effet  partie  de  celle  de  Lille;  c'était  un  même  corps,  divisé 
en  deux,  qui  avait  pour  chef  le  gouverneur  de  Lille.  Une 
ordonnance  de  1693  érigea  en  offices  héréditaires  les  charges 
de  la  gouvernance  de  Douay  et  établit  l'autonomie  de  ce  tribunal. 

3.  Fondée  en  1562  par  le  pape  Paul  IV  et  le  roi  d'Espagne 
Philippe  IL 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  169 

Il  y  avoit  dans  la  ville  neuf  bataillons  et  deux  cents 
chevaux,  et  cinq  cents  fantassins  dans  le  fort  de  Scarpe, 
le  tout  aux  ordres  de  M.  Hompesch,  qui  en  étoit  gou- 
verneur, officier  général  de  réputation. 

Tout  étant  préparé  pour  l'ouverture  de  la  tran- 
chée, elle  fut  ouverte,  la  nuit  du  15  au  16  août',  par 
le  marquis  d'Alègre,  avec  quatre  bataillons  du  régiment 
des  gardes  françoises,  fort  près  de  la  ville,  à  deux 
endroits  différents  :  l'un,  vis-à-vis  la  porte  de  Notre- 
Dame,  près  de  la  Justice  (cette  justice  relève  d'Oisy; 
les  magistrats  de  Douay  sont  obligés  tous  les  ans  de 
venir  présenter  une  lance  de  bois,  par  rapport  à  cette 
justice,  aux  comtes  d'Oisy)'^,  et  l'autre,  vis-à-vis  la 
porte  Saint-Éloy.  On  fît  une  parallèle  qui  communi- 
quoit  de  l'une  à  l'autre.  Les  ennemis  s'en  aperçurent 
dans  le  moment.  Il  faisoit  un  très  beau  clair  de  lune; 
nous  perdîmes  beaucoup  d'officiers  et  beaucoup  de 
soldats.  Le  chevalier  des  Touches  ^  homme  des  plus 
aimables,  qui  commandoit  l'artillerie,  fut  blessé  si 
dangereusement,  qu'il  ne  fut  pas  en  état  de  servir  le 
reste  de  la  campagne^.  M.  de  Mimeure,  maréchal  de 

1.  C'est  au  soir  du  14  août  que  la  tranchée  fut  ouverte 
[Gazette,  p.  442;  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  163;  Mémoires 
militaires,  p.  103;  Histoire  militaire,  p.  80). 

2.  La  terre  d'Oisy  avait  été,  au  moyen  âge,  le  fief  de  la 
branche  cadette  des  anciens  châtelains  de  Douay,  et  ces  cadets 
avaient  eu  en  partage  la  suzeraineté  de  la  terre  de  l'Escar- 
pelle,  dans  la  banlieue  de  Douay;  le  prévôt  de  cette  ville  leur 
devait  hommage  pour  cette  terre.  La  suzeraineté  passa  à 
leurs  successeurs  seigneurs  d'Oisy  (Brassart,  Histoire  du  châ- 
teau et  de  la  c/idtellenie  de  Douay,  t.  I,  p.  62). 

3.  Tome  II,  p.  74. 

4.  Il  fut  blessé,  par  un  boulet  de  canon,  à  la  partie  exté- 
rieure de  la  cuisse  [Sourches,  t.  XIII,  p.  478). 


170  MÉMOIRES  [Août  1712] 

camp\  ouvrit  en  même  temps  la  tranchée  devant  le 
fort  de  Scarpe,  à  la  tête  du  premier  bataillon  de 
Picardie  et  de  huit  compagnies  de  grenadiers. 

La^  nuit  du  16  au  17,  M.  de  Saint-Frémond  releva 
la  tranchée  de  la  ville  avec  les  deux  bataillons  des 
gardes  suisses  et  les  deux  de  Royal-Roussillon.  L'on 
fit  trois  boyaux  :  le  premier  tirant  vers  la  porte  de 
Notre-Dame,  le  second  vers  la  demi-lune,  et  le  troisième 
vers  la  porte  de  Saint-Éloi.  Le  comte  de  Ghoiseul  releva 
la  tranchée  devant  le  fort  de  Scarpe  avec  trois  compa- 
gnies de  grenadiers  et  le  second  bataillon  de  Picardie. 

La  nuit  du  17  au  18,  la  tranchée  fut  relevée  devant 
la  ville  par  un  bataillon  des  gardes  de  l'électeur  de 
Cologne,  un  des  gardes  de  l'électeur  de  Bavière  et 
deux  d'Alsace,  aux  ordres  de  M.  d'Albergotti,  et  devant 
le  fort  de  Scarpe  par  le  prince  Charles,  avec  le  troisième 
bataillon  de  Picardie  et  trois  compagnies  de  grenadiers. 

La  nuit  du  18  au  1 9,  la  tranchée  fut  relevée  par  les 
trois  bataillons  de  Navarre  et  les  deux  de  Bourbon^, 
aux  ordres  du  marquis  d'Hautefort,  et  devant  le  fort, 
par  M.  de  Rothe^,  avec  deux  bataillons  de  Piémont  et 
toujours  trois  compagnies  de  grenadiers. 

1.  Jacques-Louis  de  Valon,  marquis  de  Mimeure,  aide  de  camp 
du  duc  de  Bourgogne  en  1702,  maréchal  de  camp  depuis  1709. 

2.  Cette  sorte  de  journal  du  siège  est  conforme  au  récit  de 
V Histoire  militaire,  p.  80-81;  on  pourra  comparer  les  corres- 
pondances très  détaillées  de  la  Gazette  de  France,  p.  418-480 
passim,  et,  au  point  de  vue  des  assiégés,  le  journal  tenu  par 
le  baron  de  Honstein,  aide  de  camp  du  général  Hompesch,  et 
reproduit  dans  la  Gazette  cV Amsterdam,  n°  lxxvi. 

3.  Levé  en  1635  par  le  duc  d'Enghien,  il  appartint  jusqu'à  la 
Révolution  aux  princes  de  la  maison  de  Condé. 

4.  Ci-dessus,  p.  27. 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  171 

La  nuit  du  19  au  20,  la  tranchée  fut  relevée  par  les 
trois  bataillons  de  Champagne  et  les  deux  de  Bour- 
gogne, aux  ordres  du  marquis  d'Avaray^.  Gomme 
j'étois  de  piquet,  je  fus  détaché  du  régiment,  à  la  tête 
de  cent  hommes,  dans  un  boyau  sur  la  gauche,  afin 
de  fortifier  et  de  soutenir  ce  côté -là,  qui  étoit  un 
peu  en  l'air  en  cas  que  les  ennemis  eussent  fait  une 
sortie;  mais  il  y  avoit  si  peu  de  troupes  dans  cette 
place,  par  rapport  à  sa  grandeur,  qu'ils  n'en  avoient 
pas  plus  qu'il  leur  en  falloit  pour  faire  le  service  de 
la  place.  Ainsi  notre  tranchée  se  passa  tranquille- 
ment, pendant  laquelle  on  travailla  à  une  batterie  de 
vingt  pièces  de  canon  de  quatre  Uvres  de  balles,  six 
de  seize  et  une  batterie  de  dix-sept  mortiers,  et  on 
acheva  la  communication  des  tranchées  de  la  ville  au 
fort,  dont  la  tranchée  fut  relevée  par  le  marquis  de 
Nangis  avec  le  troisième  bataillon  de  Piémont  et  le 
premier  de  Royal-Marine^. 

La  nuit  du  %0  au  M ,  les  deux  bataillons  de  Bour- 
bonnois^,  les  deux  de  Greder*  et  un  de  la  Marck^ 

1.  Claude-Théophile  de  Béziade,  marquis  d'Avaray  (1655- 
1745),  avait  d'abord  commandé  un  régiment  de  dragons  et 
était  lieutenant  général  depuis  1704.  Il  devint  ambassadeur  en 
Suisse  en  1715  et  reçut  l'ordre  du  Saint-Esprit  en  1739. 

2.  Créé  en  1670  pour  le  service  des  vaisseaux,  ce  régiment 
fut  bientôt  affecté  à  celui  de  terre.  Son  colonel,  en  1712,  était 
M.  Desmaretz  de  Châteauneuf,  second  fils  du  contrôleur  général. 

3.  Le  second  des  six  petits  vieux  corps. 

4.  Ce  corps,  qu'on  appelait  Greder-Allemand  pour  le  distin- 
guer du  régiment  suisse  de  même  nom,  avait  été  levé  par  le 
landgrave  de  Fiirstenberg  et  était  passé  à  la  solde  de  la 
France  en  1670.  Maurice  de  Saxe  le  commanda  en  1720, 

5.  Formé  en  1680  sous  le  nom  de  Konigsmark,  il  fut  com- 
mandé de  1693  à  1780  par  des  colonels  du  nom  de  la  Marck. 


172  MÉMOIRES  [Août  1712] 

relevèrent  la  tranchée,  aux  ordres  du  comte  d'Estaing 
devant  la  ville,  et,  devant  le  fort,  le  duc  de  Mortemart 
avec  les  deux  bataillons  d'O'Brien'. 

Jusqu'à  ce  jour,  nous  avions  avancé  nos  tranchées 
très  facilement,  et  nous  les  avions  poussées  aussi  loin 
qu'elles  pouvoient  être  poussées  devant  la  ville  ;  mais 
les  ennemis  nous  arrêtèrent  pendant  quelques  jours, 
ayant  lâché  les  écluses  dont  les  eaux  inondèrent  nos 
tranchées^.  Il  fallut  donc  en  faire  écouler  les  eaux.  A 
l'égard  du  fort,  la  tranchée  fut  poussée  jusqu'à  l'avant- 
fossé.  Ce  jour-là,  on  jeta  un  pont  sur  la  Scarpe  pour 
ouvrir  une  tranchée  sur  la  rive  gauche  de  cette  rivière, 
afin  d'y  établir  une  batterie  de  dix  pièces  de  canon 
pour  battre  à  revers  l'avant-chemin  couvert  du  fort 
et  une  redoute  située  entre  les  deux  chemins  couverts 
du  fort. 

La  nuit  du  21  au  221,  les  quatre  bataillons  du  régi- 
ment du  Roi  et  un  de  Royal-Comtois  ■^  relevèrent  la 
tranchée,  aux  ordres  du  marquis  de  Sailly,  devant  la 
ville,  et,  devant  le  fort,  M.  de  Lessart*  avec  deux 
bataillons  de  Royal.  M.  de  Lessart  fît  attaquer  l'avant- 
chemin  couvert  du  fort  de  Scarpe,  d'où  nos  troupes 
chassèrent  les  ennemis. 

1.  Régiment  irlandais  formé  en  1690;  ses  colonels  succes- 
sifs furent  toujours  des  Anglais  ou  des  Irlandais. 

2.  Ils  ouvrirent  seulement  les  écluses  de  la  gauche  de  l'at- 
taque [Histoire  militaire,  p.  81). 

3.  Ce  régiment  avait  été  créé  en  1674,  après  la  conquête  de 
la  Franche-Comté,  et  donné  d'abord  à  un  BaufFremont. 

4.  Charles-Emmanuel  de  Colin  de  Lessart,  d'abord  colonel 
de  cavalerie,  avait  servi  à  ce  titre  en  Italie  et  en  Espagne; 
nommé  maréchal  de  camp  le  29  mars  1710,  il  avait  été  désigné 
pour  l'armée  de  Flandre. 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  173 

La  nuit  du  2^  au  2l3,  le  troisième  bataillon  du  régi- 
ment Royal,  les  deux  de  Royal-Marine  et  le  bataillon 
de  Royal-Italien  '  relevèrent  la  tranchée  aux  ordres 
du  comte  de  Saillant^  devant  la  ville,  et  les  deux  de 
Poitou^  devant  le  fort,  aux  ordres  du  duc  de  Ghaulnes*. 
Ce  jour-là,  on  s'empara  du  second  chemin  couvert  et 
de  la  demi-lune  qui  étoit  entre  les  deux  chemins  cou- 
verts du  fort. 

La  nuit  du  33  au  24,  les  deux  bataillons  de  Greder- 
Allemand,  un  de  Belsunce  '  et  les  deux  de  Solre  rele- 
vèrent la  tranchée  de  la  ville  aux  ordres  du  duc  de 
Guiche,  et,  devant  le  fort,  les  deux  de  Boulonnois^, 
aux  ordres  de  M.  de  Silly^. 

Ce  même  jour  23,  je  fus  commandé  à  la  tète  de 
cent  hommes  pour  travailler  pendant  la  nuit  du  23 
au  24  à  la  seconde  parallèle  devant  la  ville.  Ou  y  fît 
une  batterie  de  seize  pièces  de  canon,  dont  dix  étoient 
de  vingt-quatre  livres,  et  six  de  seize. 

1.  Régiment  levé  en  Piémont  en  1671  par  M.  de  Magalotti. 

2.  Jean-Philippe  d'Estaing,  comte  de  Saillant,  était  lieute- 
nant général  depuis  1704,  et,  depuis  1710,  lieutenant-colonel 
du  régiment  des  gardes  françaises,  où  il  avait  eu  une  compa- 
gnie dès  1689. 

3.  Ce  régiment  avait  pour  origine  un  corps  levé  en  1585  par 
Charles  de.  Choiseul;  il  portait  le  nom  de  Poitou  depuis  1682. 

4.  Il  portait  aupai'avant  le  titre  de  vidame  d'Amiens  :  t.  II, 
p.  363. 

5.  Levé  en  1695,  ce  régiment  avait  pour  colonel  depuis 
1704  le  chevalier  de  Belsunce;  il  fut  licencié  en  1714. 

6.  Créé  en  1684,  il  était  commandé  par  Louis-Alexandre 
Verjus,  comte  de  Crécy. 

7.  Jacques-Joseph-Vipart,  marquis  de  Silly  (1671-1727). 
Saint-Simon  a  raconté  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  XII,  p.  190- 
192)  par  suite  de  quelles  circonstances  il  avait  été  fait  briga- 
dier en  1702. 


174  MÉMOIRES  [Août  1712] 

La  nuit  du  24  au  25,  les  deux  bataillons  de  Poitou, 
deux  de  Lyonnois  et  un  de  Beauce  relevèrent  la  tran- 
chée devant  la  ville,  aux  ordres  du  prince  de  Rohan, 
el  les  deux  de  Limousin  devant  le  fort,  aux  ordres  du 
duc  de  Mortemart. 

Ce  même  jour  25,  le  prince  Eugène,  voyant  l'im- 
possibilité qu'il  y  avoit  d'attaquer  nos  retranche- 
ments, décampa  de  Raimbeaucourt,  après  avoir  resté 
quatorze  jours  dans  ce  dernier  camp  *  ;  il  avoit  fait 
mettre  auparavant  le  feu  aux  gabions,  aux  fascines  et 
aux  claies  qu'il  avoit  fait  apporter  pour  nous  attaquer. 
La  veille,  il  avoit  fait  partir  son  artillerie  et  les  gros 
et  les  menus  équipages  de  son  armée.  Ainsi  nous 
continuâmes  le  siège  de  Douay  avec  toute  la  tran- 
quillité possible.  Notre  brigade  étoit  venue  camper 
depuis  six  jours  près  du  château  de  Belleforière,  qui 
étoit,  comme  on  doit  le  remarquer  ci- dessus,  le  côté 
le  plus  foible  de  nos  lignes. 

Malgré  l'occupation  dans  laquelle  étoit  le  maréchal 
de  Villars,  non-seulement  par  rapport  au  siège  de 
Douay,  mais  aussi  par  rapport  aux  mouvements  qu'il 
faisoit  faire  à  l'armée,  afin  de  n'être  point  surpris  par 
son  ennemi,  il  ordonna  à  M.  Pasteur,  fameux  partisan  % 
de  faire  une  course  du  côté  de  la  Hollande,  en  repré- 
sailles de  celle  qu'avoit  faite  M.  de  Growestein^. 

1.  \J Histoire  militaire  (p.  83)  dit  le  26  août,  ainsi  que  la 
Gazette  (ï Amsterdam,  n°  lxx. 

2.  Il  s'appelait  Pasteur  ou  Jacob;  c'était  un  homme  de  for- 
tune, d'origine  wallonne,  qui  commandait  un  régiment  de  dra- 
gons [Mémoires  de  Sourches,  t.  IX,  p.  338,  et  t.  XI,  p.  124). 
Après  la  paix  d'Utrecht,  il  se  retira  en  France,  et  eut,  le 
20  mars  1716,  un  brevet  de  maréchal  de  camp. 

3.  Ci-dessus,  p.  118. 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  175 

Course  de  M.  Pasteur.  —  IP  partit  la  nuit  du  23 
au  24;  il  pénétra  jusqu'à  l'île  de  Tolen^,  qui  est  de  la 
Zélande,  dont  il  fit  piller  la  ville  ;  il  fit  contribuer  tous 
les  pays  entre  la  Basse-Meuse  et  le  Bas-Escaut,  il 
enleva  soixante-dix  otages. 

Le  prince  Eugène,  étant  informé  de  cette  course, 
fit  partir  soixante  escadrons,  aux  ordres  d'un  lieutenant- 
général,  afin  de  tâcher  de  couper  M.  Pasteur  dans  sa 
retraite;  mais  la  diligence  avec  laquelle  il  marcha  fut 
inutile.  Le  partisan  françois  arriva  à  Namur  sain  et 
sauf,  aussi  bien  que  son  détachement,  avec  ses  otages, 
un  butin  considérable  et  une  centaine  de  chevaux, 
dont  soixante  de  carrosse. 

La  nuit  du  25  au  26,  les  trois  bataillons  de  Dauphin 
et  les  deux  de  Vaudrey^  relevèrent  la  tranchée  devant 
la  ville,  aux  ordres  de...^  et,  devant  le  fort,  le  cheva- 
lier de  Montmorency  avec  les  deux  bataillons  de 
Royal-Roussillon^. 

Prise  du  fort  de  Scarpe.  —  La  nuit  du  26  au  27, 
les  deux  bataillons  du  Maine *^,  les  deux  de  Bacqueville^ 

1.  Gazette  d'Amsterdam,  n°^  lxx  et  lxxi  ;  Mémoires  de  Sour- 
c/ies,  t.  XIII,  p.  489-490;  Mémoires  militaires,  p.  105-100; 
Histoire  militaire,  p.  84. 

2.  Formée  par  deux  bras  de  l'Escaut;  la  ville  principale 
s'appelle  aussi  Tolen. 

3.  Il  n'y  avait  pas  de  régiment  de  Vaudrey  au  siège  de  Douay, 
ni  même  aucun  colonel  de  ce  nom  à  cette  époque. 

4.  Ce  nom  est  resté  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

5.  Ce  régiment,  levé  par  le  cardinal  Mazarin  en  Roussillon 
et  en  Catalogne,  en  1657,  s'appela  d'abord  Catalan-Mazarin. 

0.  Ce  corps,  créé  en  1625  et  appelé  d'abord  Maréchal  de 
Turenne,  fut  donné  en  1675  au  duc  du  Maine  et  prit  son  nom. 

7.  Commandé  par  Jean-François  Boy  vin,  marquis  de  Bac- 
queville,  il  devint  Vexin  en  1762. 


176  MÉMOIRES  [Août  1712] 

et  un  de  Bigorre  relevèrent  la  tranchée  aux  ordres  de 
M.  de  Puységur.  A  l'égard  du  fort,  sur  les  six  heures 
du  soir  du  27,  le  commandant,  à  qui  nous  avions  ôté 
la  communication  avec  la  ville,  voyant  que  la  brèche 
étoit  très  praticable,  et  craignant  avec  raison  d'être 
emporté  d'assaut,  fit  battre  la  chamade.  Il  se  rendit, 
lui  et  sa  garnison,  prisonniers  de  guerre.  Celle-ci  fut 
conduite  à  Gambray^ 

Après  la  prise  du  fort,  on  ouvrit  sur-le-champ  les 
écluses,  afin  de  faire  écouler  les  eaux  de  nos  tran- 
chées, la  nuit  du  27  au  218. 

Le  lendemain  28,  notre  armée  fit  un  mouvement; 
les  troupes,  qui  étoient  campées  dans  la  plaine  de  Lens, 
passèrent  la  Scarpe,  pour  aller  camper  dans  la  plaine 
de  Lewarde^.  Notre  brigade  décampa  aussi  de  près 
du  château  de  Belleforière,  afin  d'aller  couvrir  Lewarde, 
dont  le  maréchal  de  Villars  venoit  de  faire  son  quar- 
tier général.  Nous  restâmes  dans  ce  camp  jusqu'à 
notre  départ  de  devant  Douay. 

La  nuit  du  28  au  29,  la  tranchée  fut  relevée  par 
les  trois  bataillons  de  la  Reine  et  les  deux  de  Lionne  ^, 
aux  ordres  de  M.  de  Goesbriand.  Pendant  cette  nuit, 
les  tranchées  ayant  été  conduites  jusqu'au  fossé  de 
l'avant-chemin  couvert  du  côté  de  la  porte  de  Notre- 
Dame,  on  passa  le  fossé,  et,  malgré  le  grand  feu  des 

1.  Sur  la  prise  du  fort  de  Scarpe,  on  peut  voir  les  Mémoires 
de  Villars,  p.  165-166,  Y  Histoire  militaire,  p.  83,  les  Mémoires 
militaires,  p.  104,  et  le  n°  lxxi  de  la  Gazette  (V Amsterdam, 
d'après  une  lettre  venant  du  camp  du  maréchal  de  Villars. 

2.  Sur  la  route  de  Douay  à  Bouchain,  à  sept  kilomètres  de 
la  première  ville. 

3.  C'est  le  régiment  de  Beaujolais,  commandé  depuis  no- 
vembre 1710  par  Charles-Hugues,  comte  de  Lionne. 


[Août  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  177 

assiégés,  on  se  logea  sur  ie  glacis  à  droite  et  à  gauche. 
Le  logement  y  étant  fait,  on  travailla  à  une  batterie 
de  vingt  pièces  de  canon.  Nous  perdîmes  dans  cette 
action  M.  de  Glisson^  capitaine  aux  gardes  françoises, 
et  M.  de  Louvain,  commandant  la  colonelle  du  régi- 
ment Royal-artillerie,  qui  furent  tués.  Il  y  eut  deux 
cents  hommes  tant  tués  que  blessés^. 

Depuis  le  29  jusqu'au  31  août,  on  perfectionna  nos 
deux  batteries  qui  étoient  dans  la  seconde  parallèle 
et  à  celle  vis-à-vis  la  porte  Saint-Éloi.  Toutes  nos 
batteries  se  firent  entendre  le  31 ,  et  elles  renversèrent 
la  redoute  qui  étoit  entre  les  deux  chemins  couverts. 

La  tranchée  avoit  été  relevée,  la  nuit  du  29  au  30, 
par  les  deux  bataillons  de  Limousin,  les  deux  de 
Boulon nois,  et  par  un  de  Solre,  aux  ordres  du  mar- 
quis de  Silly;  la  nuit  du  30  au  31 ,  par  les  trois  batail- 
lons des  Vaisseaux  et  les  deux  d'Agenois,  aux  ordres 
de  M.  de  Goigny.  On  s'empara  ce  jour-là  de  la  redoute 
qui  étoit  entre  les  deux  chemins  couverts,  et  on  fit 
deux  batteries,  de  six  pièces  de  canon  chacune,  pour 
battre  une  demi-lune  et  deux  lunettes  qui  étoient 
aussi  entre  les  deux  chemins  couverts  et  qui  les 
protégeoient. 

Je  m'étois  logé  à  Lewarde,  qui  étoit,  comme  il  a 
été  dit,  le  quartier  général.  J'appris,  le  lendemain,  que 
les  fourriers  de  l'armée  marquoient  toutes  les  maisons 

1.  «  Gentilhomme  de  Poitou;  un  des  plus  valeureux  hommes 
de  son  siècle,  dit  l'annotateur  des  Mémoires  de  Sourches,  t.  XIII,  ■ 
p.  490.  Il  auroit  été  à  souhaiter  que  beaucoup  d'officiers  eussent 
un  peu    de   la   trop    grande    envie   qu'il    avoit   de   voir   des 
actions.  » 

2.  Gazette,  p.  468. 

III  12 


178  MÉMOIRES  [Août  1712] 

occupées  par  les  officiers  particuliers.  La  crainte  que 
j'eus  d'être  délogé  me  fit  imaginer  de  faire  mettre 
l'étui  de  ma  basse  de  viole  dans  mon  lit  entre  les 
deux  draps.  J'en  coiffai  le  haut  du  manche  de  mon 
bonnet  de  nuit;  j'ordonnai  ensuite  à  mes  valets  de  dire 
à  Messieurs  les  fourriers  qu'il  y  avoit  un  officier  cou- 
ché dans  ce  lit,  qui  étoit  attaqué  de  la  petite  vérole. 
Mes  domestiques  exécutèrent  mes  ordres  si  parfaite- 
ment bien,  que  le  mot  de  petite  vérole  les  fit  fuir  de 
ma  chambre  aussi  promptement  que  s'ils  avoient  eu  le 
feu  au  derrière.  Par  ce  stratagème,  je  restai  tranquil- 
lement dans  mon  logement  jusqu'à  notre  départ  pour 
aller   camper  à  Denain. 

La  nuit  du  31  août  au  P""  septembre,  la  tranchée 
fut  relevée  par  le  bataillon  de  la  Sarre,  deux  de  Per- 
rin^  et  deux  du  Prince-ÉlectoraF,  aux  ordres  du  mar- 
quis de  Gonflans;  la  nuit  du  1®'  septembre  au  21,  par 
les  deux  bataillons  de  la  Fère,  deux  de  Lorraine  et 
celui  de  Saint-Second,  aux  ordres  du  marquis  de  la 
Vallière;  la  nuit  du  2  au  3,  par  les  trois  bataillons  de 
Villars-suisse^  et  par  les  deux  de  Greder,  aux  ordres 
du  comte  de  Groissy;  la  nuit  du  3  au  4,  par'^ 

1.  Levé  en  1691  par  le  maréchal  de  Noailles,  ce  régiment 
avait  pour  colonel  en  1712  Joseph  Perrin  de  Brichambault. 

2.  Régiment  bavarois. 

3.  Le  comte  d'Erlach  avait  levé  ce  régiment  en  Suisse,  en 
1672,  pour  le  compte  de  Louis  XIV;  il  était  commandé  depuis 
1701  par  Charles  de  Villars-Chandieu. 

4.  \J Histoire  militaire  ne  donne  plus  le  journal  de  la  tran- 
chée à  partir  du  22  août;  notre  auteur  se  sert  donc  de  ses 
notes  personnelles,  et  elles  lui  ont  sans  doute  manqué  pour 
la  nuit  du  3  au  4  septembre  ':  d'où  le  blanc  qui  existe  ici  dans 
le  manuscrit. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  479 

Le  lendemain  4,  je  reçus  de  grand  matin,  par  un 
exprès,  une  lettre  de  la  dame  de  Bruxelles  \  par  laquelle 
elle  me  mandoit  qu'elle  venoit  d'arriver  de  Paris  à 
Gambray,  à  la  Poste,  qu'elle  me  prioit  de  venir  dinar 
avec  elle;  qu'elle  partoit  de  cette  ville  sur  les  cinq 
heures  du  soir,  pour  aller  coucher  à  Mons,  ses  affaires 
l'obligeant  de  se  rendre  au  plus  vite  à  Bruxelles.  Je 
ne  perdis  point  de  temps  à  me  rendre  auprès  d'elle  ; 
je  la  trouvai  plus  aimable  que  jamais.  Le  diner  fut 
très  gai;  elle  me  fît  bonne  chère.  Nous  restâmes 
ensemble  jusqu'à  six  heures  du  soir.  L'ayant  conduite 
dans  sa  chaise  de  poste,  elle  partit  pour  le  Brabant, 
et  moi,  je  remontai  à  cheval  pour  m'en  retourner  à 
Lewarde. 

En  sortant  de  Gambray,  je  retrouvai  deux  capi- 
taines du  régiment  qui  s'y  en  retournoient  aussi. 
Lorsque  nous  eûmes  fait  une  lieue,  nous  trouvâmes 
un  vivandier  du  régiment  qui  venoit  de  l'armée.  Il 
nous  apprit  que  notre  brigade  étoit  décampée  de 
Lewarde,  avec  d'autres  troupes,  aux  ordres  du  comte 
de  Groissy,  pour  se  rendre  dans  le  camp  de  Denain  : 
ainsi,  il  fallut  déranger  notre  marche  et  passer  assez 
près  de  Bouchain.  Lorsque  nous  eûmes  passé  le  pont 
qui  étoit  établi  sur  le  Genset,au  bac  d'Aubencheul,  nous 
aperçûmes  un  cavalier  bavarois.  Un  de  mes  camarades 
nous  dit  :  «  Je  vais  vous  donner  la  comédie.  »  Et,  sur- 
le-champ,  il  s'avance  sur  le  Bavarois,  le  pistolet  à  la 
main,  en  lui  criant  :  «  Qui  vive?  »  Le  cavalier  lui  répond: 
«  Vive  France!  »  —  «  Gomment,  vive  France?  »  lui 
répliqua  vivement  mon  camarade,  et  alors  il  fit  sem- 

1.  Tome  11,  p.  327-330. 


18Ô  MÉMOIRES  [Sept.  171-2] 

blant  de  vouloir  le  tirer.  Le  Bavarois,  nous  prenant 
pour  des  Hollandois,  donne  des  deux  à  son  cheval,  et, 
en  moins  de  rien,  il  fut  rejoindre  sa  troupe,  qui  étoità 
trois  cents  pas  de  là.  La  retraite  précipitée  du  cavalier 
nous  donna  occasion  de  bien  rire. 

Nous  n'arrivâmes  à  Denain  qu'à  onze  heures  du 
soir,  assez  fatigués,  surtout  ma  personne  du  bon  dîner 
que  m'avoit  donné  la  dame  de  Bruxelles.  Nous  trou- 
vâmes le  régiment  campé  dans  le  camp  même  d'où 
les  ennemis  avoient  été  chassés.  Nos  tentes  étoient  au 
milieu  des  corps  morts,  dont  la  plus  grande  partie 
étoit  à  moitié  enterrée.  On  voyoit  des  tètes,  des  bras 
et  des  jambes  qui  sortoient  de  terre.  Ce  spectacle 
étoit  d'autant  plus  affreux,  que  c' étoit  une  infection 
des  plus  insupportables.  Nous  y  restâmes  trois  jours. 
Cette  puanteur  et  la  fatigue  que.j'avois  essuyée  dans 
ma  charmante  partie  de  Cambray  me  donnèrent  une 
bonne  fièvre.  Elle  ne  m'empêcha  pas  d'écrire  une 
lettre  des  plus  fortes  à  mon  frère  le  lieutenant  général 
de  l'artillerie^  en  réponse  de  celle  qu'il  m'avoit  écrite 
pour  m'apprendre  qu'il  venoit  de  vendre  sa  terre  de 
Q[uincy],  qui  étoit  dans  notre  famille  depuis  plus  de 
deux  cents  ans  ;  elle  nous  venoit  d'un  oncle  de  ma  tri- 
saïeule^. Mon  oncle  avoit  fait  mettre  mon  frère  son 
légataire  universel^,  dans  le  dessein  que  son  neveu,  qui 

1.  Charles  Sevin  :  tome  I,  p.  26,  note  2. 

2.  François  Sevin,  trisaïeul  de  notre  auteur,  avait  épousé, 
en  1555,  Antoinette  Le  Rebours,  dame  de  Quincy-en-Brie 
(voyez,  au  tome  I,  la  Notice  préliminaire).  C'est  elle  qui  avait 
apporté  cette  terre  aux  Sevin;  peut-être  lui  venait-elle,  en 
ell'et,  d'un  de  ses  oncles  maternels. 

3.  Tome  I,  p.  26. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  181 

paroissoit  fort  sage  et  n'avoir  aucune  passion,  ne  se 
déferoit  jamais  de  cette  terre.  Il  l'avoit  préféré  à 
ses  six  autres  frères,  qu'il  avoit  réduits  à  leur  légitime, 
c'est-à-dire  à  leur  patrimoine,  sans  l'avoir  mérité^. 
Mais,  par  malheur  pour  mon  frère,  il  épousa  depuis  la 
fille  d'un  financier-.  Il  est  très  dangereux  à  un  homme 
de  condition  de  faire  de  ces  sortes  d'alliances,  non  seu- 
lement par  rapport  à  leur  basse  naissance,  mais  aussi 
parce  que,  la  fille  d'un  homme  d'affaires  étant  née 
dans  une  maison  oîi  la  magnificence  et  la  dépense 
régnent  beaucoup,  elle  porte  l'esprit  de  prodigalité  en 
mariage,  qui  ruine  tôt  ou  tard  mon  homme,  à  moins 
qu'il  ne  soit  bien  sur  ses  gardes  et  qu'il  ne  conserve 
une  supériorité  juste  et  raisonnable  sur  sa  femme. 
C'est  ce  que  mon  frère  a  si  fort  négligé,  qu'il  est 
mort  sans  laisser  un  sol  de  près  de  six  cent  mille  francs 
qu'il  avoit  eus  de  notre  oncle,  quoiqu'il  n'avoit  point 
de  maîtresse  et  qu'il  haïssoit  le  jeu  et  la  table  ^. 

Ma  fièvre  redoublant,  je  fus  obligé  de  quitter  ce 
camp  empesté  de  Denain  pour  aller  à  Valenciennes. 
G'étoit  le  8  septembre,  jour  pendant  lequel  il  s'y  fait 
une  procession  solennelle^.  J'arrivai  dans  le  temps  que 

i.  Au  détriment  même  de  son  aîné  (tome  I,  p.  26). 

2.  Geneviève  Pecquot  de  Saint-Maurice  (tome  I,  p.  69),  fille 
d'un  greffier  du  Conseil  enrichi  par  les  aff'aires  de  finance. 

3.  On  verra  en  effet  dans  l'Appendice,  ci-après,  §  III,  par  le 
contrat  de  mariage  de  sa  fille  et  par  son  inventaire  après  décès, 
que  le  marquis  de  Quincy  avait  dû  dissiper  toute  la  succession 
de  son  oncle  et  tout  l'fiéritage  de  la  marquise,  sauf  son  douaire; 
car  ils  ne  donnent  à  leur  fille  aucun  immeuble,  rente  ou  argent 
comptant,  et  il  n'est  fait  nulle  mention  de  valeur  quelconque 
dans  son  inventaire. 

4.  En  l'honneur  de  la  fête  de  la  Nativité  de  la  Vierge. 


182  MÉMOIRES  [Sept.  1712] 

toutes  les  portes  étoient  fermées.  Ainsi,  accablé  d'un 
frisson  violent  que  j'avois,  il  fallut  cependant  attendre 
deux  bonnes  heures  sur  mon  cheval  que  la  proces- 
sion fût  finie.  Je  fus  logé  dans  une  hôtellerie,  où  il  n'y 
avoit  qu'une  seule  petite  chambre  au  rez-de-chaussée 
de  la  cour.  On  y  faisoit  le  jour  et  la  nuit  un  bruit 
insupportable. 

Laissons  un  moment  ma  fièvre  et  retournons  au 
siège  de  Douay,  et  parlons  des  mouvements  que  firent 
et  le  prince  Eugène  et  le  maréchal  de  Villars.  Celui-ci 
ayant  appris  que  le  général  de  l'Empereur  avoit  aban- 
donné son  camp  de  Seclin  pour  s'approcher  de  Tour- 
nay,  et  qu'il  avoit  fait  passer  l'Escaut  près  de  cette 
dernière  ville  à  quarante  escadrons^  aux  ordres  du 
prince  de  Hesse-Cassel^,  il  envoya,  le  4,  M.  de  Saint- 
Frémond,  le  comte  de  Groissy  et  le  comte  de  Beauvau^ 
à  la  tête  de  quatre  brigades  de  cavalerie  et  une  par- 
tie de  son  infanterie,  à  Denain,  comme  j'en  ai  parlé 
ci-dessus^,  afin  d'être  à  portée  de  s'opposer  aux  des- 
seins du  prince  Eugène  ;  et,  de  son  côté,  il  poussa  le 
siège  vivement. 

Le  7  septembre,  tout  étant  préparé  pour  l'attaque 
du  chemin  couvert  et  des  trois  lunettes  qui  le  proté- 
geoient,  il  ordonna  à  M.  de  Valori  de  faire  les  dispo- 
sitions nécessaires,  après  lui  avoir  fait   venir  trente 

1.  Mémoires  militaires,  p.  107. 

2.  Tome  I,  p.  332. 

3.  Pierre-Madeleine,  comte  deBeauvau  duRivau  (1663-1734), 
d'abord  guidon  des  gendarmes  anglais,  avait  eu  le  grade  de 
brigadier  en  1702  et  commandé  la  gendarmerie  à  Audenarde 
et  à  Malplaquet;  il  était  maréchal  de  camp  depuis  1709,  et 
devint  lieutenant  général  en  1718. 

4.  Ci-dessus,  p.  180. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  183 

compagnies  de  grenadiers  à  l'entrée  de  la  nuit^  Dès 
que  le  signal,  qui  étoit  de  six  bombes,  fut  donné,  tous 
nos  grenadiers,  soutenus  par  les  cinq  bataillons  de  la 
tranchée,  aux  ordres  du  marquis  de  Vieuxpont  et  du 
prince  d'Isenghien,  marchèrent  rapidement  au  che- 
min couvert  et  aux  trois  lunettes.  Après  un  combat 
opiniâtre,  nos  troupes  s'en  emparèrent  malgré  le 
grand  malheur  qui  leur  arriva  ;  car  trois  de  nos  ponts 
s'enfoncèrent  sur  le  fossé  :  ce  qui  obligea  la  plus  grande 
partie  de  le  passer  ayant  de  l'eau  jusqu'aux  épaules. 
Les  logements  se  firent  avec  une  promptitude  admi- 
rable^. Le  maréchal  de  Villars,  qui  étoit  présent  à 
cette  attaque,  persuadé  que  la  ville  ne  seroit  pas  long- 
temps sans  capituler,  puisque  la  brèche  au  corps  de  la 
place  étoit  très  praticable,  laissa  M.  d'Albergotti  pour 
en  continuer  le  siège.  Il  partit  de  Lewarde  le  8  au 
matin,  le  même  jour  que  je  m'étois  rendu  à  Valen- 
ciennes,  et  le  même  jour  que  M.  de  Saint-Frémond 
avoit  passé  l'Escaut,  avec  les  troupes  qu'il  comman- 
doit,  pour  marcher  du  côté  du  Quesnoy.  M.  de  Villars, 
en  arrivant  à  Denain,  apprit,  par  un  exprès  que 
M.  d'Albergotti  lui  envoya,  qu'il  s'étoit  emparé,  depuis 
son  départ,  de  la  demi-lune  :  ce  qui  avoit  obligé  M.  Hom- 
pesch  de  faire  battre  la  chamade;  que  les  otages  étoient 
donnés  de  part  et  d'autre,  et  qu'il  attendoitses  ordres^. 

1.  A  trois  heures  de  l'après-midi,  disent  les  relations  indi- 
quées ci-après. 

2.  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  168-169;  Histoire  militaire, 
p.  87-88;  Mémoires  militaires,  p.  108-109  et  p.  521-522,  avec 
la  lettre  officielle  du  maréchal  donnant  le  compte  rendu  de 
l'action. 

3.  Gazette  de  France,  p.  480;  Gazette  d^ Amsterdam,  n°  lxxvi; 
Histoire  militaire,  p.  88-89;  Mémoires  militaires,  p.  109. 


184  MÉMOIRES  [Sept.  1712] 

Sur-le-champ,  M.  de  Villars  rebroussa  chemin,  et 
il  se  rendit  dans  la  tranchée.  Par  les  articles  de  la 
capitulation  que  le  prince  de  Hesse-Hombourg,  qui 
étoit  un  des  otages,  apporta  au  maréchal,  M.  Hom- 
pesch  demandoit  la  même  capitulation  que  les  alliés 
avoient  accordée  à  M.  d'Albergotti.  Mais  notre  général 
lui  fit  dire  qu'il  ne  devoit  prétendre  à  aucune  capitu- 
lation, à  moins  qu'il  ne  se  rendît,  lui  et  sa  garnison,  pri- 
sonniers de  guerre  ;  que  M.  de  Marlborough  à  Bouchain 
et  le  prince  Eugène  au  Quesnoy  l'avoient  exigé  ainsi 
des  commandants  de  ces  deux  places,  et  qu'il  vouloit 
suivre  en  cela  l'exemple  de  ces  deux  grands  hommes. 
Les  ennemis,  voyant  l'opiniâtreté  de  M.  de  Villars,  se 
rendirent  aux  mêmes  conditions  qui  avoient  été  accor- 
dées à  M.  de  la  Badie,  qui  avoit  défendu  le  Quesnoy  ^ .  Le 
10,  la  garnison  fut  conduite  à  Beauvais.  Douay  ne  tint 
que  vingt-quatre  jours  de  tranchée  ouverte;  cependant 
cette  place  avoit  tenu  cinquante-quatre  jours,  lors- 
qu'elle fut  défendue  par  M.  d'Albergotti.  Mais  il  est 
juste  d'excuser  M.  Hompesch  de  sa  foible  défense  par 
rapport  au  peu  de  troupes  qu'il  avoit  pour  soutenir 
ce  siège. 

Le  maréchal  de  Villars  n'eut  pas  plus  tôt  signé  la 
capitulation,  qu'il  partit  sur-le-champ  pour  aller  joindre 
les  troupes  aux  ordres  de  M.  de  Saint-Frémond,  qui 
étoient  en  marche  pour  s'approcher  du  Quesnoy,  dont 
il  fit  faire  l'investissement.  Le  prince  de  Hesse-Cassel, 
qui  faisoit  avec  ses  troupes  l'avant-garde  de  l'armée 
du   prince   Eugène,   ayant  appris    que   les   François 

1.  Le  texte  de  la  capitulation  de  Douay  est  imprimé  dans  les 
Mémoires  militaires,  p.  522-523. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  185 

étoient  déjà  postés  devant  cette  place,  il  ne  jugea  pas 
à  propos  de  s'avancer  davantage;  il  s'arrêta,  et  il  atten- 
dit que  l'armée  de  ce  général  l'eut  joint.  Cette  armée 
passa  le  1 0  la  Trouille,  et  elle  alla  camper  à  Beliant,  qui 
fut  le  quartier  général.  La  droite  fut  appuyée  à  Saint- 
Ghislain,  et  sa  gauche  aux  bois  de  Malplaquet.  Le 
prince  Eugène  avoit  fait  cette  marche  dans  le  dessein 
d'arriver  plus  tôt  que  nous  au  Quesiioy,  afin  d'empê- 
cher les  François  d'en  former  le  siège,  ou  du  moins 
d'en  retirer  la  nombreuse  artillerie  qu'il  y  avoit  laissée. 
Il  resta  dans  son  camp  de  Beliant  pendant  presque 
tout  le  temps  que  nous  fûmes  occupés  au  siège  de 
cette  place. 

Pendant  les  mouvements  des  deux  armées,  j'étois 
malade  à  Valenciennes  et  très  mal  couché  dans  mon 
hôtellerie.  Il  y  avoit  une  corde  qui  étoit  attachée  au 
plancher  et  qui,  traversant  l'impériale  de  mon  lit\ 
venoit  jusqu'à  la  couverture.  Je  demandai  plusieurs 
fois  pourquoi  cette  corde  ;  la  réponse  en  étoit  toujours 
que  c'étoit  pour  aider  un  officier  des  ennemis,  neveu 
du  gouverneur  de  Tournay,  qui  avoit  reçu  un  coup 
de  fusil  dans  les  reins  à  l'affaire  de  Denain,  à  se 
mettre  sur  son  séant.  On  n'eut  garde  de  me  dire  que 
cet  officier  étoit  mort  de  cette  blessure,  et  qu'il  avoit 
été  enterré  le  même  jour  que  j'étois  arrivé  dans  cette 
hôtellerie.  Je  n'appris  cette  triste  aventure  que  quatre 
jours  après  :  ce  qui,  joint  au  bruit  qui  m'empêchoit  de 
dormir,  me  fit  bien  vite  changer  de  logement.  Je  ne 
fut  paS'  plus  tôt  arrivé  à  l'autre,  que  trois  capitaines 


1.  On  appelle  impériale  «  le  fond  (c'est-à-dire  le  dessus)  des 
lits  d'ange  et  en  housse  »  [Dictionnaire  de  Trévoux). 


186  MÉMOIRES  [Sept.  1712] 

de  notre  régiment,  qui  étoient  tombés  aussi  malades 
à  Denain,  vinrent  se  fourrer  dans  ma  chambre  ;  autre 
incommodité  plus  insoutenable.  Il  fallut  prendre 
patience.  Une  nuit,  je  ne  pouvois  attraper  le  som- 
meil; les  punaises  et  les  puces  m'accablèrent  si 
fort,  que  je  pris  le  parti  d'aller  me  coucher  sur  une 
table,  entortillé  simplement  de  ma  robe  de  chambre. 
J'y  dormis  huit  heures  de  suite  sans  me  réveiller;  mais 
le  froid  que  j'avois  ressenti  sur  ce  bon  lit  me  donna 
une  violente  cohque,  dont  le  bénéfice  me  fut  si  heureux, 
qu'il  m'ôta  entièrement  la  fièvre.  L'appétit  me  revint 
sur-le-champ,  et,  deux  jours  après,  je  me  sentis  assez 
de  forces  pour  aller  rejoindre  le  régiment  devant  le 
Quesnoy.  Je  trouvai  notre  armée  campée,  la  droite  à 
la  forêt  de  Mormal  et  la  gauche  à  Quiévrain\  conte- 
nant trois  lieues  de  terrain.  Le  quartier  général  étoit 
à  Préseau^.  Depuis  Quiévrain  jusqu'à  Roisin^,  notre 
armée  étoit  couverte  par  l'Honneau"^,  et,  depuis  Roisin 
jusqu'à  la  forêt  de  Mormal,  nous  fîmes  un  bon  retran- 
chement, un  fossé  et  avant-fossé.  On  y  travailloit  jour 
et  nuit. 

J'arrivai  trois  jours  après  que  la  tranchée  fut 
ouverte.  Elle  le  fut  la  nuit  du  1 8  au  1 9,  à  trois  endroits, 
l'une  vis-à-vis  de  la  porte  Saint-Martin,  l'autre  vis-à- 
vis  de  celle  de  Valenciennes,  et  la  troisième  au  centre^. 

1.  Tome  I,  p.  348-350;  à  mi-route  de  Valenciennes  et  de 
Saint-Ghislain. 

2.  Village  du  canton  de  Valenciennes  sur  la  route  du  Quesnoy. 

3.  Village  aujourd'hui  appartenant  à  la  Belgique,  dans  l'ar- 
rondissement de  Mons. 

4.  Petit  affluent  de  la  Haine,  dans  laquelle  il  se  jette  un  peu 
avant  que  cette  rivière  ne  tombe  dans  l'Escaut. 

5.  Dès  la  première  nuit,  la  parallèle  fut  poussée  à  soixante 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  187 

M.  d'Ivoyi,  officier  de  réputation,  religionnaire  frari- 
çois,  en  étoit  gouverneur.  Il  avoit  sept  bataillons^,  une 
quantité  de  milliers  de  poudre,  des  bombes,  des  car- 
casses, des  pots-à-feu  sans  nombre.  Outre  les  pièces 
de  canon  et  les  mortiers  qui  étoient  dans  la  ville 
lorsque  M.  de  la  Badie  la  défendit,  il  y  avoit  cinquante 
pièces  de  gros  canon  et  vingt  mortiers  que  le  prince 
Eugène  avoit  laissés  après  la  conquête  qu'il  en  avoit 
faite,  et  dont  il  vouloit  se  servir  pour  faire  le  siège  de 
Landrecies.  Enfin,  place  n'a  jamais  été  si  bien  munie 
de  canons,  de  mortiers  et  de  tous  les  attirails  qui 
s'ensuivent. 

Il  fut  réglé  qu'il  y  auroit  un  lieutenant  général  qui 
se  tiendroit  dans  le  centre,  pour  être  à  portée  de  se 
rendre  ou  à  l'attaque  de  la  droite  ou  à  celle  de  la 
gauche  ;  qu'il  y  auroit  un  maréchal  de  camp  à  la  droite, 
et  un  brigadier  à  la  gauche;  qu'il  y  auroit  six  batail- 
lons, qui  seroient  relevés  toutes  les  vingt-quatre  heures, 
selon  leur  rang  d'ancienneté. 

Je  me  suis  trouvé  à  dix-neuf  sièges  ;  mais  je  n'ai 
jamais  entendu  un  feu  si  terrible  et  si  continuel  de 
canon.  L'air  étoit  toujours  rempli  de  bombes,  de 
grenades,  de  pierres,  les  jours  et  les  nuits.  Aussi  fut- 
on  obligé  de  faire  venir  de  nos  ports  des  canonniers 
marins.  Il  faut  leur  rendre  justice  :  ils  servoient  et 
manioient  mieux  et  plus  vite  les  canons  que  les  canon- 
toises  du  chemin  couvert  [Mémoires  de  Villars,  p.  171;  Gazette, 
p.  503;  Mémoires  militaires,  p.  114;  Histoire  militaire,  p.  90). 

1.  Ci-dessus,  p.  128. 

2.  Six  bataillons,  soit  deux  mille  hommes,  et  cent  vingt 
canonniers  et  mineurs,  d'après  un  état  donné  dans  les  Mémoires 
militaires ,  p.  524. 


188  MÉMOIRES  [Sept.  1712] 

niers  de  terre'.  Après  que  trois  batteries  furent  faites, 
dans  lesquelles  il  y  avoit  cinquante  pièces  de  canon, 
ils  en  imposèrent  bientôt  à  ceux  des  assiégés,  et  ils 
démontèrent  plusieurs  pièces  de  canon.  On  les  faisoit 
tirer  toutes  les  cinquante  pièces  ensemble.  Malgré  le 
fracas  et  le  désordre  qu'elles  causoient  aux  ennemis, 
ils  leur  répondoient  avec  la  même  vivacité,  ce  qui 
faisoit  un  bruit  épouvantable. 

Le  23,  le  comte  de  Broglie  fît  un  fourrage  au  delà 
de  la  Haine^,  aux  villages  de  Ville  et  de  PommerœuP. 
Son  escorte  étoit  composée  de  neuf  cents  chevaux  et 
de  mille  grenadiers.  Il  n'eut  pas  plus  tôt  lâché  les 
fourrageurs,  que  les  ennemis  parurent  au  nombre 
de  dix  escadrons,  commandés  par  le  comte  d'Athlone^, 
qui  chargèrent  notre  cavalerie,  dont  la  gauche  plia  ; 
elle  fut  se  mettre  sous  le  feu  de  nos  grenadiers,  qui 
firent  aux  ennemis  une  décharge  de  si  près,  qu'ils  en 
mirent  plusieurs  hors  de  combat  et  les  obligèrent  de  se 
retirer  plus  vite  qu'ils  n'étoient  venus.  Ils  amenèrent 
cependant  avec  eux  une  centaine  de  chevaux  des 
fourrageurs.  Malgré  ce  petit  malheur,  M.  de  Broglie 
fit  continuer  son  fourrage,  qui  fut  achevé  sans  aucune 
inquiétude^. 

1.  Les  Mémoires  du  maréchal  de  Villars,  t.  III,  p.  173,  con- 
firment ce  détail  :  une  batterie  de  vingt-quatre  pièces  était 
servie  par  les  canonniers  de  marine,  sous  les  ordres  du  cheva- 
lier de  Ricouart. 

2.  Affluent  de  l'Escaut,  dans  lequel  il  se  jette  à  Condé,  après 
s'être  grossi  de  l'Honneau. 

3.  Ville  et  Pommerœul  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
Pommereuil  des  environs  du  Cateau)  sont  deux  villages  de 
Belgique,  entre  Condé  et  Saint-Ghislain. 

4.  Ci-dessus,  p.  44. 

5.  Gazette^  p.  502-503;  Histoire  militaire,  p.  91-92. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  189 

Nos  travaux  avançoient  considérablement,  malgré  le 
grand  feu  de  canon  que  les  ennemis  faisoient.  Le 
maréchal  de  Villars  étoit  toujours  dans  la  tranchée 
pour  encourager  nos  travailleurs.  Notre  régiment  fut 
commandé  pour  la  tranchée  la  nuit  du  29  au  30.  En 
arrivant,  nous  fûmes  informés  que  nous  allions  attaquer 
les  deux  chemins  couverts  et  les  deux  lunettes  qui 
étoient  entre  les  deux  chemins  couverts.  Gomme 
j'étois  ce  jour-là  de  piquet,  on  me  plaça  avec  nos  cent 
hommes  que  je  commandois,  étant  le  plus  ancien,  dans 
un  boyau,  sur  la  gauche  des  tranchées,  afin  d'être  à 
portée  de  soutenir  nos  deux  compagnies  de  grenadiers 
et  de  faire  feu  aux  remparts  pendant  l'attaque.  Le 
maréchal  de  Villars,  qui  étoit  arrivé  en  même  temps 
que  nous,  se  plaça  dans  la  seconde  parallèle,  entre  la 
gauche  et  le  centre.  Les  bataillons  que  nous  devions 
relever  restèrent  dans  les  tranchées,  afin  d'attaquer 
conjointement  ensemble.  Les  officiers  généraux  y 
restèrent  aussi  ;  ils  furent  distribués  à  droite  et  à 
gauche,  et  au  centre.  M.  de  Coigny  et  M.  de  Savines^ 
avoient  l'attaque  de  la  droite;  milord  Galmoy^  et 
M.  de  Marnais 3  avoient  celle  du   centre,    avec    sept 

1.  Antoine  de  la  Font,  marquis  de  Savines  (1669-1748), 
d'abord  capitaine  de  carabiniers  (1690),  eut  un  régiment  de 
cavalerie  en  1695,  une  enseigne  aux  gardes  du  corps  en  1703, 
et  il  était  maréchal  de  camp  depuis  1709  ;  il  devint  lieutenant 
général  en  1718. 

2.  Pierre  Butler,  vicomte  de  Galmoy,  pair  d'Irlande  (1652- 
1740),  avait  passé  en  France  en  1691  et  fut  mis  aussitôt  à  la 
tête  d'un  régiment  de  cavalerie  irlandaise.  Devenu  maréchal  de 
camp  en  1702,  il  passa  en  Espagne,  où  Philippe  V  le  fit  lieute- 
nant général  en  mars  1705  ;  revenu  en  France,  il  y  obtint  le 
même  grade  en  1722,  avec  rang  d'ancienneté  de  1705. 

3.  Philippe  de  Marnais-Saint-André,  marquis  de  Marnais, 


190  MÉMOIRES  [Sept.  17i2] 

compagnies  de  grenadiers.  Tous  les  piquets  soutenoient 
les  compagnies  de  grenadiers,  et  les  bataillons  soute- 
noient les  piquets.  J'oubliois  de  dire  que  M.  de  Mail- 
lebois^  et  M.  de  Boufïlers-Remiancourt^  étoient  desti- 
nés pour  attaquer,  avec  six  compagnies  de  grenadiers, 
la  gauche.  Les  travailleurs,  conduits  parles  ingénieurs, 
portant  des  outils,  des  fascines,  des  gabions  et  des 
sacs  à  terre,  étoient  à  portée  de  se  rendre  aussitôt 
qu'on  auroit  chassé  les  ennemis. 

L'électeur  de  Cologne,  qui  avoit  appris  que  nous 
devions  faire  cette  attaque,  vint  dîner  ce  jour-là  chez 
le  maréchal,  et  il  se  rendit  à  la  tranchée,  un  peu  aupa- 
ravant qu'elle  commença.  On  lui  avoit  fait  un  loge- 
gement,  d'où  il  pouvoit  voir  l'attaque  générale  sans 
courir  aucun  risque.  Ce  prince  aimoit  les  spectacles, 
et  l'action  d'un  chemin  couvert  attaqué  de  vive  force 
est  un  des  plus  beaux  qu'on  puisse  représenter. 

Toutes  nos  compagnies  de  grenadiers  dévoient  mar- 
cher en  même  temps  au   signal    d'une   bombe  qui 

avait  eu  un  régiment  de  cavalerie  en  1695,  une  enseigne  aux 
gardes  du  corps  en  1702,  et  le  grade  de  maréchal  de  camp  en 
1709;  il  mourut  en  1720,  lieutenant  général  depuis  octobre 
1718. 

1.  Jean-Baptiste-François  Desmaretz,  marquis  de  Maillebois, 
fils  aîné  du  contrôleur  général,  avait  été  fait  brigadier  en  1708 
pour  sa  belle  conduite  pendant  le  siège  de  Lille.  C'est  lui  qui 
devint  maréchal  de  France  en  1741.  Il  se  conduisit  dans  la  pré- 
sente action,  au  dire  de  Villars  [Mémoires  militaires,  p.  525), 
«  avec  toute  la  valeur  des  Colbert.  » 

2.  Charles -François ,  marquis  de  Boufflers-Remiancourt 
(1680-1743),  d'abord  enseigne  aux  gardes-françaises,  avait 
depuis  1702  un  régiment  d'infanterie  de  son  nom  ;  sa  belle 
conduite  au  siège  de  Lille,  sous  son  parent  le  maréchal  de 
Boufflers,  lui  avait  fait  obtenir,  en  1708,  le  grade  de  brigadier. 


[Sept.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  191 

devoit  s'élever  du  centre,  après  que  les  mines 
auroient  fait  leurs  effets.  Un  quart  d'heure  auparavant 
qu'on  la  vît  paroître,  il  régnoit  dans  toutes  les  tran- 
chées un  morne  et  profond  silence.  Enfin,  on  l'aperçut, 
et,  un  moment  après,  les  bruits  sourds  des  mines  se 
firent  entendre,  deux  aux  deux  lunettes  et  deux  autres 
aux  deux  angles  saillants  du  chemin  couvert,  et,  sur- 
le-champ,  tous  nos  grenadiers  attaquant  en  même 
temps,  ils  s'emparèrent  des  deux  chemins  couverts 
et  des  deux  lunettes.  Pendant  cette  attaque,  nous 
faisions  un  feu  continuel  de  mousqueterie  et  de 
canons  aux  remparts;  nos  mortiers  ne  discontinuoient 
point  de  jeter  des  bombes,  et  les  pierriers  des  pierres; 
les  grenades  pleuvoient  des  deux  côtés  :  c'étoit  un 
bruit  effroyable.  Les  assiégés  ne  firent  aucune  résis- 
tance à  l'attaque  de  la  droite  et  aux  deux  lunettes  ; 
mais,  à  la  gauche,  il  y  eut  une  défense  des  plus  opi- 
niàtrées  :  ce  qui  obligea  de  faire  marcher  les  piquets 
qui  étoient  de  ce  côté-là,  dont  les  nôtres  en  étoient. 
Dès  qu'ils  eurent  joint  les  grenadiers,  on  fît  une  nou- 
velle attaque,  à  laquelle  les  ennemis  ne  purent  résister. 
Une  partie  fut  culbutée  dans  le  fossé,  et  l'autre  se  retira 
dans  les  traverses  et  les  places  d'armes  qui  étoient  sur 
notre  gauche,  d'où  ils  nous  faisoient  un  feu  continuel 
de  mousqueterie,  qui,  joint  à  celui  de  la  demi-lune  et  à 
celui  des  remparts,  nous  tuèrent  beaucoup  de  grena- 
diers et  beaucoup  de  soldats.  Pendant  ce  temps-là,  nos 
travailleurs  faisoient  leurs  logements.  11  n'y  a  pas  de 
travail  qui  aille  plus  vite  que  celui-ci  :  comme  il  s'agit 
de  la  vie,  chacun  s'empresse  le  plus  promptement 
qu'il  peut  à  s'enterrer.  Au  bout  d'une  heure,  les  loge- 
ments furent  faits,  les  grenadiers  s'y  établirent,  et  on 


192  MÉMOIRES  [Sept.  1712] 

renvoya  les  piquets  aux  endroits  d'où  ils  étoient 
partis.  Nous  eûmes  dans  cette  attaque  un  capitaine  de 
grenadiers  de  Greder,  sept  ou  huit  subalternes  et  une 
trentaine,  tant  grenadiers  que  soldats,  de  tués,  quatre- 
vingts  de  blessés,  et  douze  officiers  de  blessés,  dont 
un  capitaine  de  Piémont  ^ 

Le  maréchal  de  Villars  resta  dans  la  tranchée 
jusqu'à  tant  que  tous  les  logements  fussent  perfec- 
tionnés^. Dès  le  lendemain,  on  travailla  à  faire  des 
batteries  sur  la  crête  du  chemin  couvert,  afin  de 
battre  en  brèche  et  la  demi-lune  et  le  corps  de  la 
place. 

Ce  même  jour,  ^9  septembre,  le  prince  Eugène, 
jugeant  très  bien  qu'il  ne  pouvoit  nous  empêcher  de 
prendre  le  Quesnoy,  décampa  de  Malplaquet  pour 
repasser  la  Trouille  et  aller  camper  à  Rouveroy,  dont 
il  fit  son  quartier  général  ;  il  mit  sa  droite  à  Givry  et 
sa  gauche  à  Grand-Reng\  Il  resta  dans  ce  camp  jus- 
qu'au 6  octobre,  qu'il  fut  camper  à  Soignies^,  bourg 
à  trois  heues  et  demie  de  Mons,  d'où,  plusieurs  jours 
après,  il  renvoya  les  troupes  qui  composoient  son 
armée  dans  ses  quartiers  d'hiver. 

1.  Sur  cette  action  du  29  septembre,  on  peut  voir  la  lettre 
officielle  du  maréchal  au  ministre  Voysin  [Mémoires  militaires, 
p.  524-526),  le  récit  de  VHistoire  militaire,  p.  92-93,  ceux  de 
la  Gazette,  p.  515-516,  et  des  Mémoires  de  Villars,  p.  173-174. 

2.  Il  eut  la  manche  de  sa  chemise  emportée  d'un  éclat  de 
bombe  [Gazette,  p.  516). 

3.  Ces  trois  localités  du  Hainaut  sont  situées  presque  sur 
une  ligne  dirigée  du  sud  au  nord,  en  arrière  de  Mons  et  de 
Maubeuge,  dans  la  direction  de  Charleroy. 

4.  Chef-lieu  d'arrondissement  du  Hainaut  belge,  au  nord  de 
Mons,  sur  la  route  de  Bruxelles. 


fOct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  193 

Le  l®""  octobre,  qui  étoit  le  surlendemain  que  notre 
régiment  avoit  monté  la  tranchée,  je  fus  commandé, 
à  la  tête  de  cent  travailleurs,  pour  me  trouver  à  la 
queue  de  la  tranchée.  Je  m'y  rendis  à  sept  heures  du 
matin.  L'ingénieur  qui  devoit  faire  faire  l'ouverture  à  la 
contrescarpe,  pour  la  descente  du  fossé,  appela  plu- 
sieurs fois  les  cent  travailleurs  des  gardes  françoises 
destinés  pour  ce  travail;  mais,  voyant  que  ces  Mes- 
sieurs n'étoient  pas  encore  arrivés,  il  demanda  les 
travailleurs  de  la  brigade  de  Piémont  que  je  comman- 
dois,  pour  marcher  à  la  place  des  travailleurs  des 
gardes.  La  paresse  de  ces  derniers  me  fît  perdre  bien 
du  monde.  Cet  ingénieur  m'ayant  dit  à  quoi  mes  sol- 
dats dévoient  travailler  :  «  Monsieur,  lui  répondis-je, 
«  je  pourrois  faire  un  travail  pour  un  autre;  ainsi,  je 
«  vous  prie  de  venir  avec  moi,  afin  que  je  sache  par 
«  vous-même  ce  que  je  dois  faire.  »  Il  n'en  fit  aucune 
difficulté.  Après  avoir  gagné  la  tête  de  la  tranchée  et 
passé  quelques  galeries,  nous  entrâmes  dans  un  boyau 
fort  étroit,  environ  de  dix  toises  de  longueur  ;  nous 
devions  élargir  ce  boyau,  qui  étoit  enfilé  par  le  flanc 
et  par  la  face  du  bastion  qui  étoit  à  la  droite  et  qui 
étoit  attaqué,  et  élargir  aussi  un  autre  boyau,  aussi 
étroit,  dans  lequel  les  ennemis  voyoient  depuis  la  tête 
jusqu'aux  pieds  de  la  demi-lune  attaquée.  Ces  deux 
boyaux  faisoient  un  angle  saillant  du  côté  de  la  place, 
et  il  y  avoit  sur  le  revers  de  ces  deux  boyaux  une 
cinquantaine  d'hommes  de  tués,  dont  une  partie 
remuoient  encore  les  pieds  et  les  jambes.  Ils  avoient 
encore  leurs  habits  :  personne  n'avoit  eu  la  curiosité 
de  les  aller  déshabiller.  Ce  triste  spectacle  mit  une 
terreur  panique  dans  l'esprit  de  mes  soldats.  Aucun 
m  13 


194  MÉMOIRES  [Oct.  171ÎJ 

ne  vouloit  avancer  pour  travailler  :  j'appelois  ceux  du 
régiment  afin  de  les  encourager;  mais  ils  n'avoient  ni 
bouche  ni  oreilles.  Voyant  cette  immobilité,  je  dis  à 
un  de  mes  caporaux  :  «  Donne-moi  ta  pioche  et  ta 
«  pelle.  »  Et  regardant  les  autres  soldats  d'un  œil  de 
mépris  :  «  Je  vais  donc,  Messieurs,  travailler  moi 
«  seul.  »  Sur-le-champ  je  pris  la  pioche,  et  j'allois  me 
mettre  en  besogne,  lorsque  le  caporal  me  dit  :  «  Ah  ! 
«  mon  capitaine,  je  ne  le  souffrirai  jamais.  »  Il  reprit 
sa  pioche,  et  il  entra  dans  ce  fatal  boyau,  où  tous  les 
autres  le  suivirent.  Il  n'eut  pas  plus  tôt  lâché  deux 
coups  de  pioche,  qu'il  reçut  une  balle  qui  lui  cassa  la 
mâchoire;  par  ses  gestes,  car  le  pauvre  diable  ne  pou- 
voit  parler,  il  me  fit  des  reproches  du  malheur  qui 
venoit  de  lui  arriver. 

Je  partageai  mes  cent  hommes  dans  mes  boyaux, 
à  l'exception  de  six  des  plus  adroits,  que  je  laissai 
avec  l'ingénieur,  qui  commença  lui-même  son  travail  ; 
c'étoit  de  faire  une  ouverture  à  la  contrescarpe  vis-à- 
vis  la  demi-lune,  afin  de  faire  ensuite  la  descente  du 
fossé.  Les  ennemis  nous  faisoient  un  feu  si  terrible, 
de  canons  chargés  à  cartouches  et  de  mousqueterie, 
des  remparts  et  de  la  demi-lune,  que  je  pris  le  parti 
d'envoyer  au  comte  de  Ganillac  ',  lieutenant  général  de 
la  tranchée,  pour  le  prier  d'ordonner  de  faire  redou- 
bler le  feu  à  nos  canonniers  et  à  nos  grenadiers,  afin 
de  nous  protéger  dans  nos  travaux  :  ce  qu'il  fit  exécu- 
ter sur-le-champ.  Le  feu  de  la  mousqueterie  et  du 
canon  des  assiégés  se  ralentirent  de  moitié;  mais  ils 
ne  cessoient  de  nous  accabler  et  de  bombes  et  de 

1.  Tome  I,  p.  102. 


[Oct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  \% 

pierres,  ce  qui  me  faisoit  perdre  bien  des  soldats. 

M.  de  Ganillac  vint  me  voir  quelque  temps  après  ; 
il  resta  un  bon  quart  d'heure  avec  moi  ;  il  me  dit  à 
l'oreille  en  s'en  allant  :  «  Chevalier,  vous  êtes  là  dans 
«  une  situation  des  plus  critiques  et  des  plus  dange- 
«  reuses.  Dieu  vous  conserve  !  mais  il  faut  que  ce 
«  travail  se  finisse;  il  est  de  la  dernière  conséquence.  » 
J'eus  vingt  soldats  de  tués  et  une  quarantaine  de 
blessés,  par  conséquent  plus  de  la  moitié  de  mon 
détachement  hors  de  combat.  La  brigade  eut  cette 
obligation  au  régiment  des  gardes  françoises;  car 
c'étoit  à  eux  à  faire  ce  travail.  Il  n'y  a  rien  de  plus 
triste  à  la  guerre  que  ces  sortes  de  commissions.  Les 
soldats  sont  armés  simplement  de  leurs  outils  pour 
remuer  la  terre,  et  les  officiers  n'ont  qu'un  bâton  à 
la  main  pour  faire  travailler  les  soldats.  Quoique 
très  exposés  les  uns  et  les  autres,  ils  ne  peuvent 
acquérir  aucune  gloire  ;  car,  dès  que  les  ennemis 
paroissent  pour  faire  une  sortie,  ils  sont  obligés  de 
se  retirer  bien  vite  à  la  queue  jusqu'à  tant  que  les 
assiégés  se  soient  retirés  :  belle  manœuvre  pour  des 
officiers  ! 

Nos  boyaux  étant  bien  élargis  et  bien  approfondis, 
et  la  muraille  de  la  contrescarpe  ayant  été  culbutée 
dans  le  fossé,  il  fallut  se  remettre  à  un  autre  travail. 
Je  fis  mettre  les  soldats  qui  me  restoient  en  haie, 
afin  de  recevoir  les  fascines  qu'ils  se  donnoient  de 
mains  en  mains,  et  les  derniers  les  jetoient  dans  le 
fossé  :  ce  qui  nous  attiroit  un  feu  continuel  de  mous- 
queterie  de  la  demi-lune,  accompagné  de  bombes,  de 
grenades  et  de  pierres  qui  ne  cessoient  de  nous  acca- 
bler de  tous  côtés.  Enfin,  nous  fûmes  relevés  après 


196  MÉMOIRES  [Oct.  1712] 

avoir  été  douze  heures  dans  ce  pénible  travail.  Le  fossé 
jusqu'à  la  demi-lune  étoit  presque  comblé  lorsque 
nous  nous  retirâmes  :  ce  qui  nous  mit  en  état  d'atta- 
quer, le  lendemain,  la  demi-lune,  qui  fut  emportée 
avec  toute  la  valeur  possible,  quoique  la  défense  en 
fut  très  opiniâtre. 

Le  4,  après  midi,  M.  d'Ivoy  ayant  tenu  un  conseil 
de  guerre,  il  y  fut  résolu  de  capituler,  par  la  raison 
que,  les  brèches  étant  presque  praticables  et  le  fossé 
presque  comblé  pour  aller  au  corps  de  la  place,  il 
auroit  hasardé,  en  retardant  un  peu  de  se  rendre, 
d'être  emporté  d'assaut. 

Malgré  la  belle  défense  et  la  nombreuse  artillerie 
qui  étoit  dans  celte  place,  le  maréchal  de  Villars  ne 
voulut  écouter  aucune  proposition,  sans  qu'au  préa- 
lable il  ne  se  rendit,  lui  et  sa  garnison,  prisonniers  de 
guerre.  Il  accorda  seulement  que  les  soldats  ne  seroient 
point  dépouillés  et  que  les  officiers  sortiroient  avec 
leur  épée  et  leurs  équipages.  Cette  garnison  fut 
envoyée  en  France  * . 

Il  est  innombrable  l'artillerie  et  les  munitions  de 

1.  Mémoires  militaires,  p.  116;  Histoire  militaire  de  Quincy, 
p.  93-94;  Gazette  de  France,  p.  527;  Gazette  d'Amsterdam, 
n°  Lxxxn.  Voici  ce  que  disent  les  Mémoires  de  Sourches  à  pro- 
pos de  M.  d'Ivoy  (p.  509)  :  «  Le  maréchal  de  Villars  avoit 
accordé  au  général-major  d'Ivoye  un  congé  de  huit  jours  pour 
aller  voir  sa  femme,  qui  étoit  accouchée  depuis  peu  ;  mais  le 
Roi  manda  au  maréchal  de  faire  savoir  à  d'Ivoye  qu'il  ne  prît 
pas  un  seul  jour  de  plus  que  ce  qu'on  lui  avoit  accordé,  et  qu'il 
se  rendît  à  l'armée  de  S.  M.  au  jour  préfix,  pour  s'en  aller  à 
Tours,  lieu  de  sa  prison,  attendu  qu'il  ne  raéritoit  pas  d'être 
traité  comme  les  autres  prisonniers,  à  cause  des  mauvais 
discours  qu'il  avoit  tenus  contre  le  Roi  et  contre  l'Etat  dans  le 
temps  qu'il  étoit  prisonnier  à  Chartres.  » 


[Oct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  197 

guerre  de  toutes  sortes  d'espèces  que  l'on  trouva  dans 
cette  ville,  qui  ne  tint  que  quinze  jours  de  tranchée 
ouverte,  quoique  la  garnison  fût  très  forte,  et  que 
jamais  place  n'a  été  si  bien  munie  ^ 

M.  de  Montet  est  fait  prisonnier.  —  M.  de  Montet^, 
François  religionnaire,  brigadier  dans  les  troupes  hol- 
landoises,  et  qui  a  été  ensuite  lieutenant  général  de 
leurs  armées  et  commandant  à  Tournay,  y  fut  fait 
prisonnier  et  envoyé  à  Reims.  11  avoit  été  capitaine 
dans  notre  régiment.  La  révocation  de  l'édit  de  Nantes 
le  fît  sortir  du  royaume;  il  étoit  fort  estimé  et  des 
François  et  des  Hollandois.  Il  est  mort  à  Tournay. 

Le  fort  de  la  Kenocque  surpris.  —  Nous  apprîmes 
le  6  que  le  fort  de  la  Kenocque,  bâti  dans  une  île  que 
forme  l'Yser  entre  Dixmude  et  Ypres%  avoit  été  sur- 
pris par  les  ennemis,  le  4  au  matin,  et  que  le  com- 
mandant aussi  bien  que  sa  garnison  avoient  été  faits 
prisonniers  de  guerre^.  Ce  commandant  n'avoit  jamais 
été  que  gendarme  du  Roi.  Il  avoit  un  frère  qui  étoit  un 

1.  Il  y  a  un  état  de  l'artillerie  et  des  munitions  trouvées  au 
Quesnoy  dans  les  Pièces  des  Mémoires  militaires,  p.  527-528. 

2.  Sans  doute  un  membre  de  la  famille  du  Montet  de  la  Ter- 
rade,  originaire  du  Quercy,  et  dont  une  branche  était  établie 
en  Bourgogne. 

3.  La  Kenocque,  Quenoque  ou  Knocke,  au  confluent  de 
l'Yser  et  de  l'Yperlée,  était  une  position  stratégique  importante 
au  centre  de  la  Flandre  occidentale. 

4.  C'est  le  partisan  Simon  de  Rue  ou  de  la  Rue  qui  exécuta 
ce  coup  de  main  avec  cent  quatre-vingts  soldats  :  voyez  V His- 
toire militaire,  p.  95;  les  Mémoires  militaires,  p.  118;  la 
Gazette  de  France,  p.  238;  les  Mémoires  de  Sourches,  t.  XIII, 
p.  110,  et  surtout  la  Gazette  d'Amsterdam,  n°^  lxxxii  etLxxxin, 
dans  laquelle  il  y  a  une  relation  envoyée  par  le  commandant 
d'Ostende. 


198  MÉMOIRES  [Oct.  1712] 

des  premiers  valets  de  chambre  du  duc  d'Orléans, 
nommé  Saint-Léger^;  pendant  la  régence  de  ce  prince, 
il  eut  la  lieutenance  de  roi  de  Montmédy^.  La  faveur 
fait  toujours  oublier  les  plus  grandes  fautes. 

Siège  de  Bouchain.  —  Le  maréchal  de  Villars,  non 
content  encore  de  la  conquête  de  ces  deux  places, 
prit  la  résolution,  quoique  la  saison  fût  fort  avancée, 
de  joindre  à  ses  lauriers  celle  de  Bouchain,  que 
milord  Marlborough  nous  avoit  enlevé  la  campagne 
précédente. 

Dès  le  37  du  mois  dernier,  il  avoit  envoyé  neuf 
bataillons  pour  faire  faire  des  fascines  et  des  gabions 
dans  les  bois  de  Marchiennes.  Il  chargea  le  marquis 
d'Alègre,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi,  du 
détail  de  ce  siège,  avec  quarante  bataillons  qu'il  fit 
venir  de  nos  places,  afin  de  laisser  reposer  ceux  qui 
avoient  servi  à  nos  sièges,  et  quarante-neuf  escadrons. 
Sept  lieutenants  généraux  et  sept  maréchaux  de  camp 
furent  nommés  aussi  pour  ce  siège.  Cette  place  fut 
investie  le  2  octobre^.  Il  y  avoit  dans  cette  ville 
quatre  bataillons;  M.  de  Growestein,  qui  avoit  acquis 

1.  Edme  Bonnet,  sieur  de  Saint-Léger. 

2.  Mon  confrère,  M.  Jean  Lemoine,  a  bien  voulu  me  commu- 
niquer les  renseignements  suivants  d'après  les  documents  du 
Dépôt  de  la  guerre  (vol.  2385,  n°^  96-147)  :  le  commandant  de 
la  Kenocque  s'appelait  N.  Bonnet,  sieur  du  Rosoy  ;  sa  garnison 
ne  comptait  guère  que  soixante  hommes  et  la  plupart  des  offi- 
ciers étaient  absents  ou  malades.  Les  Français  tentèrent  dès  le 
lendemain  de  reprendre  le  fort,  mais  sans  succès.  — Il  semble 
que  M.  Bonnet  du  Rosoy  était  à  Montmédy  dès  1705  (vol.  Guerre 
1830,  fol.  214),  peut-être  comme  major  de  la  place. 

3.  Les  Mémoires  militaires  (p.  117)  disent  le  1*"'  octobre  ; 
voyez  aussi  la  Gazette,  p.  527. 


[Oct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  199 

de  la  réputation  par  la  course  qu'il  fit  pendant  que  le 
prince  Eugène  faisoit  le  siège  du  Quesnoy,  et  dont  j'ai 
parlé',  en  étoit  gouverneur. 

A  l'égard  de  l'armée  d'observation,  dont  nous  étions, 
elle  resta  pendant  tout  ce  siège  dans  le  même  camp, 
la  droite  appuyée  à  la  forêt  de  Mormal  et  la  gauche  à 
Quiévrain.  Le  maréchal  changea  son  quartier  général, 
qui  étoit,  commeje  l'ai  déjà  dit,  à  Préseau,  pour  prendre 
celui  d'Aspres  sur  la  Selle. 

Gomme  notre  brigade  n'eut  point  de  part  à  tout  ce 
qui  se  passa  à  ce  siège,  je  n'en  ferai  aucun  détail. 

L'ouverture  de  la  tranchée  se  fît  la  nuit  du  9  au  10, 
par  deux  endroits  différents,  l'un  du  côté  de  la  basse 
ville,  qui  étoit  la  fausse  attaque,  et  l'autre,  qui  étoit  la 
bonne,  du  côté  de  la  haute  ville,  en  présence  du  maré- 
chal de  Villars,  qui  se  rendoit  tous  les  jours  de  son 
quartier  dans  la  tranchée .  Jusqu'à  l'attaque  du 
chemin  couvert,  il  ne  se  passa  rien  de  considérable. 

Le  17,  tout  étant  disposé  pour  cette  attaque,  le 
maréchal  le  fit  attaquer  en  plein  jour.  Nos  troupes  non 
seulement  s'en  emparèrent,  mais  aussi  d'une  lunette. 
La  plupart  des  ennemis  qui  les  défendoient  furent 
massacrés;  on  en  prit  une  cinquantaine.  Nous  eûmes 
de  notre  côté  une  centaine  de  grenadiers  de  tués  et 
de  blessés.  Le  capitaine  des  grenadiers  de  Gambrésis 
et  les  deux  de  Hessy-  furent  au  nombre  des  derniers. 
Dix  officiers  subalternes  furent  tués  ou  blessés. 

Prise    de    Bouc/iain.  —  Le    18,    tout  étant   prêt 

1.  Ci-dessus,  p.  118-119. 

2.  C'est  le  dernier  des  quatre  régiments  suisses  levés  en 
1672  ;  son  second  colonel,  Gabriel  Hessy,  le  commanda  pen- 
dant quarante  ans,  de  1689  à  1729. 


200  MÉMOIRES  [Oct.  i712] 

pour  donner  un  assaut  général  au  corps  de  la  place, 
le  comte  de  Growestein  jugea  à  propos  de  battre  la 
chamade^  ;  il  fut  obligé  de  subir  le  joug  à  la  mode  du 
vainqueur,  c'est-à-dire  de  se  rendre  lui  et  sa  garnison 
prisonniers  de  guerre^.  Cette  place  ne  tint  que  dix 
jours  de  tranchée  ouverte.  Les  troupes  qui  composoient 
cette  garnison  furent  envoyées  en  France. 

Ce  fut  par  cette  dernière  conquête  que  M.  de  Villars 
termina  une  des  plus  glorieuses  campagnes  qui  se 
soient  faites  sous  le  règne  de  Louis  XIV.  Je  puis 
dire  que  jamais  général  françois  n'a  si  bien  profité 
des  avantages  remportés  sur  l'ennemi  que  ce  maréchal. 
On  a  pu  remarquer  qu'il  avoit  été  obligé  d'être  sur 
la  défensive  au  commencement  de  cette  campagne,  et 
l'habileté  qu'il  eut  de  changer  cette  guerre  défensive 
en  une  guerre  offensive.  C'est  tout  ce  qu'il  y  a  de 
plus  difficile  dans  l'art  militaire,  lorsque  surtout 
vous  êtes  inférieur  en  troupes  à  votre  ennemi. 

La  plupart  des  victoires  remportées  par  nos  plus 
grands  capitaines  étoient  suivies  seulement  par  la 
prise  d'une  place.  Après  l'affaire  de  Denain,  le  maré- 
chal de  Villars,  s'étant  emparé  de  tous  les  postes  qui 
étoient  sur  la  Scarpe  depuis  Douay  jusqu'à  Tournay, 
et  après  avoir  obligé  les  ennemis  de  lever  le  siège  de 

1.  Sur  le  siège  et  la  prise  de  Bouchain,  on  peut  voir  les  cor- 
respondances de  la  Gazette  d' Amsterdam,  n°*  lxxxiv  à  lxxxvii, 
et  de  la  Gazette  de  France,  p.  527,  539,  549-550;  les  Mémoires 
militaires,  p.  117-121;  l'Histoire  militaire  de  Quincy,  p.  95-98; 
les  Mémoires  de  Villars,  p.  175-177. 

2.  M.  de  Growestein  fut  envo3'é  à  Reims  «  parce  que  c'étoit 
lui  qui  avoit  fait,  cette  même  campagne,  une  course  en  Cham- 
pagne qui  avoit  fort  effrayé  le  pays  »  [Mémoires  de  Saint-Simon, 
éd.  1873,  t.  IX,  p.  375)."^ 


[Oct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  201 

Landrecies,  fait  la  conquête  de  trois  places  des  plus 
fortes  de  la  Flandre;  et  en  présence  de  qui?  Du 
prince  Eugène,  estimé  le  plus  grand  capitaine  de 
l'Europe. 

Dans  cette  campagne,  notre  général  détruisit  ou  fit 
prisonniers  la  valeur  de  cinquante  bataillons ,  sans 
compter  la  cavalerie  et  les  dragons. 

Nous  fîmes  devant  le  camp  du  Quesnoy  trois  réjouis- 
sances, savoir  :  la  première,  pour  la  prise  de  Douay,  la 
seconde,  pour  celle  du  Quesnoy,  et  la  troisième,  pour 
celle  de  Bouchain.  Auparavant,  les  généraux  françois, 
après  avoir  remporté  une  victoire  ou  fait  la  conquête 
d'une  place,  avoient  la  modestie  d'en  laisser  faire  la 
réjouissance  aux  généraux  des  autres  armées.  C'est  le 
maréchal  de  Villars  qui,  le  premier,  a  mis  cette  cou- 
tume en  usage,  voyant  que  les  ennemis  en  faisoient 
non  seulement  pour  les  victoires  qu'ils  remportoient, 
mais  aussi  pour  les  batailles  qu'ils  avoient  perdues, 
comme  fit  le  prince  Eugène  pour  le  prétendu  gain  de 
la  bataille  de  Luzzara\  et  touchant  le  combat  de  Gas- 
sano^,  où  nous  restâmes  maîtres  du  champ  de  bataille, 
et  d'où  il  fut  obligé  de  se  retirer  pour  aller  à  Treviglio, 
bourg  éloigné  de  Gassano  de  trois  milles. 

Je  me  rendis,  quelques  jours  après  la  conquête  de 
Bouchain,  à  Valenciennes.  Je  me  trouvai  chez  le  maré- 
chal de  Villars,  qui  y  étoit  arrivé  le  même  jour  que 
j'y  étois  arrivé,  dans  le  temps  qu'on  vint  l'avertir  que 
Messieurs  les  officiers  de  la  ville  venoient  pour  l'ha- 
ranguer. Gelui  qui  en   étoit  chargé  parla   avec  une 


1.  Tome  I,  p.  239. 

2.  Tome  II,  p.  137. 


202  MÉMOIRES  [Oct.  1712] 

éloquence  digne  de  Gicéron.  J'admirai  la  mémoire  du 
maréchal,  qui  répéta  en  peu  de  mots  ce  que  cet  ora- 
teur venoit  de  lui  dire,  et  avec  les  termes  du  monde 
les  plus  choisis.  La  fin  de  sa  réponse  fut  qu'on  ne 
devoit  pas  lui  attribuer  ce  que  les  troupes  du  Roi,  qui 
étoient  à  ses  ordres,  venoient  de  faire,  mais  à  Sa  Ma- 
jesté; qu'il  n'avoit  exécuté  que  ses  ordres;  qu'un 
général  ne  pouvoit  jamais  manquer,  lorsqu'il  les  exé- 
cutoit  exactement,  ce  qu'il  avoit  tâché  de  faire.  Si  sa 
modestie  parut  dans  cette  occasion,  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  sa  libéralité;  car,  ces  Messieurs  lui  ayant 
voulu  présenter  le  vin  de  ville,  il  leur  répondit  : 
«  Messieurs,  je  vous  suis  obligé  ;  vous  m'en  avez  déjà 
«  présenté  après  l'affaire  de  Denain.  »  Ce  n'étoit  pas 
par  générosité  qu'il  refusoit;  mais  il  falloit  donner 
pour  boire  aux  valets  de  ville,  et  le  bonhomme  aimoit 
l'argent,  comme  tout  le  monde  sait^  Enfin  il  n'y  a 
personne  de  parfait  dans  le  monde  :  les  plus  grands 
héros  ont  leurs  défauts;  il  n'y  a  que  le  vicomte  de 
Turenne  et  M.  de  Gatinat  que  nous  pouvons  regarder 
comme  des  hommes  parfaits. 

Le  24  octobre,  voyant  qu'il  n'y  avoit  plus  de  gloire 
à  acquérir,  et  que  nos  généraux  commençoient  d'en- 
voyer nos  troupes  dans  les  quartiers  d'hiver,  je  pris 
le  parti  de  m'en  aller  à  Q[uincy].  Je  quittai  le  régiment 
avec  le  chevalier  des  Brosses^,  capitaine  de  notre 
régiment.  Nous  fûmes  dîner  à  Landrecies.  Notre  dîner 

1.  «  Sous  une  magnificence  de  Gascon,  dit  Saint-Simon 
(éd.  Boislisle,  t.  X,  p.  310),  une  avarice  extrême,  une  avi- 
dité de  harpie,  qui  lui  a  valu  des  monts  d'or  pillés  à  la  guerre, 
et,  quand  il  vint  à  la  tète  des  armées,  pillés  haut  à  la  main.  » 

2.  Tome  I,  p.  353-354;  il  était  d'une  famille  de  Normandie. 


fOct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  203 

fut  poussé  un  peu  trop  loin,  ce  qui  pensa  nous  faire 
prendre  par  un  parti  des  ennemis  à  une  lieue  de  cette 
place.  Le  chevalier  des  Brosses  me  proposa  d'attendre 
jusqu'au  lendemain,  afin  de  profiter  d'une  escorte  qui 
partoit  de  bon  matin  pour  aller  à  Guise.  Je  ne  savois 
pas  ses  raisons;  je  lui  répondis  qu'il  n'y  avoit  pas 
longtemps  que  le  régiment  d'Alsace  étoit  sorti  pour 
s'y  rendre,  et  que  nous  le  rejoindrions  bien  vite.  Il  y 
consentit.  Lorsque  nous  fûmes  à  une  lieue,  un  bon 
vieillard  nous  dit  :  «  Messieurs,  prenez  garde  à  vous. 
«  Les  housards  ennemis  viennent  de  passer  ici  dans  le 
«  moment;  ils  sont  dans  ce  bois.  »  Cet  avis  nous  fit 
donner  des  deux;  nous  n'étions  pas  à  quatre  cents  pas 
de  l'endroit  où  ce  paysan  nous  avoit  parlé,  que  nous 
vîmes  paroître  les  malpeignés,  ce  qui  nous  fit  redou- 
bler le  galop.  Enfin,  nous  trouvâmes  la  queue  du  régi- 
ment d'Alsace,  avec  lequel  nous  nous  rendîmes  à 
Guise.  Des  Brosses  me  dit  alors  (il  parloit  gras')  : 
«  Z'ai  eu  bien  peur  ;  car  ze  porte  avec  moi  deux  mille 
«  écus  dans  mon  portemanteau.  »  Je  lui  fis  des 
reproches  de  ce  qu'il  ne  m'en  avoit  point  parlé  à  Lan- 
drecies;  qu'en  ce  cas,  j'aurois  été  le  premier  à  propo- 
ser de  ne  sortir  de  cette  ville  que  le  lendemain.  En 
arrivant  à  Guise,  le  lieutenant-colonel  et  les  capitaines 
d'Alsace  nous  prièrent  instamment  de  souper  avec 
eux,  ce  que  nous  acceptâmes.  Ils  nous  donnèrent  un 
souper  à  l'allemande  :  ils  firent  mettre  une  douzaine 
de  bouteilles  de  vin  de  Bourgogne  dans  une  chaudière, 
dans  laquelle  ils  firent  jeter  beaucoup  de  croûtes  de 
pain,  du  sucre,  de  la  canelle  et  des  clous  de  girofle. 

1.  Déjà  dit  tome  II,  p.  52. 


204  MÉMOIRES  [Oct.  1712] 

On  nous  servit  de  cette  soupe  dans  plusieurs  plats, 
après  qu'elle  eut  été  sur  le  feu  pendant  une  bonne 
heure.  Je  la  trouvai  bonne;  mais  j'en  fus  la  dupe, 
car  j'en  fus  si  gonflé  et  si  rassasié,  que  je  ne  pus  rien 
manger  de  tous  les  autres  mets  qu'on  nous  servit. 

Guise.  —  Guise  est  une  assez  jolie  ville.  On  dit 
«  les  nobles  de  Guise.  »  Les  grisettes  y  sont  char- 
mantes. Cette  ville  est  située  dans  le  pays  de  Thiérache, 
sur  la  rivière  d'Oise,  dépendant  de  la  Picardie.  Il  y  a 
un  château  qui  la  domine  ;  elle  a  quelques  privilèges, 
et  elle  a  titre  de  duché.  Elle  a  donné  le  nom  à  une 
branche  de  la  maison  de  Lorraine,  dont  il  est  sorti  de 
très  grands  hommes. 

Laon.  —  Nous  nous  rendîmes  le  lendemain  à  Laon, 
où  nous  couchâmes.  Cette  ville  est  la  capitale  du  pays 
Laonnois.  Il  y  a  un  évèché  suffragant  de  Reims; 
Tévèque  est  duc  et  pair,  et  il  porte  la  sainte  ampoule 
au  sacre  de  nos  rois.  Elle  est  située  sur  une  mon- 
tagne ;  l'air  y  est  très  bon,  et  les  vins  des  environs  en 
sont  renommés.  Ce  fut  Ancelin,  évêque  de  cette  ville, 
qui  livra  Charles  de  Lorraine,  dernier  prince  du  sang 
de  la  race  des  Carlovingiens,  à  Hugues  Capet. 

Le  217,  j'arrivai  à  Soissons,  où  je  passai  huit  jours 
chez  M.  d'Ormesson,  intendant  de  la  province,  qui 
me  fit  la  plus  grande  chère  du  monde  ^.  Tous  les 

1.  M.  d'Ormesson  était  mort  au  commencement  de  1712, 
comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  p.  103.  Ce  que  notre  auteur  va 
donc  raconter  de  son  séjour  chez  lui  doit  se  rapporter  à  la 
fin  d'une  campagne  précédente,  probablement  celle  de  1709, 
où  le  chevalier  s'arrêta  à  Soissons  pendant  quelques  jours 
(tome  II,  p.  389).  Cette  attribution  à  1709  est  encore  rendue 
plus  probable  par  ce  qui  va  être  dit  des  faux  Chavigny-Ie-Roi, 
dont  la  supercherie  fut  découverte  en  février  1710. 


[Oct.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  205 

jours,  c'étoit  de  nouvelles  fêtes;  la  chasse,  la  comé- 
die, le  bal  et  les  concerts  se  succédoient  les  uns  aux 
autres.  Ces  plaisirs  me  firent  oublier  les  fatigues  que 
j'avois  essuyées  pendant  cette  campagne.  M.  de  Gha- 
vigny,  guidon  des  gendarmes  du  Roi',  y  passa  pen- 
dant que  j'y  étois.  Il  soupa  avec  nous.  C'étoit  un 
homme  très  bien  fait,  qui  avoit  l'air  et  les  manières 
d'un  homme  de  qualité.  Il  passoit  dans  ce  temps  pour 
être  de  la  maison  de  Chavigny-le-Roi  ;  il  fut  présenté 
à  S.  M.  sur  ce  pied-là.  Ainsi,  il  n'eut  pas  de  peine 
d'avoir  l'agrément  pour  acheter  la  charge  qu'il  avoit; 
mais,  dans  la  suite,  on  sut  malheureusement  la  vérité. 
On  apprit  qu'il  étoit  fils  d'un  procureur,  à  qui  il  étoit 
resté  tous  les  titres  de  la  maison  de  Ghavigny-le-Roi, 
une  des  plus  anciennes  de  la  Bourgogne,  qui  est 
éteinte^.  Ce  procureur,  homme  très  riche,  avoit  fait 

1.  Anne-Théodore  Chevignard,  chevalier  de  Chavigny,  puis 
comte  de  Toulongeon,  né  à  Beaune  en  1687,  guidon  des  gen- 
darmes en  1709,  dut  se  démettre  en  février  1710,  (ut  employé 
par  Torcy  dans  des  négociations  secrètes  en  Hollande,  puis 
par  l'abbé  Dubois,  parvint  à  être  envoyé  de  France  à  Gênes 
(1720),  en  Espagne  (1722)  en  même  temps  que  Saint-Simon, 
à  Ratisbonne  (1726),  à  Londres  (1732),  en  Danemark  (1737), 
en  Portugal  (1740),  à  Venise  (1749)  et  en  Suisse  (1751);  il  eut 
le  gouvernement  de  Beaune  en  1737,  et  mourut  le  26  février 
1771. 

2.  Bonne  maison  de  Poitou,  et  non  de  Bourgogne,  dont  la 
généalogie  remonte  au  commencement  du  xiv^  siècle.  Un  de 
ses  membres  fut  grand  aumônier  de  France  en  1515;  deux 
autres  furent  successivement  capitaines  des  gardes  du  corps  des 
rois  François  P"",  Henri  II,  François  II,  Charles  IX  et  Henri  III, 
et  le  second  eut  le  collier  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  à  la  pre- 
mière promotion  de  1578.  La  maison  s'éteignit  par  la  mort 
de  ce  dernier,  sans  enfants,  en  1606  [Histoire  généalogique, 
t.  VIII,  p.  249-252). 


206  MÉMOIRES  [Nov.  1712] 

élever  ses  deux  fils  comme  des  gens  de  la  plus  grande 
condition.  Le  second  étoit  abbé';  il  demanda  au  Roi 
une  abbaye  considérable"^,  et  ce  fut  la  cause  de  leur 
perte  ;  car  des  personnes  qui  demandoient  aussi  cette 
abbaye  découvrirent  l'origine  de  MM.  de  Chavigny. 
Ainsi,  l'aîné  fut  obligé  de  vendre  sa  charge  de  guidon 
des'gendarmes  du  Roi;  je  ne  sais  ce  qu'il  est  devenu. 
A  l'égard  de  l'abbé,  il  acheta  dans  la  suite  une  charge 
de  président  à  mortier  au  parlement  de  Besançon,  et 
il  s'est  rendu  un  des  plus  habiles  négociateurs  de 
l'Europe,  ayant  été  ministre  du  Roi  dans  presque 
toutes  les  cours  étrangères  ;  il  est  à  présumer  qu'il  ira 
au  grand  ^. 

1.  Philibert  Chevignard,  abbé  de  Chavigny,  eut  en  1707  une 
lieutenance  de  roi  de  Touraine,  dont  il  se  démit  en  1708,  sans 
doute  pour  entrer  dans  les  ordres,  obtint  en  décembre  1709 
l'abbaye  de  Bellefontaine,  que  le  Roi  lui  retira  peu  après,  et 
devint  par  la  suite  président  au  parlement  de  Besançon. 
M.  Estignard,  dans  son  ouvrage  sur  le  Parlement  de  Franche- 
Comté,  n'a  point  donné  de  liste  des  magistrats  de  cette  cour. 

2.  Celle  de  Bellefontaine,  au  diocèse  de  la  Rochelle  [Dangeau, 
24  décembre  1709),  qui  ne  valait  guère  plus  de  deux  mille 
livres  de  rente,  et  non  dix-huit  ou  vingt  mille,  comme  le  dit 
Saint-Simon  [Mémoires,  éd.  1873,  t.  VII,  p.  274), 

3.  Notre  auteur  se  trompe  :  ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  ci- 
dessus,  p.  205,  note  1,  c'est  le  chevalier  qui  devint  ambas- 
sadeur ;  l'abbé  resta  toute  sa  vie  président  au  parlement  de 
Franche-Comté.  —  Il  faut  lire  dans  les  Mémoires  de  Saint- 
Simon  (éd.  1873,  t.  VII,  p.  274-276)  l'histoire  de  ces  faux  Cha- 
vigny-le-Roi.  Les  compétiteurs  de  l'abbé  pour  l'abbaye  de 
Bellefontaine,  ayant  découvert  la  fraude,  envoyèrent  au  Roi 
des  lettres  de  dénonciation  anonymes.  Dès  le  mois  de  février 
1710,  la  supercherie  fut  prouvée,  et  les  deux  frères  forcés  de  se 
démettre  et  chassés  honteusement  [Dangeau,  t.  XIII,  p.  96, 
100  et  101.;  Sourches,  t.  XII,  p.  152  et  154;  Journal  de  Bar- 


[Dec.  171^]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  207 

Enfin,  j'arrivai  à  Q[uincy].  Je  ne  pus  m'empêcher 
de  faire  des  vifs  reproches  à  ma  belle- sœur  d'avoir 
excité  mon  frère  de  vendre  sa  terre,  ce  qui  seroit  la 
cause  de  la  ruine  totale  de  la  famille.  Ma  prophétie  n'a 
été  que  trop  véritable.  Cette  femme  avoit  passé  trois 
années  de  suite  dans  cette  terre;  quoique  maîtresse 
d'y  recevoir  ses  amis  et  de  la  dépense  qu'elle  y  feroit, 
elle  s'y  étoit  cependant  ennuyée.  Je  n'en  suis  pas  sur- 
pris; car  elle  s'ennuyoit  partout  où  elle  étoit.  Nous  y 
restâmes  jusqu'à  Noël,  que  nous  en  partîmes  pour 
Paris.  Mon  frère  reprit  sa  maison  rue  Saint-Louis-au- 
Marais,  qu'il  avoit  louée  à  M""  [Potier]  ',  jeune  veuve 
riche  et  charmante,  qui  n'avoit  qu'une  fille  unique. 

Gomme  je  l'ai  épousée  depuis,  il  est  nécessaire  de 
dire  de  quelle  manière  j'en  fis  la  connoissance.  Mon 
frère  le  lieutenant  général  de  l'artillerie,  ayant  fait 
beaucoup  de  dépense  à  l'armée,  ce  qui  l'avoit  fort 
endetté,  prit  la  résolution  d'abandonner  Paris  pour  se 
retirer  pendant  quelques  années  dans  sa  terre;  ce 
parti  étoit  très  sage.  Il  voulut,  auparavant,  louer  la 
maison  où  il  étoit  logé. 

Un  jour,  après  dîner,  on  vint  nous  avertir  que  deux 
dames  souhaitoient  de  voir  la  maison  ;  il  y  en  avoit 
une  fort  vieille,  et  l'autre  jeune,  d'une  très  aimable 
figure,  et  magnifiquement  habillée,  et  d'un  très  bon 
goût.  Dès  ce  moment,  celle-ci  me  frappa  si  vivement, 

hier,   t.  II,  p.   248-249;    Mémoires   du   duc  de   Luynes,   t.  V, 
p.  328). 

1.  Ce  nom  est  en  blanc  dans  le  manuscrit.  La  dame  était 
Madeleine  de  Sève,  veuve  d'Anne  Potier,  seigneur  de  Notre- 
Dame-du-Parc,  que  le  chevalier  de  Quincy  épousa  en  1714; 
voyez  la  Notice  préliminaire. 


208  MÉMOIRES  [Dec.  1712] 

que  je  me  sentis  pour  elle  une  ardeur  que  je  n'avois 
jamais  sentie  pour  aucune  femme.  Je  lui  donnai  la 
main  pour  la  conduire  dans  tous  les  appartements, 
pendant  que  mon  frère  menoit  la  vieille.  Après  les 
avoir  conduites  dans  leur  carrosse,  je  demandai  à 
mon  frère  qui  étoient  ces  deux  dames  ;  après  m'avoir 
dit  et  leurs  noms  et  leurs  qualités,  je  lui  répliquai  : 
«  Ah  !  l'aimable  personne  à  qui  j'ai  donné  la  main  ! 
«  J'ai  presque  renoncé  au  mariage  ;  mais  celle-ci  m'y 
«  feroit  succomber,  étant  très  persuadé  que  je  serois 
«  très  heureux  avec  elle.  »  Elle  m'a  avoué  depuis  que 
les  mêmes  sentiments  que  j'avois  ressentis  pour  elle, 
elle  les  avoit  eus  pour  moi.  Nous  fûmes  quelque 
temps  sans  nous  voir.  Le  hasard  me  la  fit  trouver 
dans  une  maison  où  je  fus  prié  de  venir  accompagner 
de  ma  basse  de  viole;  il  devoit  y  avoir  un  concert. 
On  me  mit  à  côté  du  clavecin,  et  c'étoit  elle  précisé- 
ment qui  en  accompagnoit.  Quelle  satisfaction  pour 
moi!  On  trouva  que  nous  nous  accordions  parfaite- 
ment bien  ensemble.  Je  lui  fis  des  compliments  tou- 
chant la  délicatesse  et  la  précision  avec  lesquelles  elle 
touchoit  le  clavecin;  elle  eut  la  politesse  de  médire 
que  personne  ne  l'avoit  jamais  mieux  accompagnée 
que  moi.  Le  concert  fini,  il  fallut  nous  quitter. 

Gomme  nos  hivers  après  les  campagnes  se  passoient 
à  Q[uincy],  je  fus  trois  années  sans  la  voir.  Mon  frère 
ayant  vendu  sa  terre,  comme  il  a  été  dit  ci-dessus ^ 
il  reprit  la  maison  qu'il  avoit  louée  à  la  jeune  veuve, 
qui  se  logea  dans  une  grande  maison  à  côté  de  la 
nôtre.  Je  fus  lui  rendre  visite  dès  que  je  fus  arrivé  à 

1.  Ci-dessus,  p.  180-181  el  207. 


[Dec.  1712]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  209 

Paris.  Elle  jouoit  au  berlan',  et  elle  jouoit  gros  jeu. 
Elle  me  pria  de  venir  faire  de  petits  concerts  avec 
elle.  J'y  allois;  mais  je  la  trouvois  toujours  au  jeu,  ce 
qui  ne  me  convenoit  point  :  je  n'étois  pas  assez  riche 
pour  faire  sa  partie.  Ainsi,  persuadé  qu'elle  n'avoit 
aucun  plaisir  que  dans  les  cartes,  je  cessai  insensible- 
ment de  l'aller  voir.  La  veille  de  mon  départ  pour 
l'armée,  qui  étoit  le  vendredi  saint,  en  passant  près 
de  moi  dans  l'église  du  Calvaire-,  elle  me  fit  des 
reproches  de  ce  que  je  l'avois  si  fort  négligée  et  de  ce 
que  j'avois  cessé  de  la  voir  :  ce  qui  m'engagea  d'aller 
prendre  congé  d'elle;  nos  adieux  furent  assez  sérieux 
et  assez  indifférents. 

Tous  les  militaires  étoient  persuadés  que,  la  paix 
ayant  été  conclue  et  signée  entre  la  France  et  l'An- 
gleterre, les  Hollandois,  le  roi  de  Portugal,  le  duc  de 
Savoie  et  l'électeur  de  Brandebourg,  le  11  avril  1713, 
au  congrès  d'Utrecht,  laquelle  paix  avoit  été  précédée 
par  les  renonciations  du  roi  d'Espagne,  pour  lui  et  sa 
postérité,  au  royaume  de  France,  et  par  celles  du  duc 
de  Berry,  du  duc  d'Orléans,  du  duc  de  Bourbon^  et  du 

1.  Ou  brelan,  jeu  de  cai'tes  très  en  vogue  qu'on  jouait  à  plu- 
sieurs personnes. 

2.  Ce  couvent,  établi  en  1635  par  le  P.  Joseph  pour  y  ins- 
taller des  religieuses  du  nouvel  ordre  fondé  quelques  années 
auparavant  par  la  marquise  de  Belle-Isle,  Antoinette  d'Orléans- 
Longueville,  était  situé  rue  Saint-Claude,  au  Marais,  non  loin 
du  logis  des  Sevin. 

3.  Louis-Henri  de  Bourbon-Condé  (1692-1740).  Louis  XIV 
ne  lui  avait  pas  permis  de  prendre  le  titre  de  prince  de  Condé 
à  la  mort  de  son  père  en  1710;  il  devint  premier  ministre  de 
Louis  XV  après  la  mort  du  Régent. 

III  14 


^10  MÉMOIRES  [Dec.  1712] 

prince  de  Gonti  * ,  pour  eux  et  leur  postérité,  au  royaume 
d'Espagne,  lesquelles  renonciations  avoient  été  enre- 
gistrées au  parlement  de  Paris  le  15  mars  présente 
année,  étoient  persuadés,  dis-je,  qu'il  y  avoit  toute 
apparence  que  la  guerre  étoit  entièrement  finie.  Ils 
se  préparoient  déjà  à  se  détaire  de  leurs  équipages, 
lorsqu'ils  eurent  ordre  de  se  rendre  à  leurs  troupes. 
L'Empereur  (que  nous  ne  nommions  encore  qu'archi- 
duc) prit  le  parti  de  continuer  la  guerre,  quoique  tous 
ses  alliés  l'avoient  abandonné  :  ce  qui  nous  fit  faire 
encore  une  campagne  et  lui  fit  perdre  la  place  formi- 
dable de  Landau,  qu'on  lui  laissoit,  s'il  avoit  voulu 
accepter  la  paix  aux  conditions  qu'on  lui  proposoit 
alors. 

1.  Louis-Armand  de  Bourbon  (1695-1727),  qui  portait  le 
titre  de  prince  de  Conti  depuis  la  mort  de  son  père  (février 
1709). 


[Avril  17i3]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  211 


CAMPAGNE  DE  L'ANNÉE  1713. 


Voici  la  dernière  campagne  que  j'ai  faite.  Il  n'a  pas 
tenu  à  moi  d'en  faire  davantage  ;  car  je  puis  dire  que 
personne  n'aimoit  plus  le  métier  de  la  guerre  que 
moi  :  je  m'y  plaisois  infiniment,  je  m'y  portois  bien^  ; 
les  fatigues,  l'ardeur  du  soleil,  le  froid,  les  pluies  et 
toutes  les  autres  incommodités  qui  accompagnent  tou- 
jours l'homme  de  guerre  ne  faisoient  aucune  impres- 
sion sur  moi;  au  contraire,  je  m'en  faisois  un  véri- 
table plaisir.  Si  le  duc  d'Orléans,  régent  du  royaume, 
m'avoit  accordé  l'agrément  d'acheter  un  régiment 
comme  il  me  l'avoit  promis,  petite  grâce  après  vingt- 
deux  années  de  service,  écoulées  presque  toutes  pen- 
dant la  guerre^,  je  n'aurois  jamais  quitté,  et  j'y  aurois 
passé  le  reste  de  mes  jours. 

Je  partis  de  Paris  le  1 7  avril  pour  aller  rejoindre  le 
régiment,  qui  étoit  en  garnison  à  Rocroy.  M.  de 
Braque^,  mon  ami,  me  pria  instamment  en  partant 

1.  On  peut  se  rappeler  cependant  qu'il  n'y  a  eu  guère  de 
campagne  où  il  n'ait  été  malade,  d'une  façon  ou  d'une  autre, 
et  nous  allons  en  avoir  encore  un  exemple  quelques  pages  plus 
loin. 

2.  Il  ne  quitta  donc  pas  le  service  en  1714,  lors  de  son 
mariage,  mais  seulement  en  1719,  puisqu'il  était  entré  aux 
mousquetaires  en  1697. 

3.  Peut-être  était-ce  un  fils  du  marquis  de  Braque  qui  avait 
épousé  la  fille  de  M.  Grillet  de  Brissac,  major  des  gardes  du 
corps. 


212  MÉMOIRES  [Avril  1713] 

d'amener  avec  moi  un  jeune  homme  âgé  de  dix-sept 
ans  pour  servir  de  cadet ^  dans  ma  compagnie;  il  me 
pria  en  même  temps  de  lui  donner  quatre  sols  par 
jour,  outre  la  paye  du  Roi,  et  il  me  promit  de  me  les 
rendre.  Je  fis  manger  ce  jeune  garçon  avec  moi  pen- 
dant mon  voyage,  et  je  lui  ai  donné  exactement  les 
quatre  sols  pendant  toute  la  campagne,  à  la  fin  de 
laquelle  il  mourut  après  quelques  jours  de  maladie. 
J'en  suis  encore  à  être  remboursé. 

J'étois  si  persuadé  que  nous  ne  ferions  pas  de 
campagne,  lorsque  je  sortis  de  Paris,  que  je  laissai  ma 
chienne  à  ma  belle-«œur  :  je  m'imaginois  qu'au  bout 
d'un  mois  je  reviendrois  dans  la  grande  ville;  mais, 
en  arrivant  à  Rocroy,  j'appris  que  l'Empereur  ne 
vouloit  point  acquiescer  aux  conditions  de  paix  qui 
lui  avoient  été  proposées,  et  que,  seul  avec  l'Empire, 
il  vouloit  soutenir  la  guerre  contre  la  France. 

Le  jour  que  je  partis  de  Paris,  je  fus  coucher  à 
Nanteuil^,  petit  bourg  appartenant  au  duc  d'Estrées^. 
Cette  terre  appartenoit  autrefois  à  la  maison  de  Schon- 
berg,  issue  de  la  famille  des  Schonberg,  dans  la 
Misnie,  dont  il  y  a  eu  un  maréchal  de  France  duc 
d'Halluin^ 

1.  «  En  termes  de  guerre,  cadet  se  dit  d'un  jeune  homme  qui 
se  met  volontaire  dans  les  troupes,  sans  prendre  de  paye,  pour 
apprendre  le  métier  de  la  guerre  et  se  rendre  capable  de 
quelque  emploi  «  [Dictionnaire  de  Ti'évoux). 

2.  Nanteuil-le-Haudouin,  à  cinq  lieues  de  Senlis,  sur  la 
Nonette. 

3.  Victor-Marie,  comte  et  maréchal  d'Estrées  (1660-1737). 
Il  dépensa  beaucoup  pour  cette  terre,  qu'il  «  aimoit  fort,  »  dit 
Saint-Simon  (éd.  Boislisle,  t.  XI,  p.  22-23). 

4.  Charles  de  Schonberg  (1601-1656),  maréchal  de  France 


[Avril  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  213 

Le  18,  à  Soissons,  après  avoir  dîné  à  Villers-Gotte- 
rets,  bourg  où  il  y  a  un  très  beau  château  bâti  par 
François  P'  :  il  appartient  au  duc  d'Orléans;  le  19,  à 
Laon;  le  20,  à  Aubenton,  petit  bourg;  le  211,  à  Ro- 
croy.  La  situation  de  cette  place  est  des  plus  tristes. 
Elle  est  environnée  d'un  terrain  marécageux,  ce  qui 
cause  presque  toujours  des  brouillards  très  épais  et 
fort  froids. 

Je  n'y  fus  pas  plus  tôt  arrivé,  que  mon  camarade 
Pina,  capitaine  des  grenadiers  de  notre  régiment  ^ 
vint  me  voir.  Je  lui  remis  une  douzaine  de  paires  de 
mules  ou  de  souliers,  une  douzaine  de  paires  de  bas 
de  soie,  quantité  de  fichus,  de  rubans  et  d'autres 
ajustements  pour  sa  maîtresse,  qu'il  m'avoit  prié  d'ap- 
porter de  Paris.  Il  me  conta  sa  bonne  fortune.  Il  étoit 
amoureux  de  la  fille  de  "*;  il  alloit  coucher  toutes  les 
nuits  avec  elle.  Il  prenoit  le  temps  que  son  père  et 
sa  mère,  avec  sa  famille,  soupoient,  pour  se  rendre 
dans  la  chambre  de  la  demoiselle,  qui  lui  en  avoit 
donné  une  clef.  Il  se  déshabilloit,  et  il  se  couchoit 
ensuite.  On  peut  bien  juger  que  la  demoiselle  imagi- 
noit  tantôt  une  raison  et  tantôt  une  autre  pour  aller 
bien  vite  après  le  souper  trouver  son  amant.  Ce  petit 
commerce  dura  pendant  tout  l'hiver. 

Gomme  son  véritable  ami,  je  lui  fis  des  remon- 
trances touchant  son  commerce.  Je  lui  en  fis  sentir 
les  inconvénients  :  qu'il  pouvoit  aisément  arriver  que 
le  père  ou  la  mère  de  cette  fille  le  pouvoient  trouver 
couché  avec  elle;  que  la  demoiselle  pouvoit  devenir 

en  1637,  duc  d'Halluin  par  son  mariage  avec  l'héritière  de  ce 
duché. 

1.  Tome  II,  p.  196,  205  et  299. 


214  MÉMOIRES  [Avril  1713J 

grosse  ;  qu'il  n'ignoroit  pas  qu'ils  étoient  gens  de  con- 
dition et  de  distinction,  et  que,  si  malheureusement 
ils  s'apercevoient  de  ce  désordre,  ils  ne  manqueroient 
pas  d'en  écrire*à  la  cour,  et  que  le  Roi  l'obligeroit  de 
l'épouser  ;  qu'il  ne  savoit  que  trop  bien  qu'elle  n'avoit 
pas  un  sol  de  bien,  et  que,  par  conséquent,  ils  se 
rendroient  tous  deux  malheureux  le  reste  de  leurs 
jours.  Il  convint  de  tout  avec  moi;  mais,  quoiqu'il 
haïssoit  extrêmement  le  mariage,  il  alla  toujours  son 
train  jusqu'au  départ  du  régiment.  Rien  peut-il  arrê- 
ter l'amour? 

Le  lendemain  22,  je  fus  obligé  d'aller  à  Gharleville 
pour  me  présenter  au  commissaire,  qui  avoit  déjà 
passé  notre  régiment  en  revue. 

Gharleville.  —  Gharleville  me  parut  un  petit  para- 
dis. Il  y  a  quatre  rues  qui  aboutissent  aux  quatre 
portes  de  la  ville  et  à  la  place  qui  en  forme  le  centre . 
Toutes  les  maisons,  uniformes  et  couvertes  d'ardoises, 
ressemblent  assez  aux  maisons  de  la  place  Royale 
de  Paris.  Les  rues  sont  tirées  au  cordeau.  Ce  n'étoit 
autrefois  qu'un  bourg  nommé  Arches,  que  Charles  de 
Gonzague,  duc  de  Nevers  et  ensuite  duc  de  Mantoue, 
fit  détruire  pour  faire  bâtir  la  ville  que  l'on  y  voit 
présentement,  à  qui  il  donna  son  nom^  Elle  avoit  été 
fortifiée;  mais  Louis  XIV  l'a  fait  démolir^.  Elle  est  de 
la  province  de  Champagne. 

1.  Bâtie  en  1609,  sur  la  rive  gauche  de  la  Meuse,  qui  la 
sépare  de  Mézières.  Le  village  d'Arches  était  un  ancien  domaine 
des  Carolingiens,  qui  passa  dans  la  suite  aux  comtes  de  Rethel, 
puis  à  la  maison  de  Clèves. 

2.  Après  la  paix  de  Ryswyk,  Louis  XIV  fit  démolir  les  forti- 
fications de  Gharleville  et  la  forteresse  du  Mont-Olympe,  qui 
commandait  la  ville. 


[Avril  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  215 

En  arrivant  chez  moi  à  Rocroy,  il  m'arriva  un 
accident.  Ayant  ôté  une  de  mes  bottes,  je  voulus  ôter 
l'autre  avec  ma  pantoufle  que  j'avois  au  pied,  en 
appuyant  sur  l'éperon,  qui,  ayant  glissé,  m'enfonça 
sur  l'os  de  la  jambe  :  ce  qui  me  fît  une  blessure  si 
sensible  et  si  considérable,  que  je  fus  obligé  de  garder 
la  chambre  pendant  mon  séjour  à  Rocroy,  d'où  nous 
partîmes  le  dernier  avril,  pendant  un  temps  des  plus 
froids,  pour  nous  rendre  à  Mézières.  Afin  de  nous 
garantir  du  froid,  nous  avions  acheté,  tous  les  offi- 
ciers du  régiment,  des  coqueluchons  de  camelot*  ; 
cette  coiffure  nous  rendoit  des  plus  risibles.  Le  mien 
me  donna  une  si  grande  migraine,  que  j'en  fis  pré- 
sent à  un  lieutenant  du  régiment,  ne  voulant  plus 
m'en  servir. 

Mézières.  —  Mézières  est  une  ville  de  Champagne 
située,  aussi  bien  que  Charleville,  sur  la  Meuse.  La 
citadelle  est  très  forte  ;  les  promenades  des  environs 
en  sont  charmantes.  Mon  hôte,  en  arrivant,  voulut 
absolument  me  donner  la  collation,  que  je  n'osai  refu- 
ser de  peur  de  lui  faire  de  la  peine  :  ce  qui  m'empê- 
cha de  souper,  quoique  nous  avions  très  bonne  chère. 
Après  le  souper,  tous  les  officiers  du  régiment  me 
prièrent  instamment  de  vouloir  bien  me  rendre  en 
poste  à  Rocroy  pour  y  faire  le  décompte  avec  le  tré- 
sorier de  ce  qui  revenoit  de  prêt  aux  soldats,  et 
ensuite  me  rendre  à  Ghàlons  en  Champagne.  Ils 
savoient  que  j'étois  intime  ami  de  M.  de  Lescalopier^, 

1.  Coqueluchon,  capuchon.  —  Le  camelot  était  une  étoffe 
faite  ordinairement  de  poil  de  chèvre  mélangé  de  laine  ou  de 
soie  ;  le  plus  renommé  était  le  camelot  de  Hollande. 

2.  César-Charles  Lescalopier  (1671-1753],  d'abord  conseiller 


216  MÉMOIRES  [Mai  1713] 

intendant  de  cette  province,  et  que,  par  son  moyen, 
je  pouvois  être  payé  des  deux  mois  de  prêt  dus  aux 
soldats  du  régiment.  Je  partis  donc  le  lendemain, 
1^"^  mai,  pour  m'en  retourner  à  Rocroy.  Il  faisoit  un 
temps  charmant  ;  la  chaleur  avoit  succédé  tout  à  coup 
au  grand  froid. 

Après  avoir  travaillé  avec  le  trésorier,  il  me  donna 
un  très  bon  dîner,  auquel  je  ne  fis  point  d'honneur; 
car  la  migraine  m'accabloit.  Après  quoi  je  partis  pour 
aller  coucher  aux  Petites-Loges  ^  logis  qui  est  entre 
Reims  et  Ghàlons. 

Le  2,  je  me  rendis  assez  fatigué  dans  cette  dernière 
ville;  je  me  couchai  sur-le-champ. 

Le  3,  je  fus  voir  M.  de  Lescalopier,  qui  non  seule- 
ment me  donna  un  bon  dîner,  mais  me  donna  un 
ordre  pour  être  payé  sur-le-champ  des  deux  mois  de 
prêt  dus  au  régiment.  Le  soir,  il  me  mena  souper 
chez  M.  Laugeois,  fermier  -général ^,  qui  faisoit  sa 
tournée.  Le  repas  fut  des  plus  délicats;  il  y  fut  bu  du 
meilleur  vin  de  Champagne  et  de  toutes  sortes  de 
vins  des  plus  rares  et  des  plus  exquis. 

Châlons-en- Champagne. — Le  lendemain  4,  je  fus  voir 
ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  dans  la  ville,  qui  est  située 
sur  la  Marne.  Les  rues  de  Chàlons  sont  bien  percées; 
il  y  a  de  grandes  places,  les  maisons  sont  bien  bâties, 
l'évêque  est  comte  et  pair;  il  y  a  douze  paroisses. 

au  Parlement,  resta  intendant  de  Champagne  de  1711  à  1728; 
il  devint  conseiller  d'Etat  en  1730. 

1.  Dans  le  canton  actuel  de  Verzy,  sur  la  grand'route  de 
Châlons  à  Reims. 

2.  N.  Laugeois  de  Saint-Quentin,  fils  d'un  autre  fermier 
général  mort  en  1700;  son  frère,  M.  Laugeois  d'Ymbercourt, 
était  intendant  de  Soissons  depuis  le  mois  de  février  1712. 


[Mai  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  217 

Après  avoir  séjourné  deux  jours,  j'en  partis  le  5, 
l'après-dîner,  pour  aller  couchera  Sainte-Menehould, 
petite  ville  dont  la  plus  grande  partie  avoit  été  brûlée 
par  les  ennemis  dans  la  course  qu'avoit  faite  le  comte 
de  Growestein  l'année  précédente'.  Un  peu  aupara- 
vant d'y  arriver,  mon  cheval  de  poste  tomba  sur  moi  ; 
j'eus  une  côte  foulée,  dont  je  m'en  suis  ressenti  très 
longtemps. 

Le  6,  j'arrivai  de  bonne  heure  à  Verdun  ;  j'y  fus 
reçu  comme  en  triomphe  par  les  officiers  du  régi- 
ment ;  car  aucun  régiment  n'étoit  payé  des  prêts  de 
leurs  soldats  depuis  deux  mois. 

Verdun.  —  La  ville  de  Verdun  me  parut  assez 
belle;  elle  est  située  sur  la  Meuse.  Il  y  a  des  maisons 
bien  bâties.  L'évêque  a  le  titre  de  comte  et  prince  du 
Saint-Empire.  Elle  est  à  la  France  depuis  l'année  1 552, 
qu'Henri  second  en  fit  la  conquête;  j'y  vis  de  belles 
églises.  J'en  partis  avec  le  régiment,  le  8,  pour  aller 
coucher  dans  un  mauvais  village  entre  cette  ville  et 
Metz,  où  nous  arrivâmes  le  9  ;  nous  y  séjournâmes  le  1 0 . 

Le  11,  nous  fûmes  coucher  à  Vie'. 

Le  12,  à  Azoudange^,  où  nous  séjournâmes  le  13. 

Le  14,  à  Sarrebourg. 

Le  15,  à  Phalsbourg*,  où  nous  séjournâmes  le  16. 

Le  17,  à  Saverne,  où  nous  vîmes  une  espèce  de 
fol.  Il  s'imaginoit  être  Don  Quichotte;  il  étoit  toujours 

1.  Ci-dessus,  p.  118.  Il  n'y  avait  eu  de  brûlé  qu'une  partie 
d'un  faubourg. 

2.  Tome  I,  p.  152. 

3.  Dans  l'ancien  département  de  la  Meurthe,  arrondissement 
de  Sarrebourg. 

4.  Tome  T,  p.  151. 


218  MÉMOIRES  [Mai  1713] 

habillé  comme  on  le  représente.  On  me  raconta  que, 
lorsque  l'électeur  de  Bavière  passa  par  cette  ville,  le 
16  juillet  1708,  un  seigneur  de  sa  cour,  pour  se 
réjouir,  s'arma  de  pied  en  cap  et,  étant  monté  à  che- 
val, voulut  faire  un  coup  de  lance  avec  ce  Don  Qui- 
chotte, qui,  ayant  accepté  le  défi,  lui  poussa  un  si 
grand  coup  de  lance,  qu'il  le  culbuta  par  terre,  ce  qui 
donna  beaucoup  à  rire  à  l'Électeur  et  aux  seigneurs 
qui  l'accompagnoient  ;  car  ce  combat  se  passa  en  pré- 
sence de  S.  A,  É.  Mais  cette  comédie  pensa  devenir 
une  véritable  tragédie,  parce  que  Don  Quichotte  n'eut 
pas  plus  tôt  jeté  son  homme  par  terre,  qu'il  descend 
promptement  de  son  cheval,  met  le  sabre  à  la  main, 
et  il  lui  alloit  couper  la  tète,  si  on  ne  l'eût  empêché. 
Personne  n'ose  depuis  se  mesurer  avec  ce  fol. 

Le  1 7,  j'envoyai  prier  notre  colonel  de  me  faire  le 
plaisir  de  me  prêter  sa  chaise  de  poste  afin  de  me 
rendre  à  Strasbourg.  Je  souffrois  si  cruellement  du 
côté,  qu'il  ne  m'étoit  plus  possible  d'aller  à  cheval. 
J'arrivai  à  Strasbourg,  où  Messieurs  de  la  ville  me 
logèrent  chez  un  bon  chirurgien  françois,  qui,  par  son 
habileté  et  par  ses  soins,  me  mit  en  état,  au  bout  de 
quinze  jours,  de  monter  à  cheval  pour  aller  joindre 
le  régiment,  qui  étoit  campé  avec  notre  armée  sur  la 
hauteur  de  la  Petite-Hollande*. 

Pendant  le  temps  que  je  fus  à  Strasbourg,  je  vis  la 
procession  du  Saint-Sacrement.  C'est  la  plus  belle  que 
j'aie  jamais  vue.  Il  faut  bien  trois  heures  pour  la  voir 
passer;  toutes  les  paroisses  et  tous  les  chapitres  s'y 
trouvent,  et  une  quantité  extraordinaire  de  confréries. 

1.  Tome  I,  p.  332. 


[Juin  1713J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  219 

Les  ornements  de  la  cathédrale  y  sont  superbes.  C'est 
Louis  XIV  qui  en  a  fait  présent  ;  on  prétend  qu'ils  lui 
ont  coûté  dix-huit  cent  mille  livres  ;  il  y  en  a  de  plu- 
sieurs couleurs*.  Le  duc  des  Deux-Ponts^  suivoit  le 
Saint-Sacrement  un  cierge  à  la  main.  Pendant  la  pro- 
cession, il  est  ordonné  aux  luthériens  de  ne  point 
sortir  de  leurs  maisons,  ou  de  se  mettre  à  genoux 
quand  le  Saint-Sacrement  passe,  s'ils  se  trouvent  dans 
la  ville. 

Je  partis  le  6  juin  de  Strasbourg,  trois  jours  après 
le  maréchal  de  Villars^,  qui  fut  coucher  le  3  au  Fort- 
Louis*.  Toutes  les  troupes  qui  dévoient  composer  son 
armée  étoient  en  mouvement;  elle  étoit  composée 
de5 

Le  maréchal  de  Villars,  pour  donner  le  change  au 

1.  C'est  en  1698  que  Louis  XIV  fit  ce  don  à  la  cathédrale  de 
Strasbourg  [Mémoires  de  Soitrches,  t.  VI,  p.  92).  Il  y  avait 
quatre  ornements,  de  chacune  des  quatre  couleurs  liturgiques, 
blanc,  rouge,  violet  et  vert,  et  composés  chacun  d'un  grand 
nombre  de  pièces  [Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  Boislisie, 
t.  VIII,  appendice  V,  p.  435). 

2.  Gustave-Samuel-Léopold  de  Deux-Ponts,  de  la  branche 
de  Clébourg,  qui  n'entra  en  possession  du  duché  qu'en  1718, 
à  la  mort  du  roi  Charles  XII  de  Suède. 

3.  Villars  était  parti  de  Paris  le  22  mai  et  s'était  rendu  à 
Metz,  où  il  arriva  le  24,  pour  conférer  avec  le  maréchal  de 
Bezons.  Voyez  les  lettres  que  les  deux  maréchaux  écrivirent  au 
ministre  de  la  guerre,  dans  les  Mémoires  militaires,  t.  XI, 
p.  230-233. 

4.  Cette  place  forte  avait  été  construite  par  Vauban  dans  une 
île  du  Rhin,  à  six  lieues  nord-est  de  Strasbourg. 

5.  Les  chiffres  sont  restés  en  blanc  dans  le  manuscrit.  L'ar- 
mée de  Villars  comptait,  au  commencement  de  juin,  cent  vingt- 
sept  bataillons  et  cent  dix-sept  escadrons  [Mémoires  militaires, 
p.  234). 


220  MÉMOIRES  [Juin  1713] 

prince  Eugène,  qui  commandoit  l'armée  de  l'Empire, 
ne  fut  pas  plus  tôt  arrivé  au  Fort-Louis,  qu'il  marcha 
à  la  tête  d'un  gros  détachement  pour  aller  du  côté 
des  lignes  d'Ettlingen\  afin  d'attirer  l'attention  des 
ennemis  de  ce  côté-là.  Ensuite,  il  alla  coucher  à  Lau- 
terbourg,  où  il  ordonna  au  comte  de  Broglie,  lieute- 
nant général  des  armées  du  Roi,  de  se  rendre,  à  la 
tête  de  mille  grenadiers,  de  quinze  bataillons  et  de 
vingt-deux  escadrons,  pour  s'emparer  de  la  chaussée 
de  Philipsbourg.  M.  de  Broglie  fît  tant  de  diligence, 
qu'il  y  arriva  à  onze  heures  du  soir,  quoiqu'il  y  eût 
dix  bonnes  lieues  de  Lauterbourg  à  cet  endroit.  Il 
empêcha  par  cette  rapide  marche  le  prince  Eugène  de 
passer  le  Rhin.  M.  de  Villars  le  suivit  avec  le  reste  de 
son  armée.  Dès  que  l'armée  eut  gagné  les  hauteurs 
qui  sont  après  les  bois  de  Germersheim^,  notre  géné- 
ral fit  sonner  des  fanfares  à  toutes  les  trompettes  pour 
faire  entendre  que  les  ennemis  avoient  donné  dans  le 
torquet^,  et  qu'il  étoit  en  état,  malgré  eux,  de  faire 
le  siège  de  Landau;  ce  qu'il  exécuta'^. 

Je  partis,  comme  il  a  été  dit,  de  Strasbourg  le  6. 
Je  fus  coucher  à  Lauterbourg,  petite  ville  un  peu  for- 

1.  Ville  du  grand-duché  de  Bade,  à  une  quinzaine  de  kilo- 
mètres au  sud  de  Carlsruhe. 

2.  Sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  vis-à-vis  de  Philipsbourg,  à 
quatre  lieues  au  sud  de  Spire. 

3.  On  a  déjà  vu  cette  expression  dans  le  tome  II,  p.  139. 

4.  Notre  auteur  ne  semble  pas  s'être  rendu  un  compte  très 
exact  de  la  hardiesse  du  mouvement  de  Villars  exécutant  une 
marche  de  flanc  à  peu  de  distance  de  l'armée  d'Eugène.  L'opé- 
ration est  racontée  en  détail  dans  les  lettres  que  le  maréchal 
écrivit  au  Roi  et  au  ministre  les  5  et  6  juin  (Mémoires  mili- 
taires, p.  243-249  ;  voyez  aussi  ses  propres  Mémoires,  t.  IH, 
p.  186-187). 


[Juin  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  221 

lifiée,  à  dix  lieues  de  cette  dernière  ville,  surlaLauter, 
petite  rivière  qui  va  se  jeter  dans  le  Rhin  près  de  là; 
elle  prend  sa  source  à  Ferbach,  dans  la  montagne,  et 
elle  passe  à  Weissembourg. 

Gennersheim.  —  Le  7,  je  fus  dîner  à  Germersheim, 
où  je  fis  un  bon  dîner  ;  je  mangeai  de  bonnes  fraises. 
Cette  petite  ville  est  située  sur  la  Queisch,  petite 
rivière  qui  prend  sa  source  à  Hochstett,  dans  la  mon- 
tagne, et  qui,  après  avoir  passé  à  Landau,  va  se 
perdre  dans  le  Rhin  à  Germersheim  ;  cette  ville  est  du 
Bas-Palatinat.  Rodolphe  I",  empereur  de  la  maison 
d'Autriche,  y  est  mort  en  12190. 

En  sortant  de  Germersheim,  je  fis  heureusement 
connoissance  avec  un  commissaire  des  guerres  qui 
devoit  passer  notre  régiment  en  revue  pendant  toute 
la  campagne.  Nous  fûmes  coucher  à  un  village, 
Watzheim,  où  il  y  avoit  un  régiment  de  dragons 
campé;  il  me  mena  souper  chez  un  capitaine  de  ce 
régiment,  qui  non  seulement  nous  donna  un  bon 
repas,  où  nous  bûmes  à  la  dragonne,  mais  il  nous 
donna  aussi  à  chacun  un  lit.  Les  lits  appartenoient  à 
deux  de  ses  camarades  qui  étoient  alors  détachés. 

Le  lendemain  8,  nous  nous  rendîmes  à  l'armée 
campée  dans  la  Petite-Hollande,  la  droite  à  Schuer- 
keim  et  la  gauche  sur  le  Spirebach,  près  de  Spire,  où 
étoit  le  quartier  général.  Notre  brigade  étoit  campée 
précisément  dans  le  terrain  où  s'étoit  donnée  la 
bataille  de  Spirebach,  le  15  novembre  1703,  que  le 
maréchal  de  Tallard  gagna  sur  le  prince  héréditaire  de 
Hesse-Gassel,  qui  marchoit  dans  le  dessein  de  faire 
lever  au  premier  le  siège  de  Landau^.  Le  Spirebach 

1.  Voyez  notre  tome  l,  p.  332. 


222  MÉMOIRES  [Juin  1713] 

prend  sa  source  dans  une  montagne  près  de  Kaisers- 
lautern,  et,  après  avoir  passé  à  Neustadt,  va  se  jeter 
dans  le  Rhin  près  de  Spire. 

Outre  cette  armée  d'observation  et  celle  du  siège, 
nous  avions  trois  camps  volants  :  l'un  à  Frankenthaî^ 
un  autre  à  Lauterbourg,  et  le  troisième  dans  la  Haute- 
Alsace^,  afin  d'observer  les  mouvements  que  pour- 
roit  faire  l'armée  ennemie,  qui  étoit  composée  alors 
de  deux  cent  vingt  escadrons  et  de  quatre-vingt-cinq 
bataillons,  et  ensuite  de  cent  vingt  bataillons  et  de 
deux  cent  quarante-quatre  escadrons.  De  notre  camp, 
nous  apercevions  Philipsbourg.  Le  lendemain,  je  fus 
me  promener  à  Spire.  Je  trouvai  cette  ville  si  renom- 
mée dans  un  état  déplorable  ;  elle  étoit  comme  ense- 
velie dans  ses  propres  ruines.  Il  y  a  un  évêché  dont 
l'évêque  est  le  principal  juge  de  la  chambre  impériale 
de  Spire  ^. 

Le  maréchal  de  Bezons  fut  chargé  du  détail  du  siège 
de  Landau  avec  neuf  lieutenants  généraux,  savoir  : 
MM.  d'Avaray,  d'Estaing,  Gheyladet*,  Dillon,  de  Lée^ 

1.  Sur  risenach,  entre  Mannheim  au  sud  et  Worms  au  nord. 

2.  Mémoires  militaires,  t.  XI,  p.  258-260. 

3.  La  Chambre  impériale  était  le  tribunal  supérieur  d'appel 
pour  tous  les  Etats  de  l'empire  d'Allemagne.  A  l'origine,  elle 
accompagnait  l'empereur  dans  ses  déplacements;  ce  fut  Charles- 
Quint  qui  la  fixa  à  Spire  en  1527.  Elle  était  composée  de  juges 
catholiques  et  protestants,  nommés  par  l'empereur,  les  élec- 
teurs et  les  cercles,  sous  la  présidence  de  l'évêque  de  Spire, 
qui  portait  le  titre  de  juge, 

4.  François  de  Dienne,  comte  de  Cheyladet,  était  lieutenant 
général  depuis  le  7  mars  1704;  il  eut  en  1719  le  gouvernement 
de  Besançon  et  mourut  en  1736. 

5.  André  de  Lée,  d'origine  irlandaise,  avait  eu  un  régiment 
d'infanterie  de  cette  nation  en  1694;   maréchal  de  camp  en 


[Juin  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  223 

Silly,  Bouzols,  Groissy,  Brendlé;  sept  maréchaux  de 
camp,  savoir:  MM.  Quadt',  de Maulévrier^,  deBueiP, 
le  chevalier  d'Hautefort^,  de  Tressemanes^,  Maupeou^ 
et  le  marquis  de  Broglie  ;  cinquante-neuf  escadrons, 
dont  douze  de  dragons,  et  cinquante-neuf  bataillons. 
MM.  de  Villars  et  de  Bezons  étant  arrivés  devant 
cette  place,  ils  en  firent  faire  l'investissement,  qui  fut 
achevé  le  11  juin.  Le  chevaher  de  Saint-Périer^,  qui 
devoit  commander  l'artillerie,  y  arriva  quelques  jours 
après  avec  soixante-six  pièces  de  canon,  dont  quarante- 
huit  étoient  de  vingt-quatre  livres  de  balles,  trente- 
cinq  mortiers,  et  avec  tous  les  boulets,  les  bombes, 

1702,  il  était  lieutenant  général  depuis  octobre  1704.  La  Chro- 
nologie militaire  dit  qu'il  ne  servit  pas  pendant  la  campagne 
de  1713. 

1.  Guillaume -Henri  de  Quadt  de  Landscron  était  venu  en 
France  avec  Rosen;  il  fut  en  1693  colonel  d'un  régiment  de 
cavalerie  allemande  et  obtint  en  1699  le  grade  de  maréchal  de 
camp;  il  mourut  en  1756,  lieutenant  général  depuis  1718. 

2.  Jean -Baptiste -Louis  Andrault.,  marquis  de  Maulévrier 
(tome  I,  p.  323),  avait  débuté  comme  aide  de  camp  de  Catinat 
en  Italie  en  1693;  il  était  maréchal  de  camp  depuis  1710  et 
parvint  en  1745  au  grade  de  maréchal  de  France. 

3.  Le  chevalier,  copiant  V Histoire  militaire,  met  ici  M.  de 
Boisse.  C'est  M.  de  Bueil  qu'il  faut  lire,  comme  le  disent  juste- 
ment les  Mémoires  militaires. 

4.  Gabriel,  chevalier  d'Hautefort,  colonel  de  dragons  en 
1696,  maréchal  de  camp  en  1709,  lieutenant  général  en  1718. 

5.  André  de  Tressemanes  était  maréchal  de  camp  depuis 
1709,  après  avoir  eu  en  1704  une  inspection  d'infanterie  ;  il 
obtiendra  en  1718  le  grade  de  lieutenant  général. 

6.  llené  de  Maupeou-Noisy,  marquis  de  Maupeou,  servit 
d'abord  aux  gardes  françaises,  devint  brigadier  en  1704,  et, 
comme  les  précédents,  maréchal  de  camp  en  1709,  et  lieute- 
nant général  en  1718. 

7.  Tome  II,  p.  191. 


224  MÉMOIRES  [Juin  1713] 

enfin   tout  ce  qui   est   nécessaire  pour  l'artillerie^. 

Siège  de  Landau.  —  La  ville  de  Landau  est  une  des 
plus  fortes  places  de  l'Europe  ;  elle  est  située  dans  la 
Basse- Alsace,  sur  la  Queisch,  près  des  frontières  du 
Palatinat,  dans  le  Wasgau~.  Elle  avoit  été  cédée  à  la 
France  par  la  paix  de  Munster.  Elle  a  souffert  quatre 
sièges  pendant  le  courant  de  cette  dernière  guerre  :  le 
premier,  l'année  1702,  par  le  roi  des  Romains  ;  M.  de 
Mélac^,  qui  étoit  chargé  de  sa  défense,  tint  quatre- 
vingt-quatre  jours  de  tranchée  ouverte;  le  second, 
par  le  maréchal  de  Tallard  en  1 703  ;  c' étoit  le  comte 
de  Frise  qui  en  étoit  gouverneur  pour  l'Empereur;  il 
ne  tint  pas  un  mois;  car  la  tranchée  fut  ouverte  la 
nuit  du  1 7  au  1 8  octobre,  et  le  comte  de  Frise  capitula 
le  15  novembre;  le  troisième,  en  1704,  encore  par 
le  roi  des  Romains,  qui  avoit  sous  lui  le  prince  Eugène 
de  Savoie  et  le  duc  de  Marlborough  ;  elle  tint  soixante- 
neuf  jours;  et  enfin  le  quatrième,  par  les  maréchaux 
de  Villars  et  de  Bezons.  Le  prince  Alexandre  de  Wiir- 
temberg^  défendit  cette  place  pendant  cinquante-quatre 
jours;  mais  il  se  rendit,  lui  et  sa  garnison,  prisonniers 
de  guerre,  comme  il  se  verra  dans  la  suite. 

Tranchée  ouverte.  —  M.  de  Valori,  chef  des  ingé- 
nieurs, ayant  fait  faire  tous  les  préparatifs  nécessaires 

1.  Ces  détails  sur  l'artillerie  sont  pris  dans  V Histoire  militaire 
du  marquis  de  Quincy,  t.  VII,  p.  123. 

2.  Le  Wasgau  ou  Wasgow,  par  opposition  à  Brisgau,  était 
le  pays  de  la  rive  gauche  du  Rhin,  depuis  Saverne  jusqu'à 
Spire,  comprenant  une  partie  de  la  Basse-Alsace  et  du  Palati- 
nat et  le  duché  de  Deux-Ponts. 

3.  Ézéchiel  du  Mas,  comte  de  Mélac,  lieutenant  général  et 
gouverneur  de  Landau  en  1693,  mort  en  1704. 

4.  Tome  I,  p.  9G.  C'était  le  lils  aîné  de  ce  duc  F"rédéric-Charles 


fJuin  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  225 

pour  ce  siège  s  la  tranchée  fut  ouverte,  la  nuit  du  24 
au  2(5  juin^,  du  côté  de  la  Justice^.  Le  comte  du 
Bourg,  lieutenant  général,  commandoit  les  troupes 
de  la  tranchée,  composées  de  huit  bataillons  ;  il  avoit 
avec  lui  M.  de  Mimeure,  maréchal  de  camp,  et  deux 
brigadiers.  Gomme  notre  régiment  n'eut  point  de  part 
à  ce  siège,  à  l'exception  de  nos  deux  compagnies  de 
grenadiers,  je  n'en  ferai  aucun  détail. 

Pendant  presque  tout  le  temps  du  siège,  nous 
fûmes  assez  tranquilles  dans  notre  camp  de  la  Petite- 
Hollande  et  dans  celui  près  de  Frankenthal.  Le  29,  je 
fus  détaché,  avec  cinquante  hommes,  pour  aller  à 
Neustadt  y  relever  le  même  nombre  d'hommes.  J'y 
restai  vingt-quatre  heures.  Le  pays  qui  environne 
cette  petite  ville  est  charmant;  les  promenades  y  sont 
belles.  Neustadt  est  située  sur  le  Spirebach. 

Huit  jours  après,  je  fus  détaché  à  Frankenthal  pour 
mes  vingt-quatre  heures.  En  y  allant,  je  passai  sur 
une  chaussée  près  de  Spire,  où  il  y  a  une  grosse  tour 
dans  laquelle  un  lieutenant  d'infanterie,  avec  trente 
hommes,  s'étoit  très  bien  défendu  contre  un  corps 
considérable  des  ennemis,  il  y  avoit  trois  ans  ;  il  tint 

qui  avait  administré  le  Wiirtemberg  pendant  la  minorité  de 
son  neveu. 

1.  Il  y  a  dans  les  Pièces  des  Mémoires  militaires  (p.  590-592) 
une  lettre  de  Valori  au  ministre  Voysin,  datée  du  22  juin  et 
relative  aux  difficultés  que  devait  présenter  le  siège,  à  l'état 
des  fortifications,  etc. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  273;  Histoire  militaire,  p.  226.  Il 
y  a  dans  l'atlas  des  Mémoires  militaires  un  plan  du  siège  de 
Landau  en  1713,  joint  à  celui  du  siège  de  1703. 

3.  On  appelait  ainsi  un  ouvrage  avancé,  au  sud  de  la  place, 
construit  pendant  l'hiver  en  prévision  du  siège. 

m  15 


226  MÉMOIRES  [Juin  1713J 

si  longtemps,  que  M.  deMélac,  lieutenant  général,  vint 
à  son  secours  avec  beaucoup  de  troupes.  M.  de  Mélac, 
qui  ne  pou  voit  s'empêcher  de  jurer  comme  un  gre- 
nadier, voyant  que  ce  lieutenant  ne  faisoit  point  tirer 
ses  soldats,  se  mit  à  crier  :  «  B...  (tout  à  droit),  fais 
«  donc  tirer  tes  soldats.  »  —  «  Jean-f...,  répliqua 
«  l'officier,  envoie-moi  de  la  poudre,  et  je  ferai  tirer.  » 
Il  falloit  répondre  à  ce  général  avec  les  mêmes  termes 
dont  il  se  servoit,  et  c'étoit  le  moyen  d'en  avoir  rai- 
son. Un  jour,  il  trouva  un  soldat  en  maraude  :  «  Viens 
«  à  moi,  b...,  dit-il  au  soldat,  afin  que  je  te  punisse 
«  de  ta  désobéissance.  »  Le  soldat,  qui  le  connois- 
soit,  lui  répondit  :  «  Si  tu  avances  un  pas  vers  moi, 
«  je  te  briserai  la  cervelle  avec  mon  fusil.  »  Ce  géné- 
ral, surpris  de  la  fermeté  du  soldat,  lui  jeta  un  écu, 
en  lui  disant  :  «  Va-t'en,  tu  es  un  brave  homme.  Tu 
«  as  bien  fait  de  ne  m'avoir  pas  obéi  ;  car  je  t'aurois 
«  cassé  la  tête  avec  mon  pistolet^.  » 

Frankenthal.  —  La  ville  de  Frankenthal  est  du 
Bas-Palatinat,  située  dans  une  belle  plaine  et  sur  une 
petite  rivière  qui  la  traverse;  elle  est  fort  jolie,  les 
rues  en  sont  bien  percées.  Elle  étoit  autrefois  une 
des  plus  fortes  places  du  Bas-Palatinat;  mais  elle 
a  été  démolie  par  les  François.  Ses  habitants  sont 
presque  tous  de  la  religion  prétendue  réformée; 
il  y  a  aussi  beaucoup  de  juifs.  Il  y  a  un  couvent  de 
capucins. 

En   allant   à  Frankenthal,  je    passai    près    de  la 

1.  Sur  le  caractère  de  Mélac,  ses  brusqueries  et  son  langage 
soldatesque,  on  peut  voir  les  portraits  qu'en  ont  donnés  Saint- 
Simon  {Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  X,  p.  286-289)  et  Villars 
[Mémoires,  t.  I,  p.  147). 


[Juin  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  227 

Rehiitte^  village  où  il  y  avoit  une  maison  de  plaisance 
appartenant  à  l'Électeur  palatin,  père  de  Madame 
belle-sœur  du  Roi.  On  m'a  dit  que  cette  princesse  y 
étoit  née~. 

Pendant  que  nous  faisions  le  siège  de  Landau,  le 
prince  Eugène  étoit  toujours  dans  son  camp  de  Miihl- 
berg^,  bourg  près  du  Rhin,  vis-à-vis  d'Hagenbach'^, 
selon  toutes  les  apparences  très  fâché  de  n'avoir  pas 
assez  de  forces  pour  s'opposer  à  nos  conquêtes.  Il  fit 
la  distribution  suivante  des  troupes  qui  composoient 
son  armée ^.  Le  général  Bùlow  étoit  près  de  Mayence, 
avec  seize  bataillons  et  vingt-neuf  escadrons.  Le  prince 
de  Wurtemberg^,  avec  cinq  bataillons  et  quatre  esca- 
drons des  troupes  du  duc  de  Wurtemberg,  étoit  près 
de  l'embouchure  du  Mein^.  Neuf  escadrons  et  sept 
bataillons  de  Saxe,  aux  ordres  du  général  Milkau, 
étoient  répandus  le  long  du  Mein  jusque  par  delà 
Francfort.  Depuis  cette  rivière  jusqu'à  Mannheim,  le 
comte  de  Weltheim  gardoit  les  bords  du  Rhin  avec 
huit  bataillons  et  quatre-vingt-onze  escadrons.  Depuis 

1.  Ou  plutôt  Rehûtt,  sur  le  ruisseau  du  Rebach,  à  peu  de 
distance  du  Rhin,  entre  Spire  et  Mannheim. 

2.  C'est  une  erreur  :  elle  naquit  à  Heidelberg  ;  elle-même  le 
dit  [Lettres,  rec.  Brunet,  t.  I,  p.  271). 

3.  Village  sur  l'Alb,  entre  Duchsland  et  Durlach. 

4.  Ville  fortifiée  de  la  rive  gauche  du  Rhin,  un  peu  au  nord 
de  Lauterbourg. 

5.  La  disposition  des  troupes  allemandes  donnée  par  le  che- 
valier n'est  pas  conforme  à  celle  qu'indique  son  frère,  le  mar- 
quis de  Quincy,  dans  Y  Histoire  militaire,  p.  230.  C'est  donc  de 
documents  personnels  que  notre  auteur  s'est  servi. 

6.  Henri-Frédéric,  second  fils  de  l'administrateur  du  duché 
et  frère  de  celui  qui  défendait  Landau. 

7.  En  face  de  Mayence. 


Î28  MÉMOIRES  [Juillet  1713] 

Graben'  jusqu'à  Ecksteia-,  il  y  avoit  quarante  esca- 
drons aux  ordres  du  margrave  de  Bareith-%  et,  depuis 
Eckstein  jusqu'à  Rohrburg^  dix-neuf  bataillons,  un 
escadron  des  gardes  du  duc  de  Wurtemberg,  et  trois 
cents  cuirassiers  aux  ordres  du  comte  de  Neipperg. 
Outre  cela,  il  y  avoit  huit  bataillons  et  quinze  esca- 
drons, aux  ordres  de  M.  de  Yaubonne,  près  de  Fribourg. 
Le  2  juillet,  notre  brigade  décampa  pour  aller  se 
poster  en  deçà  de  Frankentlial,  sur  le  ruisseau  de 
Turckheim^.  Nous  y  trouvâmes  quinze  bataillons  et 
presque  toute  notre  cavalerie.  Nous  étions  sur  une 
seule  ligne,  la  droite  appuyée  au  marais  de  Flomers- 
heira^,  et  la  gauche  a  Turckheim"^,  où  l'on  fit  une  inon- 
dation avec  une  redoute  à  contenir  quatre  à  cinq  cents 
hommes,  afin  de  la  fortifier;  et,  pour  fortifier  notre 
droite,  nous  avions  mis  six  bataillons  dans  l'ile  d'Op- 
pau^.  Tout  ce  terrain  contenoit  plus  de  trois  lieues. 

1.  Dans  le  grand-duché  de  Bade,  au  sud  de  Phillpsbourg. 

2.  Village  sur  le  bord  du  Rhin,  à  trois  ou  quatre  lieues  seu- 
lement de  Graben. 

3.  Georges -Guillaume  de  Brandebourg  ^1678-1726)  était 
margrave  de  Bareith,  ou  plutôt  Bayreuth,  depuis  mai  1712,  et 
devint  grand  maître  de  l'artillerie  de  l'Empire. 

4.  Dans  le  grand-duché  de  Bade,  à  peu  de  distance  à  l'ouest 
d'Offenbourg. 

5.  Appelé  aussi  le  ruisseau  de  Frankenthal. 

6.  Village  situé  sur  la  rive  gauche  de  ce  ruisseau,  à  peu  de 
distance  de  Frankenthal. 

7.  Ou  plutôt  Durkheim,  ville  du  Palatinat  entre  Mannheim 
et  Raiserslautern,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  Turckheim 
d'Alsace,  où  Turenne  fut  vainqueur  en  1675. 

8.  Oppau  est  un  village  de  la  rive  droite  du  Rhin,  en  face 
duquel  se  trouvent  deux  îles,  qui  divisent  le  fleuve  en  trois  bras, 
et  dont  la  première  est  fort  vaste. 


[Juillet  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  229 

S'il  avoit  pris  envie  au  prince  Eugène  de  passer  le 
Rhin  du  côté  de  Mayence  pour  venir  nous  combattre, 
nous  aurions  fait  venir  toutes  les  troupes  répandues 
le  long  de  cette  rivière  dans  ce  camp,  pour  le  rece- 
voir. Cette  position  étoit  non  seulement  à  ce  dessein, 
mais  aussi  pour  vivre  aux  dépens  de  l'ennemi  par 
rapport  aux  fourrages,  dont  nous  avions  abondam- 
ment. Le  quartier  du  marquis  d'Alègre  étoit  à  Frie- 
delsheim  ' . 

Outre  tous  ces  camps,  nous  en  avions  encore  un 
autre  à  Hombourg^  près  des  Deux-Ponts,  aux  ordres 
de  M.  de  Quadt,  excellent  officier  général  de  cavalerie, 
pour  envoyer  à  nos  armées  les  grains  et  les  fourrages 
des  environs.  Il  avoit  dix-huit  escadrons  à  ses  ordres. 

Le  12  au  soir,  nous  apprîmes  que,  la  nuit  précé- 
dente, nous  nous  étions  emparés  d'une  lunette  défen- 
due par  trois  cents  hommes  à  Landau. 

Le  1 3,  je  fus  détaché  pour  être  de  grande  garde  à 
Bobenheim,  village  sur  le  chemin  de  Frankenthal  à 
Worms^.  Je  n'y  fus  pas  plus  tôt  arrivé,  que  je  fis 
travailler  mes  soldats  à  nous  retrancher  dans  une 
maison  et  dans  un  jardin  hors  de  ce  village  et  du  côté 
de  Worms,  où  j'étois  posté,  ce  que  le  capitaine  que 
j'avois  relevé  avoit  négligé,  et  je  m'en  trouvai  bien; 
car,  sur  les  quatre  heures  du  soir,  une  sentinelle  que 
j'avois  mise  dans  le  grenier  m'avertit  qu'il  voyoit  venir 


1.  Village  à  peu  de  distance  au  sud  de  Turckheim,  mais  appar- 
tenant à  l'évêché  de  Spire. 

2.  A  peu  de  distance  au  nord  de  la  ville  de  Deux-Ponts.  Il 
ne  faut  pas  confondre  cette  localité  avec  la  station  thermale  de 
la  Hesse. 

3.  Et  très  voisin  du  Rhin. 


230  MÉMOIRES  [Juillet  1713] 

une  troupe  de  housards  du  côté  de  Worms;  j'y  mon- 
tai, afin  de  voir  par  moi-même  ce  qui  en  étoit.  Ils 
étoient  bien  deux  cents;  je  fis  ma  petite  disposition 
pour  les  recevoir.  J'ordonnai  à  un  de  mes  sergents, 
qui  étoit  avec  dix  hommes  dans  un  chemin  par  où 
ils  venoient,  de  se  mettre  derrière  une  haie  et  de  ne 
faire  tirer  qu'à  brûle-pourpoint,  et  ensuite  venir  me 
rejoindre  dans  mon  poste.  Ce  sergent,  que  je  connois- 
sois  pour  être  un  très  brave  homme,  exécuta  parfai- 
tement bien  l'ordre  que  je  lui  avois  donné;  il  ne  fit 
tirer  que  lorsque  les  malpeignés  furent  auprès  de  lui  : 
il  en  jeta  quatre  par  terre  et  deux  chevaux,  et  il  gagna 
sur-le-champ  bien  vite  mon  poste.  L'officier  qui  étoit 
à  la  tête  de  cette  troupe  s'arrêta  sur-le-champ;  il  fut 
quelque  temps  incertain  touchant  le  parti  qu'il  pren- 
droit,  apparemment  s'il  m'attaqueroit  oui  ou  non. 
Gomme  j'étois  éloigné  de  l'armée,  et  par  conséquent 
nul  secours  à  espérer,  il  pou  voit  fort  bien  m'attaquer 
après  avoir  fait  mettre  ses  housards  pied  à  terre, 
d'autant  plus  qu'ils  étoient  quatre  contre  un  ;  mais, 
ignorant  sans  doute  le  nombre  d'hommes  qu'il  y  avoit 
dans  mon  poste,  il  prit  le  parti  de  se  jeter  sur  la 
gauche  du  village,  hors  la  portée  du  fusil.  Après  sa  re- 
traite, je  renvoyai  le  même  sergent,  avec  dix  hommes, 
au  même  endroit,  où  je  me  rendis  moi-même.  Les 
quatre  housards  tués  avoient  été  dépouillés  par  leurs 
camarades  auparavant  de  se  retirer  ;  mes  soldats  pro- 
fitèrent seulement  des  deux  selles  et  brides  des  che- 
vaux tués.  Dès  que  je  fus  relevé  et  arrivé  au  camp, 
je  fis  rapport  de  la  petite  action  de  mon  sergent  à 
notre  colonel;  je  l'avois  mené  avec  moi.  Il  me  promit 
que  dans  la  suite  il  feroit  quelque  chose  pour  lui  ; 


[Juillet  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  231 

mais  ce  pauvre  diable  fut  tué  au  siège  de  Fribourg. 

Quelques  jours  après  ce  détachement,  nous  fîmes 
une  partie,  deux  de  mes  camarades  et  moi,  d'aller 
diner  à  Worms  :  dessein  des  plus  téméraires,  car, 
depuis  Frankenthal  jusqu'à  cette  première  ville,  il  n'y 
avoit  que  ce  seul  poste,  dans  lequel  j'avois  été  de 
grande  garde,  pour  nous  protéger  contre  les  hou- 
sards.  Cependant  nous  nous  embarquâmes  pour  ce 
voyage,  dans  lequel.  Dieu  merci!  il  ne  nous  arriva 
rien.  Étant  arrivés  à  Worms,  et  après  avoir  ordonné 
notre  diner,  nous  fûmes  voir  le  commandant  des 
cent  hommes  qui  y  restoient  toujours,  et  qui  se  tenoient 
dans  l'église  cathédrale  et  dans  le  clocher.  Il  nous  dit 
que  nous  étions  plus  heureux  que  sages  d'être  venus 
dans  cette  ville,  qu'il  n'y  avoit  presque  point  de  jours 
que  les  housards  impériaux  ne  vinssent  rôder  autour, 
et  que  souvent  ils  venoient  dans  la  ville  pour  boire; 
qu'il  nous  souhaitoit  un  bon  retour  dans  notre  camp. 
Nous  vîmes  aussi  un  seigneur  de  la  cour  de  l'Électeur 
palatin  qui  nous  dit  la  même  chose.  Tous  ces  discours 
ne  nous  empêchèrent  point  de  dîner  très  bien  et 
tranquillement.  On  nous  donna  un  bon  cochon  de  lait 
farci. 

Worms.  —  Après  le  diner,  nous  fûmes  voir  l'hôtel 
de  ville  ;  on  nous  montra  la  salle  dans  laquelle  Charles- 
Quint  avoit  eu  une  conférence  avec  Luther,  ce  qui  a 
rendu  cette  ville  encore  plus  célèbre,  surtout  parmi 
les  luthériens  ^ .  Elle  se   ressent  encore  d'avoir  été 


1.  C'est  le  17-18  avril  1521,  très  peu  de  temps  après  l'élec- 
tion de  Charles-Quint,  que  la  diète  qui  se  tenait  à  Worms  con- 
voqua Luther  par-devant  elle  pour  l'obliger  à  rétracter  ses 


232  MÉMOIRES  [Juillet  1713] 

brûlée  et  ruinée  par  les  François  en  1 690  ;  il  y  a  quan- 
tité de  maisons  qui  ne  sont  point  rebâties.  Il  y  a  un 
évéché  sufFragant  de  Mayence,  Les  chanoines,  qui  sont 
barons,  font  des  preuves  comme  à  Strasbourg.  Ils 
sont  seize;  ils  ont  le  droit  d'élire  l'évéque,  qui  est 
seigneur  de  la  ville  et  du  petit  pays  qui  l'environne, 
et  d'être  élus.  Cette  ville  est  dans  le  Bas-Palatinat.  En 
nous  en  retournant  dans  notre  armée,  nous  trouvâmes 
un  de  ces  chanoines  à  cheval,  à  qui  nous  demandâmes 
s'il  y  avoit  quelque  chose  de  nouveau;  il  revenoit  du 
quartier  général  de  Spire.  Il  nous  répondit  comme  en 
colère  :  «  Votre  b...  (tout  à  droit)  de  maréchal  de 
«  Villars  nous  ruine  entièrement;  il  est  insatiable.  » 
Cette  réponse  nous  fit  beaucoup  rire. 

Le  1 3  juillet,  le  prince  Eugène  ayant  fait  descendre 
beaucoup  de  troupes  du  côté  de  Mayence,  le  maréchal 
envoya  vingt-cinq  bataillons  à  notre  camp. 

Le  31  juillet,  treize  compagnies  de  grenadiers  (les 
deux  du  régiment  en  étoient)  eurent  ordre,  de  bon 
matin,  de  se  rendre  devant  Landau.  Nous  apprîmes 
depuis  que  c'étoit  pour  attaquer  l'avant-chemin  cou- 
vert et  trois  lunettes,  dont  nos  grenadiers  s'emparèrent 
la  nuit  du  31  juillet  au  1^'  d'août. 

Nos  deux  compagnies  de  grenadiers  se  rendirent 
encore  devant  Landau,  le  18  du  même  mois,  avec 
d'autres  de  notre  armée,  pour  l'attaque  des  deux 
contre-gardes,  qu'elles  emportèrent. 

Prise  de  Landau.  —  La  prise  de  ces  deux  ouvrages 
obligea  le  prince  Alexandre  de  Wurtemberg  de  faire 

doctrines  en  présence  de  l'empereur.  Luther  s'y  refusa  et  fut 
mis  au  ban  de  l'Empire. 


[Août  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  233 

battre  la  chamade  le  lendemain  19,  à  huit  heures  du 
matin;  mais,  comme  nos  généraux  exigèrent  que  ce 
prince  et  sa  garnison  se  rendissent  prisonniers  de 
guerre,  à  laquelle  proposition  il  ne  voulut  pas  se 
rendre,  le  feu  recommença  de  part  et  d'autre*  jusqu'à 
dix  heures  du  matin  du  lendemain,  que  les  ennemis 
arborèrent  le  drapeau  blanc.  Ils  se  rendirent  prison- 
niers de  guerre,  et  ils  furent  conduits  à  Haguenau, 
escortés  par  un  gros  détachement  ~.  Ils  étoient  au 
nombre  de  quatre  mille  cinq  cents  hommes,  sans 
compter  quatre  cents  officiers^.  Le  gouvernement  de 
Landau  fut  donné  au  marquis  de  Biron*,  lieutenant 

1.  Voici  le  passage  des  Mémoires  de  Villars  (p.  201)  relatif  à 
cet  épisode  :  «  Un  colonel  des  ennemis  vint  apporter  la  capi- 
tulation. «  Avant  que  je  prenne  la  peine  d'en  lire  les  articles, 
«  dit  le  maréchal,  celui  de  prisonniers  de  guerre  y  est-il  ?  » 
L'officier  répondit  que  le  prince  de  Wirtemberg  n'y  consenti- 
roit  jamais.  «  Reportez  donc  votre  capitulation,  lui  répliqua  le 
«  maréchal.  Bien  des  compliments  à  M.  de  Wirtemberg,  dont 
«  je  considère  fort  le  mérite  et  la  naissance  ;  mais  je  veux  pri- 
«  ver  les  ennemis  du  Roi,  pendant  quelque  temps,  d'un  aussi 
«  bon  général  et  d'aussi  braves  troupes  que  celles  qui  défendent 
«  Landau.  «  Le  colonel  s'en  retourna,  et  l'on  recommença  à 
tirer.  » 

2.  Sur  le  siège  et  la  prise  de  Landau,  on  peut  consulter 
Y  Histoire  militaire  du  marquis  de  Quincy,  t.  VII,  p.  221-253; 
les  Mémoires  militaires,  p.  256-317  ;  la  Gazette  de  France, 
p.  309-310,  323-324,  334-335,  347-348,  360,  371-372,  383- 
384,  394-396,  407-408,  418-420  et  431-432;  la  Gazette  d'Ams- 
terdam, n°^  Liv  à  Lxxiii. 

3.  L'état  officiel  de  la  garnison  qui  sortit  de  Landau,  donné 
dans  les  Pièces  des  Mémoires  militaires,  p.  617,  indique 
209  officiers  et  5,449  soldats;  de  plus,  il  restait  dans  les  hôpi- 
taux 630  blessés. 

4.  Charles-Armand  de  Gontaut,  marquis  de  Biron,  était  lieu- 
tenant général  depuis  1704;  il  devint  en  1721  membre  du  con- 


234  MÉMOIRES  [Août  1713] 

général  des  armées  du  Roi,  qui  avoit  eu  le  bras 
emporté  d'un  boulet  de  canon,  le  2  juillet,  étant  de 
tranchée;  la  lieutenance  de  roi  à  M.  de  Ghastenet, 
brigadier  et  lieutenant-colonel  du  régiment  de  Sain- 
tonge*,  et  la  majorité  à  M.  de  Carbonnel,  capitaine  des 
grenadiers  de  Poitou. 

Après  que  toutes  les  tranchées  et  tous  les  travaux 
qu'on  avoit  faits  devant  cette  place  furent  comblés  et 
rasés,  que  les  brèches  furent  réparées,  et  que  cette  for- 
teresse fut  bien  ravitaillée^,  le  maréchal  de  Villars  et 
le  maréchal  de  Bezons  tinrent  un  conseil  de  guerre  à 
Spire,  où  tous  les  officiers  généraux  furent  appelés. 
Il  s'agissoit  de  savoir  quelle  entreprise  il  convenoit 
de  faire  vu  la  supériorité  de  nos  troupes  sur  celles 
des  Impériaux,  et  que  la  saison  n'étoit  point  encore 
avancée.  Le  résultat  de  ce  conseil  fut  de  faire  le  siège 
de  Fribourg,  afin  de  nous  mettre  en  état  de  pénétrer 
l'année  prochaine  par  la  vallée  de  Saint-Pierre^  dans 
la  Bavière,  et,  par  là,  obliger  l'Empereur  de  faire  la 
paix^. 

seil  de  régence  de  Louis  XV,  duc  et  pair  en  1723,  maréchal  de 
France  en  1734,  et  mourut  en  1756. 

1.  Ou  de  Chastenay,  d'une  famille  de  Périgord.  Il  était  bri- 
gadier depuis  le  31  mars  1710  et  avait  depuis  lors  servi  en 
Flandre. 

2.  La  Gazette  de  Leyde  (n°  77)  prétend  que  le  siège  de  Lan- 
dau et  les  réparations  aux  fortifications  coûtèrent  à  Louis  XIV 
2,800,000  livres. 

3.  C'est  la  vallée  à  l'entrée  de  laquelle  est  bâti  Fribourg. 
Saint-Peter  est  un  village  de  la  montagne,  à  l'est  de  Fribourg, 
par  lequel  passe  la  route  qui  mène  du  bassin  du  Rhin  dans  la 
vallée  de  la  Breg,  affluent  du  Danube  ;  il  s'y  trouvait  une  abbaye 
importante. 

4.  Villars  a  inséré  dans  ses  Mémoires  (t.  III,  p.  207-212)  un 


[Sept.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  235 

Le  9  septembre,  toutes  les  troupes  qui  composoient 
notre  armée  se  mirent  en  mouvement  pour  cette  nou- 
velle conquête,  excepté  le  corps  que  commandoit  le 
marquis  d'Alègre,  dont  notre  brigade  étoit,  qui  devoit 
faire  l'arrière-garde  de  toute  l'armée.  Nous  ne  décam- 
pâmes que  le  1 0  d'Eppstein^  pour  aller  dans  la  Petite- 
Hollande,  que  nous  abandonnâmes  le  lendemain  1 1 . 
Tous  les  grenadiers  et  tous  les  piquets  de  ce  camp 
volant  en  faisoient  l'arrière-garde.  J'étois  de  piquet. 
Nous  restâmes  jusqu'à  midi  sur  les  hauteurs  vis-à-vis 
de  Philipsbourg.  Les  ennemis  nous  laissèrent  faire 
notre  retraite  avec  toute  la  tranquillité  possible.  Les 
housards,  que  nous  apercevions  de  loin,  n'osèrent 
s'approcher  de  nous.  Nous  arrivâmes  avant  la  nuit  à 
Germersheim,  le  12làIockenum^,  le  13à  Lauterbourg, 
le  14  à  Benheim^,  le  15  à  Oflfendorf^. 

M.  d'Alègre  resta  avec  une  partie  de  son  camp 
volant  près  du  Fort-Louis,  et  M.  de  Goësbriand  mar- 
cha à  la  tête  de  l'autre,  dont  notre  brigade  étoit,  pour 
se  rendre  près  du  fort  de  Kehl.  Nous  fîmes  un  camp 
auparavant  d'y  arriver.  Nous  y  arrivâmes  le  16;  l'en- 
droit s'appeloit  Ensheim^,  village  célèbre  par  la 
bataille  que  le  grand  Turenne  y  gagna,  le  4  octobre 
1674,  contre  Charles  III,  duc  de  Lorraine.  Le  marquis 

long  mémoire  qu'il  adressa  au  Roi,  le  2  septembre,  pour  expo- 
ser les  différentes  opérations  que  son  armée  pouvait  faire,  et 
préconiser  le  siège  de  Fribourg-en-Brisgau. 

1.  Eppstein  est  un  petit  village  au  sud  de  Frankenthal. 

2.  Jockenum,  aujourd'hui  Jockgrimm,  village  du  Palatinat, 
à  mi-distance  entre  Germersheim  et  Lauterbourg. 

3.  Sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 

4.  Vis-à-vis  le  Fort-Louis. 

5.  Tome  1,  p.  51. 


236  MÉMOIRES  [Sept.  1713] 

de  Bandeville,  colonel  d'un  des  six  petits  vieux  corps 
portant  son  nom,  y  fut  tué  en  donnant  des  preuves 
d'une  valeur  et  d'une  conduite  extraordinaires.  M.  de 
Turenne,  qui  en  faisoit  une  estime  particulière,  l'a 
beaucoup  regretté;  il  étoit  mon  oncle  paternel  à  la 
mode  de  Bretagne.  Son  régiment  fut  donné  au  cheva- 
lier de  Bandeville,  son  frère,  chevalier  de  Malte,  capi- 
taine au  même  régiment,  qui  est  mort  en  1718  grand 
prieur  de  Champagne  et  commandeur  de  la  comman- 
derie  de  Boncourt  en  Picardie^ 

Il  faisoit  une  pluie  si  abondante  et  si  continuelle, 
lorsque  nous  arrivâmes  à  Ensheim,  que  je  voulus  épar- 
gner à  mes  domestiques  d'aller  chercher  du  fourrage 
au  magasin.  Je  le  pris  chez  mon  hôte,  que  je  payai  ; 
il  en  fut  surpris.  Apparemment  que  les  officiers  qui 
avoient  logé  chez  lui  n'en  avoient  pas  usé  de  même. 

Le  17,  notre  camp  volant  passa  la  rivière  de  l'Ill, 
l'île  de  Ruprechtsau-,  et  le  Rhin  au-dessous  de  Stras- 
bourg, pour  aller  rejoindre  l'armée  près  du  fort  de 
Kehl.  Je  fus  dîner  avec  trois  de  mes  camarades  à 
Schilchen^  village  renommé  par  rapport  aux  guin- 
guettes où  les  habitants  de  Strasbourg  vont  se  diver- 
tir les  fêtes  et  dimanches.  Nous  y  fîmes  bonne  chère; 
nous  y  mangeâmes  du  saumon  frais.  Après  le  dîner, 
nous  nous  rendîmes  par  Strasbourg,  que  nous  traver- 
sâmes, à  l'armée.  En  passant  sur  le  pont  qui  va  de 
cette  ville  au  fort  de  Kehl,  nous  vîmes  un  officier  qui, 

1.  Il  a  déjà  raconté  tout  cela  au  début  des  Mémoires,  t.  I, 
p.  51-52. 

2.  Ou  de  Robertsau,  en  face  du  village  du  même  nom. 

3.  Sans  doute  Schiltigheim,  à  quelques  kilomètres  au  nord 
de  Strasbourg. 


[Sept.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  237 

ayant  apparemment  trop  bu  de  vin  du  Rhin,  vouloit 
non  seulement  se  rafraîchir,  mais  faire  rafraîchir  son 
cheval  dans  ce  fleuve;  il  piquoit  ce  pauvre  innocent 
pour  tâcher  de  l'y  faire  précipiter.  L'animal,  plus 
sage  et  plus  prudent  que  son  maître,  s'arrêtoit  tout 
court  sur  le  bord  du  pont.  Cet  ivrogne  fit  plusieurs 
fois  la  même  manœuvre;  mais  le  cheval  s'opiniàtra 
toujours  à  se  sauver  et  son  maître  :  il  prit  le  galop  le 
long  du  pont  et  le  mena  droit  au  camp.  Gela  ne  nous 
instruit  que  trop  que  l'instinct  des  animaux  est  plus 
savant  pour  les  conduire  que  la  raison  donnée  à 
l'homme  pour  sa  conservation.  Quelle  obligation  cet 
ofificier  ne  lui  devoit-il  pas! 

Ce  même  jour  17,  le  maréchal  de  Villars  donna  un 
grand  souper  et  un  bal  aux  dames  de  Strasbourg  et 
aux  officiers  généraux  de  son  armée.  Il  quitta  le  bal 
une  heure  après  qu'il  fut  commencé,  pour  monter  à 
cheval,  afin  de  se  rendre  à  notre  armée  ^  qu'il  fit  mar- 
cher le  18,  à  la  petite  pointe  du  jour,  du  côté  de  Fri- 
bourg.  En  passant  près  d'Offenbourg,  il  y  laissa  un 
camp  volant  aux  ordres  du  marquis  d'Alègre,  dans 
le  dessein  de  tenir  en  échec  les  Impériaux  dans  leurs 
lignes  d'Horneberg. 

Offenbourg.  —  La  petite  ville  d'Offenbourg  est  situé 
sur  la  rivière  de  la  Kintz^,  qui  prend  sa  source  dans 
les  montagnes  Noires,  un  peu  au-dessus  d'Alberbach^. 

1.  «  Pendant  ce  divertissement,  disent  les  Mémoires  de  Vil- 
lars, p.  213,  les  ordres  se  donnoient  pour  la  disposition  de 
l'attaque  des  retranchements  de  Fribourg.  » 

2.  Ou  plutôt  Kinzig;  en  français,  Quinche. 

3.  Petit  village  des  environs  d'Offenbourg.  Le  cours  de  la 
Kinzig  est  plus  étendu  ;  elle  prend  sa  source  dans  la  princi- 
pauté de  Fiirstenberg. 


238  MÉMOIRES  [Sept.  1713] 

Cette  ville  est  la  capitale  du  pays  d'Ortnau^  ;  elle  appar- 
tient à  la  maison  d'Autriche. 

A  l'égard  de  l'armée  du  maréchal  de  Bezons,  elle 
avoit  passé  le  Rhin  au  Fort-Louis  pour  camper  à 
Sellingen^,  afin  de  faire  croire  au  prince  Eugène  que 
le  projet  de  nos  généraux  étoit  d'attaquer  les  lignes 
d'Ettlingen. 

Le  19,  nous  traversâmes  la  plaine  de  WeiP,  qui  est 
des  plus  renommées  par  rapport  à  sa  fertilité.  L'air 
y  est  bon,  et  les  raisins  admirables  et  si  sains,  qu'ils 
guérissent  de  la  dysenterie.  Il  y  avoit  une  si  grande 
quantité  de  citrouilles,  que  chaque  soldat  en  avoit  une 
enfilée  à  son  fusil;  il  étoit  risible  de  voir  une  colonne 
de  citrouilles  serpenter  dans  cette  plaine.  En  arrivant 
dans  la  plaine  de  Langendenzlingen*,  je  fus  détaché 
pour  être  de  grande  garde.  Ce  fut  le  marquis  de 
Gany^,  colonel  de  la  Vieille-Marine  et  colonel  de  jour, 
qui  me  posta  sur  la  lisière  d'une  forêt.  En  me  quit- 
tant, il  m'embrassa  sans  me  dire  un  seul  mot^.  Appa- 
remment qu'il  se  ressouvenoit  alors  de  l'état  brillant 
où  je  l'avois  vu  :  un  secrétaire  d'État  de  la  guerre,  à 

1.  Partie  de  la  Souabe  qui  appartient  aujourd'hui  au  grand- 
duché  de  Bade;  ce  petit  pays  était  borné  à  l'ouest  parle  Rhin, 
au  nord  par  le  margi'aviat  de  Bade,  à  l'est  par  le  Wiii'temberg, 
et  au  midi  par  le  Brisgau.  Outre  Offenbourg,  ses  villes  princi- 
pales étaient  Zell  et  Gegenbach. 

2.  Village  de  la  rive  droite  du  Rhin,  vis-à-vis  le  Fort-Louis, 
sur  la  route  de  Strasbourg  à  Carlsruhe  par  Rastadt. 

3.  C'est  sans  doute  Nordweil,  à  peu  de  distance  à  l'est  de 
Kenzingen. 

4.  A  six  kilomètres  au  nord  de  Fribourg. 

5.  Michel  II  Chamillart  :  tome  II,  p.  389. 

6.  On  a  vu,  tome  II,  p.  50,  138,  etc.,  que  les  Sevin  étaient 
parents  des  Chamillart. 


[Sept.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  239 

qui  tous  les  officiers  généraux  étoient  obligés,  lors- 
qu'ils lui  écrivoient,  de  donner  le  Monseigneur, 
devenu,  par  la  disgrâce  de  M.  de  Chamillart,  son 
père^  simple  colonel,  cela  est  cruel  et  bien  dur.  Le 
lendemain,  il  m'oublia  si  parfaitement  bien  dans  mon 
poste,  que,  deux  heures  après  que  notre  armée  fut 
décampée,  ne  recevant  aucun  ordre,  j'envoyai  un  de 
mes  sergents  aux  autres  grandes  gardes  pour  savoir 
si  les  officiers  qui  les  commandoient  n'en  avoient 
point  reçu.  Leur  réponse  fut  que  non.  Nous  tînmes 
ensemble  notre  petit  conseil  de  guerre,  dont  le  résul- 
tat fut  d'abandonner  nos  postes  pour  aller  rejoindre 
l'armée.  Nous  étions  huit  piquets,  par  conséquent 
quatre  cents  hommes.  Nous  ne  pûmes  la  rejoindre 
qu'à  la  halte.  Nous  fûmes  toujours  harcelés  pendant  la 
marche  par  les  housards  ennemis;  mais,  comme  nous 
marchions  très  serrés,  ils  n'osèrent  jamais  nous  appro- 
cher. Je  rendis  compte  à  notre  brigadier  de  ce  qui 
venoit  de  nous  arriver;  le  major  de  la  brigade  en  jeta 
la  faute  sur  le  major  général.  Ordinairement,  on 
envoie  un  ordre  à  toutes  les  grandes  gardes  de  venir 
rejoindre  leur  régiment  respectif  à  l'assemblée. 

Lorsque  nous  fûmes  près  de  Fribourg  (il  étoit  deux 
heures  de  nuit),  nous  apprîmes  que  le  maréchal  de 
Villars  s'étoit  emparé  des  lignes  situées  sur  les  hau- 
teurs de  Fribourg.  Voici  le  détail  de  cette  attaque, 
qui  ne  nous  coûta  que  très  peu  de  monde,  puisque 
nous  n'eûmes  que  vingt-cinq  soldats  de  tués,  quarante 
de  blessés,  douze  officiers  de  tués  et  de  blessés. 

Attaque  des  lignes  de  Fribourg^.  —  Le  comte  du 

1.  Tome  II,  p.  389. 

2.  Villars,  dans  ses  Mémoires  (t.  III,  p.  214-215),  raconte 


Uù  MÉMOIRES  [Sept.  1713] 

Bourg,  lieutenant  général,  qui  avoit  été  à  la  tête  d'un 
gros  détachement  pour  reconnoitre  les  lignes,  en  ayant 
rendu  compte  au  maréchal  de  Villars,  celui-ci  fit  la 
disposition  suivante.  Il  forma  trois  attaques  :  il  char- 
gea le  premier^  et  M.  de  Silly,  maréchal  de  camp,  de 
l'attaque  de  la  droite;  le  comte  d'Estrades,  lieutenant 
général,  et  le  duc  de  Mortemart,  maréchal  de  camp, 
de  celle  de  la  gauche;  et  le  chevalier  d'Asfeld^,  lieute- 
nant général,  et  le  marquis  Le  Guerchoys  de  celle  du 
centre.  Les  princes  et  la  plus  grande  partie  des  offi- 
ciers généraux  accompagnèrent  le  maréchal,  qui  resta 
à  l'attaque  de  la  droite  comme  l'endroit  le  plus  dan- 
gereux et  le  plus  difficile  :  c'étoit  le  camp  retranché 
de  la  montagne  du  Rosskopf^,  qui  veut  dire  en  alle- 
mand tète  de  cheval.  Cette  montagne,  que  nous  grim- 
pâmes le  lendemain  21  pour  nous  rendre  dans  la 
vallée  de  Saint-Pierre,  étoit  si  escarpée,  que  nous 
fûmes  tous  surpris  comment  nos  grenadiers  avoient 
pu  parvenir  jusqu'au  sommet  et  pénétrer  les  retran- 
chements défendus  par  les  ennemis. 

Cependant  les  trois  attaques,  qui  s'étoient  faites 
en  même  temps,  réussirent  parfaitement  bien.  Les 
troupes  qui  les  défendoient  étoient  aux  ordres  de 
M.  de  Vaubonne,  lieutenant  général  de  l'Empereur, 
lequel  avoit  acquis  une  grande  réputation.  Nos  grena- 
diers poursuivirent   les  Impériaux  jusqu'à  la  Ghar- 

avec  détail  cette  brillante  action  et  l'attaque  audacieuse  du 
Rosskopf.  Voyez  aussi  la  Gazette,  p.  479,  les  Mémoires  mili- 
taires, p.  350-451,  et  V Histoire  militaire,  p.  258-259. 

1.  Le  comte  du  Bourg. 

2.  Claude-François  Bidal  (1665-1743)  était  lieutenant  général 
depuis  1704  et  devint  maréchal  de  France  en  1734. 

3.  Au  nord-est  de  Fribourg. 


[Sept.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  241 

treuse^  qui  est  située  du  côté  de  la  vallée  de  Saint- 
Pierre,  au  pied  des  châteaux  de  Fribourg.  Ils  firent 
prisonnier  M.  Haxtheim,  colonel  d'un  régiment  du 
cercle  de  Franconie;  son  lieutenant-colonel  fut  tué, 
beaucoup  d'officiers  de  tués  et  de  blessés;  deux  dra- 
peaux de  ce  régiment  furent  pris.  Ce  combat  fut  des 
plus  heureux,  et  il  noiis  mit  en  état  de  faire  le  siège 
de  Fribourg.  AI.  de  Boissieux,  colonel  d'un  régiment 
d'infanterie  portant  son  nom,  et  neveu  du  maréchal 
de  Villars^  fut  chargé  d'en  porter  la  nouvelle  au  Roi. 
Ce  même  jour  21 ,  le  maréchal,  voulant  profiter  de 
la  terreur  qu'il  avoit  répandue  dans  les  troupes  impé- 
riales, se  mit  à  la  tête  de  deux  mille  grenadiers,  de 
vingt-huit  bataillons  et  de  quatre  mille  chevaux,  pour 
aller  attaquer  le  général  Vaubonne,  qui  s'étoit  retiré 
à  Hohlengraben-^,  village  situé  dans  la  vallée  de  Saint- 
Pierre.  Mais  ce  dernier  ne  jugea  pas  à  propos  d'at- 
tendre.M.  de  Villars;  il  se  retira  du  côté  de  RothweiH, 
où  le  prince  Eugène  vint  le  joindre  avec  la  plus  grande 
partie  de  ses  troupes.  Notre  général  se  promena  jus- 
qu'auprès de  Villingen^,  afin  de  faire  contribuer  toute 
la  Souabe. 

1.  "Cette  chartreuse  était  près  de  la  rivière  du  Dreisara,  en 
amont  de  Fribourg;  elle  servit  d'hôpital  pendant  le  siè^e. 

2.  Louis  de  Frétât,  comte  de  Boissieux,  fils  de  Thérèse  de 
Villars,  sœur  du  maréchal,  avait  été  aide  de  camp  de  son  oncle 
en  1704,  et  eut  un  régiment  d'infanterie  de  son  nom  en  1707. 
Il  mourut  en  1739,  lieutenant  général  depuis  1738. 

3.  A  dix  kilomètres  à  l'est  de  Fribourg,  sur  la  route  du  bas- 
sin du  Danube. 

4.  Sur  le  Necker,  dans  le  duché  de  Wiirtemberg. 

5.  Gros  bourg  sur  un  petit  affluent  de  la  Breg,  à  quelque 
distance  au  nord  de'Donaueschingen. 

III  16 


242  MÉMOIRES  [Sept.  1713] 

Investissement  de  Fribourg.  —  Pendant  cette  course, 
nous  investîmes  entièrement  Fribourg.  La  brigade  de 
Royal,  dont  nous  étions,  étoit  campée  sur  la  pente 
d'une  montagne  près  de  KundersthaU,  dans  la  vallée 
de  Saint-Pierre,  aux  ordres  du  chevalier  d'Asfeld,  du 
marquis  de  Grancey-  et  de  M.  du  Bourk,  ces  deux 
derniers  maréchaux  de  camp;  ils  avoient,  outre  cette 
brigade,  qui  étoit  de  sept  bataillons,  quinze  autres 
bataillons^.  Le  marquis  de  Coigny  et  le  chevalier  de 
Pezeux^,  maréchal  de  camp,  étoient  à  Ebnet^  avec 
vingt-et-un  escadrons  de  dragons,  avec  la  brigade  de 
Champagne,  composée  de  six  bataillons.  Sur  la  hau- 
teur de  la  Chartreuse,  il  y  avoit  dix-huit  bataillons 
aux  ordres  du  comte  d'Estrades  et  du  marquis  Le 
Guerchoys.  Il  y  avoit  vingt-sept  bataillons,  sans  comp- 
ter deux  bataillons  de  Royal-artillerie  et  deux  de 
bombardiers,  et  quarante  escadrons,  dont  douze  de 
dragons,  depuis  Betzenhausen^  jusqu'à  la  Chapelle  des 
Mille''',  aux  ordres  des  marquis  de  Conflans,  de  Dreux, 

1.  Ou  plutôt  Guntersthal,  village  au  sud  de  Fribourg. 

2.  François  Rouxel  :  tome  I,  p.  241  ;  il  était  maréchal  de 
camp  depuis  septembre  1706. 

3.  Le  mai^quis  de  Quinc}- ,  dans  son  Histoire  militaire 
(p.  262-267),  a  dressé  un  tableau  détaillé  de  la  disposition  des 
divers  corps  de  troupes  autour  de  Fribourg;  on  peut  voir  aussi 
à  ce  sujet  la  belle  carte  du  siège  qui  se  trouve  dans  l'atlas  des 
Mémoires  militaires.  M.  de  Broglie  blâma  auprès  de  la  cour 
les  dispositions  de  la  ligne  d'investissement  [Mémoires  mili- 
taires, p.  366). 

4.  Tome  II,  p.  340. 

5.  Sur  la  rivière  de  Dreisam,  en  amont  de  la  place. 

6.  Aussi  sur  la  rivière,  mais  en  aval. 

7.  Petit  oratoire,  avec  une  redoute,  sur  les  pentes  du  Joseph- 
berg,  au  sud  de  Fribourg  :  ci-après,  p.  260. 


[Sept.  1713J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  243 

de  Surville,  et  du  comte  de  Groy,  lieutenants  géné- 
raux, du  comte  de  Groissy,  du  marquis  de  Broglie, 
du  comte  de  Beauvau  et  du  baron  de  Mercy*,  maré- 
chaux de  camp. 

Le  quartier  général  du  maréchal  étoit  à  Zahringen^. 
Il  avoit  avec  lui  le  comte  du  Bourg  et  le  marquis  de 
Silly,  douze  bataillons  et  vingt-deux  escadrons.  Étant 
revenu  de  la  course  qu'il  avoit  faite  jusque  près  de 
Villingen^,  notre  général  ne  perdit  point  de  temps  à 
taire  faire  les  préparatifs  nécessaires  pour  l'ouverture 
de  la  tranchée.  Il  n'y  avoit  pas  de  temps  à  perdre; 
car  il  étoit  à  craindre,  la  saison  étant  avancée,  que  les 
mauvais  temps  nous  gagnassent,  et  que  par  conséquent 
les  vivres  et  les  fourrages  nous  manquassent.  Nous 
attaquions  une  place  des  plus  fortes  de  l'Europe,  que 
le  grand  Vauban  avoit  rendue  presque  imprenable, 
surtout  par  la  force  des  quatre  châteaux  qu'il  a  fait 
construire,  et  qui  dominent  la  ville^.  Je  ne  puis  m'em- 
pêcher  de  faire  à  cette  occasion  une  petite  réflexion  : 
je  ne  conçois  pas  la  politique  du  Roi  d'avoir  fait  for- 
tifier tant  de  places  pour  les  rendre  ensuite  à  ses 
ennemis  sans  les  avoir  fait  auparavant  démoHr^. 
Gombien  de  sang  répandu  pour  les  reconquérir! 
Revenons  à  Fribourg. 

Siège  de  Fribourg.  —  La  ville  de  Fribourg  est  située 

1.  Ce  baron  de  Mercy  était  sans  doute  maréchal  de  camp 
dans  l'armée  de  l'électeur  de  Bavière,  car  il  n'est  pas  men- 
tionné dans  la  Clironologie  militaire  de  Pinard. 

2.  Au  nord  de  la  ville. 

3.  Ci-dessus,  p.  241. 

4.  Ci-apfès,  p.  244. 

5.  Il  a  déjà  fait  cette  remarque,  tome  I,  p.  43. 


î 


244  MÉMOIRES  [Sopt.  1713] 

sur  la  petite  rivière  de  Treisam^  qui  prend  sa  source 
dans  les  montagnes  Noires,  à  un  village  nommé  Hoh- 
lengraben-,  et  qui  va  se  jeter  dans  le  Rhin,  au  village 
de  Nonnenweier^;  elle  traverse  cette  place,  qui  est  à 
quatre  lieues  de  Brisach,  au  bout  d'une  belle  plaine  et 
au  pied  d'une  montagne  qui  finit  les  montagnes  Noires. 
Elle  est  la  capitale  présentement  du  Brisgau;  Brisach 
l'étoit  anciennement.  Elle  appartient  à  la  maison  d'Au- 
triche depuis  1367,  que  Hugues  de  Fùrstenberg  la  lui 
vendit*.  Il  y  a  une  chambre  souveraine,  dont  le  ressort 
a  une  grande  étendue.  Le  chapitre  de  Bàle  y  fait  sa 
résidence.  Elle  a  huit  bastions,  avec  autant  de  demi- 
lunes.  Elle  est  commandée  par  une  montagne  sur 
laquelle  il  y  a  quatre  forts  considérables  :  le  premier 
commande  la  ville;  le  second,  nommé  le  fort  de 
l'Aigle,  domine  le  premier;  le  fort  de  l'Étoile,  qui  est 
le  troisième,  commande  le  second,  et  enfin  le  fort  de 
Saint-Pierre,  qui  est  le  plus  élevé,  commande  le  troi- 
sième. L'ouvrage  de  l'Escargot,  qui  communique  avec 
le  fort  de  l'Étoile,  est  en  avant  de  cet  ouvrage.  De 
l'autre  côté  des  châteaux,  il  y  a  une  grande  redoute 
sur  le  penchant  de  la  montagne,  à  contenir  trois  cents 
hommes.  H  y  a  aussi  une  autre  redoute  vis-à-vis  le 


1.  Ou  plutôt  Dreisam. 

2.  Ci-dessus,  p.  241. 

3.  Dans  le  district  de  Lahr.  Le  Dreisam  n'est  pas  un  affluent 
du  Rhin,  mais  de  l'Elz,  et  c'est  cette  dernière  rivière  qui  se 
jette  dans  le  fleuve  en  amont  de  NonnenAveier. 

4.  A  la  suite  d'une  révolte,  Hugues  ou  Egon  de  Fiirstenberg 
céda  la  prévôté  de  Fribourg  à  son  cousin  le  duc  d'Autriche, 
pour  le  prix  de  douze  mille  pièces  d'or,  dont  il  acheta  la  sei- 
gneurie de  Badenweiler. 


[Sept.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  '245 

fort  de  l'Étoile  du  côté  de  l'Escargot.  Presque  tous  ces 
ouvrages  sont  construits  sur  le  roc  vif. 

Le  baron  d'Arsch^,  officier  général  d'une  valeur, 
d'une  intrépidité  et  d'une  fermeté  distinguées,  et  très 
consommé  dans  l'art  militaire,  étoit  chargé  de  la 
défense  de  cette  place.  G'étoit  un  homme  de  soixante 
ans,  d'une  belle  physionomie.  Il  ne  tint  pas  à  lui  que 
nous  n'en  levâmes  le  siège,  comme  il  se  verra  dans  la 
suite  de  cette  relation.  Il  avoit  avec  lui  quinze  bons 
bataillons  et  cinq  cents  chevaux^. 

Persuadés  que  nous  serions  longtemps  devant  cette 
place,  nous  fîmes,  mes  camarades  et  moi,  une  grande 
provision  de  bois  et  de  fourrages.  Nous  étions  logés 
dans  une  bonne  maison,  nous  avions  chacun  notre 
chambre. 

Toutes  les  troupes  qui  étoient  campées  dans  la  val- 
lée de  Saint-Pierre  et  sur  les  hauteurs  voisines  furent 
destinées  à  faire  le  siège  du  château  ;  elles  étoient  au 
nombre  de  quarante  bataillons.  Ainsi,  notre  brigade 
fut  de  ce  siège,  et  le  chevalier  d'Asfeld  étoit  chargé, 
non  seulement  de  la  défense  de  la  vallée  de  Saint- 
Pierre  et  des  retranchements  qui  étoient  sur  les  mon- 
tagnes voisines,  mais  aussi  du  détail  du  siège  du  châ- 
teau. A  l'égard  du  détail  du  siège  de  la  ville,  c'étoit 

1.  Il  y  a  un  plan  des  fortifications  de  Fribourg  dans  V Histoire 
militaire  de  Quincy,  et  un  autre  dans  l'atlas  des  Mémoires 
militaires. 

2.  Ou  plutôt  de  Harsch.  Il  était  feld-raaréchal-lieutenant  des 
armées  impériales.  Son  journal  du  siège  a  été  publié  en  1898 
par  M.  Fr.  von  der  Wengen,  dans  Zeitschrift...  von  Freiburg 
dem  Brisgau,  etc.,  t.  XIV. 

3.  Les  Mémoires  militaires  (p.  357)  disent  dix-sept  bataillons. 


246  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

le  comte  du  Bourg,  comme  le  plus  ancien  lieutenant 
général,  qui  en  fut  chargé. 

Ouvertures  des  tranchées  devant  la  ville  et  le 
château.  —  Les  préparatifs,  auxquels  on  travailloit 
depuis  que  nous  étions  arrivés,  étant  faits  pour  les 
ouvertures  des  tranchées,  elles  se  firent  la  nuit  du 
30  septembre  au  1®'  octobre,  à  deux  endroits  diffé- 
rents de  la  ville,  l'une  devant  la  porte  de  Saint-Chris- 
tophe ^  et  l'autre  à  la  porte  des  Pécheurs.  Dès  la 
même  nuit,  par  le  moyen  de  la  première  parallèle, 
elles  se  communiquèrent-.  Il  y  avoit  neuf  bataillons 
et  six  compagnies  de  grenadiers  auxiliaires,  aux  ordres 
du  comte  du  Bourg,  du  marquis  de  Silly  et  de  deux 
brigadiers.  Il  y  avoit  un  escadron  de  la  maison  du  Roi 
à  la  queue  de  la  tranchée.  Les  bataillons  étoient  les 
régiments  des  gardes  et  celui  de  Saillant.  Les  assiégés 
firent  à  la  pointe  du  jour  une  petite  sortie  pour  recon- 
noître  nos  travaux.  Ils  se  retirèrent  ensuite  bien  vite. 

La  tranchée  devant  le  château  fut  montée  par  les 
trois  bataillons  du  régiment  de  Piémont,  aux  ordres 
d'un  brigadier.  Elle  commencoit  en  bas  de  la  mon- 
tagne près  de  la  Chartreuse.  Cette  même  nuit,  on  fit 
trois  batteries,  dont  deux  de  canons,  l'une  de  six  pièces, 
pour  battre  le  château  de  Saint-Pierre  et  le  fort  de 
l'Étoile,  une  autre  de  sept  pièces  pour  battre  le  fort 
de  l'Escargot,  et  une  de  mortiers.  Nous  perdîmes 
quelques  soldats  devant  la  ville  et  devant  le  château. 

Le  bruit  général  étoit  parmi  les  officiers  de  l'armée 

1.  Villars  {Mémoires,  p.  217  et  218)  dit  :  la  porte  Saint- 
Martin. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  363-643  ;  Mémoires  du  maréchal 
de  Villars,  p.  218;  Histoire  militaire,  p.  267, 


[Oct.  1713J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  247 

que  nous  attaquions  et  la  ville  et  les  châteaux  par  les 
endroits  les  plus  forts;  qu'on  devoit  attaquer  la  ville 
du  côté  de  la  porte  du  Secours,  autrement  dite  de 
Souabe,  et  en  même  temps  attaquer  le  château  le  plus 
près  de  la  ville,  après  avoir  détourné  la  rivière  de 
Treisam,  qui  forme  de  ce  côté-là  trois  branches.  Nos 
deux  attaques  se  seroient  communiquées  et  se  seroient 
protégées  l'une  et  l'autre.  Il  est  vrai  qu'on  auroit  vu 
nos  tranchées  devant  la  ville,  du  château,  à  revers; 
mais,  moyennant  de  bons  épaulements  élevés  de  dis- 
tance en  distance,  on  auroit  obvié  à  ce  mal.  On  fut 
surpris  de  ce  que  M.  de  Valori,  célèbre  ingénieur, 
n'avoit  pas  pris  ce  parti ^. 

Le  lendemain  2,  les  trois  bataillons  de  Picardie,  les 
trois  de  la  Reine,  trois  autres  bataillons,  et  toujours 
six  compagnies  auxiliaires  de  grenadiers,  relevèrent 
la  tranchée  devant  la  ville,  aux  ordres  de  M.  de  Saint- 
Frémond. 

Sortie  du  coté  de  la  ville.  —  Sur  les  trois  heures 
après-dîner,  nous  entendîmes  un  feu  terrible  de  mous- 
queterie  et  de  canons  du  côté  de  la  ville.  Le  gouver- 
neur  s'étant  aperçu  que   la   gauche   de  la  tranchée 

1.  Voici  ce  que  disent  à  ce  sujet  les  Mémoires  de  Villars 
(p.  217-218)  :  «  Le  sieur  de  la  Battue,  qui  avoit  commandé 
dans  le  château  de  Fribourg,  vouloit  qu'on  attaquât  par  la 
porte  de  la  ville  qui  est  au  pied  de  ce  château,  et  sa  raison 
étoit  que,  par  cette  attaque,  on  pouvoit  saigner  la  rivière  que 
l'on  fait  passer  dans  les  fossés  de  la  ville.  Ce  la  Battue  avoit 
raison  ;  mais  Valori  et  les  ingénieurs  l'emportèrent  auprès  du 
maréchal  de  Villars.  Tant  il  est  vrai  que  l'on  est  souvent  forcé 
de  se  rendre  aux  raisons  de  ceux  que  l'on  charge  directement 
de  l'attaque,  et  cela  parce  que,  quand  on  leur  fait  violence,  ils 
voient  avec  plaisir  tout  ce  qui  ne  réussit  pas.  » 


248  MÉMOIRES  [Oct.  1713J 

devant  la  ville  étoit  en  l'air  \  il  fit  faire  une  sortie  de 
quatre  cents  hommes  d'infanterie,  qui  marchèrent  si 
rapidement  sur  nos  travailleurs,  qu'ils  les  mirent  en 
fuite  par  la  plaine  :  ce  que  cent  cinquante  dragons 
à  cheval  qui  étoient  sortis  en  même  temps  qu'eux 
ayant  aperçu,  allèrent  au  grgnd  galop  sur  eux,  et  ils 
en  sabrèrent  beaucoup^.  Le  régiment  de  la  Reine,  qui 
étoit  de  ce  côté-là,  marcha  sur-le-champ  aux  quatre 
cents  fantassins  ennemis,  et  ils  les  obligea  de  retour- 
ner bien  vite  dans  leurs  chemins  couverts.  Pendant 
cette  sortie,  les  assiégés  ne  discontinuèrent  point  de 
faire  un  feu  très  vif  de  leurs  canons  et  de  leur  môus- 
queterie,  ce  qui  nous  fit  perdre  bien  du  monde.  M.  de 
Beaujeu,  maréchal  des  logis  de  notre  cavalerie^,  eut 
le  talon  emporté  d'un  boulet  de  canon'^,  et  M.  de  Saint- 
*j  •  •  • 

1.  D'après  le  Dictionnaire  de  Trévoux,  cela  se  dit,  en  termes 
de  guerre,  d'un  corps  de  troupe  qui  n'est  pas  soutenu  par  un 
autre  ou  qui  en  estttop  éloigné. 

2.  Srur  cette  sortie,  voyez  la  Gazette,  p.  492-503  ;  V Histoire 
militaire,  p.  268;  les  Mémoires  militaires,  p.  364-365,  et  les 
lettres  que  Villars  écrivit  le  jour  môme  au  ministre  Voysin,  dans 
ses  Mémoires,  p.  350. 

3.  Eugène  de  Beaujeu,  major  d'un  régiment  de  cavalerie  dès 
1691,  n'obtint  le  grade  de  colonel  qu'en  1706;  il  remplit  de 
1709  à  1712,  comme  brigadier,  les  fonctions  de  maréchal  géné- 
ral des  logis  de  la  cavalerie  à  l'armée. de  Flandre,  puis  à 
l'armée  d'Allemagne  en  1713.  Sa  blessure  hai  Ut  obtenir  la 
lieutenance  de  roi  des  Invalides,  puis  le  gouvernement  en 
1728;  il  mourut  en  1730,  ayant  depuis  1719  le  grade  de  maré- 
chal de  camp.  • 

4.  Villars  [Mémoires,  p.  218)  dit  qu'il  eut  la  jambe  emportée 
par  un  boulet;  le  marquis  de  Quinty  [Histoire  militaire,  p.  268) 
ne  parle  que  du  talon,  mais  ajoute  qu'on  fut  obligé  de  lui 
couper  la  jambe. 


[Oct.  1713J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  249 

Sernin^  qui  se  fourroit  toujours  partout,  une  contu- 
sion à  la  jambe  et  son  cheval  tué  sous  lui. 

Par  cette  sortie  faite  à  propos,  nos  généraux  com- 
prirent qu'ils  avoient  à  faire  à  un  homme  parfaitement 
capable  de  bien  défendre  sa  place  :  aussi  prirent-ils 
toutes  les  précautions  possibles  pour  bien  assurer 
leurs  tranchées,  surtout  à  la  gauche,  qui  n'étoit 
appuyée  à  rien  et  que  rien  ne  protégeoit.  On  y  fit  de 
bonnes  redoutes  aux  flancs  des  parallèles,  afin  de  les 
assurer. 

Le  même  jour  de  la  sortie,  on  travailla  sur  la  droite 
à  une  batterie  de  six  mortiers,  au  centre  à  deux  batte- 
ries, une  de  six  pièces  et  l'autre  de  trois,  et,  à  la 
gauche,  à  une  de  huit  pièces.  Du  côté  du  château  de 
Saint-Pierre,  on  fit  une  batterie  de  sept  pièces  de 
canon,  La  tranchée  fut  relevée  de  ce  côté-là  toujours 
par  un  brigadier,  avec  trois  bataillons  et  quatre  com- 
pagnies auxihaires  de  grenadiers. 

Jusqu'au  4,  il  ne  se  passa  rien  d'extraordinaire,  ni 
à  la  ville  ni  aux  châteaux,  que  deux  de  nos  batteries 
qui  commencèrent  à  tirer  du  côté  de  la  ville  à  la 
pointe  du  jour,  et  une  du  côté  des  forts.  La  nuit  du 
4  au  5,  on  finit  la  seconde  parallèle  du  côté  de  la 
ville.  A  l'égard  du  côté  des  châteaux,  une  autre  bat- 
terie de  sept  pièces  de  canon  se  fit  entendre  à  la 
pointe  du  jour;  trois  pièces  tiroient  sur  l'Escargot,  et, 
quatre  pièces  sur  le  fort  de  l'Étoile.  Ce  jour-là,  jç  fus 
de  grande  garde  sur  une  montagne  pour  couvrir  notre 
camp  ;  nous  découvrions  du  sommet  et  la  ville  et  tous 
les  châteaux.  Il  y  faisoit  un  froid  et  un  vent  très  sen- 
sibles :  aussi  les  soldats  firent-ils  grand  feu. 

1.  Ci-dessus,  p.  38. 


250  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

La  nuit  du  5  au  6,  on  fit  du  côté  de  la  ville  deux 
batteries  de  mortiers  pour  jeter  des  bombes  dans  une 
lunette  élevée  en  deçà  du  chemin  couvert  :  cette  misé- 
rable lunette  nous  fit  périr  bien  du  monde;  et,  à  l'at- 
taque des  forts,  un  boyau  pour  communiquer  à  la  bat- 
terie des  six  mortiers.  Comme  les  troupes  qui  étoient 
campées  dans  la  vallée  de  Saint-Pierre  et  aux  envi- 
rons étoient  les  plus  exposées  à  être  attaquées  par 
l'ennemi,  on  nous  faisoit  travailler  pendant  tout  le 
jour  pour  nous  mettre  à  couvert  de  l'insulte. 

Un  jour,  me  promenant  sur  les  hauteurs  voisines 
de  Kundersthal,  je  m'aperçus  que  notre  général,  le 
chevalier  d'Asfeld,  étoit  fort  embarrassé  par  rapport 
à  un  retranchement  qu'il  vouloit  faire  tracer  sur  une 
de  ces  hauteurs  :  il  y  avoit  plusieurs  ingénieurs  avec 
lui  ;  les  uns  lui  conseilloient  d'une  manière,  les  autres 
combattoient  les  avis  des  premiers.  Surpris  de  cette 
dispute,  je  pris  la  liberté  de  leur  dire  :  «  Messieurs, 
«  vous  êtes  bien  embarrassés;  tracez  une  ligne  jus- 
«  qu'à  une  pointe  que  je  leur  montrai,  et,  par  là,  vous 
«  ferez  un  angle  saillant  qui  protégera  nos  retranche- 
«  ments  à  droite  et  à  gauche.  »  M.  d'Asfeld  se  rendit 
sur-le-champ  à  mon  opinion,  et  Messieurs  les  ingé- 
nieurs, et  on  y  fit  travailler  sur-le-champ.  Le  cheva- 
lier d'Asfeld  me  crut  un  grand  ingénieur^.  Cependant 
je  n'avois  jamais  étudié  dans  cette  matière  ;  mais  le 
seul  bon  sens  me  l'inspira  dans  ce  moment.  Il  seroit 
à  souhaiter  pourtant  que  tous  les  officiers  d'infanterie 

1.  Il  ne  semble  pas  que  M.  d'Asfeld  fût  si  ignorant  en  cette 
matière  :  sous  la  Régence,  il  fut  chargé  spécialement  des  forti- 
fications, d'abord  dans  le  conseil  de  la  guerre  et  ensuite  comme 
directeur,  et  Saint-Simon  loue  son  talent  et  son  mérite. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  251 

eussent  étudié  le  génie;  car  j'ai  remarqué  maintes  fois 
que  bien  des  officiers  particuliers,  et  même  des  offi- 
ciers généraux,  étoient  bien  embarrassés  lorsqu'ils 
étoient  dans  l'obligation  de  se  mettre  à  couvert  par 
des  retranchements  ;  il  faut  toujours  appeler  dans  ces 
moments  critiques  les  ingénieurs.  Tout  officier  d'in- 
fanterie doit  savoir  les  mathématiques.  Je  ne  com- 
prends point  l'esprit  de  nos  ministres  d'avoir  cassé 
les  compagnies  de  cadets^;  nous  avions  toujours 
remarqué  que  les  meilleurs  officiers  sortoient  de  ces 
compagnies.  Si  Messieurs  les  secrétaires  d'État  vou- 
loient  retrancher  une  partie  des  appointements  et  des 
pensions  des  premiers  commis  et  des  autres  commis 
de  la  guerre,  ils  auroientde  quoi,  et  du  surplus,  pour 
en  entretenir  plusieurs,  et  le  Roi  seroit  mieux  servi. 
Portrait  du  chevalier  d'Asfeld.  —  A  propos  du 
chevalier  d'Asfeld,  cet  homme  étoit  singulier  :  il  ne 
pouvoit  souffi^ir  qu'on  lui  fit  la  cour.  Les  officiers 
ordinairement  vont  chez  l'officier  général  un  peu 
auparavant  qu'il  donne  l'ordre;  on  s'y  rend  non  seu- 
lement pour  lui  faire  sa  cour,  mais  aussi  pour  savoir  les 
nouvelles.  Le  lendemain  que  nous  fûmes  arrivés  dans 
la  vallée  de  Saint-Pierre,  je  me  rendis  le  soir,  avec 
beaucoup  d'officiers,  chez  le  chevalier  d'Asfeld.  L'im- 
pertinent nous  fit  tous  sortir  de  chez  lui^.  Un  officier 
en  fut  si  piqué,  qu'il  s'écria  assez  haut  pour  le  lui 
faire  entendre  :  «  Je  croyois  ce  chevalier  d'Asfeld 
«  poli.  »  Un  autre  officier  lui  répliqua  plus  haut  : 
«  Bon,  cet  homme  n'est  ni  poli  ni  chevalier.  »  Il  avoit 

1.  Tome  I,  p.  8. 

2.  Saint-Simon  raconte  une  dispute  qu'il  eut  avec  Mélac  en 
1702  [Mémoires,  éd.  Boislisle,  t.  X,  p.  288-289). 


252  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

bien  raison  pour  ces  deux  qualités  :  la  politesse  ne  lui 
avoit  pas  été  donnée  en  partage,  et  il  étoit  le  fils  d'un 
marchand  de  Paris,  nommé  Bidal^  ;  tout  le  monde  le 
sait.  Malgré  cela,  il  est  très  bon  officier  général,  d'une 
grande  valeur  et  d'un  grand  détail*.  Sa  fantaisie  étoit 
que  l'on  fût  persuadé  qu'il  étoit  étranger,  et,  pour  ser- 
vir son  caprice,  il  n'avoit  que  des  Allemands  à  son 
service,  et  il  affectoit,  lorsqu'il  donnoit  à  manger,  de 
ne  leur  parler  qu'allemand. 

La  nuit  du  6  au  7,  on  fît,  à  l'attaque  de  la  ville, 
plusieurs  batteries  de  canon  et  de  mortiers  dans  la 
seconde  parallèle.  M.  d'Esquidy,  capitaine  des  gardes 
du  maréchal  de  Villars^,  fut  blessé  à  la  tête,  près  de 
son  maître;  il  étoit  Irlandois,  et  l'homme  du  monde  le 
plus  entendu  pour  les  sauvegardes  ^  Ce  même  jour, 
à  l'entrée  de  la  nuit,  je  marchai,  à  la  tête  de  cent  tra- 
vailleurs,  à  la  tranchée  devant  les   châteaux  ;   nous 

1.  Les  Bidal  étaient  des  marchands  de  la  rue  aux  Fers,  à 
Paris,  dont  l'un  fit  même  banqueroute  en  1658.  Le  père  du 
chevalier  d'Asfeld,  Pierre  Bidal,  fut  agent  général  de  Christine 
de  Suède  en  France,  Italie  et  Espagne,  et  fut  anobli  en  1653  par 
cette  princesse,  qui  lui  donna  la  baronnie  d'Asfeld  dans  le  duché 
de  Brème  ;  il  fut  ensuite  résident  de  France  à  Hambourg.  Le 
nom  d'Asfeld  fut  transporté  par  le  maréchal  sur  la  terre  de 
Jouy  en  Champagne. 

2.  Il  est  étonnant  que  notre  auteur,  écrivant  vers  1742, 
ne  dise  pas  que  le  chevalier  d'Asfeld  est  devenu  maréchal  de 
France  en  1734. 

3.  Les  Mémoires  de  Villars,  t.  III,  p.  159  et  219,  l'appellent 
M.  de  Squiddy  ou  Desguiddy,  et  l'éditeur  mentionne  quelques 
lettres  de  lui. 

4.  Cela  rentrait,  paraît-il,  dans  ses  fonctions  de  capitaine 
des  gardes  du  maréchal,  qui,  on  le  sait,  «  engraissa  son  Vaux  » 
avec  les  contributions  des  pays  ennemis. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  253 

fîmes,  avec  d'autres  détachements,  deux  zigzags  depuis 
la  seconde  parallèle,  l'un  pour  monter  au  fort  de 
l'Étoile  et  à  celui  de  Saint-Pierre,  et  l'autre  à  l'Escar- 
got ;  j'eus  six  hommes  de  mon  détachement  de  tués 
et  dix  de  blessés,  en  comptant  un  de  mes  sergents. 
Nos  tranchées  de  ce  côté-là  ne  nous  servoient  presque 
de  rien.  On  travailloit  sur  le  roc  vif,  et  nous  étions 
vus  depuis  la  tête  jusqu'aux  pieds.  Je  remarquai  que 
nos  canons  faisoient  beaucoup  de  bruit,  mais  peu 
d'effet. 

Sortie  de  la  ville.  —  La  nuit  du  7  au  8,  il  ne  se 
passa  rien  de  considérable,  ni  du  côté  de  la  ville,  ni  du 
côté  des  forts;  mais,  la  nuit  du  8  au  9,  les  ennemis, 
voulant  profiter  d'une  pluie  continuelle  qui  tomba 
pendant  presque  vingt-quatre  heures,  sortirent  de  la 
ville  à  la  petite  pointe  du  jour,  et  se  jetèrent  avec  pré- 
cipitation dans  nos  tranchées  de  la  droite.  Mais  M.  de 
Nangis,  maréchal  dé  camp,  y  fît  marcher  sur-le-champ 
tous  les  grenadiers  et  tous  les  piquets  de  la  droite,  qui 
les  repoussèrent  dans  leurs  palissades.  Le  désordre 
qu'ils  firent  dans  les  sapes  fut  bientôt  réparée 

Sortie  des  châteaux.  —  Le  soir,  ils  en  firent  une 
autre  du  château,  composée  de  quatre  cents  hommes, 
sur  la  gauche  de  la  sape,  où  étoient  les  compagnies  de 
grenadiers  de  Royal-Italien,  de  Sparre-  et  de  Bugey, 

1.  Sur  cette  sortie,  voyez  les  Mémoires  de  Villars,  p.  220,  la 
Gazette,  p.  504,  V Histoire  militaire,  p.  271-272,  et  les  Mémoires 
militaires,  p.  369-370.  C'était  M.  de  Lannion  qui  commandait 
la  tranchée. 

2.  Régiment  formé  en  1690  et  qui  prit  en  1742  le  nom  de 
Royal-Suédois.  Son  colonel,  depuis  1694,  était  Eric-Magnus 
TofTeta,  baron  de  Sparre. 


254  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

qui  plièrent;  mais  les  régiments  de  ces  compagnies 
vinrent  à  leur  secours,  et  ils  chassèrent  à  leur  tour  les 
assiégés.  Gomme  les  ennemis  avoient,  dans  leurs  sor- 
ties, la  hauteur  sur  les  assiégeants,  ils  culbutoient  tou- 
jours les  troupes  de  la  tête  de  la  tranchée.  Ils  firent 
encore  ce  même  jour  deux  autres  petites  sorties; 
mais  ils  furent  toujours  repoussés  dans  leurs  palis- 
sades. Nous  ne  laissâmes  pas  de  perdre  bien  du  monde 
dans  toutes  ces  actions.  Le  capitaine  des  grenadiers 
de  Sparre  y  fut  tué,  son  lieutenant  blessé,  aussi  bien 
que  le  capitaine  des  grenadiers  de  Bugey  et  plusieurs 
autres  officiers  blessés,  et  environ  quatre-vingts  gre- 
nadiers ou  soldats  de  tués  et  de  blessés.  Les  ennemis 
perdirent  aussi  beaucoup. 

La  nuit  du  9  au  10,  on  s'approcha  du  côté  des 
châteaux,  fort  près  du  chemin  couvert  de  l'Escargot, 
et,  du  côté  de  la  ville,  on  perfectionna  la  troisième 
parallèle,  qui  étoit  au  bas  du  glacis.  M.  de  Borde, 
enseigne  aux  gardes  françoises,  y  fut  tué.  Cette  même 
nuit,  je  ne  fus  pas  plus  tôt  endormi,  que  la  fumée  me 
fit  sortir  de  mon  lit.  Je  réveillai  sur-le-champ  mes 
deux  camarades  et  nos  domestiques.  Après  avoir 
cherché  inutilement  d'où  pouvoit  provenir  cette  fumée, 
nous  n'en  trouvâmes  point  la  cause  :  ce  qui  nous  fit 
remettre  dans  nos  lits;  mais  je  ne  fus  pas  plus  tôt 
dans  le  mien,  que  je  fus  obligé  d'en  sortir  et  de  réveil- 
ler une  seconde  fois  toute  la  maison.  Il  étoit  temps; 
car  le  feu  étoit  dans  les  fourrages,  dans  une  chambre 
près  de  la  mienne.  Après  avoir  fait  sortir  mes  che- 
vaux et  mon  petit  équipage,  je  fis  travailler  si  promp- 
tement  à  le  faire  éteindre,  que  j'en  vins  à  bout.  Si 
mon   sommeil  avoit  été  plus  lourd  et  plus  pesant, 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  255 

nous  aurions  tous  été  brûlés  et  étouffés  comme  des 
renards  dans  leurs  tanières.  Fenestre,  un  de  mes 
camarades,  avoit  fait  mettre  imprudemment  ses  four- 
rages dans  cette  chambre,  où  le  derrière  du  poêle 
donnoit.  Je  puis  dire  que  mes  camarades  et  tous  les 
valets  m'eurent  obligation  de  la  vie  ;  car  cette  maison 
étoit  construite  de  bois,  et  elle  étoit  remplie  de  four- 
rages. 

La  nuit  du  10  au  H ,  la  troisième  parallèle  étant 
entièrement  perfectionnée,  on  poussa  des  zigzags  sur 
les  trois  capitales^,  et  on  tâcha  d'envelopper  la  lunette 
qui  étoit  sur  notre  droite  en  deçà  du  chemin  couvert. 
Cet  ouvrage  nous  incommodoit  infiniment  et  nous  fit 
périr  bien  du  monde. 

Gomme  l'attaque  du  côté  des  châteaux  devenoit 
plus  sérieuse  à  mesure  que  nous  avancions,  le  maré- 
chal de  Villars  ordonna  qu'il  y  auroit  dorénavant  un 
niaréchal  de  camp  au  lieu  d'un  brigadier,  et  qu'on  aug- 
menteroit  les  troupes  de  la  tranchée  d'un  bataillon  : 
ainsi  quatre  bataillons.  Il  n'y  avoit  presque  point  de 
jour  que  le  gouverneur  ne  fit  faire  des  sorties,  ce  qui 
retardoit  considérablement  nos  approches. 

La  nuit  du  11  au  12,  il  y  eut  une  sortie  du  côté  de 
la  ville;  mais  nos  troupes  repoussèrent  les  assiégés 
bien  vite  dans  la  place.  Le  lendemain,  pendant  le  jour, 
on  avança  beaucoup  les  travaux,  et  les  batteries  de 
canon  qui  étoient  dans  la  seconde  parallèle  ne  discon- 
tinuèrent de  se  faire  entendre. 

A  l'égard  de  l'attaque  des  châteaux,  on  enveloppa 
par  la  sape  les  deux  faces  de  l'Escargot,  ce  qui  donna 

1.  Tome  II,  p.  19. 


256  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

lieu  au  chevalier  de  Pezeux,  maréchal  de  camp,  et  au 
comte  de  LavaP,  colonel  d'un  régiment  portant  son 
nom,  de  faire  une  grande  sottise  le  1 3  :  ils  firent  périr 
bien  des  braves  gens  très  mal  à  propos.  Ils  firent  atta- 
quer le  chemin  couvert  de  cet  ouvrage,  dont  les 
défenses  n'étoient  pas  assez  ruinées,  et  auparavant 
d'avoir  fait  éventer  la  mine  des  assiégés-. 

Il  seroit  du  service  de  ne  point  laisser  à  la  volonté 
et  au  caprice  des  officiers  généraux  de  jour  dans  les 
tranchées  de  faire  attaquer  ou  les  chemins  couverts 
ou  les  autres  ouvrages  des  places  que  nous  assiégeons; 
car  nous  pouvons  dire,  à  la  louange  de  la  plupart  de 
ces  Messieurs  (nous  ne  l'avons  que  trop  remarqué), 
qu'ils  sont  très  ignorants  lorsqu'ils  se  trouvent  de 
jour  dans  une  tranchée.  Us  veulent  cependant  faire 
parler  d'eux,  sans  savoir  s'ils  réussiront  oui  ou  non. 
Mon  cher  ami  le  chevalier  de  Pincé,  capitaine  des 
grenadiers  de  notre  régiment,  fut  la  victime  de  leur 
peu  de  capacité.  Pour  remédier  à  cet  abus,  il  seroit 
nécessaire  que  le  chef  des  ingénieurs  fût  appelé,  par 
les  officiers  généraux  des  tranchées,  pour  s'informer 
si  l'ouvrage  qu'on  veut  faire  attaquer,  est  en  état  de 
l'être.  Certainement,  cette  précaution  nous  sauveroit 
bien  du  monde,  et  on  ne  feroit  point  de  cacade. 

Le  chevalier  de  Pezeux,  voulant  se  rendre  maître 

1.  Guy-Claude-Roland  de  Montmorency,  comte  de  Laval, 
(1677-1751),  avait  eu  en  1702  un  régiment  de  son  nom,  et 
était  brigadier  depuis  1710.  Il  devint  maréchal  de  France  en 
1747. 

2.  Mémoires  militaires,  p.  272-273;  Histoire  militaire,  p.  273. 
Villars  [Mémoires,  p.  221)  qualifie  cette  affaire  de  «  très  sérieuse 
et  très  sanglante,  »  sans  blâmer  cependant  le  chevalier  de 
Pezeux. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  257 

du  chemin  couvert  de  l'ouvrage  de  l'Escargot,  fit  mar- 
cher les  deux  compagnies  de  grenadiers  et  les  piquets 
du  régiment  de  Laval  et  cinquante  dragons  pour  s'y 
loger.  Il  les  fit  suivre  par  deux  cents  travailleurs.  Les 
assiégés  se  retirèrent  à  leur  approche.  Nos  grenadiers 
et  nos  dragons  n'y  furent  pas  plus  tôt  établis,  que  les 
ennemis  firent  jouer  une  mine  qui  fit  sauter  une  par- 
tie des  grenadiers  et  enterra  l'autre  partie;  ensuite, 
sans  perdre  de  temps,  ils  sortent  du  fort,  et  ils 
attaquent  si  vivement  les  dragons,  qu'ils  les  culbutent 
les  uns  sur  les  autres.  Ainsi,  le  désordre  fut  très 
grand  dans  la  tranchée,  et  il  l'auroit  été  encore  davan- 
tage, si  mon  ami  Pina  n'eût  arrêté  les  assiégés  :  avec 
la  seule  compagnie  de  grenadiers,  il  soutint  leurs 
attaques  redoublées,  avec  une  si  grande  fermeté,  qu'il 
donna  le  temps  au  chevalier  de  Pezeux  de  venir  au 
secours  de  nos  gens  à  la  tête  des  deux  bataillons  de 
Laval,  et  il  poussa  à  son  tour  les  ennemis,  qui  se  reti- 
rèrent bien  vite  dans  leurs  palissades,  après  avoir 
laissé  beaucoup  de  leurs  soldats  tués  sur  la  place. 
Gomme  on  les  voyoit  de  bas  en  haut,  il  n'est  pas 
étonnant  de  la  perte  qu'ils  firent  ;  ils  restèrent  cepen- 
dant maîtres  de  l'entonnoir  qu'avoit  fait  la  mine  de 
leur  chemin  couvert.  La  perte  que  nous  fîmes  dans 
cette  action  fut  considérable.  Le  comte  de  Laval  eut 
la  mâchoire  fracassée,  tous  les  officiers  des  grenadiers 
et  les  grenadiers  de  son  régiment  furent  tous  tués  ou 
blessés.  Mon  ami  Pina  fut  tué  :  il  reçut  un  coup  de 
fusil  dans  la  poitrine;  sa  compagnie  étoit  auxiliaire. 
Il  semble  que  je  prévoyois  le  malheur  qui  devoit  lui 
arriver.  Auparavant  qu'il  partît  pour  se  rendre  dans  la 
tranchée,  je  l'embrassai  tendrement;  je  lui  souhaitai 
ni  17 


k 


258  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

un  bon  voyage,  et  je  ne  quittai  point  les  yeux  de  sur  lui 
que  lorsqu'il  disparut.  G'étoit  un  très  aimable  homme  ^, 
d'une  politesse  et  d'une  douceur  dans  la  société  des 
plus  charmantes.  Il  étoit  bon  ami,  et  il  aimoit  à  faire 
plaisir.  Dans  mon  dernier  voyage  à  Paris,  j'avois  tra- 
vaillé à  lui  faire  avoir  une  lieutenance  de  roi  :  il  avoit 
douze  mille  francs,  argent  comptant,  tout  prêts  à  con- 
signer^ pour  y  parvenir.  A  la  cour,  on  ne  réussit 
guère  sans  cette  précaution,  malgré  les  bons  services 
qu'un  officier  aura  rendus  au  Roi.  Nous  fîmes  enter- 
rer Pina  à  la  Chartreuse.  Les  religieux,  ayant  appris 
qu'il  étoit  parent  de  leur  général^,  lui  firent  un  ser- 
vice solennel,  où  tous  les  officiers  du  régiment  furent 
invités;  il  étoit  fils  d'un  conseiller  au  parlement  de 
Grenoble.  Son  frère,  doyen  du  chapitre  de  l'église  de 
Gap'^,  par  principe  de  conscience,  abandonna  un 
prieuré  considérable,  qui  étoit  près  de  cette  dernière 
ville,  à  sa  partie,  quoique  son  droit  étoit  incontestable, 
suivant  en  cela  le  conseil  de  saint  Paul,  qui  dit  qu'il 
faut  plutôt  abandonner  ce  qu'on  nous  demande  que 
de  plaider. 

La  nuit  du  13  au  14,  on  tâcha  de  réparer  autant 
qu'il  fut  possible  le  désordre  que  les  ennemis  avoient 
fait  dans  les  tranchées  des  châteaux  le  jour  auparavant. 

1.  Voyez  l'anecdote  qu'il  a  racontée  sur  son  compte  au  début 
de  la  présente  campagne  :  ci-dessus,  p.  213-214. 

2.  «  Consigner,  dit  le  Dictionnaire  de  Trévoux,  c'est  mettre 
une  somme  en  dépôt  entre  les  mains  de  la  justice  ou  de  quelque 
particulier  en  attendant  qu'on  la  délivre  en  temps  et  lieu  à  qui 
il  appartiendra.  » 

3.  Le  général  des  Chartreux  en  1713  était  dom  Antoine  de 
Montgeffbnd,  élu  en  1703  et  mort  en  1731. 

4.  Claude  de  Pina  :  tome  II,  p.  229. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  259 

A  l'égard  des  attaques  du  côté  de  la  ville,  le  maré- 
chal, pressé  par  la  saison  ^  et  les  fourrages  devenant 
de  jour  en  jour  plus  rares,  se  détermina  à  faire  faire 
toutes  les  dispositions  nécessaires  pour  l'attaque  du 
chemin  couvert  à  l'entrée  de  la  nuit  du  14  au  15, 
quoique  nous  en  étions  encore  fort  éloignés,  et  que 
même  les  défenses  de  la  place  n'étoient  pas  assez 
ruinées.  Il  arriva  le  14,  sur  les  cinq  heures  du  soir, 
dans  la  tranchée,  pour  mettre  en  exécution  ce  grand 
projet,  et  il  fit  la  disposition  suivante. 

Attaque  du  chemin  couvert  de  la  ville'^.  —  Le  mar- 
quis de  Vivans,  lieutenant  général  de  la  tranchée,  étoit 
chargé  de  l'attaque  de  la  droite  avec  douze  compa- 
gnies de  grenadiers,  soutenues  d'autant  de  piquets  et 
des  deux  bataillons  de  Poitou  et  des  deux  de  Royal- 
Roussillon.  M.  de  Monera^,  brigadier  des  armées  du 
Roi  et  lieutenant-colonel  du  régiment  d'Alsace,  com- 
mandoit  l'attaque  du  centre  avec  douze  autres  compa- 
gnies de  grenadiers,  douze  piquets  et  deux  bataillons 
du  régiment  d'Alsace,  et  M.  d'Orbessan^,  lieutenant- 

1.  La  neige  était  déjà  tombée  avec  abondance  [Mémoires  de 
Villars,  p.  223). 

2.  Sur  cette  opération,  voyez  les  Métnoires  militaires,  p.  373- 
378,  avec  une  lettre  très  détaillée  de  Villars,  écrite  le  jour 
même  au  Roi;  V  Histoires  militaire,  p.  274-278;  \a.Gazette,  p.  513- 
516;  les  Mémoires  de  Villars,  p.  221-223. 

3.  C'est  aussi  le  nom  que  donne  le  maréchal  de  Villars  dans 
sa  lettre  du  15  octobre  [Mémoires  militaires,  p.  375),  quoiqu'il 
ne  soit  pas  indiqué  dans  le  tableau  de  la  disposition  de  l'attaque 
(p.  644),  qui  est  d'ailleurs  très  difFérent. 

4.  C'était  un  gentilhomme  de  Gascogne,  capitaine,  puis  major 
au  régiment  du  Roi,  chevalier  de  Saint-Louis  en  mars  1704, 
fait  brisradier  en  mars  1711.  —  La  Gazette  dit  :  M.  d'Ormesson. 


260  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

colonel  du  régiment  du  Roi  et  brigadier,  étoit  chargé 
de  l'attaque  de  la  gauche  avec  douze  compagnies  de 
grenadiers,  autant  de  piquets  et  les  deux  autres 
bataillons  d'Alsace.  M.  de  Gharmont,  brigadier  des 
ingénieurs \  avoit  la  direction  des  logements  de  la 
droite,  M.  de  Celle  du  centre,  et  M.  d'Estoflés^  de 
la  gauche.  Les  princes  et  la  plus  grande  partie  des 
officiers  généraux  se  rendirent  aussi  dans  les  tran- 
chées pour  être  témoins  de  l'action,  une  des  plus 
sérieuses,  des  plus  hardies,  pour  ne  pas  dire  témé- 
raires, et  des  plus  brillantes  qui  se  soient  passées  dans 
le  cours  de  cette  guerre. 

Outre  les  troupes  ordinaires  de  la  tranchée,  le  maré- 
chal avoit  fait  venir  à  la  queue  deux  brigades  d'infan- 
terie et  cinq  cents  hommes  de  celle  de  Picardie,  afin 
de  s'en  servir  lorsqu'il  en  auroit  besoin.  Pendant  que 
nous  dînions,  nous  apprîmes,  dans  notre  camp  de  la 
vallée  de  Saint-Pierre,  qu'on  devoit  attaquer  le  chemin 
couvert  :  nous  pressâmes  notre  repas  pour  monter  au 
plus  tôt  à  cheval,  afin  de  nous  rendre  sur  la  hauteur  ♦ 
de  la  chapelle  des  Mille ^,  lieu  renommé  depuis  les 
combats  que  le  grand  prince  de  Gondé  y  donna  contre 
le  général  Mercy^,  le  3  et  le  5  du  mois  d'août  1644, 
où  les  Bavarois  furent  défaits  ^  Nous  étions  bien  deux 
mille  officiers,  tant  de  l'armée  du  maréchal  de  Villars 


1.  De  la  famille  des  Hennequin  de  Paris;  il  avait  été  blessé 
grièvement  devant  Nice  en  décembre  1705. 

2.  V Histoire  militaire  l'appelle  :  M.  des  Estoflés. 

3.  Ci-dessus,  p.  242. 

4.  François,  baron  de  Mercy,  tué  à  Nordlingue  en  1645. 

5.  Bataille  de  Fribourg  [Histoire  des  princes  de  Condé,  t.  IV, 
p.  317-335). 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  261 

que  des  autres  camps,  sur  cette  hauteur  :  ce  qui  devoit 
naturellement  donner  à  penser  aux  assiégés  qu'il 
alloit  se  passer  quelque  affaire  des  plus  importantes; 
il  est  à  présumer  cependant  qu'ils  n'y  firent  aucune 
attention,  comme  on  pourra  le  remarquer  dans  la 
suite. 

Sur  les  six  heures  du  soir,  nous  vîmes  paroître  le 
signal  donné,  qui  étoit  douze  bombes  tirées  en  même 
temps.  Il  est  à  remarquer  que  les  Impériaux  s'atten- 
doient  si  peu  à  cette  attaque,  que,  dans  le  moment 
que  nos  troupes  marchoient  au  chemin  couvert,  ils 
faisoient  une  sortie  de  douze  cents  hommes,  lesquels 
se  trouvèrent,  pour  ainsi  dire,  nez  à  nez  avec  nos  gre- 
nadiers^. 

Les  douze  bombes  ne  furent  pas  plus  tôt  tombées, 
que  nous  vîmes  et  entendîmes  un  feu  d'enfer  de  part 
et  d'autre;  comme  nous  étions  sur  le  flanc,  nous 
voyions  distinctement  celui  qui  partoit  de  nos  troupes 
et  celui  qui  partoit  des  assiégés.  Les  bombes,  les 
grenades  remplissoient  l'air  continuellement,  le  bruit 
du  canon  et  de  la  mousqueterie  ne  cessoit  de  se  faire 
entendre.  Jamais  feu  d'artifice  n'a  été  exécuté  avec 
une  si  grande  rapidité  :  spectacle  surprenant  et  magni- 
fique, mais  en  même  temps  horrible.  Nous  nous 
disions  :  «  Combien  de  nos  ennemis  et  de  nos  pauvres 
camarades  sont  tués  présentement  !  Combien  d'estro- 
piés pour  toute  leur  vie!  »  Plus  le  combat  duroit,  et 
plus  nos  inquiétudes  augmentoient.  Nous  nous  aper- 
cevions que  les  ennemis  faisoient  un  feu  continuel  de 
la  lunette  et  que  les  grenades  en  sortoient  toujours 

1.  Cette  sortie  était  commandée  par  M.  de  Wettersheim. 


262  MÉMOIRES  [Oct.  1713J 

avec  vivacité;  aussi  nos  grenadiers  en  furent- ils 
repoussés  à  toutes  les  attaques  qu'ils  y  firent,  quoique 
nos  troupes,  après  avoir  renversé  les  douze  cents 
hommes  qui  composoient  leur  sortie  dont  il  a  été 
parlé,  s'étoient  emparés  du  chemin  couvert,  et  qu'on 
eût  rompu  la  communication  de  cette  lunette  avec  la 
place.  L'attaque  de  cet  ouvrage  dura  quatre  heures. 
Les  assiégés  qui  le  défendoient  repoussoient  nos  gre- 
nadiers, non  seulement  par  un  feu  continuel  de  mous- 
queterie  et  de  grenades,  mais  aussi  avec  des  faulx 
emmanchées  à  revers  S  avec  la  baïonnette  au  bout  du 
fusil,  et  à  coups  d'espontons  et  de  hallebardes.  Nos 
généraux,  voyant  nos  grenadiers  pour  ainsi  dire 
presque  rebutés,  firent  marcher  le  régiment  de  Poi- 
tou, dont  M.  du  Montai-  étoit  colonel,  qui  eut  la  gloire 
d'emporter  cet  ouvrage.  Presque  toutes  les  troupes 
qui  étoient  dedans  furent  massacrées.  Cependant,  le 
lieutenant-colonel  qui  avoit  fait  une  si  belle  défense 
eut  le  bonheur  de  tomber  entre  les  mains  de  nos  offi- 
ciers, qui  lui  sauvèrent  la  vie^.  Il  étoit  bien  dix  heures 
lorsqu'on  s'empara  de  cet  ouvrage.  Ainsi,  voyant  le 
feu  cessé  de  part  et  d'autre,  nous  nous  en  retour- 
nâmes dans  notre  camp;  il  étoit  minuit  lorsque  nous 
y  arrivâmes.  Il  falloit  faire  un  grand  détour  pour  évi- 
ter de  ne  pas  passer  près  de  la  ville. 

Le  lendemain,  nous  apprîmes  la  perte  considérable 
que  nous  avions  faite  :  des  trente-six  capitaines  des 

1.  Yi' Histoire  militaire  donne  seule  ce  détail. 

2.  Charles-Louis  de  Montsaulnin,  comte  du  Montai,  colonel 
du  régiment  de  Poitou  en  1702,  brigadier  depuis  1710,  parvint 
en  1734  au  grade  de  lieutenant  général. 

3.  Il  s'appelait  Tellier. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  263 

grenadiers,  il  y  en  eut  vingt-huit  de  tués  sur  la  place 
et  quatre  blessés  dangereusement,  autant  des  lieute- 
nants et  des  sous-lieutenants,  et  à  proportion  des  gre- 
nadiers et  des  autres  troupes.  Jamais  action  n'a  été  si 
meurtrière  :  une  bataille  ne  nous  auroit  pas  coûté  tant 
de  sang^.  Cela  n'est  pas  étonnant,  puisque  les  assiégés 
avoient  posté  sur  leur  rempart  et  dans  les  ouvrages 
extérieurs  la  plus  grande  partie  de  leurs  troupes. 
Leur  chemin  couvert  en  étoit  rempli,  afin  de  favoriser 
la  sortie  des  douze  cents  hommes. 

Si  nous  perdîmes  bien  du  monde,  les  ennemis  en  per- 
dirent considérablement  ;  car  non  seulement  presque 
tous  les  douze  cents  hommes  dont  la  sortie  étoit 
composée  furent  tués  ou  culbutés  dans  le  fossé,  mais 
aussi  ceux  qui  étoient  dans  le  chemin  couvert  et  dans 
la  lunette  furent  massacrés.  Le  maréchal  de  Villars  fut 
blessé  d'un  coup  de  pierre  sur  les  reins;  il  en  fut 
pour  une  grande  douleur,  qui  n'eut  pas  de  suite  2; 
le  comte  de  Groissy,  lieutenant  général,  eut  le  bras 
percé  d'un  coup  de  fusil;  le  duc  de  Fronsac^,  aide 


1.  Les  Mémoires  de  Villars  disent  deux  mille  hommes,  ce  qui 
est  exagéré  ;  le  chiffre  officiel  est  quinze  cents  hommes,  dont 
cent  quatre-vingt-trois  officiers  [Histoire  militaire,  p.  227).  La 
Gazette  d' Amsterdam  (n°Lxxxvii)  dit  mille  hommes,  et  deux  cents 
seulement  du  côté  des  assiégés,  ce  qui  est  manifestement  au- 
dessous  de  la  vérité. 

2.  Le  coup  fut  tellement  violent,  que  les  habits  du  maréchal 
étaient  percés  [Mémoires  de  Villars,  p.  222). 

3.  Louis-François-Armand  de  Vignerot  (1696-1788),  d'abord 
titré  duc  de  Fronsac,  puis  duc  de  Richelieu  à  la  mort  de  son 
père  (1715),  devint  maréchal  de  France  en  1748.  Il  venait  de 
passer,  en  1711-1712,  quatorze  mois  à  la  Bastille,  pour  ses 
écarts  de  conduite. 


264  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

de  camp  du  maréchal,  blessé  légèrement;  M.  de  Con- 
tades,  major  général,  blessé  légèrement.  Les  quatre 
capitaines  des  grenadiers  d'Alsace  y  furent  tués.  Ce 
régiment  se  comporta  avec  une  valeur  et  une  intrépi- 
dité admirable  :  aussi  perdit-il  si  considérablement,  que 
le  maréchal  de  Villars  voulut  l'exempter  de  faire  le 
service  le  reste  de  la  campagne;  mais  ce  brave  régi- 
ment voulut  le  continuer  comme  auparavant. 

Plusieurs  personnes  blâmèrent  M.  de  Villars  d'avoir 
fait  attaquer  le  chemin  couvert  de  vive  force,  ce  qui 
nous  avoit  fait  perdre  bien  quatre  mille  hommes''  ; 
mais,  pour  peu  que  l'on  fasse  réflexion  à  la  situation 
où  nous  étions  par  rapport  à  la  saison  avancée,  au 
peu  de  fourrages  que  nous  avions,  et  aux  vivres  qui 
commençoient  à  nous  manquer,  on  excusera  facile- 
ment ce  général.  Il  étoit  de  la  dernière  conséquence 
de  s'emparer  de  cette  place,  afin  de  venir  au  but 
que  nous  souhaitions  depuis  longtemps,  qui  étoit 
d'obliger  l'Empereur  à  faire  la  paix^. 

Le  lendemain  de  cette  action,  qui  étoit  le  15,  le 
gouverneur  envoya  une  lettre,  à  la  petite  pointe  du 
jour,  par  un  tambour,  au  maréchal  de  Villars,  pour  le 
supplier  de  lui  accorder  une  suspension  d'armes  de 
quatre  heures  pour  retirer  ses  blessés  et  faire  enter- 
rer les  morts  :  ce  qui  fut  accordé  sur-le-champ.  Pen- 
dant cette  suspension,  nous  re.tirâmes  nos  blessés  et 
nous  fumes  enterrer  nos  morts. 

Le  16,  il  ne  se  passa  rien  d'extraordinaire,  tant  à 
la  ville  qu'aux  châteaux. 

1.  Voy.  ci-dessus,  p.  263,  n.  1,  le  montant  exact  des  pertes. 

2.  C'est  dans  l'ouvrage  de  son  frère,  p.  278,  que  notre  auteur 
prend  ces  considérations. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  265 

Le  17,  le  camp  de  M.  d'Asfeld  coucha  sous  les 
armes  par  rapport  à  la  nouvelle  que  ce  général  reçut 
que  le  prince  Eugène  s'étoit  avancé  à  la  tête  d'un 
gros  détachement  de  son  armée  pour  tâcher  de  faire 
entrer  un  secours  dans  la  place;  mais,  comme  il 
apprit  que  les  troupes  qui  composoient  le  camp  de  la 
vallée  de  Saint-Pierre  étoient  fort  alertes,  il  se  retira 
à  Rothweil,  qui  étoit  toujours  son  quartier  général. 

Ce  même  jour  1 7,  notre  régiment  monta  la  tranchée 
devant  les  châteaux.  Pendant  le  dîner  chez  l'officier 
général  de  tranchée,  la  conversation  tomba  sur  la 
sortie  que  les  ennemis  avoient  faite  le  13,  où  je  per- 
dis mon  ami  Pina.  M.  d'Esclimont,  colonel  d'un  régi- 
ment de  dragons^  et  frère  du  marquis  de  Fervacques-, 
eut  l'imprudence  de  dire  que,  de  la  maison  où  il  étoit 
logé,  il  avoit  vu  les  moutons  abandonner  précipitam- 
ment les  tranchées,  voulant  dire  par  cette  expression 
que  nos  fantassins  avoient  lâché  le  pied.  Sur-le-champ, 
je  lui  répliquai  :  «  Comment  donc.  Monsieur,  est-ce 
c(  que  la  toison  des  moutons  est  rouge ^  présente- 
c(  ment?  »  Tout  le  monde  se  mit  à  rire  de  ma  pensée  : 
ce  qui  déconcerta  si  fort  mon  colonel,  qu'il  ne  répon- 
dit pas  le  mot.  Véritablement,  c'étoit  le  détachement 
de  dragons,  qui  y  étoit  alors  de  tranchée,  qui  avoit 
pris  seul  la  fuite.  Tout  le  monde  en  étoit  instruit.  Il 

1.  Auguste-Léon  de  Bullion  d'Esclimont,  chevalier  de  Malte 
en  1697,  avait  un  régiment  de  dragons  depuis  juillet  1709;  il 
devint  lieutenant  général  au  gouvernement  de  Guyenne  en 
1725,  et  mourut  le  3  février  1769,  à  soixante-dix-sept  ans.  On 
l'appelait  plutôt  le  chevalier  de  Bonnelles. 

2.  Tome  II,  p.  344. 

3.  L'uniforme  des  dragons  était  rouge. 


266  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

n'est  pas  honnête  ni  poli,  et  même  il  est  très  dange- 
reux d'attaquer  en  public  un  corps  sur  la  valeur:  on 
se  fait  certainement  bien  vite  des  affaires. 

Pendant  cette  tranchée,  nous  perdîmes  plusieurs 
soldats  du  régiment  et  un  sous-lieutenant  de  nos  com- 
pagnies de  grenadiers.  Il  étoit  depuis  quarante  ans 
dans  le  régiment;  de  soldat  il  étoit  devenu  officier; 
c'étoit  un  très  brave  homme  :  nous  l'avons  beaucoup 
regretté.  Il  s'appeloit  du  Buisson,  et,  auparavant 
d'être  officier,  La  Débauche. 

Du  côté  de  la  ville,  on  fît  plusieurs  batteries  sur  la 
crête  du  chemin  couvert,  afin  de  battre  en  brèche  la 
demi-lune  et  le  corps  de  la  place.  Ce  même  jour,  on 
travailla  à  faire  écouler  les  eaux  qui  étoient  dans  le 
fossé. 

La  nuit  du  18  au  19,  les  mineurs  travaillèrent  à 
faire  sauter  la  contrescarpe. 

Pour  nous,  de  notre  côté,  nous  n'avancions  ni  recu- 
lions. On  y  étoit  seulement  occupé  à  tâcher  de  se 
mettre  à  couvert  dans  les  tranchées  ;  car  on  y  étoit  vu 
depuis  la  tête  jusqu'aux  pieds,  comme  je  l'ai  dit 
ci-devant  1. 

Les  tranchées  du  19,  du  %0,  du  211  se  passèrent 
tranquillement  aux  deux  attaques. 

Le  22,  du  côté  de  la  ville,  on  travailla  à  la  descente 
du  fossé;  on  fît  deux  ponts,  qui  avoient  chacun  trente 
pieds  de  largeur,  pour  aller  à  la  demi-lune,  et  deux 
autres  de  même  largeur  pour  nous  conduire  aux  deux 
bastions  attaqués. 

1.  Ci-dessus,  p.  253. 


[Oct.  1713]  DU   CHEVALIER  DE  QUINCY.  267 

Ce  même  jour  22,  Monsieur  le  Duc^  nous  fit  l'hon- 
neur de  monter  la  tranchée  devant  les  châteaux;  il 
donna  un  dîner  et  un  souper  magnifiques.  Il  fit  beau- 
coup de  libéralités  aux  soldats.  C'est  dans  ces  occa- 
sions-là qu'il  est  nécessaire  qu'un  prince  du  sang 
ouvre  bien  sa  bourse.  On  occupa  ce  jour-là  une 
redoute  que  les  ennemis  avoient  abandonnée  au  bas 
du  château,  près  de  la  rivière. 

Le  23,  24  et  25  furent  employés  du  côté  de  la  ville 
à  faire  nos  quatre  ponts  et  à  faire  écouler  les  eaux. 
Nos  six  batteries  de  canon  et  les  six  mortiers  qui 
étoient  sur  la  crête  du  chemin  couvert  ne  disconti- 
nuoient  point  de  se  faire  entendre  :  aussi  les  brèches 
aux  deux  bastions  se  formoient  visiblement,  ce  qui 
donna  occasion  au  maréchal  de  Villars  de  faire  som- 
mer le  gouverneur  de  ne  point  attendre  que  les  ponts 
fussent  achevés  pour  rendre  la  place  ;  mais  le  baron 
d'Arsch  lui  fit  réponse  qu'il  avoit  encore  bien  du 
temps  à  faire  ses  réflexions,  et  qu'il  l'emploieroit  pour 
tâcher  de  mériter  son  estime. 

Les  travaux  devant  les  châteaux  avançoient  si  peu, 
que  nous  étions  tous  persuadés  que  nous  ne  les  pren- 
drions jamais  par  cette  attaque.  M.  de  Vauban  avoit 
eu  raison  de  dire  au  Roi,  auparavant  de  faire  cons- 
truire ces  forts,  qu'il  les  rendroit  si  inattaquables, 
qu'il  faudroit  une  armée  d'aigles  pour  les  prendre^. 

On  employa  le  26  et  le  27  aux  mêmes  travaux. 
Le  28  enfin,  le  canal  que  M.  de  Valori  avoit  fait  faire 

1.  Ci-dessus,  p.  209. 

2.  C'est  en  1680-1681  que  Vauban  a  dirigé  la  construction 
des  fortifications  de  Fribourg. 


268  ■  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

fut  en  état  de  recevoir  les  eaux  du  fossé.  Ainsi,  plus 
d'obstacles  pour  nos  ponts,  qui  furent  achevés  le  30. 

Ce  jour-là,  on  fit  jouer  une  mine  sous  le  chemin 
couvert  de  l'Escargot,  laquelle  fit  l'effet  dont  on  s'étoit 
proposé.  Nos  grenadiers  s'y  logèrent. 

Attaque  de  la  demi-lune^.  —  Le  31 ,  le  maréchal  se 
rendit  de  grand  matin  dans  la  tranchée  du  côté  de  la 
ville;  il  n'y  fut  pas  plus  tôt  arrivé,  qu'il  fit  attaquer  la 
demi-lune  par  les  compagnies  de  grenadiers  des  régi- 
ments de  Tallard  et  de  Berry,  suivies  de  ces  deux 
régiments.  Le  baron  d'x\rsch  avoit  ordonné  à  l'offi- 
cier qui  y  commandoit  de  se  défendre  jusqu'à  la  der- 
nière extrémité,  et,  pour  l'empêcher  de  se  retirer 
avec  les  troupes  qui  étoient  dedans,  il  fit  rompre  le 
pont  de  communication  de  la  ville  à  l'ouvrage. 

Après  quelque  résistance  de  la  part  des  ennemis, 
nos  grenadiers  y  entrèrent,  et  ils  s'emparèrent  en 
même  temps  du  réduit  qui  étoit  à  la  gorge,  environné 
d'un  fossé  bien  revêtu.  Les  deux  cent  cinquante 
hommes  qui  défendoient  les  deux  ouvrages  furent 
tous  ou  tués,  ou  blessés,  ou  faits  prisonniers.  De  notre 
côté,  nous  eûmes  un  ingénieur  de  tué  et  plusieurs  de 
blessés.  On  ne  perdit  point  de  temps  à  s'y  loger.  Mal- 
gré le  grand  feu  de  canon  et  de  mousqueterie  qui 
sortoit  des  remparts,  le  logement  fut  parfait  au  bout 
de  deux  heures.  L'intention  du  maréchal  avoit  été 
d'attaquer  les  deux  bastions  en  même  temps  que  la 
demi-lune;  mais,  ayant  appris  qu'un  coup  de  vent 
avoit  rompu  le  pont  qui  conduisoit  au  bastion  de  la 

1.  Voyez  V Histoire  militaire,  p.  284,  et  les  Mémoires  de 
Villars,  p.  225. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  269 

gauche^,  il  jugea  à  propos  de  suspendre  cette  attaque 
jusqu'à  tant  que  cet  inconvénient  fût  réparé.  On  y 
travailla  pendant  quatre  heures,  pendant  lequel  temps 
il  fit  les  dispositions  nécessaires  pour  faire  donner 
l'assaut  général^.  Il  fit  venir  cent  quarante  compagnies 
de  grenadiers;  soixante  bataillons  dévoient  les  soute- 
nir. Dans  le  moment  que  nos  troupes  s'ébranloient 
pour  marcher  aux  brèches,  le  maréchal  fut  averti 
qu'il  paroissoit  deux  drapeaux  blancs  sur  le  rempart. 
La  marche  de  nos  grenadiers  fut  arrêtée.  Quelque 
temps  après,  il  arriva  un  bourgeois  de  la  ville  dans 
la  tranchée;  il  étoit  chargé  d'une  lettre  du  gouverneur, 
par  laquelle  il  supplioit  notre  général  d'accorder  sa 
protection,  non  seulement  à  la  ville  et  aux  soldats  bles- 
sés et  malades,  mais  à  ceux  qui  se  portoient  bien 
qu'il  avoit  été  obligé  de  laisser  dans  la  place,  le  tout 
au  nombre  de  trois  mille  hommes,  sans  compter  les 
femmes,  les  enfants  et  les  valets  des  officiers,  et  les 
femmes  des  soldats,  les  vivandiers  et  toutes  les  autres 
personnes  qui  suivoient  les  troupes-^. 

Sur-le-champ  le  maréchal  fit  marcher  le  régiment 
des  gardes  françoises^,  qui  s'emparèrent  des  portes  et 
des  postes  de  la  ville.  Ce  régiment  fut  suivi  quelque 
temps  après  des  régiments  de  Bourbonnois,  de  Limou- 
sin, de  Royal-Comtois  et  de  Lorraine,  qui  se  postèrent 

1.  Mémoires  militaires,  p.  390. 

2.  Ce  récit  est  entièrement  conforme  à  celui  de  V Histoire 
militaire  du  marquis  de  Quincy,  p.  285. 

3.  Mémoires  de  Villars,  p.  225-226  et  353;  Gazette  d'Ams- 
terdam, Extraord.  xc. 

4.  C'était  le  privilège  des  gardes  françaises  d'entrer  les  pre- 
miers dans  les  places  prises. 


270  MÉMOIRES  fOct.  1713] 

sur  les  remparts.  Le  chevalier  d'Asfeld  et  M.  de  Silly 
furent  chargés  d'y  commander.  Ces  troupes  établies, 
le  maréchal  fit  son  entrée.  Les  magistrats  se  trou- 
vèrent à  la  porte  par  où  il  devoit  entrer.  Ils  lui  pré- 
sentèrent à  genoux  les  clefs  de  la  ville,  et  ensuite  ils 
implorèrent  sa  clémence,  car  ils  craignoient  avec  rai- 
son que  le  maréchal  n'abandonnât  la  ville  au  pillage; 
mais  il  les  rassura  en  leur  disant  qu'ils  n'avoient  rien 
à  appréhender,  tant  pour  leur  vie  que  pour  leurs 
biens,  mais  il  exigea  d'eux  deux  millions  de  livres 
de  France,  pour  se  racheter  du  pillage  ^ 

Le  baron  d'Arsch,  homme  fin  et  rusé,  persuadé 
que  sa  ville  seroit  emportée  d'assaut,  et  voulant 
l'abandonner,  fit  entendre  aux  officiers  et  aux  soldats 
qu'il  étoit  obligé  d'y  laisser,  et  aux  magistrats  et  aux 
bourgeois,  qu'il  étoit  dans  le  dessein  de  nettoyer 
entièrement  les  tranchées  devant  les  châteaux,  et  que, 
pour  bien  exécuter  son  projet,  il  étoit  nécessaire 
qu'il  se  servît  non  seulement  de  tous  ses  grenadiers, 
mais  encore  des  meilleures  troupes  qu'il  pouvoit  avoir 
et  qui  étoient  le  plus  en  état  d'agir.  Lorsque  toutes 
ces  troupes  furent  entrées  dans  les  forts,  il  fit  venir 
les  magistrats,  et  il  leur  dit  de  faire  une  capitulation 
la  plus  avantageuse  pour  la  ville  qu'ils  pourroienl,  et 
il  leur  confia  son  projet.    Son   dessein   étoit  de   se 

i.  Villars,  dans  ses  Mémoires  (p.  226),  dit  seulement  «  un 
million  de  livres  au  profit  du  Roi,  »  et  ce  chiffre  est  confirmé 
par  V Histoire  militaire,  p.  285,  et  les  Mémoires  militaires, 
p.  391  ;  mais,  étant  donnée  la  rapacité  bien  connue  du  maréchal, 
on  peut  penser  que,  s'il  demanda  un  million  pour  le  Roi,  il 
n'eut  garde  de  s'oublier,  et  que  le  chiffre  donné  par  notre  che- 
valier doit  être  le  chiffre  exact  de  ce  que  la  ville  eut  à  payer. 


[Oct.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  271 

défendre  dans  les  châteaux  jusqu'à  la  dernière  extré- 
mité, d'autant  plus  qu'il  n'étoit  que  trop  bien  informé 
que  les  vivres  et  les  fourrages  commençoient  à  deve- 
nir rares  dans  notre  armée,  ce  qui  nous  auroit  obligés 
dans  la  suite  d'abandonner  la  ville  '  ;  mais  il  avoit  à 
faire  à  un  général  qui  n'étoit  point  dupe,  et  qui  savoit 
parfaitement  bien  les  droits  de  la  guerre.  Il  lui  envoya 
M.  de  Gontades  pour  lui  dire  que,  s'il  vouloit  lui 
remettre  tous  les  forts,  il  lui  donneroit  une  capitula- 
tion telle  qu'il  pouvoit  souhaiter;  mais,  en  même 
temps,  M.  de  Gontades  eut  ordre  de  lui  dire  que,  s'il 
n'acceptoit  point  sa  proposition,  il  alloit  premièrement 
faire  sauter  toutes  les  fortifications  de  la  ville;  qu'il 
l'abandonneroit  à  la  fureur  du  soldat;  ensuite,  qu'il  y 
feroit  mettre  le  feu  ;  qu'il  alloit  faire  mettre  tous  ses 
soldats  blessés,  malades  ou  non,  les  femmes,  les 
enfants  et  les  domestiques  dans  les  maisons  les  plus 
voisines  du  côté  qu'il  attaqueroit  le  château  ;  qu'il 
feroit  mettre  des  sentinelles  à  toutes  ces  maisons,  afin 
que  qui  que  soit  de  son  armée  ne  leur  donnât  des 
vivres  ;  qu'il  défendroit  sous  peine  de  la  vie  aux  sol- 
dats et  aux  bourgeois  de  leur  en  porter;  que  c'étoit 
à  lui  de  leur  en  fournir,  et  de  ses  forts;  sinon,  que  ces 
malheureux,  pauvres  victimes  de  son  opiniâtreté, 
seroient  non  seulement  exposés  à  périr  par  le  feu  de 
ses  propres  canons  et  par  les  bombes,  mais  aussi  à 
mourir  de  faim;  enfin,  qu'il  lui  donnoit  vingt-quatre 

1.  Sur  la  difficulté  que  les  assiégeants  commençaient  à  éprou- 
ver pour  les  vivres  et  les  fourrages,  on  peut  voir  la  lettre  de 
Villars  au  ministre,  30  octobre,  reproduite  dans  les  Mémoires 
militaires,  p.  386. 


272  MÉMOIRES  [Oct.  1713] 

heures  pour  faire  ses  réflexions  et  prendre  son  parti  ^. 

Le  baron  d'Arsch,  qui  ne  s'attendoit  pas  à  un 
pareil  compliment,  et  connoissant  la  fermeté  du  maré- 
chal, lui  fit  demander  une  suspension  d'armes  pour 
cinq  jours,  afin  d'envoyer  au  prince  Eugène  un  offi- 
cier pour  lui  faire  part  de  sa  résolution.  Sa  demande 
lui  fut  accordée.  Il  envoya  au  général  de  l'Empereur, 
dont  l'armée  étoit  toujours  à  Rothweil,  M.  de  Walonk- 
lon^,  et  le  maréchal  envoya  M.  de  Gontades  à  la  cour 
pour  porter  au  Roi  la  nouvelle  de  la  prise  de  la  ville 
et  de  ce  que  le  maréchal  avoit  conclu  avec  le  gou- 
verneur. 

Le  même  jour  que  le  baron  d'Arsch  avoit  aban- 
donné la  ville  pour  se  rendre  dans  les  châteaux  et 
dans  les  forts  avec  la  plus  grande  partie  de  l'élite  de 
sa  garnison,  notre  régiment  montoit  la  tranchée.  On 
s'aperçut  à  une  heure  après  midi,  de  notre  tranchée, 
d'un  mouvement  extraordinaire  dans  les  châteaux  et 
dans  les  forts  :  ce  qui  nous  fit  présumer  que  les  enne- 
mis se  préparoient  à  faire  une  vigoureuse  sortie  sur 
les  troupes  qui  y  étoient.  Ils  firent  même  sortir 
quelques  grenadiers  pour  le  faire  croire.  Notre  colonel 
et  la  plupart  des  capitaines  du  régiment,  et  surtout 
ceux  qui  y  étoient  plus  anciens  que  moi,  étoient  des- 
cendus des  tranchées  pour  aller  dîner  chez  l'officier 
général,  qui  donnoit  son  repas  à  la  queue  de  la  tran- 
chée. Je  ne  me  ressouviens  plus  de  la  raison  pour 

1.  Voyez  les  Mémoires  de  Villars,  p.  226-227,  où  il  énumère 
les  menaces  qu'il  fit  faire  au  baron  d'Arsch. 

2.  Les  Mémoires  de  Villars  àistni  (p.  229)  Af.  de  Vactendonc, 
et  Y  Histoire  militaire  (p.  286)  :  M.  de  Wactendonck. 


[Nov.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  273 

laquelle  je  restai  dans  la  tranchée;  ainsi,  dans  ce 
moment,  je  me  trouvai  commander  le  régiment.  Je 
fis  ma  disposition  pour  recevoir  ces  messieurs  ;  mais, 
au  bout  d'un  certain  temps,  voyant  que  les  assiégés 
ne  paroissoient  plus,  j'envoyai  M.  de  Basfossé,  garçon- 
major,  à  la  sape  pour  savoir  ce  qui  se  passoit.  Gomme 
il  fut  quelque  temps  sans  revenir,  je  m'y  rendis  moi- 
même.  J'appris  que  le  détachement  des  ennemis  avoit 
paru  quelque  temps  sur  le  glacis  du  fort  de  l'Étoile, 
mais  qu'il  s'étoit  retiré.  Je  trouvai  M.  de  la  Fosse, 
lieutenant  d'une  compagnie  de  mineurs,  qui  me  fit 
voir  toutes  nos  mines  faites  dessous  le  chemin  cou- 
vert du  fort  de  l'Escargot.  Cet  officier,  quoique  bien 
jeune,  savoit  parfaitement  bien  son  métier.  Dans  le 
temps  que  je  revenois,  je  reçus  dans  le  haut  du  bras 
droit  une  balle  de  biscaïen  qui  me  culbuta  par  terre. 
J'entendis  dans  cet  instant  nos  grenadiers  qui  se 
mirent  à  crier  :  «  Ah  !  voilà  le  chevalier  de  Q[uincy] 
«  tué!  »  M.  de  Basfossé  et  M.  de  la  Fosse  me  rele- 
vèrent. Par  bonheur  pour  moi,  j'avois  sur  mon  habit 
un  surtout  dont  l'étoffe  très  épaisse  amortit  le  coup  ; 
cette  balle  avoit  percé  auparavant  un  blindage;  sans 
cela,  elle  m'auroit  fracassé  le  bras.  De  la  violence 
avec  laquelle  elle  me  jeta  par  terre,  la  garde  de  mon 
épée  s'aplatit  comme  un  écu.  Cependant,  je  n'en  fus 
que  pour  la  chute  et  quelques  coups  de  lancette  qu'on 
me  donna  dans  le  bras.  Ce  fut  le  dernier  coup  de  feu 
que  les  ennemis  tirèrent  ;  car  le  gouverneur  fit  battre 
la  chamade  pour  faire  faire  par  les  magistrats  de  la 
ville  la  proposition  dont  j'ai  parlé. 

Pendant  la  trêve,  qui  dura  dix  jours,  nous  travail- 
lâmes à  une  batterie  de  quarante  pièces  de  canon  du 

lli  \6 


Î74  MÉMOIRES  fNov.  1713] 

côté  de  la  porte  du  Secours,  pour  battre  le  château 
qui  est  le  plus  près  de  la  ville,  et  plusieurs  mortiers. 
On  fit  aussi  plusieurs  batteries  de  canon  et  de  mor- 
tiers sur  les  remparts,  sur  les  demi-lunes  et  sur  le 
chemin  couvert  du  côté  de  cette  porte. 

Le  sixième  jour  de  la  suspension  d'armes,  je  me 
rendis  au  château  pour  voir  M.  le  baron  Damnitz, 
capitaine  d'infanterie  dans  le  régiment  de  Neipperg, 
que  j'avois  vu  autrefois  à  Paris;  il  m'avoit  fait  faire 
des  compliments.  Après  m'avoir  donné  la  collation,  il 
me  fit  voir  tous  les  dedans  des  châteaux  et  des  forts, 
et  les  communications  qui  conduisent  aux  uns  et  aux 
autres  desdits  ouvrages.  La  garnison  étoit  encore  si 
nombreuse,  que  les  officiers  et  les  soldats  étoient  les 
uns  sur  les  autres;  la  plus  grande  partie  étoit  obligée 
de  coucher  à  la  belle  étoile.  Ces  troupes  auroient  souf- 
fert infiniment  de  nos  bombes  et  de  nos  pierres,  si 
M.  d'Arsch  n'eut  pas  capitulé  ^ 

Ce  gouverneur  fut  sur  le  point  de  rompre  la  trêve 
par  l'imprudence  des  officiers  des  régiments  allemands 
qui  sont  au  service  de  France.  Ces  Messieurs,  pour 
faire  leurs  recrues  plus  facilement,  débauchoient 
autant  qu'ils  pouvoient  les  soldats  de  la  garnison; 
cela  fut  porté  si  loin,  que  le  baron  d'Arsch  écrivit  au 
maréchal  de  Villars  pour  s'en  plaindre,  et  même  il 
lui  mandoit  par  sa  lettre  qu'il  romproit  la  suspension, 
s'il  ne  remédioit  à  ce  désordre.  Je  me  trouvai  dans 
le  moment  dans  la  maison  où  il  ~  logeoit  lorsqu'il  reçut 
cette  lettre;  il  nous  en  dit  le  contenu,  et,  après  nous 

1.  «  Il  n'est  pas  possible  que  tant  de  gens  pussent  tenir  dans 
de  si  petits  lieux  »  [Journal  de  Dangeau,  t.  XV,  p.  33). 

2.  Le  maréchal  de  Villars. 


[Nov.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  275 

avoir  exposé  les  suites  fâcheuses  de  cette  conduite,  il 
menaça  de  faire  casser  tout  officier  qui  continueroit 
cette  mauvaise  manœuvre;  et  puis,  adressant  la  parole 
au  chevalier  de  Bavière^,  il  lui  dit  :  «  Chevalier, 
«  empêchez  donc  les  officiers  de  votre  régiment  de 
«  débaucher  les  soldats  de  la  garnison  ;  vous  en  sentez 
«  aussi  bien  que  moi  les  conséquences.  » 

Ce  jour-là  même,  le  prince  de  Conti^,  fort  mahn 
de  son  naturel,  en  examinant  un  passeport  qu'on 
avoit  demandé  au  maréchal  :  «  Mais,  Monsieur  le 
«  Maréchal,  lui  dit-il,  vous  vous  nommez  Hector; 
«  c'est  le  nom  du  valet  de  carreau.  »  —  «  Il  est  vrai, 
«  lui  répondit  sur-le-champ  M.  de  Villars;  mais  c'est 
«  aussi  le  nom  d'un  grand  homme.  »  —  «  C'est  le 
«  vôtre,  »  lui  répliqua  le  prince.  Par  cette  réplique, 
il  répara  ce  qu'il  avoit  dit  d'abord. 

Prise  de  la  ville  et  des  forts  de  Fribourg.  —  Enfin, 
après  bien  des  voyages  que  fit  M.  de  Walonkton  à 
l'armée  ennemie,  le  prince  Eugène  ordonna  au  baron 
d'Arsch  d'accepter  les  conditions  du  maréchal  de 
Villars.  On  lui  accorda  tous  les  honneurs  de  la  guerre 
qui  s'accordent  ordinairement  à  un  gouverneur  qui 

1.  Fils  naturel  de  Max-Emmanuel  et  de  la  comtesse  d'Arco, 
Emmanuel-François-Joseph,  connu  sous  le  nom  de  chevalier 
de  Bavière,  était  entré  de  bonne  heure  au  service  de  France, 
et  commandait  depuis  1709  le  régiment  Royal-Bavière.  Briga- 
dier en  1719,  il  passa  en  Espagne  en  1721,  y  obtint  la  gran- 
desse,  et  fut  tué  à  Lawfeld  le  2  juillet  1747. 

2.  Louis-Armand  de  Bourbon  (1695-1727).  Il  venait  d'épouser 
peu  de  mois  auparavant,  contraint  et  forcé,  la  sœur  de  Mon- 
sieur le  Duc  (ci-dessus,  p.  209),  qui  lui-même  avait  épousé  le 
même  jour  M"®  de  Conti  [Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  1873, 
t.  X,  p.  54-61). 


276  MÉMOIRES  [Nov.  i713] 

s'est  défendu  au  mieux,  quatre  pièces  de  canon  et 
deux  mortiers  pour  lui  marquer  l'estime  générale 
qu'on  faisoit  de  sa  personne  par  rapport  à  la  belle 
défense  qu'il  avoit  faite.  Aussi  peut-on  dire  à  sa  gloire 
que  place  n'a  jamais  été  si  bien  défendue  par  nos 
ennemis  pendant  le  cours  de  cette  guerre. 

La  capitulation  fut  signée  le  16  novembre  par  le 
maréchal  de  Villars  et  par  le  baron  d' Arsch  ^ .  Le  len- 
demain, les  ennemis  nous  livrèrent  le  fort  Saint-Pierre 
et  le  fort  de  l'Étoile,  avec  le  petit  ouvrage  qui  est 
devant  la  porte  du  château. 

Le  19,  toute  notre  armée  se  rangea  en  bataille 
depuis  le  glacis  de  la  porte  de  Souabe  jusque  bien 
avant  dans  la  vallée  de  Saint-Pierre  ;  mais  deux  heures 
après,  elle  fut  envoyée  dans  son  camp,  le  baron 
d' Arsch  ayant  demandé  encore  vingt- quatre  heures 
pour  terminer  ses  affaires. 

Le  ^0,  la  garnison  sortit  de  bonne  heure;  elle  étoit 
au  nombre  de  sept  mille  hommes,  des  treize  mille  qui 
étoient  dans  la  ville  au  commencement  du  siège  ^.  Le 
gouverneur,  qui  étoit  incommodé  depuis  quelques 
jours,  étoit  dans  une  chaise  attelée  seulement  de  deux 
chevaux  ;  sa  cuisinière  étoit  derrière,  ayant  un  cha- 
peau à  l'allemande  sur  sa  tête.  Notre  armée  resta 
dans  son  camp  pendant  que  la  garnison  sortoit.  Je  la 
vis  défiler.  Un  fifre  d'un  régiment  jouoit  sur  son  ins- 
trument la  marche  des  mousquetaires  du  Roi.  Je  vou- 
lus donner  à  déjeûner  au  baron  Damnitz;  il  me  remer- 

1.  Le  texte  de  la  capitulation  est  donné  dans  les  Pièces  des 
Mémoires  militaires,  p.  645-647. 

2.  Ce  sont  les  chiffres  donnés  par  une  note  ajoutée  au  texte 
de  la  capitulation  [Mémoires  inililaires,  p.  647). 


[Nov.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  277 

cia  en  me  disant  qu'il  étoit  obligé  de  suivre  son  régi- 
ment. Après  bien  des  empressements  pour  qu'il  me 
fît  cet  honneur,  je  lui  souhaitai  un  bon  voyage  en 
l'embrassant  tendrement.  Je  n'ai  pas  entendu  parler 
de  lui  depuis. 

Le  duc  de  Fronsac  fut  envoyé  le  1 7  à  la  cour,  pour 
porter  au  Roi  la  nouvelle  de  la  prise  des  châteaux  et 
des  forts  * . 

Le  gouvernement  de  Fribourg  fut  donné  au  maré- 
chal de  Villars  ;  il  le  méritoit  bien,  non  seulement  par 
rapport  aux  grands  services  qu'il  avoit  rendus  au 
Roi  jusqu'à  présent,  mais  aussi  parce  qu'il  avoit  ce 
gouvernement  avant  la  paix  de  Ryswyk.  M.  de  Pélis- 
san  en  fut  nommé  lieutenant  de  roi;  M.  de  Bresson, 
capitaine  des  grenadiers  du  régiment  de  Poitou,  major; 
M.  de  Morville,  commandant  d'un  bataillon  de  Navarre, 
commandant  du  Château  et  du  fort  de  l'Aigle,  et 
M.  de  Gobert,  commandant  d'un  bataillon  de  Cham- 
pagne, commandant  du  château  de  Saint-Pierre  et  du 
fort  de  l'Étoile. 

Le  maréchal  de  Villars  ayant  donné  ses  ordres  au 
comte  du  Bourg,  qui  fut  chargé  du  commandement 
de  l'armée  en  son  absence,  partit  pour  se  rendre  à 
Rastadt,  afin  de  finir  avec  le  prince  Eugène  une  guerre 
qui  duroit  depuis  si  longtemps,  et  dans  laquelle  les 
François  et  nos  ennemis  avoient  répandu  tant  de  sang. 

Pour  moi,  nos  semestres  étant  arrivés,  je  quittai  et 
l'armée  et  le  régiment  pour  me  rendre  à  Paris.  Je 
partis  avec  M.  de  Bourlamaque^,  capitaine  au  régiment 

1.  Journal  de  Dangeau,  t.  XV,  p.  30. 

2.  Jean-François  de  Bourlamaque,  d'une  famille  originaire 
de  Lucques,  avait  été  page  du  Roi  en  1693;  il  fut  tué  en  1734 


278  MÉMOIRES  [Nov.  1713] 

Dauphin-infanterie,  avec  qui  j'avois  été  mousquetaire 
du  Roi  et  qui  a  une  très  jolie  terre,  dont  le  château  est 
bâti  à  l'italienne,  à  une  lieue  de  Q[uincy]'.  Nous 
avions  avec  nous  M.  de  Bessé,  capitaine  de  cavalerie. 
Nous  fîmes  tous  trois  ce  voyage  ensemble  ;  nous  tra- 
versâmes le  Vieux-Brisach,  pour  aller  coucher  à  un 
bourg  à  huit  lieues  de  cette  place.  Nous  sentîmes  que 
le  climat  s'adoucissoit  à  mesure  que  nous  nous  éloi- 
gnions des  montagnes  Noires  ;  il  ne  paroissoit  plus  de 
neige  sur  la  terre  ;  cependant  il  y  avoit  déjà  quelques 
jours  que  nous  en  étions  accablés  devant  Fribourg. 

Le  Vieux-Brisach.  —  Le  Vieux-Brisach,  nommé 
ainsi  depuis  que  le  Roi  a  fait  construire  le  Nouveau- 
Brisach,  qui  est  à  un  quart  de  lieue  du  premier,  est 
situé  sur  le  Rhin.  Cette  ville  étoit  anciennement  la 
capitale  du  Brisgau.  Elle  étoit  une  des  plus  fortes 
places  de  l'Europe  ;  on  la  regardoit  comme  l'oreiller 
sur  lequel  reposoit  la  maison  d'Autriche.  Le  maréchal 
de  Guébriant  s'assura  de  cette  place  pour  la  France  au 
mois  d'octobre  1639.  Elle  fut  cédée  au  Roi  par  la 
paix  de  Westphalie,  en  1648;  mais,  par  la  paix  de 
Ryswyk,  en  1697,  elle  fut  rendue  à  l'Empereur  et  à 
l'Empire  en  échange  de  la  ville  de  Strasbourg.  En  1 7021, 
le  duc  de  Bourgogne  en  fit  la  conquête.  Par  la  der- 

à  la  bataille  de  Parme.  Un  de  ses  fils  servit  au  Canada  sous 
Montcalm,  et  ses  Lettres  à  ce  général  ont  été  publiées  à  Québec 
(1893)  dans  la  Collection  des  manuscrits  du  chevalier  de  Lévis. 
1.  C'est  le  château  du  Vivier,  commune  de  Coutevroult, 
dans  le  canton  de  Crécy,  près  Meaux,  qui  venait  de  la  mère  de 
M.  de  Bourlamaque,  et  que  nous  n'avions  pu  identifier  ci-des- 
sus, tome  II,  p.  320,  lorsque  notre  auteur  n'avait  donné  que  la 
première  lettre  du  nom. 


[Nov.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  279 

nière  paix  de  Rastadt,  la  France  Ta  rendue  à  l'Em- 
pereur. 

En  allant  à  Paris,  nous  passâmes  par  Remiremont 
et  par  Saint-Dizier. 

Remiremont.  —  Le  bourg  de  Remiremont  est 
célèbre  par  le  fameux  chapitre  qui  y  est,  dans  lequel 
on  ne  reçoit  chanoinesses  que  des  filles  de  qualité,  qui 
sont  obligées  de  faire  les  preuves  des  trente-deux 
quartiers  pour  y  entrer^.  Il  est  du  diocèse  de  Toul  et 
situé  sur  la  Moselle,  qui  prend  sa  source  auprès  de 
Bussang,  village  situé  près  des  monts  des  Vosges,  sur 
les  frontières  de  la  Franche-Comté  et  de  l'Alsace. 
Cette  rivière,  après  avoir  passé  à  Épinal,  à  Toul,  à 
Pont-à-Mousson,  à  Nancy,  à  Metz,  à  Thionville,  à 
Trêves,  se  jette  dans  le  Rhin  à  Coblentz^. 

Saint-Dizier  est  célèbre  par  la  défense  que  fit  le 
comte  de  Sancerre^,  de  la  maison  de  Bueil,  contre 
Charles-Quint,  l'année  1 544  ;  elle  est  située  en  Cham- 
pagne, sur  la  Marne,  et  elle  est  capitale  d'un  petit  pays 
nommé  Vallage'^. 

1.  L'abbaye  de  Remiremont,  fondée  dès  leva®  siècle,  avait 
été  sécularisée  au  xvi^.  Les  chanoinesses  devaient  faire  la  preuve 
de  quatre  degrés  de  noblesse,  tant  paternelle  que  maternelle. 
Il  y  a  une  longue  notice  sur  l'abbaye,  son  histoire,  sa  règle  et 
ses  dignitaires  dans  le  Dictionnaire  géographique  de  la  France, 
par  l'abbé  Expilly,  t.  VI,  p.  174-176.  Depuis  1711,  l'abbesse 
était  Béatrix-Hiéronyme  de  Lorraine,  demoiselle  de  Lillebonne, 
qui  tint  une  si  grande  place  à  la  cour  de  Louis  XIV. 

2.  Il  a  déjà  parlé  de  la  Moselle,  et  énuméré  les  villes  qu'elle 
traverse,  dans  le  tome  I,  p.  153-154. 

3.  Louis  de  Bueil,  grand  échanson  de  France  en  1533,  mort 
en  1563. 

4.  Petit  pays  de  Champagne  entre  le  Barrois,  le  Perthois,  la 
Champagne  proprement  dite  et  la  Bourgogne.  Certains  géo- 


280  MÉMOIRES  [Nov.  1713] 

Au  commencement  de  mon  voyage,  je  m'aperçus 
que  le  cheval  sur  lequel  étoit  monté  M.  de  Bessé  boi- 
toit  considérablement,  ou  plutôt  qu'il  ne  marchoit  que 
sur  trois  jambes,  ce  qui  devoit  beaucoup  le  fatiguer  ;  je 
ne  puis  m'empêcher  de  le  lui  dire.  Il  me  répondit,  en 
se  mettant  à  rire  :  «  En  vérité,  cela  tire  plus  que  cent 
«  bœufs.  »  Cet  officier,  qui  étoit  un  très  aimable  cava- 
lier, n'avoit  aucune  affaire  à  Paris;  il  y  alloit  seule- 
ment par  rapport  à  sa  maltresse,  qu'il  aimoit  ten- 
drement. 

La  fièvre  me  prit  en  sortant  de  Saint-Dizier  ;  elle 
m'accompagna  jusqu'à  Paris.  Nous  passâmes  par  la 
terre  de  M.  de  Bourlamaque;  M.  du  P[lessis]  et  sa 
femme*  y  étoient;  elle  étoit  cousine  germaine  de 
M.  de  Bourlamaque^.  Nous  y  séjournâmes;  il  nous 
pressa  si  fort  de  lui  faire  ce  plaisir,  qu'il  nous  fut 
impossible  de  lui  refuser. 

Le  lendemain  de  notre  séjour,  qui  étoit  le  %  dé- 
cembre, nous  nous  rendîmes  à  Paris,  M.  de  Bessé 
et  moi,  lui  pour  le  faubourg  Saint-Germain,  et  moi 
pour  le  Marais,  où  mon  frère  le  lieutenant  géné- 
ral de  l'artillerie  étoit  toujours  logé^.  En  arrivant 
chez  lui,  j'y  trouvai  le  commandeur  de  Bandeville, 
grand   prieur   de  Champagne,   notre  oncle  paternel 

graphes  ne  plaçaient  pas  Saint-Dizier  dans  le  Vallage,  mais  en 
Perthois. 

1.  Pierre  Sevin  (tome  I,  p.  6-7)  et  Marie-Françoise  de  Mar- 
geret  (tome  II,  p.  237). 

2.  Par  sa  mère,  Catherine  Picot,  dont  la  sœur  avait  épousé 
François  Burlamacchi,  venu  en  France  au  milieu  du  xvu*^  siècle, 
et  père  de  l'officier  dont  il  est  ici  question. 

3.  Ci-dessus,  p.  207. 


[Nov.  1713]  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  281 

à  la  mode  de  Bretagne  ^  qui  me  fit  mille  amitiés, 
et  qui  depuis  ce  moment  voulut  m'engager  à  aller 
loger  chez  lui  ;  mais  je  connoissois  mon  homme, 
je  ne  savois  que  trop  que  non  seulement  j'aurois 
beaucoup  à  souffrir  de  son  humeur,  mais  aussi 
que  les  espérances  qu'on  pouvoit  avoir  touchant  sa 
succession  étoient  des  plus  vaines.  Ainsi,  je  le  remer- 
ciai toujours  le  mieux  qu'il  me  fût  possible.  Je  fis 
bien,  car  mon  frère  du  Plessis  fut  la  dupe  de  huit 
années  qu'il  avoit  employées  pour  lui  faire  sa  cour  : 
trois  jours  avant  de  mourir,  il  lui  fit  fermer  sa  porte, 
et  il  ne  voulut  jamais  lui  donner  la  moindre  petite 
chose,  quoique  le  commandeur  Perrot",  alors  tréso- 
rier de  l'ordre,  fit  au  monde  tout  ce  qu'il  put  pour 
l'engager  à  lui  faire  un  présent^. 

Le  maréchal  de  Villars,  qui  s'étoit  rendu  à  Rastadt, 
petite  ville  où  feu  le  prince  Louis  de  Bade^  a  fait  bâtir 
un  superbe  palais  ^  travailloit  sérieusement  avec  le 

1.  Tome  I,  p.  52,  et  ci-dessus,  p.  236,  et  la  Notice  prélimi- 
naire, p.  XVI. 

2.  Henry  Perrot  de  Saint-Dié,  d'une  famille  de  Paris,  entré 
dans  l'ordre  en  1658,  eut  la  commanderie  d'Oisemont  en  1695, 
celle  de  Chanu  en  1713,  enfin  celle  de  Saint-Jean  de  Latran  à 
Paris  en  1726,  avec  la  charge  de  trésorier  du  grand  prieuré  de 
France  depuis  1705.  Il  mourut  en  1735. 

3.  Le  commandeur  de  Bandeville  avait  une  belle  fortune, 
plus  de  deux  cent  mille  livres;  les  règlements  de  l'ordre  de 
Malte  ne  l'autorisaient  à  disposer  que  de  la  cinquième  partie; 
il  préféra  laisser  à  l'ordre  la  totalité  de  ses  biens  (voyez  l'ins- 
cription commémorative  érigée  à  Malte,  ci -après.  Appen- 
dice, p.  309). 

4.  Louis-Guillaume,  margrave  de  Bade,  né  en  1655,  était 
mort  à  Rastadt  le  4  janvier  1707,  laissant  la  réputation  d'un 
des  plus  grands  capitaines  de  son  temps. 

5.  Bâti  en  petit  sur  le  modèle  de  Versailles,  ce  château  avait 


282  MÉMOIRES  [Nov.  1713] 

prince  Eugène  à  terminer  la  guerre.  Ces  deux  grands 
hommes  étoient  logés  dans  ce  beau  château,  dont  le 
prince  Eugène  occupoit  la  moitié,  et  le  maréchal 
l'autre.  Ils  s'y  donnoient  alternativement  à  manger  et 
aux  personnes  de  considération  qui  les  avoient  suivis  et 
qui  venoient  les  voir.  Tous  les  matins,  ils  travailloient, 
tantôt  chez  l'un  tantôt  chez  l'autre,  alternativement. 

Nos  François,  qui  avoient  admiré  les  grandes  et 
belles  actions  que  le  prince  Eugène  avoit  faites  pen- 
dant tout  le  cours  de  cette  guerre,  l'admirèrent  par 
rapport  à  sa  profonde  science  dans  toutes  sortes  de 
matières.  Il  en  parloit  avec  une  si  grande  précision 
et  une  si  grande  netteté,  qu'un  chacun  étoit  surpris 
de  voir  qu'un  si  grand  capitaine  avoit  pu  trouver  le 
temps  de  les  étudier  si  parfaitement.  Un  de  mes 
parents,  nommé  Potier  ^  capitaine  de  cavalerie,  qui 
par  curiosité  étoit  allé  à  Rastadt,  fut  témoin  d'une 
conversation  des  deux  généraux.  Elle  étoit  tombée 
sur  les  sectes  différentes  de  la  religion  chrétienne  :  le 
prince  Eugène,  m'a-t-il  dit,  entra  dans  chacune  en 
particulier  ;  il  en  exposa  le  bon  et  le  mauvais,  et  il  en 
parla  si  savamment,  que  le  maréchal  de  Villars,  qui 
n'étoit  nullement  théologien,  surpris  et  ne  pouvant  y 
répondre,  lui  dit  en  se  levant  pour  s'en  aller  :  «  Pre- 
«  nez  garde  à  vous,  Monsieur;  car  votre  grande 
«  science  vous  damnera,  et  mon  ignorance  me  sau- 
«  vera.  »  Ce  fut  ainsi  que  notre  général  se  tira  d'af- 
faire ;  tout  le  monde  se  mit  à  rire  de  sa  pensée. 

été  épargné  par  Villars,  lorsqu'il  avait  ravagé  les  terres  du 
prince  de  Bade,  pendant  la  campagne  de  1703. 

1.  Peut-être  appartenait-il  à  la  famille  parlementaire  des 
Potier  de  Novion. 


[Nov.  1713J  DU  CHEVALIER  DE  QUINCY.  283 

Enfin,  le  traité  de  paix  ayant  été  signé  par  ces  deux 
grands  héros,  le  6  mars  1714,  je  fis  vendre  mon  petit 
équipage.  Cependant  la  paix  ne  fut  entièrement  con- 
clue qu'au  congrès  de  Bade,  en  Suisse,  qui  fut  signé 
par  le  maréchal  de  Villars  le  7  septembre  suivante 

1.  Ici  il  y  a  dans  le  manuscrit  :  Fin  du  premier  tome  des 
Essais  de  mes  mémoires,  ce  qui  pourrait  faire  supposer  que 
l'auteur  avait  l'intention  de  les  continuer. 


APPENDICE. 


La  noblesse  de  la  famille  Sevin. 

Dans  une  note  de  la  page  3  du  premier  volume  des  présents 
Mémoires,  il  a  été  dit  que  les  preuves  pour  l'ordre  de  Malte 
dWugustin  Sevin  de  Quincy  avaient  été  inventées  ou  falsifiées 
à  cette  occasion  dans  leurs  degrés  anciens.  Il  convient  de  justi- 
fier cette  affirmation,  qui  ne  m'est  pas  personnelle,  mais  n'est 
que  la  reproduction  de  celle  que  Gharles-René  d'Hozier,  juge 
d'armes  de  France,  plus  compétent  que  personne  en  la  matière, 
a  consignée  dans  ses  dossiers  du  Cabinet  des  titres. 

En  juin  -{703,  Augustin  Sevin  de  Quincy,  sieur  de  l'Épineux, 
frère  aine  de  notre  chevalier,  voulut  faire  admettre  dans  la  mai- 
son de  Saint-Gyr  sa  fille  Anne-Marguerite.  Il  présenta,  en  consé- 
quence, au  juge  d'armes  les  preuves  de  noblesse  de  la  postulante, 
qui  n'étaient  exigées  pour  Saint-Gyr  que  dans  la  ligne  paternelle, 
et  jusqu'au  quatrième  degré  seulement.  D'Hozier  ne  trouva  pas 
suffisantes  les  pièces  qui  lui  étaient  soumises,  et  les  observa- 
tions qu'il  fit  à  M.  de  Quincy  lui  attirèrent  la  lettre  suivante, 
qui  a  été  conservée  dans  les  papiers  de  son  cabinet  (ms. 
Franc.  3^^93,  fol.  ^9)  : 

A  Versailles,  ce  -17"  juin  n03. 
Monsieur, 

Le  Roi  ayant  accordé  deux  places  dans  la  maison  de  Saint-Gyr 
à  M"^'  de  Quincy  et  d'Auteuil,  je  me  suis  persuadé  que  la  bonne 


286  APPENDICE. 

noblesse  de  ces  demoiselles  et  l'honneur  qu''elles  ont  d'apparte- 
nir à  M™*  de  Chamiilart  étoient  de  suffisantes  recommandations 
auprès  de  vous,  pour  vous  engager  à  leur  faire  plaisir  en  leur 
rendant  une  étroite  justice.  Je  ne  change  point  de  sentiments, 
Monsieur,  quoique  vous  ayez  fait  quelques  difficultés  à  M.  de 
Quincy  ^ ,  qui  en  vint  hier  parler  à  M"^  de  Chamiilart.  Loin  de 
croire  que  ce  soit  pour  traverser  ses  parentés  2,  je  l'ai  assurée 
que  M.  de  Quincy  avoit  tort  de  s'alarmer,  et  j'ai  soutenu  que, 
si  vous  faisiez  quelques  difficultés,  c'étoit  plutôt  en  vue  de 
rendre  les  informations  de  ces  demoiselles  plus  honorables  que 
dans  le  dessein  de  leur  nuire,  n'y  ayant  pas  apparence  que  vous 
voulussiez  attaquer  des  titres  devenus  authentiques  par  plu- 
sieurs examens  faits  par  l'ordre  de  Malte.  Dans  cette  confiance, 
je  vous  demande.  Monsieur,  au  nom  de  M"^  de  Chamiilart,  de 
vouloir  donner  vos  soins  pour  faciliter  et  avancer  les  affaires  de 
ces  demoiselles. 
Je  suis  très  parfaitement,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très 

obéissant  serviteur. 

Le  Rebours^. 

Outre  les  annotations  marginales  rapportées  ci-dessous,  d'Ho- 
zier  a  encore  ajouté,  de  sa  main,  sur  la  lettre,  la  longue  note 
suivante  : 

«  Rien  n'est  moins  ni  vrai  ni  authentique  que  les  preuves 
de  Malte.  On  sait  le  trafic  public  de  faussetés  que  l'on  fait 
pour  les  titres  qui  servent  à  ces  preuves.  Et,  comme  les  titres 
dont  on  s'est  servi  pour  les  degrés  des  aïeul  et  bisaïeul  du 
grand-père  de  celte  demoiselle  de  Quincy  sont  d'une  fausseté 
criante,  je  n'ai  pas  eu  assez  de  foi  pour  l'énoncé  qui  en  est 

1.  En  marge,  de  la  main  de  M.  d'Hozier  :  «  Parce  qu'il  m'avoit 
apporté  des  titres  très  faux.  » 

2.  En  marge  :  «  Parce  que  cette  demoiselle  Sevin  est  arrière- 
petite-fiUe  d'une  Rebours,  qui  est  le  nom  et  la  famille  de  M™e  de 
Chamiilart.  » 

3.  De  la  main  de  Ch.  d'Hozier  :  «  Cousin  germain  de  M°>e  de 
Chamiilart  et  premier  commis  des  finances,  puis  intendant  des 
finances,  fils  de  M.  Rebours,  président  au  Grand  Conseil.  » 


J 


APPENDICE.  287 

fait  dans  le  procès-verbal  de  la  preuve  pour  Malte  du  grand- 
père  de  M"*'  de  Quincy,  pour  y  déférer.  iMais,  son  père  m'ayant 
depuis  rapporté  des  titres  vrais,  sur  lesquels  j'ai  certifié  la 
noblesse  attributive^  de  cette  demoiselle,  elle  a  été  reçue  à 
Saint-Cyr.  » 

Sur  la  liste  des  pièces  produites  pour  ces  mêmes  preuves 
(même  ms.,  fol.  7),  en  face  du  degré  de  François  Sevin  et 
d'Antoinette  Le  Rebours  (voy.  Notice  préliminaire,  p.  viii), 
M.  d'Hozier  a  encore  écrit  de  sa  main  : 

«  On  ne  m'a  rapporté  aucun  acte  où  soient  nommés  le  père 
et  la  mère  de  François  Sevin,  On  n'a  pas  voulu  me  faire  voir 
que  ce  François  Sevin,  mari  d'Antoinette  Rebours  et  procureur 
au  Parlement,  étoit  le  fils  de  Guillaume  Sevin,  aussi  procureur 
l'an  \^o{  ;  et,  pour  faire  passer  la  preuve  pour  Malte  du  cheva- 
lier Sevin  de  Quincy,  on  a  supposé  sur  de  faux  titres  que  ce 
François  Sevin  étoit  fils  d'un  Pierre  Sevin  et  d'une  Suzanne  de 
Redon.  Voilà  comme  les  preuves  pour  Malte  sont  admises  au 
Temple.  » 

Il  revint  encore  sur  ce  sujet.  Dans  la  copie  de  la  même  liste 
qui  se  trouve  dans  le  ms.  Franc.  30^59,  fol.  2\  v°,  et  où  le 
copiste  a  reproduit  une  première  rédaction  de  la  note  ci-dessus 
transcrite,  le  juge  d'armes  ajouta  à  la  suite  : 

«  [Ces  preuves  de  Malte]  doivent  passer  à  présent  pour  des  actes 
incontestables;  mais  cette  autorité  ne  m'a  pas  séduit.  J'ai  rejeté 
toutes  ces  fausses  pièces,  et  je  n'ai  fondé  la  preuve  que  j'ai  cer- 
tifiée au  Roi  que  comme  noblesse  attributive  par  les  offices  de 
robe.  » 

Ce  ne  fut  pas  tout  :  une  note  identique  fut  encore  inscrite 
par  lui  sur  un  tableau  généalogique  de  la  famille  Sevin  (ms. 
Franc.  S'HOS,  fol.  2^). 

1.  C'est-à-dire  acquise  par  des  charges  de  judicature  auxquelles 

la  noblesse  est  attribuée. 


288  APPENDICE. 

L'année  qui  suivit  l'admission  de  M"^  de  Quincy  à  Saint-Gyr, 
un  membre  d'une  autre  branche  des  Sevin  crut  devoir  se  faire 
conflrmer  dans  sa  noblesse.  Il  obtint  des  lettres  patentes  dont 
il  a  semblé  intéressant  de  reproduire  le  texte.  On  se  contentera 
de  faire  remarquer  que  cette  confirmation  fut  octroyée  contre 
argent  comptant  ;  la  pièce  elle-même  le  dit,  et  il  est  permis  de 
penser  que,  à  cette  époque  où  la  guerre  de  succession  d'Espagne 
nécessitait  des  dépenses  extraordinaires,  on  n'était  point  trop 
difficile  pour  ceux  qui  consentaient  à  financer.  Voici  ce  docu- 
ment, sur  le  vu  duquel  d'Hozier  blasonna  les  armes  adoptées 
par  les  Sevin  : 

Lettres  de  confirmation  de  noblesse  pour  Claude  Sevin, 
sieur  de  Villemesle. 

Juin  n04. 
Louis,  etc.  Notre  cher  et  bien  amé  Claude  Sevin,  écuyer,  sieur 
de  Villemesle,  l'un  des  gentilshommes  ordinaires  de  la  chambre 
de  feu  notre  très  cher  et  féal  frère  unique,  et  à  présent  de  notre 
très  cher  et  féal  neveu  le  duc  d'Orléans,  nous  a  très  humble- 
ment fait  remontrer  qu'il  est  originaire  de  Paris  et  issu  de  l'an- 
cienne famille  de  Jean  Sevin,  écuyer,  sieur  de  Vitré',  qui  vivoit 
en  -1494,  dont  les  rois  nos  prédécesseurs  et  nous  avons  honoré 
en  différents  temps  de  dignités,  de  charges  et  d'emplois  consi- 
dérables, tant  dans  l'Église,  Tépée,  que  la  justice  et  la  finance, 
les  uns  ayant  été  conseillers  d'État,  président  au  Parlement  et 
en  la  cour  des  aides,  maîtres  des  requêtes,  chevaliers  de  Malte, 
d'autres  conseillers  en  nos  parlements  de  Paris,  de  Guyenne  et 
de  Toulouse;  que  Claude  Sevin,  fils  de  l'exposant,  sert  depuis 
longtemps  dans  nos  armées  en  qualité  de  sous-lieutenant,  lieu- 
tenant et  capitaine  de  nos  bombardiers,  s'étanl  trouvé  dans 
tous  les  sièges  et  dans  toutes  les  batailles  de  la  précédente 
guerre;  que  les  auteurs  de  l'exposant  ont  toujours  été  reconnus 
gentilshommes  et  nobles.  Mais,  ayant  appris  que  son  père  avoit 

1.  Ne  faudrait-il    pas   lire   plutôt    Vilvé   pour   Villevé?  Voyez 
tome  I,  Notice  préliminaire,  p.  v. 


APPENDICE.  289 

eu  une  des  commissions  de  procureurs  en  notre  parlement  de 
Paris  avant  qu'elles  eussent  été  érigées  en  litre  d'office,  qu'il  a 
depuis  abandonnée  après  en  avoir  vendu  la  pratique,  et  crai- 
gnant que  Ton  ne  lui  objectât  cet  exercice  comme  une  déro- 
geance,  quoiqu'elle  n'en  soit  pas  une,  ce  qui  l'oblige,  en  tant 
que  besoin  est  ou  seroit,  d'avoir  recours  à  nos  lettres  de  confir- 
mation et  réhabilitation  sur  ce  nécessaires,  qu'il  nous  a  très 
humblement  fait  supplier  de  lui  accorder  en  conséquence  de 
notre  édit  du  mois  de  mai  ^702  et  arrêt  du  20  juin  suivant;  à 
quoi  nous  inclinons  d'autant  plus  volontiers  que  nous  sommes 
pleinement  instruits  de  l'ancienne  noblesse  de  l'exposant  et  des 
services  qui  ont  été  rendus  à  nos  prédécesseurs  Rois  et  à  notre 
couronne,  tant  par  ses  auteurs,  son  fils,  qui  a  servi  avec  dis- 
tinction dans  notre  régiment  des  bombardiers  pendant  douze 
années,  que  par  l'exposant  en  ladite  qualité  de  gentilhomme 
ordinaire  de  notre  très  cher  et  féal  frère  unique  et  de  notre  très 
cher  et  féal  neveu  le  duc  d'Orléans,  suivant  les  provisions,  bre- 
vet et  certificats  ci-attachés  sous  le  contre-scel  de  notre  chan- 
cellerie, avec  les  contrats  de  mariage  de  ses  auteurs  et  de  lui, 
des  ^0  mai  ^620,  26  juin  1651,  3  septembre  ^662  et  ^9  no- 
vembre -1669,  et  son  extrait  baptistaire,  et  que  ces  considéra- 
tions nous  engagent  à  remettre  l'exposant  dans  le  rang  de  ses 
ancêtres  et  le  relever  de  toutes  dérogeances  dans  lesquelles  son 
père  pourroit  être  tombé,  et  en  le  confirmant  de  son  ancienne 
noblesse. 

A  ces  causes  et  autres  à  ce  nous  mouvans,  voulant  gratifier 
ledit  Claude  Sevin  et  le  faire  jouir  du  bénéfice  de  l'arrêt  de  notre 
Conseil  du  20  juin  -1702,  et  de  notre  grâce  spéciale,  pleine  puis- 
sance et  autorité  royale,  nous  l'avons,  par  ces  présentes  signées 
de  notre  main,  maintenu  et  confirmé,  maintenons  et  confirmons 
dans  son  ancienne  noblesse  d'extraction  sans  qu'il  soit  besoin 
d'autres  preuves  que  des  présentes  pour  en  justifier,  dont  nous 
l'avons  dispensé  et  dispensons,  et  sans  que  les  dérogeances  de 
son  père,  si  aucunes  sont,  puissent  lui  nuire  ni  préjudicier, 
dont  à  cet  effet  nous  l'avons  relevé  et  relevons,  après  qu'il  nous 
a  paru  qu'il  a  payé  la  finance  que  nous  avons  fixée  par  l'arrêt 
de  notre  Conseil  du  20  juin  n02  et  par  le  rôle  arrêté  en  icelui 
le  5  septembre  audit  an,  suivant  la  quittance  du  garde  de  notre 
111  19 


290  APPENDICE. 

Trésor  royal  du  4  juin  1 704,  regislrée  au  contrôle  général  de  nos 
finances  le  e*"  desdils  mois  et  an,  ci  avec  les  autres  pièces  atta- 
chées sous  notre  conlrescel,  [l'avons]  même,  en  tant  que  besoin 
est  ou  seroit,  anobli  et  anoblissons,  ensemble  ses  enfants  nés 

et  à  naître  en  légitime  mariage lui  permettons  et  à  ses 

descendants  de  prendre  les  qualités  de  noble  et  d'écuyer,  et  de 
pouvoir  parvenir  au  degré  de  chevalerie,  et  de  jouir  de  tous  les 
honneurs,  prérogatives,  etc.,  avec  faculté  d'acquérir  et  possé- 
der tous  fiefs  et  seigneuries  nobles,  etc.,  lui  permettons  et  à 
sa  postérité  de  porter  les  mêmes  armoiries,  timbres,  avec  les 
cimiers  et  supports  que  ses  ancêtres  ont  toujours  portées,  telles 
qu'elles  seront  blasonnées  et  enregistrées  par  le  sieur  d'Hozier, 
juge  d'armes  de  France,  ainsi  qu'elles  seront  peintes  et  figurées 

dans  les  présentes  lettres, Si  donnons  en  mandement, 

etc.  Donnée  Versailles  au  mois  de  juin,  l'an  de  grâce  mil  sept 
cent  quatre,  et  de  notre  règne  le  soixante-deuxième.  Signées  : 
LoDis,  et  sur  le  repli  :  Par  le  Roi  :  Phélypeaux;  et  scellées  du 
grand  sceau  de  cire  verte  en  lacs  de  soie  rouge  et  verte. 

Registrées,  ouï  le  procureur  général  du  Roi,  pour  jouir  par 
l'impétrant,  ses  enfants  et  postérité,  tant  mâles  que  femelles, 
nés  et  à  naître  en  légitime  mariage,  de  leur  effet  et  contenu,  et 
être  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur,  suivant  l'arrêt  de  ce 
jour.  A  Paris,  en  Parlement,  le  seize  février  mil  sept  cent  cinq. 
Signé  :  Du  Tillet. 

(Arch.  nat.,  registre  du  Parlement  X1a8699,  fol.  138  v»  à  141.) 

Certificat  d'enregistrement  des  armoiries  délivré  par  le  juge 
d'^armes  de  France. 

Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,  généalogiste  de  sa  Mai- 
son, juge  général  des  armes  et  des  blasons,  garde  de  l'Armoriai 
général  de  France  et  chevalier  de  la  Religion  et  des  ordres  mili- 
taires de  Saint-Maurice  et  de  Saint-Lazare  de  Savoie. 

Après  avoir  vu  les  lettres  patentes  en  forme  de  charte  don- 
nées à  Versailles  au  mois  de  juin  de  l'an  1704,  ces  lettres 
signées  Louis,  contresignées  Phélypeaux,  et  sur  le  repli  :  Vu  au 
Conseil,  Ghamillart;  par  lesquelles  Sa  Majesté  confirme  dans 
son  ancienne  noblesse  d'extraction  le  sieur  Claude  Sevin,  écuyer. 


APPENDICE.  291 

sieur  de  Villemesle,  ci-devant  l'un  des  gentilshommes  ordinaires 
de  la  chambre  de  feu  Monsieur,  duc  d'Orléans,  et  à  présent  de 
Mgr  le  duc  d'Orléans,  son  fils,  le  relève  de  la  dérogeance  com- 
mise par  son  père,  l'anoblit  en  tant  que  besoin,  avec  ses  enfants 
mâles  et  femelles  nés  et  à  naître,  et  lui  permet  de  continuer  de 
porter  les  armoiries,  avec  le  cimier  et  les  supports,  telles 
qu'elles  ont  été  portées  de  tout  temps  par  ceux  de  sa  famille, 
et  qui  sont  un  écu  d'azur  à  une  gerbe  d'or,  cet  écu  timbré  d'un 
casque  de  profd  orné  de  ses  lambrequins  d'or  et  d'azur  ;  pour 
supports  deux  lions  au  naturel,  et  pour  cimier  un  lion  naissant 
de  même^, 

Nous,  en  exécution  de  la  clause  qui  est  contenue  dans  lesdites 
lettres,  et  qui  ordonne  qu'elles  seront  blasonnées  par  nous  ainsi 
qu'elles  seront  peintes  et  figurées  dans  les  présentes  lettres, 
que  nous  les  enregistrerons  comme  juge  d'armes  de  France,  et 
que  notre  acte  d'enregistrement  sera  attaché  sous  le  contre- 
sceau,  les  avons  blasonnées,  ainsi  qu'elles  sont  exprimées  et 
figurées  ci-dessus,  et,  après  les  avoir  enregistrées  dans  notre 
registre  général  des  armoiries  de  ceux  qu'il  plaitau  Roi  de  con- 
firmer dans  leur  ancienne  noblesse  d'extraction  et  dans  la  pos- 
session des  armoiries  de  leur  famille,  nous  en  avons  donné  audit 
sieur  Sevin  le  présent  acte,  et  nous  l'avons  signé  de  notre  seing 
manuel,  avec  l'empreinte  du  sceau  de  nos  armes,  à  Issy-lès- 
Paris,  le  septième  jour  du  mois  de  juillet  de  l'an  rail  sept  cent 
quatre.  (Signé  :)  D'Hozier. 

(Bibl.  nat.,  ms.  Franc.  29184,  fol.  259.) 

IL 

Le  mariage  d'Augustin  Sevin  de  Qdincï  et  de  Marguerite 
DE  Glapion^. 

Arrêts  du  parlement  de  Paris. 

Du  3^  janvier  <660. 
Vu  PAR  LA  GouR  la  requête  à  elle  présentée  par  messire  Thierry 

1.  Les  armoiries  sont  peintes  en  marge. 

2.  Ci-dessus,  tome  I,  p.  3-4,  et  Notice  préliminaire,  p.  x. 


$92  APPENDICE. 

Sevin,  conseiller  du  Roi  en  ladite  cour,  seigneur  de  Quincy, 
contenant  que,  messire  Augustin  Sevin,  chevalier  non  profès  de 
l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  allant  quelquefois  en  sa  sei- 
gneurie sise  au  faubourg  de  Brie-Gomte-Robert,  quelques  par- 
ticuliers auroient  fait  dessein  de  se  rendre  maîtres  de  son  esprit 
afin  de  l'obliger  de  se  marier  inégalement,  ce  qui  auroit  été 
entrepris  par  la  damoiselle  de  la  Boissière',  qui  a  une  fille, 
laquelle  elle  lui  veut  faire  épouser  bien  qu'elle  n'ait  aucuns 
biens  et  ne  soit  de  condition  ni  de  naissance  égale  audit  Sevin  ; 
ce  que  le  suppliant  et  toute  sa  famille  ont  notable  intérêt  d'em- 
pêcher. 

A  CES  CAUSES,  requéroit  icelui  suppliant  être  ordonné  que,  par- 
devant  l'un  des  conseillers  de  ladite  Cour,  assemblée  seroit  faite 
des  plus  proches  parents  dudit  Augustin  Sevin,  pour  donner 
leur  avis  sur  le  fail  dudit  mariage,  et  y  être  pourvu  par  la  Cour  5 
et  cependant  défenses  à  tous  notaires  de  passer  aucun  contrat 
de  mariage,  et  à  tous  prêtres,  vicaires  et  curés  de  publier  aucuns 
bans,  ni  de  célébrer  aucun  mariage  dudit  Augustin  Sevin,  à  peine 
de  dix  mille  livres  d'amende,  dépens,  dommages  et  intérêts  en 
leurs  propres  et  privés  noms. 

Vu  AUSSI  les  pièces  attachées  à  ladite  requête,  signée  Sevin  et 
Tibert,  procureur,  conclusions  du  procureur  général  du  Roi, 
ouï  le  rapport  de  messire  Jean  Doujat,  conseiller  en  ladite  Cour, 
tout  considéré  ; 

La  Cour  a  ordonné  et  ordonne  que  ladite  requête  sera  com- 
muniquée à  partie,  pour,  ce  fait  et  rapporté,  être  ordonné  ce 
que  de  raison;  et  cependant  fait  défenses  à  tous  notaires  de 
passer  aucun  contrat  de  mariage,  et  à  tous  prêtres,  vicaires  et 
curés  de  publier  aucuns  bans  ni  de  célébrer  aucun  mariage 
dudit  Augustin  Sevin,  à  peine  de  dix  raille  livres  d'amende, 
dépens,  dommages  et  intérêts. 

(Signé  :)  De  Nesmond,  J.  Doujat. 

(Arch.  nat.,  X1a24î5,  fol.  457,  et  X1b2018.) 

1.  Marguerite  Tartereau,  veuve  de  Guillaume  de  Glapion,  sei- 
gneur de  la  Boissière. 


APPENDICE.  293 

Du  7  juillet  idêO. 

Entre  Augustin  Sevin,  chevalier,  seigneur  de  la  Gorbillière, 
demandeur  aux  fins  de  la  requête  par  lui  présentée  à  la  Cour 
le  4^  juin  1660,  tendante  à  ce  qu'il  soit  reçu  opposant  à  l'exé- 
cution de  l'arrêt  du  3-1^  janvier  dernier  par  le  sieur  défendeur 
ci-après  nommé;  faisant  droit  sur  ladite  opposition,  déclarer 
ledit  sieur  Sevin  non  recevable  en  sa  demande,  fins  et  conclu- 
sions portées  par  sa  requête,  sur  laquelle  ledit  arrêt  est  inter- 
venu, et  condamner  ledit  sieur  défendeur  en  tous  les  dommages 
et  intérêts  du  sieur  demandeur  et  aux  dépens  de  l'instance, 
d'une  part  ; 

Et  messire  Thierry  Sevin,  conseiller  en  la  Cour,  d'autre  part; 

Après  que  Gueherry,  pour  ledit  Sevin,  a  été  ouï, 

La  Cour  ordonne  que  les  parties  mettront  leurs  requête  et 
pièces  es  mains  de  messire  Michel  Ferrand,  conseiller  en  icelle, 
pour,  à  son  rapport,  leur  être  fait  droit. 

(Arch.  nat.,  X1a5858,  fol.  151,  et  X1b5958.) 

Du  7  août  ^660. 

Ex\TBE  messire  Augustin  Sevin,  chevalier,  seigneur  de  la  Gor- 
billière, demandeur  en  requête  par  lui  présentée  à  la  Cour  le 
4«  juin  ^660,  d'une  parti 

Et  messire  Tbierry  Sevin,  conseiller  en  la  Cour,  défendeur, 
d'autre  part  ; 

Vd  par  la  Gocr  ladite  requête  du  4"  juin  dernier  à  ce  que  le 
demandeur  fût  reçu  opposante  l'exécution  de  l'arrêt  du  3^  jan- 
vier dernier  obtenu  par  le  défendeur;  faisant  droit  sur  ladite 
opposition,  icelui  défendeur  déclarer  non  recevable  en  sa 
demande,  fins  et  conclusions  portées  par  sa  requête,  sur  laquelle 
ledit  arrêt  est  intervenu,  et  ledit  défendeur  condamner  en  tous 
dommages  et  intérêts  dudit  demandeur  et  aux  dépens,  —  arrêt 
du  7  juillet  dernier,  par  lequel  auroit  été  ordonné  que  les  par- 
ties mettroient  leurs  requête  et  pièces  es  mains  de  messire 
Michel  Ferrand,  conseiller  en  icelle,  pour,  à  sondit  rapport,  leur 
être  fait  droit,  —  production  dudit  demandeur,  —  sommation 
de  produire  par  ledit  défendeur,  —  et  tout  considéré; 

Il  sera  dit  que  ladite  Cour  a  reçu  et  reçoit  ledit  demandeur 


294  APPENDICE. 

opposant  à  l'exécution  dudit  arrêt  du  3^  janvier  dernier,  et,  y 
faisant  droit,  a  levé  les  défenses  portées  par  icelui  et  a  condamné 
ledit  défendeur  aux  dépens. 

(Signé  :)  pe  Lamotgnon,  M.  Ferraivd. 
(Arch.  nat.,  X1a2484,  fol.  184,  et  X1b2039.) 

Certificat  du  mariage. 

a  Extrait  d'une  promesse  mutuelle  faite  sous  seings  privés, 
en  forme  de  contrat  de  mariage,  le  8*  de  février  de  l'an  4660, 
entre  raessire  Augustin  Sevin,  chevalier,  seigneur  du  Plessis  et 
de  la  Gorbillière,  fils  de  feu  messire  Charles  Sevin,  chevalier, 
seigneur  de  Quincy,  conseiller  du  Roi  en  sa  cour  de  Parlement 
et  maître  des  requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  et  de  dame  Marie 
Le  Maistre,  ses  père  et  mère,  d'une  part,  assisté  de  Pierre  de 
Marillac,  chevalier  des  ordres  du  Roi  et  mestre  de  camp  entre- 
tenu en  infanterie  françoise,  et  de  messire  Charles  d'Alez,  che- 
valier^ seigneur  du  Corbet,  —  et  demoiselle  Marguerite-Fran- 
çoise de  Glapion,  fille  de  messire  Guillaume  de  Glapion,  chevalier, 
seigneur  de  la  Boissière  et  de  la  Fosse,  et  de  damoiselle  Mar- 
guerite Tarlereau,  ses  père  et  mère,  assistée  de  sa  mère,  de 
damoiselle  Louise  de  la  Gerre,  son  aïeule,  veuve  de  Nicolas  Tar- 
lereau, seigneur  du  Tremblay,  et  de  Pierre  de  Glapion,  son 
frère,  chevalier,  seigneur  du  Tremblay,  au  bas  de  laquelle  est 
un  extrait  du  registre  des  mariages  de  la  paroisse  de  Brie- 
Comte-Robert,  au  diocèse  de  Paris,  portant  que,  le  lundi 
46*  d'août  de  la  même  année  4660,  en  vertu  d'un  arrêt  de  la 
Cour  du  V  et  de  la  dispense  des  bans  du  43*  desdits  mois  et  an, 
fut  réhabilité  le  mariage  célébré  clandestinement  le  9*  février  de 
la  même  année  entre  ledit  messire  Augustin  Sevin,  chevalier, 
seigneur  de  la  Gorbillière,  et  ladite  damoiselle  Marguerite  de 
Glapion,  en  présence  des  témoins  y  dénommés;  cet  extrait  déli- 
vré par  Bonnefons,  prêtre,  vicaire  de  ladite  paroisse,  et  légalisé 
par  Antoine  Binet  de  Gourtemour,  conseiller  du  Roi,  bailli  de 
la  ville  et  comté  de  Brie-Gomte-Robert.  Lesdits  deux  actes 
représentés  par  copie  signée  par  Dupuis  et  Courtois,  notaires 
au  Ghàtelet  de  Paris,  et  chez  eux  déposés  en  original  le  4"  août 


APPENDICE.  295 

de  l'an  \7iQ  par  messire  Charles  Sevin,  chevalier,  marquis  de 
Quincy,  lieutenant  général  de  l'artillerie  de  France  et  grand 
bailli  de  la  ville  de  Meaux,  demeurant  à  Paris,  rue  Saint-Louis, 
paroisse  Saint-Gervais,  et  messire  Joseph  Sevin,  chevalier,  sei- 
gneur des  Grand  et  Petit- Villefalier,  demeurant  à  Paris,  rue 
de  Poitou,  au  Marais,  paroisse  Saint-Gervais.  » 

(Bibl.  nat.,  rns.  Franc.  30159,  fol.  9  v%  dans  les  preuves  de  Pierre 
Sevin  pour  l'ordre  de  Saint-Lazare.) 

m. 

DOCDMENTS   RELATIFS   A   JoSEPH   SeVIN,    CHEVALIER   DE   QdINCI. 

Lettres  de  provisions 
de  la  charge  de  lieutenant  de  roi  de  l'Orléanais. 

8  mars  \  720. 

Louis,  etc.  Par  édits  des  mois  de  février  et  avril  ^692,  véri- 
fiés oîi  besoin  a  été,  le  feu  Roi,  de  glorieuse  mémoire,  notre 
très  honoré  seigneur  et  bisaïeul,  a  créé,  érigé  et  établi  en  cha- 
cune province  de  notre  royaume  des  charges  de  nos  lieutenants 
pour  représenter  notre  personne  et  commander  sous  notre  auto- 
rité, en  l'absence  du  gouverneur  en  chef  ou  de  notre  lieutenant 
général,  en  chacune  desdites  provinces;  et,  comme  notre  inten- 
tion a  été  d'en  pourvoir  des  gentilshommes  distingués  par  leur 
naissance,  par  leurs  services  ou  par  ceux  de  leurs  ancêtres,  pour 
les  conserver  à  leur  postérité  comme  autant  de  témoignages  de 
leur  mérite  et  de  notre  satisfaction,  mettant  en  considération 
les  bons  et  fidèles  services  que  notre  très  cher  et  bien  amé 
Joseph  Sevin,  chevalier,  comte  de  Quincy,  chevalier  de  notre 
ordre  miUtaire  de  Saint-Louis,  nous  a  rendus,  et  a  l'État,  en 
qualité  de  premier  capitaine  du  régiment  de  Bourgogne,  à 
l'exemple  de  ses  ancêtres  ; 

Pour  ces  cadses  et  autres,  nous  lui  avons  donné  et  octroyé, 
donnons  et  octroyons,  par  ces  présentes  signées  de  notre  main^ 
ladite  charge  de  notre  lieutenant  dans  notre  province  d'Orléa- 
nois,  et  lui  avons  assigné  pour  son  département  les  bailliages 
de  Gien  et  de  Monlargis,  le  Gâtinois  et  le  pays  de  Puisaye, 


296  APPENDICE. 

dépendants  de  notre  province  d'Orléanois,  que  tenoitetexerçoit 
François  du  Puy  de  Digny,  dernier  possesseur,  après  le  décès 
duquel  Pierre  Grassin,  écuyer,  propriétaire  en  conséquence  de 
déclaration  passée  devant  Baudin  et  son  collègue,  notaires  à 
Paris,  le  24  mai  -17^3,  nous  auroit  fait  payer  par  François- 
Antoine  Grassin,  en  nos  revenus  casuels,  le  droit  de  survivance 
ordonné  par  notre  édit  du  mois  de  décembre  1709,  comme  il 
paroit  parla  quittance  du  sieur  Berlin,  trésorier,  dont  Tamplia- 
lion  est  ci-atlachée,  lequel  sieur  Pierre  Grassin,  ne  désirant  se 
faire  pourvoir  dudit  office,  s'en  seroit  démis  en  nos  mains  au 
profit  dudit  sieur  comte  de  Quincy,  par  acte  passé  par-devant 
Gaschier  et  son  collègue,  notaires  à  Paris,  le  20  janvier  dernier, 
ci-attaché,  pour  ladite  charge  avoir,  tenir  et  dorénavant  exercer, 
en  jouir  et  user  par  ledit  sieur  comte  de  Quincy  audit  titre  de 
survivance,  et  aux  honneurs,  prérogatives,  prééminences,  rangs, 
séances,  franchises,  libertés  y  appartenants,  avec  plein  pouvoir 
de  représenter  notre  personne  et  commander  sous  notre  autorité 
dans  toutes  les  villes  et  lieux  dudit  département,  en  Tabsence 
du  gouverneur  en  chef  et  de  notre  lieutenant  général  audit 
pays,  contenir  nos  sujets  en  la  fidélité  et  obéissance  qu'ils  nous 
doivent,  pacifier  et  faire  cesser  tous  débals  et  querelles  qui 
pourroient  survenir,  entre  eux,  faire  punir  par  nos  juges  ceux 
qui  s'en  trouveront  auteurs  et  coupables,  comme  aussi  ceux  qui 
contreviendront  à  nos  édits  et  ordonnances,  les  faire  garder  et 
observer  inviolablement,  mander,  convoquer  et  assembler, 
toutes  fois  et  quantes  que  besoin  sera,  les  gens  d'Église,  la 
noblesse,  maires,  échevins,  consuls  et  habitants  des  villes,  pour 
leur  faire  entendre,  enjoindre  et  ordonner  ce  qu'ils  auront  à 
faire  pour  notre  service,  empêcher  qu'il  ne  se  fasse  aucune  levée 
de  troupes  sans  notre  permission  et  nos  commissions  signées 
de  Pun  de  nos  secrétaires  d'État,  commander  aux  gens  de 
guerre,  tant  de  cheval  que  de  pied,  qui  y  sont  et  seront  en  gar- 
nison ou  passant  en  route,  ordonner  de  la  garde  et  conservation 
des  places,  contenir  les  gens  de  guerre  dans  Tordre  et  discipline 
militaire  suivant  nos  ordonnances,  châtier  ceux  qui  commet- 
tront quelque  chose  au  contraire,  et  généralement  faire  et 
ordonner  dans  ledit  département,  en  Tabsence  du  gouverneur 
et  de  notre  lieutenant  général,  tout  ainsi  que  nous  pourrions 


APPENDICE.  297 

nous-mêmes  si  nous  y  étions  en  personne,  aux  appointements  de 
deux  mille  six  cent  soixante-six  livres  treize  sols  quatre  deniers 
par  chacun  an,  dont  sera  fait  fonds  dans  l'état  de  nos  finances  de 
la  généralité  d'Orléans  de  la  somme  de  deux  mille  livres  pour  trois 
quartiers,  et  aux  facultés  et  conditions  portées  dans  lesdits  édits. 

Si  donnons  ex  mandement  à  nos  amés  et  féaux  les  gens  tenant 
notre  cour  de  Parlement  à  Paris  que  ledit  sieur  Sevin  de  Quincy, 
duquel  nous  nous  sommes  réservé  de  prendre  et  recevoir  en 
nos  mains  le  serment  en  tel  cas  requis  et  accoutumé,  ils  aient 
à  souffrir,  faire  et  laisser  jouir  et  user  pleinement  et  paisible- 
ment de  ladite  charge  de  notre  lieutenant,  etc...  Mandons,  en 
outre,  à  nos  amés  et  féaux  conseillers  les  présidents,  trésoriers 
de  France  et  généraux  de  nos  finances  à  Orléans  que,  par  les 
receveurs  généraux  de  nos  finances  en  ladite  généralité  et  autres 
comptables  qu'il  appartiendra,  ils  fassent  bailler,  payer  et  déli- 
vrer comptant  audit  sieur  de  Quincy  lesdits  appointements 
dorénavant  par  chacun  an,  etc..  Donné  à  Paris,  le  Séjour  de 
mars  l'an  de  grâce  -1 720,  et  de  notre  règne  le  cinquième.  Signé  : 
LoDis,  et  sur  le  repli  :  Par  le  Roi,  le  duc  d'Orléans,  régent,  pré- 
sent, Phe'ltpeaux;  et  scellées  du  grand  sceau  de  cire  jaune  sur 
double  queue. 

En  marge  dudit  repli  est  encore  écrit  :  Aujourd'hui  ^2  mai 
n20,  le  Roi  étant  à  Paris,  le  sieur  Joseph  Sevin,  chevalier, 
comte  de  Quincy,  dénommé  en  ces  présentes,  a  fait  et  prêté, 
entre  les  mains  de  Sa  Majesté,  Monsieur  le  duc  d'Orléans,  régent, 
présent,  le  serment  qu'il  étoit  tenu  de  faire  à  cause  de  la  charge 
de  son  lieutenant  dans  la  province  d'Orléanois  dont  il  a  été 
pourvu,  moi,  conseiller  de  S.  M.  en  ses  conseils,  secrétaire 
d'État  et  de  ses  commandements  et  finances,  présent.  Signé  : 

PHÉLyPEADX. 

Registrées,  ouï  le  procureur  général  du  Roi,  pour  jouir  par 
l'impétrant  de  leur  effet  et  contenu  selon  leur  forme  et  teneur, 
à  la  charge  par  ledit  impétrant  de  ne  rien  entreprendre  sur  la 
juridiction  contentieuse  et  de  tenir  la  main  à  l'exécution  des 
édits,  déclarations  du  Roi,  arrêts  et  règlements  de  la  Cour,  sui- 
vant l'arrêt  de  ce  jour.  A  Paris,  en  Parlement,  le  22  juin  ^720. 
Signé  :  Gilbeet. 

(Arch.  nat.,  X1a8724,  fol.  6  v%  et  X1b9014,  22  juin.) 


298  APPENDICE. 

Quittance  de  remboursement  d'un  prêt. 

9  avril  n22. 

Joseph  Sevin  de  Quincy,  lieutenant  de  roi  de  l'Orléanais,  et 
sa  femme,  Madeleine  de  Sève,  donnent  quittance  de  la  somme 
de  sept  raille  livres  pour  remboursement  d'un  prêt  de  pareille 
somme  fait  par  Madeleine  de  Sève,  le  9  avril  d7i3,  à  Jean-Nico- 
las Martinet,  actuellement  chef  d'escadre  au  service  d'Espagne, 
et  à  Anne  Helvélius,  son  épouse. 

(Ms.  Franc.  29184.) 

Contrat  de  mariage  de  Joseph  Sevin,  comte  de  Quincy,  et 
Marie-Madeleine-Eugénie  de  Tournai/  d'Assignies  d'Oisy. 

26  juin  -1732. 

Du  contrat  de  mariage  passé  devant  Veillart  et  son  confrère, 
notaires  à  Paris,  le  26  juin  4  732,  entre  messire  Joseph  Sevin, 
chevaher,  comte  de  Quincy,  chevalier  de  Saint-Louis,  premier 
capitaine  du  régiment  de  Bourgogne  et  lieutenant  de  roi  de  la 
province  d'Orléanois,  demeurant  à  Paris,  rue  Royale,  paroisse 
Saint-Paul,  veuf,  d'une  part,  et  dame  Marie-Madeleine-Eugé- 
nie de  Tournay  d'Assignies  d'Oisy,  veuve,  sans  enfants  vivants, 
de  messire  Louis-Albert  de  Dreux,  chevalier,  seigneur  de  Mar- 
san, demeurante  à  Paris,  rue  des  Lions,  susdite  paroisse,  pour 
elle  et  en  son  nom,  d'autre  part,  il  a  été  extrait  ce  qui  suit  : 

Conviennent  que,  sans  avoir  aucunement  égard  en  ce  point  à 
la  coutume  de  Paris,  à  laquelle  ils  dérogent,  il  n'y  aura  entre 
eux  aucune  communauté  de  biens,  mais  chacun  d'eux  jouira  à 
part  et  divis  de  tous  ses  biens,  sans  aucune  confusion,  et,  pour 
avoir  par  ladite  dame  future  épouse  la  libre  disposition  de  ses 
meubles  et  de  ses  revenus,  donner  toutes  quittances,  ester  en 
jugement,  procéder  et  faire  tout  ce  qui  conviendra  pour  la  con- 
servation de  ses  biens  et  intérêts,  ledit  sieur  son  futur  époux 
l'autorise  indéfiniment,  en  tant  que  besoin  est  ou  seroit,  et,  au 
moyen  de  la  non-communauté  ci-dessus  stipulée,  chacun  des- 
dits seigneur  et  dame  futurs  époux  payera  et  acquittera  ses 


APPENDICE.  299 

dettes  et  hypothèques,  sans  que  l'autre  et  ses  biens  en  soient 
tenus  aucunement. 

En  faveur  du  futur  mariage,  et  voulant  lesdits  seigneur  et 
dame  futurs  époux  se  donner  des  preuves  de  leur  estime  et 
considération,  ils  se  sont  fait  et  font  entre  vifs  et  irrévocable- 
ment les  donations  qui  ensuivent,  et  acceptants  de  part  et 
d'autre  : 

D'abord,  ladite  dame  donne  et  assure  audit  seigneur  son  futur 
époux,  au  cas  qu'il  survive  ladite  dame,  mille  livres  de  rente  et 
pension  viagère,  à  prendre  sur  les  biens-fonds  qu'elle  a  et  aura 
à  son  décès,  pour  lui  en  jouir  dans  ledit  temps  et  au  cas  qu'il 
survive. 

De  plus,  lesdits  seigneur  et  dame  futurs  époux  se  donnent 
mutuellement,  et  au  survivant  d'eux,  tous  les  meubles  meu- 
blants, ustensiles,  linge,  argenterie,  deniers  comptants,  sommes 
réputées  deniers  comptants^  billets,  promesses,  obligations, 
dettes  exigibles,  droits,  noms,  raisons  et  actions,  qui  de  pré- 
sent appartiennent  au  prémourant  et  se  trouveront  lui  appar- 
tenir au  jour  de  son  décès,  sans  y  comprendre  les  rentes  por- 
tées par  les  contrats  de  constitution,  pour  le  survivant  d'eux 
en  jouir  en  toute  propriété  et  sans  aucunes  réserves. 

Lesdites  donations  faites  à  condition  que,  au  jour  du  décès 
dudit  prémourant,  il  n'y  aura  aucuns  enfants  nés  ou  à  naître 
dudit  mariage,  ou  que,  y  en  ayant,  ils  seront  décédés  en  mino- 
rité et  avant  d'avoir  valablement  disposé,  auquel  cas  lesdites 
donations  reprendront  leur  force  et  vertu. 

Insinué  à  Paris  le  30  septembre  -1732;  et  a  été  payé  pour  le 
droit  cinquante  livres. 

(Arch.  nat.,  Y  334,  fol.  160  v°.) 

Extrait  mortuaire  du  chevalier  de  Quincy. 

a  Du  23^  juin  n49. 

«  Extrait  des  registres  mortuaires  des  Pères  Feuillants  de  la 
rue  Saint-Honoré,  portant  que,  le  23^  juin  \  749,  le  corps  de 
messire  Joseph  Sevin,  comte  de  Quincy,  lieutenant  de  roi  de 
la  province  de  l'Orléanois,  chevalier  de  l'ordre  militaire  de 


300  APPENDICE. 

Sainl-Louis,  avoit  été  apporté  dans  leur  église  par  Monsieur  le 
vicaire  de  la  paroisse  Sainl-Roeh,  accompagné  de  son  clergé,  et 
avoit  été  inhumé  dans  la  cave  de  la  chapelle  Saint-Sébastien, 
lieu  de  sépulture  de  la  famille  de  Quincy,  en  présence  de  mes- 
sire  Pierre  Sevin  du  Plessis  de  Quincy,  chevalier  de  Saint- 
Lazare,  etc.,  son  frère,  et  de  raessire  Pierre  de  Margeret,  che- 
valier de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis,  etc.,  son  beau-frère \ 
et  de  messire  Jacques  Giraud  de  Moucy,  chevalier,  seigneur  de 
Miron,  etc.,  son  allié.  » 

(Ms.  Franc.  30812,  fol.  128.) 


IV. 


Documents  relatifs  a  Charles  Sevin,  marquis  de  Quincy, 
ET  A  sa  fille. 

Inventaire  après  décès  du  marquis  de  Quincy. 

L'an  ^738,  le  H«  jour  de  février,  trois  heures  de  relevée,  à 
la  requête  de  dame  Geneviève  Pecquot,  veuve  de  messire 
Charles  Sevin,  chevalier,  marquis  de  Quincy,  brigadier  des 
armées  du  Roi,  lieutenant  général  de  l'artillerie  et  lieutenant 
pour  le  Roi  au  gouvernement  d'Auvergne,  demeurante  présen- 
tement à  Paris  en  la  communauté  des  filles  Sainte-Geneviève 
dites  Miramionnes,  quai  de  la  Tournelle,  paroisse  Saint-Nico- 
las-du-Chardonnet,  en  son  nom  à  cause  de  la  communauté  de 

biens  qui  a  été  entre  ledit  défunt  sieur  son  mari  et  elle, 

ladite  dame  représentée  par  messire  Bertrand  de  Montgibault, 
chevalier,  enseigne  des  gardes  du  corps  du  Roi  et  brigadier  des 
armées  de  S.  M ; 

En  la  présence  de  Marguerite-Charlotte  Sevin  de  Quincy, 
damoiselle,  fille  majeure  demeurante  à  Orléans,  de  présent  en 
cette  ville  de  Saint-Germain-en-Laye,  logée  rue  de  Pontoise 
en  la  maison  des  Trois-Fleurs-de-Lys,  en  son  nom  et  comme 

1.  C'était  le  fils  du  capitaine  aux  f^ardes  nommé  dans  le  tome  II, 
p.  237  ;  il  avait  épousé  une  sœur  consanguine  de  la  seconde  femme 
du  chevalier  de  Quincy. 


APPENDICE.  301 

fondée  de  procuration  de  Marie-Madeleine-Gharles  Sevin  de 
Quincy,  damoiselle,  fille  majeure,  sa  sœur; 

Aussi,  en  la  présence  de  messire  Augustin  Sevin,  chevalier, 
seigneur  de  TËpineux,  capitaine  au  régiment  de  Lannion,  pro- 
vince de  Bretagne,  demeurant  en  sa  terre  de  l'Épineux,  près 
Orléans  ; 

Et  encore  en  la  présence  de  noble  homme  Claude  Legrand, 
conseiller  du  Roi,  et  son  procureur  des  sièges  royaux  dudit 
Saint- Germain- en- Laye,  appelé  pour  l'absence  de  messire 
Thierry  Sevin,  chevalier,  seigneur  de  Bussy,  ancien  capitaine 
au  régiment  de  Chartres-infanterie,  demeurant  à  Rivaulde,  en 
Berry  ;  de  messire  Pierre  Sevin,  chevalier,  seigneur  du  Plessis, 
demeurant  à  Paris,  rue  Sainte-Anne,  paroisse  Saint-Roch;  de 
messire  Joseph  Sevin,  comte  de  Quincy,  lieutenant  de  roi  de 
la  province  d'Orléanois,  demeurant  à  Paris,  rue  Neuve-des- 
Petits-Champs,  susdite  paroisse  Saint-Roch,  et  de  messire 
Alexandre  Sevin,  chevalier,  seigneur  de  la  Martinière,  demeu- 
rant à  Angers; 

Lesdits  sieurs  Thierry  Sevin,  Pierre  Sevin,  Joseph  Sevin  et 
Alexandre  Sevin,  habiles  à  se  dire  et  porter  héritiers,  chacun 
pour  un  sixième,  dudit  défunt  sieur  Charles  Sevin  de  Quincy, 
leur  frère  -,  ledit  sieur  Augustin  Sevin  de  TÉpineux  pour  repré- 
sentation de  défunt  messire  Augustin  Sevin  de  Quincy,  son  père, 

chevalier,  frère  aine  dudit  défunt  sieur  de  Quincy ,  et  les- 

dites  damoiselles  Marie-xMadeleine- Charles  et  Marguerite-Char- 
lotte Sevin  de  Quincy,  par  représentation  de  défunt  messire 
Thierry  Sevin,  chevalier,  leur  père,  frère  dudit  défunt, 

A  été,  par  les  notaires  gardes-notes  du  roi  audit  Saint-Ger- 
main-en-Laye  soussignés,  fait  inventaire  et  description  de  tous 
les  biens,  meubles  meublants,  ustensiles  de  ménage  et  d'hùtel 

de  la  maison  qu'occupoient  lesdits  sieur  et  dame  de 

Quincy,  sise  en  cette  ville,  rue  aux  Miettes,  où  ledit  sieur  de 
Quincy  est  décédé  le  ^0  janvier  dernier, 


302  APPENDICE. 

Dans  la  chambre  où  le  sieur  de  Quincy  est  décédé,  ayant  vue 
sur  la  cour  de  ladite  maison  : 

Premièrement,  un  feu  de  deux  pièces,  pelle  et  pincette  de  fer 
poli,  garni  de  pommes  de  cuivre.  8  1. 

Item,  un  trumeau  de  cheminée  de  22  pouces  de  glace  de  haut 
sur  27  pouces  de  large,  dans  sa  bordure  de  bois  doré,  avec  deux 
bras  de  cuivre.  30  1. 

Item,  un  petit  sopha,  deux  fauteuils,  une  chaise,  un  autre 
fauteuil  et  une  chaise,  de  bois  de  noyer  garni  de  crin,  couverts 
de  tapisserie  à  Taiguille.  50  1. 

Item,  quatre  fauteuils  de  bois  blanc  foncés  de  paille,  deux 
autres  de  bois  de  noyer  foncés  de  canne,  un  petit  tabouret  de 
bois  doré  couvert  de  tapisserie  à  l'aiguille.  42  1. 

Item,  une  commode  de  bois  de  rapport,  garnie  de  ses  tiroirs, 
entrées  et  mains  de  cuivre  doré  et  dessus  de  marbre.         50  1. 

Item,  trois  eslampes  dans  leurs  cadres  ovales  de  bois  doré, 
garnis  de  leurs  verres,  un  Christ  d'ivoire  posé  sur  sa  croix  de 
bois  doré  et  son  tapis  de  velours  dans  sa  bordure  de  bois  doré, 
trois  autres  petites  estampes  garnies  de  leurs  verres  dans  leurs 
bordures  de  bois  de  Sainte-Lucie,  une  autre  représentant  le  car- 
dinal de  Bissy,  une  Sainte-Face  dans  sa  bordure  de  bois  doré  et 
une  petite  tablette  à  hvres.  20  1. 

Item,  six  autres  tableaux  de  famille  peints  sur  toile,  dans 
leur  bordure  de  bois  doré.  Mémoire. 

Item,  une  table  à  jouer,  garnie  de  deux  tiroirs,  couverte  de 
drap  vert,  et  une  autre  petite  tablette  à  livres.  6  1. 

Item,  une  couche  à  bas  piliers,  de  bois  de  noyer,  garnie  de 
son  enfonçure  et  dossier,  trois  matelas  de  laine,  dont  un  cou- 
vert de  toile  à  carreaux,  les  deux  autres  de  futaine,  un  lit  et 
traversin  de  coutil  de  Bruxelles  remplis  de  plume  d'oie,  un 
couvre-pied  de  taffetas  broché,  une  courte-pointe  de  toile  de 
coton,  la  housse  dudit  lit,  deux  bonnes-grâces,  pentes  en 
dehors  et  en  dedans  et  soubassement  de  toiles  de  coton,  le 
dedans  dudit  lit  chantourné  de  satin  citron,  deux  grands 
rideaux  de  serge  couleur  citron,  et  tringle  tournante.       350  1. 

Item,  quatre  pièces  de  tapisserie  de  toile  rayée  jaune,  blanche 


APPENDICE.  303 

et  bleue  faisant  le  tour  de  ladite  chambre,  contenant  dix  aunes, 
y  compris  une  portière  et  deux  rideaux  de  fenêtres.  30  1. 

Dans  une  petite  garde-robe  à  côté  : 

La  courte-pointe  du  lit, de  même  satin.  'loi. 

Un  petit  corps  de  tiroirs,  garni  de  six  tiroirs  et  un  guichet 
par  bas,  le  tout  de  bois  de  noyer,  un  prie-Dieu  de  bois  de  rap- 
port garni  de  deux  volets.  ^3  1. 

Quinze  estampes,  dont  six  dans  leurs  bordures  de  bois  de 
Sainte-Lucie,  le  surplus  dans  leurs  bordures  de  bois  doré,  et 
une  petite  châsse  de  bois  noirci  garnie  de  verre,  dans  laquelle 
il  y  a  un  crucifix  d'ivoire  et  la  Vierge  de  bois  de  coco.  6  1. 

Une  guitare  garnie  de  ses  cordes,  dans  sa  boite.  6  1. 


Dans  une  salle  à  gauche  de  l'escalier  : 

Un  trumeau  de  46  pouces  de  glace  de  long  sur  3^  pouces  de 
haut,  dans  son  filet  de  bois  doré.  90  1. 

Deux  consoles  de  bois  doré,  avec  une  tasse  de  porcelaine  sur 
chacune,  deux  petites  tablettes  aux  côtés  de  la  cheminée,  de 
bois  peint,  façon  de  la  Chine.  8  1. 

Un  fauteuil  de  bois  doré,  un  canapé  de  pareil  bois,  garnis  de 
crin,  couverts  de  tapisserie  à  l'aiguille.  90  1. 

Quatre  petits  fauteuils  de  bois  blanc  foncés  de  paille,  un 
écran  de  bois  de  noyer  foncé  de  tapisserie  à  l'aiguille,  une  table 
de  quadrille  de  bois  d'hêtre  avec  son  tapis,  une  petite  table  de 
bois  de  rapport.  42  1. 

Un  cabinet  de  bois  de  la  Chine  posé  sur  son  pied  de  bois 
doré.  -100  1. 

Une  petite  armoire  en  bibliothèque,  ^104  volumes  de  livres 
traitant  de  différents  sujets,  reliés  en  veau  et  en  partie  en  par- 
chemin. ^00L 

Trois  consoles  de  bois  doré,  un  tableau  peint  sur  toile  repré- 
sentant l'enlèvement  de  Proserpine.  40  I. 

Six  tableaux  estampes  représentant  les  Conquêtes  d^A  lexandre, 


304  APPENDICE. 

deux  autres  estampes  garnies  de  leurs  verres  dans  leurs  bor- 
dures de  bois  doré.  30  1. 

Onze  tableaux  de  famille,  dans  leur  bordure  de  bois 
doré.  Mémoire 

Quatre  rideaux  de  fenêtre,  trois  portières,  deux  grandes 

pièces  de  tapisserie  de  toile  de  coton  à  raies faisant  le 

tour  de  ladite  chambre.  40  1. 

Dans  un  cabinet  à  côté  de  ladite  chambre  : 

Un  trumeau de  glace  dans  sa  bordure  de  bois  doré  et 

deux  bras  de  cuivre  doré.  70  1. 

Un  tableau  peint  sur  toile  représentant  Louis  XIV,  dans  sa 

bordure  de  bois  doré.  20  1. 

Trois  tableaux  [de  famille],  aussi  peints  sur  toile.  Mémoire. 

Une  couche  à  bas  piliers,  de  bois  de  noyer,  garnie  de  son 
enfonçure  de  toile,  deux  matelas  de  laine  couverts  de  toile 
à  carreaux,  un  lit  et  traversin  de  coutil  remplis  de  plume,  une 
courte-pointe  piquée,  une  autre  courte-pointe  de  satin  blanc 
des  Indes,  doublée  de  satin  de  Marseille  rayé,  la  housse  dudit 
lit  de  toile  rayée,  deux  grands  rideaux,  deux  soubassements, 

deux  de  fenêtres .....  et  deux  morceaux  de  pareille 

toile  servant  de  tapisserie.  -140  1. 


Dans  une  chambre  au  second  étage  servant  de  cabinet 


Sept  tableaux  de  famille  peints  sur  toile, deux  petits 

cadres  en  tapisserie  représentant  les  armoiries  de  la  famille. 

Mémoire. 

Sept  estampes  représentant  diverses  choses, un  [tableau] 

peint  sur  bois  représentant  la  Sainte  Famille.  ^12  1. 

Une  petite  tablette  à  livres  de  bois  blanc,  et  trente- six 
volumes  de  livres  traitant  de  différents  sujets.  40  1. 


APPENDICE.  305 

A  l'égard  des  habits  dudit  sieur  de  Quincy, ils 

n'on  point  été  prisés  et  estimés,  attendu  que  ledit  sieur  de 
Quincy  a  ordonné  que  le  tout  soit  distribué  à  ses  domes- 
tiques   ,  ainsi  que  son  linge. 


Dans  le  passage  : 
Une  carte  généalogique  de  la  famille  de  M.  de  Quincy.  Mémoire. 

Dans  la  salle  à  manger  : 

Un  poêle  de  fer  avec  ses  tuyaux,  une  table  de  bois  blanc  sur 
son  châssis,  cinq  fauteuils  de  bois  foncés  de  paille.  -15  1. 

Sept  chaises  de  bois  de  noyer,  une  autre  aussi  de  bois  de 
noyer  remplie  de  bourre  et  crin,  couverte  de  moquette.       16  1. 

Une  table  de  bois  doré  avec  sa  tablette  de  marbre.  40  1. 

Une  petite  fontaine  à  deux  robinets  et  sa  cuvette  de  cuivre 
rouge.  18  1. 

Un  paravent  de  quatre  feuilles  couvert  de  papier  peint  et 
découpure.  4  1. 

Quatre  cartes  géographiques  avec  leurs  bâtons  de  bois  noirci, 
un  trictrac  garni  de  ses  dames  et  cornets.  14  1. 

Trois  grands  tableaux  peints  sur  toile  représentant  des  per- 
sonnes de  la  famille.  Mémoire. 

Cinq  morceaux  de  damas  de  Gaux  faisant  le  tour  de  ladite 
salle,  deux  rideaux  de  toile  de  coton.  20  1, 

Dans  la  cuisine  : 

[Mobilier  et  batterie  de  cuisine  en  cuivre,  estimée  au 
total  183  1.] 

Dans  l'office  : 

[Mobilier  et  vaisselle  d'étain,  une  balance  romaine,  estimé  le 
tout  58 1.] 

[Le  linge  :  cinq  nappes,  huit  douzaines  de  serviettes,  tabliers 
et  torchons,  le  tout  62  1.  10  s.] 

III  20 


306  APPENDICE. 

Ensuit  la  vaisselle  d'argent  : 

Quinze  cuillers  et  quinze  fourchettes,  deux  cuillers  à  ragoût, 
le  tout  d'argent  blanc,  poinçon  de  Paris,  pesant  dix  marcs  six 
onces  un  gros.  5^6  1,  -19  s,  9  d. 

Un  porte-huilier  garni  de  ses  deux  bouchons,  aussi  d'argent 
blanc,  poinçon  de  Paris,  pesant  un  marc  deux  onces  six  gros. 

63  1.  ^19  S.  5d. 

Quatre  couteaux  de  table  à  manche  d'argent  blanc,  pesant 
un  marc.  47  1.  -12  s.  2  d. 

Dans  la  commode  qui  est  dedans  la  chambre  oii  est  décédé 
ledit  sieur  de  Quincy  : 

Deux  robes,  dont  une  de  taffetas  couleur  de  marron,  et  une 
de  moire  à  fond  bleu  avec  bouquets  détachés.  50  1. 

Une  autre  robe  et  un  jupon  de  gros  de  Tours,  fond  marron 
avec  des  bouquets  blancs.  60  1. 

Dans  l'armoire  en  bibliothèque  : 

Neuf  volumes,  tant  de  l'Histoire  de  France  que  de  la  Milice 
française .  40  1. 

Huit  volumes  de  VHistoire  militaire  de  Louis  XIV,  compo- 
sée par  ledit  sieur  de  Quincy.  30  1. 

Cent  vingt  volumes  de  livres  dépareillés  reliés  en  veau  et 
partie  en  parchemin.  30  1. 

Ensuivent  les  papiers  : 

[Contrat  de  mariage,  brevet  de  pension,  constitutions  de 
rente,  etc.] 

Ce  fait,  et  après  qu'il  ne  s'est  plus  rien  trouvé  à  invento- 
rier, etc. 

(Arch.  nat,.,  T  G37,  ri"  3,  cote  14.) 


APPENDICE,  307 

Contrat  de  mariage  de  René  Jourdan  de  Launey  et  de 
Catherine-Charlotte  Sevin,  fille  de  Charles,  marquis  de 
Quincy. 

2  novembre  ^  72^ . 

Par-devant  les  conseillers  du  Roi  notaires  à  Paris  soussignés 
furent  présents  messire  René  Jourdan,  clievalier,  seigneur  de 
Launey  et  autres  lieux,  gouverneur  pour  le  Roi  en  son  château 
de  la  Bastille  et  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint-Louis, 
fils  de  défunt  messire  Jean  Jourdan,  écuyer,  seigneur  du  Mes- 
nil,  et  de  dame  Jeanne-Françoise  Le  Gappon,  son  épouse, 
ses  père  et  mère,  demeurant  audit  château,  pour  lui  et  en  son 
nom,  d'une  part; 

Et  messire  Charles  Sevin,  chevalier,  marquis  de  Quincy, 
brigadier  des  armées  du  Roi,  lieutenant  général  de  l'artillerie 
de  France  et  lieutenant  pour  le  Roi  au  gouvernement  d'Au- 
vergne, chevalier  de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis,  et  dame 
Geneviève  Pecquot,  son  épouse,  de  lui  autorisée,  demeurants  à 
l'Arsenal,  susdite  paroisse  Saint-Paul,  stipulant  pour  damoi- 
selle  Catherine-Charlotte  Sevin  de  Quincy,  leur  fille,  à  ce  pré- 
sente et  consentante,  d'autre  part-, 

Lesquels,  en  la  présence  de  messieurs  et  dames  leurs  parents 
et  amis  ci-après  nommés,  savoir  :  du  côté  dudit  sieur  de  Lau- 
ney, de  messire  Adrien  Jourdan,  prêtre,  frère,  et  messire  René 
Jourdan,  sieur  de  Saint-Germain,  heutenant  pour  le  Roi  en  son 
château  de  Vincennes,  cousin  germain;  et  du  côté  de  ladite 
damoiselle  de  Quincy,  de  messire  Pierre  Sevin  de  Quincy, 
chevalier,  seigneur  du  Plessis  et  chevalier  de  Tordre  de  Notre- 
Dame-du-Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare-de-Hiérusalem,  oncle, 
et  dame  Marie  de  Margeret,  son  épouse,  de  dame  Marguerite 
Lefèvre  de  la  Barre,  veuve  de  messire  Thierry  Sevin,  con- 
seiller du  Roi  en  ses  conseils  et  président  en  sa  cour  de  Par- 
lement [grande  tante],  et  de  messire  Christophe  d'Aulnoy,  sei- 
gneur des  Grizelles,  conseiller  du  Roi,  maître  des  eaux  et 
forêts,  ami  ; 

Ont  fait  et  arrêté  ensemble  le  traité  de  mariage  qui  ensuit, 
savoir   :   que  ledit  sieur  de  Launey  et  ladite  damoiselle  de 


3Ô8  APPENDICE. 

Quincy,  du  consentement  des  sieur  et  dame  ses  père  et  mère, 
ont  prorais  se  prendre  l'un  l'autre  par  nom  et  loi  de  mariage, 
pour  en  être  fait  la  célébration  en  face  de  la  sainte  Église 
incessamment. 

Seront  lesdits  sieur  et  damoiselle  futurs  époux  communs  en 
biens  meubles  et  conquêts  immeubles,  suivant  la  coutume  de 
Paris,  au  désir  de  laquelle  leur  communauté  sera  réglée  et  le 
partage  d'icelle  fait. 

La  dot  de  ladite  damoiselle  future  épouse  est  de  valeur  de 
cent  vingt-cinq  mille  livres,  composée  de  ce  qui  ensuit  : 

Savoir,  de  la  lieulenance  de  roi  au  gouvernement  de  la  pro- 
vince d'Auvergne,  dont  ledit  sieur  marquis  de  Quincy  père 
est  actuellement  pourvu  et  jouissant,  et  dont  il  fournira  sa 
démission  audit  sieur  futur  époux  le  lendemain  de  la  célébra- 
tion dudit  mariage,  pour  s'y  faire  pourvoir,  en  poursuivre 
l'agrément  de  S.  M.,  et  s^y  faire  recevoir  et  installer  à  ses  frais 
et  diligences,  aux  gages  qui  y  sont  attribués,  qui  étoient 
ci-devant  de  dix-huit  cents  livres  par  année,  et  qui  ont  été  réduits 
à  neuf  cents  livres  aussi  par  année,  pour  en  jouir  du  jour  de  sa 
réception,  laquelle  charge  les  parties  ont  évaluée  à  la  somme  de 
quarante-cinq  mille  livres;  bien  entendu  que,  jusqu'à  ce  que 
lesdits  gages  soient  rétablis,  ainsi  que  les  parties  l'espèrent,  à 
ladite  raison  de  dix-huit  cents  livres  par  année,  ledit  sieur  mar- 
quis de  Quincy  et  ladite  dame  marquise,  son  épouse,  pro- 
mettent sohdairement  de  payer  auxdits  sieur  et  damoiselle 
futurs  époux  neuf  cents  livres  par  année,  à  compter  du  jour  de 
la  réception  en  avant,  et  continuer  jusqu^au  rétablissement  des- 
dits gages,  ci  45,000  1. 

Plus,  soixante  mille  livres  à  prendre  dans  le  fonds  du  douaire 
constitué  par  messire  Thierry  Sevin,  chevalier,  seigneur  de 
Quincy,  Gharny,  Montgodefroy  et  autres  lieux,  conseiller  du 
Roi  en  ses  conseils  et  président  en  sa  cour  de  Parlement,  à 
dame  Marguerite  Lefèvre  de  la  Barre,  son  épouse,  de  l'usufruit 
duquel  douaire  ladite  dame  jouit  présentement,  et  lequel  douaire 
appartient  audit  sieur  marquis  de  Quincy  ;  de  laquelle  somme 
de  soixante  mille  livres  il  veut  bien  se  départir  en  faveur  de 
ladite  damoiselle  future  épouse  sa  fille,  qui  entrera  en  jouis- 


APPENDICE.  309 

sance  de  ladite  somme  du  jour  du  décès  de  ladite  dame  veuve 
de  Quincy,  ci  60,000  1, 

Et,  outre  les  susdites  deux  sommes  ainsi  données  à  ladite 
damoiselle,  il  lui  appartient  encore  la  somme  de  vingt  mille 
livres  de  son  chef,  à  elle  donnée  par  messire  Mathias  Pecquot, 
chanoine  et  sous-chantre  de  l'église  de  Paris,  sous  la  réserve  de 
l'usufruit  que  ledit  sieur  Pecquot  s'en  est  réservé  pendant  sa 
vie,  auquel  usufruit  lesdits  sieur  et  dame  marquis  et  marquise 
de  Quincy  père  et  mère  doivent  succéder  audit  sieur  Pecquot, 
aux  termes  de  la  donation,  mais  dont  iceux  sieur  et  dame 
veulent  bien  se  désister  en  faveur  de  ladite  damoiselle,  leur  fllle, 
pour,  par  elle,  entrer  en  jouissance  de  ladite  donation  du  jour 
du  décès  dudit  sieur  abbé  Pecquot. 

Et  partant  la  dot  de  ladite  damoiselle  futur  épouse  se  trouve 
monter  à  ladite  valeur  de  cent  vingt-cinq  mille  livres.  -123,000  1. 

De  laquelle  dot  il  entrera  en  communauté  vingt-cinq  mille 
livres 

Ledit  sieur  futur  époux  a  doué  et  doue  ladite  damoiselle 
future  épouse  de  la  somme  de  quatre  mille  livres  de  rente 
annuelle,  au  cas  qu'il  n'y  ait  point  d'enfants,  et,  s'il  y  en  a,  de 
trois  mille  livres  de  rente  aussi  annuelle 

Fait  et  passé  à  Paris,  en  la  demeure  desdits  sieur  et  dame 
marquis  et  marquise  de  Quincy  devant  déclarés.  Tan  mil  sept 
cent  vingt-un,  le  deuxième  jour  de  novembre,  après  midi. 

(Arch.  nat.,  T  637,  n"  7,  cote  128.) 


V. 


Inscription  commémorative  du  commandeur  de  Bandeville 

à  Malte. 

D.  0.  M. 

Recolend^  memorij; 
Venerabilis  fratris  Caroli  Sevin  de  Bandeville, 

GaMPANI^  PRIORIS,  COMMENDATORIiE   DE   BONCOURT  C0MMENDAT0RIS, 

Qdi  post  elargitas  anno  mdccxv  lieras  X", 


310  APPENDICE. 

In  subsidiom  expensarum 

occasione  generalis  citationis  erogatarcm, 

libras  pariter  ii'^  lu*"  dcc  xc  reliquit  in  spolio, 

Nec   OBTENTA    FACULTATE 

disponendi  de  quinta  parte  uti  voluit, 

ac  legatcm  quodcumqce  consulto  omisit, 

Ut  ad  suam  Religionem,  dilectissimam  matrem, 

AssE  integrum  perveniret. 

SCIEBAT   ENIM    NIHIL    MAGIS    PIUM 

QUAM    SACRAM    HOSPITALITATEM    SACRAMQUE   MILITIAM 

SiBI   DATIS   SUBSTANTIIS   PROMOVERE, 

JUXTA    SU;E    PROFESSIONIS    INSTITCTDM. 

ObIIT    die   XXIV   NOVEMBRIS   ANNI    M  DCC  XVIII,    ^TATIS   SD.E   LXXVII. 

VeNERABILES    PROCERES    COMMDNIS   jERARII 

Ad  PERENNE  RELIGIOSISSIMI  VIRI  monumentum 

Et  singulorum  excitandom  exemplum 

pp.  anno  m  dcc  xix. 

Le  texte  de  cette  inscription,  qui  se  trouve  sur  la  pierre  tom- 
bale commémorative  du  commandeur  de  Bandeville  dans  l'église 
Saint-Jean-Bapliste  de  la  Valette,  à  Malte,  a  été  publié  par 
M.  de  Mas  Latrie  dans  les  Archives  des  Missions^  tome  VI, 
p.  499,  n°  342.  La  pierre  tombale  représente  un  sarcophage 
posé  sur  un  autel,  dont  le  devant  porte  l'inscription  ci-dessus; 
le  sarcophage  est  à  demi  caché  par  le  blason  des  Sevin; 
au-dessus,  une  draperie,  qui  fait  fond,  est  soutenue  par  deux 
anges  voltigeant.  Cette  pierre  avait  été  reproduite  dans  Haruana, 
Collezione  dei  monumenti  e  lapidi  sepolcrali  dei  militi  Geroso- 
limitani  nella  chiesa  di  San  Giovanni  in  Malta;  -1838,  t.  I, 
n°  cxxxi.  (Communication  de  M.  J.  Delaville-Le  Roulx.) 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


Tome  I. 

Page  41,  note  4.  —  C'est  bien  en  effet  le  régiment  de  Figueroa; 
il  servit  en  Italie  de  1701  à  1707. 

Page  72,  note  2.  —  Ajoutez  :  Le  duc  d'Orléans  régent  fut  par- 
rain, le  18  octobre  1726,  du  fils  de  Jacques  de  Boissimène, 
chevalier  de  Saint-Louis  et  colonel  au  service  d'Espagne,  et  de 
Gracieuse-Léone  du  Vergier  (Mercure  d'octobre,  p.  2693). 

Page  74,  note  2.  —  Ajoutez  :  On  trouve  encore  l'expression  «  un 
train  de  Jean  de  Paris  »  dans  les  Lettres  de  ilf™^  Dunoyer, 
n°  xLviii. 

Page  130,  note  3.  —  Remplacer  cette  note  par  ce  qui  suit  :  Joseph- 
Pierre  Dejean  de  Manville,  enseigne  aux  gardes  françaises  en 
1702,  colonel  du  régiment  de  Beauce  en  1708,  maréchal  de 
camp  en  août  1734,  lieutenant  général  en  1743,  mort  le  15  août 
1745. 

Page  140,  note  3.  —  Ajoutez  :  M.  H.  Bardy  a  publié  en  1897, 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  philomatique  vosgienne,  un  article 
intitulé  :  Camus  de  Morton,  inspecteur  général  d'infanterie  en 
Lorraine,  gouverneur  des  ville  et  château  de  Belfort. 

Page  143,  ligne  13.  —  Le  gouverneur  de  Schelestadt  était  le  che- 
valier de  la  Fare  {Mémoires  de  Sourches,  t.  VI,  p.  182). 

Page  169,  ligne  18.  —  Au  lieu  de  :  Vorse,  lisez  :  Verse. 

Page  182,  lignes  2  et  3.  —  Ajoutez  en  note  :  Ces  Sevin  de  la 
Grange  étaient  d'une  branche  séparée  au  xvi«  siècle  de  celle  de 
Quincy.  L'un  d'eux,  Michel-Thierry,  obtint  le  grade  de  maré- 
chal de  camp  le  18  avril  1653  (Pinard,  Chronologie  militaire, 
t.  VI,  p.  393). 

Page  184,  note  1.  —  Ajoutez  :  M.  Guessard,  dans  la  préface  du 
roman  de  Macaire  (collection  des  Anciens  poètes  de  la  France),  a 
fait  une  longue  et  très  consciencieuse  étude  sur  les  origines  et 
le  développement  de  la  légende  du  chien  de  Montargis,  tant  en 
France  qu'à  l'étranger. 


312  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Page  205,  note  4.  —  C'est  par  erreur  qu'il  a  été  dit  que  Jean- 
René  de  Jouenne  d'Esgrigny  fut  tué  en  1705;  il  ne  mourut  que 
bien  plus  tard.  C'est  son  frère  cadet,  capitaine  au  régiment  de 
Bourgogne,  qui  périt  au  siège  de  Verue  (tome  II,  p.  81). 

Page  208,  note  2.  —  Au  lieu  de  ;  le  30  juin  1708,  à  Venise,  lisez  : 
le  5  juillet  1708,  à  Padoue. 

Pages  357-359.  —  Au  lieu  de  :  M.  de  Gampanelle,  lisez  :  M.  de 
Champignelle,  et  voyez  tome  II,  p.  378,  note  1. 

Tome  H. 

Page  6,  ligne  15.  —  Au  lieu  de  :  M.  de  Champagnelle,  lisez  : 
M.  de  Champignelle. 

Page  57,  note  1.  —  Ajoutez  :  Le  nom  patronymique  du  chevalier 
de  la  Haye-le-Comte  est  Le  Métayer. 

Page  66,  note  1.  —  Au  lieu  de  :  Michel-Gabriel  de  Launay  de 
Rasilly,  lisez  :  Michel-Gabriel  de  Rasilly. 

Page  83,  note  1.  — Au  lieu  de  :  Sigismond  de  Seyssel,  etc.,  lisez  : 
Victor-Amé  de  Seyssel  (1679-1754),  alors  major  du  régiment  de 
Savoie  (la  Maison  de  Seyssel,  par  le  comte  de  Seyssel-Cressieu, 
t.  II,  p.  194  et  suiv.). 

Page  320,  ligne  4.  —  Le  V....,  c'est  le  château  du  Vivier  (voyez 
tome  III,  p.  378,  note),  et  l'oncle  de  M™^  Sevin  du  Plessis 
était  M.  de  Bourlamaque  père. 

Pages  323-325.  —  Les  Mémoires  du  marquis  de  Sourches,  t.  XII, 
p.  140,  donnent  un  très  curieu.x  récit  de  la  dégradation  de 
M.  de  la  Boulaye. 

Page  334,  note  2.  —  Ajoutez  :  La  fortune  du  premier  Broglie, 
gouverneur  de  la  Bassée,  vint  de  la  confiscation  des  biens  situés 
aux  environs  de  cette  place  et  appartenant  à  des  gentilshommes 
passés  au  service  d'Espagne,  que  le  Roi  lui  accorda  par  un  bre- 
vet du  30  juin  1651  (Pinard,  Chronologie  militaire,  t.  IV,  p.  89). 

Page  377,  note  9.  —  Au  lieu  de  :  on  n'a  pu  l'identifier,  lisez  :  c'est 
N.  Pellissier  ou  Pélissier  de  Féligonde. 

Page  387,  lignes  6  à  10.  —  Il  fait  allusion  au  discours  que  M.  de 
Brendlé  adressa  à  Fénelon  en  1711  :  tome  III,  p.  61. 


SOMMAIRE 


DU  TOME  TROISIEME. 


I.  Campagne  de  1710.  —  Prise  et  reprise  de  Mortagne,  p.  1-2. 

—  Le  maréchal  de  Montesquieu  est  chassé  des  lignes  de 
Lens,  2-4.  —  Anecdotes  sur  l'électeur  de  Cologne,  5-9.  — 
Siège  de  Douay  par  les  alliés,  9-12.  — Marche  de  Villars; 
préparatifs  de  bataille,  12-17.  —  Retraite  de  l'armée;  petite 
guerre,  17-23.  —  Le  comte  d'Oisy  et  sa  terre,  23-26.  — 
Capitulation  de  Douay;  Béthune  assiégée;  marches  et  contre- 
marches, 26-32.  —  Aventures  avec  des  housards  et  des 
officiers  anglais,  32-34.  —  Expédition  malheureuse  du  comte 
de  Broglie,  35-36.  —  Capitulation  de  Béthune;  gasconnades 
de  M.  de  Saint-Sernin,  37-38.  —  Aire  et  Saint-Venant  assié- 
gées, 39-43.  — Combat  heureux  de  M.  de  Ravignan,  43-45. 

—  Algarade  du  maréchal  de  Villars  au  marquis  d'Heudi- 
court,  45-48.  —  Le  chevalier  sauve  la  vie  à  un  de  ses  capo- 
raux pris  en  maraude,  48-49.  —  Le  marquis  et  la  marquise 
d'Havrincourt,  49-50.  —  Bonne  entente  du  prince  Eugène 
et  de  Marlborough,  51-52.  —  Fin  de  la  campagne;  retour 
à  Quincy  ;  discussion  avec  un  caissier  de  la  guerre,  52-56. 

—  Victoire  de  Vendôme  à  Villaviciosa,  56-58. 

IL  Campagne  de  1711.  —  Mort  de  Monseigneur,  59.  —  His- 
toire du  brasseur  Jourdain,  60-61.  —  Sédition  à  Cambray, 
61.  —  Le  chevalier  de  Quincy  manque  de  se  noyer;  il  rend 
visite  à  Fénelon,  62-63.  —  Position  de  l'armée,  63.  —  Petites 
opérations  des  deux  armées,  64-71.  — Attaque  du  camp  des 
ennemis  près  de  Douay,  et  prise  du  château  de  Chantereine, 


314  SOMMAIRE  DU  TOME  TROISIÈME. 

71-75.  —  Marche  et  retraite  de  Marlborough,  75-82.  — 
Causes  de  l'inaction  de  Villars;  négociations  de  paix,  82-86. 

—  Marche  des  ennemis  sur  Bouchain;  siège  de  la  ville; 
efforts  de  Villars  pour  l'empêcher,  86-94.  —  Attaque  du 
bourg  d'Hordain;  poltronnerie  des  gens  de  cour,  94-100. 

—  Entreprise  sur  Douay  manquée  ;  courses  des  partisans  La 
Croix  et  Dumoulin,  100-102.  —  Fin  de  la  campagne,  102- 
103. 

III.  Campagne  de  1712.  —  Réflexions  sur  la  campagne;  mort 
du  maréchal  Catinat,  104-107.  —  Tentative  des  ennemis  sur 
Arras,  107-108.  —  Petites  expéditions,  108-110.  —  Départ 
du  chevalier  pour  l'armée;  l'hôtesse  de  l'Ours,  à  Meaux, 
110-111.  —  Arrivée  à  Arras,  112.  —  Belle  action  du  mar- 
quis de  Mézières,  112-114.  —  Positions  des  armées,  114- 
117.  —  Siège  du  Quesnoy  par  les  ennemis,  117-118.  — 
Course  de  M.  de  Growestein  en  France,  118-119.  —  Mort 
du  duc  de  Vendôme;  son  éloge,  120-122.  —  Le  duc  et  la 
duchesse  de  Saint-Pierre,  122-123.  —  Villars  et  le  marquis 
d'Havrincourt  ;  habileté  de  celui-ci,  123-127.  —  Prise  du 
Quesnoy,  127-129.  —  Exploits  du  comte  de  Broglie  et  du 
prince  de  Tingry,  129-131.  —  Les  Anglais  se  séparent  de 
l'armée;  Eugène  se  dispose  à  assiéger  Landrecies,  132-135. 

—  Belle  marche  de  Villars  sur  Denain,  136-146.  —  Histoire 
du  chevalier  de  Carondelet,  143-144.  —  Bataille  de  Denain, 
147-155.  —  Prise  de  diverses  petites  places,  155-156.  — 
Joie  à  la  cour,  156-157.  —  Siège  et  prise  de  Marchiennes, 
158-162.  —  Villars  assiège  Douay  et  s'en  empare;  opéra- 
tions du  prince  Eugène,  162-178,  182-185.  —  Excursion 
galante  du  chevalier  à  Cambray  ;  il  est  atteint  d'une  fièvre 
pernicieuse,  179-182,  185-186.  —  Siège  du  Quesnoy  parles 
Français;  capitulation,  186-197.  —  Le  chevalier  à  la  tran- 
chée; feu  terrible,  193-196.  —  Surprise  de  la  Kenocque, 
197-198.  —  Villars  assiège  et  prend  Bouchain,  198-200.  — 
Villars  et  les  bourgeois  de  Valenciennes,  201-202.  —  Départ 
du  chevalier  pour  Paris;  aventure  avec  des  housards;  la 
soupe  à  l'allemande,  202-204.  —  Voyage  de  retour,  204- 
206.  —  Le  chevalier  fait  la  connaissance  de  M™*  Potier, 
qu'il  épousera  par  la  suite,  207-209. 


SOMMAIRE  DU  TOME  TROISIÈME.  315 

IV.  Campagne  de  1713.  —  Départ  pour  l'armée  d'Allemagne, 
211-213.  —  M.  Pina  et  sa  maîtresse,  213-214.  —  Charle- 
ville;  voyage  à  Mézières  et  à  Châlons,  214-217.  —  Verdun 
et  Strasbourg,  217-219.  —  Dispositions  et  marche  du  maré- 
chal de  Villars,  219-220.  —  Germersheim  et  Spire,  221- 
222.  —  Siège  de  Landau;  le  chevalier  est  cantonné  à  Fran- 
kentbal,  222-229.  —  Il  est  attaqué  par  des  housards  à 
Bobenheim,  229-230.  —  Excursion  à  Worms,  231-232.  — 
Prise  de  Landau,  232-234.  —  Marche  de  l'armée  vers  la 
Haute-Alsace;  passage  du  Rhin,  235-239.  —  Attaque  des 
lignes  de  Fribourg,  239-241.  —  Investissement  et  siège  de 
Fribourg,  242-250.  —  Le  chevalier  d'Asfeld,  250-252.  — 
Suite  du  siège;  sorties  des  assiégés,  252-259.  —  Attaque 
du  chemin  couvert,  259-264.  —  Continuation  des  travaux 
d'approche;  attaque  de  la  demi-lune,  264-269.  —  Capitu- 
lation de  la  ville;  fermeté  du  maréchal  de  Villars;  les 
châteaux  se  rendent  aussi,  269-277.  —  Le  chevalier  de 
Quincy  quitte  l'armée;  voyage  de  retour,  277-281.  —  Con- 
férences de  Rastadt  entre  Villars  et  Eugène,  281-283. 


APPENDICE. 

I.  —  La  noblesse  de  la  famille  Sevin,  285;  lettres  de  con- 
firmation de  noblesse  pour  Claude  Sevin,  sieur  de  Ville- 
mesle,  288. 

II.  —  Le  mariage  d'Augustin  Sevin  de  Quincy  et  de  Mar- 
guerite de  Glapion  :  arrêts  du  parlement  de  Paris,  291; 
certificat  du  mariage,  294. 

III.  —  Documents  relatifs  à  Joseph  Sevin,  chevalier  de  Quincy  : 
lettres  de  provisions  de  la  charge  de  lieutenant  de  roi  de 
l'Orléanais  (1720),  295;  quittance  de  remboursement  d'un 
prêt  (1723),  298;  contrat  de  mariage  de  Joseph  Sevin,  comte 
de  Quincy,  et  de  Marie-Madeleine-Eugénie  de  Tournay  d'As- 
signies  d'Oisy  (1732),  298;  extrait  mortuaire  du  chevalier 
de  Quincy  (1749),  299. 


316  SOMMAIRE  DU  TOME  TROISIÈME. 

IV.  —  Documents  relatifs  à  Charles  Sevin,  marquis  de  Quincy, 
et  à  sa  fille  :  inventaire  après  décès  du  marquis  de  Quincy 
(1738),  300;  contrat  de  mariage  de  René  Jourdan  de  Lau- 
ney  et  de  Catherine-Charlotte  Sevin  de  Quincy  (1721),  307. 

V.  —  Inscription  commémorative  du  commandeur  de  Bande- 
ville  à  Malte,  309. 


^ 
I 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES    MATIÈRES. 


Abdallah-Ben-Aischa,  ambas- 
sadeur de  Maroc,  I,  Hl. 

Ahbeville  (la  ville  d'),  II,  329; 
III,  50,  52,  53. 

Acq  (le  village  d'),  III,  29. 

Acqua-Negra  (le  village  d'),  II, 
153. 

Acquaviva  (le  comte),  I,  43,  44. 

Acqui  (la  ville  d'),  I,  322,  346, 
348. 

Adda  (F),  rivière,  I,  41,  197; 
11,104,106-108,110-115,117, 
119-121,  123-130,  135,  137- 
140,  193. 

Adige  (!•),  I,  141,278,286,288, 
300,  310-312;  II,  174,  177- 
181,  223. 

Adoniser  (s'),  II,  299. 

Adria  (la  ville  d'),  1,  278. 

Adriatique  (la  mer),  I,  311. 

AfQighem  (l'abbaye  d'),  I,  58. 

Affry  (François  d'),  III,  87. 

Agenais  (le  régiment  d'),  III, 
177. 

Agésilas,  II,  135. 

Agnadello  (le  village  et  la  ba- 
taille d'),  II,  111. 

Aigle  (le  fort  de  1'),  à  Fribourg, 
III,  244,  277. 

Air  (être  en  1'),  III,  248. 

Aire-sur-la-Lvs  (la  ville  d'),  III, 
20,  30,  32,  39-43,  51. 

Airon  (M.  d'),  II,  66. 

Aisne  (1'),  rivière,  I,  88  ;  II,  389. 


Aix  (Victor-Amé  de  Seyssel, 
marquis  d'),  II,  83,  312. 

Aix  (la  ville  d'),  en  Provence, 
II,  262,  280. 

Aix  (l'archevêché  d'),  II,  249. 

Aix-la-Chapelle  (le  traité  d'), 
m,  168. 

Alba  (David  d'),  II,  132. 

Alba  (la  ville  d'),  I,  337,  348  ; 
II,  187. 

Albaret  (N.  de  Ponte  d"),  1, 130. 

Albemarle  (Arnold-Justde  Kep- 
pel,  comte  d').  Brûle  les  ma- 
gasins d'Arras,  III,  107-108; 
campé  près  de  Denain,  116, 
131,  132,  134;  battu  et  tué  à 
Denain,  144,  145,  149,  152, 
163;  cité,  II,  374. 

Alberbach  (le  village  d'),  III, 
237. 

Alberg  (le  baron  d'),  III,  149. 

Albergian  (le  col  d'),  II,  312. 

Albergotti  (  François-Zénoble- 
Philippe,  comte).  Au  camp 
de  Compiègne,  I,  81  ;  au  com- 
bat de  Santa- Vittoria,  222  ; 
s'empare  de  Reggio,  de  Mo- 
dène  et  de  Carpi,  225-227; 
prend  divers  postes  près  de 
Bologne,  266;  (1703|  com- 
mande un  corps  séparé,  277; 
prend  Final,  280  ;  il  est  battu 
à  Carpi,  281,  283-285;  au 
combat  de  Castelnuovo,  344  ; 
(1704)  il  commande  à  Gabia- 
no,  II,  2,  11  ;  (1705)  il  amène 


318 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


des  troupes  au  Grand  Prieur, 
108-109  ;  il  réprimande  M.  de 
Médavy  de  son  inertie  à  Gas- 
sano,  134-135  ;  (1706)  au  com- 
bat de  Calcinato,  168;  lancé 
par  Vendôme  à  la  poursuite 
du  prince  Eugène,  il  est  re- 
poussé et  ne  peut  s'emparer 
du  poste  de  la  Ferrare,  173- 
177;  il  fait  faire  aux  troupes 
des  retranchements  inutiles, 
179;  à  la  bataille  de  Turin,  il 
refuse  des  secours  au  duc 
d'Orléans,  206-207,  223-224; 
il  se  décide  avec  peine  à  faire 
sa  retraite,  211-212;  dispute 
avec  La  Feuillade,  217;  (1709) 
bataille  de  Malplaquet;  con- 
versation avec  le  prince  de 
Hesse-Gassel,  359;  il  est  sous 
les  ordres  de  Villars,  361  ;  il 
est  blessé,  378;  (1710)  il  est 
chargé  de  la  défense  de  Douay, 
m,  9,  21;  il  capitule,  26; 
(1711)  il  est  posté  par  Villars 
à  Aubigny-au-Bac,  73;  il 
ne  peut  surprendre  Douay, 
100;  (1712)  son  poste  sur  le 
Grinchon,  1 14  ;  marche  sur  De- 
nain,  142,  146;  il  prend  part 
au  combat  de  Denain,  148- 
150;  il  s'empare  de  l'abbaye 
de  Saint- Amand  et  de  Mor- 
tagne,  155,  156;  il  prend  part 
au  siège  de  Douay,  165,  166, 
170,  183,  184.  —  Sa  capacité 
pour  la  défense  des  places, 
III,  21  ;  ses  médiocres  talents 
militaires,  II,  174-177,  179, 
207,  224;  son  avarice,  I,  284  ; 

m,  114. 

Albergotti   (Jacques,   chevalier 

d'),  II,  342,  343. 
Albi  (la  ville  d'),  II,  220. 
Albigeois  (les),  II,  220. 
Albigeois  (le  régiment  d'),  II, 

258. 
Albignano  (le  bourg  d'),  I,  41; 

II,  107,  112,  192. 
Alcibiade,  II,  215. 

Alègre  (Yves,  marquis  d'),  I,  81; 

III,  169,  198,  229,  235,  237. 


Alexandre  le  Grand,  II,  205. 
Alexandrie  de  la  Paille  (la  ville 
d'),  I,  164,  336,337,347,350, 

365,  366;  II,  69,194,209,210. 
Alexandrin   (1'),   pays   d'Italie, 

I,  321. 
Allemagne  (V),  1, 127, 140,  142, 

156,  171,    340;   II,  31,   146, 

296,  320. 
Allemands  (les).  Peu  aimés  des 

Savoyards,  I,  317;  ivrognes; 

plaisanterie  de  Vendôme,  II, 

169;  sympathies  du  chevalier 

d'Asfeld  pour  eux,  III,  252. 

—  Gités,  1,239,272,  306,  344, 

347;  II,  152,  165,  178,  183; 

III,  115. 
Allier  (1'),  I,  186. 
Alost  (la  ville  d'),  I,  58,  65. 
Alpes  (les),  I,  188,  192;  II,  37. 
Alpes  Pennines  (les).  II,  35. 
Alpo  (le  village  d'),  I,  277. 
Alsace  (l'),I,  140,142,144,152, 

153,264  ;n,  159, 348;  III,  279. 
Alsace  (la  maison  d'),  I,  140. 
Alsace  (le  régiment  d'),  II,  355, 

366,  370;  III,  170,  203,  259, 
260,  264. 

Alsitz  (1'),  rivière,  1,  156. 

Altena  (l'île  d'),  III,  101. 

Ambassadeurs  extraordinaires 
(l'hôtel  des),  à  Paris,  I,  111. 

Ambrosienne  (la  bibliothèque), 
à  Milan,  II,  105. 

Amelot  de  Gournay  (Michel- 
Jean),  II,  327. 

Amiens  (Louis-Auguste  d'Al- 
bert d'Ailly,  vidame  d'),  puis 
duc  de  Ghaulnes,  II,  363  ;  III, 
173. 

Amiens  (la  ville  d'),  III,  53-55, 
113. 

Amiens  (l'évêché  d'),  III,  53. 

Ancelin,  évêque  de  Laon,  III, 
204. 

Anchin  (l'abbaye  d')  ou  des 
Quatre-Glochers,  II,  330;  III, 
64,  155,  159. 

Ancy-sur-Moselle  (le  village  d'), 
I,  152. 

Anderlecht  (le  bourg  d'),  I,  48. 

Andigné  (Jean  d'),  I,  311,  312. 


DES  MATIERES. 


319 


Andrezel  (Jean-Baptiste-Louis 
Picon  d'i,  I,  288. 

Angennes  (Charles  de  Poigny 
d'),  II,  341,  34Ô. 

Angers  (la  ville  d'),  II,  12. 

Angervilliers  (  Nicolas-Prosper 
Bauyn  d'),  II,  107,  272. 

Anglais  (les).  Détiance  du  duc 
de  Savoie  à  leur  égard,  II, 
251;  ils  le  subventionnent, 
253;  leur  rôle  à  Malplaquet, 
263,  368.  —  Cités,  I,  177, 
250;  II,  247,  267;  III,  54, 
115,  132. 

Angleterre  (1'),  III,  83,  84,  209. 

Anhalt  (les  deux  princes  d'), 
tués  à  Denain,  III,  149. 

Anhalt-Dessau  (Léopold,  prince 
d'),  m,  134. 

Anholt  (le  château  d'),  III,  101. 

Anjou  (le  duc  d'),  depuis  Hen- 
ri III,  m,  4. 

Anjou   (le  duc  d'),  I,   89,  99, 

122.  Voyez  Philippe  V,  roi 

d'Espagne. 
Anjou-infanterie   (le    régiment 

d'),  I,  323,  324;  II,  16,  76, 

120,  121,  166,  203,  257. 
Anne,  reine  d'Angleterre,  III, 

69,  82,  83,  114. 
Annonciade    (l'église   de  I'),  à 

Gênes,  I,  361,  364. 
Antin  (Louis-Antoine  de  Gon- 

drin  de  Pardaillan,  marquis 

d'),  1,  81. 
Anvers  (la  ville  d'),  II,  338. 
Anzin  (le  village  d'),  III,  131. 
Aoste  (la  ville  et  la  vallée  d'), 

II,  36,  43,  49,  297. 
Aoste  (le  régiment  savoyard  d'), 

II,  79. 
Apennins  (les),  I,  337,  368. 
Arc  (1'),  rivière,  II,  302-303. 
Arc-en-Barrois  (la  ville  d'),  I, 

131. 
Arches  (le  bourg  d'),  III,  214. 
Archiduc  (1'),  II,  325;  III,  64. 

Voyez  Charles  VI,  empereur. 
Arco  (Jean-Baptiste,  maréchal 

d'),  I,  302;  III,  16. 
Arco  (la  maison  d'),  I,  301,  302. 


Arco  (la  ville  d'),  I,  299-305, 
308,  309,  314;  II,  86. 

Arconville  (N.  de  Brosset,  sei- 
gneur d'),  I,  181,  182,  184, 
191,  194. 

Arda  (1'),  rivière,  I,  217. 

Ardennes  (les),  I,  158,  159;  II, 
327. 

Arenberg  (Léopold,  duc  d'),  II, 
375. 

Arenberg  (le  comte  d'),  I,  223. 

Arène  (François  de  Pierre  d'), 

I,  222,  241  ;  II,  18,  22,  49, 
209. 

Arène  (N.  de  Pierre  d'),  I,  240. 
Argenson  (Félicien  de  Bossin, 

chevalier  d'),  II,  306,  307. 
Argenson   (Marguerite  Lefèvre 

de  Caumartin,  dame  d'),  I, 

116,  117. 
Argouges  (Jean-Pierre   d'),    I, 

110. 
Argueil  (le  col  d'),  11,310,  311. 
Arifax  (Henri  de  Soubeyran  de 

la  Bessière  d'),  II,  380. 
Arlequin,  I,  327;  II,  87. 
Arles  (la  ville  d'),  I,  265:  II, 

258. 
Arles  (les  rois  d'),  II,  36. 
Arleux   (le  bourg  d'),  III,  11, 

14,  20-22,  65,  67,  70,  73,  76, 

77,  116. 
Armagnac  (Louis  de  Lorraine, 

comte  d'),  I,  178. 
Armagnac    (  Charles    de    Lor- 
raine-).  Voyez    Charles    (le 

prince). 
Armançon  (F),  rivière,  II,  232. 
Armentières(lebourgd'),III,39. 
Armstrong  (Jean),  II,  376. 
Arras  (la  ville  d').  Description, 

II,  329-330;  tentative  des  en- 
nemis sur  Arras  (1712);  ils 
brûlent  les  magasins  de  four- 
rages, IIL  107-108.  —  Citée, 
II,  326,  331,  332,  334;  III, 
13,  14,  20,  26,  28-31,  60,  63, 
67-69,  71,  75,   109,  112,  114. 

Arras  (l'évêché  d'),  H,  93. 
Arsch  (le  baron  d'),  III,  245, 

247,  264,  267,  268,  270-272, 

274-276. 


320 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


Artagnan  (Pierre  de  Montes- 
quieu d'),  puis  maréchal  de 
Montesquieu.  Au  camp  de 
Gompiègne,!,  80;  (1708)  cam- 
pagne en  Dauphiné,  II,  304  ; 
(1709)  il  s'empare  de  War- 
neton,  339-340  ;  il  commande 
un  camp  volant,  343;  à  Mal- 
plaquet,  il  commande  à  la 
droite,  360;  sa  vue  courte,  II, 
367,  372;  (1710)  il  abandonne 
les  lignes  de  Lens,  III,  2-3  ; 
il  prend  le  nom  de  Montes- 
quiou,  3-4  ;  à  l'armée  de  Flan- 
dre avec  Villars,  12,  16; 
(1711)  il  reprend  le  château  de 
Ghantereine,  73-75;  il  fait 
élever  des  retranchements  à 
Wasnes,  88-90,  92;  (1712)  il 
repousse  les  ennemis  d'Ar- 
ras,  107;  fait  sauter  les  éclu- 
ses de  la  Scarpe,  109;  met 
son  quartier  à  Monchy-le- 
Preux,  114,  puis  à  Gambray, 
116;  il  reçoit  un  officier  du 
duc  d'Ormond,  132;  à  la  ba- 
taille de  Denain,  148,  154, 
155;  fait  le  siège  de  Mar- 
chiennes,  160;  s'oppose  au 
siège  de  Douay,  162-163;  est 
chargé  du  détail  du  siège,  168  ; 
surnom  que  lui  donnent  les 
soldats,  III,  3.  —  Cité,  112. 

Artagnan  (le  régiment  d'),  III, 
28. 

Artaxercès,  II,  215. 

Artésiens  (les),  III,  50, 125, 126. 

Artois(r),I,  34;II,  329;III,  63. 

Asfeld  (Benoît  Bidal,  baron  d'), 
I,  244. 

Asfeld  (Claude-François  Bidal, 
chevalier  d'),  III,"  240,  242, 
245,  250-252,  265,  270. 

Asola  (le  bourg  d'),  II,  148. 

Aspres  (le  village  d'),  III,  199. 

Assiette  (le  col  de  1'),  II,  318. 

Assignies  (la  maison  d'),  III,  25. 
Voyez  Oisy. 

Asti  (la  ville  d'),  I,  326,  327, 
332-337,  347-350. 

Ath  (la  ville  d'),  I,  40,  42-48, 
55,  84;  II,  242. 


Athies  (le  village  d'),  III,  14. 
Athlone  (le  comte  d'),  III,  44, 

188. 
Attila,  I,  129,  260. 
Aubarède    (Jacques    d'Astorg, 

comte  d'),  II,  63,  64,  381. 
Aubencheul-au-Bac,  III,  20, 

73,  82,  87,  179. 
Aubenton  (le  bourg  d'),  I,  169; 

III,  213. 
Aubépin  (Hector -Léonard  de 

Sainte-Colombe,  chevalier  de 

F),  U,  93,  172. 
Aubeterre  (Pierre  d'Esparbès  de 

Lussan,  comte  d'),  I,  329;  II, 

14,  18,  20,  21,  23. 
Aubigné  ou  d'Aubigny  (Louis- 
François,  comte  d'),  I,  170; 

II,  366,  379;  111,96,  97. 
Aubigné  (Glaude-Maur  d'),  évé- 

que  de  Noyon,  I,  170. 
Aubigny-en- Artois    (le    bourg 

d'),  III,  31. 
Aubigny-au-Bac  (le  village  d'), 

III,  78. 

Auby  (le  village  d'),  III,  68, 
166. 

Audenarde.  Voyez  Oudenarde. 

Audenhoven- Sainte -Marie  (le 
village  d'),  I,  49,  56. 

Auguste  de  Saxe,  roi  de  Polo- 
gne, I,  57. 

Augustin  (saint),  II,  105. 

Aulnoye  (le  village  d'),  II,  352. 

Aunis  (le  régiment  d'),  III,  40. 

Austrasie  (1'),  I,  154. 

Autel  (Jean-Frédéric,  comte  d'), 
I,  157,  158. 

Authie  (l'I,  rivière,  III,  52. 

Authies  (le  village  d'),  III,  52. 

Autrey  (Henri-Fabri  de  Mon- 
cault,  comte  d'),  II,  75,  305, 
307,  377. 

Autriche  (la  maison  d'),  I,  140, 
217,  302;  III,  244,  278. 

Auvergne  (François-Égon  de  la 
Tour,  prince  d'),  III,  13. 

Auvergne  (le  régiment  d'),  I, 
162,  222,  330;  II,  74,  75,  79. 

Auvillars  (Louis  Dauvet,  mar- 
quis d'),  I,  97. 

Auxerre  (la  ville  d'),  II,  234. 


DES  MATIERES. 


321 


Auxerrois  (F),  II,  234. 
Avaray  (  Claude  -Théophile  de 

Béziade,  marquis  d'j.III,  171, 

222. 
Avéjan  (Denis  de  Banne,  comte 

d'),  I,  81. 
Avesane  (le  régiment  d'),  II,  22. 
Avesnes  (l'abbaye  d'),  III,  14. 
Avesnes-le-Comte  (le  village  d'), 

III,  40. 
Avesnes-le-Sec  (le  village   d'), 

m,  86. 
Avignon  (Laurent  d'),  II,  318, 

319. 
Avignon  (la  ville  d'),  I,  190. 
Avoué  d'un  village  (F),  III,  22. 
Azoudange  (le  village  d'),  III, 

217. 


B 


Bacqueville  (le  régiment  de), 

III,  175. 
Bade  (Louis,  prince  de),  III, 

281. 
Bade  (le  congrès  de),  III,  283. 
Badia-Polesine  (le  village  de), 

II,  181. 
Badie  (Charles  d'Espalunguede 

la),  III,   117,   119,   120,  127, 

128,  184,  187. 
Baguette   divinatoire    (la),   III, 

164,  16Ô. 
Baguettes  (la  punition  des),  I, 

38. 
Bailleulmont  (le  village  de),  III, 

29. 
Balbutet  (le  village  de)  ou  Bar- 

botté,  II,  220,  284,  313. 
Bâle  (la  ville  de),  I,  250. 
Bàle  (le  chapitre  de),  III,  241. 
Baltus  (le  P.),  I,  146. 
Balzola  (le  village  de),  II,  4. 
Bandeville  (Charles  Sevin,  com- 
mandeur de),  I,  52  ;  III,  236, 

280,  281. 
Bandeville  (Jean  Sevin,  seigneur 

de),  I,  51. 
Bandeville  (Jean  Sevin  de),  I, 

51. 
Bandeville    (Louis   l^"    Sevin, 

marquis  de),  I,  51  ;  lU,  236. 

III 


Bandeville    (  Louis    II    Sevin, 
marquis  de),  I,  51  ;  II,  32,  38, 

Bandeville  (le  régiment  de),  I, 

51;  II,  38,  236;  III,  236. 
Bandoulières    des    gardes    du 

corps  (les),  I,  174. 
Bapaume  (la  ville  de),  TI,  329; 

III   59   61    111. 
Bar  (M.  de),  1,272;  II,  84,  285, 

286. 
Bar  (le  duché  de),  I,  121  ;  II, 

389. 
Baradas   (Henri -François  de), 

I,  161,  162. 
Barail  (Louis  Prévost  du),  III, 

135. 
Barbets  (les),  II,  220,  310. 
Barbezières  (Charles -Louis  de 

Barbezières    -    Chemerault, 

marquis  de),  II,  14. 
Barbezieux    (  Louis -François - 

Marie  Le  Tellier,  marquis  de), 

I,  126. 

Barbotté  (le  village  de),  ou  Bal- 
butet, II,  220,  284,  313. 
Barcelone  (la  ville  de),  I,  28,  63  ; 

II,  178. 

Barcelonnette  (la  ville  de),  II, 

248,  249. 
Bard  (le  château  de),  11,43,87. 
Bardolino  (le  village  de),  II, 

153,  179,  180. 
Bareith.  Voyez  Bayreuth. 
Barentin  (Charles),  II,  377. 
Barette  (M.  de),  I,  266;  II,  84, 

203,  372. 
Barthélémy  (saint),  II,  105. 
Barville   (André -Jules,  comte 

de),  II,  288,  289. 
Barville   (  Bertrand  ,  chevalier 

de),  II,  289. 
Basfossé  (M.  de),  III,  273. 
Bassano  (le  village  de),  I,  200  ; 

II,  100. 
Basse  de  viole  (une),  I,  119. 

Voyez  Quincy  (le  chevalier 

de). 
Bassée  (la  ville  de  la),  II,  332- 

335  ;  m,  36. 
Bassette  (le  jeu  de  la),  I,  366. 

21 


3^2 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Bassigny  (le  régiment  de),  II, 
18,  19,  74,  256. 

Bastie  (  Charles  de  Marnais, 
baron  de  la),  I,  149,  150. 

Bastille  (la),  à  Paris,  II,  318, 
323;  m,  128. 

Baudiss  (Wolf- Henri,  comte 
de),  n,  375-376. 

Baussan  (M.  de),  I,  63. 

Bauyn  (Jean-Baptiste),  II,  233. 
Voyez  Angervilliers. 

Bauyn  (Louise  Rémond,  dame), 
II,  233. 

Bavarois  (les),  III,  260. 

Bavav  (le  village  de),  II,  349, 
372,  373,  386;  III,  163. 

Bavière  (  Maxirailien  -  Emma- 
nuel, électeur  de).  Campagne 
de  1697,1,55,56;  (1702)  il  se 
déclare  pour  la  France  et 
s'empare  d'Ulm,  245,  246, 
250;  Vendôme  va  à  son  se- 
cours par  le  Trentin,  287, 
293,  298,  312;  (1709)  sa  belle 
cavalerie,  II,  334.  —  Cité,  I, 
51;  II,  349;  III,  170,218. 

Bavière  (Emmanuel -François- 
Joseph,  chevalier  de),  III, 
275. 

Bay  (Alexandre  Maître,  mar- 
quis de),  III,  37. 

Bayon  (le  village  de),  I,  153. 

Bayreuth  (Georges -Guillaume 
de  Brandebourg,  margrave  de 
Bareith  ou),  III,  228. 

Béarn  (le  régiment  de),  III,  120. 

Beauce  (la),  I,  181,  184,  194; 
II,  12. 

Beauce  (le  régiment  de),  II,  19; 
m,  174. 

Beaujeu  (Eugène  de),  III,  248. 

Beaujolais  (le),  II,  230. 

Beaujolais  (le  régiment  de),  II, 
18,21. 

Beaumont-sur-Oise  (le  bourg 
de),  II,  327. 

Beaune  (la  ville  et  l'hôpital  de), 
II,  232. 

Beaune  (les  vins  de),  II,  232. 

Beaurevoir  (le  village  de),  II, 
338. 


Beauvais  (François-Paul  de  la 

Cropte,  baron  de),  II,  283. 
Beauvais  (M.  de),  capitaine  de 

carabiniers,  I,  224. 
Beauvais  (la  ville  de),  III,  184. 
Beauvaisis  (le  régiment  de),  II, 

257,  284. 
Beauvau  du  Rivau  (Pierre-Ma- 
deleine, comte  de),  III,  182, 

243. 
Beauvillier  (Paul,   duc  de),  I, 

104-106;  III,  5. 
Beauvillier  (Anne  de),  abbesse 

de  la  Joye,  I,  103-106. 
Bedizzole  (le  bourg  de),  II,  93, 

94. 
Bélabre  (le  régiment  de  dragons 

de),  III,  40. 
Beltort  (la  ville  de),  I,  140, 141. 
Belgiojoso  (le  bourg  de),  1, 197. 
Beliant  (le  village  de),  III,  163, 

185. 
Bellecour  (la  place),  à  Lyon,  I, 

187. 
Bellecourt  (M.  de),  I,  275,  276, 

329-331;  H,  2-4,  48. 
Bellecourt  (MM.  de),  fils,  II,  3. 
Bellefontaine  (l'abbaye  de),  III, 

206. 
Belleforière  (Philippe-Maximi- 

lien-Ignace,  marquis  de),  II, 

11. 
Belleforière  (le  château  de),  III, 

11,  166,  174. 
Belsunce  (Armand  de),  III,  107. 
Belsunce  (le  régiment  de),  III, 

173. 
Benheim   (le  village  de),  III, 

235. 
Benoist  (M™")^  maîtresse  d'hô- 
tellerie, m,  110,  111. 
Bentivoglio  (la  maison),  I,  279. 
Berclau  (le  village  de),  II,  335. 
Bérenger  II,  roi  d'Italie,  II,  36. 
Bérenger  (l'hérésiarque),  II,  12. 
Bergame  (la  ville  de),  II,  111, 

113. 
Bergantino  (le  bourg  de),  I,  282. 
Bergeyck  (Jean  de  Brouchoven, 

comte  de),  II,  330. 
Berghes  (la  ville  de),  III,  32. 


I 


DES  MATIERES. 


323 


Berghes  (Maximilien  de),  arche- 
vêque de  Gambray,  I,  67. 

Berghes -Saint-Winocq  (Phi- 
lippe-Albert de),  III,  22. 

Berghes-Saint-Winocq  (la  mai- 
son de),  III,  22,  166. 

Berghoffer  (M.  de),  III,  159. 

Beringhen  (Jacques-Louis,  mar- 
quis de),  II,  241,  242. 

Berlin  (la  cour  de),  I,  78. 

Bernage  (Louis  de),  intendant, 
III,  60,  61. 

Bernhold  (Sigefroi  de),  II,  379. 

Berry  (le  duc  de),  I,  83,  89,  124- 
126;  II,  241;  III,  209. 

Berry  (le),  I,  184. 

Berry  (le  régiment  de),  II,  258, 
291  ;  m,  268. 

Berthelot  de  Rebourseau  (Mi- 
chel-François), II,  173,  174. 

Berwick.  (Jacques  Fitz-James, 
duc  et  maréchal  de),  II,  388  ; 
m,  12,  14,  16,  17,  130. 

Berwick  (le  régiment  de),  II,  17, 
18,  21,  110,  201. 

Besançon  (la  ville  de),  I,  88. 

Besançon  (le  parlement  de),  III, 
206. 

Bessé  (M.  de),  III,  278,  280. 

Béthune  (Louis,  marquis  de), 

II,  379. 

Béthune  (Mahaud  de),  III,  30. 
Béthune  (la  maison  de),  III,  30. 
Béthune  (la  ville  de),  II,  332, 
348;  111,20,27,29,30,37-39. 
Betzenhausen  (le  village  de), 

III,  242. 

Bezons  (Jacques  Bazin,  comte 
et  maréchal  de).  Au  camp  de 
Compiègne,  I,  81  ;  au  combat 
de  Santa-Vittoria,  221  ;  (1703) 
il  prend  part  à  l'expédition  du 
Trentin ,  287  ;  rivalité  avec 
M.  de  Médavy,  298,  299;  il 
reste  sur  la  Secchia,  317;  au 
combat  de  Gastelnuovo,  344  ; 
(1713)  il  est  chargé  du  siège 
de  Landau,  222-224,  234;  il 
passe  le  Rhin  au  Fort-Louis, 
238.  Surnommé  le  Père  des 
difficultés,  II,  228;  son  beau- 
frère  M.  de  Ménestrel,  11,21. 


Bibion   (M.),  I,  262-265,  274, 

333,  334. 
Bibra  (le  général),  II,  93,  131. 
Bidal  (Pierre),  III,  252. 
Bidal  d'Asfeld  (les),  III,  252. 

Voyez  Asfeld. 
Biette  (la),  rivière,  III,  30. 
Bigorre  (le  régiment  de),  IL  257  : 

m,  95,  175. 
Billets  de  subsistance  (les),  II, 

321;  m,  55,  56,  66. 
Birkenfeld  (Chrétien  ILE  de  Ba- 
vière, prince  de),  II,  361. 
Biron  (Charles-Armand  de  Gon- 

taut,  marquis  de),  III,  233, 

234. 
Bissy  (Jacques  de  Thiard,  mar- 
quis de),  I,  290. 
Bizeux  (le  sieur),  I,  22-25. 
Blagnac  (N.  du  Mont  de).  II,  62. 
Blanc  (le  canal),  I,  278,  285. 
Blénac  (le  comte  de).  II,  35. 
Bléone  (la),  rivière,  II,  249. 
Bobenheim  (le  village  de),  III, 

229. 
Bohain  (le  bourg  de),  I,  36. 
Bois -Bernard   (le  village  du), 

III,  16. 
Boisduval  (M.  de),  II,  229,  318, 

319,  383;  III,  52,  54. 
Boisfranc  (Marie-Renée  de  Bel- 

leforière,  dame  de),  II,  92  ; 

III,  11. 
Boisfranc  (la  famille),  II,  92. 
Bois-le-Duc  (la  ville  de),  III, 

101. 
Boisseleau  (Alexandre  de  Rai- 

nier,  marquis  de),  I,  9,  15. 
Boissieux    (  Louis    de    Frétât, 

comte  de),  III,  241. 
Boissieux  (le  régiment  de),  II, 

258. 
Boissimelle  (le  marquis  de),  I, 

71-78;  III,  311. 
Bologne  (la  ville  de),  1,266;  II, 

111. 
Bologne  (  l'archevêché  de  ) ,  I, 

226,  227,  231. 
Bonacorsi  (Passerino),  I,  208. 
Boncourt  (la  commanderie  de), 

I,  52  ;  III,  236. 
Bondanello  (le  bourg  de),  I,  266. 


324 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Bonezane  (le  régiment  de),  II, 

18,  76. 
Bonnafont  (M.),  Il,  221. 
Bonnelles  (Jean-Claude  de  Bul- 

lion,  marquis  de),  II,  76,  192. 
Bonnet  du  Rosoy  (M.),  III,  197- 

198. 
Bonnet-à-prêtre  (un),  fortifica- 
tion, I,  260. 
Borde  (M.  de),  III,  254. 
Bordolano  (le  bourg  de),  1, 199; 

II,  145,  153. 
Borech  (le  major  général),  III, 

99. 
Borghetto   (le  village  de),  II, 

153. 
Borgo-Forte   (le  bourg  de),  I, 

209,  232,  254,  255. 
Borgorotto    (le  village  de),  I, 

339,  346. 
Borgo-San-Donnino  (la  ville  de), 

I,  217,218. 
Borgo-San-Giorgio,  près  Man- 

toue,  II,  153. 
Bormia  (le  bourg  de),  I,  336. 
Bormida   (la),    rivière,    I,  322, 

336,  337,  339,  343,  346,  347; 

II,  187,  223. 

Bosaro  (le  village  de),  II,  181. 

Bosco  (le  village  de),  II,  187. 

Boscon  (M.  de),  I,  59. 

Botte  (pousser  une),  I,  74. 

Bouchain  ila  ville  de).  Descrip- 
tion, III,  92-93;  siège  de  1711, 
87-95;  siège  de  1712, 198-201. 
—  Citée,  II,  338;  111,4,5,20, 
21,  24,  63,  65,  71,  72,  77,  85, 
100,  102,  116,  142,  155,  179, 
184. 

Bouchn  (Étienne-Jean),  I,  202, 
213,  214,  288. 

Boufflers  (le  maréchal  de).  Cam- 
pagne de  1697,  I,  44,  48-50, 
57  ;  conférences  avec  Port- 
land,  52-55,  60;  au  camp  de 
Compiègne,  80,  90;  (1709)  il 
vient  se  mettre  sous  les  or- 
dres de  Villars,  II,  349-350; 
à  Malplaquet,  360,  366  ;  il 
dirige  la  retraite,  370,  386  ; 
compliment  qu'il  fait  au  che- 
valier de  Quincy,  371  ;  le  che- 


valier dîne  chez  lui  au  Ques- 
uoy,  384-385;  fait  établir  un 
camp  retranché  à  Maubeuge, 
387. 

Boufflers-Remiancourt  (Char- 
les-François, marquis  de),  III, 
190. 

Bouillon  (le  cardinal  de),  II, 
231;  m,  13. 

Bouillon  (la  ville  de),  I,  160. 

Boulaye  (Jacques  de  la),  II,  296, 
297,  309-311,  323-325;  III, 
312. 

Bouligneux  (Louis  de  la  Palu, 
marquis  de),  1,211,  288,  322; 

II,  19,  20,  22,  57. 

Bouline  (la  cassine  de  la),  II, 

95-97. 
Boulineur  (un),  I,  181;  II,  46. 
Boulogne-sur-Mer  (la  ville  de), 

III,  32,  47. 
Boulonnais  (le),  III,  63. 
Boulonnais   (  le  régiment  de  ), 

III,  173,  177. 

Bouquenon  (le  village  de),  I, 
151. 

Bourbon  (le  connétable  de),  I, 
209. 

Bourbon  (Louis  III  de  Bourbon- 
Condé,  duc  de),  dit  Monsieur 
le  Duc,  II,  334;  III,  12. 

Bourbon  (Louis-Henri  de  Bour- 
bon-Condé,  duc  de),  III,  209, 
267. 

Bourbon  (Louise-Françoise,  lé- 
gitimée de  France,  duchesse 
de),  dite  Madame  la  Duchesse, 
I,  85;  m,  3. 

Bourbon  (la  maison  de),  I,  34, 
186;  III,  25,  35. 

Bourbon  (le  régiment  de),  III, 
170. 

Bourbonnais  (le),  I,  186. 

Bourbonnais  (le  régiment  de), 
m,  154,  171,  269. 

Bourg  (Léonor-Marie  du  Maine, 
comte  du),  II,  347,  348;  III, 
225,  240,  243,  246,  277. 

Bourgogne  (Charles  le  Témé- 
raire, duc  de),  I,  160. 

Bourgogne  (Jean  Sans -Peur, 
duc  de),  II,  235. 


DES  MATIERES. 


325 


Bourgogne  (Othon,  duc  de),  II, 
232. 

Bourgogne  (  Philippe  le  Bon, 
duc  de),  II,  232. 

Bourgogne  (les  ducs  de),  II, 
233. 

Bourgogne  (le  duc  de),  petit-fils 
de  Louis  XIV,  I,  70,  80,  89, 
93,  95,  124-126;  111,103,278. 

Bourgogne  (Marie-Adélaïde  de 
Savoie,  duchesse  de).  Son 
mariage,  I,  70  ;  première  vi- 
site à  Paris,  78;  marraine  de 
M"«  de  Chartres,  79;  à  Chan- 
tilly, 84  ;  au  camp  de  Com- 
piègne,  90,  92,  97-98;  elle 
parle  au  chevalier  de  Quincy, 
98;  départ  du  roi  d'Espagne, 
125;  elle  déballe  les  drapeaux 
de  Gassano,  II,  136;  le  cheva- 
lier l'accuse  de  favoriser  le 
duc  de  Savoie;  anecdotes  à  ce 
sujet,  224,  225, 227  ;  elle  danse 
avec  le  marquis  de  Quincy  et 
s'éprend  de  lui,  239,  241;  elle 
est  mécontente  de  M.  de  Lan- 
geron,  278;  anecdote  de  Vil- 
lars  et  des  dames  de  la  cour 
qui  montent  à  cheval,  III, 
47;  sa  mort,  102-103. 

Bourgogne  (la),  I,  37;  II,  229, 
231,  232,240,  319;  III,  205. 

Bourgogne  (le  régiment  de).  Le 
chevalier  de  Quincy  y  est 
nommé  lieutenant,  I,  172, 
173,  180;  campagne  de  1702, 
198,  212;  bataille  de  Luzzara, 
234;  siège  de  Governolo,  260, 
262-264, 266  ;  brùlement  d'une 
ferme,  274  ;  (1703)  expédition 
du  Trenlin,  291,  315;  marche 
vers  le  Piémont,  317;  cam- 
pagne de  1704,  349,  350,  352, 
354,  361,  365;  siège  de  Ver- 
ceil,  14-16,  19;  siège  d'Ivrée, 
47,  49  ;  siège  de  Verue,  61 ,  62, 
75,  80-82;  campagne  de  1705, 
91,  101  ;  bataille  de  Gassano, 
104,  107,  114-115,  118-122; 
en  garnison  à  Mantoue,  153, 
154,  157;  campagne  de  1706, 
162-166  ;  expédition  de  la  Fer- 


rare,  174-176;  bataille  de  Tu- 
rin, 196-198,  200-203,  205; 
retour  en  Dauphiné,  211  ; 
campagne  de  1707  en  Dau- 
phiné, 241,  246,  247;  défense 
deToulon,250,  255,  268,  271, 
273;  campagne  de  1708,  293, 
295,  296,  298-300,  302  ;  il  est 
envoyé  en  Flandre,  325,  330; 
bataille  de  Malplaquet,  355- 
358,  364-368,  370-372,  381, 
383,  387;  (1710)  garnison  à 
Valenciennes,  111,4-6;  àCam- 
bray,  12;  campagne  de  1711, 
59,  61,  62;  (1712)  bataille 
de  Denain,  140,  142,  150; 
siège  de  Bouchain,  155,  160, 
162,  171;  campement  sur  le 
champ  de  bataille  de  Denain, 
180;  siège  du  Quesnoy,  186, 
189,193-196;  (1713)  en  garni- 
son à  Rocroy,  211,  214-216; 
marche  en  Alsace,  217  ;  can- 
tonnement dans  le  Palatinat, 
225,  232;  à  l'arrière-garde  de 
l'armée,  235;  siège  de  Fri- 
bourg,  256,  265,  272.  —  Cité, 
1,37,163,  205,  249,  250,  275, 
329,  330;  II,  3,  52,  53,  58, 
220,  282,  288,  289,  319,  320. 

Bourgogne  (les  chevau  -  légers 
de),  I,  221. 

Bourgogne  (le  vin  de),  I,  100, 
125, 167,  219;  II,  169;  111,54, 
203. 

Bourguignons  (les),  I,  188. 

Bourk  (Walter,  comte  du),  II, 
166,  361;  III,  242. 

Bourlamaque  (  Jean  -  François 
de),  III,  277,  280. 

Bourlon  (le  village  de),  III,  78. 

Boute-en-Guisse  (le  sieur),  II, 
225. 

Boute-feu  (un),  II,  124. 

Bouzols  (  Louis  -  Joachim  de 
Montaigu,  marquis  de),  II, 
362;  m,  70,  223. 

Boyne  (la  bataille  de  la),  I,  14. 

Bovveau  (Alexandre  de),  I,  263, 
26  i. 

Bozzolo  (le  bourg  de),  II,  153. 


326 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Brabant(le),I,  49;  II,  330;  III, 

179. 
Brabant  hollandais  (le),  III,  101. 
Brabant-cavalerie  (le  régiment 

de),  202. 
Bragelongne  (Charles  de), 1, 240. 
Brancas  (Charles,  comte  de),  I, 

212. 
Brancas  (le  régiment  de),  III, 

40. 
Brandebourg  (l'électeur  de),  III, 

209. 
Brandebourg  (le),  II,  200,  374. 
Braque  (M.  de),  III,  211,  212. 
Brassac  (M.  de),  II,  132. 
Brayer  (un),  I,  345. 
Brebières  (le  village  de),  III, 

166. 
Breda  (la  ville  de),  III,  101. 
Brelan  (le  jeu  de),  III,  209. 
Brembate  (le  village  de),  II,  112. 
Brème  (la  ville  de),  I,  319,  321, 

325;  II,  1. 
Brendlé  (Josse  de).  Il,  387;  III, 

9,  61,  223,  312. 
Brenner  (le  mont),  I,  311. 
Breno  (le  bourg  de),  II,  151, 163. 
Brescello  (la  ville  de),  I,  210, 

219,  227,  242,  318;  II,  89. 
Brescia  (la  ville  et  le  pavs  de), 

1,162,  256,  259,  273,  3l5;  II, 

51,93,99,  111,  146,  151,  152. 
Bressan  (le).  Voyez  Brescia  (la 

ville  et  le  pays  de). 
Bresse  (le  régiment  de),  I,  329  ; 

II,  74. 
Bresse  chalonnoise  (la),  II,  232. 
Bresson  (M.  de),  III,  277. 
Bretagne  (Louis  de  France,  duc 

de),  III,  103. 
Bretagne  (la),  I,  29. 
Bretagne  (le  régiment  de),  I, 

206;  11,89,90,  173,  180,  198, 

257. 
Bretonnière  (Gilles  de  Botterel, 

comte  de  la),  II,  5. 
Bretonville  (M.  de),  I,  305. 
Briançon  (la  ville  de).  Descrip- 
tion, I,  190;  l'armée  française 

s'y  réunit  après  la  défaite  de 

Turin,  II,  221,  222,  227,228; 

séjour  du  chevalier  en  1707, 


283-284  ;  l'armée  y  campe  en 
1708,  305,  317.  —  Citée,  215, 
216,  301,  304,  318. 

Brianconnais  (le),  I,  190. 

Brie  (la),  I,  6,  69,  128. 

Brie  (le  régiment  de),  II,  256. 

Brie  (l'hôtel  de),  à  Paris,  1, 175. 

Brie-Comte-Robert  (la  ville  de), 
I,  6,  127,  128. 

Brihuega  (le  combat  de),  II, 
193;  III,  57. 

Brilhac  (François  de),  II,  381. 

Briord  (le  comte  de),  II,  377. 

Brisach  (la  ville  de  Neuf-),  III, 
278. 

Brisach  (la  ville  de  Vieux-),  III, 
244,  278. 

Brisgau  (le),  m,  244,  278. 

Broglie  (  François  -  Marie  I^r, 
comte  de),  II,  333,  334;  III, 
312. 

Broglie  (  Charles  -  Guillaume, 
marquis  de).  Au  siège  de 
Verceil,  II,  20;  à  celui  de 
Verue,  40  ;  apporte  en  cour 
la  capitulation,  87  ;  (1705)  il 
commande  dans  le  bourg  de 
Gassano,  106-108,  112,  118; 
colère  du  duc  de  Vendôme 
contre  lui,  114  ;  (1707)  au  siège 
de  Toulon,  255  ;  (1708)  il  calme 
des  soldats  mécontents,  295- 
296;  (1712)  échec  qu'il  éprouve 
enDauphiné,  m,  130;  (1713) 
au  siège  de  Landau,  223  ;  à 
celui  de  Fribourg,  243.  Son 
esprit  caustique,  II,  106;  sa 
facilité  de  parole,  296  ;  cause 
de  sa  disgrâce  sous  le  cardi- 
nal de  Fleury,  107.  —  Cité, 
333. 

Broglie  (François-Marie,  cheva- 
lier, puis  comte  et  maréchal 
de).  A  la  bataille  de  Calcinato, 
Vendôme  blâme  sa  disposi- 
tion, II,  171;  (1710)  escar- 
mouche contre  des  fourra- 
geurs,  III,  35-36  ;  (1711)  cher- 
che à  arrêter  les  ennemis  au 
passage  de  l'Escaut,  85;  (1712) 
s'empare  du  village  del'Ecluse, 


DES  MATIERES. 


327 


109-110;  y  commande  un 
camp  volant,  116;  bat  et  fait 
prisonnier  M. de  Saint- Amour, 
129-130;  son  rôle  à  Denain, 
145-146;  s'empare  de  l'abbaye 
d'Anchin ,  155;  il  attaque 
Marchiennes  et  est  repoussé, 
158-160;  au  siège  de  Douay, 
165-166  ;  escarmouche  contre 
lecomted'Athlone,  188  ;  (1713) 
marche  hardie  sur  Philips- 
bourg,  220.  Son  parent  le 
comte  de  la  Trinité,  II,  42  ; 
son  surnom  de  Chonchon,  III, 
35,  85,  130.  —  Cité,  II,  333. 

Brosses  (le  chevalier  des),  I, 
353,  354;  II,  52,  53;  111,202, 
203. 

Bruay  (le  village  de),  III,  73. 

Brucom  (le  château  de),  I,  60. 

Bruges  (la  ville  de),  II,  296  ;  III, 
132,  134. 

Brunette  (le  fort  de  la),  à  Suse, 

II,  283,  293. 
Brùnninghausen  (M.   de  ) ,  II, 

375. 
Brusantino  (le  village  de),  I, 

278. 
Brusasco  (le  village  de),  II,  61, 

85. 
Brusch  (la),  rivière,  I,  144,  150. 
Bruxelles  (la  ville  de),  I,  40,  44, 

48,51,56,60,  62,  64;  11,327, 

330;  m,  108,  179. 
Bueil  (Honorât,  comte  de),  II, 

376. 
Bueil-Racan  (Antoine -Pierre, 

comte  de),  III,  41,  52,  223. 
Bueil  (la  maison  de),  UI,  279. 
Bueil  (le  régiment  de),  III,  40. 
Buel  (M.),  II,  18. 
Buffle  (un),  justaucorps  de  cuir, 

m,  129. 
Bugey  (le  régiment  de),  II,  255; 

III,  253,  254. 

Buisson  (M.  du),  brigadier,  II, 
340. 

Buisson  (M.  du),  dit  la  Débau- 
che, III,  266. 

Bulow  (le  général),  III,  227. 

Buonvicini  (Fabio),  1,291,  293. 

Buse  (le),  étoffe,  II,  7. 


Busca  (Antoine  de  Monlezun 
de),  I,  80. 

Busca  (Louis  de  Monlezun  de), 
II,  377. 

Buso  di  Vêla  (le  col  de),  I,  310. 

Bussang  (le  village  de),  I,  153  ; 
m,  279. 

Busseto  (le  village  de),  I,  217. 

Bussière  (M.  de  la),  lieutenant- 
colonel  du  régiment  de  Bre- 
tagne, II,  198. 

Bussière  (M.  de  la),  capitaine 
au  régiment  de  Bourgogne. 
D'abord  abbé,  1,  37,  252;  se 
promène  sur  le  lac  de  Garde 
avec  le  chevalier  de  Quincy, 
292-293  ;  il  tente  de  construire 
un  pont  sur  l'Adda,  II,  114; 
aventure  à  la  Chartreuse  de 
Pavie,  188-189;  le  chevalier 
de  Quincy  le  ramène  à  Paris 
gratis,  229;  ils  retournent  en- 
semble en  Dauphiné,  aven- 
ture à  Gosne,  243-246  ;  au  siège 
de  Toulon,  265-266;  (1708) 
voyage  avec  le  chevalier,  293  ; 
(1709)  ils  vont  ensemble  en 
Flandre,  326-331  ;  ils  dînent 
chez  le  maréchal  de  Boufflers, 
384-385;  (1710)  ils  reviennent 
ensemble  à  Paris,  III,  52,  54. 
Sa  pauvreté,  I,  339;  sa  manie 
de  se  rajeunir,  III,  140  ;  son 
parent  Bauyn,  II,  233. —  Cité, 
I,  336;  11,82,  300,  301. 

Bussière  (le  village  de  la),  en 
Dauphiné,  II,  299-301. 

Bussolengo  (le  bourg  de),  I,  285, 
288. 

Buzanval  (  Guillaume  Choart, 
marquis  de),  II,  380. 


Gacade  (une),  I,  282;  II,  177. 
Gadets  (les  corps  de),  I,  8;  III, 

251. 
Gadets  (les),  dans  les  troupes, 

m,  212. 
Gadino  (le  village  de),  I,  310, 

312. 
Cadix  (la  ville  de),  I,  250. 


328 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Cadogan  (Guillaume,  comte), 
II,  332,  359,363;  ÏIl,  76,77, 

79,  80. 

Gadrieu  (Alexandre-Louis,  mar- 
quis de),  II,  132. 
Calcinato  (le  bourg  de),  I,  276; 

II,  149,  151,  162,  164. 
Calcinato  (la   bataille  de),  II, 

163-172,  192,  227;  III,  105, 
121. 
Calvaire  (l'église  du),  à  Paris, 

III,  209. 

Calvin  (Jean),  I,  69,  169,  185. 

Calvinistes  (les),  II,  220. 

Camaldules  (l'ordre  des),  II,  180. 

Gambray  (la  ville  de).  Descrip- 
tion, I,  66-67  ;  camp  du"  ma- 
réchal de  Villars  sous  Gam- 
bray, III,  12;  sédition  en  1711, 
61  ;  prisonniers  ennemis  qui 
y  sont  conduits,  74  ;  marche 
des  ennemis  sur  la  ville,  77- 

80.  — Citée,  1,65;  II,  301, 330, 
338;  m,  24,  26,  71,  87,  88, 
122,  126,  132,  136,  141,  143, 
176,  179,  180. 

Gambray  (les  archevêques  de), 
I,  36,  67.  Voyez  Berghes 
(  Maximilien  de  ) ,  Fénelon 
(François  de  Salignac  de). 

Gambray  (la  ligue  de),  II,  111. 

Cambrésis  (le),  I,  66,  67  ;  III,  63. 

Cambrésis  (le  régiment  de),  II, 
18,  74,257;  III,  199. 

Cambrin  (le  village  de),  11,332. 

Cambron  (l'abbaye  de),  III,  164. 

Camelot  (le),  étoffe,  III,  215. 

Camille  (Camille  de  Lorraine, 
dit  le  prince),  I,  40. 

Camisards  (les),  II,  279. 

Camp,  étape,  II,  186. 

Cam  panel  le  (M.  de).  Voyez 
Champignelle. 

Campistron  (Jean  Galbert  de), 
I,  320. 

Carapo-Galliano  (le  village  de), 
I,  341. 

Canche  (la),  rivière,  III,  31,  40, 
48,  50,  63,  75. 

Candia  (le  bourg  de),  I,  352. 

Canelli  (le  village  de),  I,  346. 

Ganillac  (Jean  de  Montboissier- 


Beaufort,  comte  de),  I,  102, 

172  ;    m,  194,  195. 
Ganneto  (le  bourg  de),  I,  200, 

201;  II,  153. 
Ganonica  (le  village  de  la),  II, 

112. 
Cantaing   (le   village  de),  III, 

116,  132. 
Cantine  (une),  II,  53. 
Cany    (  Michel    II   Chamillart, 

marquis  de),  II,  389  ;  III,  238, 

239. 
Gapelle  (le  village  de  la),  II 

386;  m,  118. 
Capestan  (M.  de),  III,  41. 
Capitale   d'une    demi-lune   ou 

d'un  bastion  (lai.  II,  19;  III, 

255. 
Capitation  (la),  I,  70. 
Capriata  (le  village  de),  I,  343. 
Capucins  (le  couvent  des),  à  Gè- 
nes, I,  362. 
Capucins  (la  colline  des),  près 

Turin,  II,  206,  207,  223,  226. 
Capy  (le  régiment  de),  II,  90. 
Carabiniers  (les),  t,  193,  224. 
GaraccioU  (Thomas),  II,  17,  22. 
Caraccioli  (le  régiment  de),  II, 

22. 
Caravaggio  (la  ville  de),  II,  139. 
Garbonnel  (M.  de),  III,  234. 
Carencv  (le  bourg  de),  II,  331  ; 

III,  69. 
Carillon  (être  fouetté  à  double), 

I,  11. 

Carillons  (faire  des),  I,  112. 

Carmagnola  (la  ville  de),  II,  187. 

Carolingiens  (les),  III,  204. 

GaroU  (Daniel  de),  II,  110. 

Garondelet  (Guillaume,  cheva- 
lier de),  m,  143,  144. 

Garondelet  (Glaire-Bonne-Ale- 
xandrine  de),  III,  144, 

Carpenedolo  (le  bourg  de),  I, 
258,  259,  273;  II,  148,  149, 
151,  163.      . 

Garpi  (le  village  et  le  combat 
de),  sur  l'Adige,  I,  141,  278; 

II,  180. 

Garpi  (le  bourg  de),  dans  le 
Modénois,  I,  226,  227,  280, 


DES  MATIERES. 


329 


283-285,  297,  340,  341;  II, 
184. 

Garpignano  (le  village  de),  I, 
353,  354;  II,  1. 

Carré  (M.),  II,  22. 

Carrosse  de  voiture  (le),  I,  107. 

Casai  du  Montferrat  (la  ville 
de).  Le  théâtre  de  cette  ville; 
aventure  du  chevalier  de  Quin- 
cy  et  de  son  ami  d'Esgrigny, 
I,  320-321  ;  (1704)  l'armée  de 
Vendôme  campée  sous  ses 
murailles,  II,  1-2,  4.  —  Citée, 

I,  195,  348,  349;  II,  7,  11, 
13,  29,  48,  154,  209. 

Casaletto  (le  village  de),  I,  198, 
Casal-Grasso  (le  village  de),  II, 

312. 
Casai- Maggiore  (la  ville  de),  I, 

219,  236,  254;  II,  89. 
Casai- Morano    (le    village   de), 

II,  109. 

Casai- Moro  (le  village  de),  I, 

201  ;  II,  148. 
Casal-Rosso  (le  village  de),  II, 

13. 
Cassano  (le  village  elle  combat 

de),  I,  41;  II,  104-107,  117- 

137,  193;  III,  121,  122,  147, 

201. 
Cassino  (le  village  de),  I,  337, 

339,  347. 
Cassoli  (le  curé),  I,  176,  177. 
Castagnara  (le  bourg  de),  I,  278, 

282,  285,  286. 
Castelbarco  (le  château  de),  I, 

290,  291. 
Castelcovati  (le  village  de),  II, 

145. 
Castel-dos-Rios  (le  marquis  de), 

I,  122-124. 
Castelgoffredo  (le  bourg  de),  I, 

201;  II,  152. 
Castellade  régiment  suisse  de), 

II,  257,  269,  312,  313. 
Castellaccio   (le  village  de),  I, 

347,  348;  II,  187. 
Castellane  (le  chevalier  de),  II, 

306. 
Castellane   (la  maison  de),  II, 

280. 


Castellane  (la  ville  de),  II,  280- 
281. 

Castellaro  (le  village  de),  I,  286  ; 
II,  152. 

Castelleone  (le  bourg  de),  II, 
139. 

Castelnaudary  (le  combat  de),  I, 
186. 

Caslelnuovo-Bocca-d'Adda  (  le 
village  de),  I,  197. 

Castelnuovo  d'Asti  (le  village 
de),  I,  329,  330,  331. 

Castelnuovo-di-Bormida  (le  vil- 
lage de),  I,  339,313-345,347; 
II,  187. 

Gastelnuovo-di-Sotto  (le  bourg 
de),  I,  220,  221,  225,  227. 

Castelspino  (le  village  de),  I, 
347. 

Castelvetro-Piacentino  (lebourg 
de),  I,  216,  217. 

Ca?tel-Visconti  (le  village  de), 
II,  102,  103. 

Castiglione  et  Solferino  (Fer- 
dinand de  Gonzague,  prince 
de),  I,  208,  257,  258. 

Castiglione- délie -Stiviere  (la 
ville  de).  Description,  II,  256- 
257  ;  prise  par  JVI.  de  Revel, 
I,  204-205,  208;  séjour  du 
chevalier  de  Quincy  en  1702, 
271-277;  Vendôme  y  campe 
en  1705;  II,  148-149,  151- 
152.  — Citée,  1,259,  266,  291, 
315;  II,  87,  89,97,  151,  163. 

Castiglione  -  délie  -  Stiviere  (  le 
combat  de),  II,  218. 

Castille  (Joseph  Pernandez  de 
Velasco,  duc  de  Prias,  con- 
nétable de),  I,  127. 

Cateau-Cambrésis  (la  ville  de), 
I,  36;  m,  86,  107,  138-139. 

Cateau-Cambrésis  (le  traité  de), 
I,  36. 

Catelet  (la  ville  du),  I,  66;  II, 
338  ;  III,  12. 

Catillon  (le  village  de),  ou  Châ- 
tillon,  m,  138. 

Catinat  (Pierre  I"),  III,  106. 

Catinat  (Pierre  II),  III,  106. 

Catinat  (Nicolas),  III,  106. 


330 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Gatinat  (le  maréchal).  Il  assiège 
Ath  (1697),  I,  40,  42,  44-48 
suite  de  la  campagne,  55-56 
(1701)  envoyé  en  Italie,  127 
sa  disgrâce,  152-153  ;  ses  pro 
jets  pour  la  campagne,  162- 
163  ;  caricature  italienne  qui 
le   représente,   II,    180;    sa 
mort,  III,  105;  il  refuse  l'or- 
dre du  Saint-Esprit,  106  ;  son 
éloge,   I,   47,   153;   III,  106- 
107,  141,  202  ;  sa  parenté  avec 
les  Sevin,I,  46.  — Cité,  1,164, 
226;  II,  301. 

Gatoire  (le  sieur  de  la),  I,  48. 

Gatoire  (le  hameau  de  la),  I,  42. 

GatuUe  (le  poète),  I,  289. 

Gauroy  (le  hameau  du),  III,  31. 

Gavaione-Veronese  (  le  village 
de),II,  174,176,177,179,  180. 

Gavalier  (le  sieur),  II,  202. 

Gavo-Bentivoglio  (le),  I,  279, 
282. 

Gavoretto  (le  village  de),  II,  212. 

Gavriana  (le  village  de),  II,  89, 
152. 

Geberet  (Glaude,  marquis  de), 
1,284,  285;  II,  173. 

Gellc  (M.  de),  m,  260. 

Genis  (le  mont),  II,  297. 

Gense  (une),  III,  18. 

Genset  (le).  Voyez  Sensée  (la). 

Gerea  (le  bourg  de),  I,  278. 

Gerese  (la  porte),  à  Mantoue,  I, 
204,  207,  260. 

Cernay  (la  ville  de),  I,  141. 

Gerno  (le  village  de),  II,  112. 

Gervo  (le),  rivière,  II,  12. 

Gésanne  (le  bourg  de),  I,  190- 
192;  II,  221,  284,  297,  305, 
306,  308,  312,  314. 

Gésar  (Jules),  I,  68,  160,  182, 
185,  251,  281,  289;  II,  205, 
231. 

Gesole  (le  village  de),  II,  101. 

Geva  (la  ville  de),  I,  337. 

Ghabannes  (la  maison  de),  I, 
186. 

Ghaise-Dieu  (l'abbaye  de  la), 
II,  281. 

Ghaligny  (le  village  de),  I,  153, 

Ghalon  "(la  maison  de),  II,  232. 


Ghalon-sur-Saône  (la  ville  de), 

II,  231-232. 
Ghâlons-sur-Marne  (la  ville  de), 

III,  215,  216. 
Châlons-sur-Marne  (le  diocèse 

de),  m,  118. 

Ghambéry  (la  ville  de),  II,  302. 

Ghambord  (le  château  de),  III, 
156,  157. 

Gh ambre  (le  bourg  de  la),  II, 
300. 

Ghambrier  (M.),  III,  66. 

Ghamillart  (Michel).  1\  est  nom- 
mé secrétaire  d'État  de  la 
guerre,  I,  126  ;  sa  parenté 
avec  les  Sevin,  126,  173,  252; 
II,  50,  228;  il  ne  veut  don- 
ner de  compagnie  qu'aux 
lieutenants,  I,  172;  promes- 
ses qu'il  fait  au  chevalier  de 
Quincy  et  à  son  frère  de  leur 
donner  des  régiments,  177; 
II,  51,139,  236-238,286,288- 
289;  il  nomme  le  chevalier 
capitaine,  I,  249-250,  257- 
258  ;  il  lui  refuse  de  lever  un 
régiment  de  déserteurs,  II, 
50-51;  le  chevalier  dîne  fré- 
quemment chez  lui,  320;  sa 
disgrâce,  389  ;  III,  239  ;  son 
esprit  borné,  II,  51  ;  ses  fil- 
les, I,  178;  son  logement  à 
Versailles,  II,  239.  —  Gité, 
216. 

Ghamillart  (Michel  II).  Voyez 
Gany  (le  marquis  de). 

Ghamillart  (Jérôme,  comte  de), 
1,221,  229;,II,  75. 

Ghamillart  (Elisabeth -Thérèse 
Le  Rebours,  dame),  I,  173, 
177,  252 ;  11,50,138,139,237, 
239. 

Ghamilly  (le  maréchal  de),  I, 
263,  264,  329. 

Ghamilly  (François-Joseph  Bou- 
ton, comte  de),  I,  329. 

Ghampagne  (les  comtes  de),  I, 
129. 

Ghampagne  (le  comté  de),  II, 
234. 

Ghampagne  (la  province  de),  I, 


DES  MATIERES. 


331 


129,  132,  169;  III,  214,  215, 

279. 
Champagne  (  le  grand   prieuré 

de),  I,  52;  III,  236. 
Champagne    (le   régiment  de), 

III,  153,  171,  242,  277. 
Champagne  (le  vin  de),  I,  85, 

100,  125,  167,  219;  II,  169, 

239;  m,  54,216. 
Champagnelle  (M.   de).    Voyez 

Champignelle. 
Champignelle  (Jacob  de  Rogres 

de)  ou  Champagnelle  ou  Gam- 

panelle,I,357-359;II,  6,  378; 

III,  312. 
Ghampigny  (M.  de),  II,  66. 
Ghamplitte  (le  village   de),  I, 

132. 
Chanceaux  (le  village  de),  II, 

233. 
Ghantemerle  (le  hameau  de),  II, 

305. 
Ghantereine  (le  château  de),  III, 

65,  70,  71,  73-76. 
Chantilly  (le  château  de),  I,  82- 

88,  98,  100;  II,  242. 
Ghapelle-en-Serval  (le  village  de 

la),  I,  82. 
Chardon  (Daniel),  II,  377. 
Charenton  lie  village  de),  1, 181. 
Charité  (la  ville  de  la),  I,  184, 

185. 
Charlemagne,  empereur,  1, 155  ; 

II,  303. 

Charlemont  (la  ville  de),  1, 167. 
Gharleroi  (la  ville  de),  II,  388. 
Charles  Borromée    (saint),  II, 

105. 
Charles  le  Chauve,  empereur, 

I,  88. 
Charles-Quint,  empereur,  I,  33, 

66,  154,  166,  168,  170,  361  ; 
m,  12,  39,  135,  231,  279. 

Charles  VI,  empereur,  I,  253  ; 

III,  210.  Voyez    l'Archiduc. 
Charles  VIII,  roi  de  France,  I, 

218. 
Charles  II,  roi  d'Espagne,  I,  98, 

99,  122,  124. 
Charles-Emmanuel,  roi  de  Sar- 

daigne  et  duc  de  Savoie,  I, 

321,  337,  361;  II,  28,29. 


Charles  de  Lorraine,  dernier  des 
Carolingiens,  III,  204. 

Charles  (Charles  de  Lorraine- 
Armagnac,  dit  le  prince),  II, 
362;  III,  170. 

CharleviUe  (la  ville  de),in,2i4, 
215. 

Charmes  (le  bourg  de),  I,  153. 

Charmont  (M.  Hennequin  de), 
m,  260. 

Charost  (Louis- Joseph  de  Bé- 
thune,  marquis  de),  II,  377. 

Charost  (le  régiment  de),  II, 
339;  m,  10. 

Chartoigne  (Philippe-François 
de).  Il  s'empare  de  Viadana, 

I,  210;  au   siège  de  Verceil, 

II,  17,  22;  il  repousse  les  en- 
nemis qui  attaquaient  son 
convoi,  34-35;  au  siège  d'I- 
vrée,  44  ;  au  siège  de  Verue, 
57  ;  il  est  blessé  et  fait  pri- 
sonnier, 65  ;  le  duc  de  Savoie 
lui  fait  visite  ;  sa  mort,  67  ; 
ses  talents  militaires,  I,  262. 

Chartres  (le  duc  et  la  duchesse 
de).  Voyez  Orléans. 

Chartres  (M"e  de).  Voyez  Lor- 
raine (la  duchesse  de). 

Chartres  (Louise-Adélaïde  d'Or- 
léans, dite  M'ie  de),  abbesse  de 
Chelles,  I,  79. 

Chartreux  (l'ordre  des),  III,  258. 

Chartreux  (le  couvent  des),  à 
Paris,  I,  18,  19. 

Chasse   de   Morin   (^a),    opéra, 

III,  7. 

Chastenay  (M.  de),  III,  9. 

Chastenet  (M.  de),  III,  234. 

Chastillon-cavalerie  (  le  régi- 
ment de),  II,  192. 

Ghâteaumorand  (Jean-François 
Joubert  de  la  Bastide,  mar- 
quis de),  m,  95. 

Châteauneuf  (le  régiment  de), 
II,  257. 

Château-Porcien  (la  ville  de), 
II,  389. 

Châtelet  (le),  à  Paris,  I,  23. 

Châtel-sur-Moselle  (  le  bourg 
de),  I,  153. 

Châtres  (le  village  de),  I,  126. 


332 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Ghaulnes  (le  duc  de).  Voyez 
Amiens  (le  vidame  d'). 

Chaumont  (Charles  d'Ambly, 
marquis  de),  II,  131. 

Chaumont.  Voyez  Ghioraonte. 

Chau-Montauban  (le  régiment 
de  la),  III,  87. 

Chauny  (le  bourg  de),  I,  67,  68  ; 

II,  327;  m,  2. 

Chavigny  (Claude-François  Bou- 

thillier,  marquis  de),  I,  222. 
Chavigny  (Aune-Théodore  Che- 

vignard,  chevalier  de),   III, 

205-206. 
Chavigny    (  Philibert    Chevi- 

gnard,  abbé  de),  III,-  206. 
Ghavigny-le-Roi  (la  maison  de), 

III,  205. 

Ghayla  (Nicolas-Joseph-Baltha- 
sar  de  Langlade,  vicomte  du), 
II,  379. 

Chelles  (l'abbesse  de).  Voyez 
Chartres  (\l"«  de). 

Chemerault  (Jean-Noël  de  Bar- 
bezières,  comte  de).  Au  com- 
bat de  San-Sebastiano;  il  est 
blessé,  I,  323-325;  au  siège 
de  Verceil,  II,  14,  18,  22; 
bon  conseil  qu'il  donne  à 
Vendôme,  115-116;  il  perd 
l'affection  de  ce  général,  116  ; 
campagne  de  1709  en  Flan- 
dre, 361;  il  est  tué  à  Malpla- 
quet,  376. 

Cherasco  (la  ville  de),  I,  337. 

Cheray  (  Olivier-François-de- 
Paule  Le  Fèvre  d'Ormesson, 
seigneur  de),  III,  23,  24. 

Chétardye  (le  chevalier  de  la), 
I,  254. 

Cheval-Blanc  (la  cour  du),  à 
Fontainebleau,  III,  157. 

Chevalier  (M'i^),  II,  382. 

Cheyladet  (François  de  Dienne, 
comte  de),  Iir,  2-22. 

Chiari  (le  combat  de),  I,  162, 
163;  II,  3,  145,  286. 

Chieri.  Voyez  Quiers. 

Chiese  (la),  rivière,  I,  201  ;  II, 
93,  95,  148,  165,  166. 

Ghimay  (Charles-Louis-Antoine 


de  Hennin  d'Alsace,  prince 

de),  I,  48. 
Chimay  (le  bourg  de),  II,  327. 
Chiomonte   ou   Chaumont   (le 

village  de),  I,  192;  U,  283. 
Chiusa  (la),  rivière,  II,  177, 178. 
Chiusano  (le  village  de),  1,  331. 
Chivas  (la  ville  de),  I,  195;  II, 

36,  33,  85,  189,  206. 
Choart  (Gabriel),   seigneur  du 

Tremblay,  I,  252,  253;    II, 

203. 
Choiseul  (le  régiment  de),  III, 

87. 
Choiseul-Traves(Francois-Eléo- 

nor  de),  II,  76;  III,"'l70. 
Churchill  (Charles),  II,  375. 
Cicéron,  I,  3,  289;  III,  202. 
Gigole  (le  village  de),  II,  147. 
Cinna,  I,  289. 

Ciran  (le  baron  de),  I,  113,  115. 
Gîteaux  (l'abbaye  de),  II,  232. 
Gividate-al-Piano  (le  village  de) , 

II,  145. 
Claque-dents  (un),  II,  204. 
Clarée  (la  rivière  de  la),  II,  304. 
Claye  (le  bourg  de),  I,  69. 
Clément  (saint),  I,  154. 
Clermont-en-Argonne  (la  ville 

de),  II,  389. 
Clermont-Gallerande  (Armand- 
Henri,  chevalier  de),  I,  143, 

150. 
Clermont- Tonnerre   (François 

de),  évêque  de  Noyon,  I,  68, 

98,  170. 
Glermont-Tonnerre  (la  maison 

de),  I,  170. 
Clèves  (le  pays  de),  III,  101. 
Clisson  (iM.  de),  III,  177. 
Cloche- Perce  (la  rue),  I,  175. 
Clos  (M.  des),  I,  322,  346. 
Glouet  (M.),  m,  91. 
Glovis,  roi  de  France,  II,  341; 

m,  160. 
Cluson  (la  rivière  du),  II,  218, 

312,  314. 
Coblentz  (la  ville  de),  I,  154; 

m,  279. 
Cocconato  (le  village  de),  I,  349. 
Goëtanfao  (François-Toussaint 


DES  MATIERES. 


333 


du  Querhoent,  marquis  de), 
II,  378. 

Goëtmea  (M.  de),  III,  72. 

Goëtquen  (Malo-Auguste,  mar- 
quis de),  II,  358,  378. 

Gœurly  (M.  de),  I,  114. 

Coigny  (François  de  Franque- 
tot,  marquis  de).  Au  siège  de 
Verue,  II,  75;  à  Maiplaquet, 
362;  (1710)  commande  un 
camp  volant  près  de  Bou- 
chain,  III,  20;  (1711)  attaque 
le  camp  des  Impériaux  à 
Douay,  71  ;  défait  un  corps 
de  cavalerie,  94;  (1712)  pour- 
suit M.  de  Growestein,  118; 
marche  sur  Landrecies,  142, 
144;  au  siège  de  Douay,  177; 
au  siège  du  Quesnoy,  189; 
(1713)  àceluideFribourg,  242. 

Gollande  (Thomas  Le  Gendre 
de),  II,  74  ;  III,  96. 

Collèges  de  l'Université  (les),  I, 
17-21. 

Golièges  des  Jésuites  (les),  I, 
17-21. 

Collet  (le  col  de),  II,  312. 

Collier  (M.),  II,  376. 

Golmar  (la  ville  de),  I,  142,264. 

Colmenero  (François  de),  I,  365  ; 
II,  23,  118,  143;  III,  122. 

Cologne  (  Joseph -Clément  de 
Bavière,  électeur  de),  III, 
5-9,  170,  190. 

Cologne  (l'archevêché  de),  I, 
159. 

Colonel  général  de  la  cavalerie 
(le  régiment  du),  II,  159,  165. 
—  Voyez  Cornette  blanche 
(le  régiment  de  la). 

Golorno  (le  bourg  de),  I,  218, 
219. 

Combe  (Jacques  de  la),  III,  118. 

Combes  (Louis-Ferdinand,  che- 
valier de  Fouillé  des),  I,  91. 

Comédie  française  (la),  I,  121, 

Comédie  italienne  (la),  I,  24. 

Comines  (le  village  de),  III,  39. 

Commentaires  de  César  (les),  I, 
68,  160,  182,  185;  II,  231. 

Commentaires  sur  Polybe  (les), 


du  chevalier  de  Folard,  II, 

285. 
Commercy   (  Charles -François 

de    Lorraiue-Elbeuf,   prince 

de),  1,235,  240;  II,  183. 
Commercy  (le  régiment  de),  I, 

220. 
Commissaire  général  de  la  ca- 
valerie (le  régiment  du),  II, 

90. 
Compiègne  (la  ville  de),  I,  88- 

89,  170,  171;  II,  327,390. 
Compiègne  (le  camp  de),  I,  80, 

81,  88-100. 
Comtat  Venaissin  (le),  U,  6. 
Concerter,  II,  317. 
Couche  (Denis  Calvin  de),  II, 

124,  136. 
Gonck  (M.  de),  II,  69. 
Concorriia  (la  ville  et  le  comté 

de  la),  I,  253,  340,  366-368  ; 

II,  183. 

Gondé   (Louis   1«^,   prince  de), 

III,  4. 

Gondé  (Louis  II  de  Bourbon,  le 
Grand),  I,  86,  87,  155,  168; 
II,  331;  m,  120,  141,  260. 

Gondé  (Charlotte-Marguerite  de 
Montmorency,  princesse  de), 
L  87. 

Gondé  (Anne  de  Bavière,  prin- 
cesse de),  dite  Madame  la 
Princesse,  I,  85. 

Gondé  (  Anne-Marie-Victoire, 
demoiselle  de),  I,  85. 

Gondé-sur-Escaut  (la  ville  de), 

II,  338,  349;  m,  21,  24,  65. 
Gonflans  (Charles-Emmanuel  de 

Watteville,  marquis  de),  I, 

44. 
Gonflans  (Jean-Chrétien  deWat- 

teville,  marquis  de),  II,  339, 

361  ;  III,  178,  242. 
Gonsarbriick  (la  ville  de),  1,  151. 
Consignations  (les),  III,  258. 
Gontades  (Georges-Gaspard  de), 

III,  124,  139,  264,  271,  272. 
Gonti    (Francois-Louis,    prince 

de),  I,  56,  o7. 

Gonti  (Louis-Armand  de  Bour- 
bon, prince  de),  III,  210,  275. 

Gonti   (  Marie- Anne,    légitimée 


334 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


de  France,  princesse  de),  I, 

83-85;  m,  156. 
Contre-garde  (une),  II,  39. 
Conversation  (la),  en  Italie,  I, 

267. 
Gonvulsionnaires  (les),  II,  289- 

292. 
Goppa  (la),  rivière,  I,  343. 
Coppe  (le  comte  de  la),  III,  149. 
Coqueluchon  (un),  I,  217;  III, 

215. 
Corbeil  (la  ville  de),  I,  100,110, 

118,  181,  182;  II,  243. 
Corbie  (la  ville  de),  II,  329. 
Cordes  (le  régiment  de),  II,  258. 
Corinthe  (le  raisin  de),  I,  270. 
Cornette  blanche  (le  régiment 

de  la),  II,  43. 
Cornichon  (un),  terme  de  forti- 
fication, II,  65. 
Correggio  (la  ville  de),  I,  227, 

341. 
Correggioli   (le  village  de),  I, 

316. 
Gorticelle  (le  village  de),  I,  348. 
Cosne  (la  ville  de),  I,  184  ;  II, 

244-246. 
Coste  (Simon  Frottier,  seigneur 

de  la),  II,  60. 
Gostebelle  (M.  de),  II,  264, 265, 

300. 
Gostigliole-d'Asti  (le  village  de), 

I,  348. 
Cotentin  (Charles-César,  mar- 
quis de),  I,  82. 
Cotentin  (le  régiment   de),   I, 

218,  225,  226;  11,255;  111,4. 
Côte-Saint-André   (la   ville   de 

la),  I,  188. 
Cotron  (Gaspard),  U,  133,  134. 
Goucy  (Enguerrand  I^""  de),  I, 

34,  35;  III,  25. 
Goucy  (Ade  de   Roucy,  dame 

de),  I,  35  ;  III,  25. 
Goucy  (la  maison  de),  I,  34; 

m;  25. 
Goucy-le-Château  (le  bourg  de), 

I,  34. 
Coudras  (N.  de  Boyveau,  sieur 

de),  I,  263,  272. 
Coudun  (le  village  de),  I,  88,  89. 


Courcillon  (Philippe-Égon,  mar- 
quis de),  II,  379. 

Courrières  (le  village  de),  II,  332. 

Court  (Claude -Elysée  de  la 
Bruyère  de),  II,  251,  252. 

Courtadc  (Jean  de),  II,  140. 

Courtaud  de  boutique  (un),  I, 
121. 

Courtebonne  (Jacques-Louis  de 
Galonné,  marquis  de),  I,  81. 

Courtray  (la  ville  de),  III,  39, 44. 

Gozzo  (le  bourg  de),  I,  358. 

Crasseux,  avare,  II,  335. 

Grécy  (la  bataille  de),  III,  53. 

Crécy-en-Ponthieu  (le  bourg 
de),  III,  52,  53. 

Crème  (la  ville  de),  II,  104,111, 
142-144. 

Grémonais  (le),  II,  102,  124, 
137,  146. 

Crémone  (la  ville  de).  —  Des- 
cription, I,  197-198;  surprise 
manquée  par  le  prince  Eu- 
gène, 175-177,  236-237 ;_  sé- 
jours du  chevalier  de  Quincy 
en  1702,  199,  215-217;  le  duc 
de  Savoie  veut  s'en  emparer, 
313-314;  ne  se  rend  aux  Im- 
périaux qu'en  1707,  II,  162, 
227;  citée,  9,  89,  123,  142, 
153,  186. 

Grenan  (Pierre  de  Perrien,  mar- 
quis de),  I,  80. 

Creny  (Louis-Adrien  de),  II, 
341  ;  m,  164. 

Grépy-en- Valois  (la  ville  de),  I, 
33. 

Gréquv  (  François  de  Bonne, 
maréchal  de)'^  I,  156;  II,  108, 
109. 

Gréquy  (Charles  I"  de  Blan- 
chefort,  maréchal  de),  I,  319, 
320. 

Gréquy  (François-Joseph,  mar- 
quis de),  I,  80,  201,217,  222, 
236,  237,  240. 

Grescentin  (le  bourg  et  le  camp 
de),  II,  8,  33,  36,  40,  50,  53- 
67,  77-84. 

Grévecœur  (Charles-Alexandre 
de),  I,  367. 


DES  MATIERES. 


335 


Crévecœur  (le  village  de),  III, 
119,  136. 

Grinchon  (le),  rivière,  III,  29, 
31,  114. 

Groissy  (Louis-Francois-Henri 
Golbert,  comte  de)^  III,  122, 
178,  179,  182,  223,  243,  263. 

Groix  (La),  partisan,  III,  101. 

Grostolo  (le),  rivière,  I,  220, 
222,  223,  244,  271;  n,  193. 

Groy  (Philippe-Emmanuel-Fer- 
dinand -  François  de  Groy- 
Solre,  comte  de),  II,  361  :  III, 
243. 

Groy  (Albert-François  de  Groy- 
Solre,  chevalier'de),  II,  377. 

Groy  (la  maison  de),  III,  31. 

Groy  lie  régiment  de),  II,  17, 
22,  74. 

Guirasse  des  officiers  généraux 
(la),  II,  371. 

Cuissage  (le  droit  de),  I,  191. 

Gurone  (le),  I,  343. 

Gurtatone  (le  village  de),  I,  209, 
212. 

Gusset  (le  bourg  de),  I,  186. 


D 


Daillon  (M.),  capitaine,  II,  275. 

Damas  (Jean-Jacques,  cheva- 
lier de),  m,  117. 

Daramartin-en-Goëlle  (le  village 
de),  I,  33. 

Damnitz  (le  baron),  III,  274, 
276,  277. 

Dampierre  (Guy  de),  comte  de 
Flandres,  III,  30. 

Dardanelles  (le  combat  des),  I, 
3,  4. 

Darmstadt-cuirassiers  (le  régi- 
ment de),I,  220,  221. 

Dauphin  (  Louis,  dauphin  de 
France,  dit  Monseigneur  le), 

I,  79,  83,  84,   89,  122,  125, 
126,  131. 

Dauphin  -  cavalerie  (  le  régi- 
ment), I,  284,  285,  297. 

Dauphin  -  infanterie  (  le  régi- 
ment), I,  16,  28,  37,  50,  64; 

II,  38,  206,208;  III,  175, 178. 


Dauphin-dragons  (le  régiment), 

I,  222,  224  ;  II,  7,  189. 
Dauphiné  (le),  I,  189-191;  II, 
211,  217,  221,  229,  241,  247, 
248,  267,  279,  280,  282,  289, 
293,  295,  302,  308,  323,  325; 
m,  130. 
Dauphiné  (le  régiment  de),  II, 

257. 
Dauvet    (  le   marquis  ).   Voyez 

Auvillars  (le  marquis  d'). 
Davia  (M.),  I,  212,  324,  367. 
Dejean  de  Manville  (Louis- 
Pierre),  I,  130;  III,  311. 
Denain  (la  ville  et  l'abbaye  de). 
Description,  II,  338;  camp 
des  Français  en  1709,  346, 
348;  camp  des  ennemis  en 
1712,  111,131-132,134;  mar- 
che de  Viliars  sur  Denain, 
141,  144;  le  prince  Eugène 
s'y  rend,  145;  les  Français  y 
campent  après  la  bataille, 
179-183;  citée,  I,  36;  111,77, 
85-87,105,115,139,  142,143, 
156,  163,  200. 

Denain  (la  bataille  de),  II,  172; 
m,  105,  147-156,  185,  202. 

Dendermonde  (la  ville  de),  II, 
338. 

Dendre  (la  rivière  de)    I    42, 
43,  44,  48,  58,  64. 

Denhoff   (Otto-Magnus,    comte 
de),  III,  99. 

Dernice  (le  château  de),  I,  322. 

Desana  (le  village  de),  II,  H. 

Desenzano  (la  ville  de),  I,  273, 
288,  315;  II,  150,  152. 

Déserteurs  (les).  II,  8-9. 

Déserteurs  (les  régiments  de), 
II,  50. 

Desmaretz  (Jacques),  évêque  de 
Riez,  II,  249. 

Desmaretz  (Nicolas),  II,  249. 

Desvoyes,  chanteur  de  l'Opéra, 
I   21-25. 

Deùle  (la),  rivière,  II,  333,  336. 

Deux-Ponts   (Gustave-Samuel- 
Léopold,  duc  de),  III,  219. 

Deux-Ponts  (la  ville  de),  III, 
229. 


336 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Deynze  (la  ville  de),  1,  55;  III, 
39,  44. 

Diamant  (le),  vaisseau,  II,  277. 

Diamantini  (Mii«),  1,  320. 

Digats  (M.),  ingénieur,  II,  22. 

Digne  (la  ville  de),  II,  249. 

Digne  (les  bains  de),  II,  249. 

Dijon  (la  ville  de),  II,  232,  233. 

Dijon  (la  Chartreuse  de),  II,  233. 

Dillon  (Arthur,  comte),  I,  296, 
298,  299;  II,  146,  179,  267- 
269,  271,  279;  III,  222. 

Dillon  (le  régiment  de),  I,  322. 

Dinant(la  ville  de),  I,  160,  165. 

Dixième  (l'impôt  du),  III,  66. 

Dixmude  (la  ville  de),  III,  197. 

Dohna  (Jean-Frédéric,  comte 
de),  III,  108,  144,  149. 

Doire  baltée  (la),  II,  35,  36, 
42,  43,  46,  83. 

Doire  (la  petite)  ou  Doire  ri- 
paire,  I,  191,  192,  195;  II, 
191-197,  202,  205,  206,  221, 
223,  294,  305,  306. 

Dolet  (Renaud),  II,  337. 

Dominicains  (le  couvent  des), 
à  Crémone,  I,  198. 

Donauwerth  (le  combat  de),  II, 
193;  m,  7. 

Doria  (André),  I,  361. 

Doria  (la  maison),  I,  365. 

Doria  (le  palais),  à  Gênes,  I, 
361. 

Dorignies  (le  village  de),  III,  11. 

Douay  (la  ville  de).  Camp  des 
Français  en  1709,  II,  336; 
siège  et  prise  par  les  alliés 
(1710),  9-12,  19,  24,  26;  le 
camp  des  ennemis  insulté 
(1711),  71-73  ;  Albergotti  man- 
que de  s'en  emparer,  100; 
siège  et  prise  par  Villars 
(1712),  162-163,165-178,  182- 
184.  —  Citée,  II,  330-332,  335  ; 

.  m,  4,  5,  17,  30,  39,  52,  68, 
70,  76,85,  107,156,159,  200, 
201. 

Douay  (l'université  de),  III,  168. 

Doullens  (la  ville  de),  III,  53, 
113. 

Dragons  (les  régiments  de),  III, 
265. 


Dragons  jaunes  d'Espagne  (les), 

II,  120,  126,  128. 
Dragons  rouges  de  Savoie  (les), 

I,  328. 

Dreux  (Thomas  III,  marquis  de 
Brezé,  dit  le  marquis  de). 
Colonel  du  régiment  de  Bour- 
gogne, 1, 171-173;  il  raccom- 
mode MM.  d'Esgrigny  et  de 
Quincy,  207  ;  prête  sa  chaise 
de  poste  au  chevalier  de 
Quincy  malade,  227;  il  l'em- 
pêche d'être  nommé  capi- 
taine, 249-250,  257-258;  com- 
mande à  Governolo,  266,  272  ; 
combat  de  San-Sebastiano, 
321-323  ;  sa  dureté  pour  M.  de 
Bellecourt,  331;  II,  3-4;  au 
siège  d'Ivrée,  47;  demande 
un  régiment  pour  le  cheva- 
lier de  Quincy,  51  ;  lui  remet 
une  note  sur  les  opérations 
militaires,  73;  au  siège  de 
Verue,  77,  80;  à  la  bataille 
de  Turin,  197;  il  refuse  de 
l'argent  au  chevalier  de  Quin- 
cy, 216;  il  ne  veut  pas  le 
présenter  au  ministre  de  la 
guerre,  238  ;  à  Malplaquet, 
352-353,  361  ;  à  la  défense  de 
Douay  (1710),  III,  9;  au  siège 
de  Fribourg,  243.  Son  carac- 
tère désagréable,  son  égoïs- 
me,  I,  331;  II,  216,  238.  — 
Cité,  I,  177,252,  256;  II,  52, 
53,  84;  III,  54. 

Dreux  (  Catherine  -  Angélique 
Chamillart,  marquise  de),  I, 
178. 

Dubois  (l'abbé,  puis  cardinal), 

II,  230. 

Duchy   (Jean-Baptiste   Berthe- 

lot  de),  II,  25. 
Due-Castelli  (le  village  des),  I, 

277,  286,  291. 
Dumoulin,  médecin,  II,  37. 
Dumoulin,  partisan,  III,  101. 
Dunkerque  (la  ville  de),  III,  82. 
Durance  (la),  I,  190;  U,  249, 

252. 
Duras  (le  maréchal  de),  I,  29, 

30,  175. 


DES  MATIERES. 


337 


Durazzo  (le  palais  de),  à  Gênes, 

I,  365. 
Durideau  (le  sieur),  I,  77,  78. 
Duyls  l'aîaé  (M.),  II,  376. 
Duyts  le  jeune  (M.),  II,  375. 


E 


Eau  (!'),  rivière,  I,  167. 
Eau  des  Carmes  (1'),  I,  117. 
Ebnet  (le  village  d'),  IIl,  242. 
Écaillon  (le  village  d'i,  III,  165. 
Échange  (donner  1'),  II,  180. 
Eck  (le  comte  d'),  II,  375. 
Eckstein  (le  village  d'),  III,  228. 
Écluse  (le  bourg  de  1'),  III,  20, 
.  23,  62,  109,  112,  116. 
Écourt-Saint-Quentin    (le   vil- 
.  lage  d'),  m,  21. 
Edouard  III,  roi  d'Angleterre, 
.  m,  53. 

Éguillette  (la  tour  de  I'),  à  Tou- 
lon, II,  260. 
Elbeuf  (Charles  III  de  Lorraine, 

duc  d'),  II,  156. 
ElbeuT  (Henri  de  Lorraine,  duc 

d'),  I,  110. 
Elbeuf  (Françoise  de  Montaut- 

Navailles,  duchesse   d'),   II, 

156. 
Embrun  (la  ville  d'),  I,  190. 
Embrun    (l'archevêque   d'),   I, 

190. 
Embrun    (l'archevêché  d'),  II, 

249,  280,  281. 
Embrun  (le  concile  d'),  en  1727, 

II,  281-282. 
Embrunois  (!'),  I,  190. 
Empereur  d'Allemagne  (1'),  I, 

177,  207. 
Empire  d'Allemagne  (F),  1, 177. 
Enfer  (la  rue  d'),  à  Paris,  1, 18. 
Enghien  (Marie-Anne  de  Bour- 

bon-Condé,   demoiselle   d'), 

I,  85. 
Enseigne  (la  charge  d'),  I,  16. 
Ensheim  (la  bataille  d'j,  I,  51  ; 

III  235   236. 
Èpinàl  (la'ville'd'),  I,  153;  III, 
,  279. 

Épinoy  (le  hameau  d'),  III,  167. 
Eppstein  (le  village  d'),  III,  235. 

III 


Escadron  (un),  I,  89. 

Escalion  (1'),  rivière,  III,  133, 
134,  140,  163. 

Escargot  (le  fort  de  F),  à  Fri- 
bourg,  m,  244-246,  249, 253- 
255,  257,  268,  273. 

Escaut  (F),  fleuve,  I,  66;  II, 
329,  338,  346,  348,  349;  III, 
20,  39,  63,  71,  77,  79-82, 
85,86,  88,  89,  91,  92,  95,  96, 
99,  115,  116,  131,  136,  142, 
143,  145,  146,  148,  150-153, 
155,  164,  175,  182-183. 

Esclainvilliers  (Charles -Timo- 
léon  de  Séricourt,  marquis 
d'),  I,  322. 

Esclimont  (Auguste -Léon  de 
Bullion  d'),  III,  265. 

Escouvette  (F),  ruisseau,  III, 
136. 

Esenta  (le  village  d'),  II,  150. 

Esgrigny  (René  de  Jouenne, 
sieur  d'),  I,  205,  219,  248, 
320;  II,  25,  81,  197. 

Esgrigny  iJean- René  de  Jouenne 
d').  Dispute  avec  le  chevalier 
de  Quincy,  I,  205-207;  il  est 
choisi  comme  interprète  par 
le  duc  de  Vendôme;  sa  dis- 
crétion, 247-248  ;  il  fait  cham- 
brée avec  le  chevalier  de 
Quincy,  252;  ses  amours  à 
Casai,  320-321  ;  aventure  chez 
des  religieuses  à  Asti,  333;  il 
accompagne  le  chevalier  en 
expédition  galante,  352.  Cité, 
I,  219;  II,  81;  111,312. 

Esgrigny  iN.  de  Jouenne,  che- 
valier d'),  II,  81. 

Esgrigny  (le  régiment  d'),  II, 
255,  273. 

Espagne  (F),  I,  29,  99, 122, 124, 
208;  II,  162,  209,  321,  325, 
387;  m,  56,  209. 

Espagne  (le  vin  d'),  III,  54. 

Espagnols  (les),  I,  198,  254, 
257;  n.  Ml,  350. 

Espinay- Saint- Luc  (Antoine- 
Joseph  d'),  I,  355,  356,  359, 
360. 

Esponton  (F),  I,  83. 

Esquidy  (M.  d'),  III,  252. 

22 


338 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


Estaing (François  III,  comte  d'). 
Au  siège  de  Guastalla  (1702), 
I,  244  ;  à  rexpédition  du  Tren- 
tin  (1703),  287;  il  commande 
sur  la  Bormida  (1704),  337, 
339,  347  ;  en  quartier  d'hiver 
dans  le  Novarais,  348;  ses 
ordres  singuliers,  352-353;  il 
veut  subordonner  le  cheva- 
lier de  Quincy  à  un  capitaine 
de  cavalerie,  355-356;  il 
prend  Robbio,  356-357;  (1705) 
au  siège  de  Verue,  II,  74  ; 
(1712)  au  siège  de  Douay,  III, 
172;  (1713)  à  celui  de  Lan- 
dau. Cité,  I,  360,  361. 

Estaires  (Anne -Auguste  de 
Montmorency-  Robecque, 
comte  d'),  I,  356;  II,  22. 

Estaires  (le  bourg  d'),  III,  38. 

Estoflés  (M.  d'),  III,  260. 

Estrade  (le  village  de  1'),  I,  242. 

Estrade  (battre  1'),  II,  77. 

Estrades  (Godefroy-Louis,  com- 
te d'),  I,  367,  368;  II,  150; 
III,  41,  52,  240,  242. 

Estrades  (le  régiment  d'),  I, 
224. 

Estrapade  (la  place  de  1'),  à 
Paris,  I,  16,  22. 

Estrées    (Victor- iMarie,   maré- 

.  chai  d'),  III,  212. 

Étamine  (passer  par  1'),  II,  147. 

Étang  (le  château  de  1'),  I,  177. 

Étoile  (le  fort  de  1'),  à  Fribourg, 
m,  244-246,  249,  253,  273, 
276   277. 

Étrun  (le  village  d'),  III,  21,  63, 
71,  77,  79-82,  86,  88,  94,  96, 
97,  116. 

Ettlingen  (la  ville  d'),  III,  220, 
238. 

Eugène  de  Savoie  (le  prince). 

(1701)  Combat  de  Garpi,  I, 
141,  278. 

(1702)  Manque  de  sur- 
prendre Crémone,  175-177, 
197 ,  237  ;  manque  d'être 
pris  à  Bordolano,  199;  il 
recule  devant  Vendôme,  200  ; 
assiège  Mantoue,  204;  posi- 


Eugène  (le  prince),  suite. 
tion  de  son  armée,  209  ;  il 
cherche  à  enlever  Vendôme; 
vengeance  de  celui-ci,  212- 
214;  il  passe  le  Pô,  232; 
bataille  de  Luzzara,  233-239; 
il  s'attribue  la  victoire,  242- 
243  ;  réjouissances  pour  la 
prise  de  Landau,  245;  il  veut 
surprendre  Mantoue,  246-249  ; 
retraite  du  camp  de  Luzzara, 
251-252;  veut  secourir  Gover- 
nolo,  261  ;  se  retire  à  Astiglia, 
265-266,  280. 

(1705)  Il  cherche  à  passer 
le  Mincio,  II,  89-93;  il  at- 
taque la  cassine  de  la  Bou- 
line, 96;  il  marche  pour  pas- 
ser rOglio,  99-100,  102;  il 
s'efforce  d'entrer  en  Mila- 
nais, 108-110;  tentatives  pour 
passer  l'Adda  ;  bataille  de 
Gassano,  112,  113,  115,  117, 
123-130,  135;  il  prétend  être 
victorieux,  137;  il  décampe 
des  bords  de  l'Adda,  139; 
combat  de  Montodine,  141- 
142;  il  se  dirige  vers  Greme, 
142;  canonnade  de  Greme, 
143-144  ;  il  se  retire  dans  le 
Bressan,  146;  il  envoie  Patte 
dans  le  Véronais,  151. 

(1706)  Il  arrive  à  Galcinato 
pendant  la  bataille,  170; 
faute  qu'il  commet  en  dispo- 
sant ses  quartiers  d'hiver, 
171-172;  il  bat  Albergotti, 
173;  s'empare  du  poste  de  la 
Ferrare.  174;  il  se  prépare  à 
passer  l'Adige,  179  ;  il  y  réus- 
sit et  passe  aussi  le  Pô,  179- 
182;  s'empare  de  la  Goncor- 
dia,  183;  il  se  dirige  vers  le 
Piémont  et  joint  M.  de  Sa- 
voie, 184-187  ;  il  bat  les  Fran- 
çais sous  Turin,  194-196, 
200;  entre  dans  la  ville,  207. 

(1707)  Il  marche  en  Pro- 
vence, II,  248;  fait  l'arrière- 
garde  de  l'armée  alliée,  253; 
siège  de  Toulon,  263,  270  ;  il 
prend  Suse,  284-285. 


DES  MATIERES. 


339 


Eugène  (le  prince),  suite. 

(1708)  En  Dauphiné,  II, 
295. 

(1709)  En  Flandre,  II,  332; 
il  marche  sur  la  Bassée,  335  ; 
retour  en  arrière,  336;  siège 
de  Tournay,  337-338;  essaie 
de  faire  enlever  Marchiennes, 
340-341,347;  bataille  de  Mal- 
plaquet,  353,  359, 369;  blessé, 
375. 

(1710)  Il  s'empare  des  li- 
gnes de  Lens,  III,  2  ;  au  siège 
de  Douay,  11  ;  à  celui  d'Aire, 
51. 

(1711)Effectifde  son  armée, 
III,  75  ;  il  se  rend  en  Allema- 
gne, 66,  70. 

(1712)  Il  ne  peut  empê- 
cher les  Anglais  de  se  sépa- 
rer des  alliés,  III,  115;  ses 
dispositions,  siège  du  Ques- 
noy,  116-117,  127  ;  se  prépare 
à  assiéger  Landrecies,  132- 
135,  139;  apprend  la  marche 
de  Villars  sur  Denain,  ne 
peut  empêcher  la  défaite,  144, 
146,  150,  152-154;  lève  le 
siège  de  Landrecies,  157, 
158,  162-163;  cherche  à  em- 
pêcher Villars  de  prendre 
Douay,  166,  167,  174;  s'ap- 
proche de  Tournay,  182;  veut 
empêcher  Villars  d'assiéger 
le  Quesnoy,  184-185,  187; 
envoie  ses  troupes  en  quar- 
tiers d'hiver,  192. 

(1713)  Il  commande  l'ar- 
mée impériale,  III,  220  ;  son 
attitude  pendant  le  siège  de 
Landau,  227,  229,  232;  pen- 
dant celui  de  Fribourg,  241, 
265  ;  le  commandant  lui  sou- 
met la  capitulation,  272  ;  con- 
férences à  Rastadt  avec  Vil- 
lars, 277,  281-283. 

Ses  talents  militaires,  I, 
214,  234;  II,  353;  ses  con- 
naissances universelles,  III, 
282;  sa  présomption,  104;  sa 
bonne  entente  avec  Marlbo- 
rough,  51  ;  ressemblance  que 


Eugène  (le  prince),  suite, 
le  marquis  de  Bouligneux  a 
avec  lui,  I,  211.  Cité,  I,  202, 
203,2iO,254;II,  98, 140, 177, 
180,193,  223,  227,  282,  283; 
m,  18, 122,199,204,224,238. 

Eugène  (le  régiment  de  dragons 
du  prince),  II,  5. 

Èvêque  meunier  (devenir  d'), 
I,  185. 

Exilles  (le  bourg  d'),  I,  191- 
192;  II,  293,  296,  309-311, 
323. 


F 


Fabier  (le  col)  ou  de  l'Assiette, 

II,  313. 
Fabius  Maximus,  I,  280. 
Fagel  (François-Nicolas,  baron 

de),  I,  56;' III,  29,  93,  117. 
Falkenstein  (Jean-Léopold-Do- 

nat  de  Trautson,  comte  de), 

II,  165,  167,  169-171,  192. 
Famine  (le  pays  de),  I,  166. 
Fampoux  (le  village  de),  III,  14, 

20,  28,  62. 

Fare  (Charles -Auguste,  mar- 
quis de  la),  II,  213. 

Fare  (Philippe-Charles,  mar- 
quis de  la),  II,  318. 

Fausse-braie  (une),  II,  63. 

Féligonde  (M.  de),  II,  377;  III, 
312. 

Fénelon  (François  de  Salignac 
de  la  Motte-),  archevêque  de 
Gambray,  III,  60-63. 

Fénelon  (Gabriel -Jacques  de 
Salignac,  marquis  de),  III, 
95,  99. 

Fenestrange  (le  bourg  de),  I, 
151. 

Fenestre  (M.  de),  II,  58,  210; 

III,  255. 

Fenestrelle  (la  ville  de),  II,  220- 

221,  284,  312-317. 
Ferbach   (le   village   de),    III, 

221. 
Fère  (la  ville  de  la),  I,  35,  36, 

169. 
Fère  (le  régiment  de  la),  I,  333- 

335;  III,  178. 


340 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Ferin  (le  village  de),  III,  114. 
Ferrare  (la  ville  et  le  duché  de), 

I,  253,  277;  II,  182,  183. 
Ferrare  (la  montagne  et  le  poste 

de  la),  I,   2y0;  II,   174-177, 

207. 
Ferté-Milon  (la  ville  de  la),  I, 

68. 
Fervacques   (Anne- Jacques    de 

Bullion,  marquis  de),  II,  344- 

345;  m,  265. 
Fervacques  (le  hameau  de),  II, 

329. 
Festin  de  pierre  (le),  II,  224. 
Feuillade    (Louis    d'Aubusson, 

duc  de  la),  I,  187,  238;  II, 

II,  108,  190,  197,  198,  217, 
222,  228. 

Feuillade  (Marie-Thérèse  Cha- 

millart,  duchesse  de  la),  I, 

178;  11,228. 
Feuquière  (Manassès  de    Pas, 

marquis  de),  I,  155. 
Fiesco  (le  village  de),  II,  109, 

111. 
Figueroa  (le  régiment  de),  I,  41; 

III,  311. 
Filleul(M.),II,  84,  383;  111,54. 
Filtz  (M.),  colonel  de  housards, 

I,  287  ;  II,  63. 

Final  (la  ville  de),  dans  le  Modé- 
nais,  I,  280;  II,  183. 

Final  (le  marquisat  de),  I,  336. 

Flamarens  (Emmanuel-Félix  de 
Grossolles,  marquis  de),  I, 
243. 

Flandre  (la),  I,  30,  127,  149, 
171,  230;  II,  10,  162,  178, 
222,  325,  326,  330,  332. 

Flandre  (la  maison  de),  III,  30. 

Flandre  (le  régiment  de),  II, 
74,  75. 

Flandre  (le  régiment  espagnol 
de),  I,  202. 

Flavacourt  (Alexandre  -  Louis- 
Philippe  de  Fouilleuse,  mar- 
quis de),  III,  41. 

Flavacourt-dragons  (le  régiment 
de),  III,  40. 

Flavigny  (le  bourg  de),  II,  234. 

Fleurus  (la  bataille  de),  II,  92, 
193. 


Fleury  (le  cardinal  de),  II,  107, 

253. 
Fleury-en-Bière  (le  village  de), 

I,  110. 

Flines    (l'abbaye  de),  III,  64, 

167. 
Flomersheim  (le  village  de),  III, 

228. 
Flore  (la  déesse),  III,  165. 
Foix  (Gaston  de),  II,  105. 
Foix  (le  régiment  de),  III,  87. 
Folard  (Charles,  chevalier  de), 

II,  91,  285,  289-292;  m,  147. 
Fond  (Claude  de  la).  II,  159. 
Fond  (N.  de  la),  II,  159. 
Fontaine  (le  comte  de),  I,  168. 
Fontaine -aux -Bois  (le  village 

de),  III,  133. 

Fontainebleau  (le  château  et  la 
ville  de),  I,  100,  101,  104, 
105,  110,  m,  118,  H9,  122, 
182,  183;  m,  155,  156. 

Fontaine-qui-brùle  (la),  I,  189. 

Fontana.  Voyez  Fontanetto. 

Fontanella  (le  bourg  de),  II,  144. 

Fontanetto  (le  village  de),  II, 
8,  10,  11. 

Fontenelle  (Bernard  Le  Bovier 
de),  I,  146,  147. 

Forbin  (Louis- Victor,  cheva- 
lier de),  II,  131. 

Forez  (le  régiment  de),  II,  255. 

Forges  (les  eaux  de),  I,  107. 

Formigara  (le  village  de),  II, 
140. 

Fornoue  (la  bataille  de),  I,  218. 

Fort  (le  régiment  de  Du),  III,  40. 

Fort-Barraux  (le),  II,  298,  299, 
301. 

Fort-Dauphin  (le),  II,  249. 

Fortelle  (la  terre  de  la),  I,  128. 

Fort-Louis  du  Rhin  (le),  III, 
219,  220,  235,  238. 

Fossa-Gabando  (la),  I,  278. 

Fossa-Maestra  (la),  I,  209,  242. 

Fossa-Seriola  (la),  I,  201. 

Fosse  (M.  de  la),  III,  118,  273. 

Fosse-Cerclain  (la),  III,  89. 

Fosseux  (le  village  de),  III,  31. 

Fougade  (une),  II,  63. 

Fouille-au-pot  (un),  II,  276. 


DES  MATIERES. 


341 


Fourcy  (la  rue  de),  à  Paris,  I, 

112. 
Français  (les),  I,  317;  III,  143, 

232,  281,  282. 
France  (la),  I,  318;  II,  6,  10; 

III,  132,  134,  153,  209. 
France  (la  maison  de),  I,  313. 
Franche-Comté(  la),  1, 127,  133, 

140,  153;  m,  279. 
Francfort-sur-le-Mein  (la  ville 

de),  III,  227. 
François  I«'',  roi  de  France,  I, 

33,"  170,  196,   197,  361;   II, 

189;  m,  50,  213. 
Franconie  (le   cercle   de),  III, 

241. 
Frankenthal  (le  bourg  de),  III, 

222,  225,  226,  228,  229,  231. 
Frater  (un),  II,  31. 
Fraula  (M.  de),  III,  109. 
Frecset  (M.),  II,  86. 
Frédéric  II,  empereur,  II,  36. 
Frédéric  III,  empereur,  I,  226. 
Fréjus    (i'évêque    de).    Voyez 

Fleury  (le  cardinal  de). 
Fréville    (Antoine- Michel    de 

Roger  de),  III,  41. 
Frezelière  (Jean- François- An- 
gélique Frezeau,  marquis  de 

la),  II,  338,  339,  361. 
Fribourg-en-Brisgau   (la  ville 

de),  I,  43;  III,  228,  231,  234, 

237,  239-277. 
Fribourg    (la    chartreuse   de), 

m,  240-242,  246,  258. 
Fribourg    (le   village   de),    en 

Alsace,  I,  152. 
Friedelsheim  (le  village  de),  III, 

229. 
Friedlingue  (la  bataille  de),  I, 

250. 
Frise  (le  comte  de),  III,  224. 
Fronsac    |  Louis-François-Ar- 
mand de  Vignerot,  duc  de), 

III,  263,  264,  277. 
Fruil  (lei,  II,  250. 
Fuensaldafia  (.Alonzo  Ferez  de 

Vivero,  comte  de),  II,  831. 
Fumay  (le  bourg  de),  I,  160. 
Furie  des  Indes  (une),  étoffe,  I, 

116. 
Furnes  (la  ville  de),  I,  56. 


Fiirstenberg  (le  cardinal  de),  I, 

146. 
Fiirstenberg  (Hugues  de),  III, 

244. 


Gabiano  (le  village  de),  II,  2, 

11,  53,  83-85,  144. 
Gadagne  (M.  de),  II,  66. 
Gadouart  (un).  II,  240. 
Gaffart  (M.),  I,  368. 
Galère  (tenir),  I,  4. 
Galères  du  Roi  (les),  II,  261. 
Galèse  ile  col  de),  II,  303. 
Galibert  (Antoine  de),  I,  131. 
Galibier  (le  mont),  II,  301,  303, 

304. 
Galmoy  (Pierre  Butler,  vicomte 

de),  III,  189. 
Galmoy  (le  régiment  de),  I,  309. 
Gambara  (le  comte  de),  II,  147. 
Gand  (M.),  I,  10-12. 
Gand  (la  ville  de),  I,  64;  II, 

297,  338;  III,  39,  44. 
Gap   (la  ville  de),  I,   189;  II, 

229;  m,  258. 
Gap  (l'évéque  de),  I,  819. 
Gapençais  (le),  I,  189. 
Garbagna  (le  village  de),  I,  352. 
Garde  (le  lac  de),  I,  205,  207, 

256,  273.  275,  287,  288,  290- 

293,299-309,  315,  II,  93,  94, 

172,  174,  179. 
Gardes  du  corps  (les),  I,  174; 

II,  356,  383. 
Gardes    françaises    et    suisses 

(les),  II,  369,  373,  384;   III, 

169,  170,  193,  195,  269. 
Gardes  françaises  (les  capitaines 

aux),  1,  173. 
Gardes  du  roi  d'Espagne  (les), 

I,  216,  217. 
Gargnano  (le  village  de),  I,  292, 

294. 
Garlasco  (le  village  de),  I,  351. 
Garonne  (la),  III,  126. 
Gascogne  (la),  I,  103. 
Gascons  (les),  II,  137,  202;  III, 

50,  126. 
Gassion  (Jean,  maréchal  de),  II, 

331,  332. 


342 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Gassion  (Jean,  comte  de),  I,  39, 

80;  II,  363;  III,  71-73. 
Gâtiaais  (le),  I,  183. 
Gâtinais  (le  régiment  de),  II, 

318. 
Gaudion  (Nicolas),  II,  298. 
Gaules  (les),  U,  235. 
Gaulois  (les),I,  196;  II,  111. 
Gault  (M.  de),  III,  2. 
Gaultier  (François,  abbé),  III 

82-84. 
Gavardo  (le  village  de),  II,  94 

95,  151,  163. 
Gazzoldo  (le  village  de),  II,  153 
Gazzuolo  (le  village  de),  I,  272 

II,  152,  153. 
Gendarmerie  (la),  I,  89;  II,  356 
Gendarmes  anglais  (les),  I,  221 
Gendarmes  écossais  (la  compa- 
gnie des),  I,  89. 
Gênes  (la  ville  de),  I,  325,  361- 

365;  m,  123. 
Gènes  (le  doge  de),  I,  363,  364. 
Génetière  (M.  de  la),  II,  131. 
Genève  (la  ville  de),  I,  185. 
Genèvre  (le  mont),  I,  190;  II, 

221,  304-306,  308,  317. 
Génois  (les),  I,  325;  II,  105. 
Gensac   (Gilles- Gervais    de   la 

Roche  -  Lomagne,    marquis 

de),  III,  153. 
Georges  (saint),  II,  31. 
Gève  (la),  rivière,  I,  188. 
Germanie  (la),  II,  235. 
Germersheim  (le  bourg  de),  III, 

220,  221,  235. 
Gertruydenberg  (les  conférences 

de),  III,  34,  35. 
Gesvres  (Léon  Potier,  duc  de), 

I,  117,  128. 
Gien  (la  ville  de),  I,  184. 
Givenchy-le-Noble    (le  village 

de),  IIÏ,  75. 
Givet  (la  ville  de),  I,  167. 
Givry  (Thomas -Alexandre  du 

Bois-de-Fiennes,    chevalier 

de),  II,  312. 
Givry  (le  village  de),  III,  192. 
Glan'don  (le   ruisseau  du),  II, 

301-302. 
Glapion  (Pierre  de),  I,  7. 
Glapion  (Marguerite-Françoise 


de).  Voyez  Quincy  (M™»  de). 

Glapion  (la  famille  de),  I,  4-5. 

Goas  (Biaise  de  Biran,  comte 
de),  I,  322,  345,  356;  II,  58. 

Gobert  (M.  de),  III,  277. 

Godant  (un),  III,  158. 

Goësbriand  (  Louis  -  Vincent, 
marquis  de).  Blessé  au  com- 
bat de  Gastelnuovo,  I,  345; 
au  siège  de  Verceil,  II,  19, 
20;  (1707)  commande  à  Tou- 
lon pendant  le  siège,  262, 
269,272;(1708)àMalplaquet, 
361;  blessé,  378;  (1710)  com- 
mande à  Aire,  III,  41  ;  fait 
chevalier  du  Saint-Esprit, 
52  ;  (1712)  au  siège  de  Douay, 
176;  campagne  de  1713,  235. 

Gœulzin  (le  village  de),  III, 
166. 

Goito  (la  ville  de),  I,  201-204, 
206,  208,  260,  286,  291  ;  II, 
89,  152,  162,  163. 

Gombito  (le  village  de),  II,  141. 

Gondresange  (l'étang  de),  151. 

Gondrin  (Louis  de  Pardaillan, 
marquis  de),  II,  379. 

Gonzague  (Guy  de),  I,  208. 

Gonzague  (Louis  de),  I,  208. 

Gonzague.  Voyez  Guastalla, 
Mantoue. 

Gonzague  (la  maison  de),  I, 
208,  232,  254,  257. 

Gonzague  (le  château  de),  près 
Luzzara,  I,  235. 

Gorc  (M.  de),  II,  374. 

Gournay  (le  bourg  de),  II,  327, 
328 

Goussonville  (M.  de),  II,  377. 

Gouvernet  (Jean  de  la  Tour  du 
Pin-),  II,  53. 

Governolo  (le  bourg  de),  I,  232, 
259-266,  272. 

Graben  (le  village  de),  III,  228. 

Grancey  (François  Rouxel,  mar- 
quis de),  I,  241;  II,  57;  III, 
242. 

Grancey  (Hardouin  Rouxel,  ab- 
bé de),  II,  213. 

Grancey  (le  régiment  de),  I, 
256;  II,  74,  75,  128. 


DES  MATIERES. 


343 


Grand  Constance  (le),  opéra,  II, 
162,  163. 

Grande-Tour  (la),  à  Toulon,  II, 
260. 

Grandmaison  (M.  de),  II,  220. 

Grand  Prieur  (le).  Voyez  Ven- 
dôme (Philippe  de). 

Grand-Reng  (le  village  de),  III, 
192. 

Grand-Saint-François  (le),  guin- 
guette, à  Paris,  I,  10. 

Grand-Saint-François  (le),  au- 
berge, à  Moirans,  I,  188  ;  II, 
229. 

Grand-Sart  (le  hameau  du), 
III,  163. 

Grande-Chartreuse  (la),  I,  189. 

Grange  (Guillaume  Sevin,  sei- 
gneur de  la),  I,  182;  m,  311. 

Grasse  (la  ville  del,  II,  279,  280. 

Gratien,  empereur,  I,  189. 

Grave  (la  ville  de),  I,  263. 

Grecs  (les),  II,  215. 

Greder-allemand  (le  régiment 
de),  III,  171,  173,  178,  192. 

Greder-suisse  (le  régiment  de), 

m,  41. 

Grenadiers  à  cheval  (les),  III,  2. 
Grenadiers   (les   bonnets   des), 

II,  385. 
Grenoble  (la  ville  de),  I,  188- 

198;  II,  229,  230,  298,  299, 

302,  307,  319,  323,  324. 
Grenoble  (le  parlement  de),  III, 

258. 
Grenoble  (l'évêque  de),  I,  189. 
Grève  (la  place  de),  à  Paris,  I, 

115. 
Grimaldi    (Antoine),    doge    de 

Gênes,  I,  363. 
Grimaldi  (le  marquis  de  Ceva-), 

II,  387. 
Grimaldi  (Louis,  baron  de),  III, 

41,  52. 
Grimaldi  (la  maison),  I,  365. 
Grippa  (le  baron  de),  II,  34,  45. 
Grisons  (les),  II,  101. 
Groffliers  (le  village  de),  III,  53. 
Growestein  (le  comte  de),  III 

118,  119,  174,  198-200,  217. 
Gruberts  (M.  des),  II,  380. 


Guastalla  (Ferdinand  I*"-  de 
Gonzague,  duc  de),  I,  245. 

Guastalla  (Vincent  de  Gonza- 
gue, duc  de),  I,  244. 

Guastalla  (la  ville  et  le  duché 
de).  Description  et  siège  de 
1702,  I,  244-245,  250;  camp 
de  Vendôme  en  1704,  II, 
183-185.  Cités,  I,  242,  255, 
259,  264,  266,  271,  272-345; 

II,  89,  223. 

Guébriant  (le  maréchal  de),  III, 

278. 
Guénaud  (le  chevalier  de),  I, 

37   38 
Guetheni  (Pierre),  II,  241,  242. 
Guerbignan    (le  fort  de),   près 

Verue,  II,  54,  55-59,  65,  67. 
Guerchy    (Louis    de    Régnier, 

marquis  de),  I,  288  ;  II,  23. 
Guet  de  Paris  (le),  1,  23. 
Guiche   (Antoine  IV  de  Gra- 

mont,  duc  de),  II,  360,  378; 

III,  173. 

Guillaume   le   Conquérant,   I, 

4-5. 
Guillaume  III,  prince  d'Orange 

et  roi  d'Angleterre,  1, 14, 15, 

28,  44,  48,  49,  54,  60,61,71; 

II,  213. 
Guillemain  (la  ferme  de),  III, 

136. 
Guillestre  (le  bourg  de),  I,  190; 

II,  246. 
Guinckel  (M.  de  Reede  de),  III, 

44. 
Guinguette  (une),  I,  10. 
Guise  (la  ville  de),  II,  327;  III, 

118,  142,  203,  204. 
Guise  (les  ducs  de),  III,  204. 

H 

Hagenbach    (la   ville   de),  III, 

227. 
Haguenau  (la  ville  de),  III,  233. 
Hainaut  (le),  I,  37,  38,  42,  43; 

II,  330,  388;  III,  135. 
Haine  (la),  rivière,  II,  347;  III, 

188. 
Hal  (le  village  de  Notre-Dame 

de),  I,  49-52. 


344 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Halluin  (Charles,  maréchal  de 
Schônberg   et   duc   d'),  III, 

HaVjla  ville  de),  II,  241,  323. 

Hamilton  (le  comte  d'),  II,  375. 

Harcourt  (Louis,  marquis,  puis 
duc  et  maréchal  d'),  I,  122, 
241  ;  m,  48,  49. 

Harlay-Bonneuil  (Nicolas-Au- 
guste de),  I,  69. 

Harlay  de  Cély  (Louis-Auguste- 
Achille  de),  I,  69. 

Harlebeke  (le  village  d'),  I,  56; 
III,  67. 

Harling  (Éberhard-Ernest,  com- 
te d'),  III,  67. 

Harrach  (Jean-Joseph-Philippe, 
comte  d'),  II,  23,24,  175,374. 

Harrach  (le  régiment  d') ,  II, 
23,  29,  175. 

Hasnon  (l'abbave  de),  II,  342; 
III    155. 

Haspres  (le  village  d'),  III,  86, 
115. 

Haucourt  (le  village  d'),  III,  20. 

Hausse-col  (les  officiers  à),  1, 75. 

Hautcourt  (le  village  de),  III, 
136. 

Haute-contre  (une),  I,  24. 

Hautefort  (François-Marie,  mar- 
quis d'),  II,  350,  360  ;  III,  170. 

Hautefort  (Gabriel,  chevalier 
d'),  m,  223. 

Hautefort  (la  maison  d'),  II,  337. 

Hauterive  (le  village  d'),  III,  65. 

Havrincourt  (François- Domi- 
nique de  Gardevac,  marquis 
d'i;  m,  49,  50,  79,  123-127. 

Havrincourt  (  Anne  -  Gabrielle 
d'Osmont,  marquise  d'),  III, 
49,  74,  124-127. 

Havrincourt  (le  marquisat  d'), 
III,  79,  126. 

Haxtheim  (le  colonel),  III,  241. 

Haye  (la  ville  de  la),  II,  137. 

Haye-le-Comle  (M.  de  la),  II, 
57,  5.^;  m,  312. 

Hâves  (M.  des),  I,  194,  195; 
II,  12,  23-26. 

Hector  (le  troyen),  III,  275. 

Héduise  (le  village  d'),  29. 

Heemskerck  (Conrad  de),  1,79. 


Heilber  (M.),  II,  375. 
Heitendorf  (le  baron  de),  I,  233. 
Helchin  (le  bourg  d'),  I,  40. 
Hémévillers  (le  village  d'),  I,  95. 
Hennin-Liétard  (le  village  d'), 

III,  15,  165. 
Henri  II,  roi  de  France,  I,  36, 

154;  III,  217. 
Henri  IV,  roi  de  France,  I,  35; 

m,  24,  25,  54. 
Herback  (le  comte  d'),  III,  95. 
Herbeville  (le  régiment  d'),  I, 

220. 
Hercule,  281. 
Hesdin  (la  ville  de),  111,31,  39, 

40,  48-50. 
Hesdin  (le  Vieil-),  III,  50. 
Hésione,  opéra,  I,  295. 
Hesse  (la  principauté  de),  II, 

273. 
Hesse-Cassel  (Frédéric,  prince 

de).  Battu  à  Spire,  I,  332; 

III,  221;  battu  à  Castiglione, 

II,  149,  218,  219  ;  à  Malpla- 
quet,  conférence  avec  Alber- 
gotti,  359;  (1710)  il  vient 
reconnaître  les  retranche- 
ments de  Villars,  III,  33  ; 
(1712)  passe  l'Escaut  à  Tour- 
nay,  182;  commande  l'avant- 
garde  de  l'armée  du  prince 
Eugène,  184-185.  Cité,  29. 

Hesse-Hombourg  (le  prince  de), 

m,  184. 
Hesse  -  Rhiufels      (  Polyxène- 

Christine-Jeannette  de),  reine 

de  Sardaigne,  II,  29. 
Hessy  (le  régiment  suisse  de), 

III,  199. 

Heudicourt  (Pons-Auguste  Su- 
blet,  marquis  d'),  III,  45-48. 

Heyden  (le  baron  de),  374. 

Histoire  militaire  du  règne  de 
Louis  le  Grand  (1'),  I,  50;  II, 
35   73   255 

HiveVde'nog  (F),  II,  321,  326. 

Hochstedt  (la  bataille  d'),  I,  51  ; 
II,  31,  32,  38,  193,  236,  354, 
374;  III,  7. 

Hochstett  (le  village  d'),  dans 
le  Palatinat,  III,  221. 


DES  MATIERES. 


345 


Hohenzollern  (le  comte  de),  III, 

149. 
Hohlengraben   (le  village  de), 

III,  241,  244. 
Hollandais    (les),   I,   160,    177, 

250;  II,  247,  251,  253,  267, 

365-369;  III,   35,   115,  129, 

209. 
Hollande  (la),  49;  III,  21,  128, 

174. 
Hollande  (le  fromage  de),  III, 

162. 
Holstein  (le  prince  de),  III,  133. 
Holstein-Becli  (Antoine-Gon- 

thier,  prince  de),  II,  375. 
Hombourg  (la  ville  de),  dans  le 

Palatinat,  III,  229. 
Hompesch  (Reinhard -Vincent 

van),  m.  26,  60,  71,  76,  77, 

169,  183,  184. 
Honneau  (T),  ou  la  Honnelle, 

rivière,  II,  348-350;  III,  186. 
Hordain  (le  village  d'),  III,  94, 

96,  99. 
Horneberg  (les  lignes  d'),  III, 

237. 
Hotton  (le  village  de),  I,  159- 

166. 
Houdetot  (Louis,  comte  d'),  I, 

27,  28,  143. 
Houssaye   (M.   de    la).    Voyez 

Phelippes. 
Hugues  Gapet,  roi  de  France, 

II,  235;  m,  204. 
Huns  (les),  I,  129. 
Hurepoix  (le),  I,  181. 
Hurtebise  ou  Urtebise(la  censé 

d'),  m,  146,  155. 
Huy  (la  ville  d'),  1,160,  164-165. 
Huy  (1')  rivière,  I,  164. 


I 


Ile-de-France  (1'),  I,  169. 
Ile-de-France  (le  régiment  de 

1'),  II,  18,  22,  40,  75,  80-82, 

104,  113,  114,  118,  255. 
m  (l'j,  rivière,  I,  142,143;  III, 

236. 
Imécourt  (Jean-Bernard  deVas- 

sinhac  d'),  I,  218,  225-228, 

288,  342;  II,  18,  65. 


Impériale  d'un  lit  (!'),  III,  185. 
Impériaux  (les),  II,  6,   10;  III, 

121,  234,  240,261. 
Inchy-Beaumont  (le  village  d'), 

m,  14. 

Inchy-en-Artois  (le  village  d'), 

III,  77,  78. 
Incisa-Belbo  (le  village  d'),  I, 

347. 
Invalides  (l'hôtel  des),  I,  263, 

264. 
lockenum  (le  village  d'),  111,235. 
Irlande  (T),  I,  9,  14. 
Isenghien    (Louis  de  Gand  de 

Mérode,  prince  d'),  II,  362; 

III,  183. 
Iseo  (le  lac  d'),  II,  101. 
Isère  (D,  rivière,  1, 189;  II,  299, 

302,  303. 
Isola-della-Scala  (le  village  d'), 

I,  286. 

Isorella  (le  village  d'),  I,  200. 

Isse.  Voyez  Izel. 

Italie  (1'),  I,  127,  141,  152,  153, 
163,  172,  177,  179,  181,  231, 
242,  260,  266,  313,  315,  340; 

II,  37,  55,154,  158,  162,173, 
194,  207,  210-212,  214,  219, 
222,  224,  226,  227,  236,  248, 
317    321. 

Italiens  fies),  I,  228,  351. 
Ivours  (Annet  Camus  d'),  II,  57. 
Ivoy  (M.  d'i,III,  128,  187,  116. 
Ivrée(lavilled'),II,  33-51, 56,87. 
Iwuy  (le  village  d'),  III,  96. 
Izano  (le  village  d'),  II,  109. 
Izel-lès-Esquprchin   (le   village 
d'),  III,  16,  18. 


Jacques  II,  roi  d'Angleterre,  I, 
92. 

Jacques  III,  roi  d'Angleterre. 
Voyez  Saint-Georges  (le  che- 
valier de). 

Janet  (Jean-Baptiste  Colin  du), 
I   237. 

Jansénisme  (le),  II,  282. 

Janson  (Michel  de  Forbin,  che- 
valier de),  II,  380. 

Jarnac   (  Pons-Auguste-Gaston 


346 


TABLE  ALPHABETIQUE 


de  la  Rochefoucauld,  cheva- 
lier de  Montandre,  puis  comte 

de),  m,  117,  129. 
Jarnac  (la  bataille  de),  III,  4. 
Jean-Baptiste  (saint),  III,  54. 
Jean  de  Paris  (un  équipage  de), 

I,  74,  181,  339;  III,  311. 
Jeanne   de   Navarre,   reiue  de 

France,  I,  69. 
Jeanne  d'Arc,  I,  88-89. 
Jersey  (Edouard  Villiers,  comte 

de),  I,  m. 
Jésuites  (les),  I,   16,    27,   129, 

133,  146,  1.50,  154,  257. 
Jésuitesses  (les),  I,  257. 
Jeumont  (le  bourg  de),  I,  37,  38. 
Joigny  (la  ville  de).  II,  234. 
Joseph  1er,  roi  des  Romains  et 

empereurd'Allemagne,  1,208, 

245,   301;  II,  162;   III,    64, 

123,  224. 
Jourdain,  brasseur  à  Péronne, 

III,  60-61. 
Jouy-le-Ghâtel  (le  village  de), 

I,'  128. 
Joye  (l'abbaye  de  Notre-Dame 

de  la),  I,  102-108,  183. 
Juifs  (les),  I,  154,  155. 
Jules  II,  pape,  I,  253. 
Juliers  (le  pays  de),  III,  101. 
Justaucorps  à  brevet  (le),  I,  52. 


E 


Kaiserslautern  (la  ville  de),  III, 
222. 

Kehl  '(le  fort  de),  I,  148;  III, 
235,  236. 

Kenocque  (le  fort  de  la),  III, 
197. 

Keppel  (M.  de),  II,  374. 

Kercado  (René- Alexis  Le  Séné- 
chal, comte  de),  I,  221. 

Kervasy  (le  chevalier  de),  I,  97. 

Kinzig  (la),  rivière,  III,  237. 

Kirkbaum  (M.  de),  II,  34,  40- 
42,  45,  184. 

Klinglin  (M.),  I,  149. 

Kundersthal  (le  village  de),  III, 
242,  250. 

Kunstleben  (M.  de),  II,  273. 


Ladder  (M.),  II,  376. 

Lagny-en-Brie  (la  ville  de),  I, 
106. 

Lalaing  (le  village  de),  III,  64, 
65,  165,  166. 

Lalo  (M.),  II,  374. 

Lama  (la),  rivière,  I,  340. 

Lambert  (Henri-François,  mar- 
quis de),  II,  75. 

Landau  (la  ville  de),  I,  245, 
254,  332;  III,  210,  220-225, 
227,  229,  232-234. 

Landrecies  (la  ville  de).  Des- 
cription, III,  135;  siège  de 
1712,  133-135,  139,  141,  142, 
151,  155,  157,  158,  162,  163, 
187.  Citée,  II,  172,  388;  III, 
105,  201-203. 

Langallerie  (Philippe  de  Gen- 
tils, marquis  de),  II,  14,  18, 
22,  192,  212. 

Langendenzlingen  (  le  village 
deK  III,  238. 

Langeron  (  Joseph- Andrault, 
comte  de),  II,  278. 

Langlois  (le  sieur),  I,  72-78. 

Langon  (Pierre  de),  II,  48. 

Langres  (la  ville  de),  I,  132. 

Languedoc  (le),  I,  3;  II,  220, 
279,  321. 

Languedoc -dragons  (le  régi- 
ment de),  I,  234;  II,  7. 

Lanière  (le  bois  de  la),  II,  353, 
355,  372. 

Lannion  (Anne-Bretagne,  comte 
de),  I,  134-137;  III,  9. 

Lannoy  (Louis-Auguste,  comte 
de),  II,  339. 

Lannoy  (le  régiment  de),  II, 
339,  355,  358,  365,  366;  III, 
87. 

Laon  (la  ville  de),  III,  204,213. 

Laon  (l'évêque  et  l'évêché  de), 
III,  204. 

Laonnois  (le),  III,  118,  204. 

Lapara  (Louis),  II,  71. 

Laugeois  de  Saint-Quentin  (M.), 
m,  216. 

Lauter  (la),  rivière,  III,  221. 


DES  MATIERES. 


347 


Lauterbourg  (la  ville  de),  III, 

220-222,  235. 
Lautrec  (François  de  Gelas  de 

Voisins,  comte  de),  I,  342; 

II,  5. 
Lautrec    (  Jean -Alexandre   de 

Toulouse-),  7. 
Lautrec-dragons    (  le   régiment 

de),  1,222;  II,  5,  7,  126. 
Laval  (Guy-Giaude-Roland  de 

Montmorency,  comte  de),  III, 

256,  257. 
Laval  (le  régiment  de),  III,  257. 
Lavaud  (le  P.),  I,  27. 
Lawe  (la),  rivière,  III,  30. 
Le  Blanc  (Claude),  III,  45. 
Lecco  (le  lac  de),  II,  104. 
Ledo  (le  canal  de),  II,  184. 
Lée  (André  del,  III,  222. 
Le  Féron  (Jérôme),  I,  100. 
Legall  (Francois-René  de),  II, 

361. 
Legnago  (la  ville  de),  I,  278, 

286,  339. 
Le  Gras  (Simon),  II,  390. 
Le  Guerchoys  (Pierre),  II,  38, 

39,  76,  124,   125,   129,    131, 

255,  266,  268,  305,  311;  III, 

240    242. 
Le  Jay  (M.' le),  III,  41. 
Lellerbordon  (lord),  II,  375. 
Le  Ménestrel  de  Lutteaux  (N.), 

11,21. 
Lens  (la  ville  de),  II,  331,  332, 

335,  342;  III,  2,  14,  18,  176. 
Lenza  (la),  rivière,  I,  219,  220; 

II,  186. 
Léon  I^"-  (saint),  pape,  I,  260. 
Léon  IX,  pape,  II,  12. 
Léopold   I""",  empereur,  I,  99, 

127,  248,  249,  280,  313;   U, 

38,  51,99. 
Léopold  (l'archiduc),  II,  331. 
Le    Pelletier   de   la   Houssaye 

(M-^e),  I,  149. 

Lescalopier(Gésar-Gharles),  III, 
215-216. 

Lesdiguières  (le  connétable  de), 
I,  189. 

Lesdiguières  (  Jean-François- 
Paul  de  Bonne  de  Grécjuy, 
duc  de),  I,  241,  293. 


Lespinay  (Jacques  de),  III,  117. 
Lessart  (Charles-Emmanuel  de 

Colin  de),  III,  172. 
Lessines  (le  bourg  de),  I,  42,  48. 
Lettres  portugaises  (les),  I,  107, 
Leu ville  (  Louis-Thomas  du  Bois 

de  Fiennes,  marquis  de),  II, 

60,  74. 
Leuvijle   (le  régiment  de),  II, 

60,  74. 
Leuze  (le  bourg  et  la  bataille 

de),  I,  40-42;  III,  164. 
Lewarde    (le    village    de),    III, 

176,  177,  179,  183. 
Liechtenstein    (  Philippe-Éras- 
me, prince  de),  I,  344,  345. 
Liège  (la  ville  et  le  pays  de), 

I,  159,  160,  165. 
Liège  (l'évèque  et  l'évêché  de), 

I,  159,  164. 
Liège  (le  chapitre  de),  I,  160. 
Liévin  (le  village  de),  III,  68. 
Lignana  (le  village  de),  II,  13. 
Ligne  (le  bourg  del,  I,  42,  55. 
Lignérac  (Joseph  Robert,  mar- 
quis de),  I,  241. 
Lille(lavillede),  I,  51;  II,  297, 

331-333,337,346;  III,  18,30, 

166-168. 
Lillers  (le  bourg  de),  III,  39, 

73,  75. 
Limbourg  (Henri  I",  comte  de), 

I,  157. 
Limbourg  (Waleran  III,  comte 

de),  I,  157. 
Limbourg   (Ermenson   de  Na- 

mur,    comtesse    de    Luxem- 
bourg et  de),  I,  157. 
Limerick  (la  ville  de),  I,  9,  15. 
Limousin  (le  régiment  de),  II, 

256,  313,  318;  III,  174,  177, 

269. 
Linange  (Philippe-Louis,  comte 

de),  II,   51,   127,    128,    131- 

133,  171  ;  m,  104. 
Linkebeck  (le  village  de),  I,  44. 
Lionne  (le  régiment  de),  ou  de 

Beaujolais,  II,  176. 
Lippe  (le  comte  de  la),  III,  149, 

152. 
Lisbourg  (le  village  de),  III,  39. 
Listenois  (Jacques-Antoine  de 


348 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Bauffremont,   marquis    de), 

m,  41. 

Listenois-dragons  (le  régiment 
de),  m,  40. 

Livry  (Paul-HippolyteSanguin, 
chevalier  de),  III,  96. 

Livry  (Marie-Madeleine-Fran- 
coise  Robert,  marquise  de), 
î,  128. 

Locmaria  (Louis-François  du 
Parc,  marquis  de),  I,  81,  284. 

Lodésaii  (le),  II,  89,  111. 

Lodi  (la  ville  de),  II,  104,  111, 
140. 

Loing  (le),  rivière,  I,  101,  183. 

Loire  (la),  I,  184,186;  III,  156. 

Lombardie  (la),  I,  220;  II,  194. 

Lombardie  (le  régiment  de),  II, 
17,  21,  76. 

Lomellina  (le  pays  de),  I,  319, 
348,  352. 

Lonalo  (le  bourg  de),  II,  149, 
150. 

Londres  (la  ville  de),  II,  137, 
343;  III,  69,  83,  84. 

Longinario  (le  canal  du),  I,  217. 

Lorge  (  Elisabeth -Geneviève- 
Thérèse  Ghamillart,  duchesse 
de),  I,  178. 

Lorme  (Simon  de),  II,  75. 

Lorraine  (Charles  IV,  duc  de), 
III,  235. 

Lorraine  (Charles  V,  duc  de), 
II,  10. 

Lorraine  (Léopold,  duc  de),  I, 
110,  120,  121. 

Lorraine  (Joseph-Innocent-Em- 
manuel, prince  de),  II,  131. 

Lorraine  (  Elisabeth -Charlotte 
d'Orléans,  dite  M"«  de  Char- 
tres, duchesse  de),  I,  110. 

Lorraine  (la  maison  de),  1, 110, 
140,  178;  m,  204. 

Lorraine  (le  duché  de),  I,  110, 
140;  m,  118. 

Lorraine  lie  régiment  de),  I, 
357  ;  III,  40,  178,  269. 

Louis  le  Débonnaire,  empe- 
reur, I,  89. 

Louis  VI  le  Gros,  roi  de  France, 
I,  68,  182. 

Louis  IX,  roi  de  France,  I,  362. 


Louis  XI,  roi  de  France,  I, 
160;  II,  232,  234. 

Louis  XII,  roi  de  France,  I, 
326;  II,  111. 

Louis  XIII,  roi  de  France,  I, 
169,  187,  192;  II,  218,  329. 

Louis  XIV,  roi  de  France.  Son 
sacre,  II,  390;  prend  Douay, 
III,  168;  prend  Aire,  42;  fait 
bâtir  la  citadelle  de  Valencien- 
nes,  I,  66;  fait  démolir  Char- 
leville,  III,  214;  construit 
Neuf-Brisach,  278;  le  che- 
valier de  Quincy  lui  est  pré- 
senté, I,  29-30  ;  il  supprime 
la  capitation,  70;  au  camp 
de  Compiègne,  79,  82,  85, 
89,  91,  92,  96-99;  il  refuse  la 
grâce  de  iM™^  Ticquet,  116; 
il  déclare  le  duc  d'Anjou  roi 
d'Fjspagne  et  l'accompagne 
jusqu'à  Sceaux,  122-126;  en- 
voie Gatinat  en  Italie,  127; 
il  fait  arrêter  les  troupes  du 
duc  de  Savoie,  312-313;  lettre 
qu'il  lui  écrit,  318;  il  reçoit 
la  nouvelle  de  la  victoire  de 
Cassano,  II,  136;  demande  à 
Vendôme  de  se  rendre  en 
Flandre,  178;  il  envoie  M.  de 
Bezons  en  Dauphiné,  228; 
donne  un  régiment  à  M.  du 
Plessis,  236  ;  envoie  Tessé  en 
Dauphiné,  248;  fait  le  fils  de 
Tessé  maréchal  de  camp,  278; 
charge  Surville  de  défendre 
Tournay,  337  ;  autorise  Bouf- 
flers  à  servir  sous  Villars, 
349;  disgracie  Ghamillart,  389; 
demandes  excessives  des  al- 
liés, III,  34  ;  il  envoie  Har- 
court  pour  remplacer  Villars, 
48;  il  fait  l'éloge  de  Vendô- 
me, 58  ;  il  défend  à  Villars  de 
livrer  bataille  à  cause  des 
négociations  engagées,  69, 82- 
83;  il  envoie  l'abbé  Gautier 
pour  négocier  en  Angleterre, 
84  ;  sa  fermeté  à  la  mort  du 
duc  de  Bourgogne,  103;  il 
veut  donner  l'ordre  du  Saint- 
Esprit  à  Gatinat,  106;  il  fait 


DES  MATIERES. 


349 


Louis  XIV  (suite), 
mettre  La  Badie  à  la  Bastille, 
puis  reconnaît  son  innocence, 
428;  approuve  le  projet  de 
Denain,  135;  son  inquiétude, 
et  sa  joie  de  la  victoire,  156- 
157  ;  son  éloge,  I,  54;  ne  fait 
rien  précipitamment,  111,1 57  ; 
sa  mauvaise  politique,  I,  43  ; 
m,  243;  ornements  donnés 
par  lui  àlacathédrale  de  Stras- 
bourg, 219;  sa  statue  de  la 
place  de  Vendôme,  1,  118; 
son  portrait  à  l'Annonciade 
de  Gènes,  362.  Cité,  I,  28, 
38,  51,  100,  105,  108,  120, 
146,  148-150,  152,  154,  182, 
274,  325;  H,  9,  10,  32,  33, 
106,  157,  185,  219,  241,  288, 
318;  m,  202,  267. 

Louis-le-Grand  (la  place  de),  à 
Paris,  I,  118. 

Louis-le-Grand  (le  collège  de), 
1,  16-21. 

Loup  (saint),  I,  129. 

Louvain  (M.  de),  III,  177. 

Louvain  (la  ville  de),  III,  35, 
108. 

Louvignies  (M.  de),  II,  23. 

Louvignies  (le  régiment  de),  II, 
76. 

Louvre  (le),  à  Paris,  I,  118. 

Louvres-en-Parisis  (le  village 
de),  I,  100,  171. 

Luc  (le  village  du).  H,  279. 

Lucento  (le  village  de),  II,  195- 
198,  201-203,  205,  207. 

Lucerna  (le  bourg  de),  II,  247. 

Lucques  (la  ville  et  les  États 
de),  L  368. 

Luther  (Martin),  III,  231. 

Lutteaux  (Etienne  Le  Ménes- 
trel de),  II,  21. 

Luxembourg  (le  maréchal  de), 
I,  41,  42;  m,  141. 

Luxembourg  (Christian-Louis 
de  Montmorency,  chevalier 
de),  puis  prince  de  Tingry. 
Au  siège  de  Verceil,  II,  19; 
au  siège  d'Ivrée,  44;  au  siège 
de  Verue,  80;  diner  qu'il 
donne  à  la  tranchée,  81-82; 


il  manque  d'être  tué  par  une 
bombe,  82  ;  il  est  blessé  à 
Greme,  143;  à  la  bataille  de 
Galcinato,  168  ;  (1709)  il  com- 
mande la  cavalerie,  336  ;  à 
Malplaquet,  361;  (1710)  il 
s'empare  de  Mortagne,  III, 
1-2;  commande  un  camp  vo- 
lant près  de  Valenciennes, 
20,  79,  81,  91,  116;  discus- 
sion avec  Villars,  86;  (1712) 
il  bat  un  détachement  enne- 
mi, 131  ;  contribue  à  la  vic- 
toire de  Denain,  146.  Sa  po- 
litesse pour  tous,  II,  186. 

Luxembourg  (la  maison  de),  I, 
34,  157;  n,  25, 

Luxembourg  (le  palais  et  les 
jardins  du),  I,  17-21. 

Luxembourg  (la  ville  et  le  du- 
ché de),  I,  43,  155-158. 

Luxembourg  (le  régiment  de), 
III,  27. 

Luzzara  (le  bourg  et  la  bataille 
de),  I,  232-243,  250-252,  258; 
II,  183,  193;  III,  122,  147, 
201. 

Lyon  (la  ville  de),  I,  132,  187; 
II,  214,  220,  229,  230,  233, 
319,  322. 

Lyon  (l'archevêque  de),  I,  187. 

Lyon  (le  chapitre  de),  I,  187. 

Lyonnais  (le),  I,  187. 

Lyonnais  (le  régiment  de),  I, 
305,  307  ;  II,  16,  59,  65,  66, 
76,  243,  256;  III,  174. 

Lvs  (la),  rivière,  I,  55,  56,  333, 
'336,  339,  346;  111,30,39,42, 
44. 


M 


Màcon  (la  ville  de),  II,  230,  231. 
Màcou  (les  comtes  de),  II,  231, 

303. 
Maçonnais  (le),  II,  231. 
Madame  Royale.  Voyez  Savoie 

(la  duchesse  de). 
Maderno  (le  village  de),  I,  294; 

II,  172. 
Madonna-delle-Grazie  (l'abbaye 

de  la),  I,  209;  II,  153. 


350 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Madrid  (la  ville  de),  1, 122,  125; 
m,  37. 

Maëstricht  (la  ville  de),  I,  160. 

Magnana  (le  village  de),  I,  278. 

Magnani  (N.),  II,  26. 

Maille  (une),  monnaie,  I,  164. 

Maillebois  (Jean-Baptiste- Fran- 
çois Desmaretz,  marquis  de), 
ÏII,  190. 

Maine  (le  duc  du),  I,  125. 

Maine  (le  régiment  du),  III,  175. 

Maintenon  (la  marquise  de),  II, 
225,  227  ;  III,  49,  124-126. 

Maison  militaire  du  Roi  (la),  I, 
65,  127;  II,  369. 

Maisonrouge  (M.  de),  II,  129. 

Maître  (un),  cavalier,  I,  284. 

Majeur  (le  lac),  II,  88. 

Malbiana  (le  village  de),  I,  291. 

Malgue  (la  colline  de  la),  près 
Toulon,  II,  272. 

Malines  (la  ville  de),  III,  108. 

Maiplaquet  (le  hameau  de),  II, 
352,  386;  III,  185,  192. 

Maiplaquet  (la  bataille  de),  I, 
318;  II,  193,  344,  351-382, 
388,  391;  III,  2,  109,  147. 

Malte  (l'ordre  de),  I,  3,  187. 

Malvoisin  (le  château  de) ,  à 
Ivrée,  II,  36. 

Manchester  (Charles  Montaigu, 
comte  de),  I,  120. 

Manerbio  (le  bourg  de),  II,  99- 
101,  147. 

Mangeoire  (tourner  le  cul  à  la), 
II,  198. 

Manne  (la),  II,  308. 

Mantoue  (les  ducs  de),  I,  201, 
203,  207. 

Mantoue  (Charles  de  Gonzague, 
■  duc  de  Nevers  et  de),  III,  214. 

Mantoue  (Ferdinand-Charles  IV 
de  Gonzague,  duc  de).  Ven- 
dôme lui  rend  visite,  I,  204; 
généralissime  des  troupes 
françaisesen  Italie,  215;  passe 
l'armée  en  revue,  216;  son 
superbe  équipage  de  guerre, 
225;  séjour  à  Casai,  320-321  ; 
il  interdit  le  duel  à  Mantoue, 
II,  155-156  ;  son  mariage  avec 
M"«  d'Elbeuf,  156;  fêtes  qu'il 


donne  à  Mantoue,  158;  affaire 
de  son  garde,  159-161, ,163  ; 
il  est  chassé  de  ses  États, 
157.  Son  palais  au  bord  du 
lac  de  Garde,  I,  294.  Cité,  I, 
201,  208,  271,291;  II,  322. 

Mantoue  (Suzanne-Henriette  de 
Lorraine,  duchesse  de),  II, 
156,  157. 

Mantoue  (la  ville  de).  Descrip- 
tion, I,  207-208;  faux  tom- 
beau de  Virgile,  260;  elle  est 
assiégée  par  les  Impériaux; 
Vendôme  y  arrive ,  204, 
209;  Eugène  veut  surpren- 
dre la  ville,  246-249;  quartier 
d'hiver  des  troupes  françaises 
en  1705-1706,11,  152-162;  les 
Impériaux  ne  s'en  emparent 
pas  en  1706,  227.  Citée,  I, 
215,  255,  289,  341;  II,  86, 
123,  182. 

Mantoue  (le  duché  de),  I,  201, 
244,  253,  256,  257,  260,  277; 
[I,  110,  137,146. 

Mantoue  (le  lac  de),  I,  207,209. 

Marais  (le  quartier  du),  à  Paris, 
I,  113;  III,  280. 

Maranval  (M.  de),  II,  22. 

Marche-en-Famine  (le  bourg 
de),  I,  159,  165,  166. 

Marchiennes  (le  bourg  de).  Eu- 
gène le  fait  attaquer  sans 
succès  (1709),  II,  341;  (1712) 
il  est  la  place  d'armes  des 
alliés,  m,  133-134,  139; 
siège  et  prise  par  Villars, 
158-162;  le  chevalier  de  Quin- 
cy  y  cherche  un  trésor,  164- 
165.  Cité,  II,  172,  330,  338, 
346;  m,  105,  145,  146,  154, 
156,  198. 

Marchiennes  (l'abbaye  de),  II, 
341;  III,  160. 

Marcin  (Ferdinand,  comte  de). 
Au  camp  de  Compiègne,  I, 
80  ;  ambassadeur  en  Espagne, 
221;  (1706)  commande  l'ar- 
mée d'Italie  avec  le  duc  d'Or- 
léans, II,  181  ;  son  opiniâ- 
treté à  la  bataille  de  Turin, 
194,   195;   il  est   blessé;    sa 


DES  MATIERES. 


351 


mort,  199.  Son  peu  de  capa- 
cité, 185,  223.  Cité,  183,  206. 

Marck  (Evrard,  cardinal  de  la), 
I,  164. 

Marck  (Louis-Pierre-Engilbert, 
comte  de  la),  II,  361. 

Marck  (le  régiment  de  la),  III, 
171. 

Marcoing  (le  bourg  de),  III,  H6. 

Marelle  (M.  de),  1,  114. 

Marest  (le  chevalier),  I,  252. 

xMarets  (François  Dauvet,  comte 
des),  I,  92,  97. 

Marets  (Marie  Robert,  comtesse 
des),  I,  128. 

Mareuil  (l'ahbaye  de),  III,  28. 

Margeret  de  Pontaut  (  Pierre 
de),  II,  237. 

Margeret  (M"e  de).  Voyez  Pies- 
sis  (M™e  du). 

Marie  d'Esté,  reine  d'Angle- 
terre, I,  92. 

Marie  d'Autriche,  reine  de  Hon- 
grie, I,  167. 

Marie-Thérèsed'Autriche,  reine 
de  France,  I,  43,  362. 

Marienbourg  (la  ville  de),  I, 
167,  168. 

Marine  de  régiment  de  la). 
Voyez  Vieille-Marine  (la). 

Marlborough  (le  duc  de).  Cam- 
pagne de  1709,  II,  332,  335, 
336  ;  fait  le  siège  de  Tournay, 
337,  347  ;  bataille  de  Malpla- 
quet,    353,    354,    359,    363; 

(1710)  il  s'empare  des  lignes 
de  Lens,  III,  2;  siège  de 
Douay,  11;  prise  d'Aire,  51  ; 

(1711)  force  de  son  armée, 
65  ;  conférence  avec  Eugène 
avant  son  départ,  66  ;  fait 
passer  la  Scarpe  à  son  armée, 
68  ;  rappelle  ses  troupes  de 
Douay,  73  ;  sa  marche  en 
avant;  elle  est  arrêtée  par 
Villars,  75-80,  82,  86;  il 
reçoit  ordre  de  ne  point  com- 
battre à  cause  des  négocia- 
tions, 83  ;  il  fait  attaquer  les 
retranchements  du  maréchal 
de  Montesquiou,  89;  il  refuse 
d'approuver   la    capitulation 


de  Bouchain,  93  ;  il  envoie  ses 
troupes  en  quartiers  d'hiver, 
102;  (1712)  il  est  remplacé 
par  le  duc  d'Ormond,  115  ;  sa 
disgrâce,  83.  Son  entente 
complète  avec  le  prince  Eu- 
gène, 51.  Cité,  18,  69,  94, 
100,  184,  198,  224. 

Marlborough  (Sarah  Jennings, 
duchesse  de),  III,  83. 

Marie  (le  bourg  de),  I,  169. 

Marmirolo  (le  bourg  de),  I,  203; 

II,  153. 

Marnais  (Philippe  de  Marnais- 
Saint-André,    marquis   de), 

III,  189. 

Marne  (la),  rivière,  I,  69,  132; 
m,  216,  279. 

Maroc  (le  sultan  de),  I,  111. 

Marquette  (le  village  de),  III, 
155. 

Marqui  (le),  rivière,  III,  14,  23, 
77,  78,  80. 

Marquion  (le  bourg  de),  III,  14, 
20,  23,  78,  79,  88. 

Mars  (le  dieu),  II,  122. 

Marsaille  (la  bataille  de  la),  II, 
212. 

Marsal  (la  ville  de),I,  152. 

Marsan  (Charles  de  Lorraine- 
Armagnac,  comte  de),  I,  177, 
178. 

Marseille  (la  ville  de),  II,  247, 
255,  262. 

Marseille  (les  comtes  de),  II, 
279. 

Martial  (le  poète),  I,  60. 

Martinière  (Louis  Sevin,  sieur 
de  la),  I,  8-9,  15. 

Martinière  (Alexandre  Sevin, 
sieur  de  la).  Son  enfance,  I, 
6-7;  aux  mousquetaires,  113, 
118-119;  campagne  de  1701, 
127-128;  séjour  a  Vesoul,  133; 
excursion  à  Colmar  et  à  Stras- 
bourg, 142,  143;  aventure 
dans  une  hôtellerie,  147-148; 
visite  à  Luxembourg,  156; 
visite  à  Huy  et  à  Dinant,  164- 
166. 

Masi  (le  village  de),  II,  181. 

Masio  (le  village  de),  II,  187, 


352 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Masselin  (M.),  II,  284. 

Maubeuge  (la  ville  de),  II,  338, 
387,  388;  III,  22,  109. 

Maulévrier  (Henri  Golbert,  che- 
valier de),  II,  204. 

Maulévrier  -  Langeron  (  Jeaa- 
Baptiste- Louis  Andrault, mar- 
quis de),  I,  323,  324  ;  II,  59, 
65,  203,  257;  111,223. 

Maulévrier  (le  régiment  de),  U, 
19,  76. 

Maupeou-Noisy  (René  de),  III, 
2-23. 

Maurienne  (le  comté  de),  II, 
302-303. 

Maurienne  (Humbert,  comte 
de),  II,  231. 

Maurienne  (Thomas  II  de  Sa- 
voie, comte  de),  II,  36. 

Maurignac  (M.  de),  II,  22. 

Mauroy  (Denis-Simon,  marquis 
de),  I,  163,  164,  222;  II,  73, 
75. 

Mayence  (la  ville  de),  I,  146; 
III,  227,  229,  232. 

Mazancourt  (Joseph- Joachim 
Merlin  de),  II,  273;  III,  93. 

Meaux  (la  ville  de),  I,  68-69  ; 

m,  110. 

Mèche  (découvrir  la),  III,  100. 

Médavy  (Jacques  Léonor  Rouxel 
de  Grancey,  comte  de).  Prend 
Borgo-Forte,  1, 254-255  ;  com- 
mande à  Castiglione,  256; 
son  maitre  d'hôtel  dépouillé 
par  les  hussards,  273  ;  il  fait 
brûler  une  ferme  par  repré- 
sailles, 274,  276  ;  il  veut  faire 
brûler  la  ville  de  Salo,  275; 
commande  un  corps  séparé 
lors  de  l'expédition  du  Tren- 
tin,  289-299,  306,  308,  314; 
compétition  avecBezons, 298; 
(1704)  au  siège  de  Verceil, 
II,  14,  16;  au  siège  d'Ivrée, 
44  ;  au  siège  de  Verue,  79  ;  il 
ne  secourt  pas  Vendôme  à 
Cassano;  Albergotti  le  lui 
reproche,  134-135;  marche 
dans  le  Bressan,  151  ;  victoire 
de  Castiglione,  149,218-219; 
(1707)  il  commande  en  Savoie, 


299,  301  ;  il  préside  le  conseil 
de  guerre  qui  juge  le  com- 
mandant d'Exilles,  323.  Sa 
bienveillance  pour  le  cheva- 
lier de  Quincy,  II,  30.  Cité, 

I,  241;  II,  146. 
Méditerranée  (la  mer),  II,  248, 

259,  279. 
Médoc  (le  régiment  de),  I,  295, 

329  ;  II,  18,  19,  66,  72,  76. 
Medole  (le  village  de),  I,  201  ; 

II,  148,  152. 

Mein  (le),  rivière,  III,  227. 

Mélac  (Ézéchiel  du  Mas,  comte 
de),  III,  224,  226. 

Mella  (la)',  'rivière,  I,  200  ;  II, 
146,  148. 

Mellara  (le  bourg  de),  I,  279. 

Mello  (don  Francisco  de),  I, 
168,  169. 

Melonnière  (M.  delà), 1,292, 293. 

Melun  (la  ville  de),  I,  118,  119, 
182;  II,  236,243,  319. 

Melun-Espinoy  (la  maison  de), 
I,  44,  182. 

Ménagerie  (la),  à  Chantilly,  I, 
87-88. 

Menago  (le),  rivière,  I,  278. 

Mendoze  (le  régiment  de),  II, 
19. 

Ménestrel.  Voyez  Le  Ménestrel. 

Menin  (la  ville  de),  I,  43;  III, 
39. 

Menu  (M.),  ingénieur,  II,  22. 

Mercy  (François,  baron  de),  III, 
260. 

Mercy  (Claude-Florimond,  com- 
te de),  II,  347;  III,  70. 

Mercy  (le  baron  de),  III,  243. 

Mérieux  (M.  de),  I,  284. 

Mérv-sur-Seine  (le  bourg  de), 
1,^129. 

Mesgrigny  (Charles-Hubert  de), 
I,  130. 

Mesnager  (Nicolas),  III,  22-84. 

Mesnilbus  (N.  Hellouin,  cheva- 
lier de),  I,  75,  76,  161,  162. 

Messin  (le  pays),  III,  118. 

Metz  (Jacques  Berbier,  cheva- 
lier du),  II,  95,  184. 

Metz  (la  ville  de),  I,  152-155; 
III,  118,  217,  279. 


DES  MATIERES. 


353 


Metz  (l'évêque  et  l'évêché  de), 

I,  154. 

Metz  (le  parlement  de),  I,  154. 
Meudon  (le  château  de),  I,  126; 

III,  59. 
Meuse  (Henri-Louis   de  Ghoi- 

seul,  marquis  de),  III.  153. 
Meuse  (la),  I,   152,  159,   160, 

164,   165,  167;   II,  388;  IH, 

63,  118,  175,  215. 
Mézières  (Eugène-Marie  de  Bé- 

thisy,  marquis  de),  III,  97, 

112-114. 
Mézières  (la  ville  de),  III,  215. 
Michel-Ange,  I,  207. 
Middelbourg  (Alexandre-Maxi- 

milien  de  Gand  de  Mérode, 

comte  de),  III,  23. 
Milan  (les  ducs  de),  I,  196. 
Milan  (la  ville  de),  I,  246,  280, 

359;  II,  12,  29,104-106,  115, 

119,  122,  230. 
Milan  (l'archevêché  de),  I,  321. 

337. 
Milan  (la  porte  de),  à  Verceil, 

II,  49. 

Milanais  (le),  I,  121,  196,  210, 
317-319,  337,  361  ;  II,  2,  12, 
48,89,  95,103,108,  109,111, 
135   209. 

Milkau "(le  général),  LEI,  227. 

Mille  (la  chapelle  des),  près 
Fribourg,  III,  2i2,  260. 

Millefleurs  (la  plaine  et  le  vil- 
lage de),  II,  188,  191,  194, 
213,  223. 

Milliavacca  (Innocent),  évêque 
d'Asti,  I,  326,  334. 

Milon  (le  comte),  I,  68. 

Mimeure  (Jacques-Louis  de  Va- 
Ion,  marquis  de),  III,  169, 
225. 

Mincio  (le),  I,  201,  207,  209, 
215,  259-262,  265;  II,  89,91- 
93,  174,  180,  181. 

Mirabeau  (  Jean  -  Antoine  -  Ri- 
quetti,  marquis  de),  II,  131. 

Mirabeau  (le  régiment  de),  II, 
95,  184,  255. 

Mirabello  (le  village  de),  I,  197. 

Mirandole  (Anne- Béatrice  d'Es- 
té, princesse  de  la),  I,  253. 

III 


Mirandole  (Brigitte  Pic,  prin- 
cesse de  lai,  I,  253,  254. 
Mirandole  (la  ville  et  le  duché 

de  la),  I,  252-254,  266,  336, 

367;  II,  92,  153,  184. 
Mirepoix  (Gaston-Jean-Baptiste 

de  Levis,  marquis  de),  I,  30, 

33. 
Miroménil  (Jean-Baptiste  Hue, 

marquis  de),  III,  27. 
Miroménil  (Jean-Sebastien  Hue, 

chevalier  de),  II,  42,  43. 
Miroménil  (le  régiment  de),  III, 

27. 
Mi^snie  (la),  III,  212. 
Missiessy   (la   montagne    et    le 

château  de),  près  Toulon,  II, 

256. 
Mithridate  (le  roi),  U,  215. 
Mitry  (le  village  de),  I,  33. 
Mocasina   (le    hameau  de),  II, 

172. 
Modène  (la  ville  de),  I,  226;  H, 

153,  285. 
Modène  (l'évêché  de),  I,  226. 
Modène  (les  ducs  de),  I,  226, 

228. 
Modène  (Borso  d'Esté,  duc  de), 

I,  226. 

Modène  (François-Marie  d'Esté, 
duc  de).  I,  253. 

Modène  (Renaud  d'Esté,  duc 
de),  I,  253. 

Modène  (Gharlotte-Aglaé  d'Or- 
léans, duchesse  de),  I,  253. 

Modénois  (le),  I,  210,  219,  227, 
231,  253,  321,  325,  335,  368. 

Moglia  (le  village  de),  I,  252. 

Moirans  (le  bourg  de),  I,  188  ; 

II,  229. 

Molinet  (le canal  du) , III,  1 1 , 1 66. 
Molsheim  (la  ville  de),  I,  150. 
Moncalieri   (le    bourg   de),   II, 

209,  210. 
Monchecourt  (le  village  de),  III, 

158. 
Monchy-le- Preux  (le  village  de), 

m,  14,  20,  63,  68,  129. 
Moncucco  (le  village  de),  I,  329. 
Monera  (M.  de),  HI,  259. 
Monestier   (le   village   de),    II, 

304,  305. 

23 


354 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Mongelas    (Romain    Dru    de), 

III,  55. 
Monroux  (le  régiment  de),  II, 

27. 
Mons  (la  ville  de).  Description, 

I,  38  ;  son  chapitre  de  chanoi- 
nesses,  II,  338;  III,  22;  Eu- 
gène veut  l'assiéger,  II,  347, 
386;  siège  et  prise,  387-388; 
défaite  de  la  garnison  impé- 
riale, m,  108-109.  Citée,  I, 
37,  39,  65;  II,  346,  349;  m, 
86,  163,  164,  179,  192. 

Monseigneur  (Louis,  dauphin  de 
France,  dit),  U,  242;  III,  59. 

Monsieur.  Voyez  Orléans  (Phi- 
lippe, duc  d'). 

Montai  (Charles-Louis  de  Mont- 
saulnin,  comte  du),  III,  262. 

Montanaro   (le  village  de),   II, 

II,  13. 

Montandre  (Isaac-Charles  de  la 

Rochefoucauld,  comte  de),  I, 

240. 
Montanera   (le   village    de),   I, 

209,  214. 
Montaran  (Michel  Michau  de), 

II,  342. 
Montargis  (la  ville  de),  I,  101, 

183. 
Montargis  (le  chien  de),  I,  183- 

184;  m,  311. 
Montay  (le  village  de),  III,  138. 
Montbard  (le  bourg  de),  II,  234. 
Montbazon    (Louis -Henri    de 

Rohan-Guémené,  prince  de), 

m,  123. 
Montbéliard  (la  ville  de),  1, 140. 
Montboissier  (le  régiment  de), 

m,  10. 

Mont-Dauphin  (le  fort  de),  I, 

190;  II,  301. 
Monte- Alfonso  (le  château  de), 

I,  368. 
Monte-Baldo  (le),  I,  286. 
Montecalvo  (le  village  de),   I, 

349. 
Montechiaro  -  sul  -  Ghiese    (le 

bourg   de),   I,    259;    II,  99, 

148,  149,  151,  163. 
Monteil  (M.  de),  I,  223. 


Montenescourt  (le  village  de), 

m,  31,  68,  76,  78. 
Montereau  -  Fault  -  Yonne    (  la 

ville  de),  I,    100,  101,   128; 

II,  235. 
Monte-Rosato   (le   village   de), 

II,  167. 

Montesquiou      (François     de), 

III,  4. 

Montesquiou  (le  maréchal  de). 
Voyez  Artagnan(P.  de  Mon- 
tesquiou d'). 

Montet  (M.  du),  II,  257. 

Montet  (M.  de),  III,  197. 

Montferrat  (le),  I,  321,  331,  332, 
339,  350;  II,  8. 

Montferrier  (M.  de),  II,  66. 

Montgeffond  (Dom  Antoine  de), 
général  des  Chartreux,  III, 
258. 

Montgon  (Jean-François  Corde- 
bœuf  de  Beauverger,  comte 
de),  I,  221;  II,  17,  164,  303, 
308. 

Monticello  (le  village  de),  II, 
104. 

Montigny  (M.  de),  II,  19. 

Montigny-sur-Aube  (le  village 
de),  1,131. 

Montigny-en-Gohelle  (le  vil- 
lage de),  III,  15. 

Montlezun  (M.  de),  III,  117- 
118. 

Montmédy  (la  ville  de),  III, 
198. 

Montmélian  (la  ville  de),  II, 
299,  302,  303. 

Montmorency  (Anne,  conné- 
table de),  I,  154. 

Montmorency  (Henri  I^"",  con- 
nétable de),  I,  86. 

Montmorency  (Henri  II,  maré- 
chal de),  I,  186. 

Montmorency  (Jean-Nicolas  de 
Montmorency  -  Châteaubrun, 
chevalier,  puis  marquis  de), 
II,  378;  m,  131,  175. 

Montmorency  (Marle-Félice  des 
Ursins,  maréchale  de),  1, 186. 

Montmorency  (la  maison  de), 
I,  157. 


DES  MATIÈRES. 


355 


Montmorin  (Anne-Louise   de), 

abbesse  de  la  Joye,  I,  102. 
Montodine  (le  village  de),  II, 

141,  142. 
Montpeyroux    (  François  -  Gas- 

pard-Léonor  de  Dyô-Palatin, 

marquis  de),  I,  241. 
Montreuil-sur-Mer  (la  ville  de), 

III,  31,  40,  48,  50. 
Mont-Saint-Eloi  (le  village  de), 

II,  331;  III,  27,29. 
Montsoreau  (MM.  de),  III,  46, 

48. 
Montsoreau  (Louis  du  Bouschet 

de   Sourches,  comte   de),  I, 

296,    392,    303;   II,    17,   23, 

269,  385;  III,  46. 
Montviel   (Jacques   de  Yassal, 

marquis  de),  II,  30,  31. 
Montviel  (le  régiment  de),  III, 

40. 
Mony   (Bernard  de  Joisel  de), 

m,  27. 
Monzambano  (le  village  de),  II, 

89,  152,  180,  182. 
Morangiès  (Charles-Auguste  de 

Molette,  marquis  de),  I,  345; 

11,  76. 

Morangiès  (le  régiment  de),  II, 

76. 
Morano  (le  village  de),  II,  83. 
Moreau  (M.),  II,  18. 
Moret  (M.i,  II,  377. 
Moret  (N.  Solari,  comte  de),  II, 

15. 
Moret  (N.    Solari,  comte   de), 

frère  du  précédent,  II,  27,  28. 
Moretta  (le  comté  de),  II,  15. 
Mori  (le  bourg  de),  I,  291,  299. 
Mormal  (la  forêt  de),  III,  163, 

186,  199. 
Morphée,  I,  147. 
Mortagne   (le   bourg    de),   en 

Flandre,  II,  329,  338;  III,  1, 

65,  155. 
Mortara  (la  ville  de),   I,    319, 

321,  351. 
Mortemart  (Louis  II  de  Roche- 

chouart,   duc  de),  III,  5,  9, 

12,  172,  174,  240. 

Morton  (M.  Camus  de),  I,  140; 

m,  311. 


Morville  (M.  de),  III,  277. 
Moscazano    (le  village  de),  II, 

139. 
Moscolino  (le  village  de),  II,  92, 

94,  97,  172. 
Moselle    (la),    rivière,    I,    151, 

153-156;  III,  118,  279. 
Motta   (le   hameau  de  la),  II, 

187. 
Motte -Houdancourt  (Charles, 

marquis  de  la),  I,  81. 
Moulin  (M.  du),  III,  35. 
Moulinet.  Voyez  Molinet. 
Moulins  (la  ville  de),  I,  186. 
Moura  (Etienne),  I,  115-117. 
Mousquetaires  (les),  I,  28. 
Mousquetaires  (la  marche  des), 

m,  276. 
Movenneville  Ile  chevalier  de), 

II,  84  ;  III,  53,  54. 
Moyenvic  (le  bourg  de),  I,  152. 
Moyria  (Chrysante  de),  I,  224; 

II,  131. 
Mozzanica   (le  village  de),   II, 

144. 
Miihlberg  (le   village  de),  III, 

227. 
Munster  (l'évêque  de),  III,  152. 
Miinster  (la  paix   de),  I,   140, 

142,    143;    III,    224.    Voyez 

Westphalie  (le  traité  de). 
Mure  (le  bourg  de  la),  I,  189. 
Muret  (Jean-Francois  Lécuyer, 

comte  de),  II,  1^34,  286,  305, 

306,  310,  312,  314-317. 
Murlsengo   (le   village    de),   I, 

349,  350. 
Mursay   (  Philippe    de   Valois- 

Villette,   comte  de),  I,  222, 

284,  285;  II,  89,  90,  92,  157, 

169,  180. 


N 


Nago  (le  bourg  de),  I,  290,  299, 

314. 
Namur  (la  ville  de),  I,  16,  28, 

48,  167;  II,  388;  III,  175. 
Namur  (le  comte  de),  I,  167. 
Nancré    (  Claude  -  Antoine    de 

Dreux,   comte  de),   II,    333, 

334. 


356 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Nancy  (la  ville  de),  I,  152,  160; 

m,  279. 
Nangis  (Louis-Armand  de  Bri- 

chanteau,    marquis   de),    II, 

342,   362;  III,  155-157,  171, 

253. 
Nantes  (la  ville  de),  I,  29. 
Nanteuil-le-Haudouin  (le  bourg 

de),  m,  212. 
Naples  (la  ville  de),  I,  260. 
Narbonne    (Louis  -  Benoît   de), 

II,  95,  96,  184. 
Nassau-Siegen  (Guillaume-Hya- 
cinthe, prince  de),  III,  149. 
Nassau-Vondenberg  (Corneille, 

comte  de),  II,  375;  III,  149. 
Nassau -Weilbourg   (Jean -Er- 
nest, prince  de),  III,  43. 
Navagne  (le  village  de),  I,  167. 
Navailles  (Françoise  de).  Voyez 

Elbeuf  (la  duchesse  d'). 
Navarre  (le  régiment   de),  II, 

339,  341,  373,  385;  III,  150, 

164,  170,  277. 
Nave  (M.  de  la),  III,  27. 
Nave  (la),  rivière,  III,  39. 
Naviglio  (un),  I,  200. 
Neipperg    (le   comte    de),    III, 

228. 
Neipperg  (le  régiment  de),  III, 

274. 
Nemours  (la  maison  de),  1, 101. 
Nemours  (la  ville  de),  I,  100- 

102,  104,  107,  110,  119,  122, 

182,  183;  II,  243. 
Nesle   (Louis    III    de    Mailly, 

marquis  de),  II,  379. 
Neustadt   (le   village   de),    III, 

222   225. 
Neuville~(M.  de  la),  I,  358,  359. 
Neuville-sur-l'Escaut  (le  village 

de),  III,  77,  85,  87,  115,  141- 

143,  150. 
Nevele  (le  bourg  de),  I,  55. 
Nevers  (la  ville  de),  I,  185. 
Nice-de-la-Paille  (la  ville  de), 

I,  346. 
Nigrelli    (le   régiment    de),   I, 

285,  297,  299,  302  ;  II,  86. 
Nimégue  (la  ville  de),  III,  101. 
Ninove  (la  ville  del,  I,  57. 


Nisas  (Henri  de  Garrion,  mar- 
quis de),  II,  258. 
Nivernais  (le),  I,  185. 
Nivernais  (le  régiment  de),  III, 

96. 
Nocera  (l'eau  de),  II,  169. 
Nogara  (le  village  de),  I,  277. 
Nogent-sur-Seine  (la  ville  de), 

129. 
Noires   (les   montagnes),   III, 

237,  244,  278. 
Non  (la  rivière  de),  II,  212. 
Nonette  (la),  rivière,  I,  87,  100. 
Nonnenweier    (le    village    de), 

m,  244. 
Normandie  (la),  I,  4,  7,  72,  73, 

354;  II,  57;  III,  49. 
Normandie  (le  régiment  de),  I, 

162;  II,  18,  22,' 59,  74. 
Normands  (les),  I,  129. 
Notre-Dame  (l'église),  à  Paris, 

II,  315;  m,  157. 
Notre- Dame-della-Corona,    I, 

289. 
Notre-Dame    de    Hal.    Voyez 

Hal. 
Nouilly  (M.  de),  I,  223. 
Novare  (la  ville  et  le  pays  de), 

I,  196,  319,  348,  350-353,  355, 

359,  360;  II,  1,  29,  87,  88, 

151. 
Novellara  (la  ville  de),  I,  231, 

232. 
Novellara  (Camille  II  de  Gon- 

zague,  comte  de),  I,  232. 
Novion  (André  Potier,  cheva- 
lier de),  I,  206. 
Novelle  (Alexandre  de  Garon- 

delet,  baron  de),  III,  115, 143, 

144. 
Noyelle- sur -Selle    (le    village 

de),  m,  115,  116,  122,  143. 
Noyon  (la  ville  de),  I,  68,  88, 

169;  II,  327. 
Noyon  (les  évêques  de),  I,  68, 

169.    Voyez    Glermont-Ton- 

nerre  (M.  de). 
Nuits  (la  ville  de),  II,  232. 


0 


O'Brien  (le  régimentd'),III,  172. 


DES  MATIERES. 


357 


Odijck  (Guillaume-Adrien,  sei- 
gneur d'),  II,  79. 

Offenbourg  (la  ville  d'),  III, 
237,  238. 

Ofifendorf  (le  village  d'),  III, 
235. 

Oglio  (1'),  rivière,  I,  199-201, 
255,  272;  II,  100-103, 144-146. 

Oise  (1'),  rivière,  I,  35,  68,  88, 
169;  II,  327,  390. 

Oisy  (les  comtes  d'),  III,  169. 

Oisy  (Antoine  de  Tournay,  sei- 
gneur d'),  III,  25. 

Oisy  (  Philippe  de  Tournay, 
comte  d'),  III,  26. 

Oisy  (Charles- Joseph -Eugène 
de  Tournay  d'Assignies,  com- 
te d'),  I,  34. 

Oisy  (  Jean-Eustache  d'Assi- 
gnies, comte  d'),  III,  21,  22, 
24,  26,  80. 

Oisy  (Julien-Eustache  d'Assi- 
gnies, comte  d'),  III,  26. 

Oisy  (Charlotte  Franeau,  dame 
d'),  m,  25. 

Oisy  (  Marguerite  -  Claire  de 
Berghes,  comtesse  d'),  I,  67; 
m,  166. 

Oisy  (Marie- Antoinette  de  Rou- 
vroy,  comtesse  d'),  III,  74, 
124. 

Oisy  (Marie-Madeleine-Eugénie 
de  Tournay  d'Assignies,  de- 
moiselle d'),  m,  26,  74,  124. 
Voyez  Quincy  (la  comtesse 
de). 

Oisy  (le  bourg  et  la  terre  d'),  I, 
34;  III,  13,  14,23-26,  63,  75, 
78-80,  114,  169. 

Oleano  (le  bourg  d'),  I,  294, 
295,  297,  298. 

Ombriano  (le  village  d'),  II, 
104,  108,  111. 

Opéra  (1'),  à  Paris,  I,  21. 

Opéra-Comique  (1'),  à  Paris,  II, 
87. 

Oppau  (l'ile  d'),  III,  228. 

Oppède  (Charles-Roderic-Gon- 
salve  de  Forbin,  chevalier  d'), 
II,  380. 

Orange  (le  prince  d').  "Voyez 
Guillaume  III. 


Orange-Nassau  (la  maison  d'), 

II,  232. 

Oratoire  (la  congrégation  de  1'), 
I,  129;  II,  281. 

Oratorio  (un),  II,  158. 

Orbessan  (M.  d'),  III,  259,  260. 

Orchies  (le  village  d'),  III,  64. 

Ordinaire  (faire),  II,  84. 

Orgemont  (Omer  Pucelle  d'), 
I,  226,  288;  II,  16,  22,  76. 

Orléans  (Philippe,  duc  d'),  dit 
Monsieur,  1,51,  89,  120,  121, 
125;  II,  214. 

Orléans  (Philippe,  duc  de 
Chartres,  puis  d').  Au  camp 
de  Compiègne,  I,  89;  va  au- 
devant  du  duc  de  Lorraine, 
120-121  ;  au  départ  du  duc 
d'Anjou  pour  l'Espagne,  125; 
(1706)  va  commander  l'armée 
d'Italie,  II,  181;  l'armée  a 
peu  de  conhance  en  lai,  185  ; 
il  suit  le  prince  Eugène  en 
Piémont,  188;  bataille  de 
Turin,  194-195,  197,  213;  il 
est  blessé,  199;  Albergotti  re- 
fuse de  lui  obéir,  206-207, 
211;  retraite  en  Dauphiné, 
motif  qu'on  attribue  à  ce  re- 
tour, 208-211,  230;  dispute 
d'Albergotti  et  de  la  Feuiliade 
dans  sa  chambre,  217;  il 
donne  au  chevalier  de  Quin- 
cy la  permission  de  revenir  à 
Paris,  228;  ses  renonciations 
à  la  couronne  d'Espagne,  III, 
209;  il  refuse  un  régiment  au 
chevalier  de  Quincy,  211.  Sa 
valeur  et  son  peu  d'expé- 
rience, II,  222;  sa  facilité  à 
donner,  292;  son  valet  de 
chambre  Saint -Léger,  III, 
198;  son  château  de  Villers- 
Cotterets,  213. 

Orléans  (Elisabeth-Charlotte  de 
Bavière,  duchesse  d'),  dite 
Madame,  I,  120,    121,    125; 

III,  227. 

Orléans  (la  duchesse  de  Chartres, 

puis  d'),  I,  120,  121,  125. 
Orléans  (la  ville  d'),  II,  235. 
Orléans  (la  forêt  d'),  I,  194. 


358 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Ormesson    (  Antoine -François- 

de-Paule   Le   Fèvre  d'),  II, 

389;  m,  23,  103,  204. 
Ormesson  (Jeanne  Le  Fèvre  de 

la  Barre,  dame  d'),  II,  389. 
Ormond  (Jacques  Butler,  duc 

d'),  III,  114-116,  132,  134. 
Ortnau  (le  pays  d'),  UI,  238. 
Osmont    (Anne-Gabrielle    d'), 

III,   49.    Voyez  Havrincourt 

(la  marquise  d'). 
Osmont  (la  famille  d'),  III,  49. 
Osone-Nuovo  (T),  I,  209. 
Oopedaletto  (le  village  d'),  II, 

88 
Ostiglia  (la  ville  d'),  I,  266,  277, 

279-281,   285,    336,  367;  II, 

153. 
Ostrevant  (le  pays  d'),  III,  92. 
Othon  I*"-,  empereur,  I,  140. 
Ottomans  (les),  II,  39. 
Ouche  (!'),  rivière,  II,  232. 
Oudenarde  (la  ville  d'),  I,  40; 

II,  338. 
Oudenarde  (la  bataille  d'),  II, 

297. 
Oulx  (le  village  et  la  vallée  d'), 

I,  191;  II,  221,248,293,301, 
308,  309,  313. 

Ourches    (Charles,    comte   d'), 

II,  361. 

Ourcq  (1'),  rivière,  I,  68. 

Ours  (la  rue  aux),  à  Paris,  I, 

22. 
Ourthe  (1'),  rivière,  I,  159,  166, 

167. 
Ourton  (le  village  d'),  III,  30. 
Oxenstiern  (M.  d'),  II,  374. 


Padenghe  (le  village  de),  1, 291. 

Padoue  (la  ville  de),  II,  157. 

Paillencourt  (le  village  de),  III, 
20,  21,  87. 

Pajot  (Pierre-Maximilien),  sei- 
gneur de  Villeperrot,  II,  305. 

Palani  (le  hameau  de),  II,  137. 

Palatin  (Charles-Louis  de  Ba- 
vière, électeur),  III,  227. 

Palatin  (Jean-Guillaume-Joseph 


de    Bavière-Neubourg,   élec- 
teur), m,  231. 

Palatinat  (le),  I,  140;  III,  224, 
226,  232. 

Palazzolo  (le  bourg  de),  II,  102, 
139,  145. 

Paleotti  (  Catherine  Dudley, 
marquise),  II,  88. 

Palisse  (Jacques  de  Chabannes, 
maréchal  de  la),  I,  186. 

Palisse  (la  ville  de  la),  I,  186. 

Palland  (M.),  II,  376. 

Pallavicini  (Charles-Emmanuel, 
baron),  I,  317,  318;  II,  361, 
376. 

Pallavicino  (le  naviglio),  II,  104. 

Palluel  (le  village  de),  III,  75, 78. 

Panaro  (le),  rivière,  I,  226  ;  II, 
183. 

Pandine  (le  canal  de  la),  II, 
124,  126,  128,  134. 

Panzano  (le  village  de),  I,  341. 

Papignies  (le  village  de),  I,  48. 

Paradiso  (le),  II,  112,  113,  115, 
117-119,  123,  125,  129,  135, 
193  ;  III   122. 

Paris  '(la  ville"  de),  I,  14,  69, 
78,  111,  165,  171,  172,  181, 
188;  II,  228,  229,  233,  236, 
238,  241,243,  247,  286,  289, 
290,  293,  301,  318-323,  326, 
330,  356,  390;  UI,  34,  54, 
156,  207,  212,  277,  280. 

Paris  (les  frères),  I,  188  ;  II, 
229. 

Paris  (le  diacre),  II,  291. 

Parma  (la),  rivière,  I,  218. 

Parme  (Alexandre  Farnèse, 
prince  de),  I,  182. 

Parme  (François  Farnèse,  duc 
de),I,  215,^216,  218,  219. 

Parme  (Elisabeth  Farnèse,  prin- 
cesse de),  I,  216. 

Parme  (la  ville  et  le  duché  de), 

I,  216,  219,  236,  321,  335; 

II,  146. 

Parmeggiana  (la),  I,  253,  266  ; 

II,  184. 
Parmesan  (le  fromage  de),  U, 

111. 
Pas-de-Charles-Quint    (le),    I, 

290. 


DES  MATIERES. 


359 


Pas-de-l'Ane   (le),   près   Suse, 

II,  283,  285. 
Pascal  (M.),  I,  265;  II,  82,  247, 

282. 
Pasteur  (Jacob,  dit),  III,  174, 

175. 
Patay.  Voyez  Patte. 
Pâté  (un),  fortification,  U,  55. 
Patte  (le  général),  II,  151,  181, 

184. 
Paul  (saint),  m,  258. 
Pauvres  de  Lyon  (les),  II,  220. 
Pavie  (la  ville  de),  I,  196,  317; 

II,  88,  188. 
Pavie   (la   chartreuse   de) ,   II, 

188-189. 
Pavie  (la  bataille  de),  I,  186, 

197. 
Pecquencourt    (le   village   de), 

m,  114. 

Pèlerine  (une),  II,  328. 
Pélissan  (M.  de),  III,  139,  141, 

277. 
Pendergrass     ou     Prendergast 

(Thomas),  II,  375. 
Pépin  le  Bref,  I,  66. 
F^erche    (le    régiment   du),    II, 

167. 
Percy  (Edme  de  la  Courcelle, 

seigneur  de),  II,  60. 
Périgord  (lel,  II,  283. 
Périgord    (le   régiment  de),  I, 

181  ;  II,  75. 
Perle  (la),  vaisseau,  II,  277. 
Permangle  (Gabriel  de  Chouly 

de),  n,  362  ;  III,  65-66. 
Péronne  (la  ville  de),  I,  160; 

n,  328,  329  ;  HI,  12,  60. 
Pérouse   (le   bourg  de  la),  II, 

219,  220,  285,  286,  309,  312. 
Perrin   (le   régiment   de),   III, 

178. 
Perrot  de  Saint-Dié    (le  com- 
mandeur), in,  281. 
Petite-Hollande  (le  pays  de  la), 

i,  332;    m,    218,   221,  225, 

235. 
Petite-Hollande  (la  bataille  de 

la),  ou  de  Spire,  I,  332  ;  III, 

221. 
Petites-Loges   (le  village   des), 

m,  216. 


Petit-Saint-Antoine    (l'abbaye 

du),  à  Paris,  I,  175. 
Peysac- dragons    (le    régiment 

de),  I,  95. 
Pezeux  (Clériadus  de  Pra-Ba- 

lesseau,    chevalier   de),    II, 

340  ;  III,  242,  255-257. 
Phaéton,  I,  139. 
Phaéton  (un),  voiture,  I,  219. 
Phalsbourg  (la  ville  de),  I,  151; 

m,  217. 

Phelippes  de  la  Houssaye  (Ni- 
colas-Léon), n,  313. 

Phélypeaux  du  Verger  (Ray- 
mond-Balthazar),  I,  313,  314. 

Philippe  IV  le  Bel,  I,  69. 

Philippe  VI,  roi  de  France, 
m,  53. 

Philippe  II,  roi  d'Espagne,  I, 
36,  67. 

Philippe  V,  roi  d'Espagne.  Louis 
XIV  déclarequ'il  accepte  pour 
lui  la  couronne  d'Espagne,  I, 
122-123;  son  départ,  124-126; 
campagne  de  1702  en  Italie, 
215-218,  224,  225,  232,  235, 
244-246  ;  il  lève  le  siège  de 
Barcelone,  II,  178;  désastres 
de  l'année  1710,  III,  37  ;  vic- 
toire de  Villaviciosa,  56-57  ; 
ses  renonciations,  209;  obli- 
gation qu'il  a  à  Vendôme, 
121  ;  dons  au  prince  de  Sol- 
ferino,  I,  208.  Son  portrait 
physique,  216;  son  adresse, 
217  ;  ses  gardes  du  corps, 
216.  Cité,  I,  127,  221,  365. 

Philippe  (Jean  de),  I,  60-62. 

Philipsbourg  (la  ville  de),  III, 
220,  222,  235. 

Pianezza  (le  bourg  de),  I,  192, 
193;  m,  191-194. 

Pianezza  (Gharles-Emmanuel- 
Philibert  de  Simiane,  mar- 
quis de),  I,  192. 

Picardie  (la),  I,  34,  35,  169; 
m,  54. 

Picardie  (le  régiment  de),  II, 
355,  358,  365,  366  ;  III,  142, 
170,  247,  260. 

Piccolomini  (Octave),  I,  155. 

Picorée  (aller  à  la),  III,  62. 


360 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Picp'us  (les  Pères  de),  I,  10, 11. 

Pics  (la  maison  des),  I,  253. 
Voyez  Mirandole  (la). 

Piémont  (le),  I,  192,  317,  318, 
321,  325,  332,  335,  339,  340, 
345,  366  ;  II,  10,  12,  33,  36, 
55,  94,  102,  108,  110,  123, 
144,  184,  185,  218-220,  223, 
283,  317. 

Piémont  (le  régiment  de).  A  la 
bataille  de  Luzzara,  I,  238  ; 
prise  de  Rosasco,  357  ;  il  est 
chargé  de  la  garde  de  M.  de 
Vaubonne,  prisonnier,  II,  6  ; 
au  siège  de  Verceil,  17,  21  ; 
au  siège  de  Verue,  75;  cam- 
pagne de  1709,  334;  en  gar- 
nison à  Douay,  III,  10;  siège 
de  Marchiennes,  160  ;  siège 
de  Douay,  170,  171  ;  siège  du 
Quesnoy,  193;  siège  de  Fri- 
bourg,  246.  Cité,  I,  213;  II, 
57,  66,  344,  372,  378;  III, 
139,  192. 

Piémont-royal  (le  régiment  de), 
en  Savoie,  II,  35. 

Piémontais  (les),  II,  247. 

Pierre  (saint),  I,  154;  II,  235. 

Piershill  (M.),  II,  375. 

Pieumel  (la  ferme  de),  I,  92. 

Pieve  (le  village  de),  298,  299. 

Pignerol  (la  ville  de),  II,  194, 
211,  213-219,  227,  238,  312. 

Pilon  (le  pont  du),  près  Turin, 

II,  206. 

Pina  (le  chevalier  de).  Blessé  à 
Turin,  II,  196,  205,  208; 
pansage  de  sa  blessure,  221  ; 
son  frère  l'abbé,  229  ;  à  Gre- 
noble, 298-299  ;  aventure  ga- 
lante, III,  213-214  ;  il  est  tué 
au  siège  de  Pribourg  ;  ses 
obsèques,  257-258  ;  ami  du 
chevalier  de  Quincy,  II,  214- 
215,  220. 

Pina  (Claude,  abbé  de),  II,  229; 

III,  258. 

Pincé    (le   chevalier   de) ,    III, 

256. 
Pio  (François,  prince),  II,  26, 

76. 
Piosin  (le  chevalier  de),  I,  295. 


Piovera  (le  village  de),  I,  350. 

Piovere  (le  village  de),  I,  294. 

Piquer  une  table,  II,  385. 

Piques  de  l'infanterie  (les),  I, 
199. 

Piquet  (le  jeu  de),  II,  311. 

Pisani  (Alvise),  I,  120. 

Pizzighettone  (la  ville  de),  I, 
197  ;  II,  104,  140. 

Pizziguardi  (M.),  II,  273. 

Place  (une),  indemnité  d'étape, 
II,  229. 

Plaisance  (la  ville  de),  II,  89. 

Plaisantin  (le),  I,  321,  335;  II, 
104,  146. 

Plancus  (Munatius),  I,  289. 

Plancy  (Henri  de  Guénegaud, 
marquis  de),  I,  131. 

Plancy  (la  terre  de),  I,  131. 

Plessis  (Pierre  Sevin,  sieur  du). 
Son  enfance,  I,  6-8  ;  malade, 
15;  aux  cadets  de  Sarrelouis, 
15-16;  capitaine  dans  Dau- 
phin-infanterie, 28,  37  ;  visite 
de  son  frère  le  chevalier,  38  ; 
à  la  conférence  de  Boufflers 
et  de  Portland,  50  ;  com- 
mande à  Sainte-Marie-Eleu- 
vensien,  64  ;  aventure  en  sor- 
tant de  la  Comédie,  121-122  ; 
il  manque  d'être  assassiné 
avec  son  frère,  174-175;  à  la 
bataille  d'Hochstedt,  II,  32, 
38  ;  quitte  le  service  et  se 
marie,  236-237  ;  aventure  ga- 
lante à  "Versailles,  239-241; 
vit  dans  ses  terres,  320  ;  il 
apprend  à  ses  frères  la  mort 
du  duc  et  de  la  duchesse  de 
Bourgogne,  III,  102-103;  pa- 
renté de  sa  femme  avec  les 
Bourlamaque,  280  ;  le  com- 
mandeur de  Bandeville  le 
déshérite,  281.  Cité,  I,  181. 

Plessis  (Marie- Françoise  de 
Margeret,  dame  du),'  II,  237, 
320  ;  m,  280. 

Plessis-Bellière  (Jean-Gilles  de 
Rougé,  marquis  du),  II,  132, 

Pline  l'Ancien,  II,  111. 

Plutarque,  II,  135. 

Pô  (le),  I,  191,  194,  195,  197, 


DES  MATIERES. 


361 


198,  209,  210,  216,  218,  219, 
232,  234,  242,  244,  247,  251, 
255,  278,  289,  316,  321,  325, 
332,  337,  348,  350,  351,  361; 
II,  1,  2,  4,  8,  10,  11,  36,  48, 
53,  55,  56,  58,  59,  63,  68,  70, 
74,75,  77,81-83,88,89,101, 
104,  110,  146,  181,  182,  185, 
188-190,  205,  206,  208-212, 
223,  226,  247,  312. 

Pogne  (le  lieutenant),  II,  66. 

Point-du-Jour  (le),  II,  241. 

Pointis  (M.),  II,  66. 

Poix  (le  village  de),  III,  163. 

Poitou  (le  régiment  de),  III, 
173,  234,  259,  277. 

Polesella  (le  village  de),  II,  181. 

Polésine  de  Rovigo  (la),  I,  277. 

Poligny  (M.  de),  I,  305-308. 

Pologne  (la),  I,  56,  57. 

Pomereu  (Alexandre -Jacques 
de),  m,  9. 

Pommerœul  (le  village  de),  III, 
188. 

Pompée,  II,  215. 

Ponciano  (le  village  de),  I,  288. 

Ponnat  (la  présidente  de).  II, 
299. 

Pont-à-Marcq  (le  bourg  de),  II, 
335  ;  m,  64,  66. 

Pont-à-Mousson  (la  ville  de),  I, 
120,  153;  III,  118,  279. 

Pont-à-Rache  (le  village  de), 
m,  166,  167. 

Pont-à-Sault  (le  hameau  de), 
II,  335. 

Pont-aux-Dames  (l'abbaye  du), 

I,  5. 

Pontcallec  (Clément  de  Guerde 

Malestroit,    marquis    de),   I, 

29. 
Pontcatron  (M.  de),  II,  19. 
Pontchartrain    (Jérôme,  comte 

de),  II,  278. 
Pont-du-Château  (le  régiment 

de),  II,  246. 
Ponievico  (le  bourg  de),  II,  101. 
Ponthieu  (le),  III,  53. 
Ponthieu  (le  régiment  de),  II, 

311. 
Ponti-sul-Mincio  (le  village  de), 

II,  152,  174. 


Pontoise  (la  ville  de),  II,  327. 
Pont-Sainte-Maxence  (le  bourg 

de),  II,  327. 
Ponza-del-Molino    (le    village 

de),  I,  289. 
Porte  Ottomane  (la),  III,  119. 
Portland    (Jean-Guillaume    de 

Bentinck,  comte  de),  I,  49, 

52-55,  60,  71. 
Portocarrero  (Hernandez),  III, 

54. 
Portugal  (le  roi  de),  III,  209. 
Potier  (M.),  III,  282. 
Potier  (Madeleine  de  Sève,  da- 
me), puis  comtesse  de  Quin- 

cy,  III,  207-209.  Vo>ez  Quin- 

cy  (la  comtesse  de). 
Pourrières  (le  chevalier  de),  II, 

132. 
Povegliano   (le  village  de),  ou 

Ponciano,  I,  288. 
Pozzolengo  (le  village  de),  II, 

152. 
Prabione  (le  village  de),  I,  290. 
Pracomtal    (Armand,   marquis 

de),  I,  81. 
Pradella  (le  village  de),  II,  182. 
Pradelle  (la  porte),  à  Mantoue, 

I,  204,  207,  248. 

Pragelas  (la  vallée  de),  II,  221, 
248,  284,  285,  301,  308,  313, 
314. 

Pralboino  (le  village  de),  I,  200; 

II,  147. 

Pràlon    (Charles    de   Boyveau, 

seigneur  de),  I,  264. 
Praslin    (Gaston-Jean-Baptiste 

de  Ghoiseul  d'Hostel,  marquis 

de),  I,  287;  II,  131. 
Préchac  (M.  de),  U,  57. 
Préla  (M.  de),  H,  12,  26. 
Premier  (Monsieur  le).  Voyez 

Beringhen. 
Prémont  (M.  del,  I,  224;  III,  91. 
Prendergast.    Voyez    Pender- 

grass. 
Préseau  (le  village  de),  III,  186, 

199. 
Pressigny  (le  bourg  de),  I,  132. 
Preux-aux-Bois  (le  village  de), 

III,  133. 


362 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Prince  électoral  de  Bavière  (le 

réf^iment),  III,  178. 
Prosper  (sainti,  I,  231. 
Prouvy  (le  village  de),  III,  133, 

151. 
Provence     (  Raymond  -  Béren- 

ger  V,  comte  de),  II,  248. 
Provence  (la),  I,  190  ;  II,  247- 

251,  259,  262,  279,  280,  293, 

321  ;  III,  165. 
Provence  (le  régiment  de),  III, 

40. 
Provins  (la  ville  de),  I,  128. 
Puiset  (Hugues  du),  I,  181-182. 
Pumenengo  (le  village  de),  II, 

145. 
Puianges  (Thérèse-Hardouin  de 

Morel,  marquis  de),  II,  219. 
Puy-de-la-Riva  (le  village  du), 

II,  312. 
Puyguyon  (François  de  Granges 

de  Surgères,  marquis  de),  II, 

343,  362. 
Puyredon  (M.  de),  II,  381. 
Puységur  (Jacques-François  de 

Chastenet,  marquis  de),  II, 

361  ;  m,  176. 
Puy-Vauban  (Antoine  Le  Pres- 

tre,  seigneur  du),  III,  27,  38. 
Pyrénées  (la  paix  des),  I,  155, 

168;  II,  388;  III,  135. 


Q 


Quadt  (Guillaume-Henri  de), 
m,  223,  229. 

Quakers  (les),  II,  291. 

Quargara  (le  village  de),  I,  289. 

Quaiorze-Naviles  (le  poste  des), 
II,  109,  110. 

Quattordio  (le  village  de),  I, 
325,  326. 

Queiras  (la  vallée  et  le  château 
de),  II,  247,  248,282,  301. 

Queisch  (la),  rivière,  III,  221, 
224. 

Quercy(le  régiment  de),  I,  223. 

Quesnellisrae  (le),  II,  282. 

Quesnoy  (la  ville  du).  Descrip- 
tion, I,  36-37  ;  l'armée  fran- 
çaise s'y  retire  après  Malpla- 
quet,  II,  373  ;  stratagème  du 


chevalier  de  Quincy  pour  y 
entrer,  383  ;  siège  de  la  ville 
par  les  Impériaux,  III,  117- 
120;  sa  capitulation,  127-129  ; 
Villars  l'assiège  et  s'en  em- 
pare, 163,  183-197.  Citée,  I, 
39;  II,  172,  368,  384-386; 
m,  94,  95,  '105,  133,  139, 
140    199   201. 

Quichotte '(don),  II,  290;  III, 
217,  218. 

Quiers  ou  Chieri  (la  ville  de),  I, 
328;  II,  187. 

Quiévrain  (le  bourg  de),  II, 
348-350;  m,  186,  199. 

Quincy  (Augustin  Sevin,  sei- 
gneur de),  I,  3-8,  30. 

Quincy  (Augustin  Sevin,  che- 
valier de),  frère  du  précédent, 
I,  3,  4. 

Quincy  (Augustin  Sevin  de), 
fils,  I,  26. 

Quincy  (Thierry  Sevin,  prési- 
dent de),  I,  4,  6-8,  26,  30,  31; 
m,  180,  181. 

Quincy  (Charles  Sevin,  mar- 
quis de).  Officier  des  mous- 
quetaires, légataire  universel 
de  son  oncle,  I,  26  ;  il  fait 
entrer  son  frère  le  chevalier 
aux  mousquetaires,  28;  il 
refuse  de  lui  prêter  de  l'ar- 
gent, 31  ;  il  est  grand  bailli 
d'épée  de  Meaux,  69;  il  fait 
entrer  son  frère  au  régiment 
de  Bourgogne,  171-173;  dis- 
cours qu'il  lui  adresse  sur  la 
cour,  177-179  ;  il  le  blâme  de 
n'être  pas  resté  aux  mous- 
quetaires, 179-180;  il  est 
blessé  à  Hochstedt,  II,  38  ;  il 
néglige  de  demander  un  régi- 
ment pour  son  frère,  236  ;  il 
le  présente  au  ministre  Gha- 
millart,  238  ;  au  bal  chez 
M"«  Chamillart,  il  danse 
avec  la  duchesse  de  Bour- 
gogne ;  aventure  nocturne, 
239-241  ;  il  recommande  son 
frère  au  maréchal  de  Villars, 
296;  ami  de  Fénelon,  III, 
62-63  ;    il  vend    sa   terre   de 


DES  MATIERES. 


363 


Quincy  ;  sa  mauvaise  ges- 
tion, 180-181,  207;  il  revient 
habiter  Paris,  207-208;  sa 
maison  du  Marais,  280;  son 
Histoire  militaire  de  Louis  XI V, 
I,  50;  II,  15-16,  73,  255;  le 
chevalier  lui  fournit  des  rela- 
tions, I,  50;  II,  73,  255. 
Cité,  1,118, 166;  11,287,288, 
320. 
Quincy  (Joseph  Sevin,  cheva- 
lier, puis  comte  de).  Sa  nais- 
sance, sa  famille,  I,  3-6  ;  il 
est  placé  dans  une  auberge, 
6-8  ;  en  pension  à  Paris, 
anecdotes  diverses,  8-27  ;  ad- 
mis aux  mousquetaires,  28- 
30  ;  obtient  de  faire  campa- 
gne; son  équipement,  30-32. 

1697.  Départ  de  Paris;  Cré- 
py,  Coucy,  la  Fère,  I,  33-35; 
il  perd  sa  bourse,  35-36;  le 
Quesnoy;  promenade  à  Mons 
et  a  Jeumont,  36-38;  marche 
de  nuit,  39-40  ;  aventure  à  la 
tranchée  d'Ath  avec  le  maré- 
chal de  Gatinat,  45-47;  il 
assiste  aux  conférences  entre 
Boufflers  et  Marlborough  ;  il 
fait  connaissance  avec  un 
Anglais,  50-55;  il  est  envoyé 
en  détachement,  61-62;  sé- 
jour à  Alost,  64;  retour  par 
Mons,  Gambray  et  Saint- 
Quentin,  65-67. 

1698.  Il  assiste  à  l'arresta- 
tion de  M.  de  Boissimelle,  I, 
71-72;  séjour  à  Ghantilly, 
82-86  ;  camp  de  Gompiègne, 
88  et  suivantes;  la  duchesse 
de  Bourgogne  lui  adresse  la 
parole,  98  ;  séjour  à  Nemours, 
100-102;  retour  à  Paris,  110- 
111. 

1699.  Querelle  entre  les 
mousquetaires  et  le  guet,  I, 
112-114;  il  assiste  à  l'exécu- 
tion de  M°>e  Ticquet,  115-117  ; 
séjour  à  Nemours,  118-119. 

1700.  Aventure  à  la  Gomé- 
die,  I,  121-122;  il  assiste  au 
départ  du  duc  d'Anjou  pour 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite. 
l'Espagne,  124-126;  départ 
pour  l'armée;  il  passe  par 
Rozoy,  Troyes  et  Vendœu  vre, 
127-131  ;  séjour  à  Langres  et 
à  Vesoul  ;  premier  amour 
malheureux,  132-140;  pas- 
sage à  Belfort,  Colmar,  141- 
142  ;  voyage  à  Strasbourg  en 
bateau  et  rêve  singulier,  143- 
150;  visite  à  Luxembourg, 
156-158;  à  Liège,  159;  aven- 
ture à  Marche-en-Famine, 
165-166;  il  est  nommé  en- 
seigne au  régiment  de  Bour- 
gogne, 172-173. 

1702.11manqued'êtreassas- 
siné,  I,  174-175;  départ  pour 
l'Italie,  177-179;  son  voyage, 
181-192  ;  bon  conseil  d'un 
Italien,  193;  Turin  et  la  Vé- 
nerie, 194;  Pavie,  Grémone, 
196-198;  il  marche  avec  le 
campement,  201  ;  affaire  avec 
M.  d'Esgrigny,  205-207;  four- 
rage, 210;  surprise  des  enne- 
mis, 212  ;  il  voit  le  roi  d'Es- 
pagne, 216;  malade  de  la 
fièvre  à  Reggio  ;  il  fait  con- 
naissance avec  une  com- 
tesse, 219,  227-231;  il  re- 
joint l'armée,  231-232  ;  il  as- 
siste à  la  bataille  de  Luzzara, 
232  et  suivantes  ;  on  lui  an- 
nonce à  tort  qu'il  est  nommé 
capitaine,  249-250,  257-258; 
famine  passagère,  252-253; 
quartiers  d'hiver  à  Gasti- 
glione,  256-257;  bal  à  Gar- 
penedolo,  258-259;  il  est 
nommé  capitaine,  262,  272; 
siège  de  Governolo,  263,  265; 
visites  à  la  comtesse  à  Reg- 
gio, 267-271  ;  aventure  avec 
des  housards  et  brùlement 
d'une  cassine,  273-276. 

1703.  Marche  à  Zelo,  I, 
279;  il  prend  part  à  l'expédi- 
tion du  Trentin,  291  et  sui- 
vantes; visite  à  Salo,  292- 
293  ;  pillage  d'Oleano,  qu'il 
évite  à   son    hôte,   295-296; 


364 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite, 
réparation  d'un  chemin,  298; 
siège  d'Arco;  il  empêche  le 
pillage  de  la  ville,  301-303; 
combat  de  la  montagne  Saint- 
Jean,  305-308  ;  fin  de  la  cam- 
pagne du  Trentin,  309-312; 
il  sauve  un  village  de  l'mcen- 
die,  314-315;  aventure  galante 
à  Desenzano,  315  ;  promenade 
à  Casai,  320-321  ;  il  perd  quatre 
chevaux,  327  ;  quartier  d'hi- 
ver à  Chiusano,  333-335;  mar- 
che en  Piémont;  affaire  avec 
un  capitaine  de  carabiniers, 
336-338  ;  expéditions  diver- 
ses, 349-353  ;  aventure  ga- 
lante à  Vespolate,  351-352; 
le  curé  de  Garpignano,  353- 
354  ;  difficulté  avec  un  capi- 
taine de  cavalerie,  355-356; 
délivre  une  dame  savoyarde, 
359-360. 

1704.  Affaire  de  M.  de  Bel- 
lecourt,  II,  2-4;  camp  de 
Trin,  8  ;  camps  de  Desana  et 
de  Montanaro,  11;  siège  de 
Verceil,  13-26  ;  blessé  à  la  mâ- 
choire, 14;  il  est  de  tranchée, 
15,  19,  20;  il  assiste  à  un 
colloque  entre  Vendôme  et 
un  grenadier,  16-17;  dîner  à 
la  tranchée,  17,  20-21  ;  tom- 
be malade  de  la  fièvre,  30; 
la  nièce  de  l'archiprétre,  30- 
31,  51  ;  combat  de  Santhià, 
34-35  ;  rechute  de  la  fièvre, 
37-38;  siège  d'Ivrée,  38-48; 
combat  contre  des  talpaches, 
40-41  ;  aventure  avec  un  vo- 
leur, qui  lui  dérobe  sa  malle, 
45-47;  un  camarade  lui  pro- 
pose de  former  un  régiment 
de  déserteurs,  50-51  ;  séjour 
à  Verceil,  52  ;  il  fait  conser- 
ver le  rang  d'ancienneté  du 
chevalier  des  Brosses,  53  ;  il 
est  détaché  au  château  de 
Gabiano,  53  ;  siège  de  Verue, 
54-86  ;  son  opinion  sur  le 
siège,  54  ;  il  est  de  tranchée, 
61,  68-69,  80-81  ;  souffrances 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite, 
qu'il  endure  au  siège,  61,  62, 
69  ;  manque  d'être  tué  par 
une  bombe,  69-70  ;  assiste  à 
la  prise  de  la  communication 
de  Grescentin,  76-77  ;  dîner 
tragique  à  la  tranchée,  81-82  ; 
se  fait  soigner  par  le  chirur- 
gien de  Vendôme,  84. 

1705.  Séjour  à  Novare  ;  dé- 
part en  campagne,  II,  88; 
malade  de  la  fièvre,  88  ;  arri- 
vée à  Mantoue,  89  ;  combat 
de  Monzambano,  90-92;  camp 
de  Moscolino,  94  ;  expédition 
avec  les  housards,  97-99; 
aventure  de  son  valet,  100- 
101  ;  marche  le  long  de  l'O- 
glio,  101-102;  visite  de  Mi- 
lan, 105  ;  salut  à  des  pendus, 
106;  logement  à  Gassano, 
107;  camps  de  la  Canonica 
et  du  Paradiso,  112-113  ;  com- 
bat de  Gassano,  117-132;  il 
annonce  à  Vendôme  l'arrivée 
de  son  régiment,  120-121  ;  il 
passe  la  nuit  sur  un  cadavre, 
132;  il  sauve  un  officier  bles- 
sé, 133;  il  demande  un  régi- 
ment, 138-139  ;  il  malmène 
un  officier  irlandais,  141; 
combat  de  Montodine,  141- 
142;  prise  de  Soncino,  144- 
145;  logement  à  Verola-Nuo- 
va,  147  ;  pillage  de  Gasalmoro, 
148;  visite  aux  religieuses 
de  Solferino,  149  ;  quartier 
d'hiver  à  Mantoue;  le  comte 
de  ***  et  sa  femme,  153-156  ; 
sot  compliment  que  lui  fait 
M.  de  Mursay,  157;  concerts 
chez  le  duc  de  Mantoue,  158. 

1706.  Départ  de  Mantoue, 
II,  162-163  ;  bataille  de  Galci- 
nato,  163-169  ;  souper  chez 
le  duc  de  Vendôme,  169-172; 
marche  de  nuit  vers  le  poste 
de  la  Ferrare,  174-177  ;  séjour 
à  Gavaione,  179-180  ;  visite  à 
Mantoue,  182;  il  est  envoyé 
en  détachement,  185;  compli- 
ments du  chevalier  de  Luxem- 


DES  MATIERES. 


365 


)uincy  (le  chevalier  de  (suite), 
bourg,  185-186;  visite  à  la 
chartreuse  de  Pavie,  188-189; 
arrivée  à  Turin  ;  il  monte  la 
tranchée,  190-191;  bataille 
de  Turin,  196-207;  il  est 
blessé,  202-205  ;  retraite  vers 
les  Alpes,  208-213;  arrivée  à 
Pignerol  ;  leçon  donnée  à  une 
dame  de  Turin,  214-216; 
M.  de  Dreux  lui  refuse  un 
prêt  d'argent,  216;  départ  de 
Pignerol,  219;  Feneslrelle, 
Césanne,  Briançon,  219-221  ; 
anecdotes  sur  la  prétendue 
trahison  de  la  duchesse  de 
Bourgogne,  224-227;  tombe 
malade,  227;  rencontre  avec 
Mii«  de  Séry,  229-230  ;  voyage 
de  retour,  228-236  ;  présenta- 
tion au  ministre  Ghamillart, 
238  ;  aventure  dans  une  au- 
berge de  Versailles,  239-241. 

1707.  Départ  de  Paris; 
aventure  à  Gosne,  II,  243- 
246  ;  arrivée  en  Dauphiné, 
247;  marche  forcée  en  Pro- 
vence, 248-251;  préparatifs 
de  la  défense  de  Toulon,  255- 
262;  commencement  du  siège, 
263-264  ;  promenade  en  rade, 
264-265;  surprise  du  poste  de 
Sainte -Catherine,  265-266; 
suite  du  siège,  267  ;  sortie  de 
la  garnison,  268-274;  épisodes 
du  bombardement,  276  ;  re- 
tour en  Dauphiné,  279-284; 
fin  de  la  campagne,  et  retour 
à  Paris,  où  il  ne  peut  avoir 
un  régiment,  286-290. 

1708.  Départ  pour  l'armée, 
II,  293  ;  désertion  de  ses  sol- 
dats, 294;  recommandé  au 
maréchal  de  "Villars,  296; 
marche  vers  la  Savoie,  296- 
297  ;  il  rend  service  à  M.  Gau- 
dion,  297-298;  visite  à  la 
présidente  de  Ponnat,  299  ; 
le  capitaine  galérien,  300- 
301  ;  il  commande  le  régi- 
ment par  hasard,  302  ;  ascen- 
sion du  mont  Gahbier,  303- 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite. 
304  ;  gasconnade  du  maréchal 
de  Villars,  310;  va  occuper 
le  col  de  l'Assiette,  313;  ex- 
pédition sur  une  montagne 
escarpée,  314-316;  fait  con- 
naissance avec  Mlle  ^g  ***, 
317-318;  départ  du  Dauphiné, 
agréable  voyage,  318-319  ;  sé- 
jour à  Quincy,  320;  discus- 
sion avec  un  usurier,  321  ; 
plaisirs  de  l'hiver,  322-323  ; 
recrues  pour  sa  compagnie, 
325. 

1709.  Départ  de  Paris; 
voyage  avec  deux  dames  de 
Bruxelles,  n,  326-330;  arri- 
vée à  l'armée,  331  ;  revue  du 
maréchal  de  Villars,  334  ;  il 
demande  à  servir  comme  vo- 
lontaire, 339  ;  visite  à  Mar- 
chiennes,  341  ;  visite  au  che- 
valier de  Saint-Georges,  343- 
344  ;  rencontre  avec  le  maré- 
chal de  Boufflers,  349  ;  bataille 
de  Malplaquet,  351-382;  ré- 
flexion sur  la  bataille,  354; 
anecdotes  diverses,  336-337  ; 
préparatifs  du  combat,  360  ; 
éloge  du  marquis  de  Vieux- 
pont,  364-365;  le  chevalier 
arrête  un  fuyard,  366-367  ;  le 
maréchal  de  Boufflers  le  com- 
plimente sur  son  régiment, 
370-371  ;  il  manque  d'être 
tué,  372;  conseil  donné  à  un 
de  ses  amis,  382;  arrivée  au 
Quesnoy,  382  ;  dîner  chez  le 
maréchal  de  Boufflers,  385  ; 
il  voit  le  maréchal  de  Ber- 
wick,  388;  retour  à  Quincy, 
389  ;  recrues  qu'il  fait  pour  sa 
compagnie,  390. 

1710.  Départ  pour  l'armée, 
III,  2  ;  arrivée  à  Valencien- 
nes,  4  ;  assiste  à  une  messe, 
à  un  sermon  et  à  des  fêtes  de 
l'électeur  de  Cologne,  5-9; 
détaché  au  Gatelet,  12  ;  ré- 
ponse que  lui  font  des  déser- 
teurs à  propos  de  la  défection 
du  cardinal  de  Bouillon,  13; 


366 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite, 
essai  infructueux  pour  se  con- 
fesser la  veille  d'une  attaque, 
ib;  cantonnements  divers, 
18,  21  ;  farce  qu'il  fait  à  des 
camarades ,  22  ;  visite  de 
M.  d'Ormesson  du  Cheray, 
23  ;  campement  à  Oisy,  24  ; 
en  grand'garde,  28-29  ;  chasse 
au  lièvre,  et  rencontre  avec  des 
officiers  ennemis,  33-34  ;  ex- 
pédition avec  le  comte  de 
Broglie,  35-36  ;  il  assiste  aux 
reproches  faits  par  Yillars  à 
M.  d'Heudicourt,  45-48  ;  ob- 
tient la  grâce  d'un  caporal  con- 
damné à  mort,  48-49  ;  départ 
de  l'armée  et  retour  à  Quincy, 
52-55;  discussion  avec  un 
caissier  de  la  guerre,  55-56. 

1711.  Départ  pour  l'armée, 
III,  59;  séjour  à  Péronne  et 
à  Bapaume,  60-62;  il  man- 
que de  se  noyer,  62  ;  visite  à 
Fénelon,  62-63;  campagne 
sans  incident,  64  et  suivantes  ; 
réunion  chez  le  duc  de  la 
Trémoïlle,  89  ;  attaque  d'Hor- 
dain,  94-96;  conversation 
avec  le  marquis  de  Mézières, 
97-98  ;  retour  à  Quincy,  102. 

1712.  Départ  pour  l'armée; 
M™*  Benoist,  hôtelière  à 
Meaux,  III,  1 1 0-1 1 1  ;  séjour  à 
Arras,  112;  campement  sur 
le  Crinchon,  114;  en  grand'- 
garde, 119;  il  essuie  un  ter- 
rible orage,  123;  il  prévoit  le 
combat  de  Denain,  132  ;  mar- 
che sur  Denain,  136-146;  il 
demande  la  raison  de  cette 
marche,  139-141  ;  son  cha- 
grin lorsqu'il  croit  à  la  re- 
traite, 141  ;  il  assiste  de  loin 
à  la  bataille  de  Denain,  150; 
il  fait  prisonnier  le  comte  de 
la  Lippe,  151-152;  il  est  de 
piquet  le  soir  de  Denain, 
157  ;  l'aide-major  général  de 
l'armée  le  trompe  sur  la  prise 
de  Marchiennes,  157-158;  au 
siège  de  Marchiennes,  159- 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite. 
161  ;  en  garnison  dans  cette 
ville,  il  est  employé  à  recher- 
cher un  trésor,  164-165;  au 
siège  de  Douay,  165-178;  il 
monte  la  tranchée  devant 
Douay,  171  ;  il  travaille  aux 
parallèles,  173;  stratagème 
pour  conserve^  son  logement, 
177-178;  rendez-vous  galant, 
179  ;  il  campe  sur  le  champ 
de  bataille  de  Denain,  180; 
malade,  il  va  à  Valenciennes, 
180-182;  suite  de  sa  maladie, 
et  sa  guérison,  185-186  ;  siège 
du  Quesnoy,  186-192. 

1713.  Départ  de  Paris;  arri- 
vée à  Rocroy,  III,  211-213; 
remontrances  à  son  ami  Pina, 
213-214;  voyages  à  Charle- 
ville  et  à  Châions,  214-217; 
accident  de  cheval,  217-218; 
séjour  à  Strasbourg,  218-219; 
il  se  rend  à  Spire,  220-222  ; 
il  est  cantonné  à  la  Petite- 
Hollande  et  à  Frankenthal 
pendant  le  siège  de  Landau, 
225-229  ;  il  repousse  une  trou- 
pe de  hussards,  229-230; 
excursion  à  Worms,  231-232; 
à  l'arrière-garde  de  l'armée 
dans  la  marche  de  Landau  à 
Fribourg,  235-239;  siège  de 
Fribourg,  242-275;  conseil 
qu'il  donne  au  chevalier  d'As- 
feld,  250-251  ;  à  la  tranchée, 
252-253,  265,  272-273;  il 
manque  d'être  brûlé  vif,  254- 
255;  repartie  qu'il  fait  à  un 
colonel  de  dragons,  265  ;  il 
est  blessé  au  bras,  273  ;  retour 
à  Paris,  277-280;  il  quitte  le 
service  parce  que  le  Régent 
ne  lui  donne  pas  de  régiment, 
211. 

Sa  famille  :  père,  mère, 
frères,  sœurs  et  belles-sœurs, 
I,  3-5.  Voyez  Quincy  (Augus- 
tin Sevin,  seigneur  de),  Quin- 
cy (Marguerite  de  Glapion, 
dame  de),  "Quincy  (le  mar- 
quis et  la  marquise  de),  Pies- 


DES  MATIÈRES. 


367 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite, 
sis  (M.  et  Mine  du),  Marti- 
nière  (M.  de  la). 

Sa  première  femme,  I,  2  ; 
sa  seconde  femme,  67  ;  III, 
26,  74,  124  ;  ses  idées  sur  la 
vie  conjugale,  I,  171. 

Ses  parents  :  les  Bande- 
ville,  I,  51-52  (voyez  Bande- 
ville);  les  Ghamillart,  126, 
173,252;  II,  50,  228;  les  Ca- 
tinat,  I,  46  ;  les  Frezeau  de  la 
Frezelière,  II,  338  ;  le  comte 
deMuret,306;  M.  d'Ormesson, 
II,  389;  m,  23,  103;  son 
cousin  Villermont,  I,  38  ;  son 
parent  Potier,  III,  282. 

Ses  amis  et  camarades  : 
d'Albaret,  I,  130;  Boisduval, 
II,  229,  318,  383;  III,  52; 
Boscon,  I,  59  ;  de  Bourla- 
maque,  III,  277-278,280;  de 
Braque,  211  ;  le  chevalier  des 
Brosses,  II,  52;  III,  202-203; 
la  Bussière,  I,  37,  252,  339; 

II,  243,  265,  293,  300,  326, 
384;  III,  52,  140;  Choart,  I, 
252-253;  le  baron  de  Ciran, 
112;  Gostebelle,  II,  264-265; 
le  baron  Damnitz,  III,  274; 
Dejean,  I,  130;  d'Esgri- 
gny,  I,  205,  219,  247,  252, 
352;  Fenestre,  III,  255; 
Galibert,   I,    131;   de  Gaut, 

III,  2;  le  chevalier  de  Gué- 
naud,  I,  37;  le  chevalier  de 
Kervasy ,  97  ;  Lescalopier, 
III,  215;  le  chevalier  Marest, 
I,  252;  le  comte  des  Marets, 
92;  lé  comte  de  Moret,  II, 
27-28;  le  chevalier  de  Mo- 
yenneville,  II,  84;  III,  53; 
M.  de  Pina,  II,  205,  214, 
229,  298;  III,  213,  257- 
258;  le  chevalier  de  Pincé, 
III,  256  ;  de  Rougemont,  II, 
318;  les  frères  Solari,  I,  130, 
245,  345;  II,  15,  27,  28;  le 
chevalier  de  Tirmois,  I,  59; 
Turenne,  II,  50;  le  cheva- 
Uer  de  Vervant,  I,  217;  la 
Volvenne,  II,  208,  214,  215, 


Quincy  (le  chevalier  de),  suite. 
220;  lord  Wesparton,  I,  54- 
55,  71. 

Relations  avec  le  maréchal 
de  Viliars,  III,  45,  112;  avec 
le  marquis  d'Havrincourt, 
125-127;  avec  le  chevalier 
des  Touches,  4;  avec  la  mar- 
quise de  Rouvroy,  156. 

Son  goût  pour  le  métier 
militaire,  I,  3,  28,  45;  III, 
45,  211  ;  sa  ponctualité  dans 
le  service,  II,  182;  il  suit 
en  volontaire  les  officiers 
généraux  pour  s'instruire, 
III,  45,  68,  90;  il  a  assisté  à 
six  batailles  et  à  dix-neuf 
sièges,  II,  72;  III,  189;  son 
enthousiasme  pour  les  spec- 
tacles militaires,  137;  sa  ma- 
nière de  faire  ses  recrues, 
102;  relations  qu'il  fait  de  ses 
campagnes,  I,  2;  renseigne- 
ments qu'il  fournit  à  son 
frère  le  marquis  et  reproches 
qu'il  lui  fait  à  ce  sujet,  II, 
15-16,  73,  255;  son  estime  et 
son  admiration  pour  Ven- 
dôme, 16-17,  88,  152;  m,  57, 
104,  120-122;  anecdote  qui 
lui  est  racontée  sur  le  maré- 
chal de  Luxembourg,  I,  41- 
42;  autre  sur  le  maréchal 
Catinat,  III,  106-107. 

Repas  et  parties  en  campa- 
gne, 1, 165-166,  206,  219,  276, 
353-354;  II,  17,  20-21,  52, 
81-83,  246-247,  250;  III,  54, 
94,  123,  215,  216,  231,  236; 
aventures  galantes,  I,  134- 
136,  193,  229-231,  259,  266- 
271,  315,  320-321,  333,  351- 
352;  II,  31,  107,  154-158, 
214-215,  229-230,  317,  319, 
322-323,  326-329,  351;  III, 
179. 

Son  amour  de  la  lecture, 
III,  8,  89,  90  ;  son  goût  pour 
la  musique,  sa  basse-de- 
viole,  I,  119,  130,  159,  295; 
II,  28,  317,  318;  m,  90,  123, 
178;   sa   chienne,    111,    112, 


368 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


150-151,  212;  cause  de  son 

dégoût  pour   le   fromage  de 

Hollande,  162. 
Quincyf  Antoinette  Le  Rebourg, 

dame  Sevin  de),  III,  180. 
Quincy  (Marguerite  Le  Fèvre  de 

la  Barre,  dame  Sevin  de),  I, 

69;  II,  389. 
Quincy    (Marguerite-Françoise 

de  Glapion,  dame  de),  I,  4, 

5,7. 
Quincy  (Geneviève  Pecquot  de 

Saint- Maurice,  marquise  de), 

I,  69,  171;  II,  236,  239-241; 
m,  111,  181,  207,  212. 

Quincy  (Madeleine  de  Sève, 
comtesse  de),  I,  2;  II,  330; 
m,  287-289. 

Quincy  (Marie -Madeleine -Eu- 
génie de  Tournay  d'Assignies 
d'Oisv,  comtesse  de),  I,  67; 
III,  26,  74,  124,  166. 

Quincy  (  Marguerite  Médon, 
dame  Sevin  de),  I,  26. 

Quincy  (la  terre  de),  près 
Meaux.  Le  chevalier  de  Quin- 
cy y  passe  les  hivers,  I,  171; 

II,  236,  319,  320,  389;  111,2, 
55-56,59,  102,202,  207,208; 
le  marquis  de  Quincy  la 
vend,  180-181;  le  chevalier 
y  fait  ses  recrues,  II,  390.  Ci- 
tée, I,  68;  II,  237;  III,  105, 
110,  278. 


R 


Rache  (  Philippe  -  Ignace  de 
Berghes-Saint-Winocq,  prin- 
ce de),  III,  166. 

Raffetot  (Antoine- Alexandre  de 
Canouville,  marquis  de),  II, 
256. 

Ragotin  (l'acteur),  I,  282;  II, 
245,  246. 

Ragoûtant,  II,  237. 

Raimbeaucourt  (le  village  de), 
III,  167,  174. 

Ramassana  (le  village  de),  II,  7. 

Ramasser  (se  faire),  II,  221. 

Ramillies  (la  bataille  de),  II, 
178,  354,  384. 


Ranzo  (le  village  de),   I,  309, 

310. 
Rappeler,  battre  le  rappel,  I, 

84. 
Rasilly  (Michel-Gabriel  de),  II, 

66;  m,  311. 
Rassal  (M.  de),  I,  284. 
Rastadt   (le   château    de),   III, 

277,  281,  282. 
Rastadt  (la  paix  de),  III,  278, 

282. 
Ratier,  I,  181. 
Ratsky   (Georges   Bor,    baron 

de),  III,  71,  72. 
Ravenne  (la  bataille  de),  II,  105. 
Ravignan  (Joseph  de  Mesmes, 

marquis    de),   II,   337,    361  ; 

m,  43-44,  88,  93. 
Reffuge  (Henri-Pompone,  mar- 
quis du),  II,  380. 
Reggio-d'Émilie  (la  ville  de),  I, 

225,   227-231,   259,   266-271, 

321,  341,  342;  II,  153,  184. 
Rehbinder  (M.  de),  II,  314. 
Rehùtte  (le  château  de  la),  III, 

227. 
Reims  (la  ville  de),  III,  197. 
Reims  (le  diocèse  de),  II,  390; 

m,  118. 
Reine-infanterie    (le   régiment 

de  la),  II,  204;  III,  176,  247, 

248. 
Remiremont  (le  bourg  et  l'ab- 
baye de),  m,  279. 
Remparer  (se).  II,  29. 
Renaud  et  Armide,  opéra,  I,  39. 
Renel  (le  comte  de),  I,  240. 
Renepont  (le  régiment  de),  II, 

90. 
Renty  (M.  de),  II,  380. 
Rethel  (la  ville  de),  II,  389. 
Revel     (  Charles  -  Amedée     de 

Broglie,   comte   de),  I,  202, 

204,  205,  221. 
Reventlaw   (Christian,  comte), 

II,  168,  170. 
Révère   (la   ville    de),    I,    280, 

336,  366-368;  II,  153. 
Reynie  (Nicolas  Gabriel  de  la), 

I,  21. 
Rhin  (le),  1, 140,  143,  144,  146, 


DES  MATIERES. 


369 


148,  154;  m,  101,  221,  227, 

229,  236,  238,  244,  278,  279. 
Rhin  (le  vin  du),  III,  237. 
Rhône  (le),   I,  187,  188,  190; 

II,  220. 
Richebourg.  Voyez  Risbourg. 
Richelieu  (le   cardinal   de),  I, 

186. 
Richelieu  (le  quartier),  à  Paris, 

I,  113. 

Richerand  (Guy  de),  I,  205  ;  II, 
56. 

Riez  (la  ville  de),  II,  249. 

Riez  (les  vins  de),  II,  249. 

Rigoville  (  Louis  de  Vasson, 
marquis  de),  I,  133,  143,  157. 

Rinco  (le  village  de),  I,  349. 

Risbourg  ou  Richebourg  (Guil- 
laume de  Melun  -  Espinoy, 
marquis  de),  I,  43,  44. 

Ristolas  (le  hameau  de),  II, 
247. 

Ritorto  (le  grand  et  le  petit), 

II,  117,    120,  121,   123-130, 
132    134. 

Riva  '(la  ville  de),  I,  266,  295, 

298-302,  309,  312,  314. 
Rivalta  (le  village  de),  I,  203, 

209;  II,  153. 
Rivaroiles    (Charles-André    de 

Saint-Martin  d'Aglié  de),  I, 

29. 
Rivarolo-di-Fuori  (le  village  de), 

II,  153. 
Rivoli  (la  ville  de),  en  Piémont, 

I,  192;  II,  191. 

Rivoli  (le  village  de),  dans  le 
Véronais,  I,  286,  288,  289; 

II,  177-179. 

Rivolta    ou    Rivolta-Sicca    (le 

bourg  de),  II,  123-126,  135, 

136,  138,  139. 
Rivoltella   (le   village   de),   II, 

150. 
Roanne  (la  ville  de),  1, 186-187. 
Roannais  (le),  I,  187. 
Robbio  (le  bourg  de),  I,  355- 

357,  360. 
Robecco-d'Oglio  (le  village  de), 

II,  153. 
Robelin  (Charles  de),  III,  41. 

m 


Robert,  roi  de  France,  II,  234, 
235. 

Robert  de  la  Fortelle  (le  prési- 
dent), I,  128. 

Rocca  d'Arazzo  (le  village  de), 

I,  336. 

Roccavione  (M.  de),  I,  324. 
Roche-Aymon  (Gilbert  de  la), 
marquis   de    Saint-Maixent, 

II,  27. 

Rochebonne  (Jean-Baptiste  de 
Châteauneuf  de),  II,  377. 

Rochefort  (la  ville  de),  près 
Liège,  I,  160. 

Rochefoucauld  (la  maison  de  la), 

II,  328;  m,  120. 

Rocrov  (la  ville  de),  1, 168, 169; 

III,  211-213,  215,  216. 
Rocroy  (la  bataille  de),  I,  155, 

168,  169. 
Rodigo  (le  bourg  de),  I,  256. 
Rodolphe   I^*",   empereur,   III, 

221 . 
Rœux    (Ferdinand-Gaston-La- 

moral  de  Croy,  comte  de),  I, 

40. 
Rœux    (  Anne  -  Antoinette    de 

Berghes,  comtesse  de),  I,  40. 
Rohan    (Hercule-Mériadec    de 

Rohan-Soubise,    prince    de), 

II,  362;  m,  174. 
Rohrburg   (le    bourg  de),   III, 

228. 
Roi-infanterie  (le  régiment  du), 

I,  16;  m,  28,  135,  172. 
Rois  (la  fête  des),  II,  321,  326. 
lîoisin  (le  village  de),  III,  186. 
Roland,  opéra,  III,  8. 

RoUin  (Nicolas),  II,  232. 
Romains  (les),  I,  187,  188, 191; 

II,  12,  134,  350;  III,  43,  55. 
Romains  (le  roi  des).  Voyez  Jo- 
seph I^"",  empereur. 

Romanengo  (le  village  de),  II, 
104,  109. 

Rome  (la  ville  de),  I,  209,  260; 
II,  169. 

Roque  (Pierre-Louis  du  Mas 
de  la),  I,  224. 

Roquelaure  (Gaston-Jean-Bap- 
tiste-Antoine, duc  de),  I,  53. 

Roques  (M.  des),  III,  26. 

24 


370 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Rosasco  (le  bourg  de),  I,  357- 

359;  11,6. 
Rose  (le  caporal  la),  II,  270. 
Rosel    (François    de    Rosel    de 

Cagny,  che\'alier  du),  II,  362. 
Rosen  (Conrad  de),  I,  80,  91, 

93-95. 
Rosen  (Reynold-Charles,  comte 

de),  II,  362. 
Rosskopf  (la  montagne  du),  III, 

240. 
Rothe  (Michel  de),  III,  27,  170. 
Rothweil  (la  ville  de),  III,  241, 

265,  272. 
Rouby  (M.  de),  III,  118. 
Roucy  (François  de  la  Roche- 
foucauld-Roy e,  comte  de),  I, 

81. 
Roue  (le  col  de  la),  II,  301. 
Rouen  (la  ville  de),  I,  89. 
Rouergue  (le  régiment  de),  II, 

257. 
Rougemont   (M.  de),   II,    318, 

319 
Route  (une),  II,  228,  229,  243. 
Rouveroy  (le  village  de),  III, 

192. 
Rouvroy  (Renée-Thérèse  d'A- 

bon,  marquise  de),  III,  156, 

157. 
Roveredo  (le  bourg  de),  I,  300. 
Rovigo  (la  ville  de),  1,  277. 
Royal -artillerie    (le    régiment 

de),  III,  10,  177,  242. 
Royal-Comtois   (le    régiment), 

III,  172,  269. 
Royal-infanterie  (le  régiment), 

111,  96,  172,  173,  242. 
Royal-Italien  (le  régiment),  III, 

173,  253. 
Roval-marine  (le  régiment  de), 

lïl,  171,  173. 
Royal-Roussillon-cavalerie    (le 

régiment),  I,  217. 
Roval-Roussillon-infanterie  (le 

régiment),  m,  170,  175,  259. 
Royale  (la  place),  à  Paris,  I, 

17'i,  175,231;  111,214. 
Roye  (Louis  de  la  Rochefou- 
cauld, chevalier,  puis  mar- 
quis de),  II,  261. 


Roye  (la  maison  de),  II,  328. 
Roye  (la  ville  de),  II,  328;  III, 

55. 
Rozoy  (la  ville  de),  I,  128. 
Ruffach  (la  ville  de),  1, 141, 142. 
Rulïey  (Anne-Marie-Louis  Da- 
mas, marquis  de),  1,  203;  II, 

203,  363. 
Ruffey-cavalerie   (le    régiment 

de),  I,  234,  235. 
Rumersheim  (le  village  de),  II, 

348. 
Rumilly  (le  village  de),  III,  88- 

90. 
Ruprechtsau  (l'île  de),  III,  236. 
Ryswvk  (la  paix  de),  I,  65,  69, 

70,  "71,   148,  157;  III,    277, 


S 


Sabionette  (la  ville  et  le  duché 

de),  I,  199,237;  II,  153;  III, 

123. 
Saillant   (Jean-Philippe    d'Es- 

taing,  comte  de),  III,  173. 
Saillant  (le  régiment  de),   III, 

246. 
Sailly  (Aymard-Louis,  marquis 

de),  II,   254,    263,    286-288; 

III,  172. 
Sailly-lès-Cambray   (le   village 

de),  111,  78. 
Saint-Aignan  (Paul-Hippolyte, 

duc  de),  II,  379. 
Saint-Amand  (l'abbaye  de),  II, 

330,  336,   338;  III,   64,   65, 

155. 
Saint-Amour  (M.  de),  II,  186; 

m,  129,  130. 
Sainte-Anne  (la  montagne  et  le 

camp  de),  près  Toulon,   II, 

255,  272. 
Saint-Antoine  (le  hameau  de), 

près  Toulon,  II,  256,  257. 
Saint-Antoine  (la  rue),  à  Pa- 
ris, I,  113. 
Saint-Antoine  (le  faubourg),  à 

Paris,  I,  7,  114,174. 
Saint- Antoine   (le   combat   du 

faubourg),  1,  87. 
Saint-Aurin  (M.  de),  I,  224. 


DES  MATIERES. 


37i 


Saiat-Bonnet  (  Louis-François 
des  Gars,  comte  de),  1,  135. 

Sainle-Catherine  (la  montagne 
et  le  village  de),  près  Toulon, 
n,  257,  262,  264-274. 

Saint -Ghaumont -dragons  (le 
régiment  de),  III,  43. 

Saint-Gloud  (le  château  de),  I, 
79. 

Saint-Golomban  (le  village  de), 
II,  293,  295,  297. 

Saint-Corneille  (l'abbaye  de),  à 
Gompiègne,  I,  88. 

Saiute-Groix  (l'ordre  de),  1, 164. 

Saint-Gyr  (la  maison  de),  III, 
49,  125-127. 

Saint-Denis  (la  ville  et  l'abbaye 
de),  I,  301  ;  III,  103. 

Saint-Denis  (la  rue  et  la  porte), 
à  Paris,  I,  22,  72,  121. 

Saint-Dizier  (la  ville  de),  III, 
279,  280. 

Saint-Esprit  (l'ordre  du),  III, 
106.  . 

Saint-Évremond  (le  régiment 
de),  m,  28. 

Saint-Fargeau  (la  terre  de),  I, 
101. 

Saint-Frémond  (Jean-François 
Raveod,  marquis  de).  Battu 
à  Garpi  par  Eugène,  I,  141, 
278;  II,  180;  (1703)  com- 
mande un  corps  séparé,  279  ; 
attaque  l'arrière-garde  de 
Stahremberg,  342;  au  com- 
bat de  Gastelnuovo,  344; 
(1706)  battu  une  seconde  fois 
à  Garpi,  II,  180-181;  (1711) 
il  conduit  sur  le  Rhin  un  dé- 
tachement de  l'armée  de 
Flandre,  III,  67-68;  (1712) 
poursuit  le  comte  de  Growes- 
tein,  118-119;  au  siège  de 
Douay,  170;  il  est  détaché 
pour  investir  le  Quesnoy, 
182-184;  (1713)  au  siège  de 
Fribourg,  247  ;  sa  mauvaise 
chance,  II,  180;  III,  119. 
Saint-Georges  (le  chevalier  de), 
Jacques  III,  roi  d'Angleterre, 
II,  334,  343,  344,  378;  III,  12. 


Saint-Georges  (le  faubourg),  à 

Mantoue,  I,  260. 
Saint-Germain  (le  faubourg),  à 

Paris,  I,  113;  III,  280. 
Saint-Germain-en-Laye  (la  cour 

de),  II,  325. 
Saint-Ghislain  (le   bourg   de), 

III,  185. 
Saint-Gothard  (le  mont),  II,  88. 
Saint-Gratien  (la  terre  de),  III, 

105,  106. 
Saint- Hermine  (le  régiment  de), 

I,  61. 

Saint-Hubert  (le  bourg  de),  I, 
160. 

Saint-Jean  (le  cimetière),  à  Pa- 
ris, I,  113. 

Saint-Jean-de-Maurienne  (la 
ville  et  l'évèché  de),  II,  300, 
302,  303. 

Saint-Laurent  (la  foire),  I,  78. 

Saint-Laurent-du-Var  (le  vil- 
lage de),  H,  279. 

Saint-Léger  (Edme  Bonnet  de), 
III,  198. 

Saint-Louis  (l'ordre  de),  I,  263, 
264,298,  359;  II,  298. 

Saint-Louis  (l'ile),  I,  112. 

Saint-Louis  (le  fort),  à  Toulon, 

II,  260,  264,  267,  275,  276. 
Saint-Louis-au-Marais  (la  rue), 

à  Paris,  III,  207. 
Saint-Loup    (l'abbaye    de),    à 

Troyes,  I,  129. 
Sainte-Marguerite  (la  montagne 

de),  près  Toulon,  n,  263,264. 
Sainte-Marguerite    (la  tour),  à 

Toulon,  II,  260,  275. 
Sainte- Marie -Eleuvensten    (le 

village  de),  I,  58,  63,  64. 
Saint-Martin  (M.  de),  III,  118. 
Saint-Martin  (la  vallée  de),  II, 

220,  285,  286,  309,  310. 
Saint-Maurice  (M.  de),  II,  376. 
Saint-Médard  (l'abbaye  de),  à 

Soissons,  II,  390. 
Sainte-Menehould  (la  ville  de), 

n,  389;  m,  118,217. 
Saint-Mihiel  (le  bourg  de),  III, 

118. 
Saint-Omer    (la   ville   de),  II, 

213;  m,  20,32. 


372 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Saintonge  (le  régiment  de),  III, 

10,  234. 

Saint-Ouen  (le  village  de),  près 

Paris,  II,  242. 
Saint-Pater  (Jacques  Le  Gouste- 

lier,  marquis  de),  I,  345;  II, 

261,  262,  267,  273. 
Saint- Périer   (César -Joachim, 

chevalier  de),  II,   191,   197; 

III,  223. 
Saint  -  Phal    (Georges- Anne - 

Louis  de  Vaudrey,  marquis 

de),  I,  61,  62. 
Saint-Pliilippe    (le),    vaisseau, 

11,  260,  263-265,  272,  273. 
Saint  -  Pierre    (François  -  Marie 

Spinola,  duc  de),"  III,  122, 
123. 

Saint-Pierre  (Marguerite-Thé- 
rèse Golbert  de  Groissy,  du- 
chesse de),  III,  122,  123. 

Saint-Pierre  (la  vallée  de),  III, 
234,  240-242,  245,  250,  251, 
260,  265,  276. 

Saint-Pierre  (le  fort),  à  Fri- 
bourg,  III,  244,  246,  249,  253, 
276,  277. 

Saint- Pierre -d'Arena  (le  fau- 
bourg), à  Gènes,  I,  325,  361. 

Saint-Pierre-Martyr  (  le  cou- 
vent de),  à  Reggio,  I,  229, 
267-269. 

Saint-Pierre-le-Moutier  (la  ville 
de),  I,  186. 

Saint-Pol  (la  ville  de),  II,  329. 

Saint-Quentin  (la  ville  de),  I, 
67;  II,  329;  III,  136. 

Saint-Remy  (le  village  de),  II, 
300. 

Saint-Saëns  (Charles-Louis  de 
Limoges,  marquis  de),  II, 
380. 

Saint-Sauve  (l'abbaye  de),  II, 
339. 

Saint-Second  (le  régiment  de), 
II,  27;  m,  178. 

Saint-Seine  (le  village  de),  II, 
234. 

Saint-Sernin  (Jean-Benoît-Cé- 
sar-Auguste  des  Porcelets  de 
Mailhane,  marquis  de),  III, 
38,  248,  249. 


Saint-Sernin   (le   régiment  de 

dragons  de),  III,  27. 
Saint-Souplet    (le   village  de), 

III,  138. 
Saint-Sulpice  (l'église),  à  Paris, 

I,  117. 
Saint-Valerv-sur-Somme    (le 

bourg  de),^II,  329. 
Saint- Venant  (la  ville  de),  II, 

346  ;  m,  20,  32,  39,  40,  42, 

43,  50. 
Salbertrand  (le  bourg  de),  II, 

310. 
Salières  (François-Balthasar  de 

Chastellard,  marquis  de),  II, 

72. 
Salionze  (le  village  de),  II,  89. 
Salm  (Louis-Othon,  prince  de), 

m,  101. 
Salm     (  Philippe  -  Guillaume , 

prince  de),  I,  324. 
Salm  (la  ville  de),  I,  159. 
Salo  (la  ville  de),  I,  275,  291- 

293;  11,93,94,  142,  151,163, 

172,  174,  176,  207. 
Saluées  (le  régiment  de),  II,  62. 
Sambre  (la),   rivière,    II,    332, 

388;    III,  21,  63,    108,  135, 

138,  139,  142,  144. 
San-Benedetto-del-Po  (le  bourg 

et  l'abbaye  de),  I,  286,  316, 

339,  341;  II,  182,  183. 
San-Bernardino  (le  village  de), 

II,  143,  144. 

Sancerre  (Louis  de  Bueil,  com- 
te de),  III,  279. 

Sandoval  (le  village  de),  I,  196. 

San-Germano  (le  village  de), 
II,  30. 

San-Giacomo-di-Po  (le  village 
de),  II,  89. 

San-Giovanni-in-Groce  (le  vil- 
lage de),  I,  199. 

Sangone  (la),  rivière,  II,  188. 

Sanguin  (Denis),  évêque  de 
Senlis,  I,  100. 

Sanguinetto  (le  bourg  de),  I, 
278. 

San-Marco  (le  village  de  Ponte-), 
II,  165,  166. 

San-Martino  (le  village  de),  II, 
183,  184. 


DES  MATIERES. 


373 


San-Martino-del-Bozzolo   (le 

bourg  de),  I,  272;  II,  153. 
San-Nicolo  (le  hameau  de),  II, 

182. 
San-Pietro-di-Legnano  (le  vil- 
lage de),  I,  286. 
San-Salvadore  (le  bourg  de),  I, 

350. 
San-Sebastiano-Gurone  (le  vil- 
lage et  le  combat  de),  I,  322- 

325;  II,  103. 
San-Secundo-Parmese  (le  bourg 

de),  I,  218. 
Santa-Maria  (le  village  de),  près 

Verue,  II,  63. 
Santa-Maria  (le  bois   de),    II, 

137. 
Santa-Vittoria  (le  village  et  le 

combat  de),  I,  220-225,  232, 

271,  296,  323;  II,  103,  193. 
Santena  (le  comte  de),  II,  206, 

223,  224. 
Santerre  (le  pays  de),  II,  329. 
Santhià  (la  ville  de),  II,  30,  31, 

33,34,  51. 
Santini  (M"«),  I,  320;  II,  154- 

156,  163. 
Santo  (le  village  de),  II,  183. 
Sanzay    (Lancelot    Turpin    de 

Crissé,  comte  de),  II,  256. 
Sanzay   (M.    de),    commissaire 

d'artillerie,  II,  19. 
Sanzay  (le  régiment  de),  II,  256. 
Saône  (la),  rivière,  I,  133,  187; 

II,  231. 
Saragossp  (la  ville  de),  lU,  37. 
Sarca  (la),  rivière,  I,  300,  309. 
Sardaigne   (le   roi   de).   Voyez 

Charles-Emmanuel. 
Sardaigne  (la  reine  de).  Voyez 

Hesse-Rhinfels  (Polyxène  de). 
Sarre  (la),  rivière,  I,  151. 
Sarre  (le  régiment  de  la),  II,  21, 

22,  63,  74,  75,  256,  300,  307, 

381;  III,  10,  178. 
Sarrebourg  (la  ville  de),  I,  151; 

m,  217. 
Sarrebruck  (la  ville  de),  I,  151. 
Sarreguemines  (la  ville  de),  I, 

151. 
Sarrelouis  (la  ville  de),  I,   16, 

151. 


Sars-Ia-Bruvère  (le  village  et  le 
bois  de),X  37;  II,  352,  354, 
363,  368,  373. 

Sartirana  (M.  de),  I,  341,  342; 
II,  105,  106. 

Sault  (le  régiment  de),  I,  241, 
292. 

Saulzoir  (le  village  du),  III, 
114. 

Saussicourt  (M.  de),  II,  22. 

Savary  (le  partisan),  III,  74, 110. 

Saverne  (la  ville  de),  I,  150, 
151;  m,  217. 

Savigny  (Marc-Antoine  d'Es- 
toges,  comte  de),  II,  380. 

Savines  (Antoine  de  la  Font, 
marquis  de),  III,  189. 

Savinien  (saint),  II,  234,  235. 

Savoie  (les  ducs  de),  I,  192;  II, 
303. 

Savoie  (Charles-Emmanuel,  roi 
de  Sardaigne  et  duc  de). 
Voyez  Charles-Emmanuel. 

Savoie  (Philibert-Emmanuel  le 
Grand,  duc  de),  III,  50. 

Savoie  (Victor-Amédée  II,  duc 
de).  (1701)  Il  fait  rappeler  le 
maréchal  de  Catinat,  I,  152- 
153;  (1702)  ses  troupes  se 
joignent  aux  troupes  fran- 
çaises, 199;  (1703)  sa  trahi- 
son envers  la  France,  313-315  ; 
désarmement  de  ses  troupes 
et  lettre  du  Roi  à  ce  sujet, 
317-319;  escarmouche  de 
Moncucco,  329;  il  est  rejoint 
par  Stahremberg,  346;  opé- 
rations d'hiver,  347,  349;  il 
veut  faire  enlever  les  recrues 
de    l'armée    française,    361  ; 

(1704)  force  et  position  de 
son  armée,  II,  1  ;  il  se  retire 
devant  Vendôme,  4  ;  son  ar- 
rière-garde est  battue,  7-8; 
avis  charitable  qu'il  donne  à 
Vendôme,  33;  il  essaye  de 
surprendre  Verceil,  49-50;  il 
défend  Verue  et  Grescentin 
contre  Vendôme,  54-55,  61, 
66-67,  71-72,  77,  79,  83-85; 

(1705)  Eugène  s'efforce  d'al- 
ler le  secourir,  102, 123, 135; 


374 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Savoie  (Vict.-Am.  Il,  duc  de), 
suite. 

Colmenero  trahit  les  Fran- 
çais en  sa  faveur,  118;  III, 
122;  (1706)  marche  du  prince 
Eugène  pour  le  joindre  en 
Piémont,  185;  réunion  des 
deux  armées  sous  Turin,  187- 
188;  il  fait  attaquer  un  con- 
voi français,  192;  bataille  de 
Turin,  1*94-196,207,211,212, 
222-223;  vœu  qu'il  avait  fait 
pour  la  levée  du  siège,  226  ; 
(1707)  force  de  son  armée, 
247;  il  entreprend  de  con- 
quérir la  Provence,  248  ;  mar- 
che sur  Toulon,  251-253;  en- 
trevue avec  l'évéque  de  Fré- 
jus,  253,  254  ;  siège  do  Tou- 
lon, 254,  267,  271,  275;  re- 
traite précipitée,  279  ;  il  mar- 
che vers  Suse  et  s'en  empare, 
280,  284;  il  fait  expulser  de 
Piémont  la  comtesse  de  Sois- 
.  sons,  282-283  ;  (  1708)  force  de 
son  armée,  295  ;  il  entre  en 
Dauphiné,  297,  299,  300;  il 
marche  en  Savoie,  301  ;  re- 
tourne vers  Briançon,  304  ;  se 
retire  dans  la  vallée  de  Pra- 
gelas,  307-308;  siège  de  Fe- 
nestrelle,  313-317;  il  permet 
au  commandant  d'Exilles  de 
se  rendre  à  Paris  pour  se  jus- 
tifier, 323,  32 'i  ;  il  signe  la 
paix  à  Utrecht,  III,  209;  son 
emprisonnement,  II,  29.  Ses 
talents,  II,  222,  223;  éloge 
qu'il  fait  de  Catinat,  III,  106, 
107;  inimitié  de  Vendôme 
contre  lui,  et  sa  cause,  II, 
9,  10;  limite  de  ses  États  et 
du  Milanais,  I,  195;  son  châ- 
teau de  la  Vénerie,  I,  194; 
II,  194;  son  ambassadeur  à 
Paris,  I,  120,  181.  Cité,  I, 
164,  189,  190,  192,  325-359, 
367,  368;  II,  13,  15,  31,  45, 
52,  53,  219,  273,  286,  287, 
302. 

Savoie  (Marie-Jeanne-Baptiste 
de  Savoie-Nemours,  duchesse 


de),  dite  Madame  Royale,  I, 
194. 
Savoie  (la  maison  de),  I,  101  ; 

II,  231,  303. 

Savoie  (la),  II,  247,  295,  296, 

299,  301,  302. 
Savoie  (le  régiment  de),  II,  29. 
Savoyards  (les),  I,  316,  317,  348. 
Saxe  (la  maison  de),  II,  303. 
Saxe-Gotha    (  Jean-Guillaume, 

prince  de),  II,  271. 
Saxe-Gotha  (le  duché  de),  II, 

273. 
Scarpe   (la),   rivière,    II,    329, 

336,  342;  m,  1,14-18,20,21, 

28,  31,  62-65,  68,  71,  116, 
129,  156,  160,  165-168,  172, 
176,  200. 

Scarpe  (le  fort  de),  à  Douay, 

III,  10,  11,  24,  26,  168-170, 
173-176. 

Sceaux  (le  château  de),  I,  124- 

126. 
Schilchen  (le   village  de),  III, 

236. 
Schlestadt  (la  ville  de),  I,  143, 

144,  150,  158. 
Schmidt  (le  régiment  de),  III, 

12. 
Schônberg  (Charles,  maréchal 

de),  III,  212. 
Schônberg    (Frédéric-Armand, 

maréchal  de),  I,  14. 
Schônberg  (la  maison  de),  III, 

212. 
Schuerkeim  (le  village  de),UI, 

221. 
Schulenbourg     (Mathias-Jean, 

comte  de),  II,  252,  253;  HI, 

29,  30. 

Scrivia  (la),  rivière,  I,  343. 
Secchia  (la),  rivière,  I,  226,  253, 

266,  280,  281,  312,  314,  317, 

332,  335.  339,  340,  366;  II, 

183,  223,'  303. 
Seclin  (le  bourg  de),  III,   164, 

167,  182. 
Ségur  (Henri-Joseph,  marquis 

de),  I,  102-106,  183. 
Ségur  (Glaude-Élisabeth  Binet, 

marquise  de),  I,  106. 
Ségur  (la  maison  de),  I,  103. 


DES  MATIERES. 


375 


Selle  (la),  ou  Seille,  rivière,  I, 
36;  m,  86,  115,  117,  134, 
137-143,  150,  151,  153. 

Seine  (la),  fleuve,  I,  101,  128, 
129;  n,  234,  235,327. 

Sellingen  (le  village  de),  III, 
238. 

Selve  (Jean-Pierre,  chevalier 
de),  m,  42,  43,  88,  93. 

Semestres  militaires  (les),  II, 
388. 

Sénateur  (saint),  I,  132. 

Senez  (le  diocèse  de),  II,  281. 

Senlis  (la  ville  de),  I,  82,  86, 

88,  100,  171;  II,  326. 
Senne  (la),  rivière,  I,  49. 
Senneterre  (Henri  de  la  Ferté, 

comte  de),  I,  288,  296,  329; 
II,  11,  58,  136. 

Senneterre  (le  régiment  d'in- 
fanterie de),  III,  87. 

Senneterre -dragons  (le  régi- 
ment de),  II,  181. 

Sénonais  (le),  II,  234,  235. 

Sens  (la  ville  de),  I,  129;  II, 
234,  235. 

Sens  (le  diocèse  de),  II,  234, 
235. 

Sens  (les  archevêques  de),  II, 
235. 

Sensée  (la),  ou  Genset,  rivière, 
m,  13,  14,  20,  23,61-63,  73, 
75-77,  79,  80,  82,  85,  88,  89, 
92,  110,  112,  116,  179. 

Serin  (M.),  commissaire  des 
guerres,  II,  216. 

Serini  (M.  de),  II,  100. 

Serio  (le),  rivière,  II,  111,  140- 
144. 

Sermione  (le  château  de),  I, 
289. 

Serraglio  (le),  I,  232,  259;  II, 

89,  182. 

Serravalle  (le  bourg  de),  I,  322. 

Séry  (Marie-Louise-Madeleine- 
Victoire  Le  Bel  de  la  Bois- 
sière  de),  II,  210,  230. 

Sesia  (la),  rivière,  I,  195,  318, 
348,356,  360;  II,  12-15,  20. 

Sestrières  (le  col  de),  II,  308. 

Sève  de  Rochechouart  (  Guy 
de),  évêque  d'Arras,  II,  330. 


Sevin,  archevêque  de  Sens,  II, 

235. 
Sevin'(la  famille),  I,  3;  II,  338. 

Voyez  Quincy,  Plessis,  Mar- 

tinière  (la),  Bandeville,  Gran- 
ge (la). 
Sevin  (Léonore),  I,  H8,  182. 
Sevin  (Marie-Anne),  I,  5,  6. 
Sevin  (les  armes  des),  I,  50. 
Sèvres  (le  village  de),  II,  241. 
Sézanne   (  L.  -  Fr.    d'Harcourt, 

comte  de),  I,  233,  241. 
Sforza  (le  canal  de),  1, 196,  353. 
S'Gravenmoer  (M.  de),  III,  108, 

109. 
Sheldon  (Dominique),  I,  224. 
Shovell  (Glowdisley),  II,   267, 

277. 
Sickingen  (M.  de),  III,  133, 149. 
Silly    (Jacques-Joseph   Vipart, 

marquis  de),  III,  173,  223, 

240,  243,  246,  270. 
Simiane  (la  maison  de),  I,  192. 

Voyez  Pianezza. 
Siougeat  (Jean  de  Laizer,  mar- 
quis de),  II,  74,  208. 
Sissa  (le  bourg  de),  I,  219. 
Snegertsman  (M.  de),  II,  375. 
Soanen  (Jean),  évêque  de  Se- 
nez, II,  281. 
Soarza  (le  village  de),  I,  217. 
Soignies  (le  bourg  de),  I,  44; 

m,  192. 
Soissonnais  (le  régiment  de),  II, 

288. 
Soissons  (Louis-Thomas- Amé- 

dée  de  Savoie,  comte  de),  II, 

283. 
Soissons  (Uranie  de  la  Gropto 

de  Beauvais,  comtesse    de), 

II,  282,  283. 
Soissons  (la  ville  de),  I,  88  ;  II, 

389;  111,204,213. 
Soissons  (l'évêché  de),  II,  390. 
Soissons  (la  ville  de),  II,  390. 
Solari  (le  commandeur  de),  I, 

245,  311,  344,  345. 
Solari  (le  chevalier  de),  I,  130, 

245,  345;  11,15,27-29.  Voyez 

Moret  (le  comte  de). 
Solari  (la  maison),  I,  345  ;  II, 

29. 


376 


TABLE   ALPHABETIQUE 


Solesmes  (le  bourg  de),  III,  116. 
Solferino  ou  Solfarino  (la  ville 

elle  pays  de),  1,208,  257;  II, 

149,  152. 
Solferino  (le  prince  de).  Voyez 

Gastiglione. 
Solre  (le  château  de),  III,  109. 
Solre  (le  régiment  de),  I,  368; 

II,  167;  m,  9,  173,  177. 
Somme  (la),  rivière,  I,  67;  II, 

329;  m,  53,  54,  113. 
Soncino  (la  ville  de),  II,  102, 

104,  108,  144,  145,  153. 
Sorbolo  (le  bourg  de),  I,  219, 

220. 
Soresina  (le  bourg  de),  II,  109. 
Souabe  (la),  III,  241. 
Souchet  (le),   rivière,   II,  331  ; 

III,  14,  15,  68. 

Soûlas  (le  lieutenant),  II,  66. 
Soupe  à  l'allemande  (la),  III, 

203-204. 
Sourches    (Louis-François   du 

Bouschet,    chevalier    de),    I, 

282,  289,  296;  III,  46. 
Sourches  (le  régiment  de),  II, 

iq    99 

Soyecourt-Belleforière  (la  mai- 
son de),  II,  92. 

Soyecourt  (Jean-Maximilien  de 
Belleforière,  marquis  de),  II, 
92. 

Soyecourt  (Adolphe  de  Belle- 
forière, chevalier  de),  II,  92. 

Soyecourt  (  Joachim  -  Adolphe 
de  Seiglière  de  Boisfranc, 
marquis  de),  colonel  du  régi- 
ment de  Bourgogne.  Mot  de 
M.  de  Mursay  sur  son  nom, 
II,  92  ;  sa  belle  conduite  à 
Cassano,  119-122;  logement 
qu'il  fait  donner  au  chevalier 
de  Quincy  à  Mantoue,  154; 
manière  dont  il  traite  le  tré- 
sorier général  Gaudion,  298  ; 
il  emmène  souper  le  cheva- 
lier de  Quincy,  III,  94  ;  à  l'at- 
taque d'Hordain,  95,  99  ;  con- 
versation avec  le  maréchal 
de  Montesquieu  après  De- 
nain,    162-163;    il    prête    sa 


chaise  de  poste  au  chevalier 
de  Quincy,  218;  au  siège  de 
Fribourg,  272.  Sa  mère,  II, 
92;  m,  11.  Cité,  II,  107,296, 
302. 

Spaar  (le  baron  de),  II,  375. 

Sparre  (le  régiment  de),  III, 
253,  254. 

Spifame  (Jacques),  évêque  de 
Nevers,  I,  185. 

Spinola  (la  maison),  I,  365;  III, 
123. 

Spire  (la  ville  de),  III,  221,  222, 
225,  232,  234. 

Spire  (l'évêque  de),  III,  222. 

Spire  (la  chambre  impériale  de), 
m,  222. 

Spire  (la  bataille  de).  Voyez 
Petite-Hollande. 

Spirebach  (le),  1,332;  111,221, 
222,  225. 

StafTora  (la),  rivière,  I,  343. 

Stahremberg  (Guidobaldo,  com- 
te de).  Il  cherche  à  faire  le- 
ver le  siège  de  Borgo-Forte, 

I,  256  ;  il  réussit  à  faire  lever 
le  siège  d'Ostiglia,  et  bat  Al- 
bergotti  à  Garpi,  280-285; 
(1704)  sa  belle  marche  du 
Modénais  en  Piémont,  327, 
335,  336,  338-346,  349,  366; 

II,  185,  223;  il  appuie  une 
entreprise  sur  Verceil,  II,  50; 
il  est  blessé  au  siège  de  Ve- 
rue,  58;  il  commande  par  in- 
térim l'armée  savoyarde,  61  ; 
il  est  chargé  de  l'arrière- 
garde  au  départ  du  duc  de 
Savoie  de  Crescentin,  83  ; 
victoire  en  Espagne  sur  le 
marquis  de  Bay,  III,  37; 
battu  par  Vendôme  à  Villa- 
viciosa,  57.  Ses  talents  mili- 
taires, I,  280,  281;  II,  33. 
Cité,  I,  314,  321,  325. 

Stauhope  (Jacques,  comte  de), 

m,  57. 
Stanhope  (M.),  II,  376. 
Steckemberg  (M.  de),  II,  377. 
Steincalenfels  (M.  de),  II,  376. 
Steinkerque  (la  bataille  de),  II, 

122. 


DES  MATIERES. 


377 


Stelburc  (M.  de),  II,  375. 
Stirone  (le),  rivière,  I,  218. 
Stradella  (le  bourg  de),  I,  341, 

342;  II,  186. 
Strasbourg  (la  ville  de),  I,  143- 
150,  158,  161,  162;  III,  218, 

219,  232,  236,  237,  278. 
Strasbourg  (l'évêque  de),  1, 151 . 
Strasbourg  (l'évèché  de),  I,  146. 
Strasbourg  (la  cathédrale  de),  I, 

145. 
Stura  (la),  rivière,  I,  195;  II, 

194-197,  205,  206,  223. 
Sturler  (M.),  II,  375. 
Suaire  (le  saint),  I,  88,  194. 
Sucement  des  blessures  (le),  I, 

58-59. 
Suède  (la),  I,  332. 
Suisse  (la),  I,  140,  141;  II,  17. 
Suisses  (les),  I,   196;   II,  269; 

III,  87. 
Sulpeche  (M.  del),  II,  376. 
Sundgau  (le),  I,  140. 
Surière  (M.  de  la),  I,  166. 
Surintendauce  (la),  à  Versailles, 

II,  239. 
Surville  (Louis-Charles  d'Hau- 

tefort,  marquis  de),  I,  81  ;  II, 

337,  345,  346;  III,  243. 
Suse  (la  ville  de),  1,192;  11,11, 

192,  193,  195,  280,  283-286, 

293. 
Sutton  (le  régiment  de),  III,  12. 
Suzon  (le),  rivière,  II,  232. 
Suzzara  (le  bourg  de),  I,  252. 
Swinton  (M.),  II,  375. 


Tabac  à  priser  (le),  II,  16-17. 
Tableau  (l'ordre  du),  III,  43. 
Tagliata  (la),  rivière,  I,  252. 
Taisnières-sur-Hon   (le   village 

de),  m,  163. 
Talbot  (M.  de),  I,  240. 
Tallard  (le  maréchal  de),  I,  332  ; 

II,  32;  111,83,  221,  224. 
Tallard   (le  régiment  de),  III, 

268. 
Talpaches  (les),  II,  36,  40,  41, 

44,  47. 


Tambonneau   (Louis- Auguste- 
Marie),  II,  381. 

Tamise  (la),  fleuve,  II,  343. 

Tanaro  (le),  rivière,  I,  336,  337, 
347,  348,  350;  II,  187. 

Tartaro  (le),  rivière,  I,  277-279, 
282;  II,  181. 

Tanqueux  (François-Pierre  de 
Courtin,  seigneur  de),  I,  202. 

Tarare  lia  ville  de),  I,  187. 

Tarascon  (la  ville  de),  I,  190. 

Tarentaise    (  le    régiment    sa- 
voyard de|,  II,  79. 

Tarneau  (Charles  de),  III,  35. 

Taro  (le),  rivière,  I,  218. 

Tarteron  (le  P.),  I,  27. 

Tasse  (le),  I,  207. 

Té  (le  palais  du),  à  Mantoue,  I, 
207. 

Télémaque  (les  Aventures  de), 
m,  61,  63. 

Tencm  (le  cardinal  de),  II,  281- 
282. 

Terreaux  (les),  à  Lyon,  II,  319. 

Tessé  (René  de  Froullay,  maré- 
chal de).  11  commande  dans 
Mantoue  pendant  l'hiver  de 
1701-1702,   I,    203-204;    au 
combat    de    Santa -Vittoria, 
221  ;  il  commande  l'aile  gau- 
che à  Luzzara,  232;  envoie  à 
Vendôme  un  espion  du  prin- 
ce Eugène,  247;  s'empare  de 
Borgo-Forte,  254-255;   (1707) 
il  commande  l'armée  de  Dau- 
phiné,    II,    248  ;    il    compli- 
mente le  régiment  de  Bour- 
gogne pour  sa  rapide  marche 
sur    Toulon,    250;    mesures 
qu'il    prend    pour    défendre 
Toulon  et  la  Provence,  262; 
au  combat  de.  Sainte-Cathe- 
rine, 268,  271,  272;  sa  len- 
teur à  poursuivre  le  duc  de 
Savoie,  280. 
Tessé  (René-Mans  de  Froullay, 
marquis  de),  II,  76,  255,  278. 
Tessé  (René-François  de  Froul- 
lay, chevalier  de),  III,  153. 
Tessé  (le  régiment  de),  II,  76, 
255. 


378 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Tessin  (le),  rivière,  I,  196,  353; 

II,  88,  106. 
Tesson  (le),  rivière,  I,  223. 
Testa  (le  village  de  la),  I,  232. 
Teitau  (Daniel  de),  II,  374. 
Teutonique  (l'ordre),  II,  170. 
Thaun  (Philippe-Laurent,  com- 
te de),  II,  208. 
Théorbe  (le),  II,  320. 
Thérouanne  (la  ville  de),  III, 

39. 
Thiant  (le  village  de),  III,  133. 
Thiérache  (la),  I,  35. 
Thiérache  (le  régiment  de),  II, 

258. 
Thil  (François-Edouard  Jubert, 

marquis''du),  III,  75. 
Thil  (le  régiment  du),  III,  28. 
Thionville  (la  ville  de),  I,  153- 

156;  II,  208;  III,  279. 
Thomassin    (  François  -  Lazare 
de),I,  250,  258;°II,  114-115. 
Thouvenot  (M.),  I,  325. 
Thouy    (Antoine-Balthasar  de 
Longecombe,    marquis   de), 
II,  305,  306. 
Thuin  (le  bourg  de),  I,  160. 
Ticengo  (le  village  de),  II,  109, 

144. 
Ticquet  (Claude),  I,  115-116. 
Ticquet  (Angélique-Nicole  Car- 

lier,  dame),  I,  115-117. 
Tignac  (M.),  I,  261-263,  272. 
Tilloloy  (la  terre  de).  II,  328. 
Tilly    (Claude    de    Tserclaës, 

comte  de),  II,  365. 
Tingry  (le  prince   de).   Voyez 
Luxembourg  (le  chevalier  de). 
Tirmois  (le  chevalier  de),  I,  59, 

60. 
Tivel,  colonel  allemand,  III,  99. 
Tobolino  (le  château  de),  I,  309. 
Toison  d'or  (l'ordre  de  la),   I, 

246. 
Tolen  (l'ile  de),  III,  175. 
Tongres  (la  ville  de),  I,  160. 
Tonnant  (le),  vaisseau,  II,  260, 

263-265,  272,  273. 
Toralva  (Antoine  de),  I,  367; 
n,  13,  22,  49,  102,  103,  146. 
Torbole  (le  bourg  de),  1, 290, 299, 
301,  309,  3 M,  314. 


Torbole-Casaglia  (le  viliase  de), 

II,  99,  151. 
Torcy  (le  marquis  de),  III,  84. 
Torigny  (le  régiment  de),  III, 

28. 
Tormo  (le  village  de),  II,  139, 

142. 
Torne  (le  village  de),  I,  343. 
Tornova  (le  hameau  de),  I,  278. 
Torquet  (un),  II,  139;  III,  220. 
Torrès  (Christophe  de  Moscoso, 

comte  de  las),  I,  222;  II,  2, 

20,  38,  39,  56,  76,  78. 
Torricella   (le   village   de),    II, 

101. 
Tortequenne  (le  village  de),  III, 

11. 
Touches    (Michel    Le    Camus, 

chevalier  des),  II,   74,  255, 

268  ;  III,  4,  5,  169. 
Toul  (la  ville  de),  I,  153;  III, 

279. 
Toul  (le  diocèse  de),  III,  279. 
Toulon  (la  ville  et  le  siège  de), 

II,  249-280,  282,  284;    des- 
cription de  la  ville,  258-259; 

le  port,  259,  273,  278,  279. 

Citée,  III,  41,  100. 
Toulouse  (le  comte  de),  I,  82. 
Tour  (M.  de  la),  II,  96. 
Tour  (le  régiment  de  la),  III, 

87. 
Touraine  (le  régiment  de),  II, 

257;  III,  10. 
Tourbe  (la),  III,  21. 
Tour  de  Villeneuve  (M.  de  la), 

II,  79. 
Tour-d'Oglio  (la),  hameau,  I, 

255,  266. 
Tournaisis  (le  régiment  de),  I, 

226;  II,  76. 
Tournay  (la  ville  de).  Assiégée 

en  1709  par  les  Impériaux, 

II,  337,    338,    340,    345-347, 

388.  Citée,  I,  43;  II,  360;  III, 

156,  164,  182,  185,  197,  200. 
Tournon  (la  rue  de),  à  Paris,  I, 

111. 
Tournus   (la  ville   et  l'abbaye 

de),  II,  231. 
Tours  (la  ville  de),  III,  106. 


DES  MATIERES. 


379 


Tourville  (le  maréchal  de),  I, 

82;  m,  153. 
Tourville  (Louis-Alexandre  de 

Goteatin,   marquis   de),  IIl, 

153. 
Traërbach  (la  ville  de),  III,  118. 
Traînasse  (la),  m,  108. 
Tramontane  (perdre  la),  II,  276. 
Trauttmansdorff    (  Sigismond- 

Joachim,  comte  de),  I,  336. 
Trégogne  (la),  rivière,  I,  278. 
Treisam  (la),  rivière,  III,  244, 

247. 
Treize-Cantons  (l'auberge  des), 

à  Versailles,  II,  239. 
Trémoïlle  (Gharles-Louis-Bre- 

tagne,  duc  de  la),  III,  89. 
Treno  (le  village  de),  II,  5,  7. 
Trente  (la  ville  et  le  pays  de), 

I,  127,  285,  287,  289,  291, 
294,  299,  301,  302,  305,  306, 
309-315,  318,  327. 

Trente  (le  concile  de),  I,  311. 
Tressaillement  de  nerfs  (un),  II, 

225. 
Tressemanes  (André  de),  III, 

223. 
Tressin  (le  village  de),  II,  338. 
Trêves  (la  ville  de),  I,  154  ;  III, 

279. 
Trêves  (l'archevêché  de),  1, 154. 
Treviglio  (le  bourg  de),  II,  121, 

123,  129,  130,  139;  III,  201. 
Trezzo  (le  bourg  de),  II,  112, 

117. 
Tricaud  (Joseph- Anselme  de), 

II,  257. 

Tricerro  (le  bourg  de),  II,  11. 
Trinité  (le  comte  de  la),  II,  41, 

42. 
Trino  (la  ville  de),  I,  195;  n, 

8,  10,  11,  52,  53. 
Trois-Trous  (le  fort  des),  I,  48. 
Trouille  (la),  rivière,  III,  185, 

192. 
Trousse  de  fourrage  (la),  I,  63. 
Troves  (la  ^'ille  de),  I,  129, 130. 
Trulle  (la),  rivière,  I,  38. 
Truzzi  (Joseph,  comte),  II,  322. 
Tuen  (le  village  de),  I,  309. 
Tuileries  (le  jardin  des),  I,  175. 
Tullibardine'(M.  de),  II,  375. 


Turcs  (les),  I,  3;  II,  38,  39, 
244. 

Turckheim  (la  ville  de),  dans  le 
Palatinat,  III,  228. 

Turenne  (le  maréchal  de),  III, 
141,  202,  235,  236. 

Turenne  d'Aynac  (Barthélémy 
de),  II,  50. 

Turin  (la  ville  de).  Description, 
1,194;  siège  de  1706,11,179, 
186-194;  fautes  des  assié- 
geants, 54,  190-191,  222-223; 
bataille  du  7  septembre,  73, 
195-207,223-224;  m,  147;  re- 
traite des  Français  et  entrée 
du  princeEugène  dans  la  ville, 
II,  207-208,  211,  212;  la  du- 
chesse de  Bourgogne  accusée 
d'avoir  causé  cette  retraite, 
225-227  ;  le  saint-suaire,  I, 
88,  194.  Citée,  I,  191,  195, 
313,  328,  333;  II,  10,  12,  36, 
45,  51,  67,  157,219,282,284, 
286,  310,  317;  III,  106. 

Turin  (la  porte  de),  à  Ivrée,  II, 
40. 

Tursi  (Jean-André  Doria  del 
Carretto,  duc  de),  I,  362. 

Tyrol(le),  I,  311. 


U 


Ulm  (la  ville  d'),  I,  246. 

Urago  (le  village  d'),  H,  102, 
145. 

Ursulines  (les),  à  Melun,  I,  118, 
182. 

Urtebise.  Voyez  Hurtebise. 

Ustiano  (le  village  d'),  I,  200; 
II,  146,  153. 

Utrecht  (la  ville  et  la  paix  d'), 
II,  221,  248;  III,  105,  123, 
209. 

Uzès  (François  de  Crussol,  com- 
te d'),  I,  °203. 


Vaisseaux  (le  régiment  des),  I, 

240;  II,  16;  III,  96,  177. 
Valdefuentès     (  Ferdinand     de 


380 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Portugal-AIencastro, marquis 

de),  II,  14,  16. 
Val-di-Pesio  (le),  I,  337. 
Valeggio  (le  village  de).  II,  153. 
Valence  (la  ville  de),  en  Italie, 

I,  164,  337,  350,  361. 
Valenciennes  (la  ville  de).  Des- 
cription, I,  66;  le  régiment 
de  Bourgogne  y  est  en  gar- 
nison, m,  4;  séjour  qu'y 
fait  l'électeur  de  Cologne, 
5-9  ;  le  régiment  de  Bour- 
gogne quitte  la  ville,  12  ;  le 
chevalier  de  Luxeml30urg  y 
commande  un  camp  volant, 
20,  91,  116,  131,  146;  le  che- 
valier de  Quincy,  malade,  va 
s'y  faire  soigner,  181-183, 
185;  les  magistrats  félicitent 
Villars  de  la  victoire  de  De- 
nain,  201-202.  Citée,  I,  65; 

II,  338,  339,  348,  349,  373, 
386  ;  III,  21,  24,  63,  92,  133, 
134,  161. 

Valette  (François  de  Thomas, 
seigneur  de  la),  II,  252,  253. 

Valette  (le  village  de  la),  près 
Toulon,  II,  251,  252,  260, 
267,  270,  271. 

Valette  (le  col  de  la),  II,  311. 

Vallage  (le  pays  de),  III,  279. 

Vallière  (Charles-François  de  la 
Baume-le-Blanc,  marquis  de 
la),  II,  363;  III,  178. 

Vallière  (Jean-Florent  de),  III, 
42. 

Valois  (le),  I,  68. 

Valori  (Charles-Guy,  marquis 
de),  III,  9, 182,224,247,  267. 

Vandales  (les),  I,  131. 

Vannes  (la),  rivière,  II,  234. 

Var  (le),  rivière,  II,  254,  277, 
279,  286. 

Vassac  (le  lieutenant),  II,  66. 

Vauban  (le  maréchal  de),  I,  42, 
45;  II,  222;  111,27,  38,  243, 
267. 

Vaubecourt  (Louis-Claude  de 
Nettancourt  -  Haussonville, 
comte  de).  Au  combat  de 
Santa-Vittoria,  I,  221  ;  il  as- 
siège Guastalla,  244  ;  au  siège 


de  Governolo,  262;  repousse 
le  général  Vaubonne,  266; 
s'empare  de  Nago,  290  ;  M.  de 
Vendôme  l'envoie  vers  Asti, 
325  ;  il  commande  un  déta- 
chement près  de  Novare,  348- 
349;  il  ouvre  la  tranchée  de- 
vant Verceil,  II,  13;  il  est 
nommé  gouverneur  de  la 
place,  27  ;  au  siège  de  Verue, 
72-73. 

Vaubonne  (Joseph  Guibert, 
marquis  de).  Il  est  chassé  de 
Bondanello,  I,  266  ;  il  se  re- 
tire devant  Vendôme,  285- 
286;  campé  à  Roveredo,  300; 
il  se  laisse  enlever  Rosasque 
par  les  Français,  358-359  ;  il 
est  défait  et  fait  prisonnier, 
II,  5-7  ;  (1713)  il  couvre  Fri- 
bourg,  III,  228;  il  est  défait 
par  Villars,  240-241. 

Vaubonne  (le  régiment  de  dra- 
gons de),  II,  5. 

Vaud  (Pierre  de),  II,  220. 

Vaud  (le  village  de),  II,  220. 

Vaudémont  (Charles-Henri  de 
Lorraine,  prince  de).  Com- 
mande l'armée  des  alliés,  I, 
44  ;  ses  attentions  pour  les 
prisonniers  français,  63  ;  gou- 
verneur du  Milanais  pour 
Philippe  V,  210;  il  com- 
mande une  partie  de  l'armée 
française,  215;  (1703)  il  com- 
mande un  corps  séparé,  277  ; 
il  contribue  au  siège  d'Osti- 
glia,  280, 283  ;  conférence  avec 
Vendôme,  286;  le  duc  de  Sa- 
voie projette  de  surprendre 
son  armée,  312-314  ;  désar- 
mement des  troupes  savoyar- 
des, 316.  Ses  soins  pour  un 
officier  blessé,  II,  115.  Cité, 
I,  242,  244,  340. 

Vaudémont  (Charles -Thomas 
de  Lorraine-),  I,  236,  366, 
367  ;  II,  35,  49,  50,  103. 

Vaudois  (les),  II,  220,  310. 

Vaudrevange  (le  village  de),  I, 
151. 


DES  MATIERES. 


381 


Vaudrey  (Jean-Charles,  comte 
de),  II,  131. 

Vaudrey(le  régiment  de), III,  175. 

Vaux-en-Arrouaise  (le  village 
de),  III,  86. 

Vêla  (la  montagne  du),  I,  310. 

Velasco  (M.  de),  I,  63. 

Vendeuil  (François  de  Cléram- 
bault,  marquis  de),  I,  81. 

Vendeuvre    (le    bourg    de) ,    I, 
130,  131. 

Vendôme  (le  duc  de). 

(1697)  Prend  Barcelone,  I, 
63. 

(1702)  Va  commander  l'ar- 
mée d'Italie,  197;  fait  lever 
le  blocus  de  Sabionette,  199; 
Eugène  recule  devant  lui, 
200;  il  s'empare  de  Marmi- 
rolo,  203-204  ;  manque  d'être 
tué  à  Mantoue  par  un  boulet 
de  canon,  204  ;  prend  son 
quartier  à  Rivalla,  209  ;  le 
prince  Eugène  manque  de 
l'enlever  dans  sa  maison, 
212-213;  Vendôme  veut  aussi 
le  faire  surprendre,  214  ;  ma- 
lade à  Mantoue,  215;  il  fait 
reconnaître  le  duc  de  Man- 
toue comme  généralissime, 
et  se  rend  à  Crémone,  215; 
bat  Visconti  à  Santa- Vit- 
toria,  220-225;  envoie  Al- 
bergotti  contre  des  marau- 
deurs, 225;  victoire  de  Luz- 
zara,  232-240,  242;  le  roi 
d'Espagne  lui  donne  la  Toi- 
son d'or,  246;  il  manque  de 
surprendre  Eugène  près  de 
Mantoue,  247-249  ;  il  fait  sau- 
ter le  château  de  Luzzara  et 
se  retire  sur  la  Mirandole, 
251-254;  assiège  et  prend 
Governolo,  259-266. 

(1703)  Il  marche  sur  Osti- 
glia,  l'assiège,  et  ne  peut  s'en 
emparer,  1, 277-283  ;  repousse 
le  général  Vaubonne,  285- 
286  ;  préparatifs  de  l'expédi- 
tion du  Trentin,  286-289; 
marche  le  long  du  lac  de 
Garde,  289-291  ;  il  est  joint 


Vendôme  (le  duc  de),  suite, 
par  M.  de  Médavy,  297-299; 
suite  de  l'expédition,  prise 
d'Arco  et  combat  de  Saint- 
Jean,  300-308  ;  siège  de  Tren- 
te, 310-312;  il  est  forcé  de 
retourner  en  arrière  par  la 
trahison  de  M.  de  Savoie  ; 
retraite  de  l'armée,  312-315; 
désarmement  des  troupes  sa- 
voyardes, 315-317  ;  sa  marche 
en  Piémont,  et  lettre  qu'il  en- 
voie au  duc  de  Savoie,  317- 
319;  victoire  de  San-Sebas- 
tiano,  321-325;  prise  d'Asti 
et  de  Villanuova,  325-328;  il 
poursuit  Stahremberg,  335, 
336;  combat  de  Castelnuovo, 
339-344,  347,  348;  petites 
opérations  de  l'hiver,  349, 356, 
359,  361,  365,  366. 

(1704)  Composition  de  son 
armée,  II,  2  ;  il  bat  Vaubonne 
à  Treno,  5,  7-8;  mesures 
qu'il  prend  contre  la  déser- 
tion, 8-9;  siège  et  prise  de 
Verceil,  12-26,  29  ;  il  apprend 
la  défaite  d'Hochstedt,  31- 
32;  bon  conseil  que  lui  donne 
le  duc  de  Savoie,  33;  il  as- 
siège et  prend  Ivrée,  33-45, 
48;  il  marche  sur  Verne,  51- 
53;  siège  de  Verne,  54-87; 
faute  qu'il  commet,  54  ;  il  fait 
raser  la  ville,  87. 

(1705)  Il  empêche  Eugène 
de  passer  le  Mincio,  II,  90- 
91;  il  établit  ses  troupes  à 
Moscolino,  93-94;  il  vient  se 
mettre  à  la  tête  de  l'armée 
du  grand  prieur,  108;  il  s'em- 
pare des  Quatorze-Naviles, 
109-110;  il  poursuit  Eugène 
sur  l'Adda  et  se  poste  au  Para- 
diso,  110-113;  reproches  qu'il 
fait  au  marquis  de  Broglie, 
114;  bon  conseil  que  lui 
donne  M.  de  Chemerault, 
115-116;  il  est  trahi  par  Gol- 
menero,  118-119;  victoire  de 
Cassano,  119-134;  il  n'est  pas 
secouru  par  Médavy,  134-135; 


382 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Veadôme  (le  duc  de),  suite, 
il  empêche  Eugène  de  passer 
l'Adda,  139;  marche  le  long 
de  cette  rivière;  combat  de 
Montodine,  139-142;  canon- 
nade près  de  Crème,  142-143  ; 
il  poursuit  le  prince  Eugène 
et  le  force  à  se  retirer  dans  le 
Bressan,  144-152;  il  exige  la 
punition  d'un  garde  du  duc 
de  Mautoue,  159-160;  entrée 
triomphale  dans  cette  ville, 
100-161. 

(1706)  Bataille  de  Galcinato, 
II,  163-169;  il  plaisante  M.  de 
Falkenstein  et  le  chevalier  de 
Broglie  sur  la  bataille,  169- 
172;  il  fait  poursuivre  le 
prince  Eugène,  172-174;  son 
mécontentement  contre  Al- 
bergotti,  177;  son  camp  le 
long  de  l'Adige,  177-179;  le 
Roi  lui  donne  le  commande- 
ment de  l'armée  de  Flandre, 
178. 

(1708)  Son  désaccord  avec 
le  maréchal  de  Berwick,  III, 
18;  (1710)  victoire  de  Bri- 
huega  et  de  Villaviciosa,  56- 
58;  paroles  du  Roi  à  sa 
louange,  58;  (1712)  sa  mort, 
120. 

Son  éloge,  ses  talents  mi- 
litaires, II,  10,  88,  122,  152, 
353;  III,  104,  105,  120-122; 
sa  maxime  de  se  tenir  tou- 
jours près  de  l'ennemi,  I, 
209-210;  II,  108-109;  III, 
121  ;  indiscipline  qu'il  tolère 
dans  son  armée,  I,  223;  III, 
122;  amour  des  soldats  pour 
lui,  I,  215;  II,  16;  III,  121; 
surnoms  qu'ils  lui  donnent, 
I,  215;  II,  94;  anecdote 
du  grenadier,  II,  16-17;  sa 
générosité  pour  ses  espions, 
I,  349;  II,  85,  110;  son  opi- 
nion sur  les  officiers  courti- 
sans, III,  98;  sa  haine  contre 
le  duc  de  Savoie,  II,  9-10; 
son  secrétaire  Magnani,  26; 
son  capitaine  des  gardes  Go- 


Vendôme  (le  duc  de),  suite, 
tron,   133.  Cité,  I,  202,  205, 
217,  231,  334;  II,  102,  103, 
136,  180,  189,  194,  222,  223, 
226;  III,  141. 

Vendôme  (Philippe  de),  grand 
prieur  de  France.  Vient  join- 
dre l'armée  de  son  frère,  I, 
327;  commande  à  Asti,  333; 
lettre  des  religieuses  de  cette 
ville,  333-335;  marche  sur  la 
Bormida  pour  arrêter  Stah- 
remberg,  335-336;  mouve- 
ments des  troupes  sous  ses 
ordres,  346-347  ;  il  s'empare 
de  la  Goncordia,  de  Révère 
et  d'autres  postes,  366-368; 
son  camp  de  Bedizzole,  II, 
93;  Vendôme  lui  laisse  une 
partie  de  l'armée,  94;  il  se 
défend  contre  les  attaques 
d'Eugène,  94-95,  97;  il  mar- 
che à  Montechiaro,  99-100; 
il  ne  peut  empêcher  Eugène 
de  passer  l'Oglio,  102-103  ; 
Vendôme  vient  le  joindre, 
108;  son  camp  de  Gassano, 
117;  sa  conduite  à  la  bataille 
de  Gassano,  122-125, 135-136. 
Ses  habitudes  immodestes, 
104. 

Vendôme  (le  régiment  de),  I, 
226;  II,  17,  76,  130. 

Vénerie  (le  château  de  la),  I, 
194;  II,  194,  195. 

Venise  (la  ville  et  la  république 
de),  I,  120,  208,  292,315;  II, 
146,  147,  151. 

Venise  (le  doge  de),  I,  363. 

Vénitiens  (les),  I,  201,  258,  273- 
276,  278,  289,  292,  293,  299, 
302,  305;  II,  99,  104,  111, 
112,  143,  146,  148,  150,  164, 
166. 

Ventadour  (Louis-Charles  de 
Levis,  duc  de),  I,  86,  87. 

Ventadour  (Marguerite  de  Mont- 
morency, duchesse  de),  I,  87. 

Ventavon  (François  de  Morges, 
comte  de).  II," 229. 

Vérac  (César,  marquis  de),  I, 
256,  275;  II,  5. 


DES  MATIERES. 


383 


Yérac-dragons  (le  régiment  de), 

1,249,256;  II,  5. 
Verceil  (la  ville  de),  1, 194, 195, 

355,  359,  360;  II,  11-3U,  49- 

52,  87. 
Verceil  (l'évêché  de),  II,  12. 
Yerceil  (la  porte  de),  à  Ivrée, 

II,  39. 
Verderonne    (Claude-Marie   de 

l'Aubespine,  marquis  de),  II, 

381. 
Verdon  (le),  rivière,  II,  281. 
Verdun  (la  ville  de),  III,  217. 
Verdun  (l'évèque  de),  III,  217. 
Verdunois  (le),  III,  118. 
Verger  (l'abbaye  du),  I,  34;  III, 

25. 
Vermauduis  (le),  I,  67. 
Vermandois  (le  régiment  de), 

1,47. 
Vernon  (le  comte  de),  I,  120, 

181. 
Verola-Dargil    ou    Nuova    (le 

bourg  de),  II,  146,  147. 
Verola-Vecchia  (le  bourg  de), 

II,  146,  147. 
Vérone  (la  ville  et  le  pays  de), 

1,273,  277,  278,  286-289;  II, 

151,  178. 
Vérot  (M.),  capitaine,  II,  264. 
Versailles  (la  ville  et  le  château 

de),  I,  78,  82,  98,  111,  H 8, 

120-122,  124,  126,  152,  177; 

II,   194,  236,   238,    240-242, 

286,289,  320;  III,  125,  156. 
Verse  (la),  rivière,  I,  169;  III, 

311. 
Verue  (la  ville  de),  I,  304,  348, 

350;  II,  1,  8,  11,  53-87,  91; 

m,  53. 
Vervant  (N.  de  Goulard,  che- 
valier de),  I,  217. 
Vesoul  (la  ville  de),  I,  132-140. 
Vespolate  (le  bourg  de),  I,  351, 

352. 
Veuil  (le  chevalier  de),  I,  94. 
Vexin  (le  régiment  de),  II,  95, 

184,  255,  275. 
Vezzano  (le  village  de),  I,  309. 
Viadana  (la  ville  de),  I,  210. 
Vibraye    (  Henri -Éleonor   Hu- 

rault,  marquis  de),  II,  200. 


Vie  (le  bourg  de),  I,  152;  III, 
217. 

Victor-Amédée  I'^'',  duc  de  Sa- 
voie, II,  218. 

Vieille-marine  (le  régiment  de 
la).  (1702)  Il  est  envoyé  à 
Reggio,  I,  225;  (1704)  au 
siège  de  Verceil,  II,  18,  22; 
au  siège  d'Ivrée,  40  ;  à  celui 
de  Verue,  59,  76  ;  (1705)  au 
combat  de  la  Bouline,  96;  à 
la  bataille  de  Cassano,  127; 
(1706)  à  celle  de  Galcinato, 
164;  (1707)  à  la  défense  de 
Toulon,  255,  268,  271;  son 
colonel,  m,  238.  Cité,  I,  271, 
309;  II,  344. 

Vienne  (la  ville  et  la  cour  de), 
I,  280;  II,  137,  170;  III,  64. 

Vienne  (la  ville  de),  en  Dau- 
phiné,  I,  187,  188. 

Vienne  (l'archevêché  de),  II, 
303. 

Viennois  (le),  I,  188. 

Vieuxpont  (Guillaume-Alexan- 
dre, marquis  de).  (1709)  A  la 
prise  de  Warneton,  II,  339; 
à  la  bataille  de  Malplaquet, 
355,  361,  364-365,  371-372; 
(1712)  il  empêche  les  enne- 
mis de  prendre  le  Gâteau, 
III,  109;  il  commande  un 
camp  volant  à  Arleux,  116; 
à  la  bataille  de  Denain,  141, 
142,  145-146;  au  siège  de 
Douay,  183.  Sa  bravoure  et 
son  sang-froid,  II,  364-365. 

Vigevano  (la  ville  et  le  pays 
de),  I,  196,  353. 

Vigile  (saint),  évoque  de  Trente, 
I,  310. 

Villadeati  (le  village  de),  I,  349. 

Villafranca  (la  ville  de),  I,  277, 
288. 

Villanuova-d'Asti  (le  bourg  de), 
I,  326-328. 

Villanuova-di-Gasale-Monfer- 
rato  (le  village  de),  II,  1,  5. 

Villars  (le  maréchal  de). 

(1702)  Victoire  de  Friedlin- 
gue,  I,  250. 

(1708)   Il   commande   l'ar- 


384 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Villars  (le  maréchal  de);  suite, 
mée  de  Dauphiné,  II,  293; 
effectif  et  positions  de  son 
armée,  295;  il  apaise  le  mé- 
contentement des  soldats  qui 
ne  sont  pas  payés,  296;  répri- 
mande M.  de  Médavy,  299  ; 
il  fait  passer  le  mont  Galibier 
à  ses  troupes,  301,  303-304; 
singulier  compliment  qu'il 
fait  au  comte  d'Autrey,  307  ; 
combat  de  Césanne,  305-307; 
sa  colère  contre  le  comman- 
dant d'Exilles  de  ce  qu'il  a 
capitulé,  309-3 H  ;  marche  au 
col  d'Argueil,  310;  il  invec- 
tive un  commis  des  vivres, 
310-311;  opérations  en  Sa- 
voie, 312-317. 

(1709)  A  la  tête  de  l'armée 
de  Flandre,  II,  332;  il  la  fait 
retrancher,  332-333  ;  revue  de 
l'armée,  334  ;  son  excellente 
position  en  impose  aux  enne- 
mis, 335-336;  il  va  camper 
entre  Denain  et  Marchiennes, 
338;  il  visite  le  chevalier  de 
Saint-Georges,  343-344  ;  dis- 
position de  ses  troupes  après 
la  prise  de  Tournay  par  les 
alliés,  346-347;  marche  sur 
Valenciennes,  348-349;  le 
maréchal  de  Boufflers  vient 
servir  sous  ses  ordres,  349  ; 
bataille  de  Malplaquet,  350- 
382;  il  est  blessé  au  genou 
et  remet  le  commandement  à 
Boufflers,  368,  378,  386. 

(1710)  Commande  l'armée 
de  Flandre,  III,  1  ;  retarde 
son  départ  à  cause  de  sa 
blessure,  2-3;  rassemble  ses 
troupes  sous  Péronne,  12; 
marche  de  son  armée,  13-15; 
son  désir  de  livrer  une  ba- 
taille est  entravé  par  Ber- 
wick,  16-18;  il  fait  recu- 
ler ses  troupes,  19-20;  opéra- 
tions diverses,  28,  29,  31, 
33,  36;  il  met  des  garnisons 
à  Aire  et  à  Saint- Venant, 
40-42;  algarade  à  M.  d'Heu- 


Villars  (le  maréchal  de),  suite, 
dicourt,  45-48;  il  quitte  l'ar- 
mée pour  aller  aux  eaux,  48. 

(1711)  Force  et  position  de 
son  armée,  63  ;  revue  de  ses 
troupes,  66  ;  petites  opéra- 
tions, 68-71,  76;  il  fait  atta- 
quer le  camp  des  ennemis  à 
Douay,  71-73;  fait  reprendre 
le  château  de  Chantereine, 
73;  marche  aux  ennemis, 
78-79  ;  raisons  qui  l'empêchent 
de  les  attaquer,  81-83,  85;  ne 
peut  empêcher  le  siège  de 
Bouchain,  87-88,  90;  s'em- 
pare d'Hordain  ,  94-95  ;  ne 
peut  surprendre  Douay,  100  ; 
envoie  ses  troupes  en  quar- 
tiers d'hiver,  102. 

(1712)  Il  arrive  à  Arras, 
III,  112;  compliments  au 
marquis  de  Mézières,  114; 
marche  de  son  armée,  114; 
effectif  de  ses  troupes,  116;  il 
envoie  un  corps  à  la  pour- 
suite de  M.  de  Growestein, 
118;  Villars  et  le  marquis 
d'Havrincourt,  123-126;  pré- 
paratifs de  la  bataille  de  De- 
nain,  135-136;  marche  de 
son  armée,  136-146;  victoire 
de  Denain,  147-150,  153-155; 
II,  172  ;  il  s'empare  de  divers 
petits  postes,  111,  155;  prise 
de  Marchiennes,  160-161; 
prise  de  Douay,  162-178, 
182-184;  prise  du  Quesnoy, 
184-196;  prise  de  Bouchain, 
198-200;  sa  réponse  aux  ma- 
gistrats de  Valenciennes,  201  - 
202. 

(1713)  A  la  tête  de  l'armée 
d'Allemagne,  III,  219;  pousse 
ses  troupes  jusqu'à  Philip- 
sbourg,  219-220;  siège  et 
prise  de  Landau,  223-224, 
232-234  ;  il  décide  d'assiéger 
Fribourg,  234  ;  marche  de 
son  armée,  237  ;  attaque  des 
lignes  de  Fribourg,  239-241  ; 
siège  et  prise  de  Fribourg, 
243-276;  malice  que  lui  dit  le 


DES  MATIERES. 


385 


Villars  (le  maréchal  de),  suite. 
prince  de  Gonti,  -275  ;  reçoit 
le  gouvernement  de  Fribourg, 
277  ;  négociations  de  Rastadt 
avec  le  prince  Eugène,  277, 
281-283. 

Ses  talents  militaires,  III, 
104,  200  ;  il  a  la  confiance  du 
soldat,  II,  336  ;  son  égoïsme 
et  son  peu  de  bonne  volonté 
pour  les  officiers,  II,  307, 
323  ;  III,  86  ;  son  esprit,  son 
caractère  ratier,  son  talent  de 
reparties,  II,  227,  308;  III, 
151  ;  ses  fanfaronnades  et  gas- 
connades,  II,  309,  310,  336; 
son  avarice,  son  amour  de 
l'argent,  II,  334-335  ;  III,  202, 
232  ;  son  amitié  pour  le  comte 
de  Broglie,  130;  promet  sa 
protection  au  chevalier  de 
Quincy,  II,  296  ;  son  mot  sur 
le  siège  de  Turin  et  la  du- 
chesse de  Bourgogne,  II,  226- 
227  ;  son  capitaine  des  gardes, 
III,  252. 

Villars  (Armand,  comte  de),  II, 
362;  111,67. 

Villars-Chandieu   (Charles  de), 

II,  362. 
Villars-Lugein  (M.  de),  III,  161 . 
Villars-suisse  (le  régiment  de), 

III,  178. 

Villa-Stellone  (le  village  de), 
II,  187,  188. 

Villaviciosa  (la  bataille  de),  II, 
193  ;  m,  57. 

Ville  (le  village  de),  III,  188. 

Villefranche-de-Beaujolais  (  la 
ville  de),  II,  230. 

Villemeneux  (la  ferme  de),  I, 
127. 

Villeneuve  (M.  de),  II,  72. 

Villeneuve-le-Roi  (le  bourg  de), 
II,  234. 

Villepion  (Claude-Léon  de  Cor- 
nuel  de),  I,  201,  244. 

Villermont  (N.  Cabart,  sieur 
de),  I,  38. 

Villeroy  (François  de  Neufville, 
maréchal  def.  (1697)  Il  com- 
mande l'armée  de  Flandre,  I, 

III 


39;  son  camp  de  Leuzc,  40; 
il  fait  le  siège  d'Ath,  44;  ten- 
tative sur  Bruxelles,  48-49  ; 
il  change  de  camp,  57  ;  (1698) 
son  inimitié  pour  les  mous- 
quetaires noirs,  84;  (1701)  il 
va  commander  l'armée  d'Ita- 
lie, 152-153;  battu  à  Chiari, 
162-163;  (1702)  fait  prison- 
nier à  Crémone,  175-176, 
199,  237;  II,  9;  remplacé  par 
Vendôme,  197;  (1706)  ses 
fautes  à  RamilUes,  II,  354  ; 
Vendôme  vient  encore  le 
remplacer  en  Flandre,  185. 

Villeroy  (  Louis -Nicolas  de 
Neufville,  duc  de),  I,  81. 

Villers-Cotterets  (le  bourg  de), 
III,  213. 

Villette  (le  village  delà),  I,  120. 

Villiers-le-Morhier  (Etienne  Bé- 
rault  de),  I,  200. 

Vilhngen  (le  bourg  de),  III, 
241,  243. 

Vilvorde  (le  village  de),  I,  48. 

Vimy  (le  village  de),  III,  69. 

Vinaroz  (le  bourg  de),  III,  120. 

Vins  (Jean  de  Vins  d'Agoult, 
marquis  de),  I,  28-30,  45-47, 
72,  74,  76-78,  83,  114,  119. 

Vintimille  (la  maison  de),  II, 
279,  280. 

Virgile,  I,  144,  207,  260,  314. 

Visconti  (Annibal,  marquis),  I, 
220,232,  271,  296,  321,  323- 
325;  II,  103,  193. 

Visconti  (Jules),  II,  209,  210. 

Visconti  (Philippe-Marie),  duc 
de  Milan,  I,  197. 

Visconti  (le  régiment  de),  I,  220. 

Viso  (le  mont),  II,  247. 

Vit-de-mulet  (un),  II,  177. 

Vitry  (M.  de),  mousquetaire,  I, 
83,  84. 

Vitry-sur-Scarpe  (le  bourg  de), 
m,  11,  15,  21,  27,  68,  109, 
165. 

Vivans  (Jean  de  Noaillac,  mar- 
quis de),  II,  361  ;  III,  259. 

Vive-Saint-Éloy  (le  village  de), 
I,  55  ;  m,  44. 

Viverone  (le  village  de),  II,  33. 

25 


386 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIERES. 


Vivier  (le  château  du),  III,  278, 

280   312 
Vizillè  (le  "bourg  de),  I,  189. 
Voghera  (le  bourg  de),  I,  342, 

343. 
"Volongo  (le  village  de),  II,  153. 
Volpiano  (le  village  de),  II,  189. 
Volta-Mantuana  (le  village  de 

la)   II    152. 
Volv'enne  (M.  de  la),  II,  208, 

214,  215,  226. 
Voreppe  (le  bourg  de),  I,  188. 
Vosges  (les  montagnes  des),  I, 

153;  m,  279. 
Voulzie  (la),  rivière,  I,  128. 
Vraignes  (Henri  de  Pingre  de), 

II,  155,  156,  285. 

W 

Wackerbarth  (Auguste-Chris- 
tophe, comte  de),  II,  375, 
376. 

Wailly  (le  village  de),  III,  26. 

Walcourt  (le  combat  de),  I, 
162,  163. 

Waldeck-Wildungen  (Georges- 
Frédéric,  comte  de),  I,  41. 

Walonkton  (M.  de),  III,  272, 
275. 

Wargnies  (le  marquis  de),  III, 
119. 

Warnavillers  (la  ferme  de),  I, 
95. 

Warneton  (le  bourg  de),  II, 
333,  339-340;  III,  39. 

Wartigny  (César  de  Brouilly, 
marquis  de),  I,  224. 

Wartmann   (M.    de),  II,   273; 

III,  99. 

Wasgau  (le),  III,  224. 
Wasne.s-au-Bac  (le  village  de), 

m,  87,  88,  90,  91. 
Wassenaer  (Adrien,  baron  de), 

III,  95. 
Watteville  (Louis-Edmond  du 

Fossé  de  la  Mothe,  comte  de), 

II,  48. 


Watzheim  (le  village  de),  III, 

221. 
Wavrechain  (le  village  de),  III, 

88,  91,  92. 
Webb  (M.),  II,  376. 
Week  (M.),  II,  376. 
Weil  (la  plaine  de),  III,  238. 
Weissembourg  (la  ville  de),  III, 

221. 
Weltheim  (le  comte  de),  III, 

227. 
Wesparton  (lord),  I,  54,  55,  71. 
Westphalie  (la),  I,  159. 
Westphalie  (la  paix   de),   III, 

278.  Voyez  Munster  (la  paix 

de). 
Wilkers  (le  général),  II,  340. 
Witikirid  (le  saxon),  II,  303. 
Wolkersouven  (M.  de),  II,  376. 
Worms  (la  ville  de),  III,  229- 

232. 
Worms  (l'évêché  et  le  chapitre 

de),  m,  232. , 
Wurtemberg  (Éberhard-Louis, 

duc  de),  III,  227,  228. 
Wurtemberg  (Charles-Alexan- 
dre, prince  de),  II,  96,  131  ; 

m,  224,  232,  233. 
Wiirtemberg    (Henri-Frédéric, 

prince  de),  III,  227. 

Y 

Yonne  (1'),  rivière,  II,  234,  235. 
Ypres  (la  ville  d'),  1,  43,  56; 

II,  340;  m,  20,  32,  44,  67, 

197. 
Yser  (i'),  rivière,  III,  197. 
Yssel  (1'),  fleuve,  IH,  101. 

Z 

Zahringen  (le  village  de),  III, 

243. 
Zélande  (la),  III,  175. 
Zelo  (la  ville  de),  I,  279. 
Zevio  (le  village  de),  I,  290. 
Zobel  (M.  de),  HI,  133,  149. 
Zulte  (le  bourg  de),  I,  55,  56. 
Zutphen  (le  pays  de),  UI,  101. 


Nogent-le-Rotrou,  imprimerie  Daupeley-Gouverneur. 


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